Introduction
Le Psaume 90 est le premier psaume du quatrième livre des Psaumes, qui contient les Psaumes 90-106. Nous pouvons comparer ce quatrième livre au livre des Nombres, le quatrième livre du Pentateuque, les cinq livres de Moïse. Le livre des Nombres raconte le voyage du peuple de Dieu à travers le désert. C’est aussi le sujet de ce quatrième livre des Psaumes. Cela est particulièrement évident dans ce psaume.
C’est le seul psaume qui a été écrit par Moïse. Cela en fait aussi le plus ancien. Il est clairement lié au cantique de Moïse (Deu 32:1-40). Moïse, le chef d’Israël pendant le voyage à travers le désert entre l’Égypte et le pays promis, est utilisé ici par le Saint Esprit comme le premier auteur de la série de psaumes qui décrivent le voyage à travers le désert dans ce quatrième livre des Psaumes. Dans ce livre, il est aussi la bouche du reste fidèle au temps de la fin. Le voyage dans le désert est une image de la purification du peuple (Psaume 90) aboutissant au reste fidèle qui hérite le pays (Psaume 91).
Il est possible que Moïse ait écrit ce psaume vers la fin du voyage dans le désert. Toute une génération, âgée de plus de vingt ans, à l’exception de Josué et de Caleb, sortit d’Égypte et mourut. Marie, qui devint lépreuse, mourut aussi, ainsi qu’Aaron. Moïse fut le dernier survivant, et l’entrée au pays promis lui fut refusée.
Nous pouvons imaginer que Moïse était profondément impressionné à la fois par la corruptibilité de l’homme et par la grandeur et les caractéristiques éternelles de son Dieu. Il écrit à propos des deux dans ce psaume. Il a enregistré cette prière, qui témoigne d’une profonde intelligence de la relation entre un homme corruptible et insignifiant et le grand Dieu de l’éternité.
Au Psaume 91, nous voyons, en contraste avec l’homme insignifiant et corruptible, l’Homme dépendant, Christ. Cette contraste est un exemple et une leçon pour le reste fidèle, dont nous trouvons aussi les caractéristiques au Psaume 91. En guise d’introduction au quatrième livre, ces deux psaumes parlent respectivement des ténèbres et de la mort (Psaume 90) et de la lumière et de la vie (Psaume 91). Le Psaume 90 parle du premier homme, le Psaume 91 du second Homme, Christ, comme exemple pour le reste fidèle d’Israël.
Comme au Psaume 1, ces deux psaumes traitent des deux voies qu’une personne peut emprunter : la voie de l’homme sans Dieu au Psaume 90 et la voie du second Homme, Christ, au Psaume 91. Que ces deux psaumes vont de pair est aussi évident à la lecture de leurs débuts et de leurs fins. Ils commencent tous les deux par ‘demeure’ (Psa 90:1 ; Psa 91:1) et se terminent tous les deux par ‘rassasier’ (Psa 90:14 ; 91:16).
Structure du psaume :
Introduction : Qui est Dieu (versets 1-2).
Ce que Dieu fait (3x « toi » : versets 3,5,8) (versets 3-10).
Enseignement pour l’homme mortel (versets 11-12).
Prière (versets 13-17).
1 - 2 Le Dieu éternel
1 Prière de Moïse, homme de Dieu. Seigneur, tu as été notre demeure de génération en génération. 2 Avant que les montagnes soient nées et que tu aies formé la terre et le monde, d’éternité en éternité tu es Dieu.
Ce psaume est une prière de Moïse (verset 1a). C’est une prière parce qu’il s’adresse à Dieu tout au long du psaume. C’est le seul psaume qu’il a écrit et c’est donc aussi le plus ancien. Ici, il est appelé « homme de Dieu » (cf. Deu 33:1 ; Jos 14:6 ; 1Chr 23:14 ; 2Chr 30:16 ; Esd 3:2). « Homme de Dieu » est une expression utilisée dans les livres de Samuel, des Rois et des Chroniques pour désigner un voyant ou un prophète.
Moïse est ici la bouche de tout le peuple de Dieu, ce qui est évident par l’utilisation des mots « notre » et « nous ». Nous devons également nous rappeler que le peuple de Dieu est la partie qui craint Dieu, la partie qui reconnaît Dieu dans ses droits et veut faire respecter ces droits au milieu d’un peuple apostat. C’est ce qui caractérise un homme de Dieu.
Nous ne savons pas quand Moïse a écrit le psaume. En le lisant, nous avons l’impression qu’il parle du voyage à travers le désert. Il est vraisemblable qu’il l’ait écrit à la fin de celui-ci. Une génération entière est morte pendant le voyage à travers le désert, période pendant laquelle Dieu est resté la demeure de son peuple.
Les versets 1b-2 sont l’introduction du psaume. Ces versets reconnaissent qui est Dieu. Cela commence au verset 1b par « Seigneur, tu es … » et se termine au verset 2 par « … tu es Dieu ». Dans sa prière, Moïse s’adresse au « Seigneur », Adonai, c’est-à-dire le souverain Dominateur de l’univers. Il reconnaît que le Seigneur a été une « demeure » pour son peuple.
Le mot « demeure » évoque la sécurité et la protection (Deu 33:27a). Une maison est un refuge. Le verset du Deutéronome 33 est l’une des dernières paroles de Moïse, prononcées juste avant sa mort. Cela souligne le lien étroit entre la prière du Psaume 90, le cantique du Deutéronome 32 et la bénédiction du Deutéronome 33.
Il a non seulement été une demeure pour son peuple dans son ensemble, mais aussi « de génération en génération » (Deu 32:7). Chaque génération a ses propres difficultés, mais le Seigneur, Adonai, a toujours été là pour elles. Il est le même demeure pour chaque génération, aussi différentes que soient les circonstances pour la génération suivante. Une génération s’en va et une autre vient, mais Dieu ne change pas. C’est pourquoi aucune génération n’est sans Lui comme demeure.
Le Dieu des générations est le Dieu éternel (verset 2). Il n’a pas de commencement. Tout ce qui est en dehors de Lui a un commencement. Ce commencement a été fait par Lui. « Sans elle [c’est-à-dire la Parole] pas une seule chose ne fut faite de ce qui a été fait » (Jn 1:3). « Avant que les montagnes soient nées », c’est-à-dire avant qu’elles ne soient sorties de la terre, Il était déjà là, car les montagnes ont été faites par Lui. Il était là parce qu’Il « ait formé la terre et le monde » (cf. Pro 8:22-26). « La terre » est mentionnée par opposition au ciel et à la mer. « Le monde » désigne la partie de la création où habitent les hommes.
« De l’éternité en éternité » Il est Dieu. Il était, est et sera Dieu pour toujours. Il est l’Éternel, le JE SUIS. Il n’y a pas de période à laquelle on puisse penser où Il n’était pas. Il n’y a pas non plus de période à laquelle on puisse penser où Il ne sera pas. Il est toujours celui qui est présent. Cela dépasse notre pensée humaine.
La création de l’univers ne L’a ni changé ni limité en aucune façon. Même si l’ancienne création est détruite par le feu, cela ne L’aura ni changé ni limité en aucune façon. La connaissance qu’Il existe un Dieu éternel et immuable est la seule chose qui donne à l’homme quelque chose à quoi s’accrocher dans un monde et des générations en mutation.
3 - 6 L’homme face à Dieu
3 Tu fais retourner l’homme jusqu’à la poussière, et tu dis : Retournez, fils des hommes. 4 Car 1000 ans, à tes yeux, sont comme le jour d’hier quand il est passé, et comme une veille dans la nuit. 5 Comme un torrent tu les emportes ; ils sont comme un sommeil ; au matin, ils sont comme l’herbe qui reverdit : 6 Au matin, elle fleurit et reverdit ; le soir on la coupe, et elle sèche.
Nous pouvons voir une certaine structure dans le psaume :
Verset 3 « tu » ... verset 4 « car » ...
Verset 5 « tu » ... verset 7 « car » ...
Verset 8 « tu » ... verset 9 « car » ...
Cela signifie que le verset 4 est la raison du verset 3 et ainsi de suite.
En contraste frappant avec le Dieu éternel, immuable et illimité, se tient l’homme avec sa durée de vie limitée. La mort est entrée dans le monde par le péché de l’homme. Le jugement de Dieu est qu’Il « fait retourner l’homme jusqu’à la poussière ». L’homme n’a pas « de la puissance sur le jour de la mort » (Ecc 8:8). Seul Dieu a cette puissance. L’homme qui reconnaît cela et accepte le jugement de Dieu, qui reconnaît qu’il est poussière, vivra (Gen 18:27 ; Job 42:6).
Le mot « poussière » ici n’est pas le même qu’en Genèse 3 (Gen 3:19). Ici, il signifie « l’écrasement », quelque chose qui a été pulvérisé. Cela dit quelque chose non seulement sur la matière qui est poussière, mais aussi sur la façon dont elle est anéantie, écrasée, et cela comme la conséquence du péché. Il souligne le caractère temporaire et la vanité de la vie d’un homme corruptible.
Dieu a prononcé la sentence de mort. Il agit en conséquence lorsqu’Il dit : « Retournez, fils des hommes » (Gen 3:19 ; Ecc 3:20 ; 12:7 ; Psa 104:29). Ce commandement retentit à chaque mort depuis la déclaration au paradis après la chute : « Car tu es poussière et tu retourneras à la poussière » (Gen 3:19). Il s’applique à tous les fils des hommes sans exception. Peu importe le chemin parcouru dans le monde, peu importe les réussites dont on se vante ou la beauté dont on s’enorgueillit, le jour viendra où nous retournerons à notre origine : la poussière dont nous sommes faits.
Le commandement « retournez » signifie que l’homme, créé par Dieu – et non évolué – devra un jour retourner vers son Créateur pour Lui rendre compte. D’où cet appel. Adam quitta sa demeure auprès de Dieu (verset 1) et devint ainsi un homme mortel (verset 3). Il a péché, et « le salaire du péché, c’est la mort » (Rom 6:23a). Pour rétablir cette situation, Dieu a dû envoyer son Fils en tant que deuxième Homme. Nous le voyons au Psaume 91.
Personne ne peut échapper à ce retour. Cela ne fait aucun doute (Héb 9:27). La raison pour laquelle Hénoc et Élie ont échappé cela, c’est que Dieu les a sauvés de ce jugement en les prenant auprès de Lui de leur vivant. Nous voyons là un exemple de l’enlèvement de l’église, c’est-à-dire l’enlèvement des croyants qui vivent sur la terre à ce moment-là ou qui sont morts depuis Adam. Lors de la venue du Seigneur pour son église, les croyants vivants seront transformés, tandis que ceux qui se sont endormis en Christ seront ressuscités (1Th 4:14-18).
À la création, Dieu a fixé des unités de temps telles que les années et les jours pour l’homme (verset 4). L’homme est soumis par le temps. Dieu n’est pas soumis ou limité par le temps. Il est au-dessus du temps, Il n’y est pas soumis, contrairement à nous. Avec Lui, un jour est comme 1000 ans et vice versa (2Pie 3:8). Pour Lui, « 1000 ans, [...] sont comme le jour d’hier quand il est passé ». Un jour passe vite. C’est comme « une veille dans la nuit » – une veille ne dure que quatre heures (cf. Job 7:19 ; Lam 2:19a). Ces quatre heures passent vite. Dieu ne va pas avec le temps, mais détermine le temps de toute chose (cf. Ecc 3:1).
La vie des hommes est emportée par Dieu comme un torrent, elle est comme un sommeil (verset 5). Quand on dort, on n’a pas la notion du temps. Quand on se réveille, plusieurs heures se sont écoulées sans qu’on s’en rende compte et sans qu’on n’ait rien fait. Ainsi, sa vie est vanité, vide et dénuée de substance. Il peut être très actif, mais sa vie est traînante et s’écoule sans laisser quelque chose d’essentiel derrière elle. Tout est vain, tout se dissout dans le néant. C’est ainsi que la vie de l’homme passe comme une vapeur sans se rendre compte de sa brièveté.
Une autre image est celle de l’herbe qui pousse. Quand les gens se réveillent le matin, ils sont comme l’herbe qui reverdit . Au cours de la journée, l’herbe fleurit et reverdit. Le soir venu, on la coupe, et elle sèche (verset 6). Cette image est dérivée de l’état de l’herbe au Moyen-Orient. Lorsque le chamsin, le vent chaud du désert, souffle pendant la journée, l’herbe sèche en un rien de temps. À cet égard, l’homme n’est pas différent de l’herbe : sa vie est de courte durée (Psa 103:15-16 ; Ésa 40:6-8 ; 1Pie 1:24).
7 - 12 La vie s’en va bientôt
7 Car nous sommes consumés par ta colère, et nous sommes épouvantés par ta fureur. 8 Tu as mis devant toi nos iniquités, devant la lumière de ta face nos [fautes] cachées. 9 Car tous nos jours s’en vont par ta grande colère ; nous consumons nos années comme une pensée. 10 Les jours de nos années montent à 70 ans, et si, à cause de la vigueur, ils vont à 80 ans, leur orgueil encore est peine et vanité ; car [notre vie] s’en va bientôt, et nous nous envolons. 11 Qui connaît la force de ta colère, et, selon la crainte [que tu inspires], ton courroux ? 12 Enseigne-nous ainsi à compter nos jours, afin que nous en acquérions un cœur sage.
La mort est un processus naturel, mais ce n’est pas quelque chose que Dieu avait en tête lors de la création. C’est le jugement de Dieu (verset 7) sur le péché (verset 8). La mort est venue dans le monde par le péché et c’est le prix que Dieu a attaché au péché (Rom 5:12 ; 6:23 ; Gen 2:17). Pendant les 40 années de voyage à travers le désert, Moïse a vu mourir tous ceux qui étaient âgés de vingt ans ou plus au moment de l’exode, à l’exception de Josué et Caleb. Marie et Aaron étaient parmi eux. Moïse lui-même n’a pas non plus été autorisé à entrer dans le pays promis à cause de son péché.
Ils ont péri dans la colère de Dieu à cause de leur incrédulité (verset 7 ; Nom 14:28-29). Ce fut un voyage long et terrible, avec un certain nombre de morts chaque jour. Chaque mort était un signe de la colère de Dieu, qui les submergeait de peur. Il ne s’agit pas de la durée de vie d’une personne, mais du fait que sa fin est le résultat de la colère de Dieu. Cela s’applique à tout le monde (cf. Rom 3:23), mais surtout au peuple pendant son voyage à travers le désert.
Chaque mort leur rappelait leurs « iniquités » (verset 8). Ils disent que Dieu a mis ces iniquités devant Lui comme raison de sa condamnation à mort. Dieu ne peut pas prétendre qu’aucun péché n’a été commis. Il les voit constamment et les traite selon les exigences de sa sainteté. Il révèle aussi leurs péchés cachés dans la lumière de sa face. Rien ne Lui est caché (Jér 16:17 ; Héb 4:13). Sa lumière révèle tout, et rien ne peut s’y cacher. Quand le Seigneur Jésus reviendra sur la terre en tant que juge, « ses yeux » seront « comme une flamme de feu » qui scrutera chaque personne (Apo 1:14b).
Le verset 7 et le verset 9 sont parallèles. Par cela les versets 7-9 forment ainsi une pyramide dont le sommet est le verset 8. Il s’agit d’un procédé littéraire visant à souligner et à accentuer le verset 8. Le message est clair : notre courte vie devrait nous secouer, afin que nous prenions conscience de notre état de pécheur, aussi des péchés commis en secret, car rien n’est caché à Dieu.
Ainsi tous leurs jours s’en vont par la grande colère (verset 9). Tous leurs jours, sans exception, à cause de leurs iniquités, ils portent la colère de Dieu. Ils consument leurs années à la vitesse d’une pensée. C’est la vie affligée, de courte durée de l’homme mortel qui a conscience d’être homme et que Dieu seul est Dieu. Le mot « pensée » signifie en fait un soupir, un gémissement. Il ne signifie pas seulement ‘de courte durée’, mais aussi qui te fatigue, voire te décourage. Un soupir de découragement est poussé. C’est ce que dit Jacob au Pharaon : « Les jours des années de ma vie ont été courts et mauvais » (Gen 47:9).
L’enchaînement des jours se poursuit pendant « 70 ans » en moyenne (verset 10). Le verset 10 met l’accent sur le verset 9. Les deux versets parlent de jours et d’années : les ‘jours’ soulignent la brièveté de la vie, les ‘années’ soulignent les difficultés à long terme de la vie. Après 70 ans, la vie d’un homme s’achève. S’il est « très forte », il peut même vivre encore quelques jours, de sorte qu’il peut vivre « 80 ans ».
70 ans, ce n’est pas long, et ces dix années supplémentaires ne sont pas non plus une éternité. Il fait de son mieux pour profiter des années qui lui sont données. Mais à quoi bon ? La conclusion honnête doit être : leur orgueil ou le meilleur de tout cela n’est que peine et vanité. « Leur orgueil » sont les choses qu’il a aimé faire, quelles qu’elles soient, mais dont il n’a jamais tiré une réelle satisfaction.
Puis, soudain, c’est fini, terminé, la vie « s’en va bientôt ». « Et nous nous envolons » signifie que la vie s’est envolée comme une balle emportée par le vent. Si tu demandes à une personne âgée comment s’est passée sa vie, tu obtiens presque toujours la même réponse : elle s’est écoulée si vite.
Le prédicateur présente la vie comme un précieux vase d’or suspendu au ciel par un câble d’argent (Ecc 12:6). Elle est reliée au ciel, au-dessus. La vie est reliée à Dieu. Il a donné à l’homme son souffle de vie. Cependant, si le câble d’argent est ôté, s’il rompt, le vase d’or tombe par terre et se brisera irrémédiablement. La lumière de la vie s’éteint complètement. Après la fin de la vie vient la rencontre avec Dieu. L’homme est appelé à s’y préparer : « Prépare-toi [...] à rencontrer ton Dieu » (Am 4:12).
Avant que le psalmiste ne passe à la dernière partie de sa prière à Dieu pour établir l’œuvre de ses mains (versets 13-17), il tire d’abord la leçon et la conclusion des versets 11-12 de ce qu’il a vu de Dieu aux versets 3-10. Cela nous enseigne une leçon importante, à savoir qu’avant de pouvoir prier selon la volonté de Dieu, nous devons d’abord apprendre à Le connaître.
Qui connaît la « force» de la « colère » et le « courroux » de Dieu avec lesquelles Il met fin à la vie des gens, qu’ils soient forts ou faibles, seuls ou nombreux, pauvres ou riches (verset 11) ? Personne ne le sait. La même réponse s’applique à la question de savoir « la crainte » que Dieu inspire. Personne ne le sait. Mais il y a quelqu’un qui le sait, à savoir le Seigneur Jésus. Il a fait l’expérience de la colère de Dieu comme jugement pour les péchés de tous ceux qui croient en Lui. Il a été dans le feu du jugement de Dieu, mais sans en être consumé.
Le but de ces questions est de faire réfléchir l’homme. Il doit contempler sa propre insignifiance et le vide de sa vie. Cela devrait lui faire prendre conscience que pendant sa courte et difficile vie, il vit sous le jugement et la colère de Dieu pour ses péchés. Il doit prendre conscience du lien entre le péché et la mortalité. Cela devrait le conduire à Dieu, à Le chercher et à être prêt à Le rencontrer, Lui, son Créateur.
C’est un signe de la folie de l’homme. Celui qui connaît la puissance de la colère et du courroux de Dieu se repentira immédiatement de ses péchés et se tournera vers Dieu. Le courroux de Dieu est très grand. Celui qui le comprend se rendra compte à quel point il faut craindre Dieu. Et c’est là que réside le commencement de la sagesse (Pro 1:7 ; 9:10), une sagesse qui s’incline devant la juste colère et le courroux de Dieu face au péché.
L’insensé dit en son cœur : « Il n’y a pas de Dieu » (Psa 14:1a). Cela ne signifie pas qu’il est athée ; cela signifie qu’il ne tient pas compte du Dieu vivant dans sa vie quotidienne. Moïse n’est pas un insensé. Il est sage, il a un cœur sage. Il craint Dieu. Il demande à Dieu d’enseigner à son peuple à compter ses jours afin qu’il prenne conscience de la rapidité avec laquelle ils passent (verset 12).
Seul Dieu peut leur enseigner à voir à quelle vitesse leurs jours passent, afin qu’ils puissent voir la vie telle qu’elle est vraiment : si courte. Cela souligne l’énorme différence entre le Dieu éternel et l’homme fini. Celui qui en prend conscience aura « un cœur sage ». Un cœur sage se concentre sur Dieu, qui prend soin de lui chaque jour (cf. Mt 28:20).
13 - 17 L’œuvre de nos mains, établis-la
13 Éternel ! retourne-toi. – Jusqu’à quand ? – Et repens-toi à l’égard de tes serviteurs. 14 Rassasie-nous, au matin, de ta bonté ; et nous chanterons de joie, et nous nous réjouirons tous nos jours. 15 Réjouis-nous à la mesure des jours où tu nous as affligés, des années où nous avons vu des maux. 16 Que ton œuvre apparaisse à tes serviteurs, et ta majesté à leurs fils. 17 Et que la faveur du Seigneur, notre Dieu, soit sur nous ; établis sur nous l’œuvre de nos mains : oui, l’œuvre de nos mains, établis-la.
Moïse est la bouche du reste qui a appris la leçon de la vie. Moïse a appris sa leçon pendant le voyage de 40 ans à travers le désert et est devenu sage. Le reste fidèle d’Israël apprendra cette leçon pendant la grande tribulation par l’Antichrist et le châtiment de Dieu au moyen de l’Assyrie prophétique qui s’ensuit.
Moïse a acquis la sagesse et prie donc avec hardiesse l« Éternel » en Lui demandant de « retourner » (verset 13). C’est un appel à la miséricorde de l’Éternel. C’est l’inverse de ce que Dieu a dit aux fils des hommes au verset 3. La vraie sagesse appelle Dieu à revernir en grâce sur sa condamnation à mort et à retourner en grâce vers son peuple. C’est précisément la mortalité du peuple qui rend nécessaire l’engagement de Dieu envers lui. Sinon, il n’y a pas d’espoir.
Le reste s’est repenti et est retourné à Dieu. Par conséquent, il peut demander à Dieu s’Il va maintenant retourner vers lui. Cela est conforme à la promesse que Dieu fait en Zacharie 1 : « L’Éternel a été dans une grande colère contre vos pères. Et tu leur diras : Ainsi dit l’Éternel des armées : Revenez à moi, dit l’Éternel des armées, et je reviendrai à vous, dit l’Éternel des armées » (Zac 1:2-3).
Cet espoir de retour résonne dans la question « jusqu’à quand ? ». Cela fait si longtemps que Dieu s’est retiré de son peuple, à juste titre. Moïse demande avec une grande humilité et en même temps avec une grande urgence si Dieu se repentirait du jugement qu’Il a dû prononcer à l’égard de ses serviteurs. Ici, le repentir signifie que Dieu reconsidérerait sa décision d’anéantir le peuple (Exo 32:10). La demande est fondée sur ce que l’Éternel lui-même a dit (Deu 32:36 ; cf. Psa 135:14). Après tout, ce sont « tes serviteurs », n’est-ce pas ? Cela indique à quel point ils dépendent de Lui et sont disposés à Le servir.
Moïse demande ensuite si l’Éternel veut laisser poindre un nouveau jour dans l’histoire de son peuple (verset 14). Ce jour doit commencer par la « bonté » de l’Éternel. La bonté, ‘chesed’, est la fidélité de l’Éternel à son alliance, les bénédictions qu’Il donne sur la base de cette alliance. Il ne peut pas les donner sur la base de l’ancienne alliance, c’est-à-dire sur la base des œuvres de la loi. Il ne peut les donner que sur la base de la nouvelle alliance, c’est-à-dire sur la base du sang versé de Christ, le sang de la nouvelle alliance. Ce sang est si riche que ses bénédictions s’étendent non seulement à Israël, mais aussi aux croyants du Nouveau Testament, l’église du Dieu vivant (2Cor 3:6-18).
Lorsque le reste des bénédictions de la nouvelle alliance sera rassasié par Lui « au matin », c’est-à-dire qu’un nouveau jour se sera levé, le jour du royaume de paix, cela restera toute la journée, ou plutôt pendant toute la durée du royaume de paix. Ce sera comme la manne que le peuple recevait aussi chaque matin dans le désert comme nourriture pour toute la journée et dont il pouvait manger à satiété (Exo 16:21a).
Le résultat est qu’ils chanteront de joie, et se réjouiront tous leurs jours. Cela contraste avec ‘tous leurs jours’ qui s’en vont par la grande colère de Dieu (verset 9). Chaque jour de leur vie sera alors rempli de joie et de réjouissance pour toutes les faveurs de Dieu. Tout comme aux versets 9-10, il est ici question de jours et d’années. Les jours parlent de quantité et les années de qualité.
Moïse demande à Dieu de les réjouir à la mesure des jours où Il les a affligés (verset 15). La tribulation qu’ils ont subie leur a été affligée par Dieu. Moïse le sait et le reconnaît. Seul Dieu peut changer cela. C’est pourquoi il demande à Dieu de compenser les années de malheur qu’Il leur a affligées par des années de joie. Les jours et les années de joie doivent venir de Dieu, tout comme les jours de tribulation sont venus de Lui.
Moïse demande ici avec modestie. Ce que Dieu donne dépasse de loin ce qu’il demande. Ce qu’Il donne fera oublier les jours de tribulation et les années de malheur ; on ne s’en souviendra plus (Ésa 65:17). Nous voyons, par exemple, que Job reçoit après sa souffrance le double de ce qu’il avait perdu (Job 42:10,12 ; 1:3 ; cf. Ésa 61:7 ; Zac 9:12). Pour nous, tout est encore plus riche. Nous pouvons savoir que « notre légère tribulation d’un moment produit pour nous, en mesure surabondante, un poids éternel de gloire » (2Cor 4:17 ; Rom 8:18).
Les dernières questions de Moïse à Dieu concernent l’œuvre de Dieu, « ton œuvre », et leur œuvre, « l’œuvre de nos mains ». Il commence par l’œuvre de Dieu à ses serviteurs (verset 16). Dieu forme constamment ses serviteurs. Son but est qu’Il se reconnaisse en eux. Là où l’œuvre de Dieu est visible, sa gloire l’est aussi. Moïse demande que la « majesté » de l’Éternel apparaisse à « leurs fils », c’est-à-dire la génération suivante.
Pour cela, tout ce qui, dans la vie des serviteurs et de leurs fils, empêche qu’Il soit vu dans leur vie doit être ôté. Il achèvera cette œuvre. Le résultat sera visible pour tous lorsqu’Il enverra le Seigneur Jésus et tous les siens avec Lui sur la terre (Php 1:6,10-11).
En demandant que « la faveur [ou : beauté] du Seigneur, notre Dieu » soit sur eux, Moïse demande la venue du Messie (verset 17). À sa venue, non seulement l’œuvre de Dieu deviendra visible, mais « la faveur [ou : beauté] du Seigneur » se manifestera à son peuple. La faveur de Dieu n’est pas seulement une source de joie, mais aussi une puissante motivation pour travailler pour Lui. Nous trouvons la réponse de Dieu au Psaume 91.
Lorsque nous considérons tout ce qu’Il a fait pour nous, nous ferons tout ce qu’Il nous demande et nous L’impliquerons dans tout ce que nous faisons. Nous Lui demanderons de bénir notre travail pour établir qu’Il l’approuve. Cela s’accompagne de la prise de conscience que ce que nous faisons n’est bon que si Dieu établisse le travail de nos mains (Psa 127:1).
Nous réaliserons aussi que les œuvres que nous sommes autorisés à accomplir sont des œuvres qu’Il « a préparées à l’avance, afin que nous marchions en elles » (Éph 2:10). Cette prise de conscience et le désir de son établissement sont si grands que la demande d’établissement est répétée, la répétition étant précédée d’un « oui » emphatique.
Psaume 91