1 - 5 Devenir comme un petit enfant
1 À cette heure-là, les disciples s’approchèrent de Jésus et dirent : Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux ? 2 Jésus appela auprès de lui un petit enfant, le plaça au milieu d’eux 3 et dit : En vérité, je vous dis : Si vous ne vous convertissez pas et ne devenez pas comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. 4 Celui qui s’abaissera comme ce petit enfant, celui-là est le plus grand dans le royaume des cieux ; 5 et celui qui reçoit un petit enfant tel que celui-ci en mon nom me reçoit.
Dans ce chapitre, le Seigneur parle de deux sujets que l’on retrouve aussi dans Matthieu 16 : le royaume et l’église. Ce chapitre se rattache aussi à Matthieu 16. Nous apprenons ici la signification pratique du royaume et de l’église.
Le Seigneur vient de déclarer que ses disciples sont des fils du royaume (Mt 17:26-27). Cela occupe apparemment encore leur esprit, car ils lui posent une question à ce sujet. Alors que leur préoccupation est de savoir qui est le plus grand, le Seigneur fait comprendre que dans le royaume, seul le petit compte.
La première caractéristique qui correspond au royaume est celle d’un enfant. Les enfants sont faibles et incapables de faire valoir leurs droits face à un monde qui les néglige et pour qui ils ne comptent pas. Chez les enfants, on voit l’esprit de dépendance et d’humilité. Le Seigneur appelle un enfant auprès de Lui. L’enfant vient à Lui et aux hommes qui sont avec Lui sans aucune crainte. Il ne voit que le Seigneur. Il place l’enfant au milieu des hommes. Il veut qu’ils voient tous bien cet enfant.
Alors que l’enfant se tient ainsi au milieu d’eux et qu’ils le regardent, ils entendent la voix de leur maître qui leur dit de changer et de devenir comme les enfants. S’ils ne changent pas et ne deviennent pas comme les enfants, il est certain qu’ils n’entreront pas dans le royaume des cieux. Pendant l’absence de leur Seigneur rejeté, l’esprit qui caractérise les enfants est celui qui convient à ses disciples.
Devenir comme un enfant, selon le jugement du Seigneur, a des implications sur la position de chacun dans le royaume. Le grand exemple d’humiliation, c’est lui-même. Nous lisons de Lui qu’Il s’est humilié lui-même (Php 2:8). Il est le plus grand dans le royaume des cieux. En gardant l’exemple de l’enfant à l’esprit, Il dit à ses disciples qu’ils doivent tous faire de leur mieux pour être les plus grands. Un seul peut être le plus grand.
C’est avec cela comme ce que Paul dit à propos du fait de gagner un prix dans une compétition. Le prix ne peut être reçu que par un seul participant au concours : le gagnant. Ce à quoi Paul fait référence en utilisant cette comparaison, nous l’entendons dans son incitation. Il dit que chacun doit courir de manière qu’il obtienne le prix (1Cor 9:24).
Devenir comme un enfant implique plus que seulement une position dans le royaume. Le Seigneur dit que quiconque reçoit un tel enfant en son nom le reçoit lui-même. Cela signifie qu’Il s’identifie à des disciples qui révèlent le sentiment d’un enfant, parce que c’est son sentiment. Il ne défend pas ses droits et n’est pas pris en compte ; il est dépendant et humble.
6 - 9 Les occasions de chute
6 Mais celui qui est une occasion de chute pour un de ces petits qui croient en moi, il serait avantageux pour lui qu’on lui ait pendu au cou une meule d’âne et qu’il ait été noyé dans les profondeurs de la mer. 7 Malheur au monde à cause des occasions de chute ! Car il est inévitable qu’il arrive des occasions de chute ; mais malheur à l’homme par qui l’occasion de chute arrive ! 8 Si ta main ou ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le et jette-le loin de toi : mieux vaut pour toi entrer dans la vie manchot ou estropié que d’avoir deux mains ou deux pieds et d’être jeté dans le feu éternel. 9 Et si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi ; car mieux vaut pour toi d’entrer dans la vie avec un seul œil que d’avoir deux yeux et d’être jeté dans la géhenne de feu.
Le Seigneur lance un sévère avertissement à ceux qui ébranlent la confiance que « ces petits » ont en Lui et en Dieu. Par « ces petits », on entend ici non pas des enfants, mais des disciples de Lui ayant les caractéristiques des enfants. « Une occasion de chute », c’est tout ce qui peut ébranler leur confiance. La sévérité du punition montre bien à quel point les petits sont proches du cœur du Seigneur Jésus et à quel point ceux qui cherchent à faire chuter ces petits sont éloignés de son cœur. À un homme aussi terrible correspond un punition terrible qui a pour effet supplémentaire de rendre impossible pour lui de commettre à nouveau un acte aussi terrible.
Ensuite, le Seigneur prononce le « malheur » sur le monde sur lequel il y aura de nombreuses occasions de chute. Ces occasions de chute sont nécessaires parce qu’elles mettent en évidence ce qu’il y a dans le monde. Le monde est ici le résumé du mal qui vise à faire chuter les petits. L’homme par qui l’occasion de chute arrive est l’Antichrist, l’homme du péché. En lui, pour ainsi dire, le péché du monde est condensé et son seul but est d’éloigner l’homme de Dieu. Sur le monde et sur cet homme, le « malheur » est prononcé. Ils n’échapperont pas à leur juste jugement.
L’avertissement pénétrant en vue des occasions de chute est aussi important pour le disciple. Il y sera confronté. Il peut simplement être tenté de faire quelque chose, « ta main », ou d’aller quelque part, « ton pied », parce que le tentateur le propitie avec quelque chose d’agréable. Un acte ou un chemin pécheur doit être évité à tout prix. Le disciple doit donc se couper la main ou le pied, c’est-à-dire dire radicalement ‘non’ à l’occasion d’une chute, dire ‘non’ à la tentation de commettre un acte ou d’emprunter un chemin pécheur, quoi qu’il lui en coûterait. Dire ‘oui’ coûtera infiniment plus cher.
Il en va de même pour l’œil. Il est vital de garder l’œil sous contrôle et de ne pas lui permettre de regarder quelque chose qui conduirait au péché. Dans le cas d’Ève, c’est l’œil qui était l’occasion de chute. Le diable lui a indiqué l’arbre dont Dieu avait interdit à l’homme de manger. Ce faisant, le diable a réussi à faire en sorte qu’Ève regarde l’arbre à sa manière et suscite en elle le désir d’en manger. Elle ne s’est pas arraché l’œil, mais elle a pris et mangé, ce qui a entraîné de terribles conséquences (Gen 3:1-7). Par conséquent, nous devons bien nous rappeler que la perte de ce qui est le plus précieux pour le disciple dans cette vie n’est rien comparée aux horreurs du feu éternel dans l’autre monde.
10 - 14 La parabole de la brebis perdue
10 Gardez-vous de mépriser un de ces petits ; car je vous dis que, dans les cieux, leurs anges voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. 11 Car le Fils de l’homme est venu pour sauver ce qui était perdu. 12 Qu’en pensez-vous ? Si un homme a 100 brebis et que l’une d’elles s’égare, ne laissera-t-il pas les 99 sur les montagnes, pour aller chercher celle qui s’est égarée ? 13 Et s’il arrive qu’il la trouve, en vérité, je vous dis qu’il a plus de joie de celle-là que des 99 qui ne se sont pas égarées. 14 Ainsi, ce n’est pas la volonté de votre Père qui est dans les cieux qu’un seul de ces petits périsse.
Le Seigneur entend ici par « ces petits » ses disciples et non des petits enfants. Il n’a pas parlé d’enfants au verset 6 et au verset 10, mais de ‘petits’. ‘Petits’ dans ce contexte ne fait pas référence à l’âge ou à la taille, mais a le sens de ‘humbles’ et indique ‘penser petit de soi-même’. Les anges sont ici les êtres célestes qui représentent en permanence ces petits devant le Père, c’est-à-dire qui portent leur existence à l’attention du Père.
Ce que le Seigneur dit ici a donné naissance à l’idée que chaque enfant a un ‘ange gardien’. Il est certainement vrai que les enfants bénéficient de l’attention particulière du Père. On peut même déduire de Matthieu 2 que le Seigneur lui-même a bénéficié de la protection d’un ange lorsqu’Il était enfant (Mt 2:13,19). Mais bénéficier d’une attention particulière ne signifie pas encore que chaque enfant ou chaque personne a un ange spécial avec lui pour le protéger.
S’il est question de protection dans cette section, il s’agit d’une protection de la part du Père et non des anges. Les petits peuvent être méprisés sur la terre, mais les représentants célestes de ces petits sont en permanence dans la présence immédiate de Dieu, le Père. C’est donc de là que les anges tirent l’autorité de leur service. Leur service s’applique aux petits (Héb 1:14).
Le Seigneur compare l’attention que le Père porte aux petits à l’attention que le berger porte à une brebis qui s’est éloignée du troupeau. Avec cette image, Il veut faire comprendre que dans le royaume, il faut aussi prendre soin les uns des autres. Prenons-nous soin de ceux qui s’égarent ? Les cherchons-nous ? Le berger poursuit la brebis jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée. Lorsqu’il l’a trouvée, cela lui procure une grande joie. Il s’est engagé pour cette brebis. Les autres brebis n’avaient pas besoin de ces soins.
Le Seigneur conclut son enseignement à ses disciples sur le royaume et les enfants en disant que leur Père qui est dans les cieux ne veut pas qu’un seul des petits, ceux qui ne comptent pas, se perde. Dans cette volonté, les disciples doivent apprendre à partager et à s’engager pour ramener celui qui s’est égaré.
15 - 20 La discipline de l’église
15 S’il arrive que ton frère pèche contre toi, va, reprends-le, seul à seul ; s’il t’écoute, tu as gagné ton frère ; 16 s’il ne t’écoute pas, prends avec toi encore une ou deux personnes, afin que par la bouche de deux ou de trois témoins toute parole soit établie. 17 S’il ne veut pas les écouter, dis-le à l’assemblée ; et s’il ne veut pas non plus écouter l’assemblée, qu’il soit pour toi comme un homme des nations et comme un publicain. 18 En vérité, je vous dis : Tout ce que vous lierez sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous délierez sur la terre sera délié dans le ciel. 19 Je vous dis encore que si deux d’entre vous sont d’accord sur la terre pour une chose quelconque, quelle que soit la chose qu’ils demanderont, elle sera faite pour eux par mon Père qui est dans les cieux ; 20 car là où deux ou trois sont assemblés à mon nom, je suis là au milieu d’eux.
La section des versets 1-14 traite d’un petit et du royaume. La section des versets 15-20 traite d’un frère et de l’église. Tout comme un petit peut s’égarer, un frère peut aussi s’égarer. Tout comme un petit égaré doit être ramené dans le troupeau, un frère égaré doit être gagné.
Si un frère s’égare en péchant contre un autre frère, le frère contre lequel il a péché doit manifester le même esprit de douceur que le Seigneur suppose chez un petit. Il ne doit pas s’asseoir et attendre que l’autre personne vienne lui confesser son péché. Il doit y aller lui-même et convaincre le frère du mal qu’il a fait et ainsi le gagner. Il doit y aller seul. Personne ne doit être au courant. Si le frère écoute et confesse son péché, le frère est gagné. Personne n’est au courant et ne doit jamais l’être, car il a été confessé et donc supprimé.
Cependant, il peut arriver que le frère n’écoute pas. Il faut alors prendre un ou deux autres frères et chercher l’autre. Ainsi, il y a deux ou trois témoins de la conversation qui se déroule alors. L’idée est qu’en présence d’un ou deux témoins, le frère soit convaincu du péché qu’il a commis. S’il est convaincu et confesse, le frère est aussi gagné.
Toutefois, s’il n’écoute pas, un rapport doit être fait à l’église. Il est cependant nécessaire que le rapport soit fait par deux ou trois témoins, car ce n’est qu’ainsi que le rapport sera acceptable pour l’église. Sur la base du rapport, le frère est visité pour la troisième fois, cette fois par une délégation de l’église. S’il n’écoute pas non plus l’église, l’affaire est terminée pour celui contre qui il a péché. Pour lui, le frère n’est plus un frère, mais il est comme un homme des nations et comme un publicain avec qui il ne peut pas s’associer.
Il est clair que l’église ne peut pas laisser l’affaire suivre son cours. Peut-être que d’autres tentatives peuvent être faites pour amener le frère égaré à se repentir. Si, malgré tous les efforts affectueux pour le gagner, il persiste dans son péché, l’église a la responsabilité et l’autorité de lier le péché sur une telle personne. Il doit alors être considéré comme un méchant et ôté du milieu de l’église (1Cor 5:13). Ce tout dernier acte de l’église scelle l’échec de toute tentative de gagner le frère égaré.
Le péché étant lié sur la personne, celle-ci est remise au Seigneur en priant pour qu’Il lui accorde encore la repentance. Le Seigneur Jésus le souligne aussi lorsqu’Il dit ensuite que l’église peut aussi délier, c’est-à-dire détacher le péché de la personne. Cela se produit lorsque la personne confesse son péché et que l’église lui pardonne et l’accepte à nouveau au milieu d’elle. Ces actes de discipline de l’église, de lier et délier, sont reconnus par le ciel. L’église doit donc bien savoir que ce qu’elle fait à cet égard doit avoir le consentement du ciel. Elle ne peut s’en convaincre que si elle agit selon la Parole.
Pour savoir avec certitude si un acte de lier ou de délier est reconnu par le ciel, chaque acte disciplinaire doit être le résultat d’une prière unanime de l’église. Toute l’église doit demander au Seigneur sa volonté. Le Père fera connaître sa volonté par le biais de sa Parole. Par conséquent, une église doit pouvoir fonder une action disciplinaire sur la parole de Dieu.
Il s’agit de l’exercice de la discipline par l’église et non par quelques croyants pris au hasard. Tous les croyants appartiennent ensemble. Cependant, il ne s’agit pas seulement d’appartenir ensemble, mais d’être vraiment ensemble. La puissance de la prière et l’action de l’église ne dépendent pas du nombre, mais de son nom, qui est le nom du Seigneur Jésus.
Il est important de lire les paroles du Seigneur concernant sa présence au milieu des deux ou trois dans le contexte dans lequel elles sont écrites. À partir du verset 15, il est question du péché dans l’église et de la manière de le traiter. Après les différentes étapes, le péché doit être porté à la connaissance de l’église.
L’église ici ne peut pas être toute l’église sur la terre. Il doit s’agir de l’église locale. Par exemple, la Bible parle de « l’assemblée [ou : l’église] de Dieu qui est à Corinthe » (1Cor 1:2). Cela signifie que les croyants qui s’y trouvent constituent l’église de Dieu. Ils se réunissent aussi en tant qu’église (1Cor 11:18,20) pour célébrer la cène, s’encourager et s’édifier mutuellement dans la foi (1Cor 14:23,26).
De nombreux privilèges sont associés au fait de se réunir en tant qu’église. L’importance et la bénédiction de se réunir en tant que croyants avec Christ au milieu de nous, nous le voyons avec le Seigneur lui-même. Après sa résurrection d’entre les morts, sa première pensée, parlant avec révérence, était d’être avec ses disciples assemblés (Psa 22:21-22 ; Jn 20:19-20 ; Héb 2:11-12).
Comme mentionné, il y a aussi des responsabilités qui y sont associées. Nous en trouvons une dans cette section, à savoir l’exercice de la discipline. Le contexte montre qu’il s’agit de l’église et c’est en lien avec celle-ci que le Seigneur Jésus parle d’être assemblé en son nom. Nous pouvons en déduire que le Seigneur Jésus relie sa présence à l’église d’une manière particulière lorsqu’elle s’assemble.
Certes, Il est toujours avec chacun des siens. Selon sa promesse, il le sera « tous les jours, jusqu’à l’achèvement du siècle » (Mt 28:20). Ici, cependant, il est dit qu’Il est au milieu des deux ou trois assemblées en son nom. C’est différent de sa proximité dont chaque croyant peut faire l’expérience en tout temps et en tout lieu – et quel grand encouragement cela représente !
Avant que le Seigneur ne dise « je suis là au milieu d’eux », Il parle d’abord du fait d’être assemblé à son nom. Il lie sa présence personnelle à la condition d’être assemblé à son nom. Il parle du plus petit nombre possible – « deux ou trois » – pour être assemblés.
Il en dit encore plus. Il ne s’agit pas seulement d’une assemblée de deux ou trois croyants. Les croyants peuvent s’assembler n’importe où et pour de nombreuses raisons, mais cela ne signifie pas que partout où les croyants s’assemblent, il s’agit d’un rassemblement où le Seigneur dit qu’ils sont « assemblés à mon nom ». Que signifie donc être assemblé au nom du Seigneur Jésus ? Cela signifie que ceux qui sont assemblés sont tous venus parce qu’ils savent que cette assemblée ne concerne que le Seigneur Jésus. Son nom est le point central.
S’assembler à son nom signifie aussi que toute l’autorité Lui est donnée dans l’assemblée. Il exerce cette autorité par sa Parole et par son Esprit. Tous ceux qui sont assemblés là veulent le reconnaître. Aucun de ceux qui désirent être avec le Seigneur Jésus ne doit y être refusé. Tous ceux qui appartiennent à l’église, qui sont purs en doctrine et en vie et qui rejettent tout lien avec le mal y ont accès. Cela ne veut pas dire qu’il faut recevoir n’importe qui qui prétend être croyant. Au contraire, dans cette section, nous voyons comment il faut faire attention au cas où le péché serait révélé dans l’église. Il est donc clair que si une personne inconnue se présente, il faut s’assurer qu’elle n’est pas associée au péché.
Un aspect important ici est que personne ne doit entrer dans les droits du Seigneur et commencer à fixer ses propres conditions pour ceux qui viennent. Et personne qui vient ne doit non plus exiger d’être reçu sur la base de ses propres conditions. Les deux sont contraires à l’esprit de grâce et au sens du pardon qui caractérisent tout ce chapitre.
Un autre point important pour l’assemblée est que cette assemblée n’est pas régie par ses propres règles. Tout est entre les mains du Seigneur et la Parole est la pierre de touche immuable. Lorsque les croyants s’assemblent de cette manière, en réalisant leur faiblesse dans la pratique de l’assemblée, le Seigneur dit qu’Il est « là au milieu d’eux ».
21 - 22 Une question sur le pardon
21 Alors Pierre s’approcha de lui et dit : Seigneur, combien de fois mon frère péchera-t-il contre moi et lui pardonnerai-je ? Jusqu’à sept fois ? 22 Jésus lui dit : Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à 70 fois sept fois.
Après que le Seigneur a parlé de celui qui a péché contre un autre (verset 15), la section suivante traite de celui contre lequel il a péché, de la façon dont son attitude et son sentiment doivent être. L’occasion de cet enseignement est une question posée par Pierre. La réponse du Seigneur à cette question montre clairement que l’esprit de pardon doit nous caractériser.
Pierre lui-même fait une proposition, qu’il estime sans doute déjà d’une grande portée. Pardonnera-t-il à son frère jusqu’à sept fois ? Le Seigneur répond que c’est tout à fait insuffisant. En parlant de « 70 fois sept fois », il souligne qu’il n’y a pas de fin au pardon lorsque le pardon est demandé. Le pardon doit toujours être dans le cœur du chrétien (Éph 4:32).
23 - 35 Une parabole sur le pardon
23 C’est pourquoi le royaume des cieux a été fait semblable à un roi qui voulut faire ses comptes avec ses esclaves. 24 Et quand il eut commencé à le faire, on lui en amena un qui lui devait 10000 talents. 25 Comme il n’avait pas de quoi payer, son maître ordonna qu’il soit vendu, [lui] et sa femme et ses enfants et tout ce qu’il avait, et que le paiement soit effectué. 26 Se jetant alors à ses pieds, l’esclave lui rendait hommage et disait : Seigneur, prends patience à mon égard et je te paierai tout. 27 Ému de compassion, le maître de cet esclave-là le relâcha et lui remit la dette. 28 Mais cet esclave, une fois sorti, trouva un de ceux qui étaient esclaves avec lui et qui lui devait 100 deniers ; il le saisit, et il l’étranglait en disant : Paye, si tu dois quelque chose. 29 Se jetant donc à ses pieds, celui qui était esclave avec lui le suppliait : Prends patience à mon égard et je te paierai. 30 Mais il ne voulait pas ; au contraire, il alla le faire jeter en prison, jusqu’à ce qu’il ait payé la dette. 31 Ceux qui étaient esclaves avec lui, voyant ce qui était arrivé, furent très affligés et vinrent informer leur maître de tout ce qui s’était passé. 32 L’ayant alors appelé auprès de lui, son maître lui dit : Méchant esclave, je t’ai remis toute cette dette parce que tu m’en as supplié ; 33 n’aurais-tu pas dû, toi aussi, avoir pitié de celui qui est esclave avec toi, comme moi aussi j’ai eu pitié de toi ? 34 Et son maître, en colère, le livra aux bourreaux, jusqu’à ce qu’il ait payé tout ce qui lui était dû. 35 C’est ainsi que mon Père céleste vous fera, si vous ne pardonnez pas, de tout votre cœur, chacun à son frère.
Le Seigneur illustre par une parabole l’attitude et le sentiment qui doivent caractériser les sujets du royaume en vue du pardon. Il présente la situation dans laquelle un roi va faire les comptes avec ses esclaves. On amène au roi un esclave qui lui doit la somme énorme de 10000 talents. Si nous convertissons cette somme en euros, nous arrivons à un montant de 3 milliards d’euros.
Le calcul est le suivant. À l’époque, un denaar était le salaire d’un journalier (Mt 20:2). Au 1er janvier 2008, le salaire journalier minimum brut d’une personne âgée de 23 ans ou plus était de 61,62 €, soit un peu plus de 50,00 € nets. Supposons 50,00 € pour plus de commodité. Un talent représente 6000 deniers, soit 300 000,00 € convertis. L’esclave devait à son seigneur dix mille talents. Cela représente 3 000 000 000,00 € convertis, soit 3 milliards d’euros.
L’homme ne peut pas payer cette somme. Il ne peut même pas verser un acompte car il n’a rien. Pour pouvoir quand même recouvrer un peu de la dette, son seigneur lui ordonne de vendre sa femme, ses enfants et tout ce qu’il a en sa possession.
Lorsque l’esclave entend cela, il se jette devant son seigneur et le supplie d’être patient avec lui jusqu’à ce qu’il ait tout payé. Cette seule déclaration prouve que l’homme n’a aucune idée de l’ampleur de sa dette et de l’impossibilité de la payer. S’il avait effectivement voulu payer sa dette, il aurait dû travailler pendant 164 383,56 années [3 000 000 000,00 € / (365 jours * 50,00 €)] jour après jour, sans un jour de repos et aussi sans pouvoir dépenser un seul centime pour ce dont il aurait lui-même besoin.
Bien que le seigneur de l’esclave connaisse la vantardise de son esclave et sache que ce dernier ne pourra jamais le payer, il lui remet l’intégralité de cette dette. Il le fait par compassion pour la situation désespérée de son esclave.
Il est extrêmement dégrisant de voir dans la scène suivante comment l’esclave, à qui une dette énorme a été remise, se comporte avec un autre esclave qui lui doit la somme comparativement dérisoire de 100 deniers, soit 5000,00 €. L’impitoyabilité est énorme. C’est comme s’il était allé directement à la recherche de ce compagnon esclave qui lui devait car il le « trouva ». La grâce qui lui est faite n’a aucun effet sur lui. Au lieu de dire à son compagnon d’esclavage, dans une gratitude suprême, ce qui s’est passé, quel fardeau lui a été enlevé, il saisit son compagnon d’esclavage à la gorge et exige le paiement de la dette.
Son compagnon d’esclavage fait la même chose que lui a fait à l’égard de son maître. Le compagnon d’esclavage tombe et le supplie de patienter jusqu’à ce qu’il ait payé. Mais cet esclave ne possède pas cette patience parce qu’il n’a pas été impressionné par la façon dont son maître l’a traité et par ce qui lui a été pardonné. Ce n’est pas qu’il ait oublié, mais cela ne lui a rien fait du tout. Il n’en a pas été changé. C’est la plus grande ingratitude que l’on puisse imaginer. Une telle ingratitude montre la dureté du cœur.
Lorsque ses compagnons d’esclavage voient cela, ils sont très affligés. Ils ne comprennent pas comment cela est possible. Au lieu de se faire justice eux-mêmes, les compagnons esclaves font la seule chose qui vaille. Ils vont informer leur maître de tout ce qui s’était passé. Nous devrions faire de même lorsque nous remarquons qu’on agit sans le sens de la grâce. Nous ne pouvons alors rien faire de mieux que d’en parler à notre Seigneur, avec de la tristesse dans le cœur à cause de la dureté de l’action d’un compagnon d’esclavage.
Lorsque le maître l’apprend, il fait appeler son esclave auprès de lui. C’est son esclave et il peut disposer de cet esclave comme il l’entend. Il l’appelle « méchant esclave ». L’homme ne peut s’en prendre qu’à lui-même par sa conduite. Le maître lui rappelle qu’il lui a remis toute cette dette parce que l’esclave avait supplié son maître. Son maître lui rappelle aussi que la compassion dont il a fait l’objet aurait dû déterminer son attitude à l’égard de son compagnon d’esclavage.
C’est important pour nous. Nous avons bénéficié d’une grande compassion de la part de Dieu, qui nous a pardonné nos péchés. Nous avions une dette envers Dieu que nous ne pouvions pas payer. Maintenant que Dieu nous a remis cette dette, il attend de nous que nous fassions preuve de la même compassion envers nos frères et sœurs.
Une telle attitude d’ingratitude envers son maître, qui se traduit par un manque de compassion envers son compagnon d’esclavage, provoque la colère du maître de cet esclave. Il livre son esclave aux bourreaux jusqu’à ce qu’il ait payé sa dette, comme il l’avait dit. Cela signifie une torture éternelle, car il ne pourra jamais payer cette dette.
Le Seigneur Jésus rattache à la parabole la leçon sérieuse que nous devons pardonner de tout cœur à notre frère, sinon notre part sera la même que celle de l’esclave méchant.