1 - 5 Job s’humilie
1 Et l’Éternel répondit à Job et dit : 2 Celui qui conteste avec le Tout-puissant l’instruira-t-il ? Celui qui reprend Dieu, qu’il réponde à cela ! 3 Et Job répondit à l’Éternel et dit : 4 Voici, je suis une créature de rien, que te répliquerai-je ? Je mettrai ma main sur ma bouche. 5 J’ai parlé une fois, et je ne répondrai plus ; et deux fois, et je n’ajouterai rien.
Dieu a fait remarquer à Job les merveilles de sa création. Il lui a été montré que Lui seul connaît, comprend et prend constamment soin de tout et l’entretient dans toute sa profondeur, dans ses détails et dans sa cohérence. L’homme a une intelligence très limitée des actions de Dieu et devient alors petit. Il est démontré que Job n’a pas, n’a jamais pu et ne pourra jamais non plus contribuer en quoi que ce soit aux actions de Dieu. Dieu est si grand et il est si petit.
Avant que Dieu ne présente la conclusion sous forme de question à Job au verset 2, il nous est d’abord rappelé que Dieu est en train de répondre à Job (verset 1 ; Job 38:1). La réponse de Dieu après son discours consiste en un défi lancé à Job. Job conteste avec Lui, « le Tout-puissant » (verset 2 ; Job 13:3,15). Après tout, il avait accusé Dieu d’injustice, parce qu’Il l’avait laissé souffrir alors qu’il était innocent. À ce sujet, il voulait demander des comptes à Dieu.
‘Eh bien’, dit Dieu, ‘me voici. Prouve d’abord que tu es capable de ce procès en m’enseignant et en me répondant à toutes les questions que je t’ai posées dans les chapitres précédents.’ Dieu met Job au défi de Lui enseigner ou de Le corriger en ce qui concerne sa gouvernance de l’univers. En faisant cela, il prouverait qu’il est une partie égale pour Dieu et qu’il est donc capable d’avoir un procès avec Lui. Ceux qui critiquent Dieu, comme s’ils savaient les choses mieux que Lui, doivent être capables de répondre à ces questions de Dieu, sinon ils doivent se taire.
À cette question, Dieu attend bel et bien une réponse, Il exige même que Job y réponde : « Qu’il réponde à cela ! » Puisqu’il est révélé que Job est totalement ignorant sur le cours des choses de la création, il doit maintenant choisir. Les choix sont les suivants : Faire confiance à Dieu en sachant qu’Il gouverne le monde avec sagesse, ou persister dans sa dénonciation de Dieu qui le place au-dessus de Dieu. Que fera Job ? Lui faire confiance ou continuer à L’accuser ? La parole est à Job.
Puis Job répond à l’Éternel (verset 3). Il voit qu’il est trop petit, trop insignifiant (cf. Gen 32:10) pour dire quoi que ce soit à ce Dieu grand et élevé et Lui répondre (verset 4). Maintenant qu’il voit Dieu dans sa création et le soin qu’Il en prend, il met sa main sur sa bouche, indiquant qu’il se tait. Dieu l’a rendu humble. Il reconnaît qu’il est inapproprié de contester contre Dieu. Il l’a fait une fois et deux fois, mais il ne le fera plus (verset 5). Aucune autre défense ne sort de sa bouche. Ici, le but de Dieu semble avoir été atteint.
Pourtant, Dieu continuera à lui parler parce que son but n’a pas encore été atteint. Job cesse certes d’accuser, mais c’est parce qu’il reconnaît que c’est inapproprié face à celui qui est infiniment plus grand et plus puissant que lui. Cependant, il n’a pas encore confessé cela comme un péché. La réponse de Job est trop maigre aux yeux de Dieu. Job ne dirait plus un mauvais mot sur la politique de Dieu, mais sa façon de penser à ce sujet pourrait rester inchangée. C’est pourquoi Dieu poursuit son travail sur Job dans la grâce, car Job doit encore se repentir. Ce n’est qu’à ce moment-là que Dieu atteint son but.
Dieu a parlé à Job une première fois, mais Il juge nécessaire de lui parler une seconde fois. C’est ce que nous entendons dans la suite de ce chapitre et dans le chapitre suivant.
Introduction au second discours de Dieu
Dans son premier discours à Job, l’Éternel parle de l’attention qu’Il porte à sa création et à ses créatures (Job 38-39). Dans son second discours, en Job 40-41, Il souligne le contrôle qu’Il exerce sur toutes les créatures que l’homme ne peut pas contrôler. À titre d’exemple extrême, Il désigne deux bêtes contre lesquels l’homme est complètement impuissant et sans défense. Ce sont des types ou des exemples de la puissance irrésistible et de l’orgueil qui contrôlent les hommes de façon naturelle et contre lesquels ils sont totalement impuissants et sans défense. Les deux bêtes que Dieu présente à Job désignent, au-delà d’elles-mêmes, « les puissances spirituelles de méchanceté » (Éph 6:12), en particulier le pouvoir de Satan. Ces « autorités » et « pouvoirs » sont aussi soumis à l’autorité du Créateur (Col 1:16).
L’intention ici va bien au-delà du fait de montrer à Job que Dieu est le Créateur et le soutien du monde de la nature. C’est ce qu’Il fait dans son premier discours. Son second discours vise à convaincre Job que Dieu est aussi le Seigneur des puissances spirituelles maléfiques qui mettent son bon ordre à l’envers et le renversent. Job a été en quelque sorte leur porte-parole en s’opposant au gouvernement de Dieu, parce qu’il estimait que Dieu n’adoptait pas la bonne attitude à l’égard du mal (cf. Mt 16:22-23).
Dans l’introduction du second discours (versets 6-15), Dieu parle de sa puissance et de sa capacité à écraser le mal. Il regarde de haut sur toute puissance orgueilleuse pour l’humilier et la soumettre. Les deux bêtes, qui symbolisent le mal, montrent que Dieu est le Seigneur et le Maître du mal, qu’Il le traite comme Il le veut et non pas comme Job le pense. Quand Job est convaincu du caractère erroné de ses critiques à l’égard du gouvernement de Dieu, il réagit cette fois en se repentant profondément (Job 42:1-6).
6 - 14 Dieu continue avec Job
6 Et l’Éternel répondit à Job du milieu du tourbillon et dit : 7 Ceins tes reins comme un homme ; je t’interrogerai, et tu m’instruiras ! 8 Veux-tu donc anéantir mon jugement ? Me démontreras-tu inique afin de te justifier ? 9 As-tu un bras comme Dieu, et tonneras-tu de ta voix comme lui ? 10 Pare-toi, je te prie, de grandeur et de magnificence ; revêts-toi de majesté et de gloire ! 11 Répands les fureurs de ta colère, et regarde tout ce qui s’élève et abaisse-le ; 12 regarde tout ce qui s’élève et humilie-le, et écrase sur place les méchants ; 13 cache-les ensemble dans la poussière, lie leurs faces dans un lieu caché : 14 Alors moi aussi je te célébrerai, parce que ta [main] droite te sauve !
Après la réponse de Job au premier discours, l’Éternel commence son second discours. Comme mentionné, cela est nécessaire parce que Job n’a pas encore pris la place qui lui convient devant l’Éternel. Il y a encore un travail plus profond à faire en lui. C’est une preuve de la grâce de Dieu qu’Il ne perde pas patience avec Job, mais qu’Il continue à lui répondre (verset 6 ; Job 38:1 ; 40:1). Dieu ne cherche pas à écraser et à détruire Job, mais à l’enseigner et à le convaincre, ce pour quoi Il s’incline avec amour vers lui.
Comme dans son premier discours, l’Éternel répond à Job « du milieu du tourbillon » (cf. Job 38:1). Le défi par lequel Dieu s’adresse à Job au verset 7 est aussi similaire à celui par lequel Il a commencé son premier discours (Job 38:3). Il conseille à nouveau à Job de se ceindre les reins comme un homme. Job doit rassembler de nouvelles forces et se tenir debout dans sa force masculine, car Dieu va encore l’interroger. Après tout, Job lui-même a mis Dieu au défi de le faire en disant « appelle, et moi je répondrai » (Job 13:22). Il y aura de nouveaux sujets qui exigeront toute son attention. Il devra écouter attentivement, puis répondre.
Dieu lui a aussi posé des questions dans les chapitres précédents, mais le ton sur lequel Il s’adresse maintenant à Job est plus strict. Cela est nécessaire pour atteindre les profondeurs du cœur de Job. Nous le voyons déjà dans la première question que Dieu pose (verset 8). Dans le chapitre précédent, Dieu a dit que Job obscurcissait son conseil par des discours sans connaissance (Job 38:2). Maintenant, Dieu fait remarquer à Job que les choses sont encore pires pour lui, car il veut anéantir son jugement, c’est-à-dire l’invalider. Job a déclaré que Dieu retourne la situation en ne punissant pas les méchants qui méritent d’être punis et en punissant celui qui ne mérite pas d’être puni.
Job a déclaré que Dieu était coupable de commettre l’injustice, en écartant son droit (Job 27:2). Après tout, Dieu l’a puni lui, un innocent. Job a porté cette accusation parce qu’il se considère comme une personne juste. Selon lui, il n’y a rien de mal en lui et malgré cela, Dieu le punit quand même. Il y a donc quelque chose qui ne va pas avec Dieu. Il accuse Dieu pour prouver qu’il a raison. Dieu va faire comprendre à Job qu’il se croit juste, ce qui est inapproprié et aussi faux. Celui qui est juste donne à chacun ce qui lui est dû et surtout à Dieu. C’est là que Job s’est trompé. Seulement, lui-même doit encore parvenir à s’en rendre compte et c’est ce que Dieu est en train de faire.
Dieu ne peut pas simplement ignorer cette grave accusation. Cependant, Il ne confronte pas Job à ses déclarations erronées, mais à lui-même, à sa puissance et à son omnipotence (verset 9). Si Job pense qu’il doit contester contre Lui, qu’il montre d’abord qu’il est son égal, qu’il est de taille à lutter contre Lui. Qu’il montre son bras. Le bras de Dieu symbolise sa puissance dans la rédemption et dans le jugement (Psa 44:4 ; 89:14 ; Ésa 59:16 ; Ézé 20:33-34). En revanche, que signifie le « bras de chair » (2Chr 32:8) de Job ? Est-il aussi fort que Dieu ? Si c’est le cas, Job pourrait bien être un juge, car il faut de la puissance pour rendre la justice.
Et qu’en est-il de la voix de Job ? Sa voix peut-elle tonner comme celle de Dieu (Job 37:4-5) ? Lorsque Dieu parle, la création tremble. Dans sa voix résonne « le tonnerre de sa force » (Job 26:14). Et que se passe-t-il lorsque Job parle ? Rien du tout. Sa force physique et la puissance de ses paroles sont insignifiantes par rapport à la puissance des actions et des paroles de Dieu.
Que Job se fasse juge et se pare « de grandeur et de magnificence » afin que tout le monde puisse voir qu’il est au-dessus de l’affaire dont il doit se préoccuper (verset 10). Il doit simplement agir comme Dieu et, comme Lui, se revêtir « de majesté et de magnificence » (Psa 104:1). Il pourra alors s’asseoir sur le trône et montrer qu’il peut gouverner le monde mieux que Dieu.
Lorsqu’il sera paré et revêtu de ces excellences, il pourra aller à l’encontre du mal et ‘répandre les fureurs de sa colère’ (verset 11). Il peut alors faire ce que Dieu échoue à faire. Son gouvernement fait défaut. C’est ce qui ressort clairement de la façon dont Il traite Job. Eh bien, Job n’a qu’à montrer qu’il peut extirper toute injustice dans le monde. S’il sait donc si bien quoi faire des hautains, qu’il « regarde tout ce qui s’élève » et les abaisse par son regard, sans en négliger un seul.
Le mot « regarde » signifie un regard sévère et menaçant, qui fait comprendre à celui qui est regardé que le juge le connaît de part en part et qu’il ne peut rien lui cacher. Dieu, Lui, le peut. Il abaisse par son regard tout ce qui s’élève. Cette homme n’a plus rien dont il puisse se vanter ou derrière quoi il puisse se cacher, car le juge voit à travers lui. Dieu montre ainsi l’un des nombreux exemples de sa force et demande à Job de L’imiter en cela.
Job ne doit pas seulement regarder et abaisser tout ce qui s’élève, il doit aussi le regarder et l’humilier (verset 12 ; cf. Ésa 2:11-12). Job doit aussi s’occuper des méchants. Il doit les écraser « sur place ». Cela signifie un jugement sans délai. Où qu’ils soient, cela doit se produire à cet endroit, afin qu’ils ne puissent plus commettre de méchanceté. C’est ce que Job attend de Dieu, mais ce qu’Il ne fait pas, n’est-ce pas ? Il doit alors le montrer lui-même.
Une fois la sentence exécutée, Job doit s’assurer que ceux qui s’élèvent et ceux qui sont méchants sont cachés « ensemble dans la poussière » de la terre (verset 13). Ils doivent disparaître complètement de la vue. Pour souligner le caractère définitif de leur jugement, Job doit lier leurs faces dans un lieu caché. Il place ainsi une double obscurité sur ces criminels. Ils sont déjà cachés dans la poussière et maintenant un bandeau est ajouté. Ainsi, ils ne sont plus vus par personne et ils ne peuvent plus voir personne. Une personne dont la face est liée dans un lieu caché ne peut plus rien voir. C’est ce qui arrive aux condamnés à mort (Est 7:8).
‘Regarde, Job’, dit en quelque sorte Dieu, ‘si tu peux faire cela aux méchants, je te célébrerai (verset 14). Tu es alors l’homme puissant qui peut mettre ses paroles en action. Ta main droite a tellement de pouvoir que tu t’es délivré des méchants et de toutes sortes de situations difficiles. Tu n’as besoin de l’aide de personne. Il est alors prouvé que tu es partie prenante pour moi et que tu peux me convoquer à un procès.’
Nous pouvons résumer le message de cette introduction de la manière suivante : Job ne peut pas être sauvé par sa propre main droite, mais uniquement par la main droite de Dieu, et il n’est absolument pas partie prenante de Dieu, car il n’est pas l’égal de Dieu. Job doit reconnaître Dieu non seulement en tant que Créateur, mais aussi en tant que Sauveur. Dieu est le seul à mériter toutes les louanges, pas Job.
15 - 24 Le béhémoth
15 Vois le béhémoth, que j’ai fait avec toi : il mange l’herbe comme le bœuf. 16 Regarde donc : sa force est dans ses reins, et sa puissance dans les muscles de son ventre. 17 Il courbe sa queue comme un cèdre ; les nerfs de sa cuisse sont entrelacés ; 18 ses os sont des tubes de bronze, ses membres sont des barres de fer ! 19 Il est la première des voies de Dieu : celui qui l’a fait lui a fourni son épée. 20 Car les montagnes lui apportent [sa] pâture, là où se jouent toutes les bêtes des champs. 21 Il se couche sous les lotus dans le secret des roseaux et des marécages ; 22 les lotus le couvrent de leur ombre, les saules de la rivière l’environnent. 23 Voici, que le fleuve déborde avec violence, il ne se précipite pas ; il est plein d’assurance si un Jourdain se jette contre sa gueule. 24 Le prendra-t-on en face ? Lui percera-t-on le nez dans une trappe ?
Il n’y a bien sûr aucune réponse de Job à ce que Dieu lui a dit dans les versets précédents. Il ne peut rien mettre en pratique, rien du tout, de ce que Dieu lui a présenté. Dieu est le seul à pouvoir faire tout ce qu’Il a demandé à Job de faire. Job n’est pas Dieu. Il n’est qu’une créature, alors que Dieu est souverain et omnipotent.
Dieu continue à montrer cette souveraineté et cette omnipotence en présentant à Job deux de ses plus grandes œuvres de création :
1. le béhémoth, une bête qui vit principalement sur terre, et
2. le léviathan, une bête qui vit plutôt dans la mer.
Ils montrent sa puissance et sa majesté comme aucune autre de ses œuvres de création.
Dieu désigne à Job la première bête : « Vois le béhémoth », cette bête puissante (verset 15). On ne sait pas exactement de quel type de bête il s’agit. Il ne peut être comparé à aucune des bêtes que nous connaissons. On a supposé qu’il s’agissait d’un éléphant ou d’un hippopotame. À la lecture de la description, il est difficile de le supposer. Il faudrait certainement faire preuve d’imagination pour y reconnaître l’une ou l’autre bête. L’explication la plus plausible est qu’il s’agit d’une espèce particulière de dinosaures, dont nous savons qu’ils étaient des bêtes énormes. Nous ne connaissons pas ces bêtes, mais Job, apparemment, les connaît, car Dieu peut les lui désigner.
Quoi qu’il en soit, Dieu a créé cette bête, qui dépasse de loin Job en taille et en puissance. Cette bête est une créature de Dieu, au même titre que Job : « Que j’ai fait avec toi. » Cette énorme bête et Job sont tous deux sortis de sa main le même jour de la création, le sixième, et sont constamment dans sa main. Dieu est leur Seigneur, Il est au-dessus d’eux.
Dieu poursuit ensuite en décrivant les caractéristiques de cette bête. Il commence par la nourriture. Le béhémoth est un herbivore, car « il mange l’herbe comme le bœuf ». La signification de son nom va aussi dans ce sens. Le mot hébreu béhémoth est le pluriel de béhéma et signifie ‘bétail’. Le pluriel est utilisé ici pour souligner la taille et l’importance. Cela indique que ‘bétail’ doit être compris comme ‘bétail géant’.
Le fait que sa nourriture végétale soit mentionnée comme une caractéristique particulière semble impliquer que l’on ne s’attendrait pas à cela de la part d’un monstre aussi gigantesque. Cela ne signifie pas que nous avons devant nous une bête douce, mais que nous voyons en elle la sagesse de Dieu en matière de création. Dieu a créé cette bête de manière à ce qu’elle mange de l’herbe « comme le bœuf », comme le fait le bétail, d’où son nom est dérivé.
D’après la suite de la description, nous voyons que la force de cette bête dépasse de loin celle de l’homme. Job n’a qu’à regarder ses reins (verset 16). Quelle force ils dégagent ! Et puis les muscles de son ventre, quelle force ils dégagent. La bête est aussi capable de rendre sa queue, qui traîne habituellement sur le sol, semblable à un cèdre, ce qui la transforme en une sorte de bélier (verset 17). Cette caractéristique montre aussi clairement qu’il ne peut s’agir d’un hippopotame, comme le suggèrent certaines traductions de la Bible en traduisant le mot ‘béhémoth’ par ‘hippopotame’. On ne peut certainement pas dire que la queue courte et trapue d’un hippopotame ressemble à un cèdre.
Les nerfs ou tendons de sa cuisse ressemblent à des câbles tressés. Les nerves ou tendons relient les muscles aux os. Ses os individuels ressemblent à des barres de bronze et l’ensemble de ses os à un squelette de barres de fer (verset 18). La bête a une constitution métallique.
Ce que Dieu dit à Job au sujet de cet animal doit le laisser profondément impressionné par son Créateur. Dieu a donné à cet animal cette massivité, cette force et cette taille inégalées. Quel être humain peut rivaliser avec un tel animal ? Qui est capable de maîtriser un tel animal ? C’était déjà impossible avec presque tous les animaux mentionnés dans les chapitres précédents, mais ici, c’est totalement hors de question. Seul Dieu a le pouvoir sur cet animal.
Au milieu de la description de l’animal, le témoignage retentit : « Il est la première des voies [ou : des œuvres] de Dieu » (verset 19). De tous les animaux que Dieu a créés, le béhémoth est le plus grand et le plus impressionnant. Une comparaison avec deux passages remarquables de la Bible peut aider à comprendre le sens de « la première des voies [ou : des œuvres] de Dieu ». En Ésaïe 14, le jugement est annoncé sur le roi de Babylone et en Ézéchiel 28 sur la ville de Tyr (Ésa 14:1-11 ; Ézé 28:1-10). Dans les deux cas, le message de jugement commence par la référence à des lieux et des personnes réels, tout comme de nombreuses autres annonces de jugement dans les chapitres qui précèdent et aussi qui suivent.
Puis la description va soudain bien au-delà des relations terrestres (Ésa 14:12-15 ; Ézé 28:11-19). Il est clair que dans les deux cas, Dieu fait référence à la force motrice qui est derrière et qui utilise des systèmes complaisants, orgueilleux et impies. Il fait directement référence à Satan.
Nous pouvons, avec la prudence qui s’impose, supposer que Satan est la créature qui porte à juste titre le titre de « la première des voies [ou : des œuvres] de Dieu ». L’invincibilité du béhémoth par l’homme est aussi une image de l’adversaire Satan, bien plus fort, qui peut aussi utiliser des animaux à ses fins (cf. Gen 3:1-5).
Le pouvoir mortel, l’épée, a été donné par Dieu lui-même à l’animal, alors qu’Il en a encore le contrôle total. Les deux premiers chapitres de Job montrent clairement que Satan ne peut pas aller plus loin dans ses actes destructeurs que Dieu ne le lui permet.
Dieu, lorsqu’Il a fait le béhémoth, l’a aussi doté de « son épée ». Il faut entendre par là l’un des doigts de sa patte qui ressemble à une épée. Sa nourriture, il la trouve sur les montagnes, là où jouent tous les bêtes des champs (verset 20). Cela évoque une scène agréable. Aucune menace ne semble émaner de cet animal.
Au contraire, l’animal colossal rayonne de tranquillité. Le colosse cherche un endroit où il trouve une protection contre le soleil brûlant et se couche pour dormir sous les lotus, des arbres ombragés (versets 21-22). Il cherche « le secret des roseaux et des marécages », c’est-à-dire une région riche en eau. Lorsque le temps tourne et que le Jourdain devient impétueux, tu ne le vois pas trembler (verset 23). Il n’est pas impressionné par l’eau bouillonnante, mais reste calme. La mention du Jourdain est intéressante car elle constitue une indication supplémentaire que le pays d’Uts où vivait Job (Job 1:1) se trouvait dans la région du futur Édom.
Bien qu’il ne semble pas y avoir de menace directe de la part de cet animal géant, personne ne tentera de le prendre (verset 24). ‘Prendre en face’ signifie le prendre pendant qu’il regarde, c’est-à-dire qu’il n’est pas endormi. Personne ne peut lui percer le nez pour y passer une corde afin de l’emmener. Son pouvoir est si grand que personne n’ose s’en approcher.
L’impression générale qui se dégage de ce puissant animal est qu’il est plein de puissance et qu’il n’a peur de personne. La plus grande violence de la nature ne lui fait rien. En même temps, il semble n’avoir aucune mauvaise intention. Cela fait de lui une bonne image de Satan en tant qu’« ange de lumière » (2Cor 11:14). Satan a été créé par Dieu en tant que principal ange. Il était « la forme accomplie de la perfection, plein de sagesse, et parfait en beauté » (Ézé 28:12b). Ce que Dieu lui a donné, il l’a cependant détourné à son profit, devenant ainsi Satan.
Derrière le visage amical que Satan peut montrer se cache une force destructrice et destructive. Il est le menteur ‘amical’, acharné à tuer, car « lui a été meurtrier dès le commencement » (Jn 8:44). Son pouvoir destructif est représenté par l’animal suivant, le léviathan. Aucun membre de l’humanité ne sonde Satan et aucun n’est capable de le dompter ou de le lier. Seul Dieu a une autorité absolue sur Satan.
Aussi les croyants qui vivent en communion avec Dieu et qui ont sa Parole comme guide pour leur vie voient à travers lui, car pour eux, les pensées de Satan ne sont pas inconnues (2Cor 2:11). Mais eux aussi ne font pas le poids face à lui. Le seul endroit sûr pour être protégé des tromperies de Satan, c’est Christ. Christ a lié Satan, « l’homme fort », dans le désert (Mt 4:1-11 ; 12:29) et l’a vaincu à la croix (Héb 2:14-15).
25 - 32 Le léviathan
25 Tireras-tu le léviathan avec un hameçon, et avec une corde lui feras-tu y enfoncer sa langue ? 26 Lui mettras-tu un jonc dans le nez, et lui perceras-tu la mâchoire avec un crochet ? 27 Te fera-t-il beaucoup de supplications, ou te dira-t-il des choses douces ? 28 Fera-t-il une alliance avec toi ? Le prendras-tu comme serviteur à toujours ? 29 Joueras-tu avec lui comme avec un oiseau, et l’attacheras-tu pour tes jeunes filles ? 30 Des associés feront-ils trafic de lui ? Le partageront-ils entre des marchands ? 31 Rempliras-tu sa peau de dards, et sa tête de harpons à poissons ? 32 Mets ta main sur lui : souviens-toi de la bataille, – n’y reviens pas !
Le second animal que Dieu présente à Job est le léviathan, une créature marine aussi créée par Lui (Psa 104:26). La description montre un animal qui a un caractère très différent de l’animal précédent. Il ne s’agit pas d’un herbivore, comme le béhémoth, mais d’un prédateur. Le premier animal montre le côté doux, paisible et féminin ; le second animal montre le côté brutal et féroce et s’acharne à détruire. Aucun des deux ne peut être maîtrisé par les humains.
La mer dans laquelle vit cet animal est une image des puissances rebelles et méchantes en général et des nations turbulentes en particulier (Ésa 17:12-13 ; 57:20 ; Psa 65:8 ; Apo 17:15). C’est pourquoi, sur la nouvelle terre, il n’y aura plus de mer (Apo 21:1). Or la situation est encore telle que Satan y fait rage et la fait bouillir (Job 41:23). Nous voyons dans le léviathan le caractère de Satan en tant que « lion rugissant » (1Pie 5:8). Il est complètement insensible et inapprochable, car son cœur est « dur comme la pierre » (Job 41:16). Dieu l’écrasera complètement (Psa 74:14 ; cf. Rom 16:20).
Dieu commence par demander à Job s’il pourrait tirer cet animal gigantesque hors de l’eau avec un hameçon, comme s’il s’agissait d’un poisson que vous pourriez attraper facilement avec une canne à pêche (verset 25). La question de Dieu indique l’impossibilité pour Job d’attraper cet animal. Ce que Job ne peut pas faire, Dieu le peut (cf. Ézé 29:3-4 ; 38:3-4 ; Ésa 37:29).
Dieu indique ensuite à Job la langue qui se trouve dans la bouche de l’animal. Job est-il capable de presser sa langue avec une corde, c’est-à-dire de l’attacher à la mâchoire inférieure ? La langue sert à goûter et à avaler la nourriture. Si la langue est bridée, l’animal ne peut plus avaler. Job est-il capable de maîtriser la langue ? Cela aussi est impossible pour Job. Il ne peut même pas l’attraper et la tirer vers lui, et encore moins s’en approcher au point de la saisir par la bouche pour lui lier la langue. D’ailleurs, cela signifierait sa fin, car l’animal le dévorerait.
Il convient de noter que la langue est ici mentionnée avec insistance. Satan est « le père du mensonge » (Jn 8:44), et il incite les langues des hommes à dire du mal (cf. Jac 3:6). « La langue aucun homme ne peut la dompter : c’est un mal désordonné, plein d’un venin mortel » (Jac 3:8). Qui peut le faire ? Le Seigneur Jésus ! Il amènera finalement toutes les langues sous son autorité. Même la langue de Satan prêtera serment par Lui (Ésa 45:23) et Le reconnaîtra comme Seigneur (Rom 14:11 ; Php 2:11).
Dieu poursuit en demandant à Job s’il peut même montrer par une action quelconque qu’il est le maître du léviathan. Job est-il capable de lui mettre un jonc dans le nez ou de lui percer la mâchoire avec un crochet (verset 26) ? Là aussi, ce sont des actions qui demandent beaucoup de courage et de force, car elles l’obligent à s’approcher de l’animal. Job n’osera pas, car il en résulterait une mort certaine. Il n’a pas la force de réfréner cette puissance maléfique, qui est une image de Satan. Seul Dieu a ce pouvoir.
Encore une fois, nous voyons Dieu utiliser l’image du léviathan pour Satan et aussi pour des puissances opposées à Dieu (par exemple l’Égypte et l’Assyrie) et des personnes (par exemple le Pharaon, Gog et Sankhérib) utilisées par Satan, comme Il le fait plus souvent dans la Bible. Nous lisons que Dieu fait à certaines personnes exactement ce qu’Il demande ici à Job :
« Voici, j’en veux à toi, le Pharaon, roi d’Égypte, grand monstre des eaux, [...] je mettrai un anneau dans tes mâchoires » (Ézé 29:3-4) ;
« Voici, j’en veux à toi, Gog, [...] je mettrai un anneau dans tes mâchoires » (Ézé 38:3-4) ;
« Sankhérib, roi d’Assyrie, [...] je mettrai mon anneau à ton nez » (Ézé 37:21,29).
Au verset 27, Dieu souligne le caractère de l’animal. Job pense-t-il que l’animal est prêt à le supplier de ne pas le tuer et à lui adresser des paroles douces et tendres en retour parce qu’il reconnaît en Job son maître ? Dieu parle ici de l’animal d’une manière humaine, mais il rend l’intention claire. Cet animal ne se rendra jamais à l’homme et ne sera jamais disposé à faire une alliance avec lui (verset 28). Job ne parviendra jamais à le prendre « comme serviteur à toujours ».
Cette situation est le résultat de la chute. L’homme a alors perdu la domination que Dieu lui avait donnée sur les animaux (Gen 1:28) et était devenu l’esclave de Satan avec tout ce sur quoi il dominait. Satan est maintenant « le chef du monde » (Jn 14:30) et « le dieu de ce siècle » (2Cor 4:4). Aussi voyons-nous se profiler derrière cet animal l’image de Satan, qui ne fera jamais de marché avec l’homme. Il sait qu’il a l’homme en son pouvoir. Seul Dieu est au-dessus de lui, comme tous ceux qui sont en Christ.
Le léviathan, image de Satan, ne permet pas qu’on s’amuse avec lui comme avec des oiseaux qu’on a attrapés (verset 29). Il n’est pas un jouet pour les petites filles, même si Job l’attachait pour qu’il ne puisse pas partir. Il s’agit là d’un avertissement important. Aujourd’hui aussi, il y a beaucoup de gens qui croient pouvoir utiliser des pratiques occultes (comme le retournement de verre, la navette, la cartomancie) de manière ludique et qui sont fascinés par ces pratiques. Elles devraient savoir que Satan ne met jamais son pouvoir au service de l’homme à titre de divertissement, mais qu’il poursuit ses propres objectifs.
Il n’est pas non plus une marchandise pour les commerçants, sur laquelle il y a du profit à faire par plusieurs marchands, parce qu’il est un animal tellement énorme avec beaucoup de parties du corps (verset 30). Il ne se laissera pas attraper, tuer, démembrer et vendre partie par partie. Il ne se laisse pas faire. Lorsque les gens réalisent de gros profits à l’aide du pouvoir de Satan et gagnent ainsi leur vie (Act 16:16), ils se rendent dépendants de lui, une dépendance qui leur coûtera généralement leur âme.
Job doit aussi bien regarder la peau de l’animal (verset 31). Peut-il la remplir de dards de manière à ce que l’animal soit tué ? Il ne le fera pas, car sa peau est une armure écailleuse (Job 41:7). Il en est de même pour sa tête. Tu ne peux pas y faire passer un harpon à poisson.
La dernière suggestion faite à Job par laquelle il peut montrer qu’il est maître de ce monstre est de poser sa main sur lui (verset 32). Pas d’hameçon, pas de corde, pas de dards, pas de harpon à poisson, mais sa main. Job a-t-il tellement de force dans sa main qu’il peut l’utiliser pour tenir l’animal en dessous et lui faire sentir qu’il est le maître ? Job n’a qu’à penser à la (courte) bataille que l’animal aurait avec lui, après quoi il serait dévoré. Il ne recommencerait jamais parce qu’il ne pourrait plus jamais le faire.