1 - 2 Le Seigneur accueille des pécheurs
1 Tous les publicains et les pécheurs s’approchaient de lui pour l’entendre. 2 Mais les pharisiens et les scribes murmuraient : Celui-ci accueille des pécheurs et mange avec eux.
Alors que les chefs religieux L’ont rejeté, pour les publicains et les pécheurs, le Seigneur est celui qui les attire par ses paroles de grâce assaisonnées de « sel » (Col 4:6). Ce sont eux qui sont contraints d’entrer (Lc 14:23). Le sentiment des pharisiens et des scribes est totalement étranger à la grâce. Ils se sentent bien au-dessus de ce genre de personnes et les regardent de haut. Ces gens ne méritent pas qu’on s’occupe d’eux et qu’on leur fasse du bien. C’est exactement ce que fait le Seigneur et ils murmurent à ce sujet.
Les personnes qui n’ont aucun sens de la grâce ne peuvent que critiquer dans un esprit aigri les autres qui font preuve de grâce ou vivent de la grâce. C’est l’attitude du fils aîné dans la troisième partie de la parabole. En fait, la miséricorde du Seigneur va bien au-delà de ce qu’ils murmurent. Le Seigneur ne se contente pas de les accueillir, il les cherche avec insistance, comme le montre la parabole suivante. Dieu trouve son plaisir à faire preuve de miséricorde. Quelle réponse à l’abominable sentiment des pharisiens qui s’y opposent !
L’occasion de la parabole est le murmure des pharisiens et des scribes à cause du fait que le Seigneur Jésus accueille les pécheurs et mange avec eux. Ce faisant, ils Lui font involontairement un grand compliment. Il est en effet venu précisément pour eux.
3 Introduction à la parabole
3 Il leur dit alors cette parabole :
Les trois paraboles suivantes sont essentiellement une seule et même parabole. C’est pourquoi il est dit qu’Il leur a dit « cette parabole » et non ‘ces paraboles’. Il s’agit d’une parabole en trois parties. Chacune des trois histoires parle de l’amour pour ce qui est perdu. C’est un amour qui cherche (brebis et drachme) et qui reçoit (fils).
La brebis et la drachme sont passives. La brebis est trop faible pour faire quoi que ce soit, la drachme ne peut rien faire du tout. Avec la brebis et la drachme, nous voyons ce qui se passe pour le pécheur perdu ; avec le fils le plus jeune, nous voyons ce qui se passe dans le pécheur perdu.
Dans chacune des histoires, une personne de la Déité se distingue particulièrement. Avec la brebis, nous voyons le Seigneur Jésus comme le bon berger Qui porte tout le fardeau ; avec la drachme, nous voyons le Saint Esprit avec sa lumière dans l’effort qu’Il fait ; avec le fils, nous voyons le Père qui attend et qui accueille.
4 - 7 La brebis perdue
4 Quel est l’homme parmi vous qui, s’il a 100 brebis et en a perdu une, ne laisse les 99 au désert pour aller après celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il l’ait trouvée ? 5 Quand il l’a trouvée, il la met sur ses épaules, tout joyeux ; 6 puis, de retour à la maison, il assemble les amis et les voisins et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé ma brebis, celle qui était perdue. 7 Je vous dis qu’ainsi il y aura de la joie au ciel pour un seul pécheur qui se repent, plus que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de repentance.
Les 99 représentent la classe des pharisiens et des scribes. Ils sont laissés au désert, et non à un pâturage clôturé. Ils sont livrés à eux-mêmes, pour ainsi dire. Le berger se préoccupe de la seule brebis perdue, et non des 99 autres, parce qu’elles ne sont pas perdues. Les pharisiens et les scribes ne se considèrent pas comme perdus. Par conséquent, le berger ne s’engage pas pour eux, mais pour la seule brebis qui est perdue. Il s’engage à la retrouver et il continue à chercher jusqu’à ce qu’il la trouve. S’il ne l’avait pas poursuivie, elle se serait égarée de plus en plus loin et aurait péri. Le berger va chercher la brebis parce qu’elle a une immense valeur pour lui. Nous voyons aussi cet aspect avec la drachme et le fils.
Il s’agit du manque que ressent le possesseur et de son désir de le posséder à nouveau. Il s’agit d’un Dieu plein de grâce et de miséricorde qui cherche des personnes éloignées de Lui par le péché, pour leur faire connaître son plaisir à leur égard et les ramener à son cœur. Dieu trouve l’homme au moment où il se repent.
Lorsque le berger a trouvé la brebis, il la soulève et la met sur ses épaules, ses deux épaules. Il est bon de se rappeler que la puissance et la force du Seigneur Jésus par rapport à la création sont exprimées par les mots « et le gouvernement sera sur son épaule » (Ésa 9:5), alors qu’ici il est dit qu’Il met la brebis perdue et retrouvée sur ses épaules. Pour gouverner le monde, une seule épaule suffit. Pour ramener une brebis perdue dans le troupeau, Il utilise ses deux épaules. Il la pose aussi « tout joyeux » sur ses épaules. Pour le berger, c’est un motif de joie que de retrouver sa brebis.
Et où le berger emmène-t-il la brebis ? Il ne la ramène pas dans le désert, dans le troupeau qu’il a laissé derrière lui, mais il l’emmène chez lui, il la ramène « à la maison ». La brebis perdue est « retour à la maison ». Le berger veut aussi que les autres partagent sa joie pour la brebis retrouvée. Il assemble ses amis et ses voisins pour qu’ils se réjouissent avec lui d’avoir trouvé « ma » brebis. Une personne qui se réjouit parce qu’elle trouve quelque chose qui lui appartient peut comprendre un peu comment Dieu trouve sa joie dans le salut des perdus. En tout cas, Christ invoque cette joie humaine pour justifier celle de Dieu.
Ici, le Seigneur nous assure qu’un pécheur qui se repent fait autorité pour la joie au plus haut des cieux. Là, personne ne murmure, tout le monde se réjouit dans l’amour. En est-il de même pour nous ? Le ciel ne se réjouit pas de toutes ces personnes qui se croient justes et pensent donc qu’elles n’ont pas besoin de se convertir. La véritable réjouissance est le résultat de l’amour du Seigneur Jésus qui cherche le pécheur perdu.
8 - 10 La drachme perdue
8 Ou quelle est la femme qui, ayant dix drachmes, si elle perd une drachme, n’allume la lampe, ne balaie la maison et ne cherche soigneusement jusqu’à ce qu’elle l’ait trouvée ? 9 Quand elle l’a trouvée, elle assemble les amies et les voisines et leur dit : Réjouissez-vous avec moi, car j’ai trouvé la drachme que j’avais perdue. 10 Ainsi, je vous dis, il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent.
Dans la deuxième partie de la parabole, le Seigneur met en scène une femme qui perd une drachme. La drachme était une pièce grecque et n’avait donc pas cours légal en Israël. Il semble donc que les ‘drachmes’ étaient utilisées pour la parure personnelle de la tête, du cou ou du bras. Cette parure est très appréciée des femmes et elles aiment donc la garder intacte, peut-être plus par valeur sentimentale que pour sa valeur monétaire. La drachme vaut beaucoup pour la femme. Elle appartenait peut-être à une parure de dix drachmes qui a perdu tout son éclat à cause de la perte de cette seule drachme. D’où le fait que la perte d’une des dix pièces donne lieu à une cherche diligente de la part de son propriétaire. D’où aussi que le fait de la trouver l’amène à appeler ses amis et ses voisins pour qu’ils se réjouissent avec elle.
La femme représente l’œuvre personnelle du Saint Esprit dans le cœur des gens plus que l’œuvre de Christ mise en évidence dans l’histoire précédente. Conformément à la position de la femme selon la pensée de Dieu, l’Esprit a pris une position de soumission, de travail en arrière-plan ou caché.
Une pièce perdue est une chose sans vie. C’est un exemple approprié pour exprimer ce qu’est un pécheur perdu selon les pensées de l’Esprit de Dieu. Il représente une personne qui est spirituellement une chose morte avec aussi peu de pouvoir de revenir en arrière que la pièce manquante. Par conséquent, la drachme nous donne une image appropriée du pécheur qui ne possède pas le moindre pouvoir pour revenir à Dieu (Éph 2:1). Le pécheur est totalement sans espoir. Seul le Saint Esprit peut faire quelque chose dans ce cas. Il allume une lampe dans le cœur ténébreux du pécheur. Dans l’œuvre de la femme, nous voyons l’œuvre de l’Esprit.
La femme ne se résigne pas à avoir perdu sa pièce. Elle allume une lampe, balaie la maison et cherche soigneusement jusqu’à ce qu’elle l’ait trouvée. La lampe représente le témoignage de la parole de Dieu. L’Esprit se caractérise avant tout par son efficacité et dans son travail, Il utilise la Parole. C’est pourquoi il est dit ici que la lampe est allumée.
Mais ce n’est pas tout. La femme balaie la maison et cherche soigneusement jusqu’à ce qu’elle trouve la drachme. Il y a l’amour qui s’efforce, qui élimine les obstacles et qui travaille avec soin et cherche minutieusement. Si elle n’avait pas cherché aussi minutieusement et assidûment, la drachme n’aurait jamais été trouvée. Ainsi, l’Esprit de Dieu travaille sans relâche pour trouver et rendre vivant un pécheur perdu et mort. En trouvant la pièce perdue, la collection de pièces devient à nouveau complète.
Outre la possibilité déjà évoquée qu’il s’agisse d’un ornement, il peut aussi s’agir d’un héritage ou d’un cadeau de mariage. Dans tous les cas, l’intention est de faire comprendre que la drachme perdue a une valeur particulière aux yeux de la femme. On le voit aussi dans la joie que le fait de retrouver la drachme provoque chez la femme. Elle veut partager cette joie avec ses amis et ses voisins.
Elle image la joie du Saint Esprit lorsqu’un pécheur se convertit. Cette joie qui survient lorsqu’un pécheur se convertit est la joie de Dieu. C’est la joie « devant » les anges – et non ‘chez’ – c’est-à-dire devant la face des anges. Qu’est-ce qui est devant eux, que voient-ils ? Ils voient la joie de Dieu à cause d’un pécheur converti.
11 Deux fils
11 Il dit encore : Un homme avait deux fils ;
Après 100 brebis, dont l’une s’égare, et dix drachmes, dont l’une est perdue par quelqu’un, voici maintenant deux fils, dont l’un s’en va. Dans cette histoire, nous voyons dans le fils le plus jeune les profondeurs dans lesquelles le pécheur est tombé et les hauteurs auxquelles il sera amené lorsqu’il viendra à se repentir. Le fils aîné représente l’esprit des pharisiens et des scribes. Dans ces deux fils, nous avons les deux cas extrêmes de perdition qui englobent donc tous les autres cas. Dans le fils le plus jeune, nous voyons les publicains et les pécheurs, dans le fils aîné, les pharisiens et les scribes.
Bien que cette parabole puisse s’appliquer à tous les peuples, le Seigneur parle avant tout des Israélites. Ceux-ci entretiennent une relation particulière avec Dieu. Ils sont appelés « fils de l’Éternel, votre Dieu » (Deu 14:1). Dans l’application, il s’agit donc principalement de tous ceux qui occupent une position de privilège, comme les enfants de parents croyants. Dans les deux fils, nous voyons les deux voies que peuvent emprunter les enfants élevés dans une position de privilège.
12 - 16 Le plus jeune fils quitte son père
12 le plus jeune dit à son père : Père, donne-moi la part du bien qui me revient. Alors il leur partagea son bien. 13 Peu de jours après, le plus jeune fils vendit tout et partit pour un pays éloigné ; là il dissipa ce qu’il avait, en vivant dans la débauche. 14 Après qu’il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays-là ; et lui aussi commença à être dans le besoin. 15 Il alla se joindre à l’un des citoyens de ce pays-là, qui l’envoya dans ses champs garder les porcs. 16 Et il désirait se remplir le ventre des gousses que mangeaient les porcs ; mais personne ne lui donnait [rien].
Le fils le plus jeune est l’image du pécheur qui réclame sa part de vie pour la vivre à sa guise. En réclamant sa part d’héritage déjà du vivant de son père, le plus jeune fils déclare essentiellement son père mort. Plutôt que d’essayer de faire changer d’avis son fils, le père donne à ses deux fils leur part à chacun.
Ainsi, Dieu a donné à chacun la responsabilité de faire ce qu’il veut de sa vie. Alors, il deviendra clair comment une personne veut vivre sa vie. Il n’y a pas de preuve plus claire de la négation de Dieu que de donner la préférence à sa propre volonté sur celle de Dieu. Cette volonté propre montre clairement qu’une personne veut vivre indépendamment de Dieu. Elle révèle le désir de suivre sa propre voie à une grande distance de Dieu. C’est sans aucun doute la racine de tout péché. Le péché contre les personnes suivra certainement, mais le péché contre Dieu est la cause principale.
L’homme est mis à l’épreuve. Il est responsable, mais en fait, il n’est pas empêché de faire sa propre volonté. Dieu ne le retient que pour réaliser ses propres plans gracieux. Pourtant, il semble que Dieu permette à l’homme de faire ce qu’il veut. Cela seul révélera ce que signifie le péché, ce que cherche le cœur, ce qu’est l’homme avec toutes ses prétentions.
En demandant la part de bien de son père, le plus jeune fils est aussi coupable que s’il est avec les porcs. Il a déjà dit ‘au revoir’ à son père dans son cœur avant de partir réellement. Nous voyons alors en lui que dès que l’homme quitte Dieu, il se vend à Satan. Nous n’avons pas seulement une description d’une marche de vie dans le péché, mais nous en voyons aussi la fin amère. S’abandonner au péché entraîne la misère et la détresse. Il crée un vide que rien ni personne ne peut combler. La dilapidation égoïste de toutes ses possessions ne fait que lui faire ressentir encore plus ce vide.
Lorsque, complètement désespéré, il va demander de l’aide à l’un des citoyens du pays, nous voyons la dégénérescence du pécheur. Il n’y a pas d’amour, mais de l’égoïsme. Le citoyen le traite non pas comme un concitoyen, mais comme un esclave. Il n’y a pas d’esclavage aussi profond et dégradant que d’être l’esclave de nos propres désirs. Il est traité en conséquence. Comment devait sonner aux oreilles d’un Juif le fait que ce fils le plus jeune soit envoyé à la campagne pour garder les porcs ? Il sombre dans les profondeurs du besoin et de la misère. Pourtant, personne ne lui donne quoi que ce soit.
Le manque ne le repousse pas encore, mais le pousse à chercher des ressources dans le pays de Satan, dans ce que ce pays peut donner. Combien d’âmes ressentent la famine dans laquelle elles se sont mises, la vacuité de tout ce qui les entoure, sans aucun désir de Dieu ou de sainteté. Au contraire, il y a en elles de la convoitise pour les choses abaissantes du péché. Satan, lui, ne donne rien mais prend tout. Seul Dieu est celui qui donne. Il l’a prouvé dans le plus grand des dons, qui est le don de son propre Fils.
17 - 19 Le plus jeune fils revient à lui
17 Revenu à lui-même, il dit : Combien d’ouvriers de mon père ont du pain en abondance, et moi je péris ici de faim ! 18 Je me lèverai, je m’en irai vers mon père et je lui dirai : Père, j’ai péché contre le ciel et devant toi ; 19 je ne suis plus digne d’être appelé ton fils ; traite-moi comme l’un de tes ouvriers.
Au point le plus bas de sa misère, il revient à lui. C’est le début du retour. Autour de lui, tout a disparu. Il ne lui reste plus que lui-même. N’ayant plus aucune distraction, il s’assoit pour penser à la maison. Il se souvient de ce à quoi il a tourné le dos. Il a quitté son père en tant que fils et s’assoit maintenant avec les porcs dans la plus grande misère, tandis que les esclaves de son père ne manquent de rien.
Là où l’Esprit de Dieu agit, on trouve toujours deux choses : la conscience est convaincue de péché et le cœur est attiré par l’amour de Dieu. C’est la révélation de Dieu au cœur. Dieu est lumière et Dieu est amour. En tant que lumière, il convainc le cœur de sa condition perdue. En tant qu’amour, il attire le cœur par sa bonté. La conséquence est une véritable confession.
Le fils prodigue prend une décision : il retournera vers son père. Mais il ne se contente pas de prendre cette décision. Il reconnaît qu’il a péché, à la fois contre le ciel et celui qui l’habite, et contre son père. La vie d’un pécheur est contraire à la vie vécue au ciel par les anges qui ne font que ce que Dieu dit. Le fils est intérieurement convaincu de ses péchés et est prêt à les confesser ouvertement. Par sa volonté de se lever, il a déjà reconnu devant Dieu qu’il a péché.
Il voit aussi qu’il a perdu tout droit à être adopté comme fils. C’est l’œuvre de l’Esprit de Dieu. Il est vraiment brisé et vaincu en esprit. Il veut prendre la place d’un esclave. Si on lui permettait de la prendre, il s’en contenterait. Le désir était bon, mais légaliste en raison de l’ignorance de la grâce. C’est ainsi que vivent de nombreux chrétiens. Ils ne se préoccupent que d’eux-mêmes et ont encore si peu conscience de ce qu’il y a dans le cœur du Père. Il ne s’agit pas de ce que nous aimons, mais de ce que le Père aime. C’est tellement impressionnant dans cette partie de la parabole. Il ne s’agit pas de ce que le fils veut, mais de ce que le Père fait.
Le Père procède selon la plénitude de la grâce qui est dans son cœur pour les fils prodigues. Le désir de Dieu n’est pas satisfait en donnant aux fils perdus la place d’un ouvrier journalier sur le seuil de sa maison. Il veut des fils dans l’espace et l’atmosphère de sa maison. Beaucoup de chrétiens n’ont aucun sens de ce qu’est la filiation selon le plaisir du Père (Éph 1:5). Il n’y a pas de paix par le simple retour. La vraie paix vient lorsque nous apprenons à connaître les pensées du Père à notre égard.
20 - 24 Le retour et l’accueil
20 Il se leva et vint vers son père. Comme il était encore loin, son père le vit et fut ému de compassion ; il courut [à lui], se jeta à son cou et le couvrit de baisers. 21 Le fils lui dit : Père, j’ai péché contre le ciel et devant toi ; je ne suis plus digne d’être appelé ton fils. 22 Mais le père dit à ses esclaves : Apportez dehors la plus belle robe, et l’en revêtez ; mettez-lui un anneau au doigt et des sandales aux pieds ; 23 puis amenez le veau gras et tuez-le ; mangeons et réjouissons-nous, 24 car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé. Et ils se mirent à faire bonne chère.
Le fils le plus jeune joint le geste à la parole. Il se lève et va vers son père. De nombreux chrétiens disent qu’ils ont péché. Ils reconnaissent aussi sincèrement qu’ils ne sont pas dignes d’être acceptés par Dieu. Cependant, ils ne se lèvent pas, mais s’attardent dans la misère. C’est un déshonneur pour le Père. Il n’y a pas de confiance dans le fait que le Père est prêt à accueillir. Il peut y avoir tellement de doutes, mais le fait de penser à la bonté du Père fera qu’une personne se lèvera pour aller vers le Père.
Le père traite son fils non pas en fonction de ce qu’il a mérité, mais selon son cœur de père. Le père ne l’a jamais lâché dans son cœur. Son cœur a accompagné son fils. Il est resté aux aguets. Le mot « loin » au verset 20 est le même qu’un « pays éloigné » au verset 13. Le père a vu son fils là-bas et a attendu son retour.
Lorsque le père voit son fils s’approcher au loin, Il est ému de compassion. Il court alors en toute hâte pour aller vers son fils. De manière imagée, nous voyons ici que Dieu se hâte dans un sens positif, ce qui est cependant la seule fois dans la Bible. Sans lui faire le moindre reproche, le père se jette au cou de son fils et le couvre de baisers. Le père n’a jamais fait cela à aucun de ses ouvriers. C’est un accueil digne d’un fils ! C’est ainsi que Dieu se comporte avec tout pécheur qui se repent et vient à lui.
Le fils commence à dire ce qu’il avait résolu de dire, mais n’arrive pas à aller plus loin que les premiers mots. Parler plus loin lui est rendu impossible par le père, qui ne le laisse pas finir. Avant que le fils ne puisse dire « traite-moi comme l’un de tes ouvriers », le père le traite selon son cœur de père. La position du père décide de celle du fils. L’amour qui l’a accueilli comme un fils veut aussi qu’il entre dans la maison comme un fils et comme doit l’être le fils d’un tel père. Le père a des esclaves. Le fils n’en fait pas partie. Le père fait de ses esclaves les serviteurs de son fils.
Le fils se tient là, dans ses vêtements sales et déchirés. Ce n’est pas un vêtement digne d’un fils et ce n’est pas un vêtement digne de la maison du père. Le père a un vêtement prêt à être suspendu qui convient à sa maison. Les esclaves sont prêts à mettre ce vêtement sur le fils prodigue. Le père n’a qu’à demander à ses esclaves d’apporter la plus belle robe et de le lui revêtir. Les esclaves n’ont pas besoin de demander où il est accroché. Il est suspendu, prêt à être porté par le fils.
Lorsque nous sommes venus à Dieu, nous sommes aussi venus avec nos vêtements ternis par le péché, mais Dieu a prévu des vêtements neufs. Ils étaient déjà prêts pour nous avant la fondation du monde. Il nous a revêtus de Christ. Il nous a rendu agréable dans le Bien-aimé (Éph 1:6). Revêtus de Christ, nous entrons dans la maison du Père comme la justice de Dieu en Lui (2Cor 5:21). C’est la plus belle robe, la robe du ciel.
Le fils reçoit aussi un anneau au doigt en signe d’honneur et de dignité particulière, comme on le voit avec Joseph (Gen 41:42). Il reçoit aussi des sandales aux pieds. Ses pieds sont chaussés de l’évangile de la paix (Éph 6:15). Il est dans la maison du Père avec la paix parfaite dans son cœur que lui apporte l’évangile pour y rester à jamais en tant que fils (Jn 8:35). Les sandales caractérisent notre marche en tant que fils de Dieu.
Le fils reçoit beaucoup plus que ce qu’il avait avant de partir. Ainsi, les esclaves de Dieu du Nouveau Testament disent au pécheur converti tout ce qu’il a reçu en Christ. Nous le voyons avec Paul qui veut rendre tout homme parfait en Christ (Col 1:28). Il ne se contente pas de prêcher la repentance, il enseigne aussi la parole de Dieu à chaque converti.
Enfin, le père ordonne qu’on amène le veau gras pour le tuer, puis le manger et se réjouir. Il ne dit pas ‘qu’il mange’, mais « mangeons ». Un repas est préparé pour que nous mangions ensemble, pour partager ensemble toutes les bénédictions que le fils peut maintenant partager avec le père. Puis ils se mettent à faire bonne chère.
Le veau gras est une image du Seigneur Jésus qui a été tué pour nos péchés. Dans cet évangile, nous le voyons comme sacrifice de prospérités. Il est l’agneau immolé et autour de Lui, tous les croyants, tous les fils du Père, peuvent se réjouir avec le Père des bénédictions du Père. L’agneau a donné au Père l’occasion de montrer à l’homme tous ses bienfaits, tout son plaisir en l’homme. La joie consiste à partager en commun le sacrifice du Christ. Cela donne le lien de communion avec le Père et le Fils et les uns avec les autres.
Le père parle de son fils comme de « mon fils ». Il a bien un autre fils, mais ce fils « était mort et il est revenu à la vie ». Cela est représenté dans l’histoire de la drachme perdue et retrouvée. Elle montre que quelque chose s’est passé en lui. Ce fils était aussi « perdu et il est retrouvé ». Cela est représenté dans l’histoire de la brebis perdue et retrouvée. Cela montre que quelque chose lui est arrivé. Les deux aspects sont toujours présents dans une conversion.
Le résultat est une joie sans fin. Ce qui donne la paix et caractérise notre position conformément à la grâce, ce ne sont pas les sentiments travaillés dans nos cœurs, bien qu’ils soient réellement présents, mais les sentiments de Dieu lui-même. Il n’est pas dit non plus maintenant, comme dans les deux autres cas, qu’il y a de la joie au ciel, mais nous voyons quel est l’effet sur la terre, à la fois chez cette personne et dans le cœur des autres.
25 - 30 Le fils aîné
25 Or son fils aîné était aux champs. Lorsque, à son retour, il approcha de la maison, il entendit la musique et les danses. 26 Il appela l’un des serviteurs et demanda ce que c’était. 27 Il lui dit : Ton frère est revenu, et ton père a tué le veau gras parce qu’il l’a retrouvé sain et sauf. 28 Il se mit en colère et ne voulait pas entrer. Son père sortit, et il le priait d’entrer. 29 Mais lui répondit à son père : Voici tant d’années que je te sers ; jamais je n’ai désobéi à un de tes commandements, et tu ne m’as jamais donné un chevreau pour faire bonne chère avec mes amis. 30 Mais quand celui-ci, ton fils, qui a mangé ton bien avec des prostituées, est venu, tu as tué pour lui le veau gras.
Le père a aussi un autre fils. Alors que son frère rentre à la maison et est chaleureusement accueilli par son père, ce fils est occupé dans les champs. Lorsque son travail est terminé, il retourne à la maison. Lorsqu’il est près de la maison, il entend la musique et les danses. La maison est un lieu de réjouissance.
Lorsque nous nous réunissons en tant qu’église, nous faisons l’expérience de ce que c’est que d’être dans la ‘maison de Dieu’. La parole de Dieu y est servie par des esclaves de Dieu. Ce que nous entendons dans la maison lorsque nous écoutons la parole de Dieu ressemble à la musique mélodieuse de la grâce. La réponse à celle-ci sera la danse de joie des habitants de la maison. Le Seigneur a reproché à ses contemporains de ne pas répondre aux tons de la musique de sa grâce par des expressions de joie dans une danse (Lc 7:32). Il a apporté la musique céleste sur la terre dans les paroles sonores de la grâce, mais il n’y a pas eu de réponse. La maison de Dieu est un lieu où les serviteurs jouent de la flûte et où les personnes présentes répondent avec joie. Combien de fois, cependant, il n’y a que des critiques.
C’est un peu comme le commentaire du fils aîné. Le fils aîné a besoin de connaître les tenants et les aboutissants de ce qui se passe. Au lieu d’aller voir son père dans la maison, il demande à l’un des serviteurs dehors ce que peuvent bien signifier cette musique et ces danses. Il ne comprend rien aux expressions de la grâce. C’est un homme raide qui ne connaît pas la joie dans le Seigneur. Il a horreur de la joie. Tel est le sentiment des pharisiens et des scribes qui voient le Seigneur Jésus manger avec des pécheurs. Le serviteur sait exactement comment lui dire la raison de cette joie. Son frère est revenu sain et sauf. Son père en est si heureux qu’il a tué le veau gras. Le serviteur attire l’attention sur le veau gras, qui est le centre du festin.
Le fils cadet est dedans, le fils aîné est dehors. Il reste là aussi, parce qu’il ne veut pas entrer dedans. Il est dehors et reste dehors parce que son cœur est dehors de la maison de son père. Le fils aîné est un exemple de l’homme religieux qui refuse la grâce aux autres. Le fils aîné se met en colère, alors que le père est heureux. Il n’y avait et il n’y a pas de communion entre le père et ce fils. Il ne respire pas l’esprit d’amour manifesté à l’égard du fils prodigue revenu au pays. La grâce est quelque chose d’étranger pour lui et il ne partage donc pas sa joie. Il poursuit ses propres intérêts.
Sans doute était-il diligent et intelligent ‘aux champs’, dans le monde, loin de la scène de la miséricorde divine et de la joie spirituelle. Pourtant, le père, dans son amour pour lui, sort pour le prier d’entrer lui aussi. L’amour du père va vers lui aussi. Mais le fils aîné repousse son père et son amour pour lui par de lourds reproches. Il a l’audace de condamner son père comme l’homme, dans sa propre justice, condamne Dieu.
Dans l’esprit de l’homme incrédule mais très religieux et légalise, Dieu est dur et exigeant. Il est complètement aveugle à toutes les faveurs de Dieu ; son cœur et sa conscience sont totalement insensibles. Avec tout était la joie, sauf l’homme dans sa propre justice, le Juif, dont le fils aîné est une image. Les gens qui vivent dans leur propre justice, les gens légalistes, ne peuvent pas supporter que Dieu soit bon pour les pécheurs, car si Dieu est bon pour les pécheurs, en quoi leur justice leur profite-t-elle ?
Le fils aîné reproche à son père de ne jamais lui donner un chevreau pour s’amuser avec ses amis, alors qu’il a servi son père pendant si longtemps et de façon impeccable. Par ces propos, le fils aîné montre qu’il n’a aucune affection pour son père. Il a seulement agi par sens du devoir, comme un serviteur. Il a vécu selon les règles, ce qui l’amène à juger de lui-même qu’il a agi de façon irréprochable. La suffisance est évidente.
Le fait qu’il n’ait aucune affection pour son père est aussi évident lorsqu’il lui reproche qu’il aurait voulu lui aussi être joyeux avec ses amis, mais que son père ne lui a jamais fourni un chevreau à cet effet. Il voulait être joyeux avec ses amis, mais sans son père. Il n’apprécie pas le fait qu’un chevreau ne peut être apprécié que dans la maison du père et avec le père.
On voit bien l’aversion qu’il a pour la grâce et son fonctionnement. Il n’appelle pas le fils prodigue son frère, comme l’avait fait le serviteur auquel il s’était adressé, mais parle avec mépris de « ton fils ». Il fait aussi croire que son frère a consommé toute la fortune de son père, alors qu’il ne s’agit que de la part que le père lui a donnée. Il sait aussi comment cette fortune a été consommée, à savoir avec des prostituées. Le comportement du père en grâce envers son frère plus jeune fait ressortir le pire côté du frère aîné à tous les égards.
31 - 32 Un appel urgent
31 Le père lui dit : [Mon] enfant, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi ; 32 mais il fallait faire bonne chère et se réjouir ; car celui-ci, ton frère, était mort et il est revenu à la vie ; il était perdu et il est retrouvé.
Le père ne se défend pas contre les accusations de son fils aîné à son égard. Il ne défend pas non plus son fils le plus jeune contre les accusations de son fils aîné. Même avec son fils aîné, il est patient et agit en grâce. Le Seigneur Jésus s’adresse aux pharisiens et aux scribes. Il est aussi tellement désireux de les avoir dedans, dans la maison du Père. C’est pourquoi il raconte comment le père réagit.
Le père présente à son fils aîné tout ce qu’il possède. Ce que dit le père s’applique aussi à tout le peuple d’Israël à l’égard de Dieu. Le père l’appelle « enfant » pour souligner la relation intime. Il lui indique également le lieu de bénédiction tout près de lui, un lieu qui a toujours été sa portion. Enfin, le père lui rappelle que tout ce qu’il possède est aussi à lui. C’est la place qu’occupait le Juif sous la loi.
C’est aussi la même place qu’occupe tout chrétien non converti qui essaie de mener une vie religieuse et qui marche selon la chair. C’est exactement comme cela que les gens naturels de notre continent pensent et parlent. Les Juifs possédaient sans aucun doute la place la plus importante, voire la seule place que Dieu revendiquait sur la terre. Toutes les autres pays ont été données par Dieu aux fils des hommes, mais son pays, Il l’a réservé à Israël. Il les avait ramenés à Lui par une rédemption extérieure et les avait placés sous la loi.
Il en va fondamentalement de même pour tout homme qui est plein de sa propre justice. Il essaie à sa manière de faire le bien et de servir Dieu, tout en étant insensible à la vérité qu’il a besoin de la miséricorde et de la grâce salvatrice.
Le père fait valoir à son fils aîné qu’il y a des raisons de se réjouir, à savoir le retour de son frère. Il souhaite que son fils aîné partage cette joie. Mais seul celui qui est devenu l’objet de l’amour de Dieu, qui le cherche et le reçoit, participe à cette joie. Une telle personne voit que Dieu lui-même se réjouit de la joie de la grâce et la partage avec les autres. « Or notre communion est avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » (1Jn 1:3). Comme le serviteur plus tôt, le père parle de son fils le plus jeune comme du « frère » de son fils aîné. Il le souligne en disant : « celui-ci, ton frère ».
Le fils aîné n’a ni l’œil ni le cœur qu’il s’agit de quelqu’un qui est dans la même relation que lui avec son père. Ainsi, Dieu ne tolère pas que l’on nie les véritables relations qui existent entre eux. C’est pourquoi le jugement final sur les Juifs ne vient pas seulement à cause de leur ingratitude flagrante envers Dieu, mais aussi à cause de leur profonde aversion pour la grâce dont il a fait preuve envers les pauvres païens dans leur misère et leur péché. C’est ce que l’apôtre Paul fait ressortir avec force (1Th 2:16). Ils ne supportaient pas que d’autres, ces chiens des nations, entendent l’évangile de la grâce. Ils étaient si fiers de la loi qu’elle leur faisait mépriser la grâce pour eux-mêmes.