Introduction
Ce chapitre met en lumière des questions importantes qui s’appliquent aussi à l’exercice de la discipline dans l’église. En outre, il ressort que cet exercice de la discipline est quelque chose dans lequel toute l’église est impliquée. La façon dont les Israélites ont ôté le péché de leur milieu et ce que Dieu leur a enseigné à ce sujet est une illustration claire de ce qu’une église locale doit faire lorsque le péché doit être ôté du milieu d’elle. Elle montre aussi la disposition dans laquelle cela doit être fait,
Tout péché qui devient public dans une église locale et au sujet duquel une discipline doit être exercée est en même temps une affaire qui doit amener l’église à réfléchir à sa cause. Elle devra examiner sa propre condition à la lumière de Dieu et avoir le désir d’entendre de sa bouche comment ce péché a pu avoir lieu.
1 - 2 Le peuple se réunit comme un seul homme
1 Tous les fils d’Israël sortirent, depuis Dan jusqu’à Beër-Shéba, et le pays de Galaad ; l’assemblée se réunit comme un seul homme, vers l’Éternel, à Mitspa. 2 Les chefs de tout le peuple, toutes les tribus d’Israël, se présentèrent dans l’assemblée du peuple de Dieu, 400000 fantassins, tirant l’épée.
La première chose qu’opère le rapport de l’atrocité, c’est que le peuple tout entier se rassemble comme un seul homme auprès de l’Éternel. Même s’il y a beaucoup à apprendre plus loin, ce fait en lui-même est une réaction à apprécier. C’est une époque où chacun fait ce qui est bon à ses yeux. La caractéristique d’une telle époque est que les gens ne vivent que pour eux-mêmes. Tout sentiment d’appartenance a disparu. Dans cette période d’individualisme, l’Éternel se sert du péché commis pour ramener l’unité au sein de son peuple.
La deuxième est qu’ils prennent la bonne position, c’est-à-dire auprès de l’Éternel à Mitspa. Cependant, une bonne position ne garantit pas une bonne disposition. Certaines conditions importantes peuvent avoir été remplies, comme l’unanimité et une position juste, mais il y a encore quelque chose à ajouter et c’est une bonne disposition.
C’est une bonne chose que le peuple se réunisse comme un seul homme – voir aussi le verset 8 et le verset 11 – pour punir le mal. C’est aussi une bonne chose qu’il fasse preuve de zèle pour se purifier du mal, tout comme c’est une bonne chose qu’il adopte la bonne position. Mais le peuple est loin d’être dans la bonne disposition pour exercer la discipline. Ils n’agissent encore que par indignation charnelle et de leur propre initiative. Ce n’est qu’au verset 18 qu’ils demandent à Dieu, mais à ce moment-là, ils ont depuis longtemps élaboré leurs propres plans. C’est le mal qui les réunit.
Mais jamais rien de mauvais ne pourra servir de lien par lequel le peuple de Dieu pourra être maintenu ensemble. Et si le fait d’avoir une bonne position n’entraîne pas une attitude et un comportement correspondants, cela ne garantira pas non plus une action juste en matière de discipline. Ces choses doivent aller de pair.
Il se peut que les croyants de la chrétienté occupent une place ou une position bonne. Ici, nous pouvons penser à l’église qui se rassemble autour du Seigneur Jésus, avec Lui comme centre, indépendamment de toutes sortes d’institutions humaines ou de pensée de groupe. Si cela n’est pas fait par amour pour Jésus Christ et avec la conscience de la grâce et dans une attitude d’humilité, la confession de cette position ne donne aucune garantie de bénédiction et de présence du Seigneur Jésus.
Quand il y a de l’unité, les chefs se manifestent aussi. Un aspect important du fonctionnement de l’église en tant qu’unité est que la direction soit rétablie de manière biblique. Nous avons entendu Debora chanter en Juges 5 que les chefs se sont mis en avant (Jug 5:2). S’il n’y a pas de roi en Israël et donc pas de direction, cela se fait aussi au détriment du sentiment d’appartenance.
3 - 7 Le rapport du Lévite
3 Les fils de Benjamin apprirent que les fils d’Israël étaient montés à Mitspa. Les fils d’Israël dirent : Dites comment ce mal est arrivé. 4 Alors le Lévite, le mari de la femme tuée, répondit : J’étais venu à Guibha, qui est à Benjamin, moi et ma concubine, pour passer la nuit ; 5 les hommes de Guibha se levèrent contre moi et entourèrent de nuit la maison, à cause de moi : ils avaient l’intention de me tuer et ils ont humilié ma concubine au point qu’elle en est morte. 6 J’ai saisi ma concubine, je l’ai coupée en morceaux et je l’ai envoyée dans toutes les campagnes de l’héritage d’Israël ; car ils ont commis une énormité et une infamie en Israël. 7 Voici, vous tous, fils d’Israël, délibérez et donnez ici [votre] avis.
Lorsqu’on le lui demande, le Lévite fait un bref récit des événements survenus à Guibha. Il ne fait aucune mention de sa propre infidélité et du mauvais chemin qu’il a emprunté. Il dissimule aussi le fait qu’il a lui-même remis sa femme entre les mains de ces débauchés. De plus, il prétend avoir été en danger de mort. Il raconte son histoire de manière à ce que lui-même s’en sorte le mieux possible.
Il justifie le fait de couper le corps de sa femme en morceaux et de l’envoyer autour d’Israël en soulignant que les hommes de Guibha ont commis une énormité et une infamie en Israël. Il conclut en soulignant qu’en tant qu’Israélites, ils devraient savoir ce qu’il faut faire. Sur sa propre responsabilité en tant que Lévite d’enseigner la loi, il ne mentionne pas un mot.
8 - 10 La réaction
8 Tout le peuple se leva comme un seul homme, disant : Aucun de nous n’ira à sa tente, et aucun de nous ne se retirera dans sa maison. 9 Maintenant, voici ce que nous ferons à Guibha : nous la traiterons selon ce que le sort décidera. 10 Nous prendrons 10 Nous prendrons 10 hommes sur 100, de toutes les tribus d’Israël, et 100 sur 1000, et 1000 sur 10000, qui prendront des provisions pour le peuple, afin que, à leur arrivée, on traite Guibha de Benjamin selon toute l’infamie qu’elle a commise en Israël.
L’homme a encore souligné par son récit ce dont le peuple est déjà convaincu : il faut agir contre les hommes qui ont commis cette atrocité. Ils s’obligent à ne pas rentrer chez eux avant d’avoir réglé le problème de Guibha. Il ne leur reste plus qu’à tirer au sort l’ordre dans lequel ils doivent partir à la guerre. Dix pour cent des hommes sont mis à l’écart pour fournir des provisions pendant la campagne. Tout ce qui est entrepris concerne encore le déshonneur fait à Israël et non le déshonneur fait à Dieu.
11 - 14 La demande de Guibha et la réaction à celle-ci
11 Et tous les hommes d’Israël se rassemblèrent contre la ville, unis comme un seul homme. 12 Les tribus d’Israël envoyèrent des hommes dans toutes les familles de Benjamin, disant : Quel est ce mal qui est arrivé au milieu de vous ? 13 Et maintenant, livrez-nous ces hommes, fils de Bélial, qui sont à Guibha, afin que nous les fassions mourir et que nous ôtions le mal du milieu d’Israël. Mais [les fils de] Benjamin ne voulurent pas écouter la voix de leurs frères, les fils d’Israël ; 14 et les fils de Benjamin se rassemblèrent de leurs villes à Guibha, pour sortir en guerre contre les fils d’Israël.
Au verset 11, nous lisons pour la troisième fois qu’Israël est uni « comme un seul homme »(versets 1,8). Le message qu’ils ont fait circuler dans toute la région de la tribu de Benjamin, dans laquelle se trouve Guibha, est court et précis. Son texte indique qu’ils ne sont pas encore dans le bon disposition pour agir contre le mal. Dans les versets précédents, nous avons vu que la volonté d’agir découle de l’indignation humaine. C’est pourquoi ils ne pensent pas maintenant à demander d’abord à l’Éternel de savoir comment agir contre le péché. Ils parlent à Benjamin du mal qui est arrivé « au milieu de vous » plutôt qu’« au milieu de nous ».
Nous avons peut-être remarqué, nous aussi, que nous sommes plus prompts à voir le péché chez les autres que chez nous-mêmes. Pour pouvoir mettre en évidence le péché de quelqu’un d’autre, il faut d’abord qu’il y ait le jugement sur soi-même. Cela signifie qu’une personne doit elle-même être exempte de péché, qu’il ne doit pas y avoir de péché non jugé dans sa propre vie. Si quelqu’un croit qu’il doit s’occuper des péchés des autres tout en laissant les péchés exister dans sa propre vie, il est un hypocrite. À cette personne s’appliquent les paroles du Seigneur Jésus : « Hypocrite, ôte d’abord la poutre de ton œil, et alors tu verras clair pour ôter la paille de l’œil de ton frère » (Mt 7:5).
L’affranchissement personnel des péchés est une première condition qui doit être remplie par le jugement de soi. Une deuxième condition est liée à ce jugement. Nous ne pouvons souligner le péché de quelqu’un que lorsque nous réalisons que, ce qu’il a fait de mal, peut aussi nous arriver, à moi aussi. Nous ne sommes rien de mieux que l’autre personne. Galates 6 indique comment nous pouvons remplir cette deuxième condition : « Frères, même si un homme s’est laissé surprendre par quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez un tel [homme] dans un esprit de douceur, – prenant garde à toi-même de peur que toi aussi tu ne sois tenté » (Gal 6:1).
Ce qu’Israël doit apprendre, c’est à s’identifier au péché commis et qu’il ne s’agit pas seulement du péché d’une ville ou d’une tribu. Ce même principe ressort dans le cas du péché d’Acan : « Mais les fils d’Israël commirent un crime au sujet de l’anathème : Acan, [...] prit de l’anathème » (Jos 7:1). Un seul homme pèche, mais c’est tout le peuple qui est déclaré coupable par Dieu.
Si Israël s’était identifié au péché de Guibha, Benjamin aurait réagi différemment. Benjamin aurait alors vu un peuple se lamenter et confesser le péché comme s’il l’avait lui-même commis. Mais au sein du peuple, on ne constate aucun sentiment fraternel. Il est plus facile de voir des choses qui sont mauvaises et qui doivent être jugées que d’aller vers Dieu avec ces choses elles-mêmes et de les voir et de les sentir comme Dieu les voit et les sent. Par leurs actions, ils ne font que blâmer les Benjaminites et les rendre responsables de ce qui s’est passé, sans réaliser que c’est un mal qui s’est produit au milieu d’eux, c’est-à-dire au milieu d’Israël.
Dans le Nouveau Testament, Paul aborde un péché au sein de l’église qui est si grave qu’il n’existe pas même parmi les nations (1Cor 5:1). Ce qu’il reproche particulièrement aux Corinthiens, c’est de n’avoir pas mené deuil sur le terrible mal qui se déroule parmi eux (1Cor 5:2). Ils continuent à se réunir tranquillement comme si de rien n’était. C’est une autre façon de ne pas s’identifier au mal présent.
Tant à Corinthe qu’ici en Juges, les gens réagissent au mal à leur manière. L’affaire n’est pas présentée à Dieu avec la honte de ce qui s’est passé. C’est pourquoi Il ne peut pas non plus faire connaître sa volonté comment agir.
Israël gère mal l’affaire, mais cela ne disculpe pas Benjamin dans sa réaction. Ce que font les Benjaminites montre qu’ils n’ont pas conscience du péché atroce commis dans leur région. Toute la tribu s’identifie ainsi au péché. Le péché est mauvais, mais ce qui est encore pire, c’est le refus de condamner le péché. Ils défendent même le péché alors qu’ils ne l’ont pas commis eux-mêmes, mais certaines personnes dépravées.
Ce qui a commencé comme une expédition punitive contre une ville dégénère en une guerre civile totale à cause de l’attitude de Benjamin. Après avoir toléré le mal en leur sein, ils vont maintenant le défendre et s’engager dans une guerre fratricide. Benjamin en fait une affaire tribale. Nous n’entendons plus parler des malfaiteurs eux-mêmes.
Comme il ressort de 1 Corinthiens 5, le pire des péchés peut se produire dans n’importe quelle église locale. Aussi mauvais et honteux que cela soit, la présence du pire péché ne peut pas constituer une raison pour que quelqu’un quitte une communauté de chrétiens. Ce qui constitue en revanche une cause de séparation d’une église locale, c’est le refus de condamner le moindre mal. Il est alors même nécessaire que nous nous séparions, du moins si nous ne voulons pas être jugés par Dieu avec l’ensemble.
15 - 21 La première bataille
15 En ce jour-là furent dénombrés les fils de Benjamin qui vinrent de leurs villes : 26000 hommes tirant l’épée, sans les habitants de Guibha, qui furent dénombrés : 700 hommes d’élite. 16 Parmi tout ce peuple, il y avait 700 hommes d’élite qui étaient gauchers ; tous ceux-là pouvaient lancer avec la fronde une pierre contre un cheveu, sans le manquer. 17 Les hommes d’Israël furent dénombrés, sauf Benjamin : 400000 hommes tirant l’épée, tous gens de guerre. 18 Les fils d’Israël se levèrent, montèrent à Béthel et interrogèrent Dieu : Qui de nous montera le premier pour livrer bataille aux fils de Benjamin ? L’Éternel dit : Juda, le premier. 19 Les fils d’Israël se levèrent le matin et campèrent contre Guibha. 20 Les hommes d’Israël sortirent en guerre contre Benjamin et les hommes d’Israël se rangèrent en bataille contre eux devant Guibha. 21 Les fils de Benjamin sortirent de Guibha ; et en ce jour-là ils étendirent morts par terre 22000 hommes d’Israël.
Les positions ont été clarifiées dans un sens comme dans l’autre. Il n’y a plus de doute, il n’y a plus d’espoir de rétablissement. Numériquement, les Benjaminites sont très inférieurs en nombre, mais leurs capacités compensent largement. On parle de « 700 hommes d’élite qui étaient gauchers ; tous ceux-là pouvaient lancer avec la fronde une pierre contre un cheveu, sans le manquer » (verset 16).
Ce sont peut-être des hommes exquis, connus pour leur précision, leur justesse de visée, mais lorsqu’ils sont engagés dans une mauvaise cause, ils font mauvais usage de leurs capacités. Nous pouvons les comparer à des personnes que nous rencontrons aussi en chrétienté. Des personnes qui sont très précises en tout et qui pourtant qualifient parfois le mal de bien. En raison de leur approche précise de l’affaire, il semble qu’ils aient aussi le droit de leur côté.
Benjamin est victorieux à deux reprises, mais nous verrons dans un instant comment cela se passe. Parmi les tribus qui montent, tout n’est pas non plus comme il faut. Bien sûr, ils demandent conseil à Dieu, mais ils ne le font qu’après avoir décidé comment ils vont agir. Tout ce qu’ils veulent encore savoir, c’est quelle tribu doit monter en premier. Ils ont déjà posé cette question une fois auparavant, en Juges 1 (Jug 1:1). Mais quelle différence entre Juges 1 et ici. Là, ils posent leur question en vue de combattre l’ennemi, alors qu’ici, ils veulent monter contre un frère et ont aussi tout déjà en place.
Il peut donc arriver des situations où même nous nous disons qu’il n’est pas nécessaire de consulter Dieu. Nous voyons qu’il y a un péché et nous sommes immédiatement prêts à nous en occuper, sans qu’il nous vienne à l’esprit d’aller voir Dieu avec ce péché et de nous identifier d’abord à lui. À nos yeux, ce n’est pas nécessaire. Il reste encore quelques détails, comme celui de savoir qui doit parler au frère ou à la sœur tombé(e) dans le péché. Pour cela, nous devons d’abord chercher la face de Dieu.
Pour être utilisé par Dieu pour traiter le mal de manière appropriée, il faut plus qu’une simple volonté rapide d’agir comme son instrument. Leur vengeance est trop directe, trop inappropriée, trop impitoyable. Ils ne sont pas assez conscients du fait qu’ils doivent exécuter le jugement de Dieu. Ils n’apportent pas de sacrifice pour le péché, ce qui aurait été la preuve qu’ils s’identifient au mal. Ils comptent sur leur suprématie.
Le résultat est une défaite. Par cette défaite, Dieu veut leur enseigner que le nombre ne compte pas pour Lui et que leur confiance à remporter la victoire en conséquence est erronée. Le fait que les Israélites soient vaincus peut s’expliquer par le fait qu’eux-mêmes ne sont pas non plus libérés des influences des pratiques pernicieuses des Cananéens. Dans ce cas, il ne peut pas y avoir de pouvoir d’agir non plus. Ce dont ils ont besoin, c’est de la même purification que Benjamin.
22 - 25 La deuxième bataille
22 Le peuple, les hommes d’Israël, prirent courage et se rangèrent de nouveau en bataille dans le lieu où ils s’étaient rangés le premier jour. 23 Les fils d’Israël montèrent, ils pleurèrent devant l’Éternel jusqu’au soir et ils interrogèrent l’Éternel : M’approcherai-je de nouveau pour livrer bataille aux fils de Benjamin, mon frère ? L’Éternel dit : Montez contre lui. 24 Les fils d’Israël s’avancèrent contre les fils de Benjamin, le deuxième jour ; 25 et Benjamin sortit contre eux de Guibha, le deuxième jour ; de nouveau ils étendirent morts par terre 18000 hommes des fils d’Israël, tous tirant l’épée.
La défaite est un choc. Ils ne s’y attendaient pas. Ils sont sûrement engagés dans une cause juste ? Sûrement que leur grand nombre en est aussi une preuve ? Alors comment se fait-il qu’ils soient vaincus au lieu que les méchants soient punis ? Dieu est-Il donc du côté de la tribu pécheresse ?
Autant de questions qu’ils ont pu se poser. Pourtant, la première réaction à leur défaite n’est pas d’aller voir Dieu pour Lui poser ces questions. La première chose qu’ils font, c’est de retrouver courage : « Le peuple, les hommes d’Israël, prirent courage et se rangèrent de nouveau en bataille dans le lieu où ils s’étaient rangés le premier jour. » David a fait les choses différemment. De lui, nous lisons qu’après avoir tout perdu par sa faute et que le peuple se soit retourné contre lui: « Alors David se fortifia en l’Éternel, son Dieu » (1Sam 30:6b).
Les Israélites prennent d’abord leur courage et ce n’est qu’ensuite qu’ils interrogent l’Éternel. Ils ne sont toujours pas à la bonne place devant Dieu, bien qu’ils soient nettement plus prudents dans les questions qu’ils Lui posent. Ils n’ont pas encore appris la leçon qu’en eux-mêmes, ils ne valent pas mieux que leur frère. Ils n’ont pas encore appris la leçon de la poutre et de la paille de Matthieu 7 (Mt 7:3-5).
C’est aussi un progrès qu’ils parlent maintenant de « mon frère ». Ils commencent à comprendre qu’ils ont affaire à quelqu’un de la même origine. Lorsque l’on exerce la discipline, il est toujours important de se rappeler qu’il ne faut pas le faire en pensant que l’on est meilleur. Elihu, qui a dû réprimander Job à propos de ses déclarations sur Dieu, l’a bien compris. Il dit avec justesse à Job : « Voici, je suis comme toi quant à Dieu, je suis fait d’argile, moi aussi. Voici, ma terreur ne te troublera pas, et mon poids ne t’accablera pas » (Job 33:6-7).
Si tel avait été le sentiment d’Israël, cette bataille n’aurait pas coûté tant de sacrifices. Si tel avait été le sentiment dans de nombreux cas disciplinaires dans l’église, beaucoup d’excommunications n’auraient pas eu à avoir lieu, ou le rétablissement aurait pu avoir lieu après seulement un court laps de temps. Non pas que toutes les affaires disciplinaires auraient pu être évitées. L’église est obligée d’exercer la discipline parce qu’elle le doit à la sainteté de Dieu. Dieu ne peut jamais permettre que le péché existe au sein de son peuple. Mais la discipline doit toujours être appliquée en vue du rétablissement de celui qui a péché. Elle ne doit pas l’être par irritation personnelle ou par crainte de perdre la face par rapport à ceux qui les entourent.
Avant de monter, ils demandent d’abord à l’Éternel s’ils vont monter. Il s’agit là aussi d’un progrès par rapport à la première fois. Pourtant, Dieu permet aussi que cette deuxième bataille se termine par une défaite pour Israël. Il n’en a pas encore fini avec eux.
26 - 28 La préparation de la troisième bataille
26 Tous les fils d’Israël et tout le peuple montèrent et vinrent à Béthel, ils pleurèrent et demeurèrent là devant l’Éternel, jeûnant ce jour-là jusqu’au soir ; et ils offrirent des holocaustes et des sacrifices de prospérités devant l’Éternel. 27 Les fils d’Israël interrogèrent l’Éternel (l’arche de l’alliance de Dieu était là, en ces jours ; 28 et Phinées, fils d’Éléazar, fils d’Aaron, se tenait devant elle, en ces jours), et ils dirent : Sortirai-je encore pour livrer bataille aux fils de Benjamin, mon frère, ou cesserai-je ? L’Éternel dit : Montez ; car demain je les livrerai en ta main.
Avant que les Israélites n’entament la bataille contre les méchants, ils s’attendaient à une victoire facile. Ils allaient réussir à faire le travail. Après tout, ils formaient une écrasante majorité. Le résultat de cette attitude, cependant, est qu’ils ont maintenant été vaincus deux fois. Ils ne comprennent plus rien.
Dans leur désespoir, ils se tournent à nouveau vers l’Éternel, humblement et en larmes, dans la maison de Dieu, et Lui demandent s’ils doivent monter à nouveau. Ils se mettent même à jeûner. Il n’est désormais plus question de se ressaisir et de se remettre en ordre de bataille. Ils se rendent compte qu’ils ont échoué. Ils commencent à comprendre que Dieu a d’abord quelque chose à leur dire.
Avant d’aller demander à Dieu, ils offrent « des holocaustes et des sacrifices de prospérités devant l’Éternel ». C’est très beau. En offrant ces sacrifices, ils disent en quelque sorte qu’ils ne peuvent exister devant Dieu que sur la base de la valeur de ces sacrifices. Les deux sacrifices parlent de l’œuvre du Seigneur Jésus sur la croix.
L’holocauste montre cette œuvre comme une œuvre par laquelle le Seigneur Jésus sur la croix a pleinement glorifié Dieu. Il s’agit d’un sacrifice entièrement destiné à Dieu (Lév 1:1-17). Sur la base de ce sacrifice, Dieu peut bénir son peuple et l’accepter. C’est le seul fondement sur lequel cela peut se faire. Pour nous, cela est magnifiquement exprimé en Éphésiens 1, où il est dit que Dieu « nous a rendus agréables dans le Bien-aimé » (Éph 1:6). Offrir un holocauste signifie que nous sommes conscients que Dieu nous regarde à la valeur de l’œuvre du Seigneur Jésus et non sur la base de quoi que ce soit en nous-mêmes.
Le sacrifice de prospérités est un sacrifice de communion. Il exprime que grâce à l’œuvre du Seigneur Jésus, la communion est possible avec Dieu, avec le Seigneur Jésus et avec tous les membres du peuple de Dieu. Nous trouvons une description de ce sacrifice en Lévitique 3 et 7 (Lév 3:1-17 ; 7:11-21). Présenter ce sacrifice signifie que la conscience est présente de la communion qui existe au sein du peuple de Dieu.
Dans celle-ci, Benjamin est aussi inclus. Mais parce que dans cette communion il ne doit pas y avoir de place pour le péché – car il a été jugé et écarté par l’œuvre dont parle ce sacrifice – le péché doit être jugé. S’il faut alors traiter du péché révélé au sein du peuple de Dieu, c’est à partir de la signification de ce sacrifice et non d’un grief personnel ou du fait de se sentir blessé en tant que groupe. L’intention de Dieu est qu’Israël à l’époque (et nous aujourd’hui) se tienne sur le fondement de ces sacrifices. Nous ne sommes jamais en mesure de traiter avec un autre avant que Dieu n’ait pu traiter ce qui, dans notre propre âme, est contraire à son nom.
Un autre aspect important est que le peuple tout entier soit impliqué. S’il y a des exercices de discipline dans un cas particulier, ces exercices ne doivent pas se limiter à quelques frères. Cela concerne l’ensemble de l’église locale. Il ne s’agit pas d’un péché secret, dont seule une personne est au courant, mais de quelque chose qui est de notoriété publique.
Il y a souvent peu de pouvoir dans l’exercice de la discipline parce que l’exercice est souvent limité à quelques personnes qui montrent un sentiment spirituel. Lorsque nous nous trouvons réellement en présence de Dieu pour une question de discipline, nous ne pouvons plus nous contenter de nous indigner. Il y a alors aussi un réel chagrin pour ce qui s’est passé au milieu de nous et ce dont nous sommes nous-mêmes capables.
Il est aussi question de « l’arche de l’alliance de Dieu ». C’est la seule fois où l’arche est mentionnée dans le livre des Juges. L’arche est une belle image de Christ. Il est la base de toutes les relations de Dieu avec nous et de nos relations avec Dieu. En gardant toujours cela à l’esprit, nous évitons d’agir dans l’esprit d’être meilleurs que les autres. Juger le mal à juste titre et à le séparer n’est pas une base pour la communion. Notre communion en tant que saints n’est fondée que sur Christ et sa mort. Ce n’est qu’à partir de cette position que le mal peut être jugé. C’est là, en image, que Dieu doit amener son peuple à travers la discipline qu’Il doit permettre.
Il ne s’agit pas d’une comparaison entre Benjamin et Israël, mais de ce qui est mauvais aux yeux de Dieu et dont il faut se débarrasser de la manière qu’Il indique. Il ne peut pas tolérer le mal au milieu de son peuple parce qu’Il habite au milieu de son peuple. Cela s’applique exactement de la même manière aujourd’hui à l’église locale qui se réunit au nom du Seigneur Jésus. Il a dit à ce sujet : « Car là où deux ou trois sont assemblés à mon nom, je suis là au milieu d’eux » (Mt 18:20). Par conséquent, le péché doit être ôté d’une église locale.
Dans le processus auquel Dieu soumet son peuple pour le mettre dans de bonnes dispositions, le nom de Phinées est également mentionné. Comme cela a déjà été noté, cela indique que la période au cours de laquelle cet événement a lieu doit se situer juste après l’arrivée du peuple dans le pays promis. Phinées est un homme qui a œuvré dans le désert pour l’honneur de Dieu. Lorsque le mal est entré dans le camp, il le juge en tuant les malfaiteurs (Nom 25:6-15).
Nous devons être jaloux avec la jalousie de Dieu et non avec nos sentiments naturels. Avec Phinées, il y avait une indignation sainte, sacerdotale et spirituelle. Avec lui, nous pouvons percevoir l’intelligence des pensées de Dieu. Que le peuple vienne à lui pour consulter l’Éternel par son intermédiaire nous montre aussi que le peuple est là où il doit être.
Nous pouvons dire que Paul est le Phinées du Nouveau Testament. Il a fait des efforts considérables pour faire connaître la volonté de Dieu dans toutes les églises. Il combat toujours lorsque les croyants risquaient de s’éloigner de Christ par une doctrine ou des pratiques erronées. Il est à espérer que chacun d’entre nous souhaite aussi être un Phinées.
29 - 48 La troisième bataille
29 Alors Israël plaça des embuscades contre Guibha, tout autour. 30 Les fils d’Israël montèrent, le troisième jour, contre les fils de Benjamin ; et ils se rangèrent contre Guibha, comme les autres fois. 31 Les fils de Benjamin sortirent à la rencontre du peuple ; ils furent attirés loin de la ville et commencèrent à frapper quelques-uns du peuple, qui furent tués comme les autres fois, environ trente hommes d’Israël, sur les routes, dont l’une monte à Béthel et l’autre à Guibha, par la campagne. 32 Les fils de Benjamin dirent : Ils sont battus devant nous comme la première fois. Mais les fils d’Israël dirent : Fuyons, et nous les attirerons loin de la ville, sur les routes. 33 Tous les hommes d’Israël surgirent de leur position et se rangèrent à Baal-Thamar ; de leur côté, les Israélites en embuscade s’élançèrent de leur position, de la prairie de Guibha. 34 10000 hommes d’élite de tout Israël vinrent contre Guibha, et la bataille fut rude ; or ceux [de Benjamin] ne savaient pas que le mal les atteignait. 35 L’Éternel battit Benjamin devant Israël, et les fils d’Israël étendirent morts en ce jour-là 25100 hommes de Benjamin, tous tirant l’épée. 36 Et les fils de Benjamin virent qu’ils étaient battus. – Or les hommes d’Israël cédèrent du terrain à ceux de Benjamin, car ils se confiaient en l’embuscade qu’ils avaient placée contre Guibha. 37 Les hommes placés en embuscade se jetèrent rapidement sur Guibha ; ils se portèrent en avant et frappèrent toute la ville par le tranchant de l’épée. 38 Le signal convenu entre les hommes d’Israël et l’embuscade était qu’ils feraient monter de la ville une épaisse colonne de fumée. 39 Les hommes d’Israël avaient battu en retraite dans la bataille, et Benjamin avait commencé à frapper à mort une trentaine d’hommes parmi les hommes d’Israël, car ils disaient : Certainement il est complètement battu devant nous comme dans la première bataille. 40 Mais quand l’incendie commença à monter de la ville comme une colonne de fumée, Benjamin se tourna en arrière, et voici, toute la ville montait [en fumée] vers les cieux. 41 Les hommes d’Israël firent volte-face, et les hommes de Benjamin furent épouvantés, car ils virent que le mal les avait atteints. 42 Ils tournèrent le dos devant les hommes d’Israël, vers le chemin du désert, et la bataille les serra de près. Ceux qui sortirent des villes les détruisirent au milieu d’eux : 43 ils environnèrent Benjamin, le poursuivirent, le foulèrent aux pieds là où il voulait se reposer, jusqu’en face de Guibha, vers le soleil levant. 44 Il tomba de Benjamin 18000 hommes, tous hommes vaillants. 45 Ils tournèrent le dos et s’enfuirent au désert, vers le rocher de Rimmon ; [les Israélites] en grappillèrent sur les routes 5000 hommes, ils les serrèrent de près en les poursuivant jusqu’à Guidhom et en frappèrent 2000 hommes. 46 Tous ceux de Benjamin qui tombèrent en ce jour-là, furent 25000 hommes tirant l’épée, tous hommes vaillants. 47 600 hommes tournèrent le dos et s’enfuirent au désert, vers le rocher de Rimmon ; ils demeurèrent au rocher de Rimmon quatre mois. 48 Les hommes d’Israël retournèrent vers les fils de Benjamin et les frappèrent par le tranchant de l’épée, aussi bien les hommes de chaque ville que les bêtes, et tout ce qui fut trouvé ; toutes les villes qu’ils rencontrèrent, ils les livrèrent aussi au feu.
Le déroulement de la troisième et dernière bataille entre Israël et Benjamin est décrit en détail. Elle commence par le placement d’embuscades. Ici, comme dans la bataille contre Aï en Josué 8, les embuscades parlent de la reconnaissance de sa propre faiblesse et du fait de compter sur la force cachée de Dieu (Jos 8:1-29). La victoire est obtenue en utilisant des ressources cachées à l’ennemi. En fuyant, Israël reconnaît ouvertement sa faiblesse. En effet, la fuite semble une faiblesse, mais elle donne l’occasion aux ressources cachées, les embuscades, de faire leur travail.
C’est une belle illustration de la prière. Être à genoux ressemble à de la faiblesse, mais en fait, il y a de la force en cela. L’humiliation personnelle devant Dieu est le grand secret pour vaincre. C’est là que se trouve la force pour tout exercice de discipline, aussi bien pour les parents envers leurs enfants que pour l’église envers les malfaiteurs.
Ce n’est donc pas Israël qui vainc Benjamin, mais « l’Éternel battit Benjamin devant Israël » (verset 35). Au début, les Benjaminites pensent qu’ils vaincront aussi la troisième fois. Les victoires précédentes les ont rendus confiants et même trop confiants (versets 32,39). Mais cette fois, Dieu lie sa bénédiction à la stratégie choisie par Israël.
Dès que Benjamin sort de la ville, les guerriers embusqués surgissent, prennent possession de la ville non protégée et y mettent le feu. En Deutéronome 13, nous lisons également qu’une ville doit être brûlée. Cela doit être fait s’il y a là des hommes qui ont appelé à l’idolâtrie. Il est dit que cette ville doit être brûlée « à l’Éternel » c’est-à-dire comme un holocauste (Deu 13:16). Nous pouvons dire que le péché de Guibha est puni aussi sévèrement que l’idolâtrie mentionnée en Deutéronome 13.
Lorsque les Benjaminites voient la ville brûler, le flush de la victoire se transforme en peur. Le choc est grand. Leur envie de combattre disparaît et ils prennent la fuite. Israël ne s’accorde aucun répit et poursuit les réfugiés. Dans un zèle bien proche de celui de Jéhu, ils tuent presque tous les Benjaminites.
Nous verrons dans le prochain et dernier chapitre quelles sont les conséquences de leur zèle de grande envergure. Pour l’instant, nous pouvons faire le point. La victoire a été remportée, le mal a été jugé. Mais il y a aussi des pertes. Israël a perdu environ 40030 hommes (versets 21,25,31). Chez Benjamin, plus de 25000 hommes ont été tués, ce qui a pratiquement anéanti la tribu. Seuls 600 hommes sont restés.
Si quelqu’un ne vit pas dans le jugement de soi, de sorte que le péché a une chance de s’affirmer et que d’autres doivent s’y engager, le résultat est toujours une perte. Si ces autres s’engagent alors aussi dans des voies non spirituelles pour éliminer ce péché, le dommage est incalculable. La seule façon d’éviter de devenir une source de misère, à la fois pour nous-mêmes et pour les autres, est de vivre en étroite communion avec le Seigneur et dans l’obéissance à sa Parole.