Introduction
Ce que l’on retrouve dans le chapitre précédent avec le Lévite, nous allons l’observer dans ce chapitre avec une tribu entière. Le Lévite s’est lancé dans une recherche au hasard d’un endroit où s’installer, sans se demander ce que veut l’Éternel. Comme les autres tribus, la tribu de Dan s’est vu attribuer un héritage mais n’en a pas pris possession par infidélité. À présent, ils sont eux aussi à la recherche au hasard d’un endroit où s’installer. Dans ce chapitre, ils se rencontrent. Le péché d’une seule personne devient le péché de toute une tribu.
1 - 2 Chercher un héritage
1 En ces jours-là il n’y avait pas de roi en Israël ; et, en ces jours, la tribu des Danites se cherchait un héritage pour y demeurer, car jusqu’à ce jour-là [leur] héritage ne leur était pas attribué parmi les tribus d’Israël. 2 Les fils de Dan envoyèrent de Tsorha et d’Eshtaol cinq hommes de leur famille, pris d’entre eux tous, des hommes vaillants, pour explorer le pays et le reconnaître ; ils leur dirent : Allez reconnaître le pays. Ils vinrent à la montagne d’Éphraïm, jusqu’à la maison de Michée où ils passèrent la nuit.
Lors de la conquête du pays, la tribu de Dan s’est montrée la plus faible. Nous l’avons déjà constaté en Juges 1 (Jug 1:34). Ils manquaient de force pour prendre possession de l’héritage qui leur avait été attribué. À l’époque où il n’y a pas de roi en Israël, ils errent à la recherche d’un héritage. Si l’on ne regarde pas vers Dieu et que l’on ne prête pas une oreille attentive à ses instructions, le résultat est la désobéissance et l’accomplissement de sa propre volonté. Cela est révélateur du manque de force.
En Josué 19, Dieu a donné une description claire du territoire qu’Il a réservé aux Danites (Jos 19:40-46). Cependant, ils évitent l’ennemi et le laissent s’installer sur le territoire qui leur a été attribué. Ils partent maintenant à la recherche d’une proie plus facile. Les explorateurs envoyés viennent de la région où Samson a grandi (Jug 13:25).
L’envoi des explorateurs rappelle ce qu’a fait Moïse (Nom 13:2). Cela s’est fait à la demande du peuple (Deu 1:22). Ce n’est pas une preuve de simple confiance en ce que l’Éternel a dit. Pourquoi faudrait-il envoyer des explorateurs alors que Dieu a fait des promesses ?
Avec la tribu de Dan, tout se passe à partir de leur propre raisonnement. La foi n’est détectée nulle part. Mais qu’en est-il pour nous ? Dieu nous a aussi donné notre propre héritage. Qu’en faisons-nous ? Si nous n’en prenons pas possession, nous nous tournerons vers autre chose. La tribu de Dan est ici une image du peuple de Dieu qui cherche une place sur la terre parce que la prise de possession de l’héritage céleste exige trop d’eux.
Si nous refusons le choix de Dieu pour nous, nous nous chercherons nous-mêmes, mais alors nous ne sommes pas dans le chemin de Dieu. Nous nous tournons ensuite vers la maison et la religion de Michée. La suite montre que la religion de Michée s’intègre parfaitement à l’attitude des Danites.
3 - 4 Question et réponse
3 Comme ils étaient près de la maison de Michée, ils reconnurent la voix du jeune homme, du Lévite ; ils entrèrent là et lui dirent : Qui t’a amené ici, que fais-tu par ici et qu’est-ce qui te retient ici ? 4 Il leur répondit : Michée a fait pour moi telle et telle chose, il me donne un salaire, et je suis son sacrificateur.
Lorsque les Danites arrivent dans la maison de Michée, le Lévite se fait remarquer par sa façon de parler. Apparemment, il n’est pas à sa place ici. Pour satisfaire leur curiosité, ils lui posent quelques questions. Ces questions auraient pu ouvrir les yeux du Lévites sur le mal qu’il a fait et la fausse position dans laquelle il se trouve.
À la première question, la réponse honnête aurait dû être que sa propre volonté l’avait amené ici. Mais cette question ne reçoit pas de réponse. Les deux autres questions reçoivent une réponse correcte. Il exerce le sacerdoce pour Michée, qui lui donne de l’argent pour cela et lui permet aussi de bénéficier d’autres avantages (Jug 17:10). Le Lévites est un sacrificateur employé par des hommes et doit aussi faire ce que Michée attend de lui.
Ce phénomène nous est aussi familier aujourd’hui. En 2 Timothée 4, il est dit qu’il y aura un temps où les gens « ayant des oreilles qui leur démangent, ils s’amasseront des docteurs selon leurs propres convoitises » (2Tim 4:3). Nous vivons à cette époque. Les gens, pour pratiquer leur religion, recherchent des personnes qui peuvent la dire gentiment et bien, à condition de laisser la conscience en dehors. Ils doivent parler des choses agréables de la vie. Ils peuvent citer la Bible, à condition de l’expliquer de la manière qui leur convient. Ce qui est dit ne doit pas les condamner, car ils choisiront alors un autre prédicateur. Les normes et les valeurs données par Dieu dans la Bible ne doivent pas être trop évidentes.
Par conséquent, la chrétienté d’aujourd’hui ne montre pas une image différente de celle que nous avons sous les yeux dans le livre des Juges. L’introduction d’une classe spirituelle dans la chrétienté a commencé très tôt. Dans le processus, on a perdu de vue le fait que ce ne sont pas les gens qui peuvent établir quelqu’un à un service particulier, mais que le Seigneur Jésus lui-même a donné des dons à son ‘corps’, qui est l’église. Nous lisons « et c’est lui qui a donné » (Éph 4:11), et « mais, de fait, Dieu a placé les membres – chacun d’eux – dans le corps, comme il l’a voulu » (1Cor 12:18). Il ne s’agit pas de négociations sur les conditions d’emploi, comme c’est le cas avec le clergé aujourd’hui.
Les dons sont destinés à l’ensemble de l’église, et non à un groupe individuel. Aucun groupe ne peut revendiquer un don pour lui-même. Par la volonté de l’homme, ce don est nié et mis de côté. Chaque groupe a donc ses propres chefs. À cet égard aussi, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Dans l’église à Corinthe, on trouve déjà ce mal. L’apôtre Paul aborde cette question dans la première lettre qu’il leur adresse directement dans le premier chapitre (1Cor 1:10-13).
5 - 6 Une autre question et une réponse
5 Ils lui dirent : Nous t’en prions, interroge Dieu, afin que nous sachions si notre chemin par lequel nous allons prospérera. 6 Le sacrificateur leur dit : Allez en paix, le chemin où vous marchez est devant l’Éternel.
Apparemment convaincus par les réponses du Lévite à leurs questions, les Danites voient en lui quelqu’un par qui ils peuvent demander la volonté de Dieu. Dieu est impliqué, mais seulement pour servir en quelque sorte de preuve d’approbation de leur ligne de conduite. Ils demandent le chemin à quelqu’un qui s’est lui-même égaré de Dieu. En demandant à un tel homme la volonté de Dieu, les Danites trahissent leur propre état spirituel. Ils ne se demandent pas si la position qu’occupe le Lévite a un droit d’existence devant Dieu. Il se fait passer pour un clerc, occupe cette position auprès de Michée et est donc acceptable pour les Danites.
Ils obtiennent la réponse qu’ils veulent entendre. Ils le flattent en le reconnaissant dans sa position. Il les flatte en leur donnant la réponse qu’ils veulent entendre. Il n’a pas besoin de réfléchir une seconde à cette réponse. Rien n’indique qu’il est en train d’impliquer Dieu. Il leur dit qu’ils peuvent aller en paix, indiquant ainsi qu’ils triompheront de leurs ennemis.
7 Un voyage prospère
7 Les cinq hommes s’en allèrent et vinrent à Laïs ; ils virent le peuple qui était au milieu d’elle, habitant en sécurité, à la manière des Sidoniens, tranquille et confiant ; il n’y avait dans le pays personne qui, possédant la domination, les moleste en aucune chose ; ils étaient éloignés des Sidoniens et n’avaient de relations avec personne.
Ce que le Lévite avait prédit se réalise. Les Danites arrivent dans une région qui satisfait tous leurs désirs de paresse et d’égoïsme. Les peuples qui y vivent sont reclus, ne se préoccupant de rien et n’ayant rien à faire avec personne. C’est un peuple qui vit dans l’anarchie : « Il n’y avait dans le pays personne qui, possédant la domination. » Ils n’ont de comptes à rendre à personne.
Par anarchie, nous ne devons pas nécessairement penser uniquement à toutes sortes d’atrocités. L’anarchie, c’est vivre sans tenir compte de l’autorité placée au-dessus de nous. Pour chaque personne, au moins, cette autorité est l’autorité de Dieu.
Le peuple découvert par les Danites là-bas n’est pas un peuple de, ce que nous appellerions, grands pécheurs. Ils vivent proprement et paisiblement. Pourtant, ils ne sont pas moins pécheurs pour autant. Cela ressort clairement du fait qu’ils vivent « selon la coutume des Sidoniens » [c’est ainsi que cela est traduit dans la traduction néerlandaise de la Bible que j’utilise ; c’est aussi le point de départ de l’application]. Ce que représentent les Sidoniens, nous l’avons vu en discutant de Juges 3 (Jug 3:3). Nous y avons vu que les Sidoniens sont des personnes caractérisées par l’amour de l’argent. Ils ont un appétit insatiable pour l’argent. C’est ainsi que vivent les peuples que les Danites trouvent dans cet endroit.
Nous pouvons les comparer à des personnes qui travaillent dur et vivent frugalement, mais ne le font que pour thésauriser. Ils comptent, pour ainsi dire, leur argent chaque jour et constatent avec plaisir qu’il est à nouveau légèrement plus important que le jour précédent. Posséder de l’argent est tout pour eux. En donner une partie est la pire idée qui puisse leur venir à l’esprit. Ils vivent pour eux-mêmes et ne veulent rien avoir à faire avec qui que ce soit ; ce serait seulement gênant parce que cela pourrait coûter de l’argent. C’est de ce lieu et de cette position que les Danites veulent prendre possession. La région semble leur convenir. La découverte de cette région ressemble à une réponse affirmative à la question qu’ils ont posée à Dieu par le Lévite.
Voici la leçon pour nous : une réponse que nous recevons et qui est à notre goût ne signifie pas toujours que nous sommes dans le chemin du Seigneur. Ce qui est important, c’est le motif de notre prière. Parfois, Dieu permet que nous obtenions ce que nous demandons parce qu’Il voit que nous sommes déterminés dans notre propre volonté. Une telle chose cause toujours des dommages spirituels : « Il leur donna ce qu’ils avaient demandé, mais il envoya le dépérissement dans leurs âmes » (Psa 106:15).
Demander la volonté de Dieu présuppose la sincérité envers Lui et la conscience qu’Il sait vraiment ce qui est le mieux. Paul nous encourage : « En toutes choses, exposez vos requêtes à Dieu par des prières et des supplications avec des actions de grâces » (Php 4:6). Il poursuit ensuite en disant non pas que nous obtiendrons aussi ce que nous avons demandé, mais : « Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées dans le Christ Jésus » (Php 4:7). En apportant tout au Seigneur et en nous confiant à Lui, nous gardons la paix et le calme dans nos cœurs. Il n’est alors pas question de souffrir de pauvreté spirituelle.
8 - 10 Le rapport des explorateurs
8 – Ils revinrent vers leurs frères, à Tsorha et à Eshtaol ; leurs frères leur dirent : Qu’ [en pensez] –vous ? 9 Ils dirent : Levons-nous et montons contre eux ; car nous avons vu le pays et voici, il est très bon : et vous vous tenez tranquilles ? Ne soyez pas paresseux pour aller, et entrer, et posséder le pays. 10 Quand vous y entrerez, vous entrerez vers un peuple confiant, et le pays est spacieux en tout sens ; car Dieu l’a livré en votre main : c’est un lieu où rien ne manque de tout ce qui est sur la terre.
Les membres de la tribu sont très curieux des découvertes des explorateurs. Ces derniers font un rapport enthousiaste et demandent instamment que l’on passe immédiatement à l’action. Ce qu’ils ont vu dépasse toutes leurs attentes. Il y a même de la place pour Dieu dans leur récit plein d’entrain. Le nom de Dieu est lui aussi mentionné pour donner le sceau d’approbation à leur rapport.
Personne ne se demande s’il s’agit bien du territoire que Dieu leur a assigné. En effet, toutes les circonstances montrent clairement que Dieu a remis ce territoire en leur main. C’est avec les mêmes yeux et la même attitude que Lot regardait la région de Sodome et Gomorrhe. Cela ressemblait au « jardin de l’Éternel » (Gen 13:10), un bijou d’endroit où vivre. Lot ne s’est pas demandé ce que voulait l’Éternel. Il a suivi avec son cœur ce que ses yeux ont vu. La calamité que cela lui a apportée, à lui et à sa famille, est relatée en Genèse 19 (Gen 19:1-38). Les Danites possédaient exactement le même esprit que Lot.
11 - 21 La promotion du sacrificateur de Michée
11 De là, de Tsorha et d’Eshtaol, partirent 600 hommes de la famille des Danites, ceints de [leurs] armes de guerre. 12 Ils montèrent et campèrent à Kiriath-Jéarim, en Juda ; c’est pourquoi on a appelé ce lieu-là Mahané-Dan, jusqu’à ce jour : voici, il est derrière Kiriath-Jéarim. 13 De là ils passèrent vers la montagne d’Éphraïm et arrivèrent jusqu’à la maison de Michée. 14 Les cinq hommes qui étaient allés pour explorer le pays de Laïs prirent la parole et dirent à leurs frères : Savez-vous qu’il y a dans ces maisons un éphod, des théraphim, une image taillée et une image de métal coulé ? Maintenant vous savez ce que vous avez à faire. 15 Ils firent un détour vers ce lieu-là, entrèrent dans la maison du jeune homme, du Lévite, la maison de Michée, et ils le saluèrent. 16 Les 600 hommes des fils de Dan, ceints de leurs armes de guerre, se tinrent à l’entrée de la porte. 17 Les cinq hommes qui étaient allés pour explorer le pays montèrent, entrèrent là, et prirent l’image taillée, l’éphod, les théraphim et l’image de métal coulé. Or le sacrificateur se tenait à l’entrée de la porte, avec les 600 hommes qui étaient ceints de leurs armes de guerre. 18 Quand les [cinq hommes] entrèrent dans la maison de Michée et prirent l’image taillée, l’éphod, les théraphim et l’image de métal coulé, le sacrificateur leur dit : Que faites-vous ? 19 Ils lui dirent : Tais-toi, mets ta main sur ta bouche et viens avec nous ! Sois pour nous un père et un sacrificateur. Vaut-il mieux pour toi d’être sacrificateur de la maison d’un homme seul, ou d’être sacrificateur d’une tribu et d’une famille en Israël ? 20 Le cœur du sacrificateur s’en réjouit. Il prit l’éphod, les théraphim et l’image taillée, et il s’en alla au milieu du peuple. 21 Ils reprirent leur chemin en mettant devant eux les petits enfants, les troupeaux et les choses précieuses.
L’appel des explorateurs est entendu. Une armée de 600 hommes se met en route pour prendre possession du ‘pays promis’. En passant par Kiriath-Jéarim, ils arrivent à la maison de Michée. S’ensuit une description remarquablement détaillée et vivante de la façon dont le Lévite de Michée se laisse convaincre par la tribu de Dan de les accompagner.
Les cinq hommes de la première mission dirigent les 600 hommes. Cinq est le nombre de la responsabilité. Tout comme ils sont responsables de leur recommandation concernant la nouvelle patrie de la tribu, ils sont aussi responsables de la manière dont se déroule cette expédition. Ils prennent la parole et l’initiative. De toute évidence, avant de prendre possession de la région en question, ils ont prévu de recruter le Lévite comme sacrificateur de la tribu. Après tout, ce dernier leur a fait part d’un prononcé très favorable de la part de Dieu, qui s’est concrétisé. Ils pourraient bien avoir besoin d’un tel homme dans leur tribu.
Ils informent aussi les membres de leur tribu de l’autre découverte qu’ils ont faite, celle des idoles dans les maisons de Michée. Ils n’ont pas besoin d’expliquer ce qu’ils veulent dire. Les membres de leur tribu ont la même attitude spirituelle qu’eux.
Lorsqu’ils arrivent à la maison, les cinq hommes y entrent, tandis que les autres attendent à la porte. Les cinq emportent les idoles. Lorsque le sacrificateur voit cela, il s’y oppose. Cependant, cela ne l’impressionne en rien. Un sacerdoce égocentrique ne signifie rien. Il ne sert qu’à satisfaire des sentiments religieux. C’est ce que veut la tribu de Dan. C’est pourquoi ils réduisent immédiatement le Lévite au silence et lui font une proposition alléchante.
L’humeur du sacrificateur change immédiatement lorsqu’il entend ce qui lui est réservé. Cette proposition signifie une amélioration significative de sa position et un cercle plus large au sein duquel il peut exercer son influence. L’ensemble est si attrayant qu’il ne pense même plus à ses obligations envers Michée. Il prend ses affaires et part avec les Danites. L’idée de demander la volonté de Dieu ne lui vient pas à l’esprit.
Ce genre de chose ne nous est pas étranger. Même si on ne nous le demande pas, nous sommes tous susceptibles d’être promus dans les choses spirituelles. Imagine que nous ayons à choisir entre deux occasions de parler du Seigneur Jésus. Dans un cas, nous pouvons nous attendre à recevoir quelques centaines de personnes, tandis que dans l’autre cas, nous pouvons être heureux si 20 personnes se présentent. À quelle occasion irions-nous ? De préférence à l’endroit où nous pouvons parler du Seigneur Jésus à des centaines de personnes, n’est-ce pas ? Il est souhaitable que nous en parlions d’abord au Seigneur. Il nous indiquera alors clairement où nous devrions aller.
Soyons honnêtes. Ce que fait le Lévite est dans le sang de chacun d’entre nous. La seule chose qui peut nous sauver de ces motifs humains et charnels, c’est une demande sincère de la volonté de Dieu. Ne perdons pas non plus de vue le danger de l’aspect financier. La tentation pour nous de nous laisser entraîner par lui est au moins aussi grande que la taille de l’auditoire. Les lieux où l’on récompense bien le service spirituel sont plus attrayants que ceux, où l’on ne donne pas autant.
Toute personne qui peut rendre un service au Seigneur doit être attentive à ces dangers. C’est ce que nous apprennent les négociations entre les Danites et le Lévite. Le seul client doit être le Seigneur. Notre seule motivation doit être de Le servir. Tout le reste, nous pouvons Le laisser faire.
22 - 26 Protestation de Michée
22 Comme ils étaient déjà loin de la maison de Michée, les hommes qui étaient dans les maisons voisines de celle de Michée furent assemblés à grands cris et ils rattrapèrent les fils de Dan. 23 Ils crièrent après les fils de Dan, qui se retournèrent et dirent à Michée : Qu’as-tu, que tu aies rassemblé [ces gens] ? 24 Il dit : Vous avez pris mes dieux que j’ai faits, et le sacrificateur, et vous vous en êtes allés ; que me reste-t-il ? Comment donc pouvez-vous me dire : Qu’as-tu ? 25 Les fils de Dan lui dirent : Ne fais pas entendre ta voix au milieu de nous, de peur que des hommes exaspérés ne se jettent sur vous et que tu n’y perdes ta vie et la vie de ta maison. 26 Les fils de Dan poursuivirent leur chemin. Quand Michée vit qu’ils étaient trop forts pour lui, il fit demi-tour et revint à sa maison.
Michée constate alors que les dieux de sa maison et son sacrificateur ont disparu. Il rassemble ses hommes et se lance à leur poursuite. Après qu’ils aient rattrapé les Danites, le témoignage profondément triste de Michée s’ensuit. Son idole et son sacrificateur ayant disparu, il ne lui reste plus rien. Il se sent privé de tout soutien spirituel. Comme la simple arithmétique lui dit qu’il ne pourra jamais affronter les Danites avec sa petite armée, il rentre chez lui. Il ne lui vient apparemment pas à l’esprit de demander le vrai Dieu. Telle est le déclin spirituel du peuple d’Israël.
Les Danites, quant à eux, ne sont pas meilleurs. Sans une once de pitié, ils menacent de mort le pauvre Michée, pourtant membre de leur peuple. Si le vrai Dieu n’a plus sa place unificatrice au milieu de son peuple, c’en est fini de l’unité de ce peuple. Il n’y a alors plus de respect les uns pour les autres. Les chapitres suivants le prouveront abondamment.
Michée n’est pas un homme de foi. Il s’appuie sur des choses extérieures. Le soutient de sa vie est ancrée dans ce qui est tangible. Si cela lui est enlevé, il est à la dérive. Combien de chrétiens en sont venus, sans le savoir, à s’appuyer sur les certitudes dont ils se sont entourés ? Pour nous, une idole est quelque chose qui nous détache de Dieu, qui nous rend indépendants de Lui dans nos actions. Celui qui, dans la circulation, ne compte que sur ses capacités de conduite et non sur la préservation de Dieu, a fait de ces capacités une idole. C’est ce qu’il admire, sans inclure Dieu qui lui a donné ces capacités. Celui qui, dans l’adversité, ne compte que sur ses polices d’assurance souscrites et tient Dieu à l’écart, a donné à ses polices d’assurance le statut d’idole.
Un homme de foi peut bien posséder certaines choses extérieures, mais sa foi ne repose pas sur elles. Ce qui est décisif, c’est l’état de son cœur à l’égard de Dieu et dans cet état d’esprit, il regarde aussi toutes sortes de choses extérieures. C’est ce qui manque à Michée.
Ce que Michée fait et dit ici rappelle ce que son ancêtre Abraham a fait autrefois, mais en tout point dans le plus grand contraste possible avec Michée. Abraham aussi s’en prend à une grande armée avec une petite armée de 318 hommes (Gen 14:10-16). Il le fait non pas pour récupérer des idoles, mais pour libérer son frère Lot qui s’est égaré. Il ne négocie pas, mais défait les armées unies de pas moins de cinq rois et libère son frère et son neveu Lot.
Abraham n’est pas appelé ‘le père des croyants’ pour rien. En lui, nous voyons un exemple éclatant du fonctionnement de la foi en Dieu. Nous pouvons apprendre de lui comment le faire et de Michée comment ne pas le faire.
27 - 31 La conquête de Laïs
27 Après avoir pris ce que Michée avait fait et le sacrificateur qu’il avait, [les fils de Dan] vinrent à Laïs, vers un peuple tranquille et confiant ; ils les frappèrent par le tranchant de l’épée et brûlèrent au feu leur ville. 28 Il n’y avait personne pour la délivrer ; car elle était loin de Sidon et n’avait de relations avec personne : elle était dans la vallée qui est vers Beth-Rehob. Ils bâtirent la ville et y habitèrent. 29 Ils appelèrent la ville du nom de Dan, d’après le nom de Dan, leur père, qui était né à Israël ; mais au commencement, le nom de la ville était Laïs. 30 Les fils de Dan dressèrent pour eux l’image taillée ; et Jonathan, fils de Guershom, fils de Moïse, lui et ses fils, furent sacrificateurs pour la tribu des Danites, jusqu’au jour de la captivité du pays. 31 Ils dressèrent pour eux l’image taillée que Michée avait faite, pendant tout le temps où la maison de Dieu fut à Silo.
Les idoles et le sacrificateur de Michée sont pris par les Danites comme une sorte de mascotte. Cela leur assurera sûrement le succès dans la tâche pour laquelle ils sont en route. Et c’est aussi ce qui se passe. Laïs n’oppose aucune résistance. En raison de leur position isolée, il n’y a également personne aux alentours pour capter un éventuel signal de détresse et leur venir en aide.
Dieu se sert de la tribu de Dan pour la juger sur son mode de vie égoïste et avide d’argent. Que la tribu de Dan soit elle-même condamnable n’empêche pas Dieu de l’utiliser pour punir les autres. Plusieurs histoires dans ce livre en sont la preuve. Toutes les nations utilisées par Dieu pour juger son peuple pour son infidélité sont des peuples qui ont besoin d’être jugés eux-mêmes. C’est ce qui s’est produit ou se produira.
La ville qui sera bâtie à la place de Laïs s’appelle Dan. Cette ville Dan devient le nord proverbial d’Israël, qui comprenait tout ce qui se trouvait « depuis Dan jusqu’à Beër-Shéba » (Jug 20:1 ; 1Sam 3:20 ; 2Sam 3:10).
Le Lévite Jonathan, fils de Guershom, est un petit-fils de Moïse (Exo 2:21-22). Il est choquant de constater que quelqu’un de sa descendance, et cela si tôt, donne officiellement à l’idolâtrie le droit d’exister au sein d’une tribu d’Israël. C’est une preuve de plus que la piété et la grâce ne peuvent pas être héritées. L’histoire d’Israël comme celle de la chrétienté en fournissent des exemples flagrants. Nous le voyons aussi dans les familles de croyants fidèles.
L’histoire de Michée, du Lévite et de la tribu de Dan se termine par la mention des deux systèmes religieux qui coexistent : la religion faite par les hommes et le lieu où Dieu a sa maison à cette époque, Silo. Aux yeux des hommes, les deux peuvent coexister, mais aux yeux de Dieu, c’est impossible.
Le service à Silo prendra fin. C’est ce qui se produit lorsque Hophni et Phinées, deux sacrificateurs impies, prennent l’arche comme mascotte et qu’elle est capturée par les Philistins (1Sam 4:4-11). Mais tant que le tabernacle est là, une rencontre avec l’Éternel est possible pour des gens comme Anne, qui craint Dieu, à Silo (1Sam 1:9-11).