Introduction
Comme cela a déjà été mentionné, Juges 19-21 forment aussi un tout. Ces chapitres traitent d’un événement particulier et de ses résultats, mettant à nu la condition spirituelle du peuple.
Dieu ne masque jamais la condition des siens, ni chez les personnes, ni chez le peuple dans son ensemble. Douloureusement détaillé est décrit un événement sans équivalent au sein du peuple de Dieu. Il peut être choquant de lire une telle chose, mais il doit en être ainsi. Dieu l’a inclus dans sa Parole pour une bonne raison. Chacun d’entre nous doit prendre conscience qu’il s’agit d’actes auxquels chacun d’entre nous peut parvenir. Celui qui croit qu’il n’est pas capable d’une telle chose se connaît mal. De plus, il est bon et utile de savoir que Dieu connaît aussi le pire de nous.
Le Seigneur Jésus a voulu porter aussi tout cela pour tous les siens. Il connaît mieux que quiconque les profondeurs cachées du cœur humain et ce qui peut faire surface lorsque l’occasion se présente, ou lorsque les circonstances y donnent lieu. Il sait ce que cela signifie d’entrer dans la présence de Dieu avec cela. C’est pourquoi, à Gethsémané, sa sueur est devenue comme des grumeaux de sang. Là, Il a ressenti à l’avance la souffrance sur la croix, où Il a été fait péché et où la colère de Dieu L’a frappé à cause du péché.
Lorsque le lien avec Dieu est brisé – nous l’avons vu en Juges 17-18 – l’unité du peuple est également brisée et il n’est plus question de marcher ensemble dans l’amour et la paix. Après avoir brisé la première table de la loi, qui régit le lien entre le peuple et Dieu, la seconde table, qui régit les liens entre le peuple lui-même, est maintenant brisée. La brèche avec Dieu fait en sorte que toutes les autres connexions sont aussi brisées.
Nous pouvons faire la subdivision suivante :
1. Juges 19 décrit le péché.
2. Juges 20 décrit son traitement, comment le peuple y fait face.
3. Juges 21 décrit le résultat de ce traitement.
1 Il n’y a pas de roi en Israël
1 En ces jours-là, quand il n’y avait pas de roi en Israël, un Lévite qui séjournait au fond de la montagne d’Éphraïm, prit une concubine de Bethléhem de Juda.
Le premier verset indique déjà immédiatement à quelle époque se passent les événements qui se déroulent sous nos yeux. Il montre comment il est possible que cette atrocité, avec toutes ses suites misérables, que l’Esprit de Dieu décrit avec tant de détails, ait pu avoir lieu. Il n’y a pas d’autorité reconnue à laquelle on doive se soumettre. Chacun est sa propre loi. Cela crée un terrain fertile pour les excès les plus odieux du cœur dépravé de l’homme qui a tourné le dos à Dieu. S’il s’agit alors aussi de quelqu’un qui est extérieurement relié à Dieu, mais qui dans sa vie n’a aucun égard pour l’autorité de Dieu, quelqu’un qui L’a même mis de côté, alors la chute la plus profonde est proche.
Si chez le Lévite des chapitres précédents, il y avait encore une certaine reconnaissance de Dieu, chez le Lévite dont nous lisons l’histoire ici, on ne trouve rien de Dieu. Dieu ne semble pas exister pour lui. Ici se confirme le dicton selon lequel la corruption du meilleur est la pire des corruptions. Nous avons affaire à des choses au sein du peuple de Dieu, au sujet desquelles il y a de la honte même dans le monde (cf. 1Cor 5:1).
2 L’infidélité de la concubine
2 Sa concubine, lui étant infidèle, se prostitua et le quitta pour aller à la maison de son père, à Bethléhem de Juda ; elle fut là quelque temps, quatre mois.
Si nous voyons au cours de l’histoire comment le Lévite traite sa concubine, celle-ci ne se sera pas sentie très à l’aise avec lui. Il n’y a rien à percevoir d’une quelconque affection. Aussi, le fait que ce n’est qu’après quatre mois qu’il accepte d’aller la voir en est la preuve. Cela n’absout pas la femme. Elle fait aussi elle-même ce qu’elle a envie de faire. Si elle ne s’entend pas avec son mari, cela ne l’autorise pas à coucher avec un autre homme. Le comportement de la femme dépeint également ce qu’est le Lévite lui-même, à savoir infidèle à sa relation avec Dieu.
3 - 10 La réunification et le départ
3 Son mari se leva et alla la trouver pour parler à son cœur, afin de la ramener ; il avait avec lui son serviteur et deux ânes. Elle le fit entrer dans la maison de son père ; et quand le père de la jeune femme le vit, il se réjouit de le rencontrer. 4 Son beau-père, le père de la jeune femme, le retint, et il demeura avec lui trois jours ; ils mangèrent et burent, et ils passèrent la nuit là. 5 Le quatrième jour, ils se levèrent de bonne heure le matin ; comme [le Lévite] se levait pour s’en aller, le père de la jeune femme dit à son gendre : Fortifie ton cœur avec une bouchée de pain, et après, vous vous en irez. 6 Ils s’assirent donc et ils mangèrent et burent, eux deux ensemble ; puis le père de la jeune femme dit à l’homme : Accepte, je te prie, de passer la nuit [ici], et que ton cœur se réjouisse. 7 L’homme se leva pour s’en aller, mais son beau-père insista tellement qu’il revint et passa [encore] la nuit là. 8 Le cinquième jour, il se leva de bonne heure le matin pour s’en aller ; mais le père de la jeune femme dit : Je te prie, fortifie ton cœur. Ils s’attardèrent jusqu’à ce que le jour baisse et ils mangèrent eux deux. 9 Puis l’homme se leva pour s’en aller avec sa concubine et son serviteur. Son beau-père, le père de la jeune femme, lui dit : Tu vois que le jour faiblit, le soir approche ; je vous prie, passez la nuit ; voici, le jour tombe, passe ici la nuit, et que ton cœur se réjouisse ; demain vous vous lèverez de bonne heure pour [aller] votre chemin, et tu t’en iras à ta tente. 10 Mais l’homme ne voulut pas passer la nuit, il se leva et s’en alla ; il vint jusqu’en face de Jébus qui est Jérusalem, avec les deux ânes harnachés et avec sa concubine.
Il faut attendre quatre mois pour que le mari se décide à chercher sa femme, parce qu’il veut la retrouver après tout. Il est possible qu’il ne veuille la retrouver qu’à cause de la diffamation qu’il subit lorsqu’on lui demande où elle se trouve. Il doit alors continuer à dire aux gens que sa femme s’est enfuie. Il essaiera de persuader sa femme de partir avec lui en parlant à son cœur.
Rien ne montre qu’il veut essayer de convaincre sa femme de son infidélité et l’amener à se confesser. L’ensemble de l’histoire ne montre nulle part non plus que sa femme accepte de partir avec lui. Nous ne lisons nulle part qu’elle dise quoi que ce soit. Son acte d’adultère et sa fin macabre témoignent de ce qu’a été sa vie. Dans la conversation de l’homme avec son père, elle n’a pas sa place. Nous pouvons le comprendre à partir du verset 6 et du verset 8 où il est question d’« eux deux », désignant dans les deux cas le mari et le père.
Dans cet entretien, le mari se fait connaître comme un bon vivant adepte de l’aisance charnelle. Il se laisse facilement convaincre. C’est un homme veule dont la vie est remplie de manger et de boire (verset 4) et d’être joyeux (verset 6). Il reste trois jours. Lorsqu’il veut partir de bonne heure le matin du quatrième jour, son beau-père a réussi à le faire manger et boire tellement qu’il reste toute la journée. Il le persuade même de rester la nuit et de s’amuser. Cette réjouissance se traduit à son tour par celle de manger et de boire. Sa vie joyeuse se poursuit jour et nuit. La vie devient ainsi une grande fête.
Le beau-père parvient à retenir le Lévite avec manger et boire pendant un cinquième jour. Cinq jours se sont donc écoulés. Ce n’est que le soir du cinquième jour qu’il se met en route. Cette fois, il ne se laisse pas convaincre. Mais le moment choisi pour son départ ne garantit pas un voyage prospère. Le retard sera désastreux pour lui.
Comme leçon générale, nous pouvons retenir qu’il n’est pas seulement bon de savoir que l’on doit aller quelque part, mais aussi de savoir quand en repartir. Chez le Lévite, il y a exclusivement un agir en fonction de la situation du moment et de l’incitation de son propre cœur. Après tout, c’est l’époque où « chacun faisait ce qui était bon à ses yeux ». Ces gens sont caractérisés par le fait qu’« il n’y a pas de crainte de Dieu devant leurs yeux » (Rom 3:18). Le Lévite sent que c’est le moment de partir, alors il part, sans se demander si le moment est bien choisi.
11 - 14 La nuitée : Jébus ou Guibha
11 Quand ils furent tout près de Jébus, le jour avait beaucoup baissé ; le serviteur dit alors à son maître : Allons, je te prie, faisons un détour vers cette ville des Jébusiens et passons-y la nuit. 12 Son maître lui répondit : Nous ne ferons pas de détour vers une ville d’étrangers, qui n’est pas des fils d’Israël ; mais nous passerons jusqu’à Guibha. 13 Il dit encore à son serviteur : Viens, et approchons-nous d’un de ces endroits, Guibha ou Rama, et passons-y la nuit. 14 Ils passèrent leur chemin, et le soleil se coucha, comme ils étaient près de Guibha, qui est à Benjamin.
Après avoir voyagé sur une courte distance, il était temps de trouver un endroit où passer la nuit. Après tout, c’était déjà vers le soir quand ils sont partis. Là, ils voient Jébus. Le serviteur fait la proposition de s’y rendre. Mais cela ne plaît pas au Lévite. Qu’est-ce qui l’empêche d’aller à Jébus ? Il l’appelle « une ville d’étrangers, qui n’est pas des fils d’Israël ». C’est ce qu’on appelle le pharisaïsme. Les pharisiens sont des gens contre lesquels le Seigneur Jésus dit : « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites ! car vous nettoyez l’extérieur de la coupe et du plat ; mais au-dedans ils sont pleins de rapacité et d’excès » (Mt 23:25). Le Lévite veut apparemment n’avoir aucun lien extérieur avec le mal, mais il est lui-même plein d’impureté à l’intérieur.
Cela implique l’avertissement que nous devons nous méfier d’une relation inégale entre notre sanctification personnelle et nos actions manifestes, en d’autres termes, entre la doctrine et la vie. Il ne doit pas y avoir de différence entre les deux. Ce que les gens voient de nous devrait être le résultat de notre communion intérieure avec Dieu et de ce qu’Il nous a fait comprendre par le biais de sa Parole. Si notre apparence devant les hommes est scrupuleuse, alors que nous ne sommes pas aussi scrupuleux quant à notre sanctification personnelle et intérieure devant Dieu, il n’y a aucune conscience de ce qu’est le péché. La suite de ce chapitre le montre clairement. Le Lévite ne considère pas Dieu, mais seulement ce que les gens pourraient dire. Il agit comme si Israël vivait encore près de Dieu, alors que le peuple s’est déjà égaré loin de Dieu.
À la lumière de la condition spirituelle d’Israël, ce qui est écrit au verset 14 – « et le soleil se coucha, comme ils étaient près de Guibha » – est plus que la description d’un phénomène naturel. Le soleil se couche littéralement, c’est-à-dire qu’il devient nuit, mais c’est aussi la référence au déclin d’Israël et particulièrement ici, à Guibha. C’est un lieu qui va bientôt révéler de façon terrible l’étendue des ténèbres spirituelles dans le cœur de ses habitants.
Il est évident que le Lévite ne sait pas dans quel lieu immoral il entre. Cela aussi montre qu’il ne s’intéresse pas du tout à l’honneur de Dieu au milieu de son peuple. Un Lévite est certainement une personne établie par Dieu pour enseigner sa loi au milieu du peuple. C’est ainsi que Moïse l’a formulé dans sa bénédiction de Lévi (Deu 33:10a). Ce Lévite ne tient apparemment pas compte de cela. Que lui importe la condition qui règne au milieu du peuple de Dieu ? Il ne pense qu’à son propre intérêt et non à celui de Dieu et de son peuple (cf. Php 2:4).
15 - 21 Logement à Guibha
15 Ils firent un détour pour entrer et pour passer la nuit à Guibha. Il entra et s’assit sur la place de la ville, mais personne ne les reçut dans sa maison pour passer la nuit. 16 Et voici, sur le soir, un vieillard venait des champs, de son travail ; l’homme était de la montagne d’Éphraïm et séjournait à Guibha, alors que les hommes du lieu étaient Benjaminites. 17 Il leva ses yeux et vit le voyageur sur la place de la ville ; le vieillard [lui] dit : Où vas-tu et d’où viens-tu ? 18 Il lui dit : Nous passons de Bethléhem de Juda vers le fond de la montagne d’Éphraïm ; je suis de là-bas et je suis allé à Bethléhem de Juda ; j’ai à faire avec la maison de l’Éternel ; mais il n’y a personne qui me reçoive dans sa maison. 19 Pourtant j’ai de la paille et du fourrage pour nos ânes, et j’ai aussi du pain et du vin pour moi, pour ta servante et pour le jeune homme qui est avec tes serviteurs ; rien ne nous manque. 20 Le vieillard lui dit : Paix à toi ! Seulement, que tous tes besoins soient à ma charge ; mais ne passe pas la nuit sur la place. 21 Il le fit entrer dans sa maison et donna le fourrage aux ânes ; [les voyageurs] se lavèrent les pieds, puis mangèrent et burent.
Le choix fait, c’est à Guibha qu’ils passeront la nuit. Arrivés sur place, c’est un accueil très frais qui les attend. La première rencontre avec cette ville a dû être ressentie comme froide, après l’hospitalité somptueuse dans la maison de son beau-père. Cela montre déjà le faible niveau spirituel des habitants de Guibha. L’hospitalité habituelle n’est pas observée. Lorsque les gens sont concentrés sur la satisfaction de leurs propres besoins, ils perdent de vue l’attention portée aux membres du peuple de Dieu et ne se préoccupent pas d’offrir l’hospitalité. Il en était ainsi à l’époque, il en est de même aujourd’hui.
Bienheureux, ils sont remarqués par un vieil homme qui vient du travail et qui rentre chez lui. Le vieil homme vit là en tant qu’étranger, tout comme Lot l’était alors à Sodome. Il pose d’abord quelques questions. C’est aussi ce qu’ont fait les Danites (Jug 18:3). Ce faisant, nous avons remarqué que les yeux du Lévite se seraient ouverts sur les choses qu’il faisait s’il avait bien réfléchi à ces questions. Nous pouvons appliquer ce principe ici aussi. Il dit qu’il veut passer « de Bethléhem de Juda vers le fond de la montagne d’Éphraïm » pour sortir vers « la maison de l’Éternel ».
La région où il veut se rendre est celle qu’il a quittée au verset 1. Il ajoute qu’il est en route vers la maison de l’Éternel, qui, à son époque, se trouve à Béthel ou à Silo. Il n’est pas précisé s’il a l’intention d’y séjourner ou simplement de la visiter. En tout cas, à la mention de ces lieux, sa conscience ne se met pas à parler. Elle ne lui rappelle pas sa propre infidélité à Dieu et ce qui est arrivé à sa femme. Quelqu’un dont la conscience est éloignée de Dieu ne voit plus la main de Dieu dans quoi que ce soit. S’il exprime qu’il est en route pour la maison de l’Éternel, cela peut très bien avoir à voir avec la satisfaction d’un besoin religieux qui découle de ses sentiments et non d’un désir de rencontre l’Éternel.
Il se plaint du manque d’hospitalité. Tout ce dont il a besoin, c’est d’un logement. Il n’a besoin de rien d’autre, car pour le reste, il est pourvu de tout. Pourtant, son besoin va se révéler plus important qu’il ne le pense. Comme le vieil homme sait comment sont les choses dans la ville, il ne laisse pas les visiteurs passer la nuit sur la place, mais leur accorde un logement pour la nuit.
Il semble que le Lévite ait trouvé un bon endroit pour la nuit, où il peut céder à ses envies de manger et de boire. Mais il devient vite évident que cette hospitalité ne signifie aucune protection contre les pratiques dépravées des citoyens de la ville.
22 - 26 L’atrocité à Guibha
22 Comme ils faisaient bonne chère, voici, les hommes de la ville, des hommes fils de Bélial, entourèrent la maison, frappant à la porte ; ils dirent au vieillard, maître de la maison : Fais sortir l’homme qui est entré dans ta maison, afin que nous le connaissions. 23 Le maître de la maison sortit vers eux et leur dit : Non, mes frères, ne faites pas [ce] mal, je vous prie ; du moment que cet homme est entré dans ma maison, ne faites pas cette infamie. 24 Voici ma fille qui est vierge, et la concubine de cet homme : laissez-moi les faire sortir, vous les humilierez et vous leur ferez ce qu’il vous plaira ; mais à cet homme ne faites pas cette chose infâme. 25 Mais ces gens ne voulurent pas l’écouter. Alors l’homme saisit sa concubine et la leur amena dehors ; ils la connurent et abusèrent d’elle toute la nuit jusqu’au matin ; puis ils la renvoyèrent comme l’aurore se levait. 26 Comme le matin arrivait, la femme vint et tomba à l’entrée de la maison de l’homme chez qui était son seigneur, [et y resta] jusqu’à ce qu’il fasse jour.
Alors que le Lévite se régale de manger et de boire, comme si la vie ne se résumait qu’à cela, il est confronté à la dure réalité de « la conduite débauchée de ces hommes pervers » (2Pie 2:7), tout comme autrefois Lot l’a rencontrée lorsqu’il vivait à Sodome (Gen 19:4-5). Cependant, il y a une grande différence. Ce qui se déroulait dans la païenne Sodome se déroule maintenant en Israël, au sein du peuple de Dieu, par des peuples portant le nom de Dieu. Ici, les anges ne viennent donc pas intervenir, comme ils l’ont fait en Genèse 19 (Gen 19:10-11). Plus tard, Dieu dira de son peuple : « Ils me sont tous comme Sodome, et ses habitants, comme Gomorrhe » (Jér 23:14).
Dans le Nouveau Testament, nous rencontrons une comparaison similaire lorsque nous mettons la section de Romains 1:29-32 à côté de la section de 2 Timothée 3:1-5 (Rom 1:29-32 ; 2Tim 3:1-5). Nous découvrons alors que parmi les péchés mentionnés en Romains 1 qui se rapportent aux païens qui s’y trouvent, beaucoup se retrouvent en 2 Timothée 3. Quant à 2 Timothée 3, nous savons qu’il concerne les personnes qui se disent chrétiennes. Ici, Israël est tombé au niveau de Sodome et Gomorrhe. La chrétienté est descendue au niveau du monde. N’est-ce pas triste pour Dieu ?
Le péché commis à Guibha est celui d’un comportement homosexuel. Les hommes de Guibha veulent avoir des relations sexuelles avec l’homme qui vient d’entrer dans leur ville. Ces hommes se livrent à une pratique clairement interdite dans l’Écriture (Lév 18:22 ; 20:13). En Romains 1, ce péché est mentionné comme un jugement que Dieu porte lorsqu’on s’égare et que la créature est honorée et servie au-dessus du Créateur (Rom 1:25-27).
La Bible condamne la pratique, pas la personne. Cependant, si la personne ne veut pas écouter ce que dit la Bible, elle est identifiée au péché et reçoit la punition du péché. Soit dit en passant, cela s’applique à n’importe quel péché commis par une personne. Dieu a toujours la porte du pardon grande ouverte. Sa condition est la confession sincère du péché : « Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous pardonner nos péchés et nous purifier de toute iniquité » (1Jn 1:9).
Un seul mot sur les sentiments homosexuels s’impose ici. Il arrive parfois qu’une personne éprouve une attirance plus forte envers les personnes du même sexe qu’envers les personnes du sexe opposé. Celui qui est aux prises avec ce problème et qui, parce qu’il est chrétien, ne veut pas y céder, a absolument besoin du soutien de ses frères et sœurs chrétiens. L’appel qui nous est lancé en tant que chrétiens est de nous tenir de tout cœur aux côtés d’une telle personne et de la soutenir dans sa lutte.
La réaction à l’attitude des hommes de Guibha est aussi choquante que ce que veulent ces hommes. Le vieil homme fait la proposition improbable d’utiliser sa propre fille et la concubine de son invité pour satisfaire leurs désirs pervers. Il est sans doute vrai que, à la manière orientale, un hôte veut garantir pleinement la sécurité de son invité. Pourtant, il est incompréhensible qu’il fasse cette offre. Pour son idée, ce sera qu’il donne la permission et l’occasion de commettre un ‘petit’ péché pour en éviter un plus grand. Lot a fait la même chose en offrant ses filles (Gen 19:8). Dans les deux cas, cela reste une chose dégoûtante et répugnante.
C’est ainsi que peut agir n’importe quel croyant qui a perdu son lien avec Dieu mais qui veut quand même maintenir un certain ‘honneur’ dans un certain domaine. En vivant dans un environnement impie, on risque d’anesthésier ses sentiments. Paul met en garde les croyants d’Éphèse à ce sujet et nous aussi. Ne pensons jamais que nous ne serions pas capables d’une telle chose. Dieu nous connaît mieux que nous ne nous connaissons nous-mêmes.
Avec réalisme et puissance, Paul, guidé par le Saint Esprit, déclare : « Voici donc ce que je dis et atteste dans le Seigneur, c’est que vous ne marchiez plus comme marche le reste des nations, dans la vanité de leurs pensées : ils ont l’intelligence obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu, à cause de l’ignorance qui est en eux, à cause de l’endurcissement de leur cœur ; ayant rejeté tout sens moral, ils se sont livrés à la débauche, pour pratiquer avidement toute impureté » (Éph 4:17-19).
Alors, comment puis-je éviter d’aller « avec eux dans le même débordement de débauche » (1Pie 4:4) ? Les versets suivants d’Éphésiens 4 fournissent la réponse. C’est en regardant Christ et en l’acceptant dans la foi qu’il m’est dit, à moi aussi : « Mais ce n’est pas ainsi que vous avez appris le Christ, si du moins vous l’avez entendu et avez été instruits en lui selon que la vérité est en Jésus : [...] d’être renouvelés dans l’esprit de votre intelligence, et d’avoir revêtu le nouvel homme, créé selon Dieu, en justice et sainteté de la vérité » (Éph 4:20-24). Voilà la magnifique assurance nécessaire pour vivre à la gloire de Dieu au milieu de tant de débauche et de vice autour de moi.
Chez le vieil homme et le Lévite, il n’y a pas de cri vers Dieu pour obtenir le salut. Le sacrifice de sang-froid de sa concubine par le Lévite montre pourquoi la femme s’est enfuie de chez lui. Il ne possède aucune affection pour elle. Il la possède pour lui-même. Il peut maintenant l’utiliser pour sauver sa peau.
En termes sobres, sur lesquels nous ne devons pas laisser libre cours à notre imagination, l’auteur de la Bible nous dit qu’ils abusent d’elle toute la nuit. Il s’agit bien des œuvres des ténèbres, au sujet desquelles nous lisons : « N’ayez rien de commun avec les œuvres infructueuses des ténèbres, mais plutôt réprouvez-les aussi ; e qu’ils font en secret, il est honteux même de le dire » (Éph 5:11-12). C’est l’homme qui agit selon les convoitises de son propre cœur, ce qui se fait toujours au détriment des autres.
La femme ne survit pas à ce traitement bestial. N’ayant nulle part où aller, elle se rend dans la maison « chez qui était son seigneur ». Il est son ‘seigneur’, ce qui caractérise la relation. Elle est apparemment dans le même rapport avec lui que le serviteur (verset 11). Elle n’est donc rien de plus qu’un outil, quelque chose dont il dispose à volonté. Arrivée à la maison, ses pouvoirs sont épuisés et elle meurt.
27 - 29 La réaction du Lévite
27 Son seigneur se leva le matin, ouvrit la porte de la maison et sortit pour aller son chemin ; et voici, la femme, sa concubine, était tombée à l’entrée de la maison, ses mains sur le seuil. 28 Il lui dit : Lève-toi et allons-nous-en. Mais personne ne répondit. L’homme la prit sur son âne, il partit et retourna chez lui. 29 Il entra dans sa maison et, prenant le couteau, il saisit sa concubine, la partagea selon ses os en douze morceaux et l’envoya dans tout le territoire d’Israël.
La femme est morte du péché dans lequel elle avait vécu auparavant et auquel elle avait renoncé sans se repentir. Dieu a laissé la mesure du péché se remplir. Au lever du jour, les effets du mal se manifestent chez la femme et chez l’homme. Nous voyons ici à quel point l’homme est totalement indifférent, sans cœur, totalement insensible. On ne peut pas imaginer qu’il ait pu simplement dormir. Pourtant, il semble s’être couché paisiblement. Lorsqu’il se lève le lendemain et veut partir un peu plus tard, il voit sa femme allongée devant la porte. Sans aucun sentiment de compassion, sans s’enquérir de son état, il lui ordonne de se lever.
Ses mains sur le seuil parlent peut-être de l’appel à la protection qu’elle a lancé et que chaque foyer en Israël aurait dû lui fournir. Elle a dû souffrir horriblement, physiquement et spirituellement, de la méchanceté des hommes de Guibha. Elle a dû souffrir horriblement, surtout spirituellement, parce qu’il n’y avait personne pour la protéger. Elle a dû souffrir horriblement lorsque, après un traitement aussi horrible, elle n’a trouvé aucune écoute dans la maison où se trouvait son mari.
Lorsque le mari voit ce qui s’est passé, il charge sa femme sur son âne et rentre chez lui. De retour chez lui, il la coupe en douze morceaux et envoie un morceau de son corps à chaque tribu d’Israël. L’homme agit en étant froidement conscient que, ce qui est arrivé à sa femme, concerne le peuple tout entier. Bien que l’acte ait eu lieu dans une ville particulière, la tache de ce qui s’est passé repose sur le peuple tout entier. Tout le monde devrait savoir ce qui s’est passé. Le péché de quelques-uns est le péché de tous.
30 La réaction en Israël
30 Tous ceux qui virent cela dirent : Jamais chose pareille n’a eu lieu ni ne s’est vue, depuis le jour où les fils d’Israël sont montés du pays d’Égypte jusqu’à ce jour. Pensez à cela, prenez conseil et parlez.
Le choc est intense, l’indignation grande. Jamais la condition d’Israël n’a été telle qu’un tel péché ait pu avoir lieu. C’est aussi un péché sans équivalent dans l’histoire de la nation d’Israël. Des siècles plus tard, le prophète Osée rappelle cette histoire pour faire comprendre au peuple à quel point il a, une fois de plus, sombré : « Ils se sont enfoncés dans la corruption comme aux jours de Guibha » ... « Dès les jours de Guibha, tu as péché, Israël » (Osé 9:9a ; 10:9a).
Le peuple est dans la tourmente. Que faut-il faire ? Il y a un appel à la consultation, à la délibération et à la décision. Ce qui s’est passé blesse leur fierté nationale. Que doivent penser les nations voisines lorsqu’elles entendent cela.
Nous ne lisons rien au sujet de la diffamation de Dieu et du sentiment de honte devant Dieu que cela s’est produit parmi eux, son peuple. S’ils s’étaient vraiment souciés de l’honneur de Dieu, ils auraient exprimé leur indignation plus tôt, dans les chapitres précédents. Mais l’idolâtrie de Michée et de la tribu de Dan les a laissés froids. Ils ne se sont pas souciés du déshonneur fait à Dieu avec elle et ne se sont pas indignés. Cependant, parce que leur ‘bon’ nom est barbouillé, il faut maintenant passer à l’action.