Introduction
Ce chapitre est la suite des derniers versets du chapitre précédent. Là, il est rapporté que le peuple s’est de nouveau éloigné de l’Éternel. Ici, nous lisons à propos d’une déviation qui va encore plus loin. Le résultat est l’esclavage et l’humiliation. Ici, cependant, l’esclavage n’est pas le résultat d’une puissance hostile de l’extérieur, mais de l’intérieur. Les leçons précédentes traitent de l’attitude du peuple à l’égard de ses ennemis. La leçon que nous voyons dans l’histoire d’Abimélec a trait aux relations au sein du peuple de Dieu.
En Abimélec, nous rencontrons quelqu’un qui, au lieu de combattre les ennemis, domine le peuple de Dieu. C’est à lui et à son comportement qu’est consacré le plus long chapitre de ce livre, un chapitre de 57 versets. Abimélec n’est pas un sauveur d’Israël, mais quelqu’un qui représente un principe que l’on retrouve également chez un certain Diotrèphe. Diotrèphe est mentionné dans la troisième lettre de Jean. C’est quelqu’un « qui aime être le premier parmi eux [c’est-à-dire dans l’église] » (3Jn 1:9). C’est quelqu’un qui s’arroge l’autorité à l’exclusion des autres, comme Jean poursuit en disant de lui : il « ne nous reçoit pas ». Il ne tolère pas la concurrence.
Nous voyons cette ligne de conduite illustrée par Abimélec. Ce qui est frappant, c’est qu’il ne mentionne pas une seule fois le nom de Dieu. Il est aussi l’un de ces personnages sombres qui, dans l’Ancien Testament, préfigurent l’homme du péché, l’Antichrist. Nous pouvons aussi penser à cela lorsque nous abordons son histoire.
Mais surtout, il montre quelque chose de ce qu’il y a dans le cœur de chacun d’entre nous. Le désir d’être le premier, le plus important, est dans le sang de chacun d’entre nous. Ce dont nous avons besoin, c’est de regarder le Seigneur Jésus, qui s’est donné lui-même et est devenu le serviteur de tous. Il « n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour un grand nombre » (Mt 20:28).
Il ne s’est pas contenté de le dire, Il l’a fait. C’est pourquoi Il pouvait dire à ses disciples, lorsqu’ils se disputaient pour savoir lequel d’entre eux avait le droit d’être le plus grand (c’était donc en eux aussi) : « Que le plus grand parmi vous soit comme le plus jeune, et celui qui conduit comme celui qui sert. En effet, qui est le plus grand, celui qui est à table ou celui qui sert ? N’est-ce pas celui qui est à table ? Or moi, je suis au milieu de vous comme celui qui sert (Lc 22:26-27). En réfléchissant aux actions d’Abimélec, notons toujours le contraste avec les actions de notre Sauveur.
1 - 6 Abimélec prend le pouvoir
1 Abimélec, fils de Jerubbaal, alla à Sichem vers les frères de sa mère et leur parla, ainsi qu’à toute la famille de la maison du père de sa mère, en disant : 2 Dites, je vous prie, aux oreilles de tous les hommes de Sichem : Que vaut-il mieux pour vous, que 70 hommes, tous fils de Jerubbaal, dominent sur vous, ou qu’un seul homme domine sur vous ? Et souvenez-vous que je suis votre os et votre chair. 3 Les frères de sa mère dirent de lui toutes ces paroles aux oreilles de tous les hommes de Sichem ; et leur cœur fut incliné vers Abimélec, car ils dirent : Il est notre frère. 4 Ils lui donnèrent donc 70 [pièces] d’argent tirées de la maison de Baal-Berith ; avec elles, Abimélec prit à sa solde des hommes de rien, à l’esprit téméraire, qui le suivirent. 5 Il vint à la maison de son père, à Ophra, et tua sur une même pierre ses frères, les fils de Jerubbaal, 70 hommes ; il ne subsista que Jotham, le plus jeune fils de Jerubbaal, car il s’était caché. 6 Tous les hommes de Sichem et toute la maison de Millo s’assemblèrent et ils allèrent établir roi Abimélec, près du chêne du monument qui est à Sichem.
Nous ne lisons pas qu’Abimélec ait été appelé juge. Il n’est pas non plus suscité par Dieu pour délivrer Israël. Peut-être que la signification de son nom – son nom signifie ‘mon père est roi’ – lui a donné l’idée de revendiquer une royauté basée sur la succession. Son père était le chef du peuple, il le serait aussi. Quoi qu’il en soit, il en vient à revendiquer ce que son père a refusé (Jug 8:22-23) et devient ainsi un dominateur sur des héritages (1Pie 5:3). C’est de lui que Paul parle lorsqu’il dit aux anciens de l’église d’Éphèse : « Du milieu de vous-mêmes se lèveront des hommes qui annonceront des [doctrines] perverses pour entraîner les disciples après eux » (Act 20:30).
Il est un Diotrèphe (3Jn 1:9). Abimélec est du genre à diriger l’église comme des managers dirigent leur entreprise. Une telle personne essaiera toujours de rassembler les gens autour d’elle afin de réaliser ses idées sur l’église et d’apporter des changements. Pour ce faire, il rend des faveurs et fait en sorte que les gens se sentent redevables envers lui. Sa campagne de recrutement se déroule bien et son langage fait mouche.
Abimélec prétend défendre les intérêts de sa famille et joue habilement sur les sentiments, tout en mettant à l’écart ses 70 demi-frères. Il ne se présente pas comme le fils de Gédéon, mais il adopte le caractère de sa mère. Gédéon a sans doute élevé ses 70 fils dans sa propre maison, tandis qu’Abimélec a grandi à Sichem.
Il n’y a chez Abimélec aucun respect pour ses demi-frères. Une fois qu’il a été choisi, il les fait tuer. Pour cela, il paie une pièce d’argent par personne à des hommes désœuvrés qui capturent tout le club des 70 hommes et les retiennent, tandis qu’Abimélec les tue l’un après l’autre sur une pierre. Que l’argent provienne du temple des idoles ne le dérange pas du tout.
Abimélec veut s’élever et en cela, il ressemble à la personne décrite en Daniel 11 (Dan 11:36). La similitude entre Abimélec et l’Antichrist a déjà été soulignée. Les caractéristiques de l’Antichrist sont décrites, entre autres, en 1 Jean et en 2 Thessaloniciens (1Jn 2:22 ; 4:3 ; 2Th 2:3-4). L’Antichrist agira exactement comme Abimélec. Lui aussi utilisera de belles paroles pour s’attirer les faveurs du peuple (Psa 55:22 ; Dan 11:32). Chez Absalom, un fils de David, nous trouvons aussi cette caractéristique, l’utilisation de la flatterie. Nous lisons à son sujet : « Ainsi Absalom dérobait les cœurs des hommes d’Israël » (2Sam 15:6). C’est ce qu’Abimélec est en train de faire ici.
Un seul homme échappe au massacre (cf. 2Chr 22:10-12). C’est Jotham. Son nom signifie ‘l’Éternel est parfait’. Il est un véritable témoin de son nom. Dieu ne sera jamais sans témoin. Jotham donne son témoignage dans les versets suivants. Il est un véritable Antipas (Apo 2:13), ce qui signifie ‘un contre tous’. Il représente le reste fidèle que Dieu maintient dans tous les âges selon l’élection de sa grâce (Rom 11:5).
Abimélec est la première personne qui se fait lui-même proclamer roi. Il ignore complètement les exigences de Dieu qu’Il a fait inscrire pour cette fonction dans la loi (Deu 17:14-20). Ironiquement, l’inauguration a lieu près de l’arbre de Sichem où Josué a écrit les paroles de l’alliance dans le livre de la loi de Dieu (Jos 24:26).
7 Où et pourquoi Jotham va parler
7 On le rapporta à Jotham. Il alla se tenir sur le sommet de la montagne de Garizim ; il éleva sa voix et leur cria : Écoutez-moi, hommes de Sichem, et Dieu vous écoutera !
Lorsque Jotham reçoit la nouvelle qu’Abimélec a été proclamé roi, il ne se résigne pas. Il va sur se tenir sur le sommet de la montagne de Garizim, la montagne de la bénédiction (Deu 27:12). Il indique par là qu’il recherche la bénédiction pour le peuple. Il veut être utilisé par Dieu et ainsi remplir la tâche que Dieu lui a confiée. Celui qui a échappé au jugement par la grâce de Dieu, comme Jotham, est un instrument approprié pour être utilisé afin de bénir ceux qui se sont détournés de Dieu.
Jotham n’annonce pas le jugement immédiatement. Ce qu’il a à dire est d’une grande importance. Il ne parle pas par énigmes. Tout le monde comprend clairement de quoi il parle. Il présente le chemin de la bénédiction et montre les conséquences de ne pas suivre ce chemin. Celui qui l’écoute, c’est-à-dire qui reconnaît la vérité de ses paroles et commence à agir en conséquence, trouvera un chemin ouvert vers Dieu et remarquera également une oreille ouverte auprès de Lui. Ainsi se tient le solitaire qui veut être une bénédiction pour le peuple tout entier. La parabole de Jotham contient le secret pour se faire entendre de Dieu.
8 - 9 L’olivier
8 Les arbres allèrent pour oindre un roi sur eux ; ils dirent à l’olivier : Règne sur nous. 9 Mais l’olivier leur dit : Laisserais-je ma graisse, par laquelle on honore par moi Dieu et les hommes, et irais-je m’agiter pour les arbres ?
Ce que Jotham veut faire comprendre avec sa parabole de l’olivier, du figuier, de la vigne et de l’épine, c’est que dominer les autres signifie pour les autres corrompre la bénédiction que Dieu veut donner. Là où les gens ont la possibilité de régner, l’utilisation et la bénédiction du Saint Esprit (représenté dans l’olivier), la justice (représentée dans le figuier) et la joie (représentée dans la vigne), qui sont tous des dons de Dieu, sont corrompus. Le résultat ultime du règne est vu dans l’épine – avec laquelle les habitants de Succoth ont reçu une leçon sensible (Jug 8:16) – qui ne causera rien d’autre que de la douleur. Ici est montré ce à quoi aboutit le gouvernement humain dans la maison de Dieu.
L’arbre est ici l’image d’un pouvoir qui gouverne. Nous pouvons voir la même chose avec Nebucadnetsar, par exemple (Dan 4:20-22). Avec les arbres, il s’agit toujours de porter des fruits et d’y renoncer quand on veut gouverner. Par nature, les gens aiment être dirigés par quelqu’un dans la vie duquel on voit des fruits. Le véritable esprit de diriger est l’esprit de servir (Lc 22:27). L’exercice de l’autorité dans le sens de la domination a beaucoup moins de valeur qu’un service fructueux.
Dans l’histoire des arbres, Jotham expose le caractère d’Abimélec et aussi les actions malhonnêtes et non sincères des citoyens de Sichem contre la mémoire de son père Gédéon. Nous verrons que nous pouvons appliquer l’histoire de Jotham à la direction d’individus, mais aussi à l’importance excessive d’une doctrine particulière. Le but de cette parabole est que nous reconnaissions la direction de Dieu et que nous fassions attention à ne pas chercher à nous confirmer dans une telle position ou à être confirmés par d’autres personnes qui veulent nous donner une place d’honneur.
L’olivier est le premier arbre à parler. Il est une image de l’énergie et de l’illumination, de la puissance et du fruit du Saint Esprit. L’huile d’olive maintient le chandelier dans le tabernacle allumé pour qu’il y ait de la lumière (Exo 27:20). Nous lisons aussi que dans l’Ancien Testament, les sacrificateurs, les rois et les prophètes sont oints d’huile. Dans le Nouveau Testament, les croyants sont considérés comme des sacrificateurs et des rois (Apo 1:6) et on parle d’eux comme de personnes ointes, non pas avec de l’huile littérale, mais avec le Saint Esprit (1Jn 2:20,27). L’huile est une image du Saint Esprit.
Or, lorsque l’œuvre du Saint Esprit devient évidente dans la vie de quelqu’un, il y a de fortes chances qu’on lui demande de prendre la tête. Il peut aussi arriver, dans une communauté de foi, que les gens mettent tellement l’accent sur l’œuvre et la manifestation du Saint Esprit que sa véritable place se perd dans le processus. Les dons de l’Esprit deviennent alors le critère de jugement de la vie spirituelle d’une personne. Quelqu’un qui possède un don particulier jouit alors d’une plus grande estime que quelqu’un qui n’a pas ce don.
Celui qui examine la Bible à cet égard découvrira que le Saint Esprit n’est pas venu pour se présenter, mais qu’Il est venu pour glorifier le Seigneur Jésus. Le Seigneur Jésus dit du Saint Esprit : « Quand celui-là, l’Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira dans toute la vérité : car il ne parlera pas de par lui-même ; mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera ce qui va arriver. Celui-là me glorifiera ; car il prendra de ce qui est à moi et vous l’annoncera » (Jn 16:13-14).
Cela n’enlève rien à la gloire et à la divinité du Saint Esprit. Il s’agit de voir quelle place occupe le Saint Esprit dans la divinité et ce qu’Il fait sur la terre. Soit dit en passant, c’est aussi la raison pour laquelle s’adresser au Saint Esprit, L’adorer en paroles et en cantiques et Le prier sont des choses erronées. Cela ne trouve aucun fondement dans la Bible.
Ce qui peut devenir visible dans la vie d’une personne, en revanche, c’est le fruit de l’Esprit (Gal 5:22-23a). Si l’on demande à une telle personne, chez qui on trouve ce fruit, de prendre la tête, la réponse sera : ‘Je suis trop préoccupé par les choses de Dieu que pour prendre la tête.’
L’olivier a aussi à voir avec les promesses que Dieu a faites à son peuple (Rom 11:16-24). Il représente aussi les croyants comme ceux qui sont reliés à Dieu en toutes choses et qui réalisent qu’ils Lui doivent tout (Psa 52:10).
En résumé, un ‘frère olivier’ est quelqu’un qui est conduit par le Saint Esprit et chez qui le fruit de l’Esprit devient visible. C’est quelqu’un qui tient compte des promesses de Dieu et qui se fie à Lui en toutes choses. S’il y a un ‘frère olivier’ dans l’église locale, il se peut qu’on lui dise : ‘Nous voulons t’établir comme responsable, comme cela se passe dans les églises autour de nous.’ Il est à espérer que sa réponse sera comme celle de l’olivier, afin qu’il puisse continuer à porter du fruit à la gloire de Dieu.
10 - 11 Le figuier
10 Les arbres dirent alors au figuier : Viens, toi, règne sur nous. 11 Mais le figuier leur dit : Laisserais-je ma douceur et mon bon fruit, et irais-je m’agiter pour les arbres ?
La première fois que nous lisons quelque chose à propos du figuier, c’est quand Adam et Ève ont péché (Gen 3:7). Après avoir péché et vu qu’ils sont nus, ils veulent couvrir leur nudité avec des feuilles de figuier. C’est là que se trouve un indice qui montre que l’image du figuier dit quelque chose à propos de la justice. Adam et Ève font leur propre couverture pour se présenter devant Dieu, mais cette couverture ne fonctionne pas.
C’est avec elle comme avec toutes les œuvres de justice personnelle, par lesquelles un homme pense pouvoir être agréable à Dieu. C’est une justice sans fruit devant Dieu. Ce ne sont que des feuilles, c’est une chose extérieure. C’est aussi le cas en Marc 11 : le Seigneur Jésus a faim et veut manger d’un figuier. Cependant, il n’y a que des feuilles dessus et aucun fruit. Le Seigneur maudit alors ce figuier (Mc 11:13-14).
Le figuier est une image d’Israël (Osé 9:10a ; Jl 1:7). Dieu est venu vers son peuple en Christ pour en rechercher les fruits. C’est ce qu’Il désirait. Mais qu’a-t-Il trouvé ? Un peuple complètement dominé par sa propre justice. Mais jamais rien de l’effort propre de l’homme ne le rendra agréable à Dieu. Lorsque le Seigneur Jésus a été amené à la croix et tué par ce peuple plein de sa propre justice, il a été pleinement démontré que les actes de l’homme sont totalement pécheurs.
Ce qui est important pour Dieu, c’est le fruit de la justice, et non l’apparence de la justice. Ce fruit devient certes visible, mais seulement s’il est le résultat d’un amour qui déborde de connaissance et de toute intelligence et qui s’exerce dans la vie pratique de la foi en vue de la venue de Christ (Php 1:9-10). Une personne en qui cela se trouve « est remplie du fruit de la justice, qui est par Jésus Christ, à la gloire et à la louange de Dieu » (Php 1:11).
Le figuier parle de nourriture, et aussi de guérison. Ésaïe 38 parle d’une masse de figues qui doit être mise sur l’ulcère d’Ézéchias (Ésa 38:21). En conséquence, il guérira.
Nous pouvons tirer les enseignements suivants de tout cela. Dans l’église, le pasteur et le docteur en particulier ont un service de nourriture et de rafraîchissement, de guérison et de soutien des membres du peuple de Dieu. Leur service sera de faire croître et prospérer le fruit de la justice chez les croyants afin que Dieu puisse en profiter.
Ce à quoi ces ‘frères figuier’ doivent veiller, c’est à ne pas échanger ce service contre une place de domination sur le peuple de Dieu. Cela implique aussi un avertissement : il ne faut pas accorder trop d’importance à l’expérience pratique de la foi. C’est ce qui arrive lorsqu’on martèle principalement le christianisme pratique, tout en ignorant ce que la Bible dit à ce sujet. À ce moment-là, le figuier commence également à dominer les autres arbres.
12 - 13 La vigne
12 Les arbres dirent à la vigne : Viens, toi, règne sur nous. 13 Mais la vigne leur dit : Laisserais-je mon moût, qui réjouit Dieu et les hommes, et irais-je m’agiter pour les arbres ?
Ensuite, il y a la vigne. Lorsque la vigne, ou le vin, est mentionnée dans la Bible, elle représente souvent la joie, la réjouissance. C’est ce que nous lisons au verset 13, où il est dit que le vin « réjouit Dieu et les hommes ». Cette pensée est confirmée en Psaume 104 : « Le vin, qui réjouit le cœur de l’homme » (Psa 104:15a).
Israël est comparé à une vigne (Ésa 5:1-7). Dieu voulait un peuple dans lequel Il pourrait éprouver la réjouissance, la joie : « Car la vigne de l’Éternel des armées est la maison d’Israël, et les hommes de Juda sont la plante de ses délices » (Ésa 5:7a). Malheureusement, il faut que cela suive : « Il s’attendait au juste jugement, et voici l’effusion de sang, – à la justice, et voici un cri ! » (Ésa 5:7b). Israël ne lui a pas apporté la joie sur laquelle Il comptait et pour laquelle Il a tout fait.
Le Seigneur Jésus, en Jean 15, où Il est vu comme la vraie vigne (Jn 15:1), raconte comment nous pouvons porter du fruit pour la glorification et la joie du Père. En un mot, ce qu’Il dit se résume à l’obéissance. Le Seigneur l’exprime ainsi : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela afin que ma joie soit en vous et que votre joie soit complète » (Jn 15:10-11).
Dans la vie d’un ‘frère vigne’, l’obéissance devient visible, ce qui entraîne la joie pour le Père et pour lui-même. Il ne veut pas échanger le fait d’être obéissant à Dieu et la joie que cela lui procure contre une position de dirigeant du peuple de Dieu. Dans les réunions de l’église, la joie peut aussi devenir trop importante. Cela peut se produire en réaction à la morosité qui règne parfois dans les réunions. Cette morosité n’est pas bonne. Il peut y avoir de la joie pour tout ce que Dieu nous a donné.
C’est une question d’équilibre entre, d’une part, la prise de conscience de ce que nous sommes par nature et du fait que le Seigneur Jésus a dû souffrir pour cela et, d’autre part, la grande reconnaissance et la joie pour ce que le Seigneur Jésus a fait et les résultats auxquels nous pouvons participer. En pratique, si l’on insiste trop sur la joie, la vraie joie s’estompe pour devenir un sentiment ‘agréable’ et s’éloigne de plus en plus de ce qui rend vraiment heureux le cœur de Dieu.
C’est de cela qu’il s’agit. Le cœur de Dieu se réjouit de tout ce que nous Lui disons au sujet du Seigneur Jésus, de son œuvre sur la croix et de la façon dont Il a glorifié Dieu en toutes choses. Le cœur de Dieu se réjouit de tout ce qu’Il voit dans nos vies du Seigneur Jésus, de la vie obéissante et dévouée de son Fils.
14 - 15 L’épine
14 Alors tous les arbres dirent à l’épine : Viens, toi, règne sur nous. 15 L’épine répondit aux arbres : Si vraiment vous voulez m’oindre roi sur vous, venez, mettez votre confiance en mon ombre ; sinon, un feu sortira de l’épine et dévorera les cèdres du Liban.
C’est alors que le ‘vrai’ roi émerge. Les arbres en route pour oindre un roi sur eux-mêmes (verset 8) ont fait appel en vain à l’olivier, au figuier et à la vigne. Et, plus curieusement, le résultat n’est pas qu’ils se demandent s’ils font bien, mais qu’ils poursuivent leur quête. Ils ne retournent pas à leur place pour porter leur propre fruit. Ils sont insatisfaits de leur place dans la forêt et ils restent insatisfaits. Si aucun des vrais candidats ne veut devenir roi, ils vont demander quelqu’un à qui ils n’ont pas pensé au début, mais qui le voudra sûrement.
Au verset 14, nous lisons quelque chose qui n’est pas là les autres fois, à savoir que la demande vient de « tous les arbres ». Il semble que tous les rejets n’aient fait que renforcer le désir d’avoir un chef. Ils doivent avoir et auront quelqu’un qui les gouverne. C’est un point de départ idéal pour l’épine.
Une épine parle à l’imagination de tous ceux qui sont entrés en contact avec elle. D’une épine, tu ne peux t’attendre qu’à de la douleur. L’épine ne dit rien sur les fruits, mais sur l’ombre – comme si une épine pouvait offrir une protection contre le soleil brûlant – et le feu. Quiconque se couche sous une épine ne peut qu’avoir des égratignures et des douleurs.
Les épines sont le résultat direct du péché (Gen 3:18). Ceux qui ont recours à des moyens pécheurs pour satisfaire leurs propres désirs ne peuvent que s’attendre à la ruine. L’épine représente la malédiction résultant du péché qui prend forme dans un homme qui se cherche. Aucun compromis n’est possible. Il est s’incliner ou périr. C’est ce que prouve la suite de ce chapitre. Celui qui cherche à être quelque chose lui-même parmi les frères ne fait que prouver qu’il est une épine.
16 - 20 L’explication de la parabole
16 –Et maintenant, si vous avez agi avec vérité et en intégrité en établissant roi Abimélec, et si vous avez bien fait envers Jerubbaal et envers sa maison, et si vous lui avez fait selon les actes de ses mains ; 17 (car mon père a combattu pour vous, a exposé sa vie et vous a délivrés de la main de Madian ; 18 mais vous vous êtes levés aujourd’hui contre la maison de mon père, vous avez tué ses fils, 70 hommes, sur une même pierre, et vous avez établi roi Abimélec, fils de sa servante, sur les hommes de Sichem, parce qu’il est votre frère) ; 19 si donc vous avez agi aujourd’hui avec vérité et en intégrité envers Jerubbaal et envers sa maison, réjouissez-vous en Abimélec, et que lui aussi se réjouisse en vous. 20 Sinon, qu’un feu sorte d’Abimélec et dévore les hommes de Sichem et la maison de Millo ; et qu’un feu sorte des hommes de Sichem et de la maison de Millo, et dévore Abimélec !
Depuis la hauteur sûre de la montagne de Garizim, Jotham se lance ensuite dans l’explication de la parabole à son auditoire. Le reflet entre les montagnes le rend clairement intelligible pour tous. Ce qu’il dit doit faire une forte impression sur la conscience des auditeurs (verset 16) qui se trouvent dans la vallée en dessous de lui. Il leur rappelle les faveurs dont ils ont bénéficié dans le passé de la part de son père Gédéon (verset 17) et mentionne leur grande ingratitude (verset 18). Puis il souligne le résultat de leur rébellion (verset 20).
Dans son explication, Jotham souligne le contraste entre Gédéon et Abimélec. Il décrit la non-valeur d’Abimélec, que les hommes de Sichem ont volontiers accepté comme roi sur eux. Il les accuse aussi de traiter sans vergogne la maison de son père à qui ils doivent tant. Tant d’injustice ne peut rester impunie. Ils mangeront le fruit de leurs propres actions. L’alliance entre Abimélec et les citoyens de Sichem se terminera par un combat où ils s’anéantiront mutuellement. Au verset 20, Jotham précise qui est l’épine : Abimélec.
Le contraste avec son père Gédéon se reflète aussi dans ceci, que Gédéon a refusé la royauté, tout comme les bons arbres. La royauté d’Abimélec signifiera la destruction du peuple et de lui-même. Là aussi, nous voyons un contraste avec Gédéon dont Jotham dit : « Car mon père a combattu pour vous, a exposé sa vie et vous a délivrés de la main de Madian » (verset 17). Gédéon a risqué sa vie, littéralement il est dit « jeté sa vie ». Cela montre l’engagement total de Gédéon pour délivrer le peuple de Dieu. En cela, il ressemble au Seigneur Jésus, qui a non seulement risqué sa vie, mais l’a abandonnée pour nous sauver.
Abimélec ressemble au diable, qui vient pour voler, tuer et détruire, comme le dit le Seigneur Jésus : « Le voleur ne vient que pour voler, tuer et détruire : moi, je suis venu afin qu’elles aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance. Moi, je suis le bon berger : le bon berger laisse sa vie pour les brebis » (Jn 10:10-11). Dans le premier (le voleur), nous reconnaissons Abimélec, dans le second (le bon berger) Gédéon.
21 La fuite de Jotham
21 Jotham s’échappa et s’enfuit, il alla à Beër et y habita, à cause d’Abimélec son frère.
Après ce discours bref mais significatif, Jotham s’enfuit, peut-être parce que des gens de Sichem veulent escalader la montagne pour s’emparer de lui. Il se retrouve à Beër, qui signifie ‘source’. Une source est un bon refuge. Auprès d’une source se trouve de l’eau vive ; tu peux t’y rafraîchir en permanence. En même temps, la source forme une protection contre l’ennemi. Jotham va y demeurer par crainte de son frère.
Pour nous aussi, il existe une telle source de rafraîchissement et de protection. Cette source, c’est la parole de Dieu. Si, comme Jotham, nous avons signalé des choses erronées au sein du peuple de Dieu et que nous rencontrons de l’inimitié, notre seul rafraîchissement et notre seule sécurité se trouvent dans la parole de Dieu.
En Nombres 21, le nom de Beër est aussi mentionné (Nom 21:16-18). Là, nous ne rencontrons pas une seule personne, ce qui est la caractéristique d’une époque de déclin et d’infidélité générale, mais là, nous voyons le peuple tout entier. Que fait ce peuple là-bas ? Chanter. C’est un résultat merveilleux d’être à la source. Les témoins fidèles se retirent à la source où il y a de l’eau vive et chantent des cantiques et des hymnes à l’honneur de Dieu et du Seigneur Jésus.
22 - 25 Dieu rend le mal
22 Abimélec fut prince sur Israël trois ans. 23 Et Dieu envoya un mauvais esprit entre Abimélec et les hommes de Sichem ; les hommes de Sichem agirent perfidement envers Abimélec, 24 afin que la violence commise sur les 70 fils de Jerubbaal vienne [sur lui], et que leur sang soit mis sur Abimélec, leur frère, qui les avait tués, et sur les hommes de Sichem, qui avaient fortifié ses mains pour tuer ses frères. 25 Les hommes de Sichem placèrent contre lui des gens en embuscade sur les sommets des montagnes, et ils pillaient tous ceux qui passaient près d’eux sur le chemin ; et cela fut rapporté à Abimélec.
Il y a un dicton qui dit : Les moulins de Dieu moulinent lentement, mais sûrement. Parfois, il semble que Dieu ne fasse rien de ce qu’Il a dit. Nous avons aussi une telle situation en 2 Pierre 3 (2Pie 3:3-10). Et le Seigneur Jésus n’a-t-Il pas dit qu’Il viendrait bientôt ? Il n’est toujours pas venu. Mais pour le Dieu éternel, qu’est-ce que 1000 ans ? Eh bien, dans le cas d’Abimélec, trois ans se sont écoulés. Mais qu’est-ce que trois ans pour le Dieu éternel ? Il n’a vraiment pas oublié ce qu’Il a dit par Jotham.
Cela peut prendre beaucoup de temps, mais il arrive un moment où la parole de Dieu s’accomplit. Le péché est rattrapé par Lui. Après qu’Abimélec a régné sur Sichem pendant trois ans, Dieu envoie un mauvais esprit. Celui-ci enfonce un coin d’infidélité entre Abimélec et les citoyens de Sichem. Dieu utilise effectivement souvent un mauvais esprit pour atteindre un objectif souhaité par Lui (1Sam 16:14 ; 1Roi 22:19-23). Le mot traduit par « fut prince » au verset 22 n’apparaît en Juges qu’ici et a probablement été choisi pour distinguer le gouvernement mauvais et volontaire d’Abimélec de celui des riches fidèles.
Le jugement de Dieu s’abat sur Abimélec ainsi que sur les citoyens de Sichem. Nous voyons comment Dieu juge. Il laisse venir le jugement sur Abimélec parce qu’il est le meurtrier de ses frères et sur les citoyens de Sichem parce qu’ils en sont complices. Dieu considère que les citoyens de Sichem ne sont pas moins coupables. Ils ont soutenu Abimélec. Cela montre à quel point il est mauvais pour Dieu de soutenir quelqu’un qui fait des choses répréhensibles, même si le partisan n’y participe pas activement lui-même.
Il semble qu’Abimélec ne vive plus à Sichem parce qu’il y a un lieutenant, un chef, Zebul (versets 28,30), qui s’occupe de ses affaires. Il a rempli son objectif et n’a plus besoin des citoyens de Sichem. Son engagement personnel, qui lui a permis de gagner leur faveur au début de ce chapitre, a disparu. À leur tour, les hommes de Sichem lui deviennent infidèles. Cette action trompeuse des hommes de Sichem est transmise à Abimélec par un homme infidèle de Sichem. C’est une chaîne de trahisons, de mensonges et de tromperies.
26 - 29 Gaal
26 Gaal, fils d’Ébed, vint avec ses frères, et ils passèrent à Sichem ; les hommes de Sichem eurent confiance en lui. 27 Ils sortirent aux champs, vendangèrent leurs vignes, foulèrent [le raisin] et organisèrent des réjouissances, ils entrèrent dans la maison de leur dieu, mangèrent et burent, et maudirent Abimélec. 28 Gaal, fils d’Ébed, dit : Qui est Abimélec et qui est Sichem, que nous le servions ? N’est-il pas fils de Jerubbaal ? Et Zebul n’est-il pas son lieutenant ? Servez les hommes de Hamor, père de Sichem ! Mais nous, pourquoi le servirions-nous ? 29 Oh ! si j’avais ce peuple sous ma main, j’ôterais Abimélec ! Et il dit à l’intention d’Abimélec : Augmente ton armée et sors.
Un nouveau joueur apparaît sur la scène. Il s’appelle Gaal, ce qui signifie ‘dégoût’, ‘répugnance’. Il est le fils d’Ébed, qui signifie ‘esclavage’, ‘servitude’. Il exploite habilement le vide de pouvoir qui s’est créé et profite des sentiments négatifs que les citoyens de Sichem éprouvent à l’égard d’Abimélec. Il creuse le fossé entre les deux parties.
L’occasion qu’il utilise pour cela est une fête des moissons, au cours de laquelle tout le monde est de bonne humeur et donc facile à influencer. Ce faisant, il fait appel à leurs sentiments nationaux. Abimélec a fait appel à leur lien familial avec lui (versets 1-3), mais Gaal remonte à des ancêtres lointains. Il leur montre les racines communes. Cela plaît aux citoyens de Sichem. Il sème donc les graines du mécontentement à l’égard de leur roi actuel, en remarquant avec quelle facilité ses paroles opèrent un retournement de situation au sein du peuple. Sa tactique semble porter ses fruits.
Après ces actions préliminaires, il s’empare du pouvoir et se présente comme le meilleur chef. Il ridiculise Abimélec, et ceux qui étaient d’abord d’accord avec Abimélec se retournent maintenant contre lui. Il est si facile de changer la faveur du peuple. Un chef charnel est remplacé par un autre. Mais Gaal ne fait que parler. C’est ce que nous voyons dans la suite.
30 - 33 Zebul
30 Zebul, chef de la ville, entendit les paroles de Gaal, fils d’Ébed, et sa colère s’embrasa. 31 Agissant avec ruse, il envoya des messagers à Abimélec, disant : Voici, Gaal, fils d’Ébed, et ses frères sont venus à Sichem et ils soulèvent la ville contre toi. 32 Maintenant, lève-toi de nuit, toi et le peuple qui est avec toi, et mets-toi en embuscade dans la campagne. 33 Puis, le matin, tu te lèveras de bonne heure, au lever du soleil, et tu fondras sur la ville ; lorsque Gaal et le peuple qui est avec lui sortiront contre toi, tu lui feras selon ce que ta main rencontrera.
Comme dans tous les plans savamment élaborés qui servent à se promouvoir, on trouve des éléments qui n’ont pas été pris en compte. Gaal a fait un mauvais calcul en ce qui concerne Zebul. Ce dernier reste fidèle à Abimélec et lui fait envoyer un message qui comprend simultanément un plan d’action pour chasser l’intrus.
Zebul est un homme doté d’une grande intelligence militaire. Si Abimélec arrive rapidement, il peut surprendre Gaal. Ce dernier n’aura alors pas le temps de rassembler une armée ordonnée à partir des hommes de Sichem. Il recommande aussi de se mettre en embuscade. Il laisse à Abimélec le soin d’agir selon les besoins de la situation.
34 - 49 La résistance brisée
34 Abimélec se leva de nuit, et tout le peuple qui était avec lui, et ils se mirent en embuscade contre Sichem, en quatre corps. 35 Gaal, fils d’Ébed, sortit et se tint à l’entrée de la porte de la ville ; et Abimélec et le peuple qui était avec lui surgirent de l’embuscade. 36 Lorsque Gaal vit le peuple, il dit à Zebul : Voici du peuple qui descend du sommet des montagnes. Zebul lui dit : C’est l’ombre des montagnes, que tu vois comme des hommes. 37 Gaal insista : Voici du peuple qui descend du haut du pays, et un corps [de troupe] vient par le chemin du chêne des devins. 38 Zebul lui dit : Où est maintenant ta bouche, toi qui disais : Qui est Abimélec, que nous le servions ? N’est-ce pas là le peuple que tu as méprisé ? Sors maintenant, je te prie, et combats contre lui. 39 Gaal sortit à la tête des hommes de Sichem et combattit contre Abimélec. 40 Abimélec poursuivit [Gaal], qui s’enfuit devant lui ; un grand nombre [d’hommes] tombèrent tués jusqu’à l’entrée de la porte de la ville. 41 Puis Abimélec resta à Aruma ; et Zebul chassa Gaal et ses frères, de sorte qu’ils ne demeurèrent plus à Sichem. 42 Le lendemain, le peuple sortit dans la campagne ; cela fut rapporté à Abimélec. 43 Il prit ses hommes, les divisa en trois corps et les mit en embuscade dans la campagne. Il vit le peuple qui sortait de la ville : il se leva contre eux et les frappa. 44 Abimélec et les corps [de troupe] qui étaient avec lui se précipitèrent et se tinrent à l’entrée de la porte de la ville ; deux des corps se précipitèrent sur tous ceux qui étaient dans la campagne et les frappèrent. 45 Abimélec combattit tout ce jour-là contre la ville ; il prit la ville et tua le peuple qui y était ; puis il démolit la ville et y sema du sel. 46 Quand tous les hommes de la tour de Sichem apprirent cela, ils entrèrent dans le donjon de la maison du dieu Berith. 47 On rapporta à Abimélec que tous les hommes de la tour de Sichem s’étaient rassemblés. 48 Alors Abimélec monta sur la montagne de Tsalmon, lui et tout le peuple qui était avec lui. Abimélec prit des haches avec lui, coupa une branche d’arbre, l’enleva, la mit sur son épaule et dit au peuple qui était avec lui : Ce que vous m’avez vu faire, hâtez-vous, faites-le comme moi ! 49 Tout le peuple aussi coupa chacun sa branche ; ils suivirent Abimélec, mirent [les branches] contre le donjon et brûlèrent par le feu le donjon sur ceux [qui s’y trouvaient]. Et tous les hommes de la tour de Sichem moururent aussi, un millier d’hommes et de femmes.
Abimélec suit les conseils de Zebul. Il utilise la tactique de son père Gédéon. Il agit la nuit et divise son armée en groupes (Jug 7:16-19). Lorsque Gaal sort de la porte, il voit l’armée d’Abimélec descendre des montagnes. Mais Zebul suggère qu’il s’agit d’une ruse de l’esprit. Comme Gaal n’est pas dupe, Zebul le met au défi de montrer qu’il n’est pas qu’un beau parleur, mais quelqu’un qui a le courage de combattre.
Les citoyens de Sichem sont les spectateurs de ce combat. Ils n’ont pas encore pris parti pour Gaal. Gaal est vaincu et Zebul voit sa chance de se débarrasser de Gaal afin de maintenir son autorité sur Sichem. Cela ne veut pas dire qu’il ramène Sichem sous la domination d’Abimélec. L’amitié entre Abimélec et Sichem est complètement rompue.
Après la défaite de Gaal, Abimélec veut ramener la ville apostate sous son contrôle. Il veut se venger de leur manque de loyauté à son égard. Blessé dans son orgueil personnel, il marche contre les habitants de la ville alors qu’ils vont travailler dans les champs. L’orgueil blessé de personnes ayant une haute opinion d’elles-mêmes a été la cause de nombreuses combats avec beaucoup de sacrifices à toutes les époques et aussi dans l’église chrétienne.
Abimélec s’est directement vengé. Pendant que les citoyens de Sichem travaillent dans les champs, il occupe la ville avec un groupe et deux autres groupes font une razzia sur les habitants de la campagne. Ceux qui tombent entre ses mains n’échappent pas à sa colère. Il démolit la ville et la saupoudre de sel pour symboliser la désolation complète et la stérilité éternelle (Deu 29:23 ; Psa 107:34). Sichem n’est reconstruite que deux siècles plus tard (1Roi 12:25).
La vindicte et la soif de sang de l’impitoyable Abimélec se focalisent sur le millier d’hommes et de femmes restés à Sichem, qui se sont réfugiés dans la tour du temple du dieu Berith dans l’espoir que leur idole leur offrira une protection. Ils en ressortent trompés.
Abimélec ordonne à ses hommes de faire comme lui (verset 48). Son père a tenu des propos similaires (Jug 7:17). Seulement, l’exemple de Gédéon est bon et celui d’Abimélec est mauvais. Abimélec précède son armée dans un combat uniquement pour son propre intérêt.
Cela se fait au détriment de ses concitoyens, ‘son os et sa chair’ comme il les a appelés au verset 2. Mais tout cela n’a plus d’importance. Avec la brume de la vindicte devant les yeux, il brûle la foule dans la tour. La première partie de la prophétie de Jotham s’accomplit (verset 20a).
50 - 57 La fin d’Abimélec
50 Abimélec s’en alla à Thébets, campa contre Thébets et la prit. 51 Il y avait une tour fortifiée au milieu de la ville ; tous les hommes et toutes les femmes s’y enfuirent, tous les hommes de la ville ; ils fermèrent derrière eux et montèrent sur le toit de la tour. 52 Abimélec vint jusqu’à la tour et l’attaqua ; il s’avança jusqu’à l’entrée de la tour pour la brûler par le feu ; 53 mais une femme jeta sur la tête d’Abimélec une meule tournante et lui brisa le crâne. 54 Il appela en hâte le jeune homme qui portait ses armes et lui dit : Tire ton épée et tue-moi, de peur qu’on ne dise de moi : Une femme l’a tué. Le jeune homme le transperça, et il mourut. 55 Quand les hommes d’Israël virent qu’Abimélec était mort, ils s’en allèrent chacun chez soi. 56 Et Dieu fit retomber sur Abimélec le mal qu’il avait fait à son père en tuant ses 70 frères ; 57 et tout le mal des hommes de Sichem, Dieu le fit retomber sur leurs têtes ; ainsi la malédiction de Jotham, fils de Jerubbaal, vint sur eux.
L’accomplissement de la deuxième partie de la prophétie de Jotham (verset 20b) ne se fait pas attendre. Dans son insatiable soif de pouvoir, Abimélec passe à Thébets, une ville qui, apparemment, était aussi sous sa domination, mais qui était aussi devenue apostate. Comme Sichem, Thébets possède une tour qui sert de refuge à ses habitants.
Puisque mettre le feu à la tour à Sichem s’est avéré adéquat, Abimélec veut utiliser ce moyen ici aussi pour punir les habitants de leur infidélité à son égard. Le moment est alors venu pour Dieu de rendre à Abimélec le mal qu’il a fait. Dieu utilise une femme pour exécuter son jugement. Nous avons déjà vu cela auparavant, en Juges 4, où Jaël vainc l’ennemi.
Jusqu’à sa mort, Abimélec ne pense qu’à son propre honneur. Il ne pense pas à se repentir de sa vie et du mal qu’il a fait. Il ne veut pas entrer dans l’histoire comme quelqu’un tué par une femme. En vain. C’est Dieu qui écrit l’histoire, pas l’homme. En 2 Samuel 11, Joab rappelle à David cette histoire et mentionne la mort d’Abimélec par une femme (2Sam 11:21a).
Après la mort d’Abimélec, chacun retourne chez soi. Le régime strict d’Abimélec, assoiffé de pouvoir, ne les affecte plus.
Les derniers versets prouvent que Dieu ne se laisse pas moquer. « Ne vous y trompez pas : on ne se moque pas de Dieu ; car ce qu’un homme sème, cela aussi il le moissonnera. Celui qui sème pour sa propre chair moissonnera de la chair la corruption (Gal 6:7-8a). Abimélec et les citoyens de Sichem ont fait l’expérience de la vérité de cette parole. C’est un avertissement qui s’adresse aussi à chacun de nous.