Introduction
Dans l’histoire de ce chapitre, nous voyons la place et le pouvoir de la prière dans le combat de l’Éternel. Nous apprenons ici comment le royaume de Dieu fonctionne dans le monde. Elle nous montre l’image d’une église qui prie et qui combat. C’est un point culminant de ce livre.
1 - 4 Josaphat en détresse
1 Après cela, les fils de Moab et les fils d’Ammon, et avec eux une partie des Maonites, vinrent contre Josaphat pour faire la guerre. 2 On vint informer Josaphat, en disant : Il est venu contre toi une grande multitude, de l’autre côté de la mer, de la Syrie ; voici, ils sont à Hatsatson-Thamar, qui est En-Guédi. 3 Josaphat eut peur et décida de rechercher l’Éternel, et il proclama un jeûne dans tout Juda. 4 Juda se rassembla pour chercher [secours] de la part de l’Éternel : c’est même de toutes les villes de Juda que l’on vint pour rechercher l’Éternel.
Un ennemi surpuissant s’avance pour faire la guerre contre Josaphat (verset 1). Ce sont les Moabites, les Ammonites et les Maonites. Les Moabites et les Ammonites sont des parents des Israélites. Ils descendent de Lot, le cousin d’Abraham (Gen 19:30-38 ; 12:5). Dans sa prière, Josaphat appelle les Maonites « ceux de la montagne de Séhir » (verset 10 ; cf. versets 22-23), ce qui signifie qu’ils sont des Édomites, ou des descendants d’Ésaü. Ces peuples se sont toujours manifestés comme des ennemis du peuple de Dieu. Ils représentent des peuples qui ont certes une certaine relation avec le peuple de Dieu, mais qui détestent le peuple de Dieu et la vérité de Dieu. Nous devons nous méfier de cet ennemi.
Josaphat reçoit le message que les ennemis arrivent et on lui dit où ils se trouvent à ce moment-là (verset 2). Il n’est pas pris au dépourvu par l’ennemi, mais il est un homme averti. Bien que Josaphat dispose d’une bonne et courageuse armée, il ne met pas sa confiance en elle. Il réalise ce qui est dit en Psaume 33 (Psa 33:16,20).
La peur de l’ennemi le pousse, lui et tout le peuple, à se tourner vers Dieu dans le jeûne et la prière (verset 3). Jeûner, c’est s’abstenir volontairement de manger – plus généralement : renoncer aux choses licites – pour pouvoir prier d’autant plus intensément. Jeûner, c’est se faire petit devant Dieu, c’est s’humilier.
Tout Juda est rassemblé pour demander de l’aide à l’Éternel (verset 4). De toutes les villes de Juda, ils viennent à Jérusalem pour chercher l’Éternel, pour Lui demander ce qu’ils doivent faire. Normalement, le peuple vient à Jérusalem trois fois par an, et ce à l’occasion des trois grandes fêtes (Deu 16:16). Mais maintenant, ils viennent pour avoir communion dans la prière, non pas parce que c’est prescrit, mais parce qu’ils en ressentent le besoin.
Josaphat est le véritable chef spirituel de son peuple. Le fait de diriger spirituellement se manifeste par le fait que l’on ne veut pas être grand, mais être petit avec le peuple. La détresse rassemble le peuple et le met à genoux (Act 4:23-24a).
5 - 13 La prière de Josaphat
5 Josaphat se tint debout dans l’assemblée de Juda et de Jérusalem, dans la maison de l’Éternel, devant le nouveau parvis ; 6 et il dit : Éternel, Dieu de nos pères ! n’es-tu pas le Dieu qui es dans les cieux, et [n’est-ce pas] toi qui domines sur tous les royaumes des nations ? En ta main est la puissance et la force, et personne ne peut te résister. 7 N’est-ce pas toi, notre Dieu, qui as dépossédé les habitants de ce pays devant ton peuple Israël, et qui l’as donné à toujours à la descendance d’Abraham, ton ami ? 8 Ils y ont habité, et t’y ont bâti un sanctuaire pour ton nom, en disant : 9 S’il nous arrive du mal, épée, jugement, peste, ou famine, et que nous nous tenions devant cette maison et devant toi, car ton nom est dans cette maison, et que nous criions à toi à cause de notre angoisse, tu écouteras et tu sauveras. 10 Et maintenant, voici, les fils d’Ammon et de Moab, et ceux de la montagne de Séhir, chez lesquels tu ne permis pas à Israël d’entrer lorsqu’ils venaient du pays d’Égypte (car ils se détournèrent d’eux et ne les détruisirent pas), 11 les voici qui nous récompensent en venant pour nous chasser de l’héritage que tu nous as fait posséder. 12 Ô notre Dieu, ne les jugeras-tu pas ? car il n’y a pas de force en nous devant cette grande multitude qui vient contre nous, et nous ne savons pas ce que nous devons faire, mais nos yeux sont sur toi ! 13 Tout Juda se tenait devant l’Éternel, avec leurs petits enfants, leurs femmes et leurs fils.
Lorsque l’appel a été lancé par Josaphat et que le peuple est venu, il prend lui-même la tête de la prière (verset 5). Il prend la tête de la prière alors qu’il se trouve au milieu de tous les peuples de Juda et de Jérusalem. Il est un avec son peuple. Le lieu de la prière est « la maison de l’Éternel, devant le nouveau parvis ». Il sait que la maison de Dieu est une maison de prière et y fait explicitement appel plus loin (versets 9-10).
Le chroniqueur ajoute que Josaphat se tient « devant le nouveau parvis ». Il est possible que cela ait rapport avec l’autel rénové par son père Asa (2Chr 15:8). Cela met l’accent sur ce qui est nouveau. Josaphat est nouveau et frais dans son approche de Dieu. Il s’approche de Dieu non pas par corvée, mais à partir d’un désir nouvellement né.
Josaphat prie de façon ordonnée ; il y a de la cohérence dans sa prière. C’est important pour prier en public. Il commence par s’adresser à Dieu en tant que « Dieu de nos pères », le Dieu qui a été leur Dieu à travers les âges (verset 6). Son habitation n’est pas un lieu limité sur la terre, comme c’est le cas pour les idoles, mais Il habite dans les cieux étendus sur toute la terre. Certes, Il a choisi Jérusalem et le temple comme son habitation sur la terre, mais Salomon lui-même a déjà dit que cette maison et même le ciel des cieux ne peuvent pas Le contenir (2Chr 6:18).
Josaphat décrit Dieu dans sa toute-puissance et son élévation. Il crie vers le Dieu qui règne sur tous les royaumes, aussi les nations hostiles avec leurs dieux. Les ennemis qui s’opposent à lui sont dans sa main, une main dans laquelle se trouvent la puissance et la force, de sorte que personne ne peut s’opposer à Lui.
Josaphat sait comment Dieu a agi dans le passé pour donner à son peuple son pays et le Lui rappelle (verset 7). Il sait que cela a été fait conformément à sa promesse faite à « Abraham, ton ami » (Ésa 41:8 ; Jac 2:23 ; cf. Jn 15:14). Abraham est son confident à qui Il a révélé ses pensées. N’a-t-Il pas donné le pays à la descendance d’Abraham pour toujours ? Il n’est donc pas possible que les ennemis les en chassent. Josaphat plaide auprès de Dieu en s’appuyant sur les promesses de Dieu. Nous pouvons en faire autant.
La descendance s’installe dans le pays et y bâtit un sanctuaire pour le nom de l’Éternel (verset 8). C’est comme si Josaphat présentait le fait de bâtir un sanctuaire pour l’Éternel comme le grand objectif de l’habitation dans le pays. Le but de Dieu en délivrant son peuple d’Égypte est d’habiter au milieu de son peuple. Moïse l’a déjà souligné dans le cantique qu’il chante immédiatement après avoir conduit le peuple hors d’Égypte (Exo 15:13,17).
Josaphat se souvient de ce que Salomon a dit dans sa prière lors de la dédicace du temple (verset 9 ; 2Chr 6:20-25). Lui et son peuple se trouvent maintenant dans une situation mentionnée par Salomon. Salomon a dit que l’Éternel entendrait et délivrerait lorsqu’ils crieraient à Lui dans leur détresse. N’est-ce pas là aussi une grande incitation pour nous à crier vers l’Éternel dans notre détresse, en plaidant sur ses promesses d’entendre et de délivrer ?
Josaphat signale ensuite à l’Éternel le danger immédiat (verset 10) par les mots « et maintenant, voici ». Il demande en quelque sorte à l’Éternel d’examiner de près le danger qui les menace. Les peuples qui viennent maintenant vers eux, l’Éternel ne leur a pas permis de les attaquer à l’époque. Et maintenant arrivent les nations qu’ils étaient censés épargner et laisser dans leur propre héritage, pour les chasser de l’héritage que Dieu a donné à son peuple (verset 11 ; Deu 2:8-9,19). Cela ne peut certainement pas se produire ? Leur obéissance passée ne sera-t-elle pas punie maintenant ?
Josaphat s’adresse à « notre Dieu » et pose une question dont la réponse se trouve déjà en elle (verset 12). Dieu ne va-t-Il pas exercer le jugement sur eux ? Bien sûr qu’Il le fera. Après tout, Il sait que Josaphat et son peuple n’ont aucune force face à l’importante force de l’ennemi.
Pourtant, alors qu’il a lui-même une grande armée et qu’il est puissant, Josaphat exprime son impuissance. Le fait qu’il ait une grande armée indique qu’il ne néglige pas ses responsabilités ; il met de l’ordre dans ses affaires. Mais en fin de compte, il est aussi conscient du fait que sans l’Éternel, toutes ces dispositions ne lui profiteront pas et n’ont aucun sens. C’est pourquoi lui et son peuple tournent leurs regards vers l’Éternel. Ils disent ainsi : ‘Éternel, si l’aide doit venir, elle doit venir de toi. C’est pourquoi nous nous tournons vers toi.’
Lorsque Josaphat a prié, tout le peuple se tient en silence devant l’Éternel, dans l’attente de sa réponse (verset 13). Lors de cette prière, les petits enfants sont aussi présents. Ils occupent une place importante devant Dieu (1Chr 25:8 ; 26:13 ; 2Chr 31:15 ; 2Roi 23:2). C’est une expérience importante et encourageante pour eux de voir comment les anciens cherchent l’Éternel. Le fait que plusieurs catégories du peuple soient citées par leur nom montre que le peuple tout entier, jeunes et vieux, hommes et femmes, ne fait qu’une seule âme, qu’une seule pensée, qu’un seul désir.
14 - 19 La réponse de l’Éternel
14 Alors l’Esprit de l’Éternel vint, au milieu de l’assemblée, sur Jakhaziel, fils de Zacharie, fils de Benaïa, fils de Jehiel, fils de Matthania, lévite d’entre les fils d’Asaph. 15 Et il dit : Soyez attentifs, vous, tout Juda, et vous, habitants de Jérusalem, et toi, roi Josaphat. Ainsi vous dit l’Éternel : Ne craignez pas et ne soyez pas effrayés à cause de cette grande multitude ; car cette guerre n’est pas la vôtre, mais celle de Dieu. 16 Demain, descendez contre eux : voici, ils vont monter par la montée de Tsits, et vous les trouverez au bout de la vallée, devant le désert de Jeruel. 17 Ce n’est pas à vous de combattre dans cette affaire ; présentez-vous, tenez-vous là et voyez la délivrance de l’Éternel [qui est] avec vous. Juda et Jérusalem, ne craignez pas et ne soyez pas effrayés ; demain, sortez à leur rencontre, et l’Éternel sera avec vous. 18 Josaphat s’inclina, le visage contre terre, et tout Juda et les habitants de Jérusalem se jetèrent [sur leur face] devant l’Éternel, pour adorer l’Éternel. 19 Les lévites d’entre les fils des Kehathites et d’entre les fils des Corites se levèrent pour louer l’Éternel, le Dieu d’Israël, à grande et haute voix.
La réponse de l’Éternel arrive. Il envoie son Esprit au milieu de l’assemblée. Il envoie son Esprit non pas sur Josaphat, comme on pourrait s’y attendre, mais sur Jakhaziel, un Lévite d’entre les fils d’Asaph (verset 14). L’Esprit est libre de choisir son instrument pour faire connaître la volonté de Dieu.
Jakhaziel n’aura pas été ‘pris au dépourvu’ par l’Esprit qui vient sur lui. Le fait qu’il soit l’un des fils d’Asaph indique qu’il est un chantre. Son travail consiste à louer l’Éternel. Cette occupation est une bonne préparation pour être utilisée par l’Esprit au profit du peuple de Dieu au milieu duquel il se trouve.
Le message que Jakhaziel adresse au peuple et au roi est un encouragement (verset 15). Il attire particulièrement l’attention sur lui par les mots « soyez attentifs ». C’est une parole de l’Éternel lui-même. L’encouragement est qu’ils n’ont pas besoin d’être impressionnés par la grande force de l’ennemi, car ils n’ont pas à la combattre eux-mêmes. En effet, Dieu se battra pour eux. Ils ne doivent pas comparer la puissance de l’ennemi avec leur propre force, mais avec la puissance de Dieu. Et que signifie alors l’ennemi ?
Le fait que le combat ne soit pas celui du peuple, mais celui de l’Éternel, traverse l’Ancien Testament comme un refrain. Nous l’entendons de la bouche de Moïse alors que le peuple se tient au bord de la mer Rouge (Exo 14:14), puis de la bouche de David alors qu’il fait face à Goliath (1Sam 17:47). Maintenant, nous l’entendons ici lorsque Josaphat fait face à une grande force ennemie. Il en est de même pour nous. Nous ne pouvons mener le bon combat que si nous réalisons qu’il s’agit en fait du combat du Seigneur. C’est pourquoi, pour notre combat, nous recevons aussi l’armure de Dieu (Éph 6:10-18).
Jakhaziel dit ce qu’il faut faire (verset 16). Dieu peut vaincre l’ennemi de plusieurs façons. Cependant, Il choisit un moyen qui montre clairement à son peuple que la victoire est son œuvre. Jakhaziel dit au peuple ce qu’il doit faire. Ils doivent aller à la rencontre de l’ennemi demain. Il informe le peuple du lieu où se trouve l’ennemi maintenant et du lieu où se trouvera l’ennemi demain. Dieu connaît tous les mouvements de l’ennemi et aussi le chemin qu’il prend.
Quel encouragement cela représente pour son peuple de se confier à Lui pour le combat. Aussi, Dieu indique aujourd’hui à son peuple, par l’intermédiaire de peuples qu’Il rend compétents pour le faire, où se trouve l’ennemi, ce à quoi il doit faire attention pour ne pas tomber dans un piège spirituel. Le lieu où Josaphat et le peuple trouveront les ennemis est « au bout de la vallée ». Cela indique que l’humiliation et la reconnaissance de sa propre incapacité, dont la vallée est une image, se termineront par une victoire du peuple.
La rencontre avec l’ennemi n’a pas pour but de lui faire la guerre (verset 17). Une fois de plus, Jakhaziel souligne que le peuple ne doit pas se battre dans cette guerre. Ils doivent seulement se présenter, se tenir et voir. Ils peuvent ainsi apprendre comment Dieu intercède pour son peuple. Il leur fera voir sa délivrance. Sa délivrance est avec eux, avec Juda et Jérusalem. La crainte et l’effroi, qui peuvent s’imposer à eux à l’idée de se retrouver face à face avec l’ennemi, n’ont aucune raison d’être. Ils peuvent marcher sans crainte contre l’ennemi, car « l’Éternel sera avec vous ». Et qu’y a-t-il à craindre ou à être effrayé lorsqu’Il est avec nous ?
La parole du prophète a un effet merveilleux sur Josaphat et le peuple. Ils sont profondément impressionnés par la parole de l’Éternel. Ils tombent tous devant l’Éternel et se prosternent devant Lui (verset 18). Il n’y a rien ici d’une ‘chute dans l’Esprit’ sans volonté. Une telle chose est complètement étrangère à l’Écriture. Ce qui se passe ici arrive délibérément par chaque personne présente.
Alors que Josaphat et le peuple sont prosternés devant l’Éternel, les Lévites, « d’entre les fils des Kehathites et d’entre les fils des Corites se levèrent pour louer l’Éternel, le Dieu d’Israël, à grande et haute voix » (verset 19). Les Kehathites sont des Lévites dont la tâche consiste à prendre soin des choses les plus saintes (Nom 4:4). Les Corites sont les descendants des Kehathites (Nom 16:1 ; 1Chr 6:38). Coré s’est rebellé contre l’Éternel et a été jugé (Nom 16:1-2,31-33), mais la grâce a épargné certains des fils de Coré (Nom 26:11). Ceux qui connaissent le tout-saint (descendants de Kehath) et ceux qui réalisent ce qu’est la grâce (descendants de Coré) réalisent dans cette situation qu’il convient de louer l’Éternel « à grande et haute voix ».
La réunion de prière s’est transformée en louange, et cela sans qu’un autre ennemi ait été vaincu. Quel juste et merveilleux hommage à celui qui est digne de tout honneur et qui est le plus honoré lorsque nous L’honorons pour ce qui est encore à venir.
20 - 30 L’Éternel bat l’ennemi
20 Ils se levèrent de bonne heure le matin et sortirent vers le désert de Thekoa ; comme ils sortaient, Josaphat se tint là et dit : Écoutez-moi, Juda, et vous, habitants de Jérusalem : Croyez à l’Éternel, votre Dieu, et vous serez affermis ; croyez ses prophètes, et vous prospérerez. 21 Puis il tint conseil avec le peuple, et il établit des chantres pour l’Éternel, et ceux qui louaient dans la sainte magnificence, et disaient, en sortant devant les troupes équipées : Célébrez l’Éternel, car sa bonté [demeure] à toujours. 22 Au moment où ils commençaient le chant de triomphe et la louange, l’Éternel mit des embûches contre les fils d’Ammon et de Moab et [ceux de] la montagne de Séhir, qui venaient contre Juda, et ils furent battus. 23 Les fils d’Ammon et de Moab se levèrent contre les habitants de la montagne de Séhir, pour les exterminer et les détruire ; et quand ils en eurent fini avec les habitants de Séhir, ils s’aidèrent l’un l’autre à se détruire. 24 Lorsque Juda arriva sur un lieu élevé [d’où l’on voyait] le désert, ils regardèrent du côté de la multitude : ce n’était que des cadavres étendus par terre, et personne n’avait échappé. 25 Josaphat et son peuple vinrent pour piller leur butin ; ils trouvèrent parmi eux en abondance des richesses et des cadavres, ainsi que des objets précieux, et ils en ramassèrent à ne pouvoir les porter. Ils mirent trois jours à piller le butin, car il était abondant. 26 Le quatrième jour, ils s’assemblèrent dans la vallée de Beraca ; là en effet, ils bénirent l’Éternel. C’est pourquoi on a appelé ce lieu-là du nom de vallée de Beraca, jusqu’à ce jour. 27 Tous les hommes de Juda et de Jérusalem, avec Josaphat à leur tête, s’en retournèrent, revenant à Jérusalem avec joie ; car l’Éternel les avait réjouis au sujet de leurs ennemis. 28 Ils vinrent à Jérusalem, à la maison de l’Éternel, avec des luths, des harpes et des trompettes. 29 La frayeur de Dieu fut sur tous les royaumes des [autres] pays, quand ils entendirent que l’Éternel combattait contre les ennemis d’Israël. 30 Ainsi le royaume de Josaphat fut tranquille, et son Dieu lui donna du repos de tous côtés.
Le lendemain, le jour qui suivait toutes ces assurances encourageantes, ils se levèrent tôt et se mirent en route pour le désert de Thekoa (verset 20). Peut-être parce que les impressions accablantes de la veille ont quelque peu faibli, Josaphat s’arrête et s’adresse au peuple juste avant de partir. Il leur demande instamment de l’écouter, car il a deux autres encouragements puissants à leur adresser.
Sa première incitation est de croire à l’Éternel, qu’ils connaissent comme leur Dieu. Si c’est le cas, et seulement dans ce cas, ils tiendront bon devant l’ennemi et ne trembleront pas. La deuxième incitation est de croire les prophètes de l’Éternel, car ils leur ont transmis ses paroles. Une parole prononcée par l’Éternel est-elle jamais restée sans effet ? Eh bien, s’ils croient ses prophètes, c’est-à-dire s’ils se fient à sa Parole, ils prospéreront et remporteront la victoire.
Après son discours encourageant, Josaphat tient conseil avec le peuple (verset 21). Le résultat de ce conseil est qu’ils établissent des chantres pour l’Éternel pour Le louer, Lui qui est ici appelé « la sainte magnificence ». C’est comme si la louange de la journée précédente résonnait encore dans leurs oreilles et leurs cœurs et qu’ils voulaient la poursuivre. Louer l’Éternel donne de la force. La louange s’adresse ici à la sainte magnificence, c’est-à-dire à l’Éternel dans sa parfaite séparation du mal (sainte) et sa parfaite élévation au-dessus du mal (magnificence).
Les chantres sortent devant les troupes équipées. Les armes ne seront pas utilisées, car l’Éternel a dit qu’Il combattrait. Par conséquent, que les hommes soient armés, ce n’est pas pour combattre, mais pour affirmer la victoire. La louange précède la victoire. La victoire suit la louange. Le contenu du chant de louange, « célébrez l’Éternel, car sa bonté [demeure] à toujours », est le grand refrain du royaume de paix (Psa 136:1-26).
Au moment même où retentissent les réjouissances et les louanges, l’Éternel bat les ennemis au moyen d’embuscades (verset 22). Le verset suivant montre comment la victoire est obtenue (verset 23). L’Éternel oppose les ennemis les uns aux autres. Sans aucune intervention humaine, la victoire est acquise.
C’est aussi de cette façon que le Seigneur Jésus a remporté la victoire de la croix et que nous en recueillons les fruits. Les chrétiens n’ont pas besoin d’éradiquer une religion extérieurement fausse. Une telle religion s’éradique elle-même car elle porte en elle les germes de sa propre destruction.
Il ne reste plus à Israël qu’à regarder le résultat et à récolter les fruits. Ils voient le résultat « [d’où l’on voyait] le désert » (verset 24). De là, ils ne voient que des ennemis morts. Personne n’a échappé, tout comme personne n’échappera au jugement final de Dieu. Que la victoire soit uniquement l’œuvre de Dieu n’est pas courant, car Dieu utilise généralement son peuple pour vaincre les ennemis. Cependant, Dieu n’est pas lié par certaines méthodes. Son choix est toujours tel qu’Il est glorifié par le résultat.
Dans le cas présent, Josaphat et le peuple sont autorisés à piller pour eux-mêmes du butin (verset 25). Cela aussi ne va pas de soi (Jos 6:18 ; 1Chr 18:11). Ici, Dieu le permet. Ils prennent dans le butin autant qu’ils peuvent en transporter. Ils ne peuvent en aucun cas tout emporter en même temps, c’est dire la quantité. Le butin est si important qu’ils passent trois jours à le piller.
Après trois jours de pillage, le quatrième jour, le peuple se rassemble « dans la vallée de Beraca », qui signifie ‘vallée de la louange’ (verset 26). C’est ici que la vallée de la louange reçoit son nom. Le rassemblement a lieu ici et non à Jérusalem, au temple. Dans une application pour nous, cela nous rappelle que même hors de la réunion de l’église, Dieu veut recevoir des louanges dès qu’il y a une raison de le faire. Ce faisant, nous n’avons pas besoin d’attendre de nous réunir en tant qu’église, où il existe une occasion particulière de le faire lorsque nous nous rassemblons à la table du Seigneur pour annoncer sa mort en participant à son cène.
Après cette expression spontanée de louange pour la victoire, les hommes, avec Josaphat à leur tête, retournent à Jérusalem pleins de joie (verset 27). L’occasion de leur joie est ce que l’Éternel a fait à leurs ennemis. Arrivés à Jérusalem, ils se rendent à la maison de l’Éternel avec un accompagnement musical (verset 28). C’est d’elle qu’ils sont partis et c’est vers elle qu’ils reviennent.
De même, pour nous, l’église est le lieu de départ de tout ce que nous pouvons faire pour le Seigneur et le lieu où nous retournons après que nous avons eu l’occasion de faire quelque chose pour le Seigneur. (cf. Act 14:26-27). Ainsi, nous pouvons partager avec ‘l’église d’origine’ ce que le Seigneur a fait et, ensemble, Le glorifier pour cela.
La nouvelle de la victoire de l’Éternel sur les ennemis d’Israël suscite une « frayeur de Dieu [...] sur tous les royaumes des [autres] pays » qui en entendent parler (verset 29). C’est toujours le résultat lorsque Dieu travaille avec et pour son peuple. Cela ne signifie pas que les peuples rechercheront Dieu. C’est plutôt qu’elles réfléchiront à deux fois avant faire la guerre contre Israël, contre un peuple doté d’un Dieu aussi puissant. Le résultat est que grâce à cette intervention de Dieu, le royaume de Josaphat a du repos de tous côtés (verset 30).
Il convient de noter que cette histoire a aussi une portée prophétique. De même que l’Esprit de l’Éternel vient sur Jakhaziel (verset 14), de même, selon Joël 3, à la fin des temps, l’Esprit viendra sur tout Israël, c’est-à-dire sur le reste fidèle qui est alors tout Israël (Jl 3:1-2 ; cf. Rom 11:25-26). Cette histoire est évoquée à deux reprises en Joël 4 (Jl 4:2,12). La « vallée de Josaphat » qui y est mentionnée est probablement la même que « la vallée de Beraca » (‘vallée de la louange’) dans ce chapitre (verset 26). En Joël 2, nous voyons une préparation à la rencontre avec l’ennemi similaire à celle d’ici (Jl 2:15-17).
31 - 34 La fin du règne de Josaphat
31 Josaphat régna sur Juda. Il était âgé de 35 ans lorsqu’il commença à régner, et il régna 25 ans à Jérusalem ; or le nom de sa mère était Azuba, fille de Shilkhi. 32 Il marcha dans la voie d’Asa, son père, et ne s’en détourna pas, faisant ce qui est droit aux yeux de l’Éternel. 33 Seulement, les hauts lieux ne furent pas ôtés, et le peuple n’avait pas encore disposé son cœur à [rechercher] le Dieu de ses pères. 34 Le reste des actes de Josaphat, les premiers et les derniers, voici, ils sont écrits dans les paroles de Jéhu, fils de Hanani, lesquelles sont insérées dans le livre des rois d’Israël.
La royauté de Josaphat est une royauté finie. Le chroniqueur est arrivé au bout de la description qu’il en fait. Il conclut par quelques déclarations générales sur l’âge de Josaphat, la durée de son règne et l’identité de sa mère (verset 31). Il rappelle que Josaphat n’a pas égaré de la voie empruntée par son père Asa – ignorant l’échec que nous avons aussi connu avec Asa – et qu’il a fait « ce qui est droit aux yeux de l’Éternel » (verset 32). Telle est l’impression générale que l’Esprit de Dieu donne de la vie de Josaphat. Il est bon de s’en souvenir lorsque nous réfléchissons à la vie de Josaphat.
Cependant, cette impression générale ne fait pas oublier que les hauts lieux sacrificiels sont restés (verset 33) et qu’il n’a pas réussi à changer l’orientation du cœur du peuple. Les hauts lieux sont un danger pour le peuple parce qu’elles font oublier le lieu où l’Éternel habite. Il en est de même aujourd’hui. Il n’y a qu’un seul lieu de culte. Lorsqu’on y pense, cela empêche quiconque d’établir égoïstement un lieu de culte selon son intelligence.
Ce que Josaphat a fait d’autre pendant son règne a été mis par écrit par Jéhu, le fils de Hanani. Ce prophète a décrit l’histoire de la royauté et des œuvres de Josaphat, les premiers et les derniers. Cette description ne fait pas partie de l’Écriture, mais elle est incluse dans le livre décrivant la vie des rois d’Israël. Il n’est pas inconcevable que le jour où nous serons tous manifestés devant le tribunal du Christ (2Cor 5:10), elle servira en partie de témoignage pour l’évaluation de la vie de Josaphat.
35 - 37 Un autre faux lien
35 Après cela, Josaphat, roi de Juda, se lia avec Achazia, roi d’Israël, qui agissait méchamment. 36 Il s’associa avec lui pour construire des navires pour aller à Tarsis ; ils construisirent les navires à Étsion-Guéber. 37 Alors Éliézer, fils de Dodava, de Marésha, prophétisa contre Josaphat en disant : Parce que tu t’es lié avec Achazia, l’Éternel a détruit tes œuvres. Les navires furent brisés, et ne purent aller à Tarsis.
C’est comme si le chroniqueur se souvenait soudain d’un événement de la vie ultérieure de Josaphat qu’il veut aussi mentionner. Bien sûr, cela se produit sous la direction de l’Esprit de Dieu. Pourtant, il est remarquable que le chroniqueur mentionne cet événement après avoir terminé son récit de la vie de Josaphat. Cela montre que nous pouvons atteindre un moment où nous pouvons regarder en arrière sur une vie accomplie, mais que tant que nous vivons, il y a un danger que nous retombions encore dans un ancien péché.
La triste annonce est faite de la troisième fausse liaison que Josaphat a faite (verset 35). Après ses liens militaires, d’abord avec Achab (2Chr 18:3), puis avec Joram, le fils d’Achab (2Roi 3:6-7), il noue maintenant une liaison commerciale avec Achazia, le roi d’Israël. Cet Achazia est un homme qui agit méchamment dans tout ce qu’il fait.
Josaphat prend l’initiative d’une liaison commerciale avec cet homme méchant. Il le fait parce qu’il voit du profit dans cette liaison (verset 36). Ensemble, ils construisent des navires à Étsion-Guéber. D’après ses calculs, l’argent engagé dans la construction sera non seulement récupéré, mais générera aussi beaucoup de profit. C’est sans doute ce qu’il espérait.
Josaphat, cependant, a calculé sans tenir compte de l’Éternel. L’Éternel lui envoie Éliézer avec une prophétie. Le prophète lui annonce que tous ses calculs n’aboutiront à rien. Ses œuvres seront détruites par l’Éternel à cause de sa liaison avec le méchant Achazia. Cette liaison est un déshonneur pour l’Éternel. Ce joug mal assorti (2Cor 6:14), Il doit le briser. La discipline de Dieu frappe Josaphat. Les navires sont brisés avant même qu’ils ne mettent le cap sur Tarsis. Ils viennent à peine d’être mis à l’eau, pour ainsi dire, ou ils coulent.
Cette histoire nous enseigne qu’il ne faut pas chercher à faire du profit avec le monde. Cela n’aboutit qu’à des pertes, et ce pour les deux parties.