1 - 11 Une guerre entre cinq et quatre rois
1 Voici ce qui arriva, aux jours d’Amraphel roi de Shinhar, d’Arioc roi d’Ellasar, de Kedor-Laomer roi d’Élam, et de Tidhal roi des nations : 2 ces rois firent la guerre contre Béra roi de Sodome, contre Birsha roi de Gomorrhe, [contre] Shineab roi d’Adma, [contre] Shéméber roi de Tseboïm, et [contre] le roi de Béla, qui est Tsoar. 3 Ces derniers se rassemblèrent tous dans la vallée de Siddim, qui est la mer Salée. 4 Douze ans, ils avaient été asservis à Kedor-Laomer, mais la treizième année, ils se révoltèrent. 5 La quatorzième année, Kedor-Laomer et les rois qui étaient avec lui, vinrent et frappèrent les Rephaïm à Ashteroth-Karnaïm, les Zuzim à Ham, les Émim à Shavé-Kiriathaïm 6 et les Horiens dans leur montagne de Séhir, jusqu’à El-Paran, qui est près du désert. 7 Puis ils retournèrent et vinrent à En-Mishpath, qui est Kadès ; ils frappèrent toute la contrée des Amalékites ainsi que les Amoréens qui habitaient à Hatsatson-Thamar. 8 Alors le roi de Sodome, le roi de Gomorrhe, le roi d’Adma, le roi de Tseboïm et le roi de Béla, qui est Tsoar, sortirent et se rangèrent en bataille contre eux dans la vallée de Siddim, 9 contre Kedor-Laomer roi d’Élam, Tidhal roi des nations, Amraphel roi de Shinhar et Arioc roi d’Ellasar : quatre rois contre cinq. 10 Or la vallée de Siddim était pleine de puits de bitume. Les rois de Sodome et de Gomorrhe s’enfuirent et y tombèrent ; ceux qui restèrent s’enfuirent dans la montagne. 11 [Les vainqueurs] prirent tous les biens de Sodome et de Gomorrhe, ainsi que tous leurs vivres, et ils s’en allèrent.
C’est la première guerre mentionnée dans la Bible. Il y en a peut-être eu d’autres, mais celle-ci est mentionnée parce que Lot et Abram y sont impliqués, bien que pour des raisons très différentes.
La guerre oppose quatre rois d’une part et cinq rois d’autre part. Les quatre rois attaquent les cinq rois. Parmi les quatre rois, il y a le roi de Shinhar, qui est Babylone, et celui d’Élam, qui est la Perse. Les cinq rois attaqués sont ceux de villes proches les unes des autres, dans la vallée du Jourdain. L’occasion de la guerre est la révolte des cinq rois contre Kedor-Laomer qu’ils ont servi pendant douze ans.
Kedor-Laomer a de puissants alliés et défait plusieurs adversaires avant de soumettre les rois révoltés. Les cinq rois révoltés rassemblent eux aussi leurs armées et se mettent en ordre de bataille. Mais ils ne font pas le poids face à Kedor-Laomer et ses alliés. L’armée du roi de Sodome et ses alliés est vaincue. Beaucoup de ceux qui échappent à l’épée périssent dans les puits de bitume. Les villes sont pillées et « tous les biens de Sodome et de Gomorrhe, ainsi que tous leurs vivres » sont emportés par les vainqueurs.
12 Lot capturé
12 Ils prirent aussi Lot, fils du frère d’Abram, et son bien, et ils s’en allèrent ; car [Lot] habitait dans Sodome.
Lot, après ses conflits intérieurs résultant de sa vie à Sodome (2Pie 2:8), devient lui aussi la proie de conflits extérieurs. Il a choisi sa part sur la terre et elle lui est enlevée. Il perd aussi sa liberté. Lot habite dans Sodome, alors qu’auparavant il habitait près de Sodome (Gen 13:12). Il s’y est installé ; tous ses intérêts sont liés à la vie à Sodome.
Si nous faisons le choix d’habiter dans le monde et dirigeons notre vie en conséquence, parce que ses plaisirs nous attirent, nous ne devons pas nous attendre à échapper à son amertume. Nous en ferons aussi l’expérience de cela.
13 - 16 Abram libère Lot
13 Un homme qui s’était échappé, vint le rapporter à Abram, l’Hébreu, qui demeurait auprès des chênes de Mamré, l’Amoréen, frère d’Eshcol et frère d’Aner : ceux-ci étaient alliés d’Abram. 14 Quand Abram apprit que son frère avait été emmené captif il mit en campagne ses hommes exercés, 318 [hommes] nés dans sa maison, et poursuivit [les rois] jusqu’à Dan. 15 Il divisa [sa troupe et se jeta] sur eux de nuit, lui et ses serviteurs ; il les frappa et les poursuivit jusqu’à Hoba, qui est à la gauche de Damas. 16 Il ramena tout le bien, il ramena aussi Lot, son frère, avec son bien, ainsi que les femmes et le peuple.
Abram ne connaît pas le combat. Il se tient à l’écart des conflits qui ne le concernent pas (Pro 26:17). Il n’a rien à perdre non plus, car il a les promesses de Dieu, qui ne peuvent lui être ôtées. De plus, en tant qu’étranger et pèlerin, quelqu’un qui vient de l’autre côté – il est ici appelé avec insistance « Abram, l’Hébreu » – il n’a rien à voir avec les situations politiques qui l’entourent. Il vit « auprès des chênes de Mamré, l’Amoréen », ce qui parle de permanence, dont le chêne est le symbole, et de vitalité ou de graisse, ce qui est le sens du mot ‘Mamré’. Abram habite dans le lieu où l’on obtient de la force pour le combat.
Lorsqu’il apprend le sort de Lot, qui est appelé de façon révélatrice « son frère », il passe à l’action et participe au combat. Ce faisant, il ne pense qu’à délivrer son frère Lot. Un frère peut s’être égaré à ce point, mais l’amour se mettra en action chez des frères qui, comme Abram, vivent en communion avec Dieu et entendent de la situation misérable de ce frère. Lot est un croyant, bien qu’il n’y ait aucune preuve de cela en Genèse. En 2 Pierre 2, il est dit à trois reprises qu’il est un « juste » (2Pie 2:7-8). Mais comme sa vie est triste. Il existe aujourd’hui aussi de tels croyants. Quelle est ma réaction lorsque j’entends qu’ils sont dans des circonstances qui rendent l’aide nécessaire ?
Abram n’est pas seulement lui-même un homme séparer, tous ceux qui appartiennent à sa maison le sont aussi. Ils sont « ses hommes exercés » et nés dans sa maison. Ces exercés, c’est-à-dire exercés au maniement des armes, ont reçu l’enseignement non seulement sur la guerre mais aussi sur les principes du culte, car Abram a ordonné à sa maison de garder la voie de l’Éternel (Gen 18:19). Comme on le voit plus loin (verset 24), Abram a aussi demandé à ses voisins, qui sont ses alliés (verset 13), d’aller au combat avec lui.
Dans ce combat, Abram procède avec sagesse. Il s’y connaît en matière de guerre. Il divise ses hommes pour attaquer l’ennemi de plusieurs côtés à la fois. Plus tard, Gédéon fait de même avec son petit groupe (Jug 7:16). Abram donne ainsi l’impression que sa petite armée est une grande armée. Pour les surprendre, il les attaque de nuit.
La véritable force réside dans sa foi. Parce qu’il n’a pas associé au monde, il peut vaincre le monde (1Jn 5:4). Il y a ensuite la force spirituelle qui permet de délivrer un frère de l’influence de Sodome et de Shinhar. Abram est un exemple d’hommes de foi « qui par la foi soumirent des royaumes » (Héb 11:33a).
Le fait que Lot n’ait finalement rien appris de sa capture et de sa délivrance, mais qu’il est retourné à Sodome, ne rend pas l’action d’Abram moins importante. Tout enchevêtrement dans lequel se trouve un frère doit nous inciter à agir pour le délivrer, quelle que soit la suite de sa vie. C’est sa responsabilité. Nous ne devons pas lier les autres à nous. Nous devons confier celui qui est délivré au Seigneur.
17 - 24 Deux rencontres
17 Comme il s’en revenait après avoir frappé Kedor-Laomer et les rois qui étaient avec lui, le roi de Sodome sortit à sa rencontre dans la vallée de Shavé, qui est la vallée du roi. 18 Melchisédec, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin, (or il était sacrificateur du Dieu Très-haut). 19 Il bénit [Abram], et dit : Béni soit Abram par le Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre ! 20 Et béni soit le Dieu Très-haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains ! Alors [Abram] lui donna la dîme de tout. 21 Le roi de Sodome dit à Abram : Donne-moi les personnes et prends les biens pour toi. 22 Abram dit au roi de Sodome : J’ai levé ma main vers l’Éternel, le Dieu Très-haut, possesseur des cieux et de la terre : 23 pas même un fil ni une courroie de sandale, non, je ne prendrai rien de tout ce qui est à toi ! … afin que tu ne dises pas : Moi, j’ai enrichi Abram ! … 24 Rien pour moi ! seulement ce qu’ont mangé les jeunes gens et la part des hommes qui sont allés avec moi, Aner, Eshcol et Mamré : eux, ils prendront leur part.
Le moment du succès est toujours le moment du danger. Le roi de Sodome veut négocier. En lui, nous voyons une image de Satan, qui vient comme un « ange de lumière » (2Cor 11:14). Mais avant que cette rencontre n’ait lieu, Abram rencontre d’abord Melchisédec. Melchisédec est une image du Seigneur Jésus, comme le montre clairement la lettre aux Hébreux, où ce sacrificateur est souvent mentionné (Héb 7:1-2). Ce sacrificateur est appelé « un sacrificateur du Dieu Très-haut ». Ce nom de Dieu rappelle le royaume millénaire de paix, lorsque tout Lui sera soumis.
Melchisédec apporte du pain et du vin. Cela n’a rien à voir avec la cène. La cène est le repas mémorial de la mort du Seigneur Jésus. Ici (dans l’image), le Seigneur Jésus vient avec ce qui donne de la force (le pain) et de la joie (le vin). Il distribue la bénédiction.
Abraham, nous lisons dans la lettre aux Hébreux, donne à Melchisédec une dîme du butin, le reconnaissant comme son supérieur (Héb 7:4). Le droit à la dîme n’est alors pas réglé par un commandement de Dieu. Melchisédec n’appartient pas du tout à la généalogie de Lévi pour laquelle Dieu réglemente plus tard ce droit par une loi, ni à aucune autre généalogie pour laquelle quelque chose est réglementé. Il tire la dîme d’Abraham en vertu de sa propre personne et fonction. Il est donc plus excellent qu’Abraham (Héb 7:6-7).
Après avoir reçu la dîme, il bénit Abram comme celui à qui Dieu a fait ses promesses. Abram est le possesseur et le gardien des promesses divines. Il deviendra le père d’une multitude de nations, en qui Dieu bénira toutes les nations de la terre. La personne par laquelle Abraham est béni est une personne que l’on peut véritablement qualifier d’excellent. Toute véritable bénédiction, pour le chrétien aussi, est liée à la personne et au service de Christ au ciel.
Celui qui bénit est « incontestablement » plus excellent que celui qui est béni (Héb 7:7). Le fait que le plus excellent bénisse le moindre a été oublié dans la chrétienté. Nous le voyons, par exemple, dans le pasteur qui bénit l’église comme s’il était plus excellent que ceux qu’il sert. Mais dans le christianisme, un croyant n’est pas plus qu’un autre croyant (Mt 23:8).
Après cette rencontre vient celle avec le roi de Sodome, qui est déjà en route. La proposition du roi de Sodome, qui cache une grande ruse, est rejetée par Abram. Il voit clair dans la ruse. Il ne veut rien, pas même la moindre chose, de ce que le monde lui offre et qui permettrait à ce dernier d’avoir des prétentions sur lui.
Son refus est d’autant plus facile qu’il vient d’être béni de la part de Dieu lui-même, dont Melchisédec a dit qu’Il est « possesseur des cieux et de la terre » (verset 19). Qu’est-ce qu’un croyant voudrait recevoir des mains du diable des bénédictions terrestres alors qu’il est conscient d’être lié au Seigneur Jésus, qui a dit : « Toute autorité m’a été donnée dans le ciel et sur la terre » (Mt 28:18) et à qui le Père « a mis toutes choses entre ses mains » (Jn 3:35 ; 13:3) ?
Ce qu’Abram lui-même a refusé parce qu’il voyait les richesses du Seigneur Jésus, il ne l’a pas refusé pour ses compagnons. Les restrictions que nous nous imposons dans l’usage de certaines libertés ne doivent pas être imposées aux autres. Le choix que nous faisons est un choix personnel, que nous ne pouvons pas faire pour les autres.