1 - 5 Le côté désertique du Jourdain comme possession
1 Et les troupeaux des fils de Ruben et des fils de Gad étaient en grand nombre, en très grande quantité. Et ils virent le pays de Jahzer et le pays de Galaad, et voici, le lieu était un lieu favorable pour des troupeaux. 2 Et les fils de Gad et les fils de Ruben vinrent, et parlèrent à Moïse et à Éléazar, le sacrificateur, et aux princes de l’assemblée, disant : 3 Ataroth, et Dibon, et Jahzer, et Nimra, et Hesbon, et Elhalé, et Sebam, et Nebo, et Béon, 4 le pays que l’Éternel a frappé devant l’assemblée d’Israël, est un pays favorable pour des troupeaux, et tes serviteurs ont des troupeaux. 5 Et ils dirent : Si nous avons trouvé faveur à tes yeux, que ce pays soit donné en possession à tes serviteurs ; ne nous fais pas passer le Jourdain.
Ruben et Gad sont campés sous la même bannière. Ils auront fait le point de la situation entre eux et seront arrivés à la conclusion qu’il serait très avantageux qu’ils puissent demeurer là où ils se trouvent actuellement : dans les plaines de Moab. Après tout, ils ont des troupeaux en très grande quantité. Et la région où ils se trouvent actuellement fournit ce dont leurs troupeaux ont besoin, d’après ce qu’ils perçoivent. Ils se laissent guider par leurs yeux : le pays est agréable à leurs yeux et bon pour leurs troupeaux (cf. Gen 13:10-11).
Par conséquent, ils demandent à Moïse, Éléazar et aux princes de leur donner ce pays en possession. Ce faisant, ils demandent à ne pas avoir à passer le Jourdain avec eux. Ils demandent, en quelque sorte, comme une faveur de ne pas avoir à entrer dans le pays. Cela a dû faire mal à Moïse, qui désirait tant entrer dans le pays mais à qui cela n’avait pas été permis. Et comme cela a dû blesser le cœur de l’Éternel. Il a choisi ce pays pour son peuple et ces tribus disent qu’elles ne veulent pas y entrer.
Les fils de Gad et les fils de Ruben ont traversé toutes les épreuves du désert, ils ont été épargnés, et juste avant le Jourdain, ils refusent de passer. C’est tragique. Ils mentionnent leurs grandes troupeaux comme excuse pour ne pas aller avec eux dans le pays. Leurs biens sont tout ce qu’ils possèdent. Si nous utilisons nos bénédictions terrestres pour nous-mêmes, elles deviennent une excuse pour ne pas s’engager dans les bénédictions célestes.
Il y a aussi quelque chose d’impatient dans le comportement des deux tribus. Pourquoi attendre des bénédictions dont il faut attendre de voir si elles te plaisent, alors que tu peux déjà en profiter ici et maintenant ? Le même comportement se retrouve en nous lorsque nous vivons pour ce que nous possédons sur la terre, ce que nous pouvons toucher et goûter avec nos sens naturels.
6 - 15 L’indignation de Moïse
6 Et Moïse dit aux fils de Gad et aux fils de Ruben : Vos frères iront-ils à la guerre, et vous, vous habiterez ici ? 7 Et pourquoi découragez-vous les fils d’Israël de passer dans le pays que l’Éternel leur a donné ? 8 Ainsi firent vos pères lorsque je les envoyai de Kadès-Barnéa pour voir le pays : 9 ils montèrent à la vallée d’Eshcol, et virent le pays ; et ils découragèrent les fils d’Israël, afin qu’ils n’entrent pas dans le pays que l’Éternel leur avait donné. 10 Et la colère de l’Éternel s’embrasa en ce jour-là, et il jura, disant : 11 Les hommes qui sont montés d’Égypte, depuis l’âge de 20 ans et au-dessus, ne verront pas la terre que j’ai promise par serment à Abraham, à Isaac, et à Jacob ! car ils ne m’ont pas pleinement suivi, 12 – excepté Caleb, fils de Jephunné, le Kenizien, et Josué, fils de Nun, car ils ont pleinement suivi l’Éternel. 13 Et la colère de l’Éternel s’embrasa contre Israël, et il les a fait errer dans le désert 40 ans, jusqu’à ce qu’ait péri toute la génération qui avait fait ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel. 14 Et voici, vous vous êtes levés à la place de vos pères, une progéniture d’hommes pécheurs, pour ajouter encore à l’ardeur de la colère de l’Éternel contre Israël. 15 Si vous vous détournez de lui, il le laissera encore dans le désert, et vous détruirez tout ce peuple.
Moïse souligne les dangers de leur souhait. Il souligne l’impact négatif que leur souhait pourrait avoir sur le reste du peuple. Moïse voit à nouveau un peuple réticent qui ne veut pas entrer dans le pays. Cela lui rappelle ce qui s’est passé il y a 40 ans et qu’il présente aux deux tribus. À l’époque aussi, le peuple tout entier ne voulait pas entrer dans le pays parce que certains des espions avaient mal présenté les choses (Nom 13:27-33 ; 14:1-4). Les deux tribus présentent elles aussi les choses de façon erronée, parce qu’elles indiquent qu’elles n’accordent pas d’importance au pays promis.
Moïse n’est pas flatteur au sujet de leur ascendance. Il les appelle « une progéniture d’hommes pécheurs » (verset 14). Il exprime de la plénitude de son cœur son indignation face à la mauvaise volonté du peuple d’alors à entrer dans le pays. Maintenant, les enfants de ces ‘hommes pécheurs’ arrivent et expriment eux aussi leur réticence à entrer dans le pays. Il craint qu’avec ces hommes, cette nouvelle génération, la même réticence soit présente.
16 - 19 La promesse d’aide au combat
16 Et ils s’approchèrent de lui, et dirent : Nous bâtirons ici des enclos pour nos troupeaux, et des villes pour nos petits enfants ; 17 et nous nous équiperons promptement [pour marcher] devant les fils d’Israël, jusqu’à ce que nous les ayons introduits en leur lieu ; et nos petits enfants habiteront dans les villes fortes, à cause des habitants du pays. 18 Nous ne reviendrons pas dans nos maisons, jusqu’à ce que les fils d’Israël aient pris possession chacun de son héritage ; 19 car nous n’hériterons pas avec eux au-delà du Jourdain, ni plus loin, parce que l’héritage qui nous revient se trouve de ce côté du Jourdain, vers l’est.
Les Rubénites et les Gadites « s’approchèrent de lui ». Pour éviter un malentendu ou pour expliquer quelque chose, il faut aller les uns vers les autres pour s’écouter et apprendre ainsi à se comprendre. Alors les différences ne disparaîtront peut-être pas, mais le conflit, lui, disparaîtra.
Les deux tribus précisent qu’il ne s’agit pas de mauvaise volonté. Elles veulent aller dans le pays avec eux, mais préfèrent la région où elles se trouvent actuellement. Ils prouvent qu’ils n’ont pas peur d’aller dans le pays en promettant d’aider à conquérir le pays en premier. Ce sont des croyants, pas des rebelles. Au lieu de décourager leurs frères, ils veulent les encourager en promettant de se combattre même dans les premiers rangs.
Ils laissent leurs femmes et leurs enfants à la maison. Ceux-ci n’apprendront jamais à connaître et à apprécier le pays. Au contraire, ils veilleront à ce que leurs enfants bénéficient de tout le confort dans la région qu’ils auront choisie. Ils bâtiront des villes pour eux. Ainsi, ils mettent toute leur énergie à rendre la vie dans cette région si agréable que leurs enfants ne penseront même pas à des choses plus élevées. Les parents sont un obstacle à la recherche des choses célestes par leurs enfants s’ils donnent tout leur temps et toutes leurs forces aux choses terrestres.
Ils refusent de résider de façon permanente dans le pays, même après avoir aidé à le conquérir. Quand ils l’ont traversé dans toute sa longueur et sa largeur et qu’ils ont vu tout ce que le pays a à offrir, ils retournent quand même de l’autre côté du Jourdain. Ils y sont tellement attachés, ils y ont tellement lié leur cœur, qu’ils abandonnent le pays pour lui.
C’est ainsi que nous pouvons parler aux autres des bénédictions du ciel, les aider à en profiter, tout en n’y vivant pas nous-mêmes. C’est parce que nous sommes complètement absorbés par les choses terrestres. Il existe des excuses pour ne pas accepter l’invitation à profiter de ce que Dieu veut donner. Ces excuses ne sont pas mauvaises en soi, mais elles montrent clairement ce que notre cœur veut vraiment.
En Luc 14, le Seigneur Jésus mentionne dans une parabole certaines choses permises qui servent d’excuses pour ne pas accepter l’invitation à un repas (Lc 14:18-20). Si les chrétiens considèrent souvent les bénédictions terrestres comme le plus grand des plaisirs, et le fait de s’engager dans les bénédictions célestes comme une occupation fastidieuse, c’est parce qu’ils ne savent pas quelle est leur véritable part. Ils s’approprient ce qui appartient à un autre (à leur Seigneur) et ce qui leur a été confié seulement pour en être les intendants, et ils ne s’approprient pas ce qui leur a été donné comme leur possession (leur bénédictions célestes) (Lc 16:12).
Les Gadites et les Rubénites ont choisi la jouissance ici-et-maintenant, non seulement pour eux-mêmes mais aussi pour leur famille. Plus tard, ils ont été parmi les premiers à être déportés par les Assyriens : « Mais ils péchèrent contre le Dieu de leurs pères et se prostituèrent en suivant les dieux des peuples du pays, que Dieu avait détruits devant eux. Alors le Dieu d’Israël réveilla l’esprit de Pul, roi d’Assyrie, et l’esprit de Tilgath-Pilnéser, roi d’Assyrie ; celui-ci déporta les Rubénites, les Gadites et la demi-tribu de Manassé, et les emmena à Khalakh, à Khabor, à Hara et au fleuve de Gozan, [où ils sont] jusqu’à ce jour » (1Chr 5:25-26 ; 2Roi 15:29).
Les bénédictions terrestres ne sont pas une protection contre les dangers spirituels. S’ils les perdent, il ne leur reste plus rien. Les chrétiens qui lient leur expérience de foi aux bénédictions terrestres montent et descendent dans cette expérience de foi, comme les fluctuations des cours de la bourse. Et leurs enfants n’ont aucun point d’ancrage. Souvent, nous les voyons disparaître dans le monde.
20 - 24 Moïse accepte la promesse
20 Et Moïse leur dit : Si vous faites cela, si vous vous équipez devant l’Éternel pour la guerre, 21 et que tous ceux d’entre vous qui sont équipés passent le Jourdain devant l’Éternel, jusqu’à ce qu’il ait dépossédé ses ennemis devant lui, 22 et que le pays soit soumis devant l’Éternel, et qu’ensuite vous vous en retourniez, alors vous serez innocents envers l’Éternel et envers Israël ; et ce pays-ci sera votre possession devant l’Éternel. 23 Mais si vous ne faites pas ainsi, voici, vous pécherez contre l’Éternel ; et sachez que votre péché vous trouvera. 24 Bâtissez-vous des villes pour vos petits enfants, et des enclos pour vos troupeaux ; et ce qui est sorti de votre bouche, faites-le.
Moïse accepte de garantir qu’ils aideront d’abord. Il ne les retiendra plus et leur laisse une marge pour agir selon leurs propres désirs. Cependant, il les avertit encore de ne pas pécher contre l’Éternel en ne tenant pas leur promesse. Il présente le péché non pas seulement comme quelque chose qui sera découvert, mais comme une personne active qui les découvrira, qui saura comment les trouver. Ils ne pourront pas se séparer de leur péché et ne pourront pas échapper à la punition qui est sur le péché.
25 - 27 La confirmation de la promesse
25 Et les fils de Gad et les fils de Ruben parlèrent à Moïse, disant : Tes serviteurs feront comme mon seigneur l’a commandé. 26 Nos petits enfants, nos femmes, nos troupeaux et toutes nos bêtes seront là, dans les villes de Galaad ; 27 et tes serviteurs, tous équipés pour l’armée, passeront devant l’Éternel [pour aller] à la guerre, comme mon seigneur l’a dit.
Les Gadites et les Rubénites confirment leur promesse. Ils laisseront tout et tous en Galaad et partiront eux-mêmes à la guerre.
28 - 30 La promesse est transmise
28 Et Moïse donna des ordres à leur sujet à Éléazar, le sacrificateur, et à Josué, fils de Nun, et aux chefs des pères des tribus des fils d’Israël ; 29 et Moïse leur dit : Si les fils de Gad et les fils de Ruben passent avec vous le Jourdain devant l’Éternel, tous équipés pour la guerre, et que le pays soit soumis devant vous, vous leur donnerez le pays de Galaad en possession. 30 Mais s’ils ne passent pas équipés avec vous, alors ils auront des possessions au milieu de vous dans le pays de Canaan.
Moïse ne pourra pas être présent lors de l’accomplissement de la promesse et ne pourra pas la contrôler. Mais il a un successeur compétent en la personne de Josué. Il transmet la promesse faite à Éléazar et à Josué pour qu’il agisse en conséquence. Josué agit ensuite en conséquence (Jos 22:1-4).
31 - 32 La répétition de la promesse
31 Et les fils de Gad et les fils de Ruben répondirent, disant : Nous ferons ainsi que l’Éternel a dit à tes serviteurs ; 32 nous passerons équipés devant l’Éternel dans le pays de Canaan, et la possession de notre héritage de ce côté-ci du Jourdain sera à nous.
En résumé, les Gadites et les Rubénites réaffirment ce qu’ils feront et ce qu’ils recevront en retour.
33 - 42 Le partage du côté désertique du Jourdain
33 Et Moïse leur donna, – aux fils de Gad, et aux fils de Ruben, et à la demi-tribu de Manassé, fils de Joseph, – le royaume de Sihon, roi des Amoréens, et le royaume d’Og, roi de Basan, le pays, selon ses villes, dans leurs confins, les villes du pays alentour. 34 – Et les fils de Gad bâtirent Dibon, et Ataroth, et Aroër, 35 et Atroth-Shophan, et Jahzer, et Jogbeha, 36 et Beth-Nimra, et Beth-Haran, villes fortes, et des enclos pour le petit bétail. 37 – Et les fils de Ruben bâtirent Hesbon, et Elhalé, et Kiriathaïm, 38 et Nebo, et Baal-Méon, dont les noms furent changés, et Sibma ; et ils donnèrent d’autres noms aux villes qu’ils bâtirent. 39 – Et les fils de Makir, fils de Manassé, allèrent dans [le pays de] Galaad, et le prirent, et dépossédèrent les Amoréens qui y étaient. 40 Et Moïse donna Galaad à Makir, fils de Manassé, et il y habita. 41 Et Jaïr, fils de Manassé, alla, et prit leurs bourgs, et les appela bourgs de Jaïr. 42 Et Nobakh alla, et prit Kenath et les villages qui en dépendent, et il l’appela Nobakh, d’après son nom.
Moïse partage le pays sur le côté désertique du Jourdain entre les Gadites, les Rubénites et la demi-tribu de Manassé. Cela ne se fait pas par le sort, comme cela se produira dans le pays promis (Jos 14:1-2). Il leur donne le pays qu’ils ont choisie. Dans le pays promis, chaque tribu reçoit la portion choisie par Dieu.
Il semble qu’après que les deux tribus aient obtenu l’engagement convoité, la demi-tribu de Manassé se joigne à elles. Ils préfèrent eux aussi avoir leur héritage du côté désertique du Jourdain. Il se peut que leur choix ait été influencé par le plaidoyer des deux tribus. Cela signifierait alors que le choix des deux tribus a provoqué un schisme dans une autre tribu. Nos désirs, le fait de les faire connaître et notre engagement à leur égard ont toujours une influence sur les autres.