1 - 3 Le combat contre les Cananéens
1 Et le Cananéen, le roi d’Arad, qui habitait le midi, entendit qu’Israël venait par le chemin d’Atharim, et il combattit contre Israël, et lui emmena des prisonniers. 2 Et Israël fit un vœu à l’Éternel, et dit : Si tu livres ce peuple en ma main, je détruirai entièrement ses villes. 3 Et l’Éternel entendit la voix d’Israël, et [lui] livra les Cananéens ; et il les détruisit entièrement, ainsi que leurs villes. Et on appela ce lieu du nom de Horma.
Avant même que le peuple n’entre dans le pays, des ennemis se présentent pour l’en empêcher. Les Cananéens attaquent et semblent prendre Israël par surprise. Ils emmènent certains Israélites prisonniers. Si nous voulons entrer dans ‘notre pays’, c’est-à-dire si nous voulons nous occuper des bénédictions célestes, nous ferons aussi l’expérience que l’ennemi essaiera par tous les moyens de nous en empêcher. Nous devrons être sur nos gardes pour que l’ennemi ne prenne pas inopinément quelque chose de notre force.
Le peuple fait un vœu à l’Éternel, promettant une contrepartie, s’Il fait aussi quelque chose pour lui, à savoir lui donner la victoire. L’Éternel ne réprouve pas cette forme d’incrédulité, mais Il aide et donne une grande victoire. Le lieu de la victoire reçoit le nom de « Horma », qui signifie ‘entière destruction’, ‘anathème’. Cela signifie qu’ils consacrent entièrement le butin à l’Éternel, Lui donnant ainsi l’honneur de la victoire. Mais les grandes victoires sont parfois suivies de grandes défaites, comme le montre l’histoire suivante.
4 - 9 Le serpent de bronze
4 Et ils partirent de la montagne de Hor, par le chemin de la mer Rouge, pour faire le tour du pays d’Édom ; et le cœur du peuple se découragea en chemin. 5 Et le peuple parla contre Dieu et contre Moïse : Pourquoi nous avez-vous fait monter hors d’Égypte, pour mourir dans le désert ? car il n’y a pas de pain, et il n’y a pas d’eau, et notre âme est dégoûtée de ce pain misérable. 6 Et l’Éternel envoya parmi le peuple les serpents brûlants, et ils mordaient le peuple ; et, de ceux d’Israël, il mourut un grand peuple. 7 Et le peuple vint à Moïse, et dit : Nous avons péché, car nous avons parlé contre l’Éternel et contre toi ; prie l’Éternel qu’il retire de dessus nous les serpents. Et Moïse pria pour le peuple. 8 Et l’Éternel dit à Moïse : Fais-toi un [serpent] brûlant, et mets-le sur une perche ; et il arrivera que quiconque sera mordu, et le regardera, vivra. 9 Et Moïse fit un serpent de bronze, et le mit sur une perche ; et il arrivait que, lorsqu’un serpent avait mordu un homme, et qu’il regardait le serpent de bronze, il vivait.
Le peuple doit d’abord se diriger à nouveau vers la mer Rouge. À la fin du voyage dans le désert, il est utile de revisiter et de bien sentir que c’est le lieu où nous avons été délivrés du pouvoir de l’ennemi. La croix doit à nouveau être clairement présentée à notre attention. Si nous ne parvenons pas à l’apprécier, il y aura des murmures. Le peuple s’impatiente à cause des diversions qu’il doit faire. Encore une fois, la raison de leurs murmures est qu’ils n’ont pas d’eau et de pain. Comment osent-ils le dire ! Ils en ont, mais n’en veulent plus.
Lorsque le peuple méprise le pain de vie, les serpents brûlants arrivent et avec eux, la mort. Tout au long de leur chemin dans le désert, ils ont été entourés de serpents brûlants (Deu 8:14-15), mais l’Éternel les a toujours gardés. Mais leur aversion pour le pain du ciel a nécessité de leur donner (et de nous donner !) une leçon poignante.
Par la fléau des serpents brûlants, le peuple revient à la raison. Par les serpents brûlants, le peuple doit découvrir que le péché habite toujours en lui. Ici, c’est le peuple de Dieu qui doit apprendre les effets de la morsure d’un serpent brûlant. Nous entendons ensuite le peuple dire : « Nous avons péché. » Ils confessent leur culpabilité.
Ils font appel à l’intercession de Moïse. Ils disent aussi ce qu’il doit prier. Ce faisant, ils indiquent ce qu’ils pensent être le mieux pour leur guérison. Mais Dieu a toujours à l’esprit la gloire du Seigneur Jésus lorsqu’Il répond à une prière. Par conséquent, Il n’enlève pas les serpents brûlants, comme le peuple le suggère. Comparez Naaman qui suggère lui aussi lui-même comment être purifié de sa lèpre (2Roi 5:11).
L’Éternel fournit une solution, mais de manière à ce que le salut soit lié à la foi du peuple. Moïse doit faire un serpent de bronze et le mettre sur une perche. Un seul regard vers le serpent de bronze élevé suffit pour être guéri. Le regard sur le serpent de bronze a bien la signification d’un regard intense. Le Seigneur Jésus explique la signification spirituelle de cet événement dans son entretien avec Nicodème : « Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, de même il faut que le Fils de l’homme soit élevé, afin que quiconque croit en lui ne périsse pas, mais qu’il ait la vie éternelle » (Jn 3:14-15 ; Rom 8:3 ; 2Cor 5:21 ; 1Pie 2:24 ; Col 2:14-15).
Dieu ne guérit pas le peuple en enlevant les serpents, mais en leur donnant quelque chose de plus. Moïse doit utiliser le moyen par lesquels le peuple est affligé. C’est ainsi que le Seigneur Jésus a dû entrer dans nos circonstances. Il ne pouvait pas nous racheter en prononçant une parole de puissance ou en jugeant le diable. Nous serions alors restés dans nos péchés. Ce n’est que parce qu’Il a été fait péché pour nous sur la croix qu’il est devenu possible de nous délivrer du pouvoir du péché (Jn 3:15).
Le Fils de l’homme devait être élevé. Il ne s’agit pas tant de pardonner les péchés, bien que cela soit inclus, mais Il devait être élevé pour donner la vie éternelle à tous ceux qui croient en Lui. L’élévation sur la croix ouvre les bénédictions les plus riches, les célestes, éternelles à tous ceux qui croient. Le serpent de bronze parle non seulement du salut contre la morsure du serpent et du fait de ne pas avoir à mourir, mais au-delà, de la vie éternelle. À la fin du voyage dans le désert, cette histoire nous le rappelle.
La vie éternelle, c’est connaître le Père et le Fils (Jn 17:3). La vie éternelle est aussi en tous ceux qui croient au Seigneur Jésus, car Il est « le Dieu véritable et la vie éternelle » (1Jn 5:20). Ce que signifie la vie éternelle, nous ne le savons pas encore au commencement de notre voyage dans le désert, lorsque nous sommes nouvellement convertis. Nous l’apprenons en détournant de plus en plus notre regard de nous-mêmes par les leçons du désert. Puis nous voyons aussi de plus en plus clairement que la vie éternelle signifie bien plus que le pardon des péchés et le fait d’être libéré de l’enfer.
Le serpent de bronze est emmené par les Israélites à Canaan. Là, il devient un objet idolâtre qui est détruit par Ézéchias (2Roi 18:4b). Ainsi, la croix peut être dépouillée de sa véritable signification et transformée en une sorte de mascotte. Ainsi, une croix peut être portée comme un ornement et une fonction protectrice peut lui être attribuée.
10 - 20 Vers les plaines de Moab
10 Et les fils d’Israël partirent, et campèrent à Oboth. 11 Et ils partirent d’Oboth, et campèrent à Ijim-Abarim, dans le désert qui est vis-à-vis de Moab, vers le soleil levant. 12 De là ils partirent, et campèrent dans la vallée de Zéred. 13 De là ils partirent, et campèrent de l’autre côté de l’Arnon, qui est dans le désert, sortant des limites des Amoréens ; car l’Arnon est la frontière de Moab, entre Moab et l’Amoréen. 14 C’est pourquoi il est dit dans le livre des guerres de l’Éternel : Vaheb en Supha, et les rivières de l’Arnon ; 15 Et le cours des rivières, qui tend vers l’habitation d’Ar, Et qui s’appuie sur la frontière de Moab. 16 Et de là [ils vinrent] à Beër. C’est là le puits au sujet duquel l’Éternel dit à Moïse : Assemble le peuple, et je leur donnerai de l’eau. 17 Alors Israël chanta ce cantique : Monte, puits ! Chantez-lui : 18 Puits, que des princes ont creusé, que les hommes nobles du peuple, avec le législateur, ont creusé avec leurs bâtons ! 19 Et du désert, [ils vinrent] à Matthana ; et de Matthana, à Nakhaliel ; et de Nakhaliel, à Bamoth ; 20 et de Bamoth, à la vallée qui est dans les champs de Moab, au sommet du Pisga, qui se montre au-dessus de la surface du désert.
La progression du peuple à travers les différents lieux jusqu’aux champs de Moab est une image du progrès spirituel qui devrait nous caractériser en tant que chrétiens. Ils arrivent d’abord à Oboth, qui signifie ‘cavités’. Ensuite, ils se rendent à Abarim, qui signifie ‘passages’. Ce lieu est associé d’une part aux « Ijim », qui signifie ‘ruines’, au « désert » et à « Moab » et d’autre part à l’est, « vers le soleil levant ». Cela donne une image claire de notre traversée du désert du monde, où d’une part nous voyons les ruines dans tous les domaines de la vie, causées par le péché, la mort et la chair, et d’autre part nous pouvons attendre la venue du Seigneur Jésus en tant que « soleil de justice » se levant à l’est (Mal 3:20).
Le lieu suivant est la vallée de Zéred, qui signifie ‘saule’. Ici, on nous rappelle le chagrin, que nous rencontrons aussi dans notre vie. De là, nous nous rendons à Arnon, qui signifie peut-être ‘flux continu’. Cela montre qu’il y a de la consolation à côté du chagrin. De plus, l’Arnon constitue la frontière entre Moab et les Amorites. Nous vivons dans une région où nous sommes entourés d’ennemis. La façon dont nous nous défendons là-bas dans le combat de la foi – le peuple réside dans les champs de Moab, et les Amorites doivent être vaincus – est consignée dans « le livre des guerres de l’Éternel ».
Tout ce que Dieu veut nous donner, nous ne pourrons en prendre possession que par le combat. Dieu regarde cela et le consigne dans un livre. Le nom du livre montre qu’Il marque nos combats comme étant les siens. Il prend possession du pays par son peuple. C’est son héritage dont Il prend possession dans ses saints (Éph 1:18c). Il en marque les limites.
Après l’Arnon, le peuple arrive à Beër, qui signifie ‘puits’. Dieu ne donne pas seulement de l’eau pour étancher notre soif, mais il veut aussi nous rafraîchir abondamment. Plusieurs choses sont dites à propos du puits. Tout d’abord, qu’à l’ordre de l’Éternel, le peuple s’y assemble. Profiter de l’eau du puits, image de la parole de Dieu prononcée sous la conduite du Saint Esprit, est avant tout quelque chose qui se passe dans l’assemblée de l’église. Précisément, les réunions sont des occasions de se rafraîchir personnellement.
La deuxième chose qui est dite, c’est que c’est de l’eau qu’Il donne. Si nous en buvons, elle nous fera entrer dans la jouissance de la vie éternelle (Jn 4:14). À travers la Parole, nous découvrirons de plus en plus du puits lui-même, le Seigneur Jésus. Le résultat, le troisième aspect, c’est que nous venons adorer et que nous nous mettons à chanter à la gloire de celui de qui tout procède (Rom 11:36). Ici, ils chantent pour la deuxième fois dans le désert après l’exode d’Égypte. Il n’y a pas eu de chant pendant le voyage, seulement des lamentations. Il y a eu un autre chant. Cependant, il ne s’agit pas d’un cantique en l’honneur de Dieu, mais en l’honneur du veau d’or (Exo 32:18).
Le quatrième aspect a trait à la manière dont l’eau émerge. L’eau qui a coulé du rocher est venue de Dieu par pure grâce. L’eau du puits émerge grâce à l’effort des princes du peuple. Ce résultat glorieux montre l’importance de la présence des « princes » qui creusent les puits. Les princes du peuple de Dieu sont ceux qui sont conscients de la position que Dieu leur a donnée et qui en vivent aussi. Ils s’occupent de la parole de Dieu, ils y creusent.
Il faut souhaiter qu’il y ait plus de frères qui s’occupent de la parole de Dieu, qui la creusent. Il faut également souhaiter qu’ils la transmettent lors des réunions de l’église et que chaque proclamation de la Parole résulte dans le chant d’un cantique.
« Les hommes nobles du peuple » forent le puits « avec le législateur, [...] avec leurs bâtons ». Ce n’est pas un travail difficile. Spirituellement parlant, les princes ou les nobles sont des croyants qui se soumettent à la parole de Dieu. De cette soumission parle le « législateur ». Il nous rappelle que le forage se fait sous la direction de Moïse, une image de Christ. Les deux expressions (législateur et bâtons) disent quelque chose de l’autorité, et celle-ci repose sur Dieu et sa Parole. Si nous reconnaissons l’autorité de la parole de Dieu et que nous agissons uniquement en fonction de ce que Dieu y dit, nous serons abondamment rafraîchis.
Lorsqu’ils arrivent à Beër, ils ne se plaignent plus du manque d’eau. Là, des réjouissances éclatent (cf. Ésa 12:3). Dieu est magnifié à cause de l’abondance de son rafraîchissement et de sa bénédiction. Là, les chefs du peuple sont au service du peuple. Là, le peuple reconnaît qu’il dispose d’un puits auquel il peut boire sans limite.
Après Beër, ils se rendent à Matthana (‘don’), puis à Nakhaliel (‘l’héritage de Dieu’) et à Bamoth (‘hauteurs’) pour arriver enfin dans les champs de Moab, au sommet du Pisga (‘vue d’ensemble’).
21 - 32 Le combat contre Sihon
21 Et Israël envoya des messagers à Sihon, roi des Amoréens, disant : 22 Je passerai par ton pays : nous ne nous détournerons pas dans les champs, ni dans les vignes ; nous ne boirons pas de l’eau des puits ; nous marcherons par le chemin du roi, jusqu’à ce que nous ayons passé tes limites. 23 Mais Sihon ne permit pas à Israël de passer par ses limites ; et Sihon rassembla tout son peuple, et sortit à la rencontre d’Israël, au désert, et vint à Jahats et combattit contre Israël. 24 Et Israël le frappa par le tranchant de l’épée, et prit possession de son pays depuis l’Arnon jusqu’au Jabbok, jusqu’aux fils d’Ammon ; car la frontière des fils d’Ammon était forte. 25 Et Israël prit toutes ces villes, et Israël habita dans toutes les villes des Amoréens, à Hesbon et dans tous les villages qui en dépendent. 26 Car Hesbon était la ville de Sihon, roi des Amoréens ; et il avait fait la guerre au précédent roi de Moab, et avait pris de sa main tout son pays jusqu’à l’Arnon. 27 C’est pourquoi les poètes disent : Venez à Hesbon ; que la ville de Sihon soit bâtie et établie ; 28 Car un feu est sorti de Hesbon, une flamme, de la cité de Sihon ; il a dévoré Ar de Moab, les seigneurs des hauts lieux de l’Arnon. 29 Malheur à toi, Moab ! tu es perdu, peuple de Kemosh ! Il a livré ses fils rescapés, et ses filles, à la captivité, à Sihon, roi des Amoréens. 30 Nous avons tiré contre eux ; Hesbon est détruite jusqu’à Dibon ; et nous avons dévasté jusqu’à Nophakh,… avec du feu jusqu’à Médeba. 31 Et Israël habita dans le pays des Amoréens. 32 Et Moïse envoya pour explorer Jahzer ; et ils prirent les villages qui en dépendent, et en dépossédèrent les Amoréens qui y étaient.
Le combat contre Sihon marque le début de la troisième partie du livre des Nombres. La première partie est constituée des Nombres 1-10:10. Elle décrit les préparatifs du voyage. La deuxième partie se compose de Nombres 10:11-21:20. Le voyage lui-même y est décrit. La troisième partie, qui comprend le reste du livre, se déroule dans les plaines de Moab. Le sens spirituel du voyage est qu’en traversant le monde, nous sommes découverts sur nous-mêmes et apprenons la fidélité de Dieu par le souverain sacrificateur, qui est pour nous le Seigneur Jésus. Il veut que nous apprenions à marcher par la puissance du Saint Esprit et non plus selon la chair.
‘Les plaines de Moab’ ont aussi une signification spirituelle. La particularité des plaines de Moab, c’est que le peuple n’est plus dans le désert, mais qu’il n’est pas non plus encore dans le pays. Le Jourdain n’a pas encore été traversé. Spirituellement, nous ne sommes pas encore vus comme dans la lettre aux Éphésiens, où nous voyons que nous sommes bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes. C’est le pays pour nous. Mais nous n’y sommes pas encore. Nous ne sommes pas non plus dans le désert. Spirituellement, nous avons compris ce que nous enseigne la lettre aux Romains : il n’y a « aucune condamnation pour ceux qui sont dans le Christ Jésus ». Nous « ne marchons pas selon [la] chair, mais selon [l’]Esprit » (Rom 8:1-4).
La région des plaines de Moab donne l’image du chrétien que nous avons dans la lettre aux Philippiens. Ce chrétien est encore sur la terre, il n’a pas encore traversé le Jourdain, pour ainsi dire, mais son cœur tout entier va vers le ciel. C’est ce que nous apprenons dans le reste des Nombres et dans tout le livre du Deutéronome. Le cœur du peuple est entièrement tourné vers le pays dans lequel il va bientôt entrer, afin qu’il y entrera avec joie.
La première chose que nous rencontrons dans les plaines de Moab, c’est le combat. Les premiers ennemis sont Sihon et Og. Ici, ce n’est donc pas encore le combat dans le pays. Il y a différentes sortes de combats :
1. Dans le désert, il s’agit du combat défensif, dont on ne peut s’échapper. C’est un combat où le peuple doit certes se battre, mais que l’Éternel prend à son compte (Exo 17:8,16b).
2. Dans le pays, il y a un combat offensif, pour conquérir le pays.
3. Dans les plaines de Moab, c’est un combat qu’ils ne recherchent pas et qu’ils essaient d’éviter, mais auquel ils ne peuvent pas échapper non plus. Ensuite, ils prennent aussi possession des villes des Amorites, ce qui n’a jamais été le cas lors de leur combat dans le désert.
Ils prennent possession des villes situées du côté du Jourdain opposé au pays. Il ne s’agit pas encore du pays proprement dit, car celui-ci se trouve de l’autre côté du Jourdain. Plus tard, dans cette région, deux tribus et demie demanderont et recevront leur héritage. Il s’avère qu’elles ne valorisent pas un héritage dans le pays. Moïse leur fera plus tard des reproches à ce sujet. De même que le pays de Canaan parle des lieux célestes et des bénédictions spirituelles qui s’y trouvent, de même les plaines de Moab parlent des bénédictions terrestres.
La bénédiction du chrétien consiste en les bénédictions spirituelles dans les lieux célestes et non en les bénédictions terrestres. Cependant, pour vraiment profiter des bénédictions spirituelles, nous devrons d’abord conquérir les bénédictions terrestres. D’une part, cela signifie que nous pouvons accepter avec gratitude les bénédictions terrestres de la main de Dieu. D’autre part, cela signifie aussi que nous les dominons et que nous ne nous laissons pas dominer par les bénédictions terrestres. Ce n’est que lorsque nous donnons aux bénédictions terrestres leur véritable place que nous pouvons nous occuper des bénédictions célestes.
Beaucoup de chrétiens, et en fait la chrétienté dans son ensemble, sont comme les deux tribus et demie. Ils sont tellement satisfaits des bénédictions terrestres qu’ils laissent les bénédictions spirituelles de côté, sans s’en préoccuper. Ils se concentrent sur le terrestre, comme si la terre était leur propre maison. Cela engendre aussi des efforts politiques pour s’assurer un séjour long et agréable sur la terre.
Ce n’est pas l’intention de Dieu à propos des bénédictions terrestres. Si c’est la seule chose, nous ne nous distinguons pas des incrédules qui eux aussi (veulent) avoir ces bénédictions. Dieu aime nous voir, nous ses enfants, tendre la main pour obtenir notre véritable héritage : la bénédiction spirituelle dans les lieux célestes, qui est la vie éternelle en Christ.
Sihon et Og sont des incrédules. Ils représentent des personnes qui possèdent des bénédictions par le pouvoir de la chair. Chez eux, il n’y a pas de gratitude envers Dieu. Ce qui caractérise Sihon, c’est son honneur, sa renommée. Il n’a pas conquis le pays des Ammonites pour l’honneur de Dieu, mais pour son propre honneur. Cela se reflète dans le cantique des poètes que Moïse mentionne ici. Og utilise le pays pour son propre plaisir. Cela se reflète dans la seule caractéristique donnée de lui : son lit gigantesque (Deu 3:11).
Avec Sihon et Og, nous voyons les dangers que les bénédictions terrestres nous réservent. Si nous ne gardons pas la chair à l’endroit de la mort et ne marchons pas par l’Esprit, nous oublierons nos bénédictions spirituelles. En conséquence, nous rechercherons notre propre honneur et le plaisir associé aux bénédictions terrestres.
Après cette digression sur la signification spirituelle des plaines de Moab, sur la rive désertique du Jourdain, et du pays promis, nous revenons au texte. Israël se rafraîchit et se réjouit à Beër. Un peuple qui se réjouit en l’Éternel est fort (Néh 8:11b). Se réjouir au puits leur permet de combattre avec succès les ennemis. Mais ils envoient d’abord des messagers à Sihon, comme dans le cas d’Édom (Nom 20:14). Sihon réagit comme Edom. Israël, contrairement à Edom, reçoit maintenant l’ordre de combattre l’ennemi et de prendre possession de son pays. Déjà en Genèse 15, Dieu a prédit le jugement sur les Amorites, mais il ne sera pas exécuté tant que leur iniquité ne sera pas complète (Gen 15:16). Ce moment est maintenant arrivé.
Aux versets 27-30, des poètes sont cités pour prouver que ce territoire a d’abord appartenu aux Ammonites et qu’il a été conquis par les Amorites. C’est un chant de victoire qui chante la victoire totale.
Sur Moab le « malheur à toi » est proclamé. Kemosh, le dieu principal des Ammonites (Jér 48:7) et des Amorites (Jug 11:24), est un dieu sans valeur qui s’est montré incapable de protéger le peuple qui l’a pris pour un dieu. Les Ammonites ont été vaincus par les Amorites et les Amorites ont été exterminés par les Israélites.
Si le territoire où règne Sihon avait encore appartenu aux Ammonites, Israël n’aurait pas été autorisé à s’en emparer. Maintenant, ils y sont autorisés, et ils ont même le droit d’y vivre. Jephthé semble bien connaître ces données historiques. Il pourra plus tard s’en servir pour réfuter les prétentions du roi des Ammonites (Jug 11:13-23).
33 - 35 Le combat contre Og
33 Puis ils se tournèrent et montèrent par le chemin de Basan ; et Og, le roi de Basan, sortit à leur rencontre, lui et tout son peuple, à Édréhi, pour livrer bataille. 34 Et l’Éternel dit à Moïse : Ne le crains pas, car je l’ai livré en ta main, lui et tout son peuple, et son pays ; et tu lui feras comme tu as fait à Sihon, roi des Amoréens, qui habitait à Hesbon. 35 Et ils le frappèrent, lui et ses fils, et tout son peuple, jusqu’à ne pas lui laisser un survivant ; et ils prirent possession de son pays.
Aucun messager n’est envoyé à Og, qui règne sur la moitié nord de Galaad et sur Basan. Og n’a pas été alerté par ce qui est arrivé à Sihon. Il prend l’initiative et attaque Israël. L’Éternel assure Israël de la victoire. Fort de cette assurance, le peuple se lance dans la bataille et défait complètement Og. Ils prennent aussi possession de son pays.
La victoire sur Sihon et Og est citée plusieurs fois par la suite dans la Bible (Néh 9:22 ; Psa 135:10-11 ; 136:18-20).