1 - 2 La glorification du Fils
1 Après avoir dit cela, Jésus leva les yeux vers le ciel et dit : Père, l’heure est venue ; glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie, 2 comme tu lui as donné autorité sur toute chair, afin que, [quant à] tout ce que tu lui as donné, il leur donne la vie éternelle.
Ce chapitre est d’une profondeur et d’une perspective inégalées. Il respire la sainteté, la consécration et l’amour parfaits. Nous pouvons écouter comment le Fils ouvre son cœur au Père au moment où Il est sur le point de mourir et de quitter les siens pour aller au ciel.
Parce que nous entendons le Fils parler au Père, nous ne pouvons pas parler d’une ‘prière d’un souverain sacrificateur, car nous l’entendrions alors s’adresser à Dieu en tant qu’Homme. Si nous pouvons parler d’une prière, c’est dans le sens d’une demande confidentielle du Fils au Père et non d’un supplication au Père.
Nous entendons le Fils demander au Père de Le glorifier, puis de prendre soin de ses disciples lorsqu’Il ne sera plus avec eux, et enfin de donner aux disciples une place avec Lui dans la gloire. Ce sont des demandes qui impliquent moins une requête qu’un partage avec le Père de choses qui sont exactement comme cela dans le cœur du Père. Le Seigneur sait tout cela, mais il veut que nous sachions qu’il est notre avocat auprès du Père. Cette prière nous montre comment il est notre avocat, c’est-à-dire celui qui assiste, défend, soutient.
Dans sa prière, qui forme une très belle unité, nous pouvons distinguer grosso modo deux parties :
1. Dans la première partie, versets 1-8, le Seigneur s’adresse au Père en vue de sa glorification et de son lien avec ses disciples.
2. Dans la deuxième partie, versets 9-26, les disciples sont le sujet, où Il les distingue clairement du monde.
Nous pouvons aussi faire une division un peu plus fine en sept parties :
1. Aux versets 1-5, le Seigneur Jésus demande au Père sa glorification en tant qu’Homme en raison de l’œuvre qu’Il a accomplie.
2. Aux versets 6-8, Il parle au Père de ce que les disciples signifient pour Lui.
3. Aux versets 9-12, Il demande à son Père de garder ses disciples dans l’unité.
4. Aux versets 13-19, il confie ses disciples à son Père pour qu’ils soient gardés dans le monde.
5. Aux versets 20-21, il élargit sa prière, demandant au Père l’unité de tous les croyants sur la terre.
6. Aux versets 22-23, il s’agit d’une unité qui est encore dans le futur et qui deviendra visible lors de sa manifestation.
7. Aux versets 24-26, il est question du fait que nous serons avec le Fils dans la maison du Père.
Après ces mots d’introduction, passons maintenant à la prière. Ce faisant, je m’exprimerai de la manière la plus étroite possible, car parler de cette prière, c’est comme essayer d’éclairer le soleil avec une torche. En lisant ce chapitre, il est particulièrement important que le Saint Esprit puisse travailler en chaque lecteur les sentiments appropriés à ce chapitre. J’espère que c’est le cas pour moi et que je peux transmettre quelque chose de cela dans ce commentaire. Moi-même, j’ai aussi été aidé par ce que d’autres personnes ont découvert dans cette prière.
Lorsque le Seigneur s’adresse au Père dans sa prière, Il le fait en levant les yeux vers le ciel. Tout aussi bien, Il a levé les yeux au tombeau de Lazare (Jn 11:41). Là, Il a demandé au Père la résurrection de Lazare. Ici, Il ne demande pas la résurrection, mais la glorification de Lui-même. Pourtant, il ne s’agit pas de demander sa glorification à propos de lui-même. Il ajoute immédiatement que sa question concerne la glorification du Père.
Par cette question, le Seigneur se place derrière l’œuvre comme accomplie par Lui. C’est pourquoi Il dit que « l’heure est venue ». Il entend par là l’heure à laquelle Il retournera auprès du Père. Par conséquent, quand Il demande sa glorification par le Père, cela signifie qu’Il pose cette question en conséquence de l’œuvre qu’Il a accomplie. Et lorsqu’Il demande sa propre glorification en vue de la glorification du Père, cela signifie qu’Il continue à glorifier le Père après avoir été glorifié au ciel. Il a glorifié le Père sur la terre et sur la croix et Il fait de même dans le ciel.
Cette glorification du Père, Il la fait en relation avec l’autorité sur toute chair qu’Il a reçue du Père en vertu de son œuvre. Il reste toujours fidèle à la place qu’Il a occupée et n’exerce pas l’autorité selon son propre droit. L’autorité sur toute chair, Il l’exercera lorsqu’Il reviendra pour juger Israël et le monde. Dans le temps présent, Il utilise cette autorité pour donner la vie éternelle à tous ceux que le Père Lui a donnés. Maintenant que le Fils est au ciel, Il glorifie son Père en donnant la vie éternelle à ceux que le Père Lui a donnés. Il glorifie encore le Père chaque jour dans chaque pécheur qui se repent et croit en Lui.
3 La vie éternelle, c’est ...
3 Et la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.
La vie éternelle donnée à tout pécheur qui se repent et croit au Seigneur Jésus est une nouvelle vie donnée en lui. C’est une nouvelle naissance, une nouvelle nature. C’est la vie en le croyant, la vie qui lui est donnée (Jn 10:28 ; 1Jn 5:11), c’est la vie qu’il a (Jn 3:16 ; 5:24 ; 6:47,54 ; 1Jn 5:13). Il a cette vie parce que le Fils est sa vie (1Jn 5:11 ; Col 3:3-4). Mais ici, le Seigneur Jésus parle de la vie éternelle dans un sens différent. Il ne parle pas ici de la vie éternelle en le croyant, mais de la vie éternelle en tant que sphère de vie dans laquelle le croyant entre. Nous entendons le Fils parler de la vie éternelle comme d’un environnement, d’une atmosphère de vie, d’une vie dans laquelle on vit.
Il y a donc une différence entre la vie qui est en quelqu’un et la vie dans laquelle quelqu’un vit. Ainsi, d’une part, on parle de la vie végétale, de la vie animale, de la vie humaine. Nous entendons par là que quelque chose ou quelqu’un vit en tant que plante ou animal ou humain. Mais on parle aussi, par exemple, de la vie urbaine, de la vie en plein air, d’une vie difficile. Nous entendons par là la condition de vie, un mode de vie, un environnement dans lequel on vit. Il en est de même pour la vie éternelle. Elle est à la fois un principe de vie en nous, une vie par laquelle nous vivons, et un mode de vie dans lequel nous sommes entrés, une vie dans laquelle nous vivons. C’est à ce second aspect que le Seigneur Jésus fait référence lorsqu’Il dit ici : « Et la vie éternelle, c’est .... »
La vie éternelle, c’est connaître celui à qui le Fils s’adresse en tant que Père (verset 1) et connaître le Fils en tant qu’envoyé par le Père. Il est le seul vrai Dieu. C’est aussi de cette façon qu’Il était connu dans l’Ancien Testament. La nouveauté – qui est aussi la vie éternelle – c’est de connaître ce seul vrai Dieu par un lien vivant avec Lui en tant que Père personnel et Jésus Christ en tant qu’envoyé par Lui, au travers duquel le Père peut être connu.
Le Fils parle de lui-même en tant que « Jésus Christ ». ‘Jésus’ est le nom de son humiliation. ‘Christ’ est le nom de son élection par Dieu et de sa glorification. Cela va bien au-delà du fait de Le connaître en tant que Messie. Il s’agit de Le connaître comme le Père Le connaît, et ce, à partir d’un lien personnel avec Lui. Connaître la vie éternelle implique une relation vivante avec les personnes divines. Cette connaissance fait entrer dans la sphère de la vie éternelle, la sphère dans laquelle on jouit de la vie éternelle.
Brièvement, nous pouvons peut-être dire que la vie éternelle est ceci : la communion avec le Père et le Fils, c’est-à-dire le fait de jouir de la même partie que le Père et le Fils, ensemble avec Eux.
4 - 5 La demande d’être glorifié
4 Moi, je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire. 5 Et maintenant, glorifie-moi, toi, Père, auprès de toi-même, de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût.
Le Seigneur Jésus a glorifié le Père sur la terre, cette minuscule planète de l’univers incommensurable pour l’homme, où Il a été et est encore tellement déshonoré par le péché de l’homme et de sa génération. Le Fils peut dire cela en sachant parfaitement qu’Il a fait la volonté du Père en toute chose et qu’Il L’a donc glorifié. Un homme ordinaire ne pourrait jamais dire cela, car ce que fait un homme n’est jamais parfait. Le Fils peut dire cela même à l’avance, parce qu’Il est le Fils éternel, même s’Il a achevé l’œuvre en tant qu’Homme. L’œuvre dont Il parle ici est toute l’œuvre de la manifestation du Père.
Avant que nous puissions entrer dans un lien de vie avec le Père, le Père devait d’abord être manifesté. Le point culminant de cette manifestation est la croix. Il ne s’agit pas ici de la croix comme solution à la détresse de nos péchés, mais de la manifestation complète du cœur du Père pour les siens. En vertu de cette œuvre glorieuse, le Fils, en tant qu’Homme ressuscité, demande la gloire qu’Il possède éternellement en tant que Dieu. Il demande une gloire qu’Il n’a jamais perdue. Il est devenu Homme, mais n’a pas cessé d’être Dieu et sa gloire n’a donc pas disparu.
Sa demande consiste donc à recevoir cette gloire d’une nouvelle manière, en tant qu’Homme. En tant qu’Homme, il n’a jamais possédé cette gloire, parce qu’Il n’a pas toujours été Homme. Il est devenu Homme et le reste à jamais. Il demande maintenant la même gloire en tant qu’Homme que celle qu’Il possède éternellement en tant que Fils. C’est parce qu’Il veut partager cette gloire avec nous, hommes. S’Il n’était pas devenu Homme, Il n’aurait jamais pu partager sa gloire avec nous, car nous ne pouvons pas devenir Dieu.
6 - 8 Donné par le Père au Fils
6 J’ai manifesté ton nom aux hommes que tu m’as donnés du monde ; ils étaient à toi, et tu me les as donnés ; et ils ont gardé ta Parole. 7 Maintenant ils ont connu que tout ce que tu m’as donné vient de toi ; 8 car les paroles que tu m’as données, je les leur ai données, et ils les ont reçues ; ils ont vraiment connu que je suis sorti d’auprès de toi, et ils ont cru que c’est toi qui m’as envoyé.
Le Seigneur Jésus explique maintenant comment les mortels ont pu être amenés à une relation aussi étroite avec le Père. Il mentionne tout d’abord la manifestation du nom du Père. Cette manifestation ne peut être donnée qu’à des personnes qui n’appartiennent plus au monde. Elles ont aussi été prises du monde par le Père et ainsi données au Fils. Ceux qui appartiennent désormais au Fils se distinguent ainsi clairement du monde.
Le monde a manifesté sa haine du Père et de son Fils. À cela s’oppose, comme le plus grand contraste possible, la manifestation du nom du Père à ceux qui sont les objets de l’amour du Père. C’est à eux que le Fils a révélé le Nom du Père afin de leur faire connaître le Père de cette façon.
Cette manifestation du nom du Père s’est faite à travers sa vie, ses paroles et ses œuvres. Les hommes que le Père a donnés au Fils étaient au Père. Cela indique l’intention éternelle du Père et son élection pour les donner au Fils. Cela est donc complètement distinct de tout lien avec Israël et avec Lui en tant que l’Éternel. Ils lui ont été donnés par le Père.
Le fait qu’ils étaient au Père et qu’ils sont maintenant au Fils est évident si l’on considère qu’ils ont gardé la parole du Père. La parole du Père est tout ce que le Père a dit au sujet du Fils. Le Seigneur Jésus considère les siens comme un précieux trésor qui Lui a été donné par le Père. Il ignore ici toute l’incompréhension qu’ils ont eue et manifestée à ce sujet. Ils ont gardé la parole du Père – qui est en fait le Fils lui-même.
Cependant, ils n’ont pas seulement gardé la parole du Père au sujet du Fils. Ils ont aussi connu que le Père est la source de tout ce qui a été donné au Fils. Le fait que le Père ait tout donné au Fils ne signifie pas que le Père l’ait perdu. Le Fils a reçu ce qui est et reste la propriété du Père.
Il s’adresse à son Père pour Lui recommander que les siens ont non seulement gardé la parole du Père concernant le Fils, mais qu’ils ont aussi reçu et accepté les paroles du Père par le Fils. Les paroles du Fils n’étaient pas d’autres paroles que celles du Père. En acceptant les paroles du Fils, ils ont vraiment connu que le Fils est sorti d’auprès du Père et ils ont cru que le Père L’a envoyé.
Aussi peu qu’ils aient compris tout ce qu’Il a dit à ce sujet, ici, Il voit leur cœur. Ils ont reçu ses paroles et, avec elles, tout ce qui est exprimé dans ces paroles, même si cela dépasse leur pensée. En recevant ses paroles, qui sont les paroles du Père, ils ont accepté toute la relation entre le Fils et le Père.
Le fait qu’Il soit sorti d’auprès du Père signifie qu’en tant que Fils éternel, Il a manifesté le Père. Le fait que le Père L’ait envoyé signifie que, en tant qu’Homme dépendant, Il a fait tout ce que le Père Lui a dit de faire.
9 - 12 La demande de garde et d’unité
9 Moi, je fais des demandes pour eux ; je ne fais pas de demandes pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi 10 (et tout ce qui est à moi est à toi ; et ce qui est à toi est à moi), et je suis glorifié en eux. 11 Je ne suis plus dans le monde, et eux sont dans le monde ; moi je viens à toi. Père saint, garde-les en ton nom que tu m’as donné, afin qu’ils soient un comme nous. 12 Quand j’étais avec eux, je veillais sur eux en ton nom ; j’ai gardé ceux que tu m’as donnés, et aucun d’eux n’a été perdu, excepté le fils de perdition, afin que l’Écriture soit accomplie.
Le Seigneur Jésus, aux oreilles de ses disciples, prononce une fois de plus qu’Il fait une demande pour eux. Avec le monde et aussi avec Israël, Il n’a plus aucun lien. La distinction n’est plus entre les Juifs et les païens, mais entre ses disciples et le monde.
Il ne fait pas une demande pour le monde. Pour le monde, Il n’a plus de prière ; le monde est sous le jugement. Le moment où Il fera la demande du monde pour le revendiquer comme son bien légitime, comme son héritage, viendra lorsque le Père le lui dira (Psa 2:8). Il se préoccupe pour ainsi dire des héritiers et non de l’héritage.
En attendant le moment où Il fait la demande de l’héritage, Il fait la demande au Père pour ceux qu’Il amène encore devant le Père comme étant « à toi ». Comme mentionné, le Père n’a pas perdu ce qu’Il a donné au Fils. Cela reste à Lui. En même temps, ils appartiennent aussi au Fils. En effet, tout ce qui appartient au Fils appartient au Père. L’inverse est aussi vrai : tout ce qui appartient au Père Lui appartient. Dans le premier cas, un homme peut dire à Dieu, dans le second non. Seul le Fils peut dire que tout ce qui est du Père est aussi de Lui, parce qu’Il est un avec le Père. Les disciples appartiennent à la fois au Père et au Fils. En même temps, ce que le Père donne au Fils, c’est pour la glorification du Fils.
Il en parle sans aucune retenue ni limitation au Père qu’Il est glorifié en les siens. Nous voyons ici encore que le Fils voit les siens dans leur relation parfaite avec Lui et non dans leur faible pratique. Il est glorifié en eux parce qu’ils croient en Lui et Le reconnaissent en qui Il est, même s’ils ont si souvent montré qu’ils n’en comprenaient pas la profondeur.
Lorsque le Seigneur Jésus dit qu’Il n’est plus dans le monde, cela signifie qu’Il se place déjà derrière la croix comme déjà glorifié. Il sait aussi parfaitement que les siens sont encore dans le monde et que ce monde leur est très hostile. C’est pourquoi Il s’adresse au Père pour eux, sans défense, en Lui faisant la demande de les garder en son nom, au nom du Père.
Il s’adresse au Père en L’appelant « Père saint ». Cela souligne la séparation totale entre le Père et le monde. Le Père est totalement séparé du monde ; Il n’a aucun lien avec lui. Rien de tout cela ne Lui colle à la peau ou n’est capable d’avoir la moindre influence sur Lui. En se fondant sur cette base, quelques versets plus loin, le Seigneur Jésus fera aussi la demande qu’ils soient sanctifiés. Ici, Il fait sa demande pour eux en tant que ceux que le Père Lui-même Lui a donnés. Il rappelle au Père, pour ainsi dire, ce grand don comme un motif spécial de les garder, c’est-à-dire de les garder des influences du monde.
Il fait la demande de les garder et non pas si le Père interviendra en puissance en leur faveur en détruisant leurs ennemis. Ce temps vient et il vient pour les siens d’Israël. Leur garde n’est pas seulement liée à l’aspect de la sécurité face à un monde mauvais. Avec sa demande de leur garde, Il a aussi en vue leur unité entre eux.
L’être un a été accompli par le don du Saint Esprit en tant que fruit de son œuvre rédemptrice. Cet être un concerne les douze apôtres dans leur témoignage concernant le Fils. Il est important qu’en dépit de leurs différences, ils rendent un témoignage unanime concernant le Fils. Aucune divergence d’opinion ne doit gâcher ce témoignage. Que l’unité ait été maintenue dans leur témoignage, nous le voyons lorsque nous lisons leur service dans le livre des Actes et les lettres que nous avons d’eux dans la Bible.
Le Seigneur Jésus fait la demande de la garde de son Père parce que lui-même ne sera plus avec eux et qu’Il ne peut pas les garder ainsi au nom du Père. Pendant les trois ans et demi au cours desquels les siens sont allés avec Lui, Il s’est occupé d’eux avec une fidélité sans faille. Dans ces soins, Il s’est toujours concentré sur le nom du Père. C’est aussi ce qu’Il a en tête lorsqu’Il ne sera plus avec eux.
Sa garde ne s’appliquait pas à Judas parce qu’il avait fermé son cœur à l’œuvre de l’Esprit de Dieu. Il n’était pas un enfant de Dieu, mais « le fils de perdition ». Il aimait l’argent et s’est mis à la disposition de Satan pour cela. Si les choses se sont passées comme elles se sont passées avec Judas, ce n’est pas parce que le Seigneur n’a pas pris soin de lui. Il ne lui a pas échappé des mains. La perdition d’une telle conduite est annoncée par l’Écriture. Ce n’est pas le nom de Judas qui a été prédit, mais le résultat de quelqu’un qui agirait de la sorte.
13 - 16 Les disciples dans le monde
13 Et maintenant je viens à toi et je dis cela dans le monde, afin qu’ils aient ma joie accomplie en eux-mêmes. 14 Moi, je leur ai donné ta Parole, et le monde les a haïs, parce qu’ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde. 15 Je ne fais pas la demande que tu les ôtes du monde, mais que tu les gardes du mal. 16 Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde.
En particulier, le Fils va maintenant parler au Père des disciples dans leur rapport au monde. Il vient au Père et s’adresse à Lui pour Lui parler des siens, pour Lui confier la suite de la prise en charge des disciples. Il le fait dans le monde dans lequel Lui aussi se trouve encore, pour qu’ils l’entendent. Eux aussi sont dans le monde et y resteront quand Il les aura quittés pour s’en aller au Père. Ils ne sont plus du monde, ils n’appartiennent plus au monde, mais ils doivent encore le traverser.
Maintenant, ils entendent le Fils parler sur eux en connaissance de la situation dans laquelle ils se trouvent. Comme leur cœur a dû se réjouir de l’entendre parler ainsi au Père à leur sujet. Cette conscience de l’attention et de l’amour du Père à son égard a toujours rempli de joie le Seigneur Jésus lui-même dans sa vie sur la terre. Sa joie, il la trouve toujours dans ses rapports avec son Père.
Par sa prière, les disciples peuvent savoir qu’eux aussi peuvent toujours être en communion avec le Père, que le Père est toujours parfaitement attentif à eux et qu’Il désire être en communion avec eux. Le Fils est venu ici au nom du Père et a trouvé sa joie en servant les intérêts du Père. Ils seront donc désormais ici en son nom et auront en eux la même joie que ceux qui servent le Père en présentant le Fils.
Pour pouvoir le faire, le Fils leur a donné la parole du Père. « Ta parole », ici, c’est encore la pleine manifestation du Père qu’Il a apportée. La ‘parole’ est le mot grec ‘logos’, qui signifie l’expression de ses pensées. De plus, Il fait la demande si le Père les gardera lorsqu’ils prendront sa place dans la présence du monde. Il s’engage envers eux en présence du Père, ce qui est une grande bénédiction. Il ne s’engage pas moins envers eux en présence du monde et c’est aussi une grande bénédiction. C’est sa place dans les deux cas. Là où Il est, les siens sont, et là où les siens sont, Il est.
Le Seigneur Jésus dit qu’ils ne sont pas du monde. Il veut dire par là que, fondamentalement, ils n’appartiennent pas au monde parce qu’ils sont liés à Lui. Cela doit entraîner qu’ils se comportent aussi de cette façon. C’est terrible s’ils, et nous aussi, donnaient même l’impression d’être du monde de toute façon. Cela signifierait la négation de la véritable relation avec le Père.
Le Seigneur ne fait pas la demande que le Père les ôte du monde. Ôter les siens a lieu lors de l’enlèvement des croyants (1Th 4:16-17). A ce moment-là, Il les arrache au monde. Jusque-là, ils doivent rester dans le monde où règnent les ténèbres, la haine et la mort. C’est dans cette optique qu’Il fait la demande que le Père les gardes du mal.
Il n’est pas question qu’ils se gardent en sortant du monde, par exemple en se retirant derrière les murs épais d’un monastère. La monastique est contraire à ce que dit ici le Seigneur Jésus. La séparation du monde voulue par Dieu ne se réalise pas en s’isolant. Le mal est à l’intérieur de nous-mêmes. Le Fils demande au Père que le méchant qui se cache derrière le système diabolique du monde n’ait pas de prise sur eux (cf. Mt 6:13).
Il répète avec insistance leur identification à Lui dans leur séparation du monde (verset 14). Cette répétition est nécessaire car nous oublions facilement cette séparation. Ce n’est que si l’œil reste fixé sur Christ que nous continuerons à voir que nous sommes séparés du monde. Christ lui-même est l’exemple absolu de la séparation d’avec le monde. Il est bien venu dans le monde, mais Il n’en a jamais fait partie, même pour un instant. Sa place et son attitude à l’égard du monde définissent celle des disciples et aussi la nôtre.
17 - 19 La sanctification
17 Sanctifie-les par la vérité : ta Parole est la vérité. 18 Comme tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. 19 Et moi, je me sanctifie moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctifiés par la vérité.
Ensuite, le Fils fait la demande au Père de les sanctifier. Par la sanctification, nous sommes mis en conformité avec le Père saint. La sanctification est une mise à part pour Lui. Ils ont été mis en contact avec la vérité de la Parole du Père qui leur est parvenue dans le Fils. Ils ont connu et reçu cette Parole. En conséquence, ils sont entrés dans un autre monde, le monde du Père et du Fils. Le Fils a donné la Parole du Père qui nous introduit dans son amour, dans ses pensées, dans ses desseins, dans sa gloire. En étant dans ce monde, nous sommes vraiment mis à part (sanctifiés). C’est ce qui produit la vérité.
Aussi, cela va bien au-delà de la loi, qui sépare aussi, mais nationalement et seulement pour Israël, des nations qui les entourent. Être mis à part du monde ne signifie pas que nous n’avons rien à voir avec le monde. Nous ne sommes pas dans le monde parce que nous nous y trouvons par hasard, mais nous y sommes dans un but précis. Nous sommes envoyés dans le monde, tout comme le Fils a été envoyé dans le monde par le Père. Cela signifie que nous avons une parole pour ce monde, comme Il l’avait. La sanctification ne conduit pas à l’isolement, mais à l’utilité pour apporter la vérité à un monde qui vit dans le mensonge.
Notre sanctification se produit non seulement par la parole du Père, mais aussi par la sanctification du Fils pour nous. Cette sanctification consiste à ce qu’Il s’en aille littéralement du monde pour prendre une place sanctifiée auprès du Père. Il est là pour nous. Il est là comme notre modèle de sanctification. Sa place auprès du Père est notre place. Il y a un pouvoir sanctifiant dans la vérité (verset 17) et il y a un pouvoir sanctifiant à voir Christ dans la gloire (verset 19).
Il y a donc deux vérités glorieuses qui sanctifient le croyant au présent. La première vérité est la manifestation du Père dans sa Parole qui nous est parvenue par et en le Fils. La seconde vérité est la connaissance de la gloire du Fils en tant qu’homme ressuscité et glorifié dans le ciel. Lorsque ces deux vérités sont devant notre attention par le Saint Esprit, nous vivrons une vie sanctifiée.
20 - 21 L’unité de tous les croyants
20 Ce n’est pas seulement pour eux que je fais des demandes, mais aussi pour ceux qui croient en moi par leur parole ; 21 afin que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi ; afin qu’eux aussi soient un en nous, afin que le monde croie que c’est toi qui m’as envoyé.
Ici, tous les croyants reçoivent une place dans la prière du Fils. Il parle au Père de ceux qui croient en Lui par « leur parole », c’est-à-dire la parole des apôtres. Nous n’avons jamais littéralement entendu les apôtres prêcher, mais nous croyons au Seigneur Jésus grâce à ce qu’ils nous ont laissé dans la parole de Dieu. Ce que le Seigneur Jésus demande pour nous, c’est que nous soyons un comme le Père et le Fils sont un. Cela implique une unité de vie, la possession de la nature divine. Il ne s’agit donc absolument pas d’une unité ayant pour caractéristique que les membres sont enfermés dans le même système. Il ne s’agit même pas directement de l’unité du corps de Christ, bien que cette unité soit aussi basée sur une unité de vie.
L’unité dont Christ parle ici est une unité provoquée par le fait que chaque enfant de Dieu a le Fils pour vie. C’est l’unité de la famille de Dieu. Nous ne sommes pas appelés à faire cette unité, mais à comprendre que tous ceux qui ont reçu le Fils sont un. La ligne de démarcation qui traverse le monde est entre ceux qui ont cette vie du Fils et ceux qui ne l’ont pas. Ce n’est pas une ligne de démarcation entre les dénominations, mais seulement entre les croyants et les incrédules.
La prière du Seigneur Jésus pour cette unité a été exaucée. Lorsque des croyants qui ne se sont jamais vus auparavant se rencontrent et détectent la même vie chez l’autre, il y a un sentiment et une expérience immédiats d’unité. Bien sûr, sur la base de cette unité, les croyants sont aussi censés agir pratiquement dans l’unité. Malheureusement, en ce qui concerne cette unité, peu de choses émanent des chrétiens. Il s’agit d’une unité dont la communion est vécue comme le Père et le Fils ont communion et en font l’expérience l’un avec l’autre.
L’unité est comme le Père et le Fils, mais aussi une unité en le Père et le Fils. Elle est selon le modèle de l’unité du Père et du Fils et elle est en communion avec le Père et le Fils. Notre unité est fondée sur l’unité du Père et du Fils. Il s’agit de la même communauté de vie. Si la nature divine caractérisait tous les croyants, quelle que soit leur nationalité ou leur origine, le monde pourrait croire qu’Il est l’envoyé du Père. Si tous les croyants propageaient cette unité, cela amènerait les gens dans le monde à la foi. C’est un témoignage adressé au monde entier.
22 - 23 L’unité dans la gloire
22 Et la gloire que tu m’as donnée, moi, je la leur ai donnée, afin qu’ils soient un, comme nous, nous sommes un, 23 moi en eux, et toi en moi, afin qu’ils soient accomplis en un, et que le monde connaisse que c’est toi qui m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé.
Le Fils va maintenant parler de la période qui suit le séjour des disciples dans le monde. Il pense au moment où ils seront avec Lui. Ils auront alors la gloire qu’Il a reçue. Dans sa prière, Il dit qu’Il leur a déjà donné la gloire qu’Il a reçue du Père. Il s’agit de la gloire qu’Il a reçue du Père en tant qu’homme, en récompense de son travail. Dans sa grande grâce, Il partage cette gloire avec ceux que le Père Lui a donnés (verset 6) et à qui Il a aussi déjà donné la vie éternelle (verset 2). C’est précisément parce qu’Il a reçu cette gloire du Père en tant qu’homme qu’Il peut la partager avec les hommes.
Par conséquent, tous ceux qui partagent cette gloire sont un, de la même manière que le Père et Lui sont un. Il s’agit aussi d’une gloire qui vient du Père, qu’Il a donnée au Fils, et que le Fils donne ensuite aux croyants. Cela permet au Seigneur Jésus de dire qu’Il s’agit d’une unité par laquelle il est aussi en eux et par laquelle le Père est en Lui. « Moi en eux, et toi en moi » signifie que le Fils se manifestera dans les croyants à son retour, une manifestation dans laquelle le Père se manifestera aussi en Lui. Lorsque cette situation est arrivée, les croyants sont devenus parfaitement un. Il s’agit d’une troisième unité, après l’unité des apôtres au verset 11 et celle de tous les croyants actuellement sur la terre au verset 21.
Dans cette unité future et parfaite, aucune défaillance n’est possible. Lorsque Christ reviendra avec les siens dans la gloire, ils auront la même gloire que Lui (Php 3:20-21) et l’unité sera vue par le monde. Le monde verra le Père dans le Fils et ils verront le Fils dans les saints. Le monde connaîtra alors que le Père a envoyé le Fils et que le Père a aimé les croyants comme Il a aimé le Fils, car cela ne peut être nié lorsque le monde verra Christ et les siens dans la gloire (2Th 1:10).
Le monde connaîtra aussi que le Père nous a aimés, car le fait que les croyants posséderont la même gloire que Christ en sera la preuve. Ce que le monde connaîtra alors est maintenant vrai. Ce que le monde verra alors renvoie à ce que Lui et aussi eux étaient sur la terre en tant qu’objets de l’amour du Père.
24 La volonté du Seigneur Jésus pour les siens
24 Père, je veux, quant à ceux que tu m’as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu’ils contemplent ma gloire, que tu m’as donnée ; car tu m’as aimé avant la fondation du monde.
Dans les derniers mots de sa prière, nous entendons le Fils s’adresser une fois de plus avec insistance au Père en L’appelant « Père ». Ce qu’Il dit au Père n’est pas une prière, ce n’est même pas faire une demande, mais l’expression de sa volonté. Il fait ici entendre sa volonté divine, « je veux », tout comme Il a dit un jour à un lépreux : « je veux, sois net » (Mt 8:3). Il ne le fait pas parce que sa volonté ne serait pas la même que celle du Père, mais pour nous faire comprendre que sa volonté est parfaitement celle du Père.
Ce qu’Il fait connaître ici comme étant sa volonté, c’est qu’Il veut que nous soyons avec Lui là où Il est, dans la maison du Père (Jn 14:3). Il veut que nous soyons là pour nous montrer sa gloire. Il ne s’agit pas de sa gloire en tant que Fils éternel, car seul le Père la connaît parfaitement et ne peut être vu par nous (Mt 11:27). Il reste pour nous, qui sommes et restons des créatures, une gloire dans le Seigneur Jésus qui ne peut absolument être connue que par les deux autres personnes divines.
Il ne s’agit pas non plus de la gloire qui sera vue lors de sa manifestation au monde, car cette gloire, nous la partagerons avec Lui. Ici, il s’agit de la gloire que le Père Lui a donnée en vertu de sa glorification par Lui sur la terre. Il reçoit cette gloire en vertu de sa relation personnelle d’amour que le Père, depuis l’éternité, avait pour Lui en tant que Fils éternel. Nous pouvons voir comment Il en jouit éternellement en tant qu’Homme.
Nous ne partagerons pas cette gloire, mais nous la verrons dans la maison du Père. C’est bien la gloire du verset 5, la gloire donnée, mais dans un aspect de la gloire qui n’appartient qu’à Lui. Nous Lui accorderons aussi cela de bon cœur et L’admirerons dans cet aspect. Il y a dans sa gloire des aspects qui dépassent toujours la gloire que nous pouvons partager avec Lui. En tant que le plus glorieux de tous, Il reste bien au-dessus de nous.
25 - 26 L’œuvre permanente du Seigneur Jésus
25 Père juste – et le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu ; et eux ont connu que toi tu m’as envoyé. 26 Je leur ai fait connaître ton nom et je le leur ferai connaître, afin que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et moi en eux.
Au verset 11, le Seigneur Jésus s’est adressé au « Père saint », car sa sainteté doit déterminer la séparation des disciples dans le monde. Ici, Il contemple le monde dans son péché et son aveuglement et s’adresse au « Père juste ». Il ne parle pas non plus du monde comme du système qui L’a haï, mais comme du système que le Père ne connaissait pas lorsque le Père est venu au monde dans le Fils. À l’inverse, le Fils déclare qu’Il L’a connu et que ses disciples ont connu que le Père l’avait envoyé. Il connaît le Père et les siens connaissent le Père par Lui. Eux aussi lui appartiennent maintenant.
Il a exprimé le nom du Père dans tout son Être, comme Lui seul pouvait le faire. Il l’a fait sur la terre. Il le fera aussi depuis le ciel, et ce, afin de donner aux disciples et aussi à nous la conscience du même amour du Père que celui qu’Il avait lorsqu’Il était sur la terre.
Pour ôter toute hésitation aux disciples, Il ajoute qu’Il sera lui-même en eux comme leur vie. Non seulement l’amour du Père pour le Fils est en eux, mais le Fils lui-même est en eux. Par conséquent, ils sont capables de vivre sa vie. Cette vie est tout pour le Père. Par conséquent, le Père les aimera aussi comme Il aimait le Fils lorsqu’Il était sur la terre. En un sens, Christ sera donc tout en tous chez ceux qui L’ont comme vie (cf. 1Cor 15:28).