1 L’amour sans fin
1 Avant la fête de Pâque, Jésus, sachant que son heure était venue pour passer de ce monde au Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’à la fin.
Le Seigneur s’est retiré avec ses disciples pour être seul avec eux. Il veut leur ouvrir son cœur et leur dire qui est son Père pour eux. Comme Il est sur le point de les quitter, Il veut leur présenter de diverses manières ce qu’est leur nouvelle place devant Dieu le Père et dans le monde, en contraste avec leur place en Israël. Pour leur dire cela, Il s’est installé dans la chambre haute d’une maison de Jérusalem. Dans cette chambre haute, Il veut célébrer la Pâque avec eux.
Dans les autres Évangiles, nous lisons les préparatifs de cette fête et nous apprenons les circonstances extérieures de la Pâque (Lc 22:8-13). Jean ne se préoccupe pas de cela. Il décrit un autre type de préparation. Il écrit sur l’esprit ou le sentiment dans lequel le Seigneur rassemble les siens pour la célébrer. Il nous fait goûter, en quelque sorte, l’atmosphère d’amour divin dans laquelle se déroule cet événement. Cette préparation est faite par le Seigneur lui-même. Il le fait en pleine conscience du fait que son heure est venue (Jn 12:23 ; 17:1 ; cf. Jn 2:4 ; 7:30 ; 8:20).
Christ est le seul Homme avec lequel rien d’inattendu n’arrive jamais. Il sait tout parfaitement à l’avance. Que son heure soit venue signifie qu’Il mourra sur la croix, rejeté par les hommes et abandonné par son Dieu. Pourtant, Jean ne parle pas de cela. Ce que Jean dit de la fin de la vie de Christ sur la terre convient à son Évangile. Jean ne décrit pas la méchanceté de l’homme ou de Satan, ni la colère de Dieu sur le péché, mais nous parle du départ du Fils du monde pour aller vers le Père. C’est ce qui préoccupe le Seigneur Jésus et qui constitue la toile de fond des chapitres à venir.
Ces chapitres sont consacrés au Père et à ce que le départ du Fils vers le Père signifie pour ses disciples en tant qu’objets de son amour. Tout est connu et ressenti par le Fils dans la présence du Père. Par conséquent, le fait qu’il aille au Père en quittant ce monde est directement associé à l’amour qu’Il porte aux siens qui sont dans le monde.
Au début de cet Évangile, nous lisons aussi au sujet des « siens » (Jn 1:11). Il y est question de son peuple, Israël, comme étant les siens, mais que les siens, son peuple, ne L’ont pas reçu. Aujourd’hui, Jean parle à nouveau des « siens ». Il ne s’agit pas de son peuple dans son ensemble, mais de ceux de son peuple qui L’ont reçu. Ils sont vraiment les siens, ils Lui appartiennent, ils sont ses brebis.
Pour eux, son aller au Père signifie une grande perte. Comme ils se sentiront seuls dans un monde hostile. Le Seigneur Jésus en est conscient et c’est pourquoi Il leur laissera une preuve impressionnante de son amour pour eux, un amour qui sera là jusqu’à la fin. La preuve de cet amour immense concerne certainement son œuvre sur la croix. Là, nous pouvons penser à une profondeur infinie de l’amour.
Son amour s’étend aussi dans la longueur, dans l’avenir, car c’est un amour dont, aussi loin que l’on regarde, on ne peut pas voir la fin. C’est ce que Jean veut dire lorsqu’il écrit « aima jusqu’à la fin ». Si nous pouvons considérer quelque chose comme un point final, son amour va encore plus loin. Aussi loin que nous puissions voir dans l’avenir, son amour s’y trouve aussi. Quels que soient la misère et le chagrin que nous puissions connaître, son amour va plus loin. La mesure de cet amour ne peut être sondée ou mesurée. Nous ne pouvons qu’expérimenter et admirer cet amour.
2 - 4 La préparation du lavement des pieds
2 Pendant qu’ils étaient en train de souper (le diable ayant déjà mis dans le cœur de Judas Iscariote, [fils] de Simon, de le livrer), 3 [Jésus], sachant que le Père lui a tout remis entre les mains, qu’il est venu de Dieu et s’en va à Dieu, 4 se lève du souper et met de côté ses vêtements ; puis ayant pris un linge, il le serra autour de sa taille.
Après les mots d’introduction sur le fait qu’il va vers le Père et qu’il aime les siens, nous avons droit à la scène du lavement des pieds lors du souper. Mais Jean mentionne d’abord ce que le diable a réussi à faire dans le cœur de Judas. Nous voyons ainsi le grand contraste entre l’action du Seigneur et celle de Judas. Le Seigneur agit par l’Esprit d’amour pour le Père et les siens, tandis que Judas s’est ouvert au diable. Le Seigneur Jésus se donne pour les autres ; Judas abandonne le Seigneur pour son intérêt personnel.
Lorsque le souper a commencé, le Seigneur se lève pour servir les siens. Alors qu’Il se lève pour le faire, Il est pleinement conscient du lien qui L’unit à son Père. Il sait qu’en tant que Fils du Père, Il a reçu de Lui toutes choses entre ses mains, tout comme Il sait qu’Il sera bientôt entre les mains d’hommes dépravés. Il est donc impressionnant de réaliser que celui qui s’est levé pour rendre service aux disciples est le Fils éternel qui, en tant qu’Homme, reçoit toutes choses des mains du Père afin de les partager avec ceux qui participent à sa mort et à sa résurrection.
Il est aussi remarquable qu’au verset 3, les termes « le Père » et « Dieu » soient tous deux mentionnés. Lorsque nous lisons le nom « Père », il est généralement associé à nos privilèges, à nos bénédictions. Lorsque nous lisons le nom « Dieu », c’est généralement en rapport avec nos responsabilités.
Le Seigneur Jésus sait qu’Il est venu de Dieu pour servir Dieu sur la terre. Il sait aussi qu’Il a complètement accompli ce service à la gloire de Dieu et qu’Il s’est donc complètement acquitté de sa responsabilité. C’est pourquoi Il peut à nouveau aller à Dieu. Cette relation du Fils avec son Père et son Dieu est le point de départ du lavement des pieds. Le Fils veut que nous puissions de part avec Lui à ce qu’Il a reçu du Père et fait pour Dieu. Pour cela, nous avons besoin du lavement des pieds.
La communion avec le Fils dans ce que le Père Lui a donné n’est possible que si nous sommes conscients que ce Père est aussi le Dieu saint en présence duquel rien ne peut exister qui ait trait au péché. Personne n’en est plus conscient que le Fils. Il connaît parfaitement son Père et son Dieu et il sait exactement comment son Père et son Dieu L’apprécie. C’est aussi pourquoi personne d’autre que Lui ne peut prendre sur Lui la purification des souillures par laquelle une personne est apte à jouir de la part avec Lui. C’est pourquoi Il se lève du souper et met de côté ses vêtements. Symboliquement, Il renonce à toute la gloire que son Dieu et Père Lui a donnée.
Nous lisons ensuite qu’Il prend un linge. Il le fait avec les mains dans lesquelles le Père a remis tout. Il n’utilise pas ses mains pour exercer son pouvoir, mais pour servir. Il utilise ses mains pour laver les pieds de ses disciples. Il serre ensuite le linge qu’Il a pris autour de sa taille. Il se ceint. Se ceindre indique que l’on sert (Lc 12:37 ; 17:8). À travers ce qu’Il fait à ses disciples, il nous donne une leçon inoubliable d’humilité. Il semble que Pierre ait compris cette leçon (1Pie 5:5).
5 Le lavement des pieds
5 Ensuite il verse de l’eau dans le bassin, et se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge dont il était ceint.
Lorsque le Seigneur s’est préparé pour son ministère, Il verse de l’eau dans le bassin et commence à laver les pieds des disciples, puis les essuie avec le linge dont Il s’est ceint. Le lavement des pieds effectué par le Seigneur a une signification spirituelle. Ici, le Seigneur sert comme esclave. Lorsqu’Il est devenu Homme, Il a pris la forme d’un esclave (Php 2:7). Cette position et ce service d’esclave, Il ne les abandonne jamais (Lc 12:37 ; Exo 21:5-6).
Nous pourrions penser qu’Il a cessé d’être un esclave lorsqu’Il est entré dans la gloire. Il nous montre ici que ce n’est pas le cas. Il commence ici un nouveau service avec les siens qui consiste à enlever les impuretés qu’ils ont acquises en marchant dans le monde. Pour cette purification, Il utilise la parole de Dieu qui est comparée à de l’eau (Éph 5:26 ; Jn 15:3). Lorsque nous lisons la parole de Dieu, Il s’efforce de rendre notre esprit à nouveau net. S’il y a des choses erronées dans notre vie, Il nous en fait prendre conscience par sa Parole. Nous pouvons alors confesser ces choses et ne plus les faire (Pro 28:13b). C’est la purification qu’Il opère.
Pour cette purification, le Seigneur utilise de l’eau et non du sang. Il s’agit de présenter la vérité, c’est-à-dire la parole de Dieu comme ce qui purifie. Le sang a davantage l’aspect d’une propitiation. Il utilise la Parole pour purifier ceux qui ont déjà été réconciliés par le sang. Le sang purifie en vue de Dieu, l’eau purifie en vue du croyant. Le sang n’est aussi appliqué qu’une seule fois. Dieu voit toujours sa valeur. L’effet est éternel. Le croyant est sanctifié une fois pour toutes par le sang (Héb 9:12 ; 10:14). L’application du sang n’a jamais besoin d’être répétée, pas plus qu’une personne née de Dieu une fois n’aurait besoin de naître de Dieu à nouveau.
Après avoir lavé les pieds, le Seigneur les essuie avec le linge dont il était ceint. Le fait d’essuyer a aussi une signification spirituelle importante. Essuyer les pieds signifie se débarrasser du souvenir de la purification. Si quelqu’un a été purifié d’un péché par le Seigneur à travers sa Parole, Il n’y revient pas. Ceci est aussi important pour les croyants entre eux. Si un croyant pèche et que quelqu’un d’autre le lui fait comprendre et que le péché est confessé, alors ce péché a été ôté. Les autres ne peuvent pas revenir sur cela.
6 - 8 Avoir de part avec le Seigneur Jésus
6 Il vient à Simon Pierre ; celui-ci lui dit : Seigneur, tu me laves les pieds, toi ? 7 Jésus lui répondit : Ce que je fais, tu ne le sais pas maintenant, mais tu le comprendras par la suite. 8 Pierre lui dit : Non, tu ne me laveras jamais les pieds ! Jésus lui répondit : Si je ne te lave pas, tu n’as pas de part avec moi.
Lorsque le Seigneur s’approche de Pierre pour lui laver les pieds, Pierre résiste. Il pense qu’il n’est pas convenable que le Seigneur lui lave les pieds. Il est certainement le Seigneur, n’est-ce pas ? Alors Lui, le Seigneur, ne peut pas se plier à lui. Pierre révèle ici un trait de caractère que beaucoup d’entre nous ont aussi. Il nous arrive de ne pas vouloir rendre nous-mêmes ce service humble, mais il nous arrive aussi de refuser qu’on nous rende ce service, même si nous justifierons notre refus différemment de ce que fait Pierre ici. Une telle attitude montre que le péché ne nous dérange pas tant que ça, après tout. Nous devons apprendre – et cela doit nous pénétrer profondément à cause de ce que le Seigneur fait ici – que l’impureté que nous encourons en parcourant le monde est si mauvaise que rien d’autre que l’humiliation de Christ ne peut nous en purifier.
Le Seigneur répond à Pierre qu’il ne sait pas maintenant ce qu’Il fait, mais qu’il comprendra par la suite. Il veut dire par là que Pierre ne comprendra pleinement qu’après la venue du Saint Esprit. Il est peut-être aussi possible que, par là, le Seigneur indique à l’avance la déclaration qu’Il donne après le lavement des pieds. Nous pouvons également penser que Pierre comprendra lorsqu’il aura fait l’expérience de la réalité spirituelle de la restauration par le Seigneur après son reniement.
Pierre n’est pas très impressionné par les paroles du Seigneur. Il ne modère pas son ton mais Le contredit vigoureusement. Il ne participera jamais à ce qu’il considère comme un acte trop humiliant pour le Seigneur. Avec les mêmes affirmations fortes, Pierre dit aussi que le Seigneur ne souffrirait pas et ne mourrait pas (Mt 16:21-23). Il parle sans connaissance de soi et sans connaissance du Seigneur. Le Seigneur lui explique clairement les conséquences s’Il ne le lave pas. Alors, il n’a pas de part avec Lui.
Le Seigneur ne dit pas : ‘Tu n’as de part à moi.’ Chaque croyant a part à Lui. Le Seigneur parle « de part avec moi ». Cela signifie qu’un croyant partage avec Lui tout ce qui est sa part, c’est-à-dire tout ce que le Père Lui a donné (verset 3). Depuis l’éternité, Il a toujours tout possédé en tant que Fils éternel et Créateur. Mais Il est devenu Homme et maintenant, en tant qu’Homme, Il possèdera ce qui a toujours été sa possession en tant que Fils éternel. Cela Lui a permis de le partager avec les hommes. Ainsi, nous avons reçu la vie de Lui, parce qu’Il est la vie.
Pour partager avec le Fils ce qu’Il a reçu en tant qu’Homme, il est nécessaire que le croyant soit purifié de tout ce qui le souille. Il ne faut même pas tellement penser aux péchés concrets, même si les péchés sont bien sûr un obstacle pour jouir avec le Fils de ce que le Père Lui a donné. Il s’agit de contracter une impureté purement par le fait de notre passage dans le monde. Il s’agit de l’impureté contre laquelle nous ne pouvons rien, mais qui est là tout autant. Le Seigneur Jésus a lavé les pieds des disciples parce qu’ils se souillaient inévitablement à force de marcher dans les rues de Jérusalem.
De même, nous aussi, nous nous polluons spirituellement en parcourant le monde. Sans y être invités ou sans l’avoir cherché, nous voyons et entendons quotidiennement des choses qui souillent notre esprit et peuvent affecter nos pensées. C’est pourquoi il est nécessaire de se purifier quotidiennement de ces dernières (2Cor 7:1). Nous subissons cette purification quotidienne lorsque nous lisons la parole de Dieu en priant. Notre esprit et nos pensées sont nettoyés par la lecture de la parole de Dieu. Aucun croyant ne peut s’en passer. Ce service de purification nous est rendu par le Seigneur Jésus lorsque nous lisons sa Parole. Il peut aussi le faire par quelqu’un que nous entendons expliquer ou appliquer la parole de Dieu lors d’une réunion, ou lorsque quelqu’un vient nous voir et nous indique quelque chose de la parole de Dieu.
9 - 11 Les disciples sont net, mais non pas tous
9 Simon Pierre lui dit : Seigneur, non pas mes pieds seulement, mais aussi mes mains et ma tête. 10 Jésus lui dit : Celui qui a tout le corps lavé n’a besoin que de se laver les pieds : il est net tout entier ; et vous, vous êtes nets, mais non pas tous. 11 Car il savait qui le livrait ; c’est pourquoi il dit : Vous n’êtes pas tous nets.
Lorsque le Seigneur lui a présenté cela, Pierre tombe dans l’autre extrême. Il veut que le Seigneur lui lave non seulement les pieds, mais aussi ses mains et sa tête. Mais ce n’est pas non plus l’intention. Le Seigneur répond à la réaction excessive de Pierre en donnant d’autres enseignements importants, comme Il le fait à chaque fois après des déclarations ou des réactions qui montrent à quel point ses paroles sont mal comprises. Il est un enseignant plein de patience.
Il explique à Pierre – et à nous ! – qu’il y a deux formes de lavage. Il y a un lavage unique de tout le corps. Cela concerne ce qui s’est passé lors de notre conversion (1Cor 6:11 ; Tit 3:5). C’est le renouvellement spirituel unique par la Parole sous l’action de l’Esprit qui ne se répète pas (Jn 3:3-6). C’est la réception de la vie nouvelle par laquelle nous sommes devenus enfants de Dieu. Celui qui est enfant de Dieu une fois ne peut pas le devenir une seconde fois. Ensuite, il est nécessaire de se laver les pieds régulièrement. Ce lavage régulier se fait aussi par la Parole (Psa 119:9).
De ces deux formes de lavage, nous avons une image dans ce qui arrivait aux sacrificateurs dans l’Ancien Testament. Lorsqu’un fils d’Aaron était consacré sacrificateur, il était entièrement lavé à cette occasion (Lév 8:6). Cet acte n’était pas répété. Lorsque le sacrificateur entrait dans le sanctuaire pour faire son service, il devait se laver ses mains et ses pieds dans la cuve (Exo 30:19). Il devait le faire chaque fois qu’il entrait dans le sanctuaire pour faire le service.
C’est cet acte répété que le Seigneur représente ici par le lavement des pieds. Seulement ici, il ne s’agit pas de laver les mains, mais les pieds, car les pieds parlent de la marche ou de tout notre comportement. Le lavement des pieds, pour rester dans l’image du service dans le tabernacle, est la préparation à l’entrée dans le sanctuaire en Jean 14-16 et à l’entrée dans le lieu très saint en Jean 17.
Dans son enseignement aux disciples, le Seigneur dit que celui qui a tout le corps lavé est net tout entier et n’a donc besoin que de se faire laver les pieds. Cependant, il y a une exception parmi les disciples, une personne à laquelle tout cet enseignement sur le lavage des pieds ne s’applique pas. Il y en a un parmi eux qui n’est pas net tout entier parce qu’il n’est pas complètement lavé, c’est-à-dire parce qu’il ne s’est pas repenti et qu’il n’a pas de vie nouvelle. Le Seigneur connaît cette exception et Il sait aussi ce qu’il y a dans le cœur de ce disciple. Le cœur de ce disciple n’est pas connecté à son cœur. Il n’y a pas de lien de vie entre Lui et ce disciple. Par conséquent, ce qu’Il a dit ne s’applique pas à un homme comme Judas.
12 - 17 Faire comme le Seigneur a fait
12 Quand donc il leur eut lavé les pieds, il reprit ses vêtements, se remit à table et leur dit : Comprenez-vous ce que je vous ai fait ? 13 Vous m’appelez maître et seigneur, et vous dites bien, car je le suis. 14 Si donc moi, le seigneur et le maître, je vous ai lavé les pieds, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres ; 15 c’est un exemple que je vous ai donné : comme je vous ai fait, moi, vous aussi faites de même. 16 En vérité, en vérité, je vous dis : L’esclave n’est pas plus grand que son seigneur, ni l’envoyé plus grand que celui qui l’a envoyé. 17 Si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites.
Le Seigneur a lavé les pieds de tous les disciples, aussi ceux de Judas. Il a repris ses vêtements et se remet à table. Il leur demande ensuite s’ils comprennent ce qu’Il leur a fait. Sa question montre qu’il y a plus dans son acte que le simple fait de s’assurer que leurs pieds sont propres pour qu’ils puissent aller à table tout frais. En posant cette question, il veut exercer leur cœur.
Sans attendre de réponse, Il va leur enseigner, ainsi que nous, ce qu’Il a fait. Il sait comment ils L’appellent et Il dit qu’ils ont raison de le faire. Ils L’appellent d’abord « maître », quelqu’un qui enseigne, et ensuite « seigneur », quelqu’un qui a autorité sur eux. Pour eux, l’ordre est qu’ils sont d’abord enseignés et qu’ils commencent ensuite à obéir. C’est souvent comme ça avec nous aussi. Nous devons d’abord voir le caractère raisonnable ou utile de quelque chose, puis nous faisons ce qui est dit.
À partir de leur reconnaissance de Lui comme leur supérieur, Il donne d’autres enseignements sur ce qu’Il a fait. Il leur dit que ce qu’Il leur a fait, ils doivent maintenant aller le faire les uns aux autres. En disant cela, le Seigneur inverse leur ordre et dit qu’Il est d’abord le seigneur et ensuite le maître. C’est-à-dire qu’il s’agit d’abord d’obéir à Lui en tant que seigneur et seulement ensuite d’accepter l’enseignement qu’Il donne à ce sujet. Le premier est le sentiment, la volonté d’obéir ; de là découle ensuite le fait d’apprendre à connaître, ou de comprendre, ce qui est demandé.
Le lavement des pieds est un acte d’amour fraternel. L’amour entre nous nous conduira à nous rendre ce service les uns aux autres afin que la communion avec le Seigneur puisse continuer à être appréciée. L’enseignement du Seigneur n’a pas été un enseignement théorique. Il leur a donné un exemple (cf. 1Pie 2:21). L’intention est qu’ils fassent ce qu’Il a fait avec eux. Ils ne L’ont pas simplement vu faire quelque chose pendant qu’ils restaient là à regarder. Non, ce que le Seigneur a fait, ils l’ont vécu personnellement.
Après son retour au ciel, Il a continué ce service. Il continue à nous purifier lorsque nous lisons sa Parole ou que d’autres nous la rappellent. Son exemple doit nous conduire à accomplir cet acte, nous y engageant ainsi.
Avec un double « en vérité » et un « je vous dis » autoritaire, Il souligne qu’ils ne peuvent pas ignorer son exemple, comme s’ils se considéraient comme trop bons pour un tel service. Il est le Seigneur et ils sont les esclaves. C’est Lui, en tant que Seigneur, qui a accompli cette humble tâche. Ils ne doivent donc pas se considérer comme plus grands que Lui en disant ‘non’ lorsqu’on leur demande de rendre ce service à d’autres. Il les envoie pour le faire ; ils sont ses ambassadeurs. Il les envoie parce qu’Il est le plus grand. Il a fait cet humble travail en tant que celui qui envoie, combien plus sont-ils obligés de faire ce travail s’Il les envoie le faire.
Il sait aussi que ‘savoir’ et ‘faire’ sont deux choses. C’est pourquoi Il les presse de faire ce qu’ils savent maintenant. Il ne le fait pas en menaçant ‘malheur à vous si vous ne faites pas ces choses’, mais en les encourageant « vous êtes bienheureux si vous les faites ». L’application de la Parole à notre comportement nous purifie de toute souillure. Cela nous permet de rester en communion imperturbable avec le Seigneur Jésus. Le véritable amour fraternel désirera la même chose pour chaque frère et sœur et c’est pourquoi le service du lavement des pieds sera aussi effectué. Et n’est-ce pas là un service qui rend bienheureux ?
Ce que le Seigneur a fait et enseigné à ses disciples peut se résumer en trois mots accrocheurs : humilité, sanctification et bonheur. Ces mots indiquent simultanément un ordre que nous ne pouvons pas inverser ou dont nous ne pouvons pas omettre un élément. Le chemin de la sanctification et du bonheur commence et se poursuit par l’humilité. L’humilité mène à la sanctification et la sanctification mène au bonheur. Il n’y a pas de bonheur sans humilité et sans sanctification.
18 - 19 Une fois de plus le traître
18 Je ne parle pas de vous tous ; moi, je connais ceux que j’ai choisis. Mais c’est afin que l’Écriture soit accomplie : “Celui qui mange le pain avec moi a levé son talon contre moi”. 19 Je vous le dis dès maintenant, avant que cela arrive, afin que, quand cela arrivera, vous croyiez que c’est moi.
Une fois de plus, le Seigneur parle de l’exception parmi les disciples. Judas n’a pas rejoint le nombre des douze par hasard. Le choix de Judas comme l’un de ses apôtres était un choix conscient de sa part. Il l’a choisi parce que l’Écriture parlait d’un homme comme Judas (Psa 41:10). Le psaume en question parle d’Akhitophel, le conseiller de David, qui devint son traître à l’heure de la grande détresse dans laquelle il se trouvait (2Sam 15:12 ; 16:21 ; 17:1,14,23). Il existe un parallèle évident entre Judas et Akhitophel, tout comme entre le Seigneur Jésus et David.
Il est particulièrement pénible d’être trahi par quelqu’un avec qui tu as mangé du pain, ce qui est un signe de communion étroite. Le fait de lever le talon signifie que l’on fait trébucher un adversaire par traîtrise. C’est ainsi que Judas a traité le Seigneur Jésus !
Alors que l’Écriture reflète le chagrin éprouvé par le Seigneur face à l’acte de Judas, il y a aussi la soumission totale à l’Écriture et, avec elle, la paix de l’acceptation. L’importance de l’Écriture et de sa connaissance est grande. Elles sont la base de toutes ses paroles et de tous ses actes. Il devrait en être de même pour nous aussi.
Cela ne signifie pas que Judas a été choisi pour livrer le Seigneur. C’est son propre choix, dont il est pleinement responsable. Le Seigneur prédit ici à ses disciples la trahison de Judas pour renforcer la foi en sa personne. Si ce qui est prédit a lieu, c’est la preuve que le prophète a dit la vérité. Il est le prophète promis (Deu 18:18-22).
20 Recevoir celui qui est envoyé par le Fils
20 En vérité, en vérité, je vous dis : Celui qui reçoit quelqu’un que j’envoie me reçoit ; et celui qui me reçoit, reçoit celui qui m’a envoyé.
Au verset 16, le Seigneur a parlé de ceux qui sont envoyés pour laver les pieds des autres. Il a dit qu’ils ne devaient pas se sentir trop bien pour faire ce travail de service. Après tout, Lui, le seigneur et maître, l’a montré lui-même et leur a ainsi donné un exemple. Il parle maintenant de ceux dont les pieds ont besoin d’être lavés. Il précise que ce n’est pas à celui qui reçoit ce service de décider si la personne qui vient lui plaît ou non. L’important est d’accepter le service du lavement des pieds.
Celui qui vient à nous pour nous laver les pieds a été envoyé par le Seigneur et doit être reçu comme tel par nous. Même si un Judas venait à nous, nous devrions quand même le recevoir et ce, parce qu’il a été envoyé par le Seigneur. Nous en recevrons donc la bénédiction, car en recevant une telle personne, nous recevons le Seigneur Jésus et le Père. Subir ce service signifiera également que nous ne partagerons pas le sort de Judas. Le sort de Judas n’est pas pour ceux qui reçoivent les envoyés du Seigneur.
21 - 30 Le Seigneur désigne le traître
21 Ayant dit cela, Jésus fut troublé dans [son] esprit et rendit témoignage : En vérité, en vérité, je vous le dis : l’un de vous me livrera. 22 Les disciples se regardaient donc les uns les autres, perplexes, [se demandant] de qui il parlait. 23 Or l’un de ses disciples, que Jésus aimait, était à table, tout contre le sein de Jésus. 24 Simon Pierre lui fait alors signe de demander qui était celui dont il parlait. 25 Lui, s’étant penché sur la poitrine de Jésus, lui dit : Seigneur, qui est-ce ? 26 Jésus répond : C’est celui à qui je donnerai le morceau après l’avoir trempé. Ayant donc trempé le morceau, il le donne à Judas Iscariote, [fils] de Simon. 27 Quand Judas eut pris le morceau, Satan entra en lui. Jésus lui dit : Ce que tu fais, fais-le vite. 28 Mais aucun de ceux qui étaient à table ne comprit pourquoi il lui avait dit cela ; 29 car quelques-uns pensaient que, puisque Judas avait la bourse, Jésus lui avait dit : Achète ce dont nous avons besoin pour la fête ; ou : Donne quelque chose aux pauvres. 30 Après avoir reçu le morceau, Judas sortit aussitôt ; or il faisait nuit.
Après avoir parlé de ceux qu’Il enverra, le Seigneur pense à Judas et est troublé dans son esprit. Son trouble intérieur n’est pas causé par la pensée de la trahison qui aura lieu et de ses conséquences, mais par le fait que l’un d’entre eux le fera, l’un de ceux qui ont été constamment en sa compagnie. Il fait savoir à ses disciples, parmi lesquels Judas est encore là, ce qui Le préoccupe à ce sujet. Il fait une déclaration solennelle à ce sujet, ce que nous voyons par le terme « rendit témoignage ». La certitude et en même temps le sérieux de cette parole sont encore soulignés par le double « en vérité » qui précède, suivi du « je vous le dis » qui fait autorité.
Les disciples se regardent les uns les autres avec désespoir, se demandant à propos de qui Il dirait cela. Cette attitude montre qu’il n’y a aucune suspicion de la part des disciples à l’égard de Judas. Il leur apparaît comme un homme parfaitement sincère. Judas est l’illustration d’un faux apôtre dont il est question en 2 Corinthiens 11 (2Cor 11:13-15). Cela montre que le Seigneur Jésus n’a jamais fait allusion au fait qu’Il se méfiait de Judas, qu’Il ne l’aimait pas ou qu’Il montrait quoi que ce soit d’autre qui l’inciterait à mettre en garde les autres disciples au sujet de Judas. Il a toujours donné à Judas sa pleine confiance.
Contre l’hypocrisie de Judas brille l’amour profond et sincère du disciple qui se trouve en présence immédiate du Seigneur Jésus. Il est tout contre le sein de Jésus. Tout contre le sein dénote un lieu d’intimité (Jn 1:18). Jean ne mentionne pas le nom du disciple. Il ne fait aucun doute qu’il parle de lui-même lorsqu’il écrit à propos du disciple « que Jésus aimait », c’est-à-dire « le disciple qui a été aimé par Jésus » (Jn 19:26 ; 20:2 ; 21:7,20,24). Il s’appelle ainsi parce qu’il est conscient que le Seigneur l’aime.
Le Seigneur aimait certainement tous les disciples, mais Jean en était conscient d’une manière particulière et se prélassait dans cet amour. Jean n’a pas pris cette place pour recevoir des communications pour les autres, mais l’intimité avec le Seigneur Jésus rend familier avec ses pensées et peut servir les autres avec cela. Pierre a reconnu la place d’intimité qu’occupait Jean. Lui-même n’a pas occupé une telle place parce qu’il attendait un peu trop de lui-même. Mais cela ne l’empêchait pas de servir le Seigneur et c’est ce qu’il a fait. Il n’est pas non plus jaloux de la place qu’occupe Jean, mais le reconnaît dans cette place en faisant de lui un signe.
Il est bon de demander à des croyants dont on sait qu’ils vivent près du Seigneur et de sa Parole quelle lumière ils ont reçue de Lui sur un sujet particulier. Jean ne pense pas que c’est une question stupide, et il ne dit pas non plus : ‘Demande-Le toi-même.’ Les disciples se complètent les uns les autres. Chacun reçoit du Seigneur sa propre formation, sa place et son service. Il est bon d’en être conscient et d’accepter et d’apprécier cela les uns des autres.
Jean demande alors de qui il s’agit. Le Seigneur répond en faisant référence à un acte symbolique lors du souper. Il dit que c’est lui à qui Il donnera le morceau de pain après l’avoir trempé. Comme Il parle explicitement de « le » morceau de pain et non d’’un’ morceau de pain, on a supposé qu’il s’agissait de l’acte par lequel l’hôte ouvre le repas. Il prend ‘le’ morceau de pain et le donne à la personne la plus importante de la table. C’est un geste d’honneur. Avec cette preuve d’honneur, le Seigneur, dans son amour et sa grâce, veut faire une nouvelle tentative pour parler au cœur de Judas afin de le ramener de son chemin pernicieux. Mais même cet hommage est rejeté par Judas.
Toutes les barrières sont alors levées pour que Satan puisse entrer en Judas. Ce rejet est la troisième et dernière étape de la chute de Judas qui est d’abord tombé dans le pouvoir de l’argent (Jn 12:6), ce qui a ensuite fait de lui un instrument de Satan pour livrer le Seigneur pour de l’argent (Jn 13:2), et ici, Satan entre en lui. Le supérieur des démons s’en charge personnellement.
Le Seigneur demande à Judas d’agir vite. Satan a maintenant l’occasion de faire ce qu’il a toujours voulu faire, car c’est maintenant l’heure de Dieu. Judas n’est pas en train de devenir un méchant. Il l’était déjà à cause de son amour de l’argent, auquel il a cédé à plusieurs reprises aux tentations quotidiennes. Le Seigneur connaît parfaitement le cœur de Judas. C’est pourquoi Il lui dit de faire vite ce qu’il doit faire.
Pourtant, personne ne se doute de ce qui se passe en Judas. Le Seigneur a donné aux disciples l’indication la plus claire, mais aucun point de leur programme ne parle de livrer le Seigneur et de sa mort. Ils ne tiennent tout simplement pas compte du fait qu’Il sera livré. Par conséquent, tout avertissement de sa part dans cette direction leur échappe. Ils ont une explication pratique de ses paroles. Judas n’a qu’à aller faire une course, comme il l’a toujours fait lorsqu’on avait besoin de quelque chose. Après tout, il avait la bourse. Ou bien il devait aller donner quelque chose aux pauvres quelque part. Apparemment, le Seigneur donnait souvent l’ordre pour cela.
Judas ne refuse pas le morceau de pain. Il sait que le Seigneur voit clair en lui. Après avoir pris le morceau de pain que le Seigneur lui a donné, il sort aussitôt, dans la nuit. C’est la nuit autour de lui, mais plus encore c’est la nuit en son âme.
31 - 32 Glorifié
31 Lorsqu’il fut sorti, Jésus dit : Maintenant, le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. 32 Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même ; et aussitôt il le glorifiera.
Lorsque le traître est sorti, le Seigneur Jésus est seul avec les siens et libre de commencer son discours du départ. Il peut ouvrir son cœur sans inhibitions. Pour qu’il y ait de la place pour connaître les pensées de Dieu ou pour les mettre en œuvre, toute entrave doit avoir été ôtée. Le Seigneur Jésus se déplace dans son esprit à la croix, où il sera glorifié en tant que Fils de l’homme. Il le dit comme si cela se passait à ce moment-là, « maintenant », quand le traître est sorti.
Il voit déjà le résultat complet devant Lui. Le ‘maintenant’ ici est le ‘maintenant’ de la croix. Ce que le traître s’apprête à faire et va faire vite contribue à la glorification du Fils de l’homme. Cette glorification a lieu dans la mort qu’Il subira sur la croix. Glorifier signifie montrer pleinement tous les attributs glorieux de l’Homme véritable qui a toujours parfaitement obéi à son Dieu en toutes choses. Cela a été visible tout au long de sa vie, mais trouvera son apogée et son couronnement sur la croix.
Sur la croix, chaque excellence divine et humaine de son Être s’est complètement épanouie. Tout ce qu’Il est en tant qu’Homme ayant vécu à la gloire de Dieu a trouvé son couronnement sur la croix. C’est là que son dévouement et son abandon se sont manifestés au plus haut point. C’est là que nous voyons un Homme tel que Dieu voulait qu’il soit. En même temps, Dieu a aussi été glorifié en Lui, car toute l’excellence de Dieu a été révélée en Lui sur la croix.
Dans la mort du Fils de l’homme, la manifestation de Dieu est portée à son paroxysme. Dieu est pleinement justifié en son Être, en sa nature. Sa justice, sa majesté, son amour, sa vérité sont tous accomplis sur la croix comme ils le sont en Lui. C’est la gloire du Fils de l’homme de glorifier le nom de Dieu là où le premier homme a déshonoré Dieu.
La réponse de Dieu à la glorification par laquelle le Fils de l’homme L’a glorifié est la glorification du Fils de l’homme. Cette glorification se produira certainement aussi lorsque le Fils de l’homme aura reçu toutes les choses de Dieu pour les dominer dans le royaume de paix. Mais Dieu n’attend pas si longtemps : « Et aussitôt il le glorifiera » et cela dans la résurrection.
Ensuite, II Le glorifiera en lui-même. Il glorifiera le Fils de l’homme en tant que Christ en Le faisant monter au ciel à cause de son œuvre sur la croix et en Lui donnant la place de gloire et d’honneur à sa droite (Act 2:36b ; Héb 2:9). Cela signifie que Christ, jusqu’à ce qu’Il soit manifesté en gloire sur la terre, est caché en Dieu en tant que le glorifié (Col 3:3). Dieu L’a glorifié, non pas en lui donnant le trône de David, une gloire terrestre, mais en Le mettant sur son propre trône (celui de Dieu) dans le ciel.
33 - 35 Un nouveau commandement
33 Enfants, je suis encore pour peu de temps avec vous : vous me chercherez ; et, comme je l’ai dit aux Juifs : Là où moi je vais, vous, vous ne pouvez pas venir – je vous le dis aussi maintenant à vous. 34 Je vous donne un commandement nouveau : Aimez-vous l’un l’autre ; comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous l’un l’autre. 35 À ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour entre vous.
Le Seigneur s’adresse à ses disciples en les appelant « enfants ». Il ne dit pas ‘mes enfants’. Nulle part les croyants ne sont appelés ‘enfants du Seigneur Jésus’. Il s’adresse à eux en tant qu’enfants de Dieu. C’est le nom des relations douces et de la vulnérabilité. Il ne sera avec eux que pour peu de temps, car Il ira bientôt à son Père. Tout comme Il l’a déjà dit aux Juifs (Jn 7:34 ; 8:21), maintenant Il dit aussi à ses disciples qu’ils ne peuvent pas aller là-bas. C’est parce qu’Il ira dans un tout autre domaine qui se trouve au-delà de ce monde. Il se trouve dans le monde de la résurrection.
Le fait que le Seigneur aille dans ce nouveau lieu n’est pas sans conséquence pour les liens existants sur une base terrestre. Les disciples ne peuvent pas Le suivre maintenant dans son nouveau lieu. Il veut les préparer au fait qu’ils ne pourront pas Le suivre pour le moment. Pour la période où ils sont encore sur la terre, Il leur indique une nouvelle façon d’être en relation les uns avec les autres qui est tout à fait appropriée à l’atmosphère du lieu où Il va. Cette nouvelle façon est l’amour qu’ils auront entre eux en tant qu’enfants de Dieu. La grande caractéristique de la famille de Dieu est l’amour, car Dieu est amour. Alors que le Seigneur Jésus est entouré de gloire là-haut, les enfants de Dieu sur la terre s’aiment les uns les autres.
S’Il n’est plus avec eux comme le colonne principale contre laquelle ils peuvent s’appuyer et chercher un soutien dans un monde hostile, ils doivent trouver ce soutien les uns dans les autres. Ils ne peuvent pas s’apporter ce soutien les uns aux autres par leurs propres forces, mais par l’efficacité de la nouvelle nature qu’ils ont reçue de Lui par la foi en Lui. Cette nouvelle nature est l’amour. S’ils se traitent mutuellement de cette manière, ils seront connus comme des disciples de Christ. Quel témoignage en résultera !
Ce nouveau devoir, s’aimer les uns les autres, découle d’une nouvelle relation entre celui qui est au ciel et ceux qui sont sur la terre. Ce sera une preuve convaincante pour ceux qui les entourent qu’ils sont ses disciples. Leur amour entre eux témoignera de celui qui a montré et continue de montrer cet amour parfaitement dans sa vie et sa mort : un amour indéfectible. Leur amour doit être de sa ‘matière’ et d’après son modèle, afin que cet amour demeure aussi quand Il ne sera plus là.
Il ne s’agit pas de l’amour pour les gens perdus, aussi important soit-il, mais de la cherche désintéressée du bien pour le frère et la sœur. Il s’agit de s’aimer les uns les autres en tant que disciples de Christ conformément à son amour. Lorsqu’Il sera ressuscité d’entre les morts, ces nouvelles relations seront établies et deviendront visibles de manière toujours plus claire.
Ce que le Seigneur dit ici, Il l’appelle « un commandement nouveau », parce qu’il s’agit du frère, et non du prochain. Le commandement d’aimer son prochain fait partie des commandements de l’Ancien Testament (Lév 19:18). Ces commandements ont été donnés dans le but d’obtenir la vie comme résultat. Cela s’est avéré impossible à cause du péché de l’homme.
La nouveauté du commandement donné par le Seigneur est qu’Il donne la vie grâce à laquelle les disciples peuvent s’aimer les uns les autres. Cela fait du commandement une évidence ; nous le faisons comme une évidence. C’est un commandement qui est vrai en Christ et qui est accompli par Lui. Et parce qu’Il est notre vie, il est aussi vrai en nous et peut être accompli par nous (1Jn 2:8). On ne peut pas en dire autant de la loi.
36 - 38 Le reniement de Pierre annoncé
36 Simon Pierre lui dit : Seigneur, où vas-tu ? Jésus lui répondit : Là où je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; mais tu me suivras plus tard. 37 Pierre lui dit : Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre maintenant ? Je laisserai ma vie pour toi ! Jésus répond : 38 Tu laisseras ta vie pour moi ! En vérité, en vérité, je te dis : Le coq ne chantera pas, que tu ne m’aies renié trois fois.
Le fait que le Seigneur ait dit qu’Il allait soulève dans l’esprit de Pierre la question de savoir où Il va. Il L’interroge à ce sujet. Le Seigneur répond non pas en nommant le lieu où Il va, mais en disant que Pierre ne peut pas Le suivre maintenant. Il fait ainsi référence à son œuvre inimitable sur la croix. Lorsqu’Il aura achevé son œuvre sur la croix, il sera possible de Le suivre. Pierre Le suivra plus tard en tant que martyr dans le martyre pour arriver là où Il se trouve en conséquence.
Pierre ne comprend pas cela non plus et il L’interroge à ce sujet. Il ajoute aussi qu’il est prêt à suivre le Seigneur même dans la mort. Bien que Pierre ait de bonnes intentions, ses paroles montrent qu’il ne se rend pas compte de ce qu’il dit. Il aime vraiment le Seigneur, mais il ne se connaît pas bien. S’il avait mieux écouté, il se serait adapté aux paroles du Seigneur, même s’il n’avait pas tout compris. Ne pas bien écouter nous apporte beaucoup de pertes et aussi beaucoup de douleurs. Nous devons souvent apprendre par des expériences douloureuses que nous aurions pu éviter si nous avions eu le cœur plus soumis.
Le Seigneur ne félicite pas Pierre de l’aimer, mais lui dit ce qu’il va faire. Le sérieux de cette prophétie, Il le fait à nouveau précéder du double « en vérité » suivi du « je te dis » qui fait autorité. Le reniement par Pierre de son maître, répété trois fois, prédit par le maître, rend le maître grand. Il restaure Pierre malgré son reniement répété par sa merveilleuse grâce. Et ce qu’Il est pour Pierre, Il ne l’est pas moins pour nous.