Introduction
En 1 Samuel 13, l’échec de Saül est évident. En 1 Samuel 15, Saül échoue d’une manière encore plus dramatique. Ces deux chapitres témoignent doublement de l’échec du roi choisi par le peuple. Entre ces deux chapitres, 1 Samuel 14 contient l’histoire d’un homme de foi qui vainc. Ce chapitre est un grand encouragement pour quiconque voit comment l’autorité officielle du peuple de Dieu échoue, mais qui continue à croire en la puissance de Dieu. Dans ce chapitre, le Saint Esprit met deux hommes en contraste. Nous voyons Saül, l’homme de la chair, faire face à son fils Jonathan, l’homme de la foi.
La première partie de ce chapitre (versets 1-23) aboutit à un point culminant grâce à la foi de Jonathan. La seconde partie (versets 24-46) aboutit à une catastrophe par la folie de Saül qui interdit au peuple de manger quoi que ce soit avant le soir.
Jonathan signifie ‘l’Éternel a donné’. Il est un don de Dieu à son peuple dans une période de grande faiblesse. Il est une fleur que Dieu fait éclore dans le désert où se trouve Israël à ce moment-là sur le plan spirituel.
1 La proposition de Jonathan
1 Un jour, Jonathan fils de Saül, dit au jeune homme qui portait ses armes : Viens, et passons jusqu’au poste des Philistins qui est là, de l’autre côté. Mais il n’en avertit pas son père.
Jonathan ne peut plus rester indécis alors que les Philistins traversent hardiment le pays de Dieu. Il décide d’attaquer le poste des Philistins. Il ne s’agit pas d’une action impulsive. Il y a réfléchi, il a prié pour cela et, un jour donné, il est prêt. Le motif de cette action réside dans sa foi. Ce n’est pas que Jonathan ait plus d’intelligence militaire que son père. Saül est un bon soldat. Cependant, dans la bataille que le peuple de Dieu mène ou veut mener, ce n’est pas l’intelligence militaire qui compte, mais la foi. C’est la foi qui décide de l’issue et non l’intelligence militaire. En 1 Samuel 17, nous voyons la même chose dans la bataille entre David et Goliath.
Avec Saül, nous ne voyons aucune action. Il attend. Ce n’est pas ce que le peuple a souhaité. Après tout, ils voulaient un roi qui va se battre pour eux. Jonathan ne peut se résigner à ce que son père soit si indécis. Il connaît son père. Il sait qu’il est inutile de lui demander s’il peut partir ou même de l’informer qu’il partira. Il sait que deux hommes ne peuvent pas marcher ensemble s’ils ne sont pas d’accord (Am 3:3) et que ce n’est pas le cas avec son père. Pour cela, Saül manque de foi ; il le verra comme une entreprise téméraire. Il part donc sans en parler à son père, alors qu’il aurait dû le faire. Pourtant, il ne s’agit pas d’une rébellion, mais d’une action que Dieu opère.
2 - 3 Saül et ceux qui l’accompagnent
2 Saül se tenait à l’extrémité de Guibha, sous un grenadier qui était à Migron ; le peuple qui était avec lui était d’environ 600 hommes. 3 Akhija, fils d’Akhitub, frère d’I-Cabod, fils de Phinées, fils d’Éli, sacrificateur de l’Éternel à Silo, portait l’éphod. Le peuple non plus ne savait pas que Jonathan s’en était allé.
Tandis que Jonathan passe à l’action, Saül s’assied sous un arbre. Il préfère adopter une attitude attentiste plutôt que de prendre l’initiative du combat. Que faire avec ses 600 hommes face à un ennemi nombreux ? Là où la foi fait défaut, il n’y a pas de force pour le combat.
Saül n’est pas seulement entouré d’une armée de 600 hommes, il a aussi le sacrificateur avec l’éphod en sa compagnie. C’est un sacrificateur de la lignée sacerdotale rejetée d’Éli qui est mis à l’écart par Dieu en 1 Samuel 2-3 (1Sam 2:27-30 ; 3:11-14). Comme la mise à l’écart n’a pas eu lieu immédiatement, nous trouvons ici un sacrificateur rejeté avec un roi rejeté. Militairement et religieusement, Saül a tout à sa disposition. Le grand absent est Dieu. Par conséquent, toute démonstration extérieure est sans effet. L’affichage extérieur ne donne pas de force et n’apporte aucune intelligence sur la manière de mener le combat.
Saül ne sait pas que Jonathan est parti et le peuple qui est avec lui ne le sait pas non plus. Le combat de la foi dépasse Saül et aussi ceux qui sont liés à lui.
4 - 5 Le terrain à traverser
4 Entre les passages par lesquels Jonathan cherchait à passer vers le poste des Philistins, il y avait une dent de rocher d’un côté, et une dent de rocher de l’autre côté : le nom de l’une était Botsets, et le nom de l’autre Séné ; 5 l’une des dents se dressait à pic du côté du nord, en face de Micmash, et l’autre, du côté du midi, en face de Guéba.
La description de l’endroit que Jonathan doit traverser montre bien qu’il s’engage dans une aventure audacieuse. L’Esprit de Dieu montre ces choses pour nous enseigner que s’engager sur le chemin de la foi peut nous confronter à d’énormes difficultés. La foi ne rend pas aveugles à ces difficultés, mais elle les considère.
La foi ne procède pas de manière imprudente. Elle examine le terrain et voit les difficultés. Toutes les difficultés constatées sont portées au Seigneur par la foi. La foi voit alors qu’il n’y a pas de difficultés pour Lui. La foi ne rend pas trop confiant, mais prudent et confiant. Elle tourne le regard vers Dieu et prend alors courage.
6 - 7 La foi de Jonathan et de son jeune homme
6 Jonathan dit au jeune homme qui portait ses armes : Viens, et passons jusqu’au poste de ces incirconcis ; peut-être que l’Éternel agira pour nous, car rien n’empêche l’Éternel de sauver, avec beaucoup ou avec peu [de gens]. 7 Celui qui portait ses armes lui dit : Fais tout ce qui est dans ton cœur ; va où tu voudras, voici, je suis avec toi selon ton cœur.
Après avoir montré l’attitude de Saül et le chemin que doit prendre la foi, Jonathan reprend au verset 6 la parole de foi du verset 1. Il n’y a rien à attendre de Saül et le chemin est plein de dangers. En répétant cette grande parole de foi, il va encore plus loin que ce qu’il a dit au verset 1. Il ne parle plus des ‘Philistins’, mais il les appelle maintenant « ces incirconcis ». Cela montre qu’il les voit comme Dieu les voit. Ce sont des gens qui n’ont aucun lien avec Dieu.
L’armée de Saül n’est pas très nombreuse, mais il a au moins 600 hommes. Jonathan est seul avec celui qui porte ses armes. Il n’a pas besoin des 600 hommes, parce qu’il sait que lui et celui qui porte ses armes vont avec Dieu. Si tu as Dieu de ton côté, la plus grande armée n’a aucune chance. L’Éternel peut sauver avec beaucoup ou avec peu de gens (verset 6 ; cf. 2Chr 14:11 ; Jug 7:7).
Celui qui porte ses armes fait preuve de la même foi que Jonathan. C’est une bénédiction particulière que de mener le combat de la foi avec quelqu’un qui l’affronte avec la même confiance en Dieu. Les paroles de celui qui porte ses armes sont un encouragement et une confirmation pour Jonathan.
Les deux hommes sont jeunes. Pour marcher sur le chemin de la foi et accomplir des actes de foi, il n’est pas nécessaire d’être âgé ou d’avoir beaucoup d’expérience. Il s’agit de faire confiance à Dieu. L’Écriture donne plusieurs exemples de jeunes hommes qui ont agi dans la foi, comme Élihu, David, Daniel et ses trois amis et Timothée.
8 - 10 Le plan
8 Jonathan dit : Voici, nous allons passer vers ces hommes et nous nous montrerons à eux. 9 S’ils nous disent ainsi : Tenez-vous là jusqu’à ce que nous vous rejoignons, alors nous nous tiendrons à notre place, et nous ne monterons pas vers eux ; 10 mais s’ils disent ainsi : Montez vers nous, alors nous monterons, car l’Éternel les aura livrés en notre main ; ce sera pour nous le signe.
Jonathan présente son plan à celui qui porte ses armes. Il parle de « nous ». C’est un plan audacieux. La bataille doit être menée en se tenant conseil ensemble. La foi n’enlève rien à la délibération, mais c’est la délibération de la foi et non celle du calcul des probabilités rationnelles. La réaction des Philistins déterminera leur action, car ils voient dans la réaction des Philistins ce que Dieu leur fait comprendre. Il suggère qu’ils se montrent ouverts et exposés à l’ennemi. L’ennemi ne s’attend pas à cela.
Jonathan prévoit deux réactions. La première est que les Philistins disent qu’ils descendront eux-mêmes. Dans ce cas, ils resteront là où ils sont. L’autre réaction est que les Philistins restent là où ils sont, mais qu’ils disent à Jonathan et à celui qui porte ses armes de monter vers eux. Il s’agit d’une escalade dangereuse, au cours de laquelle ils devront s’exposer complètement. Les Philistins, eux, se sentent maîtres de la situation et ne voient aucun danger. Cet ordre très dangereux de monter vers l’ennemi sera le signe que l’Éternel leur a donné dans leur pouvoir.
11 - 14 L’exécution du plan
11 Ils se montrèrent les deux au poste des Philistins ; et les Philistins dirent : Voici les Hébreux qui sortent des trous où ils se sont cachés. 12 Les hommes du poste répondirent à Jonathan et à celui qui portait ses armes : Montez vers nous, et nous vous ferons savoir quelque chose. Jonathan dit à celui qui portait ses armes : Monte derrière moi, car l’Éternel les a livrés en la main d’Israël. 13 Jonathan monta avec ses mains et ses pieds, et celui qui portait ses armes derrière lui. Les [Philistins] tombèrent devant Jonathan, et celui qui portait ses armes les tuait derrière lui. 14 Ce premier coup que frappèrent Jonathan et celui qui portait ses armes, mit [par terre] une vingtaine d’hommes, sur la moitié environ du sillon d’un arpent de terre.
Jonathan et celui qui porte ses armes joignent le geste à la parole et se montrent aux Philistins. En se montrant, ils se rendent vulnérables aux flèches des Philistins. Les Philistins ne leur lancent pas de flèches, mais des paroles de mépris. Cela ne dérange pas les deux héros.
Les hommes du poste appellent Jonathan et celui qui porte ses armes pour qu’ils montent vers eux. Les Philistins sont parfaitement confiants. Ils vont s’amuser avec ces deux Israélites. Pour Jonathan, c’est la preuve que l’Éternel les a livrés à son pouvoir.
Pourtant, il ne dit pas que l’Éternel les livrera à son pouvoir, mais au pouvoir d’Israël. C’est aussi le langage que David tient plus tard lorsqu’il affronte seul Goliath (1Sam 17:46-47). Saül, par contraste, parle de « mes » ennemis. La victoire que Jonathan et celui qui porte ses armes vont remporter est une victoire pour tout Israël. Jonathan est assuré de la victoire par ce commandement des Philistins. Dans ce qu’il dit à celui qui porte ses armes au verset 12, il n’est plus question d’un ‘peut-être’ (verset 6), mais de la certitude que l’Éternel le fera.
Jonathan monte avec ses mains et ses pieds. Cela signifie qu’il n’a aucun moyen de se protéger. Il a besoin de toute son agilité pour atteindre le sommet. Il ne peut même pas surveiller l’ennemi. Le chemin de la foi monte, mais il n’est pas facile. Pourtant, le but de la foi est atteint. Lorsque Jonathan et celui qui porte ses armes sont au sommet, les Philistins tombent homme après homme devant Jonathan et celui qui porte ses armes les tuent derrière lui. La coopération entre les deux hommes est fluide.
Le nombre d’hommes vaincus, lorsqu’il est compté, n’est pas impressionnant. Ils n’ont vaincu que 20 hommes. Mais Dieu se lie à la foi de Jonathan. La zone de victoire est circonscrite comme « la moitié environ du sillon d’un arpent de terre ».
Cela indique le résultat d’une victoire : elle libère un territoire qui peut être labouré. Le terrain peut à nouveau répondre à l’intention de Dieu pour son peuple, qui est que son peuple jouisse de la bénédiction du pays. Ainsi, chaque victoire spirituelle pose la base pour jouir des bénédictions spirituelles que Dieu a données à son peuple.
15 - 16 Les conséquences de l’acte de Jonathan
15 L’épouvante fut dans le camp, dans la campagne et parmi tout le peuple ; le poste et les ravageurs, eux aussi, furent saisis d’épouvante ; le pays trembla, et ce fut une frayeur de Dieu. 16 Les sentinelles de Saül, qui étaient à Guibha de Benjamin, virent que la multitude s’écoulait et s’en allait, et ils s’entre-tuaient.
Si Jonathan a fait ce qu’il pouvait faire, Dieu va faire ce que Jonathan ne peut pas faire. Ce que Dieu fait est une extension de ce que Jonathan a fait. Dieu transforme la petite victoire de Jonathan en une grande victoire. Il multiplie cette victoire, tout comme il multiplie les petits aliments. La nouvelle de la défaite se répand comme une traînée de poudre et une frayeur de Dieu s’abat sur les Philistins.
Les sentinelles de Saül voient les conséquences de la victoire de Jonathan, c’est-à-dire du soulignement par Dieu de l’acte de foi de Jonathan. Lorsque la foi agit, les ennemis tremblent de peur et s’entre-tuent. Les sentinelles le constatent. Elles le rapportent à Saül.
17 - 22 Saül participe à la victoire
17 Saül dit au peuple qui était avec lui : Faites donc l’appel et voyez qui s’en est allé d’avec nous. Ils firent l’appel ; et voici, Jonathan n’y était pas, ni celui qui portait ses armes. 18 Saül dit à Akhija : Fais approcher l’arche de Dieu (car l’arche de Dieu était en ce jour-là avec les fils d’Israël). 19 Pendant que Saül parlait au sacrificateur, le tumulte qui était dans le camp des Philistins allait toujours grandissant ; alors Saül dit au sacrificateur : Retire ta main. 20 Saül et tout le peuple qui était avec lui furent assemblés à grands cris, et vinrent à la bataille ; et voici, l’épée de chacun était contre l’autre : ce fut une confusion terrible. 21 Il y avait, comme d’habitude, des Hébreux parmi les Philistins ; ils étaient montés avec eux dans le camp, [de tout] alentour. [Ils se rallièrent] eux aussi à Israël qui était avec Saül et Jonathan. 22 Tous les hommes d’Israël qui s’étaient cachés dans la montagne d’Éphraïm, entendirent que les Philistins fuyaient, et ils s’attachèrent, eux aussi, à leur poursuite dans la bataille.
Saül suppose la possibilité que des hommes de son armée soient partis et aient fait quelque chose avec les Philistins. Il ordonne une recherche pour savoir qui et combien d’hommes sont partis. Il s’avère qu’il ne s’agit que de Jonathan et de celui qui porte ses armes. Pour Saül, ce n’est pas la raison pour laquelle les Philistins ont si peur. Il n’y réfléchit pas davantage, car il n’a pas la foi en lui.
Saül peut aussi être un homme pieux, il peut interroger Dieu bien que s’il n’a pas la foi. Pour interroger Dieu, il veut qu’on lui apporte l’arche. « Arche » (verset 18) devrait probablement être éphod. On ne peut pas non plus interroger Dieu avec l’arche. Il est plus probable que Saül aura demandé à Akhija de se revêtir de l’éphod et d’interroger Dieu.
Constatant que les Philistins deviennent de plus en plus chaotiques, Saül dit à Akhija de ne plus rien faire. Il décide qu’il ne faut plus perdre de temps à interroger Dieu. Il faut agir. Tu ne dois pas consacrer des efforts et du temps à la religion quand tu vois que, selon ton intelligence, la situation est mûre pour l’action. C’est ainsi que pense Saül.
Lorsque Saül arrive sur les lieux de la bataille, il n’a rien à faire. Dieu est à l’œuvre pour lui et donne l’ennemi entre les mains de Saül. Il le fait en vertu de la foi de Jonathan (cf. 2Chr 20:22 ; Jug 7:22).
Une autre conséquence de la victoire de Jonathan est que les Israélites qui se sont mis au service de l’ennemi – et qui sont aussi appelés ici « Hébreux » par le Saint Esprit – reviennent dans l’armée de Saül et de Jonathan. Les traîtres et les lâches se rangent maintenant du côté du peuple de Dieu parce qu’ils voient que c’est là que se trouve la victoire. Ces gens-là ne cherchent qu’à profiter, mais ne participent jamais à la vraie bataille.
Les initiatives de foi ne sont prises que par quelques-uns. Lorsqu’il s’avère que cette foi est bénie, d’autres, qui s’étaient d’abord distancés et n’avaient rien à voir avec cette foi, s’y joignent aussi. Les grands réveils ont toujours commencé avec quelques-uns.
23 - 26 Saül interdit au peuple de manger
23 L’Éternel sauva Israël ce jour-là. Cependant la bataille s’étendit au-delà de Beth-Aven. 24 Et les hommes d’Israël furent accablés ce jour-là. Or Saül avait adjuré le peuple, disant : Maudit soit l’homme qui mangera du pain, avant le soir, avant que je me sois vengé de mes ennemis ; parmi tout le peuple, personne ne goûta de pain. 25 Tout le [peuple du] pays vint dans une forêt ; et il y avait du miel sur le dessus des champs. 26 Quand le peuple entra dans la forêt, voici du miel qui coulait ; toutefois personne ne porta sa main à sa bouche, car le peuple avait peur du serment.
Il est clair que l’Éternel est à l’œuvre et qu’Il a sauvé Israël. C’est le point culminant de cette histoire. Nous voyons comment Il défend dans la grâce son peuple, même si le peuple dans son ensemble Lui a tourné le dos.
L’armée poursuit sa route pour vaincre les Philistins une fois pour toutes. Saül en fait une affaire de prestige. Il parle de « mes » ennemis. Saül ne parle pas de l’Éternel, ni d’Israël, mais seulement de lui-même. Il jure, par sens de la vengeance, que le peuple ne mangera pas tant qu’il ne se sera pas vengé. Saül jure plusieurs fois dans ce chapitre (versets 24,39,44) et à chaque fois il n’a pas tenu ce qu’il avait juré.
Le caractère de la folie de Saül est le légalisme. En conséquence, il impose au peuple un commandement qui le prive de son pouvoir. En conséquence, le peuple est accablé. La foi et le fait de prendre pour soi ce que Dieu donne donnent un nouveau courage et une nouvelle force. Un sentiment légaliste et une discussion constante sur les commandements et les interdictions paralysent le peuple de Dieu. Ceux qui agissent ainsi n’ont pas non plus de place dans leur pensée pour des actes de foi comme celui d’un Jonathan. Ils n’aiment pas cela non plus, parce que cela sort des vieux schémas familiers.
Ce commandement sévère est :
1. Non réglementaire et peu judicieux. Il peut sembler qu’il permet de gagner du temps, autrement consacré à manger, mais en réalité, le peuple perd la force pour la poursuite.
2. Dominant et désobligeante pour le peuple. Si le peuple avait voulu faire un festin, il y aurait eu quelque chose à dire pour l’interdiction, mais lui interdire de consommer de la nourriture alors qu’il a faim est cruel.
3. Impie, parce que Saül y attache le nom de Dieu par une malédiction et un serment. Ce n’est pas la bonne façon de gouverner. Ceux qui sont placés au-dessus des autres peuvent réprimander et punir, mais ils ne peuvent pas maudire leurs subordonnés. Lorsque David parle de l’un de ses ennemis comme de quelqu’un qui « a aimé la malédiction » (Psa 109:17-18), il peut s’agir de Saül.
Le peuple obéit à l’ordre de Saül, mais quel tourment lorsqu’il arrive dans la forêt où il voit du miel. Cela représente une grande tentation pour le peuple. La terreur que Saül leur inspire est si profonde qu’ils n’osent même pas goûter le miel, par crainte de la malédiction de Saül.
Par ses actions légalistes, Saül a fermé au peuple l’accès à la bénédiction du pays. Après tout, Canaan est un pays où coule le miel. Nous en avons ici un exemple. Ils peuvent pour ainsi dire sucer le miel du rocher (Deu 32:13b). La douceur pourra vite leur redonner de l’énergie. Nous le voyons avec Jonathan.
27 - 30 Jonathan prend du miel
27 Mais Jonathan n’avait pas entendu lorsque son père avait fait jurer le peuple ; il étendit le bout du bâton qu’il avait à la main, le trempa dans un rayon de miel et ramena sa main à sa bouche, et ses yeux furent éclaircis. 28 Quelqu’un du peuple intervint et dit : Ton père a fait expressément jurer le peuple, en disant : Maudit soit l’homme qui mangera du pain aujourd’hui ! et le peuple est fatigué. 29 Jonathan dit : Mon père a troublé le pays. Voyez donc comme mes yeux ont été éclaircis, parce que j’ai goûté un peu de ce miel ! 30 Qu’aurait-ce été, si le peuple avait aujourd’hui mangé du butin de ses ennemis qu’il a trouvé ? Maintenant la défaite des Philistins n’aurait-elle pas été plus grande ?
Jonathan n’a pas entendu la malédiction et est donc libre de manger du miel. C’est aussi ce qu’il fait. Il est hors de portée de la malédiction. C’est une image de la foi et de la loi qui s’excluent mutuellement. Jonathan est comme le Seigneur Jésus qui a bu du torrent dans le chemin (Psa 110:7). Jonathan jouit, en image, d’un bref moment de choses terrestres, non pas de choses du monde. Le légalisme, c’est aussi s’interdire les uns les autres de jouir des choses terrestres. Il ne faut pas non plus exagérer la jouissance des choses terrestres, comme si le fait d’en jouir était la seule chose qui constitue la vie.
Avec Jonathan, nous voyons comment cela peut se faire. Il goûte le miel dans le chemin tout en gardant l’œil sur la bataille. Il ne s’assoit pas pour manger son ventre plein de miel à loisir. Il goûte « un peu » de miel (verset 29 ; Pro 24:13 ; 25:16,27 ; cf. Jug 7:6). La bataille reste le but à atteindre. D’une part, nous devons apprendre à éviter la folie de Saül, et d’autre part, nous devons apprendre de Jonathan de quelle manière nous pouvons jouir des bénédictions terrestres.
Dès que Jonathan a mangé, on lui annonce la malédiction que son père a prononcée. On ajoute que la malédiction de son père est la cause de l’épuisement du peuple. La malédiction ne donne pas la force de faire ce qui est demandé, mais a plutôt un effet paralysant. Jonathan n’a pas honte de souligner la stupidité de son père. Au lieu de mener son peuple à la bataille et de lui fournir toutes les ressources nécessaires, Saül soumet le peuple à une loi. En conséquence, il plonge le peuple dans le malheur. La même chose est dite à propos d’Acan (Jos 7:25).
Jonathan parle du fait que la bénédiction aurait été bien plus grande si son père n’avait pas agi de manière aussi insensée. Aussi, notre bénédiction spirituelle serait plus grande si beaucoup d’entre nous n’étaient pas aussi légalistes ou mondains. Le danger vient des deux côtés. L’oppression ou la liberté empêchent une grande victoire.
L’utilisation d’un peu de miel a redonné de la force à Jonathan. Il lui a permis de voir clair à nouveau. Le miel parle de la douceur des relations naturelles. Comme cela peut être bon lorsqu’un guerrier dans l’œuvre du Seigneur prend un moment de repos et profite de sa famille, de sa femme, de ses enfants. Cela lui donne la force de continuer à se battre. Il est aussi écrit à propos du commandement de l’Éternel qu’il illumine les yeux pour savoir ce qu’il faut faire (Psa 19:9b). Cela indique que la véritable illumination se trouve sur le chemin de l’obéissance à la parole de Dieu.
31 - 35 Le peuple mange avec le sang
31 Ils frappèrent ce jour-là les Philistins, depuis Micmash jusqu’à Ajalon ; et le peuple fut très fatigué. 32 Le peuple se jeta sur le butin, ils prirent du petit bétail, des bœufs et des veaux, et ils les égorgèrent sur le sol ; et le peuple les mangeait avec le sang. 33 On le rapporta à Saül, en disant : Voici, le peuple pèche contre l’Éternel en mangeant avec le sang. Il dit : Vous avez agi infidèlement. Roulez à présent vers moi une grande pierre. 34 Saül ajouta : Dispersez-vous parmi le peuple et dites-leur : Amenez-moi chacun son bœuf et chacun son mouton, égorgez-les ici et mangez ; ne péchez pas contre l’Éternel en mangeant avec le sang. Cette nuit-là, tout le peuple amena chacun son bœuf à la main, et ils les égorgèrent là. 35 Saül bâtit un autel à l’Éternel ; ce fut le premier autel qu’il bâtit à l’Éternel.
Bien qu’épuisé, le peuple remporte la victoire sur les Philistins. Mais précisément à cause de cet épuisement, le peuple oublie aussi la loi de Dieu concernant l’interdiction de manger de la chair avec le sang. Ainsi, un péché de Saül entraîne un autre péché du peuple. Le soir venu, le peuple tombe dans un autre extrême et mange de la chair avec son sang. Au lieu de s’abstenir totalement de manger, ils se livrent sans retenue à leur envie de manger. Nous constatons parfois la même chose chez les enfants élevés sous la loi. Une fois qu’ils sont livrés à eux-mêmes, ils s’adonnent à une vie licencieuse.
Lorsque Saül est informé de ce que fait le peuple, il redevient soudain le pieux Saül qui semble se soucier des commandements de Dieu. Il trouve épouvantable que le peuple pèche. Qu’il en soit lui-même la cause ne lui vient pas à l’esprit. Il ne s’attribue pas la faute. Il a pourtant une solution à ce problème, sans en arriver au jugement de soi.
Saül est l’homme légaliste au sens plein du terme. Si une telle personne voit quelque chose de mal à l’extérieur, elle exprime de vifs reproches. La solution qu’une telle personne trouve est aussi une solution de son cru. Elle se place au centre d’un événement religieux. La grande pierre sacrificielle doit être roulée vers lui et les animaux à égorger doivent aussi lui être amenés.
Saül bâtit alors son premier autel, qui est aussi probablement son dernier. Un roi rejeté bâtit un autel ensemble avec un sacrificateur rejeté. Ce n’est pas un jeune croyant, mais un homme qui n’est plus si jeune et qui n’a jamais fait cela auparavant. Cela est tragique.
36 - 37 Saül ne reçoit pas de réponse de Dieu
36 Puis Saül dit : Descendons de nuit à la poursuite des Philistins, pillons-les jusqu’à la lumière du matin, et n’en laissons pas un homme de reste. Ils dirent : Fais tout ce qui est bon à tes yeux. Et le sacrificateur dit : Approchons-nous ici de Dieu. 37 Saül interrogea Dieu : Descendrai-je à la poursuite des Philistins ? Les livreras-tu en la main d’Israël ? Mais il ne lui répondit pas ce jour-là.
Saül voit sa chance de profiter au maximum de la situation et de maximiser la défaite de ses ennemis. Aussi a-t-il l’intention de continuer à les poursuivre pendant la nuit. Le peuple semble réagir avec résignation, pas comme celui qui porte des armes de Jonathan (verset 7). Le sacrificateur estime qu’il vaut mieux, de toute façon, demander d’abord à Dieu. Plus tôt, Saül l’a empêché de le faire au dernier moment (verset 19).
Saül accepte la suggestion du sacrificateur. Il demande à Dieu s’il va poursuivre les Philistins et si Dieu les livrera ensuite entre les mains d’Israël. Ses questions sont bonnes, mais son esprit n’est pas soumis. Il veut une réponse immédiate et une réponse qui le satisfasse. Or, il n’y a pas de réponse de la part de Dieu. Tout à l’heure, Saül ne voulait pas, maintenant Dieu ne veut pas. La patience de Dieu prend fin. Une personne peut venir à Dieu dans un sentiment auquel Dieu ne peut pas répondre (Jac 4:3). Une personne qui vient avec une repentance sincère recevra toujours une réponse de Dieu, pour laquelle Dieu prend tout son temps.
38 - 44 Jonathan désigné comme coupable
38 Saül dit : Approchez ici, vous tous les chefs du peuple, sachez et voyez comment ce péché est arrivé aujourd’hui ; 39 car [aussi vrai que] l’Éternel qui a sauvé Israël est vivant, si c’était par Jonathan, mon fils, il mourra certainement ! Personne de tout le peuple ne lui répondit. 40 Alors il dit à tout Israël : Vous, soyez d’un côté, et moi et Jonathan, mon fils, nous serons de l’autre côté. Le peuple dit à Saül : Fais ce qui est bon à tes yeux. 41 Saül dit à l’Éternel, le Dieu d’Israël : Donne [un sort] parfait. Jonathan et Saül furent pris, et le peuple échappa. 42 Saül dit : Jetez le sort entre moi et Jonathan, mon fils. Et Jonathan fut pris. 43 Saül dit à Jonathan : Déclare-moi ce que tu as fait. Jonathan le lui déclara disant : Je n’ai fait que goûter un peu de miel avec le bout du bâton que j’avais à la main, et voici, je meurs ! 44 Saül dit : Que Dieu [me] fasse ainsi, et ainsi y ajoute, si tu ne meurs pas, Jonathan !
Aussi de ce silence de Dieu, Saül ne se demande pas comment il en est arrivé là. Il ne se considère pas du tout comme la cause. Il est complètement aveugle. Il déclare que l’Éternel sauve Israël. C’est toujours le mélange avec les gens religieux : la volonté propre et aussi prononcer des vérités.
Comme autrefois Jephthé (Jug 11:30,34-35), Saül est prêt à sacrifier son enfant à son légalisme en croyant que cela est juste devant Dieu. Aux menaces de Saül de dire qui est la cause du silence de Dieu, le peuple ne répond pas. Le peuple ne veut pas trahir Jonathan.
Si Saül ne découvre rien par l’intermédiaire du peuple, il essaie par le biais du sort. Ce faisant, il ne poursuit pas tribu après tribu, mais sépare immédiatement Jonathan et lui-même d’un côté et le peuple de l’autre. Il ne semble pas vouloir perdre trop de temps à suivre des procédures compliquées, même si elles sont conformes à la volonté de Dieu. Une fois encore, le peuple se résigne à la volonté de Saül.
Saül ordonne à Dieu de montrer la vérité. Dieu ne se laisse pas commander, mais il décide par le sort. Le sort désigne Saül et Jonathan. En conséquence, le peuple s’échappe. Dieu épargne son peuple. Saül ordonne alors que le sort soit jeté entre lui et Jonathan. Il sait que le destin ne le désignera pas, mais pour la forme, il fait quand même tirer au sort. En effet, Jonathan est désigné.
Saül ordonne alors à Jonathan de lui raconter ce qu’il a fait. Jonathan est plein de consécration. Il témoigne de ce qu’il a fait. Jonathan ne s’excuse pas en disant qu’il n’a pas entendu le commandement de Saül. Ni Jonathan ni le peuple n’invoquent cette ignorance comme moyen de défense. Jonathan est prêt à mourir. Son attitude est magnifique. Il ne se rebelle pas et ne commence pas non plus à attaquer son père pour sa folie. Il reconnaît son acte, mais pas comme un péché.
Après la ‘confession’ de son fils Jonathan, Saül se déchaîne. Le cœur méchant de Saül est prêt à tuer son fils. Dans sa folie, il est capable de tuer le seul homme de foi parmi eux. Il l’a juré et donc il tiendra sa parole. Comme Saül est loin de la grâce ! Il n’y a pas participé lui-même et ne sait donc pas faire preuve de grâce envers les autres, même envers son propre fils qui a remporté une si grande victoire pour Israël.
45 - 46 Le peuple délivre Jonathan
45 Le peuple dit à Saül : Jonathan, qui a opéré cette grande délivrance en Israël, mourra-t-il ? Certainement pas ! [Aussi vrai que] l’Éternel est vivant, il ne tombera pas à terre un seul des cheveux de sa tête ! car il a opéré avec Dieu aujourd’hui. Le peuple délivra Jonathan, et il ne mourut pas. 46 Saül remonta de la poursuite des Philistins, et les Philistins s’en allèrent chez eux.
Jonathan reçoit alors du soutien. Le peuple prend sa défense. Le peuple témoigne que l’acte de Jonathan a été « opéré avec Dieu aujourd’hui » et l’acquitte. Le peuple considère l’acte de Jonathan comme un acte par lequel il s’est rangé du côté de Dieu et s’est engagé avec Lui dans la même œuvre. Sa désobéissance à son père est ainsi annulée. Le fait que le peuple témoigne ici contre son roi, un roi qu’il a si précisément désiré et applaudi, devrait également avoir un effet sur le peuple.
Une performance comme celle de Jonathan n’est possible que si quelqu’un connaît les pensées de Dieu et y adhère. L’ouvrier agit alors comme Dieu, il suit la voie de Dieu. C’est aussi ce que nous voyons, par exemple, avec les premiers chrétiens dans le livre des Actes des Apôtres.
Le fait que Saül doive céder à cause du peuple a dû l’humilier, comme tant d’autres choses dans sa vie l’ont humilié. Si seulement il l’avait admis. Nous n’entendons pas Saül reconnaître qu’il s’est trompé. En lui, nous voyons comment opère la chair. Elle ne discerne pas la volonté de Dieu et n’a aucune compassion pour ceux qui vivent clairement avec Dieu. Elle transforme la victoire en défaite et par ses commandements extrêmes elle déshonore l’autorité donnée par Dieu. Elle transforme la joie en deuil et en indignation.
Ainsi, dans de nombreux foyers, un légalisme sévère a rendu l’autorité donnée par Dieu méprisable et l’exercice de la discipline n’est rien d’autre qu’une action charnelle. Dans de tels cas, il n’est pas surprenant que ‘le peuple se lève et se fait entendre’.
Il semble que Saül n’achève pas la poursuite des Philistins. Sa défaite face à son propre peuple l’a privé du désir de s’engager plus avant dans la poursuite et l’anéantissement des ennemis. Par conséquent, la défaite des Philistins n’est pas complète et il leur donne une chance de retourner chez eux. Là, ils peuvent se préparer à de nouvelles attaques contre Israël.
47 - 48 Les actes du roi Saül
47 Saül prit la royauté sur Israël, et il fit la guerre tout autour contre tous ses ennemis : contre Moab, contre les fils d’Ammon, contre Édom, contre les rois de Tsoba, et contre les Philistins ; partout où il se tournait, il les châtiait. 48 Il forma une armée et frappa Amalek, il délivra Israël de la main de ceux qui le pillaient.
Ici, nous entendons de certaines opérations de guerre de Saül. L’histoire de Saül est une histoire morale, et pas seulement une histoire de faits. Ce sont surtout ses guerres qui sont décrites, et non son gouvernement. Ses victoires sont toutes imparfaites. C’est aussi le cas de la défaite d’Amalek dans le chapitre suivant.
Une victoire complète sur les ennemis spirituels ne s’obtient pas en confessant (prétendument) être lié à Dieu. Une discussion sur les valeurs et les normes (chrétiennes) peut offrir une certaine protection, mais n’a en fin de compte aucun effet sur l’élimination de l’intolérance de la société.
49 - 51 La famille de Saül
49 Les fils de Saül étaient Jonathan, Jishvi et Malki-Shua ; les noms de ses deux filles : le nom de l’aînée était Mérab, et le nom de la plus jeune, Mical. 50 Le nom de la femme de Saül était Akhinoam, fille d’Akhimaats ; le nom du chef de son armée était Abner, fils de Ner, oncle de Saül. 51 Kis, père de Saül, et Ner, père d’Abner, étaient fils d’Abiel.
Ces versets contiennent des annonces importantes pour la suite de l’histoire. Mical, la fille de Saül, sera attachée à David. Abner est son neveu, qui jouera aussi un rôle prépondérant dans les histoires à venir.
52 Saül combat les Philistins
52 La guerre fut forte contre les Philistins durant tous les jours de Saül ; quand Saül voyait quelque homme fort ou quelque homme vaillant, il le prenait auprès de lui.
Saül reste un soldat à l’affût de tous ceux qui peuvent l’aider dans la bataille. Il sait former son armée, mais la foi lui fait défaut. Par conséquent, tous ses efforts, bons en soi, n’auront pas de résultats durables. David n’est pas entouré des meilleurs d’Israël, mais il y a la foi chez eux.
Nous verrons le rejet définitif de Saül dans le chapitre suivant.