1 - 2 Les disciples près de la mer de Tibériade
1 Après cela, Jésus se manifesta encore aux disciples près de la mer de Tibériade ; et il se manifesta ainsi : 2 Simon Pierre, Thomas appelé Didyme, Nathanaël de Cana de Galilée, les [fils] de Zébédée et deux autres de ses disciples, étaient ensemble.
Les disciples se sont rendus en Galilée. Le Seigneur leur avait aussi dit d’y aller, car c’est là qu’Il les rencontrerait (Mt 26:32 ; 28:7). Pourtant, cela est particulier pour cet Évangile, car les événements dont il est question dans cet Évangile se déroulent principalement en Judée. Cela signifie qu’ils se situent en dehors du terrain habituel du judaïsme. Ce n’est que plus tard qu’ils reçoivent l’ordre de ne pas quitter Jérusalem (Act 1:4). Ils se retrouvent près de la mer de Tibériade. C’est là que le Seigneur se manifeste à nouveau à eux. Jean décrit la manière dont Il le fait.
Sept disciples sont ensemble. Les noms de trois d’entre eux sont mentionnés. Pierre est mentionné en premier, comme toujours. Thomas se trouve aussi parmi eux cette fois-ci. Une fois encore, son surnom « Didyme » est mentionné (Jn 11:16 ; 20:24). De plus, Nathanaël est lui aussi présent. Il est originaire de Cana en Galilée, ce qui nous rappelle le premier signe du Seigneur (Jn 2:1). Jean et Jacques sont les fils de Zébédée. Le fait qu’ils soient désignés ici par ce nom nous rappelle leur origine naturelle. Aussi, même si le Seigneur est ressuscité, cela ne change pas leurs relations naturelles. Enfin, Jean mentionne la présence de « deux autres de ses disciples », dont les noms ne sont pas mentionnés.
Ils sont tous ses disciples avant ses souffrances et sa mort, et le restent après sa résurrection. Les hommes dont le nom est mentionné sont spécifiquement liés à Israël. Pierre, Jean et Jacques sont les colonnes de ceux qui sont ‘de la circoncision’, c’est-à-dire des croyants originaires des Juifs (Gal 2:9). Thomas est une image du reste croyant d’Israël. Nathanaël vient de la région d’Israël qui est étroitement liée aux nations (Mt 4:15).
Cela nous amène à l’objectif de l’histoire suivante. La prise de poissons par les disciples est une image de ce que le Seigneur Jésus fera à l’avenir par l’intermédiaire de son peuple. Il amènera une grande multitude des nations à la foi en Lui pendant la grande tribulation (Apo 7:9), dont les poissons que ces hommes prennent dans la mer sont une image.
3 - 6 L’apparition aux disciples
3 Simon Pierre leur dit : Je m’en vais pêcher. Ils lui disent : Nous allons aussi avec toi. Ils sortirent et montèrent dans la barque ; mais cette nuit-là ils ne prirent rien. 4 L’aube venant déjà, Jésus se tint sur le rivage ; toutefois, les disciples ne savaient pas que c’était Jésus. 5 Jésus leur dit : Enfants, avez-vous quelque chose à manger ? Ils lui répondirent : Non. 6 Il leur dit : Jetez le filet du côté droit de la barque et vous trouverez. Ils le jetèrent et ils ne pouvaient plus le tirer, à cause de la multitude des poissons.
Pierre dit qu’il va de nouveau pêcher. Il semble que maintenant que le Seigneur n’est plus visiblement avec eux, Le suivre est aussi plus difficile. Ils n’ont pas d’instructions claires. Ils ne sont plus remplis du Seigneur Jésus et alors certaines activités qu’ils ont précédemment abandonnées pour Lui ont l’occasion de recommencer. Pour nous aussi, le danger est grand qu’en devenant impatients dans l’attente du Seigneur, nous recommencions à faire des choses que nous avions auparavant abandonnées pour Lui.
Pierre ne trouve pas la patience d’attendre un ordre de son maître et veut retourner à la vie de tous les jours. Il dit qu’il s’en va pêcher et retourne à la profession qu’il exerçait avant d’être appelé par le Seigneur Jésus. Son exemple est contagieux et les autres le suivent. Par son exemple, Pierre entraîne les autres sur une mauvaise voie. Le fait que le Seigneur change tout pour le mieux ne change rien à la mauvaise décision de Pierre. Les autres aussi sont responsables de leur propre décision de suivre Pierre.
Ils quittent la maison et montent dans la barque, que l’un d’entre eux avait donc apparemment encore à sa disposition. Ils pêchent toute la nuit, mais en vain. Pas un seul poisson n’est pêché. Une œuvre reste souvent infructueuse lorsqu’on fait quelque chose pour lequel le Seigneur n’a pas donné d’instructions. Quand ils retournent à terre tôt le matin, Il les attend sur le rivage. Cependant, ils ne savent pas que c’est le Seigneur.
Il sait ce qu’ils ont fait. Encore une fois, Il prend l’initiative et leur demande s’ils ont quelque chose à manger. Il s’adresse à eux avec le mot amical « enfants » qui exprime aussi sa proximité avec eux. Cela ne signifie pas qu’Il s’adresse à eux comme à ‘ses’ enfants. Nulle part les croyants ne sont appelés ‘enfants du Seigneur Jésus’. Les croyants sont des enfants de Dieu. Le Seigneur s’adresse à eux en tant qu’’enfants dans la foi’. Ils ont encore besoin de beaucoup d’éducation pour grandir dans leur foi.
Le manque de nourriture est toujours le résultat de la prise d’initiatives sans attendre sa guidance. Par conséquent, lorsqu’Il leur demande s’ils ont quelque chose à manger, leur réponse doit être « non ». Ce faisant, ils admettent qu’ils ont pêché sans résultat toute la nuit. Il leur conseille ensuite de jeter le filet du côté droit de la barque. Il leur donne l’assurance supplémentaire qu’ils trouveront alors ce qu’ils cherchent. Il leur assure que cette fois-ci, ils ne seront pas sans prise.
Sans se rappeler que c’est le Seigneur, ils font ce qu’Il leur dit. Ils ne discutent pas avec cet étranger, et ne Lui demandent pas non plus qui Il est. Il y aura eu un son dans sa voix qui leur aura donné confiance, peut-être déjà en s’adressant à eux comme à des ‘enfants’. Sa voix les a incités à obéir. Ils auront remarqué qu’il s’agit d’une personne spéciale. La prise est au-delà de toute attente, elle est telle qu’ils ne peuvent pas tirer le filet.
7 - 11 Les disciples reconnaissent le Seigneur
7 Le disciple que Jésus aimait dit alors à Pierre : C’est le Seigneur ! Simon Pierre, ayant entendu que c’était le Seigneur, mit son vêtement de dessus, car il était nu, et se jeta à la mer. 8 Les autres disciples vinrent dans la petite barque (car ils n’étaient pas loin de la terre, mais à environ 200 coudées), traînant le filet de poissons. 9 Quand ils furent descendus à terre, ils voient là un feu de braises, du poisson mis dessus, et du pain. 10 Jésus leur dit : Apportez quelques-uns des poissons que vous venez de prendre. 11 Simon Pierre monta et tira à terre le filet, plein de 153 gros poissons ; et bien qu’il y en eût tant, le filet n’avait pas été déchiré.
La grande prise inattendue résultant du conseil de l’étranger ouvre d’abord les yeux de Jean sur le fait qu’ils ont affaire au Seigneur. Il dit donc à Pierre, émerveillé : « C’est le Seigneur ! » Pierre, impulsif comme toujours, réagit immédiatement. Jean est le plus rapide dans son intelligence. Pierre est le plus rapide dans l’acte d’agir selon l’intelligence qu’il a reçue par l’autre personne. Sans d’abord regarder le Seigneur de plus près pour se convaincre que c’est bien Lui, il met son vêtement de dessus et plonge dans l’eau pour aller vers Lui.
Il fait entièrement confiance à la perception de Jean. Il connaît Jean comme quelqu’un qui a une relation étroite avec le Seigneur et s’il dit que c’est Lui, il n’y a pas lieu d’en douter. C’est bien quand des croyants nous disent des choses sur le Seigneur Jésus que nous pouvons accepter sans poser de questions parce que nous connaissons leurs rapports avec Lui. Cela nous met aussi, comme Pierre ici, en relation directe avec Lui.
Après Pierre, les autres disciples viennent aussi à terre dans la petite barque. Ils traînent le filet de poissons. La distance est indiquée par Jean. Ils n’ont pas besoin de traîner bien loin avant d’arriver au Seigneur. Quand ils sont descendus à terre, ils voient un feu de braises sur lequel se trouvent du poisson. Ils voient aussi du pain.
Le feu de braises aura rappelé à Pierre son reniement à un autre feu (Jn 18:18). Pierre a renié le Seigneur lors d’un feu de charbon. Maintenant, le Seigneur va rétablir Pierre à un feu qu’Il a allumé et près duquel Il se tient, au milieu de ses disciples.
Le poisson mis dessus le feu de braises et le pain montrent clairement qu’Il prend soin d’eux et qu’Il fournit lui-même ce qu’Il a demandé à ses disciples. Il leur a demandé s’ils avaient quelque chose à manger et ils ont dû dire qu’ils n’avaient rien. Il a demandé non pas parce qu’Il avait besoin de quelque chose, mais pour qu’ils Lui fassent part de leur besoin. Plus tôt dans cet Évangile, Il a testé ses disciples d’une autre manière concernant la nourriture et, même à ce moment-là, Il savait lui-même ce qu’Il allait faire (Jn 6:5-6).
Il demande à ses disciples de Lui apporter les résultats de leur travail. Il veut toujours que nous venions à Lui avec les résultats de notre travail qu’Il nous a été permis de faire, mais dont Il est à l’origine. Pierre réagit immédiatement à la question. Il monte la barque. Il détache ensuite le filet avec les poissons et tire le filet à terre.
L’écrivain Jean note en outre que le filet est plein de gros poissons et qu’il ne se déchire pas. Tout correspond à la perfection de la personne qu’il décrit dans son Évangile. Tout est compté et tout vient à terre. Le Seigneur travaille la prise et donne la force à la fois à l’homme et au matériel pour achever le travail parfaitement, sans que rien ne soit perdu.
Le filet s’est déchiré lors d’une pêche antérieure (Lc 5:5-6). Là, la prise est liée à la responsabilité de l’homme. Ici, le trait distinctif est que tout est l’œuvre de Christ, sur la base de sa résurrection et en regardant vers l’avant comme une image du royaume millénaire de paix. Il ne repose donc pas sur la responsabilité humaine. Après sa manifestation en gloire, quand Il reviendra sur la terre, Il rassemblera une multitude de la mer des nations.
Avant qu’Il ne se manifeste et que la foule ne soit prise, Il a déjà du poisson (verset 9). Nous pouvons y voir l’image d’un reste qu’Il s’est déjà préparé sur la terre. Nous voyons aussi cela en Apocalypse 7, déjà cité, dans la première partie de ce chapitre (Apo 7:1-8), qui parle de personnes scellées venant d’Israël.
On a beaucoup spéculé sur le nombre 153. Ce nombre aura certainement une signification, mais la quantité de spéculations qui ont été faites à son sujet montre bien que la signification n’est pas évidente.
12 - 14 Le Seigneur donne à manger à ses disciples
12 Jésus leur dit : Venez, mangez. Mais aucun des disciples n’osait lui demander : Qui es-tu ? sachant que c’était le Seigneur. 13 Jésus vient, prend le pain et le leur donne ; de même le poisson. 14 Ce fut la troisième fois, déjà, que Jésus fut manifesté aux disciples, après avoir été ressuscité d’entre les morts.
Le Seigneur a préparé un repas pour eux et les invite à déjeuner. Il est l’hôte. Les disciples ne savent pas trop comment considérer cette situation. La question leur brûle les lèvres qui Il est, alors qu’en même temps ils le savent bien. Tout est si différent de ce qui était le cas avant sa mort. Ils font l’expérience de la proximité et pourtant aussi de la distance. Il est différent, mais aussi le Même.
Le Seigneur les débarrasse de toute méfiance en s’approchant d’eux et en ouvrant le repas. Il prend le pain et le poisson et les leur donne. Ce faisant, Il fait connaître sa communion avec eux.
Jean a compté les fois où le Seigneur Jésus, après sa résurrection, s’est manifesté à ses disciples. C’est déjà la troisième fois. Le Seigneur est bien apparu plusieurs fois auparavant, mais c’est la troisième fois à ses disciples. Le fait qu’Il se soit manifesté à eux indique qu’Il y a eu un changement majeur dans sa relation avec eux par rapport à la façon dont Il les traitait avant sa mort. Avant sa mort, Il ne se manifestait pas occasionnellement à eux. Ils Le voyaient constamment parce qu’Il était avec eux.
Après sa mort et sa résurrection, Il n’est plus physiquement avec eux, mais se manifeste régulièrement à eux, puis disparaît à nouveau. Nous avons vu la première manifestation à ses disciples en Jean 20 (Jn 20:19). Il s’agit là d’une image de sa manifestation à l’église. La deuxième manifestation s’adresse aussi aux disciples, mais principalement à Thomas (Jn 20:26-29). Cela fait référence à sa manifestation au reste croyant d’Israël dans le futur. Sa troisième manifestation, que nous avons ici, concerne sa manifestation aux nations rassemblées pour entrer dans le royaume de paix.
15 - 17 Le rétablissement de Pierre
15 Quand ils eurent déjeuné, Jésus dit à Simon Pierre : Simon, [fils] de Jonas, m’aimes-tu plus que ceux-ci [ne m’aiment] ? Il lui dit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Fais paître mes agneaux. 16 Il lui dit une deuxième fois : Simon, [fils] de Jonas, m’aimes-tu ? Pierre lui dit : Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Sois berger de mes brebis. 17 Il lui dit pour la troisième fois : Simon, [fils] de Jonas, m’aimes-tu ? Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit pour la troisième fois : M’aimes-tu ? Et il lui dit : Seigneur, toi tu sais tout, tu sais que je t’aime. Jésus lui dit : Fais paître mes brebis.
Lorsqu’ils terminent leur petit-déjeuner, le Seigneur commence la rétablissement complet de l’âme de Pierre. La relation personnelle entre Lui et Pierre avait déjà été mise en ordre plus tôt. Avant cela, Il est apparu pour la première fois à Pierre personnellement. On ne nous dit pas de quoi Il a discuté avec lui. Il nous suffit de savoir que tout a été mis en ordre entre lui et le Seigneur (Mc 16:7 ; Lc 24:34 ; 1Cor 15:5). Qu’il n’y ait plus rien entre Pierre et le Seigneur, nous l’avons vu dans l’action spontanée de Pierre qui nage directement vers Lui lorsqu’il entend qu’Il se tient sur le rivage (verset 7). Il n’y a plus de réticence de sa part.
Après avoir rétabli sa relation personnelle avec le Seigneur, Pierre doit maintenant être rétabli ouvertement au milieu de ses frères. Cela approfondira l’œuvre gracieuse du Seigneur Jésus dans le cœur de Pierre.
Le Seigneur ne lui reproche pas son reniement, mais en pénètre la cause : la confiance en soi de Pierre et son sentiment d’être meilleur que les autres. Après tout, Pierre s’est vanté que même si tous Le scandalisaient, lui au moins ne le serait jamais (Mt 26:33). Pour exposer pleinement cette confiance en soi, afin que Pierre la reconnaisse et la condamne en lui-même, le Seigneur lui pose trois questions. Ces trois questions correspondent bien sûr aux trois fois où Pierre L’a renié.
Par conséquent, dans sa première question sur l’amour que Pierre dit avoir pour Lui, le Seigneur Jésus fait la comparaison que Pierre a faite entre lui et les autres disciples. Dans sa réponse, Pierre ne mentionne pas un mot sur le fait de L’aimer plus que les autres disciples, alors que le Seigneur l’a interrogé à ce sujet. Pierre a bien compris la question. Dans sa réponse, il ne se vante plus de son amour pour le Seigneur. Il fait appel à son omniscience. En ce qui concerne lui-même, il sait qu’il a failli dans son amour pour Lui, mais il sait aussi que le Seigneur connaît son cœur et qu’Il voit alors de toute façon dans son cœur qu’il L’aime.
Dans sa réponse, Pierre utilise un mot plus faible pour désigner l’amour que celui que le Seigneur a utilisé dans sa question. Dans sa question sur l’amour de Pierre, le Seigneur a utilisé pour le mot amour le mot ‘agapao’ qui désigne l’amour divin. Il demande à Pierre s’il L’aime avec cet amour suprême. Pierre répond par le mot ‘phileo’, un mot qui désigne une forme d’amour plus faible. C’est le mot pour l’amour utilisé parmi les gens et qui a plutôt le sens d’’attachement’, d’’affection’.
Cette réponse de Pierre montre l’authenticité de sa foi qui est maintenant dépouillée de sa bravade. Sur la base de cette réponse, le Seigneur donne à Pierre le soin de ses agneaux, les plus vulnérables de son troupeau. Y a-t-il une plus grande preuve de confiance qu’un ami puisse m’accorder que de me confier ce qu’il a de plus précieux ? C’est la confiance que le Seigneur donne ici à Pierre. Peut-être aurions-nous choisi Pierre en dernier, étant donné son triple reniement. La réponse gracieuse est que Pierre est exactement l’homme en qui Il peut avoir confiance. La raison en est l’effondrement complet de sa confiance en soi.
Le Seigneur Jésus va bientôt quitter les siens pour retourner auprès de son Père. Où peut-Il trouver un berger digne de confiance, vrai et aimant pour prendre soin de ces personnes vulnérables ? Il le trouve en Pierre. Le trouve-t-il aussi en nous ?
Le soin de Pierre pour les agneaux consiste à les faire paître. Faire paître signifie leur donner de la nourriture qui consiste à leur enseigner la vérité au niveau qu’ils peuvent supporter. Pierre se voit confier le soin des agneaux et des brebis juifs. Il pourra donner de la nourriture aux agneaux en leur présentant le Messie tel qu’Il était. C’est ce qu’il fait dans le livre des Actes et aussi dans ses deux lettres.
Dans sa deuxième question à Pierre, le Seigneur ne parle plus de la comparaison avec les autres disciples. Cette question a été réglée. Il n’y revient pas. Dans sa deuxième question, Il s’enquiert de l’amour personnel de Pierre pour lui : « Simon, [fils] de Jonas, m’aimes-tu ? » Là aussi, Il utilise le mot ‘agapao’, le mot qui désigne l’amour divin. Pierre n’ose pas adopter ce mot et répond avec beaucoup d’humilité par le plus faible ‘phileo’, ‘affection’. Comme la première fois, Pierre commence sa réponse par « oui Seigneur » et fait appel à son omniscience. Il aime vraiment le Seigneur, même s’il reconnaît que cela ne se voit pas beaucoup à l’extérieur.
Le Seigneur le sait aussi et apprécie la réponse de Pierre en lui confiant une nouvelle tâche. Pierre se voit maintenant confier ses brebis pour être leur berger, les protéger. Les croyants adultes qui connaissent déjà un peu plus la vérité n’ont pas besoin en premier lieu de nourriture, bien que celle-ci soit également indispensable, mais ils ont besoin d’être préservés par ce qu’ils connaissent de la vérité. Le danger auquel ils sont confrontés est que l’ennemi les attire loin de ce qu’ils savent.
Lorsque le Seigneur l’interroge pour la troisième fois sur son amour, Pierre est attristé. Cette tristesse n’est pas due au fait qu’il pense que le Seigneur lui en demande trop, mais parce qu’il s’est rendu compte de ce qu’il a été. Le Seigneur a atteint son but avec Pierre. Le fait qu’il n’en demande pas trop, mais qu’il est plutôt en train de rétablir Pierre pleinement, est évident dans le fait qu’il utilise le même mot à cette troisième question que celui que Pierre a toujours utilisé. Il adopte ici le mot de Pierre et parle d’’affection’. Il dit en quelque sorte : ‘Pierre, si tu n’oses pas dire que tu m’aimes, oses-tu dire que tu as de l’affection pour moi ?’
Pierre se rend compte qu’il en a montré si peu et qu’il ne peut pas donner de preuves de son amour pour le Seigneur. Il fait de nouveau appel à son omniscience, et d’une manière plus forte que les deux autres fois. Il dit maintenant qu’Il sait tout, ce qui inclut qu’Il le connaît de part en part. En réponse à cette humble confession, le Seigneur lui confie l’entière responsabilité de ses brebis en lui disant aussi de faire paître ses brebis.
Lorsque Pierre est amené à dépendre entièrement de la grâce après sa chute humiliante, la grâce montre à quel point elle est riche et abondante. Ce qui est le plus précieux et le plus valeureux pour le Seigneur, le don de l’amour du Père à Lui, Il le confie à Pierre : les brebis qu’Il vient de racheter. Cette grâce n’inspire donc pas la confiance en nous-mêmes, mais en Dieu, dans la grâce duquel nous pouvons toujours avoir confiance.
18 - 23 Suivre le Seigneur
18 En vérité, en vérité, je te dis : Quand tu étais jeune, tu nouais ta ceinture et tu allais où tu voulais ; mais quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains, et un autre te ceindra et te conduira où tu ne veux pas. 19 Or il dit cela pour indiquer de quelle mort Pierre glorifierait Dieu. Quand il eut dit cela, il dit à Pierre : Suis-moi. 20 Pierre se retourne et voit suivre le disciple que Jésus aimait, celui qui, durant le souper, s’était penché sur sa poitrine et avait dit : Seigneur, quel est celui qui te livrera ? 21 Pierre, le voyant, dit à Jésus : Seigneur, et celui-ci, que [lui arrivera-t-il] ? 22 Jésus lui dit : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ? 23 Toi, suis-moi. Cette parole se répandit donc parmi les frères que ce disciple-là ne mourrait pas. Or Jésus ne lui avait pas dit qu’il ne mourrait pas, mais : Si je veux qu’il demeure jusqu’à ce que je vienne, que t’importe ?
Le Seigneur rappelle à Pierre par quoi il se laissait autrefois guider. Cela fait référence à l’époque où il était plus jeune, à la période qui s’est écoulée jusqu’à maintenant. Alors, il nouait sa ceinture, c’est-à-dire qu’il agissait et se mettait à l’œuvre selon ses propres forces. Cela l’a conduit à des déclarations et des actions erronées et sur de mauvais chemins. Cependant, un temps viendra où il étendra ses mains pour qu’elles soient guidées et gouvernées par la puissance du Saint Esprit. S’il remet ainsi sa vie entre les mains de l’Esprit, il sera amené à un lieu où il ne veut pas aller en ce qui concerne son vieil homme. Il sera alors conduit par l’Esprit jusqu’à la mort et glorifiera Dieu par sa mort.
Tout ce que fait le Saint Esprit a pour but la glorification de Dieu. Cela est devenu parfaitement visible dans la vie du Seigneur Jésus et c’est aussi vrai dans la vie de chaque croyant qui est conduit par l’Esprit. Nous ne pouvons-nous confier à la direction du Saint Esprit que lorsque nous avons appris à abandonner notre propre volonté. Là où le Saint Esprit est aux commandes, le Seigneur nous appelle à Le suivre. Il souligne que nous devons observer attentivement le Seigneur Jésus pour voir quelle voie il emprunte.
Le Seigneur dit maintenant à Pierre de Le suivre, ce qui ne pouvait pas être fait auparavant (Jn 13:36-37). Pierre a aussi l’occasion de Le suivre d’une meilleure façon qu’auparavant, ce qui l’avait conduit à renier le Seigneur. Il le suivait alors « de loin » (Lc 22:54). Maintenant, il peut Le suivre de près.
Pourtant, le regard de Pierre n’est pas encore indéfectiblement fixé sur le Seigneur. Il se retourne et voit Jean. Non pas que le nom de Jean soit mentionné, mais la description de la personne que Pierre voit montre clairement qu’il s’agit de Jean. Jean se décrit lui-même de différentes manières. Ici, il se nomme à nouveau « le disciple que Jésus aimait », ce qui parle de sa profonde conscience de l’amour du Seigneur pour lui.
Jean connaît aussi le lieu de l’intimité, de la proximité, que l’on voit en se penchant sur sa poitrine, le lieu de son cœur. Il a une relation confidentielle avec le Seigneur, ce qui lui permet de Lui poser des questions pour lui-même, mais aussi pour les autres. C’est une merveilleuse description de la relation particulière de Jean avec le Seigneur Jésus. Jean a gardé ces caractéristiques jusqu’à la fin de sa vie.
Pierre est curieux de savoir ce qui va arriver à Jean et il demande ce que le Seigneur a l’intention de faire de Jean. La réponse du Seigneur met en évidence deux choses. Premièrement, Il a une relation personnelle avec Jean. Il a parlé à Pierre de la mort par laquelle il glorifierait Dieu. Pour Jean, Il a un autre avenir en tête. En second lieu, Pierre n’a rien à voir avec les plans du Seigneur avec un autre, mais il doit lui-même Le suivre pour qu’Il puisse réaliser son plan avec lui. De même, aujourd’hui encore, chaque serviteur a sa propre relation avec son Seigneur, dont un autre n’a rien à faire.
Ce que le Seigneur dit à propos de Jean a une signification plus profonde, spirituelle. Cela ne signifie pas que Jean continue à vivre jusqu’à la venue du Seigneur. Ce n’est pas une allusion à la durée de la vie de Jean, mais à la durée de son service. Jean n’est pas demeuré personnellement jusqu’à la venue du Seigneur, mais il est demeuré dans son ministère. Il accomplit ce service en écrivant le livre de l’Apocalypse, dans lequel il assiste en esprit à la venue de Christ sur la terre (Apo 1:19 ; 4:1).
Ce que le Seigneur a dit est mal compris par les frères et cette incompréhension est donc transmise. C’est parce que les gens n’écoutent pas correctement. Cela nous apprend qu’il est important d’écouter attentivement et de vérifier si nous avons bien compris ce que nous avons entendu avant de transmettre quoi que ce soit.
24 - 25 La confirmation du témoignage de Jean
24 C’est ce disciple qui rend témoignage de tout cela, et qui l’a écrit, et nous savons que son témoignage est vrai. 25 Il y a aussi beaucoup d’autres choses que Jésus a faites : si elles étaient rapportées une à une, je ne pense pas que le monde même pourrait contenir les livres qui seraient écrits.
À la fin, Jean se désigne lui-même comme l’auteur de cet Évangile. Après les pensées profondes qu’il a écrites, il ne se désigne pas ici comme ‘docteur’ ou ‘ancien’, mais comme « disciple ». Avec tout son savoir et son âge avancé, il est et reste un disciple. C’est un trait merveilleux de sa personnalité.
Il a témoigné de la gloire du Seigneur Jésus et du fait que Dieu nous a donné la vie éternelle. Dans ce témoignage, il implique tous les apôtres. « Nous », c’est-à-dire les apôtres, sommes tous convaincus de ces choses. ‘Nous’ confirme le témoignage de Jean. Jean a décrit un aspect particulier du Seigneur Jésus. Il L’a présenté comme étant la vie éternelle.
Il n’est pas tout à fait correct de parler d’’un aspect particulier’, car Le présenter comme la vie éternelle, c’est Le présenter dans tout son Être. Le roi ou le Messie (Évangile selon Matthieu ), le serviteur (Évangile selon Marc ) et l’Homme (Évangile selon Luc ) apparaissent également dans cet Évangile d’une manière particulière. Nous pourrions aussi appeler cet évangile l’évangile ‘englobant’.
La personne de Christ, le Fils de Dieu, avec toutes ses manifestations, est un sujet si vaste qu’il ne pourra jamais faire l’objet d’un écrit exhaustif. À travers les quatre Évangiles qui nous ont été donnés, nous pouvons cependant découvrir de plus en plus les différentes gloires de Christ. En eux se trouve tout ce que Dieu veut que nous sachions des choses que le Fils de Dieu a faites.