Introduction
C’est avec ce chapitre que commence l’histoire de la souffrance. Chaque Évangile traite l’histoire de la souffrance à sa propre et particulière manière, mais nulle part au milieu de la souffrance, nous ne voyons la grandeur du Seigneur Jésus autant que dans cet Évangile. Au milieu de toutes sortes de souffrances, où rien ne Lui est épargné, le Fils du Père brille d’une manière indépassable.
Après ses conversations avec ses disciples (Jean 13-16) et sa prière au Père pour eux (Jean 17), Il s’en va. Nous voyons dans les simples mots « s’en alla », à quel point Il est élevé (cf. Jn 18:4 ; 19:5,17). Il sort pour se donner entre les mains des pécheurs. Personne ne Le force, mais Il y va volontairement. Personne ne Le capture, mais Il se laisse capturer. Il prend l’initiative, comme partout auparavant dans cet Évangile, mais très particulièrement dans les heures qui suivent.
1 - 3 Judas vient capturer le Seigneur
1 Ayant dit cela, Jésus s’en alla avec ses disciples de l’autre côté du torrent du Cédron, où se trouvait un jardin, dans lequel il entra, lui et ses disciples. 2 Judas, qui le livrait, connaissait aussi l’endroit, car Jésus s’y était souvent réuni avec ses disciples. 3 Judas donc, ayant pris la compagnie [de soldats] et des gardes, de la part des principaux sacrificateurs et des pharisiens, vient là, avec des lanternes, des flambeaux et des armes.
Le Seigneur traverse le torrent du Cédron en compagnie de ses disciples. Nul doute qu’Il aura pensé à David qui, lui aussi, a un jour traversé ce torrent. David était alors, lui aussi en tant que roi souffrant, en train de fuir son fils (2Sam 15:23). Le Seigneur Jésus ne fuit pas. Il suit le chemin du Père.
Il entre dans un jardin, dont nous savons par les autres Évangiles qu’il s’agit du jardin de Gethsémané. Ici, cependant, nous n’entendons pas parler de sa lutte dans la prière et de la sueur que devient comme des grumeaux de sang. Il est ici le Fils qui, dans une consécration parfaite jusqu’à la fin de sa vie sur la terre, accomplit l’œuvre de glorification du Père.
À cette consécration parfaite, Jean oppose un homme qui accomplit lui aussi une œuvre dans un abandon parfait, mais qui fait l’œuvre du diable. Judas utilise sa connaissance de l’endroit : il sait que le Seigneur s’y retrouve souvent avec ses disciples. Il s’y est toujours rendu lui aussi. Il y vient aussi, maintenant non pas pour L’écouter, mais avec le projet du diable de Le capturer.
Judas emmène un grand nombre de personnes avec lui parce que lui et ses partisans craignent la puissance de Christ. Satan ne veut pas que ses instruments fassent un demi-travail. Ils veulent que les choses soient aussi sûres que possible. La compagnie de soldats et les gardes ont des lanternes et des flambeaux pour chercher celui qui est la lumière du monde. Ils ont aussi des armes avec eux, comme s’il s’agissait d’un grand criminel, bien qu’Il n’ait jamais porté de coup à personne. Judas ne connaît pas plus le Fils que ceux qu’il conduit. C’est ainsi que l’homme est aveugle !
4 - 9 Le Seigneur demande qui ils cherchent
4 Alors Jésus, sachant tout ce qui devait lui arriver, s’avança et leur dit : Qui cherchez-vous ? 5 Ils lui répondirent : Jésus le Nazaréen. Jésus leur dit : C’est moi. Judas, qui le livrait, se tenait là avec eux. 6 Quand donc il leur dit : C’est moi, ils reculèrent et tombèrent par terre. 7 Il leur demanda de nouveau : Qui cherchez-vous ? Ils dirent : Jésus le Nazaréen. 8 Jésus répondit : Je vous ai dit que c’est moi ; si donc c’est moi que vous cherchez, laissez aller ceux-ci, 9 – afin que s’accomplisse la parole qu’il avait dite : De ceux que tu m’as donnés, je n’en ai perdu aucun.
Avec la connaissance parfaite qui Lui est propre, le Fils sait ce qui va se passer. Il est le Tout Puissant et l’Omniscient. Toute la lumière tombe sur sa gloire divine. Ce n’est pas Judas qui vient à Lui pour lui donner le baiser du traître, mais Lui-même qui s’avance à la rencontre de ses ennemis. Il n’y a qu’un seul qui joue le rôle principal ici ; tous les autres ne sont que des figurants. Avant qu’ils ne puissent dire un mot, Il leur demande qui ils cherchent. Il sait ce qu’ils préparent et qui ils cherchent, mais Il demande pour qu’ils réalisent qui ils sont et aussi pour protéger ses disciples.
Sa question est une question d’autorité à laquelle ils sont obligés de répondre. Il se peut qu’ils ne Le reconnaissent pas immédiatement dans l’obscurité de la nuit. Le Seigneur Jésus n’est pas un Homme particulièrement visible. Il n’est pas entouré d’un halo qui Lui donne une apparence spéciale vue par tous. À sa question, ils répondent qu’ils cherchent « Jésus le Nazaréen », l’Homme humble de la ville méprisée de Nazareth (Mt 2:23). Sa réponse, cependant, est pleine de gloire divine. Elle consiste à prononcer son nom : « C’est moi », littéralement : « Moi, je suis » (verset 5 ; Exo 3:13-14). Il se fait connaître sous le nom de l’Éternel.
Pour peindre le contraste, l’évangéliste Jean nous informe que Judas, dont il mentionne encore celui « qui le livrait », se tient avec les ennemis de Christ. Il y a quelques heures à peine, Jean avait rejoint Judas au repas de la Pâque. Maintenant, Judas se retrouve parmi les ennemis du Seigneur. Toute la troupe, Judas en tête, se tient en présence du Dieu tout-puissant, le ‘Je suis’, sans être consumée par Lui.
Il se passe cependant quelque chose d’autre. La parole qui leur indique clairement qui est celui qu’ils cherchent leur ôte tout pouvoir de s’en emparer. Ils reculent comme s’ils étaient retenus par une main puissante. Ils tombent aussi par terre. Il n’est pas précisé s’ils sont tombés en avant ou en arrière. Je suppose qu’ils, y compris Judas, sont tombés en avant comme une reconnaissance forcée de sa majesté après avoir prononcé son nom (cf. Php 2:10). Il aurait pu tout aussi bien les consumer, mais l’heure de son abandon était venue.
C’est comme s’Il leur donnait une nouvelle chance de reprendre leurs esprits en leur demandant une fois de plus qui ils cherchent. Malgré la révélation de son Nom et de la puissance qui s’y exprime, les obligeant à tomber devant Lui, ils s’en tiennent à leur plan. Ils répondent à nouveau qu’ils cherchent « Jésus le Nazaréen ». Il leur répond que s’ils Le cherchent, ils doivent laisser aller ses disciples. Lui seul, comme l’arche au Jourdain, doit entrer dans les eaux de la mort pour que le peuple soit libre. Ici, le berger fait passer sa vie devant ses brebis.
Sa demande d’une retraite libre pour ses disciples est en même temps un ordre qui ne peut être contredit et auquel on obéit. Cela accomplit la parole qu’Il a dite dans sa prière au Père (Jn 17:12). Auparavant, Il a aussi dit à propos de ses brebis que personne ne peut les arracher de sa main (Jn 10:28).
10 - 11 L’épée et la coupe
10 Simon Pierre, qui avait une épée, la tira, frappa l’esclave du souverain sacrificateur et lui coupa l’oreille droite (le nom de l’esclave était Malchus). 11 Mais Jésus dit à Pierre : Remets l’épée dans le fourreau : la coupe que le Père m’a donnée, ne la boirai-je pas ?
La foule et Judas ne sont pas les seuls à être manifestés en présence du ‘Je suis’ dans leur totale nullité. Les meilleurs de ses disciples aussi se manifestent en sa présence. Tout comme les armes ne font aucune impression pour Le capturer, l’épée de Pierre ne fait aucune impression pour Le défendre. Une épée utilisée sans sollicitation à son service ne fait que du mal.
L’excès de zèle et donc l’action erronée de Pierre donne au Seigneur l’occasion de montrer qu’Il est entièrement d’accord avec les pensées du Père. Il accepte la coupe de la souffrance de la main de son Père, bien que les chefs religieux, ses opposants décidés, s’emparent de Lui.
Les autres Évangiles décrivent une coupe dont, au milieu de la lutte la plus féroce des âmes, Il demande au Père de la Lui laisser passer. Ici, cette lutte est derrière Lui et Il ne voit que le chemin du Père devant Lui. Sinon, comment pourrait-il accepter cette coupe de la main du Père ? Parce qu’Il a bu cette coupe, nous pouvons prendre la coupe du salut ou de la rédemption (Psa 116:13) comme une coupe de bénédiction ou de louange (1Cor 10:16).
12 - 14 Amené devant Anne
12 Alors la compagnie [de soldats], le commandant et les gardes des Juifs se saisirent de Jésus, le lièrent 13 et l’amenèrent d’abord devant Anne ; car il était le beau-père de Caïphe, qui était souverain sacrificateur cette année-là. 14 Caïphe était celui qui avait donné aux Juifs ce conseil : Il est avantageux qu’un seul homme périsse pour le peuple.
Dans ce qui suit, nous voyons à la fois l’humilité et la dignité du Fils et son élévation infinie au-dessus de tous ceux qui L’entourent, qu’il s’agisse de ses amis ou de ses ennemis. Nous voyons sa soumission totale et son pouvoir ininterrompu. Dans cette élévation infinie, Il permet à des hommes malveillants de Le saisir et de Le lier. C’est une scène des contrastes les plus grands, comme nous en verrons beaucoup d’autres.
Nous voyons l’homme, conduit par Satan, saisir et lier le Fils de Dieu comme s’il s’agissait d’un criminel. Ils saisissent celui qui seul leur a fait du bien et leur a fait connaître son Père, afin qu’ils puissent aussi Le connaître comme Il Le connaît. Ils lient celui qui, par la simple prononciation de son nom, a tout fait tomber à terre, le Tout-Puissant.
Il semble que l’homme puisse faire ce qu’il veut, mais la foi voit ici que le Fils se soumet à l’homme pour accomplir les desseins du Père. C’est pourquoi Il leur permet de L’emmener où ils veulent. Ils L’emmènent d’abord chez les chefs religieux, à la tête desquels se trouve Anne.
En fait, Caïphe est souverain sacrificateur, mais il semble qu’Anne ait la charge de l’ensemble. Depuis un certain temps, la souverain sacerdoce est en grand déclin et a complètement dévié de l’intention originelle de Dieu (Lc 3:1b). Ainsi, il y a plus de souverains sacrificateur en charge ensemble ou en alternance (Act 4:6). Cela va à l’encontre de ce que Dieu a dit, à savoir qu’un souverain sacrificateur doit occuper ce poste toute sa vie et n’être remplacé par son fils qu’à sa mort (Nom 20:28).
Combien grave est la déviation par rapport aux pensées originelles de Dieu et combien grande est la confusion en termes religieux qui en résulte. L’arbitraire humain et les considérations politiques en vinrent à déterminer la nomination du souverain sacrificateur. Anne et Caïphe ont tous deux été établis par les représentants des dominateurs romains. Lorsqu’un homme commence à s’écarter de la parole de Dieu, il en résulte qu’il traduit le Fils du Père en justice et Le déclare coupable de crimes qu’Il n’a jamais commis. Cela ne veut pas dire que Dieu ne contrôle plus rien. Au contraire, les choses se déroulent comme Dieu le veut.
Jean nous rappelle que Dieu est aux commandes à travers la réitération de la prophétie prononcée par Caïphe (Jn 11:50). Dieu dirige les événements, faisant dire à même un souverain sacrificateur impie des choses qui l’indiquent. L’homme de la prophétie devient aussi l’homme qui réalise sa prophétie, faisant en sorte que ce qu’ils complotent dans leur méchanceté aboutisse à la louange de Dieu (Psa 76:11).
15 - 18 Le premier reniement de Pierre
15 Or Simon Pierre suivait Jésus, ainsi que l’autre disciple. Ce disciple était connu du souverain sacrificateur, et il entra avec Jésus dans la cour du palais du souverain sacrificateur ; 16 mais Pierre se tenait dehors à la porte. L’autre disciple, qui était connu du souverain sacrificateur, sortit, parla à celle qui gardait la porte et fit entrer Pierre. 17 La servante qui gardait la porte dit alors à Pierre : Et toi, n’es-tu pas des disciples de cet homme ? Il dit : Je n’en suis pas. 18 Or les esclaves et les gardes, après avoir allumé un feu de charbon, se tenaient là, car il faisait froid, et ils se chauffaient ; Pierre aussi se tenait là avec eux et se chauffait.
Alors que le témoin fidèle est emporté et maltraité en raison de sa fidélité au Père, notre attention est aussi régulièrement portée sur le disciple Pierre. Nous voyons alternativement le Seigneur fidèle et le Pierre infidèle. Les deux scènes s’entremêlent. La perfection du Fils brille de plus en plus, l’infidélité de Pierre l’entraîne toujours plus loin dans la mauvaise direction.
Pierre a d’abord fui, mais il est revenu pour être avec son Seigneur. Pour ce faire, il prend un chemin qu’il ne peut pas aller. Il suit le Seigneur sur un chemin que le Seigneur doit aller seul. Dans son amour pour Lui, il veut rester avec Lui, mais le fait par ses propres forces. Il utilise aussi le fait que « l’autre disciple » – peut-être Jean – soit connu du souverain sacrificateur pour entrer dans sa cour. L’autre disciple est donc lui aussi revenu de sa fuite pour être avec le Seigneur Jésus.
Aucun jugement de valeur n’est porté ici sur ce que fait l’autre disciple, ni dans le sens d’une approbation, ni dans celui d’une désapprobation, mais plutôt sur le comportement et les paroles de Pierre. Ce qui peut être autorisé pour l’autre disciple ne s’applique en tout cas pas à Pierre. L’autre disciple n’a aucun problème dans cette histoire, aucune question ne lui est posée.
Il est dit si justement que l’autre disciple « entra avec Jésus dans la cour du palais du souverain sacrificateur ». Lui aussi veut être là où se trouve son Seigneur. Pourtant, il semble que lui aussi soit entré non pas en tant que disciple du Seigneur, mais parce que le portier le connaît. Et en vertu de son intercession, Pierre aussi est autorisé à entrer. La servante connaît l’autre disciple, mais pas Pierre.
Elle demande à Pierre s’il n’est pas des disciples « de cet homme ». Pierre le nie immédiatement en déclarant avec force : « Je n’en suis pas. » Quel contraste énorme entre ce reniement et ce que le Seigneur a dit en vérité. Le Seigneur a dit en vérité « moi, je suis » ; Pierre dit en contre-vérité lorsqu’il dit « je n’en suis pas ».
Les ennemis de Christ ont froid et ont donc allumé un feu de charbon. Ils se tiennent là pour se chauffer. Pierre a froid lui aussi et se joint à eux. Il devait avoir doublement froid : froid à cause de la température extérieure, mais aussi froid à cause de la température intérieure. Son premier reniement ne l’a pas encore réveillé. Il reste dans l’environnement où l’inimitié contre le Seigneur est palpable, ce qui conduit inévitablement à une nouvelle chute.
19 - 24 Devant Caïphe
19 Le souverain sacrificateur interrogea Jésus sur ses disciples et sur sa doctrine. 20 Jésus lui répondit : Moi, j’ai ouvertement parlé au monde ; j’ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple où tous les Juifs s’assemblent, et je n’ai rien dit en secret. 21 Pourquoi m’interroges-tu ? Interroge ceux qui m’ont entendu sur ce que je leur ai dit ; voilà, ils savent, eux, ce que moi j’ai dit. 22 Comme il disait ces mots, un des gardes qui se tenait là frappa Jésus au visage en disant : Est-ce ainsi que tu réponds au souverain sacrificateur ? 23 Jésus lui répondit : Si j’ai mal parlé, rends témoignage de ce qui est mal ; mais si j’ai bien parlé, pourquoi me frappes-tu ? 24 Or Anne l’avait envoyé lié à Caïphe, le souverain sacrificateur.
Alors que Pierre a renié le Seigneur et se chauffe avec ses ennemis, le Seigneur Jésus est interrogé par Caïphe sur ses disciples et sur sa doctrine. Il est d’abord interrogé sur ses disciples, puis sur sa doctrine. Ce qu’une personne enseigne se reflète dans ses disciples. Qu’aurait-Il dû répondre lorsqu’on l’a interrogé sur ses disciples, dont l’un L’a trahi, un autre est en train de Le renier, tandis que tous les autres L’ont fui ?
Le Seigneur ne répond pas à la question concernant ses disciples. La raison n’est pas qu’Il aurait honte d’eux. Il les a apportés à son Père dans le chapitre précédent comme étant ceux qui L’ont cru et qui ont gardé la parole du Père. Il ne répond pas à cette question parce que, comme nous l’avons vu lors de la capture, il a dit à la foule : « Laissez aller ceux-ci » (verset 8).
Il répond à la question concernant sa doctrine. Sa réponse est élevée et s’adresse clairement à la conscience pour convaincre le souverain sacrificateur du péché qu’il est en train de commettre. Il le place en pleine lumière par sa réponse. Sa réponse n’est donc pas une défense. Il n’a aucune raison de se défendre, car tout ce qu’Il a dit et fait est totalement public et transparent. Il est un Homme qui n’a vraiment rien à cacher.
Sa réponse est une contre-question. Cette contre-question prouve la méchanceté de la question du souverain sacrificateur. Il exprime ainsi sa désapprobation quant à l’autorité et à la validité du questionnement. Il ne le fait pas de manière formelle, mais paisiblement et de manière élevée. Si le souverain sacrificateur veut savoir quelque chose sur ses disciples et sa doctrine, il n’a qu’à aller interroger les gens qui L’ont entendu parler. Ils savent ce qu’Il a dit.
La réponse docile et justifiée conduit un des gardes trop zélé du souverain sacrificateur à Le frapper au visage. Il n’y a personne qui puisse arrêter ou corriger ce garde. L’impiété et le manque de miséricorde sont les motifs de ce procès. Quelle procès ! Le Seigneur n’arrête pas non plus la main du garde. Quel Seigneur !
Le garde croit devoir Le frapper à cause de la réponse qu’Il a faite au souverain sacrificateur. Il fait partie d’un système impie où il n’y a aucun sens de ce qui est juste devant Dieu. Il estime que le Prisonnier répond brutalement à la plus haute autorité en matière de religion et que Le frapper au visage Le rappellera à l’ordre, à leur ordre.
Le Seigneur Jésus n’a pas besoin de s’excuser. Il sait qu’Il n’a rien dit ni fait de mal. Plus tard, lorsque son grand serviteur Paul se trouve dans une situation similaire, il doit effectivement s’excuser (Act 23:5). Le Fils est parfait en toutes circonstances. Il est injustement frappé. Pourtant, Il ne menace pas, mais réprimande avec une dignité impressionnante et un calme parfait alors qu’Il endure l’insulte. Il ne reconnaît en rien le souverain sacrificateur, bien qu’en même temps Il ne s’oppose pas à lui. Il a pleinement mis en évidence l’incompétence de cet homme dépravé.
Le Fils est ici parfait dans sa dignité et son élévation. Quel contraste énorme avec la défaillance de Pierre. Le Seigneur leur demande de témoigner du mal qu’Il a parlé. De toute sa vie, peut-on citer ne serait-ce qu’un seul exemple de déclaration fausse ? Au contraire, les gardes qui voulaient L’emprisonner ont témoigné de Lui que jamais aucun homme n’a parlé comme cet Homme (Jn 7:46). Non seulement il manque un témoin pour témoigner du mal, mais il y a suffisamment de témoins du bien qu’Il a parlé. Et puis s’Il a parlé en bien, la question de savoir pourquoi le garde Le frappe est aussi justifiée. C’est une question pénétrante à laquelle il n’y a pas de réponse.
Puisque le Seigneur Jésus a été amené à Anne (verset 13), mais que l’interrogatoire a lieu par Caïphe, Jean mentionne que le Seigneur a entre-temps été envoyé d’Anne à Caïphe. Il ne le fait qu’après l’interrogatoire de Caïphe pour signaler à ses lecteurs qu’Anne est le véritable chef de toute cette action.
25 - 27 Les deuxième et troisième reniements de Pierre
25 Cependant, Simon Pierre restait là, et se chauffait ; ils lui dirent : Et toi, n’es-tu pas de ses disciples ? Il le nia et dit : Je n’en suis pas. 26 Un des esclaves du souverain sacrificateur, parent de celui à qui Pierre avait coupé l’oreille, dit : Ne t’ai-je pas vu, moi, dans le jardin avec lui ? 27 Pierre nia encore ; et aussitôt un coq chanta.
Une fois de plus, notre attention passe pour un moment du Seigneur à Pierre. Alors que le Seigneur Jésus est interrogé, frappé et témoigne de la vérité, Pierre se chauffe encore dans le cercle des moqueurs. Lui aussi est interrogé, pour la deuxième fois. Comme la première fois, on lui demande s’il n’est pas lui aussi l’un des disciples du Seigneur. Cette fois aussi, il nie, en disant « je n’en suis pas ».
Puis, une troisième fois, on interroge Pierre sur son lien avec le Seigneur. C’est maintenant quelqu’un qui croit avoir vu Pierre dans le jardin où ils ont capturé le Seigneur. Pierre attire alors avec insistance l’attention sur lui en utilisant l’épée. L’homme qui croit le reconnaître est un parent de l’homme à qui Pierre a coupé l’oreille. Il n’aura pas nourri de sentiments chaleureux à son égard. Sa question lui aura semblé menaçante. S’il s’agit bien de l’homme qui a tant abusé de sa famille, l’heure de la rétribution a sonné. Pierre nie à nouveau qu’il appartient au Seigneur. Il est impossible que l’homme l’ait vu en sa compagnie lorsqu’Il a été capturé.
À ce moment-là, un coq chante. Nous savons par les autres Évangiles qu’à ce moment-là, la conscience de Pierre s’éveille pleinement. Jean n’en parle pas. À la fin de son Évangile, il écrira sur le rétablissement de Pierre, un rétablissement qui a lieu lors d’un autre feu de charbon.
28 - 32 Pilate et les Juifs
28 Ils mènent alors Jésus de chez Caïphe au prétoire (c’était le matin) ; mais ils n’entrèrent pas eux-mêmes dans le prétoire, afin de ne pas être souillés, et de pouvoir ainsi manger la pâque. 29 Pilate sortit donc vers eux et dit : Quelle accusation portez-vous contre cet homme ? 30 Ils lui répondirent : Si cet homme n’était pas un malfaiteur, nous ne te l’aurions pas livré. 31 Pilate leur dit : Prenez-le, vous, et jugez-le selon votre Loi. Les Juifs lui dirent : Il ne nous est pas permis de mettre quelqu’un à mort – 32 afin que s’accomplisse la parole que Jésus avait dite, indiquant de quelle mort il devait mourir.
Le Seigneur a été condamné par l’autorité religieuse ; maintenant, il est mené au pouvoir civil. Partout, Il est l’objet de moqueries. C’est ainsi qu’ils comblent la mesure de leurs péchés, et ce d’autant plus que la longanimité de Dieu perdure. Après L’avoir interrogé et maltraité toute la nuit, ils Le mènent tôt le matin au prétoire, la résidence officielle de Pilate.
Nous constatons à nouveau la grande hypocrisie des Juifs, cette fois dans leur refus d’entrer dans le prétoire. Ils considèrent comme une impureté le fait d’entrer dans ce bâtiment d’un païen, alors qu’en même temps, ils ont l’intention de commettre un meurtre et de chercher de faux témoins contre le Fils de Dieu. De quels actes la chair religieuse est-elle capable ! Ils sont pleins de zèle pour la pureté qui appartient à leurs cérémonies, mais indifférents à la justice. Ils n’ont pas la moindre idée qu’ils mettent à mort la véritable Pâque. Ils ne se rendent pas compte non plus qu’ils accomplissent ainsi, dans une incrédulité coupable, la voix de la loi pour leur propre ruine, quels que soient les plans de Dieu concernant la mort de Christ.
Lorsqu’ils l’ont amené au prétoire, Pilate sort vers eux. Il le doit, car eux, pour ne pas se souiller, ne veulent pas entrer. Pour savoir pourquoi ils mènent le prisonnier, il s’enquiert de l’accusation. De toute façon, pour condamner quelqu’un, il faut une accusation. Les Juifs ne répondent pas à la question de Pilate, mais attaquent sa question même. Dans une indignation hypocrite, ils affirment qu’ils ne sont certainement pas injustes au point de livrer quelqu’un qui ne serait pas un malfaiteur. Pilate devrait certainement en savoir plus.
Dans l’altercation qui suit entre Pilate et les Juifs, l’un veut charger l’autre de mettre à mort le Seigneur Jésus. Pilate leur donne la permission de juger Christ selon leur loi, mais les Juifs n’ont aucune envie de le faire. Ce n’est pas qu’ils ne veulent pas ou n’osent pas, mais ils veulent un verdict officiel, pour que plus tard sa validité juridique ne puisse pas être remise en question. Ils renvoient donc la responsabilité à Pilate en lui faisant remarquer que la loi romaine ne leur permet pas d’exécuter eux-mêmes une condamnation à mort. Cela prouve leur fourberie. Dès que cela les arrange, ils font appel à l’autorité qu’ils détestent.
Cependant, ni Pilate ni les Juifs ne déterminent la manière dont le Seigneur Jésus mourra. Il ne recevra pas la peine de mort juive, exécutée par lapidation. Il devra mourir sur la croix, la peine de mort appliquée par les Romains. C’est ce qu’Il a lui-même prédit (Jn 3:14 ; 8:28 ; 12:32-33). Par conséquent, les juifs et les païens seront coupables de sa mort (Act 4:27-28).
33 - 36 La bonne confession
33 Pilate rentra alors dans le prétoire, appela Jésus et lui dit : Toi, tu es le roi des Juifs ? 34 Jésus lui répondit : Dis-tu cela de toi-même, ou d’autres te l’ont-ils dit de moi ? 35 Pilate répondit : Suis-je juif, moi ? Ta nation et les principaux sacrificateurs t’ont livré à moi ; qu’as-tu fait ? 36 Jésus répondit : Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes serviteurs auraient combattu, afin que je ne sois pas livré aux Juifs ; mais maintenant mon royaume n’est pas d’ici.
Jean laisse de côté de nombreux détails de l’interrogatoire de Pilate que nous avons pourtant dans les autres Évangiles. Il ne mentionne que les paroles et les événements qui montrent certains aspects de la gloire du Fils. Pilate L’interroge à nouveau et Lui pose des questions sur sa royauté sur les Juifs. Cet interrogatoire a lieu dans le prétoire, c’est-à-dire sans que les Juifs soient là. La question importante pour Pilate, en tant que gouverneur romain, est de savoir s’il a bien affaire à celui qui se pose comme le roi des Juifs.
Le représentant du pouvoir mondial se trouve ici face à celui qui règne sur l’univers et qui, en tant que roi de Dieu, règne sur tout et régnera publiquement. Le roi de Dieu mettra fin à toutes les puissances mondiales en brisant comme une pierre ces puissances mondiales (Dan 2:34). Le Seigneur Jésus répond à la question de Pilate avec le même calme et la même soumission comme Il l’a fait lorsqu’Il a été interrogé par le souverain sacrificateur. Il renverse à nouveau la situation et devient l’interrogateur, tandis que Pilate devient celui qui est interrogé. Il interroge Pilate de manière à le confronter à la vérité.
Pilate pense qu’il a affaire à ‘un cas’, mais il se voit soudain confronté à la vérité par les questions du Seigneur. La question l’oblige à réfléchir à son attitude envers Lui. Pilate élude la question. Il ne veut pas y répondre. Il élude la question en disant qu’elle ne le concerne pas parce qu’il n’est pas juif. On peut aussi entendre dans sa voix un certain mépris pour les Juifs. Bien qu’il ait lui-même posé une question sur la royauté du Seigneur Jésus, par la question que le Seigneur lui pose personnellement, il fait soudain de sa question sur la royauté une question typiquement juive. En plus de dire qu’il n’est pas juif, il fait remarquer au Seigneur Jésus qu’Il lui a été livré par son propre peuple et ses chefs religieux.
Si le Seigneur ne répond alors pas à la question de savoir s’Il est un roi, sa question suivante est de savoir ce qu’Il a fait, ce qui est la raison pour laquelle ils Le lui ont livré. À la question « qu’as-tu fait ? », nous pouvons répondre que chacune de ses paroles et chacun de ses actes, en fait toute sa voie, est un grand témoignage de qui est Dieu dans l’amour et la grâce envers l’homme. Il a placé l’homme en présence de Dieu et, avec lui, ses péchés. Ils ne peuvent échapper à ce témoignage qu’en Le rejetant, croient-ils.
Le Seigneur n’aborde pas non plus la question de savoir ce qu’Il a fait. Il traite seulement de ce que Pilate a dit, à savoir qu’Il lui a été livré. Pilate ne doit pas penser qu’il L’a maintenant en son pouvoir. Il a affaire à quelqu’un qui possède un royaume. Seulement ce n’est pas un royaume de ce monde, tout comme Il n’est pas de ce monde (Jn 8:23 ; 17:14,16) et les siens ne lui appartiennent pas (Jn 17:14,16). C’est un royaume établi dans le cœur des personnes qui L’ont reçu comme leur Seigneur (Rom 14:17).
Si son royaume était de ce monde et si, en tant que roi, Il affirmait son pouvoir dans et sur le monde, Il aurait ordonné à ses serviteurs de combattre pour Lui (Mt 26:53). Il n’aurait alors pas été livré, ni aux Juifs, ni à Pilate. Mais ce n’était pas le moment d’agir de la sorte. Ce temps viendra certainement, mais il faut d’abord que toute l’œuvre du Père soit achevée. Cela signifie qu’Il doit d’abord aller sur le chemin de la souffrance, du rejet et de la mort (Lc 24:26).
Avec ce que le Seigneur dit ici, Il fait la belle confession devant Ponce Pilate (1Tim 6:13). Paul ordonne à Timothée – et à nous aussi – que nous fassions de même. Accomplir cet ordre signifie que dans notre vie, nous prenons en compte et parlons d’un Seigneur qui détermine notre vie. C’est à Lui que nous sommes soumis et non aux pouvoirs humains. Si nous nous soumettons aux institutions humaines, c’est parce que le Seigneur le veut (1Pie 2:13 ; Rom 13:1). Il est ce roi autre que le César (Act 17:7). Ce roi n’est pas visible maintenant, mais nous nous soumettons à Lui. Ce faisant, Il détermine aussi notre place sur la terre.
Le royaume auquel nous appartenons n’est toujours pas d’ici maintenant. Par conséquent, il est aussi contraire aux pensées de Dieu d’établir de toute façon un royaume sur la terre, ou même d’exercer une influence sur le gouvernement dans le but d’obtenir un gouvernement qui applique les normes de Dieu. Tous ces efforts sont rejetés par la parole de Dieu, comme nous pouvons le lire, entre autres, dans les exhortations de Paul aux Corinthiens à ce sujet (1Cor 4:8-9).
37 - 38 Le témoignage de la vérité
37 Pilate lui dit : Tu es donc roi ? Jésus répondit : Tu le dis que moi je suis roi. Moi je suis né pour ceci, et c’est pour ceci que je suis venu dans le monde, pour rendre témoignage à la vérité. Quiconque est de la vérité écoute ma voix. 38 Pilate lui dit : Qu’est-ce que la vérité ? Ayant dit cela, il sortit encore vers les Juifs ; et il leur déclara : Moi, je ne trouve aucun crime en lui ;
Pilate pense qu’il a maintenant reçu une réponse à sa question précédente concernant la royauté du Seigneur Jésus, bien qu’il demande maintenant s’Il est « donc roi », c’est-à-dire un roi dans un sens général. Le Seigneur confirme sa conclusion.
Il ajoute que sa naissance et sa venue dans le monde n’ont pas pour seul but qu’Il sera roi. Le fait qu’Il soit « né » indique qu’Il est devenu Homme ; le fait qu’Il soit « venu dans le monde » indique son existence avant qu’Il ne vienne dans le monde. Le grand objectif, pour ainsi dire, de sa naissance et de sa venue dans le monde est de rendre témoignage à la vérité. Il est devenu Homme pour témoigner aux hommes du Père dont Il est venu et qu’Il connaît éternellement en tant que Fils éternel.
Grâce à son témoignage de vérité, son royaume s’étend. La vérité signifie que le caractère réel de quelque chose ou de quelqu’un est vu à sa lumière, avec ses yeux. Alors qui est Dieu devient visible, mais aussi qui est l’homme et de même ce qu’est l’autorité d’un gouvernement. Tout ce que le Seigneur a dit et fait est un grand témoignage de vérité. Pour entendre sa voix, une personne doit être « de la vérité » (1Jn 3:19).
Plus tôt, Il a dit que ses brebis entendent sa voix (Jn 10:16). Être de la vérité signifie qu’une personne a acquis une nouvelle vie en reconnaissant la vérité et est ainsi devenue l’une de ses brebis. Celui qui est de la vérité a d’abord reconnu la vérité sur lui-même en tant que pécheur. Il a entendu et cru la parole de vérité, l’évangile de son salut (Éph 1:13), et a reçu une vie nouvelle. Cela permet aussi à une telle personne de recevoir toute la vérité que le Fils lui a fait connaître.
En tant que juge romain, pour Pilate, découvrir la vérité revient à poursuivre un mirage. Pour Pilate, la vérité n’existe pas. Il indique clairement qu’il ne veut pas du Fils en tant que vérité et qu’il Le rejette. Pourtant, il veut se disculper en disant aux Juifs qu’il ne trouve aucune culpabilité comme motif de condamnation en le Seigneur Jésus.
39 - 40 Pas celui-ci, mais Barabbas !
39 mais vous avez la coutume que je vous relâche quelqu’un à la Pâque ; voulez-vous donc que je vous relâche le roi des Juifs ? 40 Ils s’écrièrent tous encore : Pas celui-ci, mais Barabbas ! Or Barabbas était un brigand.
Pour se sauver de cette situation difficile, Pilate fait une autre proposition aux Juifs. Il leur rappelle leur coutume de relâcher quelqu’un à l’occasion de la Pâque. Il suggère aussi qui il voudrait relâcher. D’un choix qu’il soumet au peuple, comme nous le lisons dans les autres Évangiles, Jean ne parle pas. Pilate a fait le choix pour eux. Il propose de relâcher le Seigneur Jésus dont Il parle comme étant « le roi des Juifs ». Toute l’attention est concentrée sur Lui.
La réaction du peuple vient immédiatement. Ils n’ont pas besoin de temps pour réfléchir. En fait, il n’est même pas juste de parler de choix. Ils ne sont animés que par une seule chose, et c’est la mort du Seigneur Jésus. C’est de Lui qu’ils veulent se débarrasser. Quoi ou qui que ce soit qu’ils obtiennent à sa place est toujours mieux que Lui. Leurs paroles expriment leur rejet radical du Seigneur.
Significatif est le nom du brigand qu’ils choisissent et qu’ils appellent aussi. Ils veulent « Barabbas ». Barabbas signifie ‘fils du père’. L’identité de son père est claire. Il est un véritable fils de son père, le diable (Jn 8:44). Barabbas « était un brigand ». C’est la grande caractéristique du diable qui a volé l’honneur de Dieu. Ici, le fils du père, le diable, se tient à côté du Fils du Père.
En choisissant un brigand, qui est aussi un séditieux et un meurtrier (Mc 15:7), ils ont déterminé leur histoire. Au cours des siècles, leur histoire a été marquée par le fait qu’ils ont constamment été la proie de voleurs, d’assassins et d’insurgés de manière terrible. Dans les voies gouvernementales de Dieu, ils ont moissonné ce qu’ils ont semé.