1 Elkana, le père de Samuel
1 Il y avait un homme de Ramathaïm-Tsophim, de la montagne d’Éphraïm, dont le nom était Elkana, fils de Jerokham, fils d’Élihu, fils de Thohu, fils de Tsuph, Éphratien.
L’histoire de Samuel commence par la présentation de son père Elkana. Elkana habite à Rama, appelée ici « Ramathaïm-Tsophim ». « Ramathaïm-Tsophim » signifie ‘les deux hauteurs (des) Tsophim’. Il semble que la ville ait été nommée ainsi pour la distinguer d’autres villes nommées Rama, où l’ajout peut provenir de la famille lévitique de Tsuph (1Chr 6:20). Pour le reste, ce livre ne parle que de Rama. C’est le lieu où Samuel est non seulement né (1Sam 1:19), mais aussi où il vit, travaille, meurt et est enterré (1Sam 7:17 ; 15:34 ; 16:13 ; 19:18-19,22-23 ; 25:1a ; 28:3a).
La famille d’Elkana est donnée jusqu’à quatre générations en arrière. Elkana est un Lévite issu de la lignée du rebelle Coré (1Chr 6:7-11 ; Nom 16:1-3). Coré a péri, mais ses enfants ont été épargnés par la grâce (Nom 26:11). Samuel, le fils d’Elkana, est donc un Lévite. Par conséquent, il peut faire du service dans le tabernacle.
Elkana est appelé « Éphratien » car, en ce qui concerne sa place civile, il appartient à la tribu d’Ephraïm. Les Lévites sont comptés parmi les tribus au milieu desquelles ils vivent, c’est pourquoi ils sont aussi appelés d’après cette tribu (cf. Jug 17:7).
2 Anne et Peninna
2 Il avait deux femmes : le nom de l’une était Anne, et le nom de la seconde, Peninna. Peninna avait des enfants, mais Anne n’avait pas d’enfants.
Anne, la femme d’Elkana, est stérile. Il en est de même pour Sara (Gen 16:1), Rebecca (Gen 25:21) et Rachel (Gen 29:31), les épouses des patriarches. Élisabeth, la mère de Jean le baptiseur, est elle aussi stérile (Lc 1:7). Dieu utilise cette circonstance pour rendre son œuvre visible et pour que ses résultats soient à sa gloire. Dans ces cas de stérilité, Dieu réalise de grandes choses. Lorsqu’il n’y a rien à attendre de l’homme, Il a la possibilité d’accomplir ses plans de grâce. Il ne le fait pas sans amener ses instruments à des exercices de foi.
Elkana est un croyant, mais il n’est pas un ‘homme de Dieu’. Il donne l’impression d’être un homme qui remplit fidèlement ses obligations religieuses, comme beaucoup le font aujourd’hui. On ne perçoit pas beaucoup d’exercice spirituel. Cela ne veut pas dire qu’il est sans exercice spirituel, mais Anne est au-dessus de lui sur le plan spirituel. Le fait qu’il ait deux femmes ne plaide pas non plus en sa faveur, bien qu’il puisse mentionner des hommes comme Abraham et Jacob qui avaient eux aussi deux femmes, voire plus.
De ses deux femmes, Anne est mentionnée en premier, ce qui rend probable le fait qu’il l’ait épousée en premier. Plus loin dans ce chapitre, son amour pour elle est évident. Pourtant, il a pris une deuxième femme, Peninna. Il se peut qu’il ait fait cela à cause de la stérilité d’Anne. Il aura pensé à une bonne raison pour lui-même, mais cela va à l’encontre de l’intention de Dieu (Mt 19:4-8). Pour la vie de famille, cela signifie toujours la misère.
Anne signifie ‘grâce’, dont elle est revêtue. Peninna signifie ‘brillance’ ou ‘perle’, mais elle ne fait que rayonner elle-même. Peninna vit dans le même environnement, mais en elle, il n’y a pas de vie spirituelle. Elle se moque d’Anne et se manifeste comme son ennemie. Peninna peut se prévaloir de son ‘succès’ ; elle a des enfants, peut-être dix (verset 8). Aussi, nous pouvons facilement mesurer la bénédiction spirituelle par les adeptes d’un mouvement. Si tu compares Anne à cela, que représente-t-elle, sans ‘succès’ et misérable ? Mais ce n’est pas ainsi que Dieu voit les choses. Il la met en exercice afin qu’elle porte du fruit pour Lui.
D’un point de vue prophétique, nous retrouvons les sentiments d’un reste craignant Dieu non pas en premier lieu chez Samuel, mais chez Anne. Ses exercices d’âme devraient être ceux du peuple tout entier. Nous sommes ici avec les quelques fidèles. Cela ressemble au commencement de l’Évangile selon Luc, où, au milieu d’un peuple apostat, nous rencontrons un nombre inconnu et insignifiant de personnes, en qui le désir de bénédiction pour tout le peuple est présent (Luc 1-2). Parmi elles se trouve Marie, la mère du Seigneur Jésus, qui chante un cantique de louange (Lc 1:46-55) très semblable au cantique d’Anne que nous entendrons dans le chapitre suivant.
3 Silo
3 Chaque année, cet homme montait de sa ville pour adorer l’Éternel des armées et lui sacrifier à Silo ; là se trouvaient les deux fils d’Éli, Hophni et Phinées, sacrificateurs de l’Éternel.
Dans Silo se trouve la tente qui contient l’arche. La tente est le signe visible de la présence de Dieu. C’est là qu’Elkana se rend. Il ne se contente pas de faire des sacrifices, il adore aussi. S’acquitter fidèlement de ses obligations religieuses ne fait pas de lui un formaliste, accomplissant sans réfléchir une cérémonie vide de sens. Il connaît la grâce dont, en tant que descendant de Coré, il est l’objet. Cela fait de lui un adorateur. Il en est de même pour nous. Bien qu’il ne comprenne pas les exercices profonds d’Anne, il est authentique dans ce qu’il croit.
L’expression « l’Éternel des armées » apparaît ici pour la première fois. Cela indique la royauté de l’Éternel sur l’univers, sur les anges, sur les étoiles et aussi sur son peuple. Il règne sur toutes les puissances, visibles et invisibles, bonnes et mauvaises, où qu’elles soient dans les cieux et sur la terre. Ce nom mentionné ici par l’Esprit de Dieu est mentionné par Anne au verset 11. Elle s’adresse à Lui dans sa dignité royale.
Dans le lieu où Elkana se rend pour adorer, les fils d’Éli travaillent en tant que sacrificateur. Seuls leurs noms sont mentionnés ici. La manière dont ils exercent leur sacerdoce est décrite plus loin.
4 - 7 Elkana, Anne et Peninna à Silo
4 Le jour où Elkana sacrifiait, il donnait des portions à Peninna, sa femme, et à chacun de ses fils et de ses filles ; 5 mais à Anne il donnait une portion double, car il aimait Anne, bien que l’Éternel l’ait rendue stérile. 6 Sa rivale la harcelait sans cesse, afin de la pousser à l’irritation, parce que l’Éternel l’avait rendue stérile. 7 Et [Elkana] faisait ainsi d’année en année. Chaque fois qu’elle montait à la maison de l’Éternel, [Peninna] la harcelait ainsi ; alors elle pleurait et ne mangeait pas.
Il semble qu’un repas sacrificiel communautaire soit toujours organisé lors de la montée au Silo. À cette occasion, Elkana donne à chacun des membres de sa famille une portion du sacrifice de prospérités. L’amour d’Elkana va particulièrement à Anne, ce qu’il montre en lui donnant une double portion du sacrifice de prospérités (cf. Gen 43:34). Cela semble être en même temps l’élément déclencheur du comportement malveillant de Peninna. Chaque fois qu’Elkana montre son amour à Anne, Peninna répète ses remarques vicieuses et moqueuses.
Le comportement méchant de Peninna fait que monter à Silo est à chaque fois un supplice pour Anne. Peninna se comporte ainsi d’année en année. La fin du verset 6 semble indiquer que Peninna raille Hanna principalement en se moquant d’elle parce qu’elle n’a pas d’enfants. Il est possible qu’elle suggère qu’Anne est sans enfant à la suite d’un jugement de l’Éternel et que, par conséquent, sa piété ne serait pas sincère. Son comportement rappelle celui d’Agar qui regarde Sara avec mépris dès qu’elle est enceinte (Gen 16:4), alors que Sara aussi, comme Anne, aura plus tard un fils.
Nous ne lisons pas qu’Anne outrage Peninna pour ses railleries. Elle endure la diffamation. Elle en est capable parce qu’elle a le sentiment du Seigneur Jésus, « qui, lorsqu’on l’outrageait, ne rendait pas l’outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas, mais se remettait à celui qui juge justement » (1Pie 2:23). Pourtant, son chagrin est si grand qu’elle ne peut pas prendre part au repas (cf. Deu 26:14a).
8 L’incompréhension d’Elkana
8 Elkana, son mari, lui dit : Anne, pourquoi pleures-tu ? et pourquoi ne manges-tu pas ? pourquoi ton cœur est-il triste ? Est-ce que je ne vaux pas mieux pour toi que dix fils ?
Elkana veut bien faire, mais sa réaction montre qu’il n’a aucune intelligence du chagrin d’Anne. Il n’en comprend pas la cause. Anne reste seule et incomprise avec ses exercices. Elle ne réagit pas comme Rachel, qui voulait elle aussi des enfants mais qui, en l’absence de ceux-ci, fait des reproches à Jacob (Gen 30:1). Anne ne veut pas quelque chose pour elle-même, elle veut quelque chose pour Dieu. Elle est prête à donner ce qu’elle obtient directement à l’Éternel. Anne ne veut pas faire ses preuves auprès de Peninna, mais cherche le bien du peuple. Elle sent ce que cela doit signifier pour Dieu que son peuple se soit égaré si loin de Lui.
Elkana pense qu’il suffit qu’ils aient l’un pour l’autre. Anne voit plus loin. La satisfaction d’Elkana ne concerne que lui-même et ne nous mène pas plus loin. Il ne pense pas tant au bien-être d’Anne qu’à la valeur qu’il devrait avoir pour elle. Ce qu’il dit peut être ressenti par une femme comme un reproche. Il ne se rend pas compte que les sentiments d’Anne devraient être ceux de tout le peuple. Ces sentiments, le Seigneur les trouve plus souvent chez les femmes que chez les hommes.
9 - 11 La prière d’Anne
9 Anne se leva, après qu’on eut mangé à Silo, et après qu’on eut bu ; (Éli, le sacrificateur, était assis sur un siège près de l’un des poteaux du temple de l’Éternel) ; 10 l’amertume dans l’âme, elle pria l’Éternel et pleura abondamment. 11 Elle fit un vœu, disant : Éternel des armées ! si tu veux regarder à l’affliction de ta servante, si tu te souviens de moi et n’oublies pas ta servante, et que tu donnes à ta servante un fils, je le donnerai à l’Éternel [pour] tous les jours de sa vie ; et le rasoir ne passera pas sur sa tête.
Ces versets nous font entendre la prière d’Anne dans la maison de l’Éternel. Elle ne va pas voir Elkana pour lui faire part de sa détresse, car elle sait qu’il ne la comprend pas. Elle ne peut pas non plus s’adresser à Éli. Elle peut cependant s’adresser à l’Éternel. Alors que d’autres viennent avec des animaux en sacrifice, Anne vient avec un esprit brisé et un cœur brisé et humilié. Ce sacrifice, Dieu ne le méprise pas (Psa 51:19).
Elle ne peut pas aller voir Éli parce qu’il représente un sacerdoce qui n’est pas centré sur Dieu, mais sur lui-même. Les sacrificateurs sont censés se tenir debout pour servir, mais Éli s’assoit sur un siège. C’est lui qui l’a placé là, car dans la description du tabernacle, il n’est pas question d’un siège. Il ne voit plus bien (1Sam 3:2) et il est âgé et lourd (1Sam 4:18). Ces caractéristiques physiques indiquent aussi sa condition spirituelle. Il représente la sacerdoce telle qu’on la trouve aussi fréquemment aujourd’hui.
Anne, qui est en prière, contraste fortement avec lui. Anne est la femme dont on peut dire : « Son prix est bien au-delà des rubis » (Pro 31:10b). Elle est une mère qui prie. Cela marque la vie de l’enfant qu’elle demande. Plusieurs fois dans les livres 1 Rois et 2 Chroniques, nous lisons en plus du nom d’un roi que « le nom de sa mère était » (1Roi 11:26 ; 14:21 ; 15:2 ; 2Chr 12:13 ; 13:2 ; 20:31). Timothée aussi doit beaucoup à sa mère et à sa grand-mère (2Tim 1:5).
Anne ne demande pas seulement un enfant, mais « un fils ». Cet homme doit se tenir devant l’Éternel pour défendre les intérêts de son peuple. La foi est claire et simple. Hanna prie de manière spécifique et ciblée. Nos prières sont souvent générales, sans but, et ne peuvent donc pas être exaucées. Le fait qu’elles ne soient pas exaucées ne devrait pas nous surprendre.
En tant que Lévite, Samuel ne doit commencer à servir qu’à partir de l’âge de 25 ans, un service qui prend fin lorsqu’il atteint l’âge de 50 ans (Nom 8:23-26). Pour Anne, ce n’est pas une question. Elle le confie à l’Éternel pour toute sa vie. Nous voyons aussi le développement de la vie entière de Samuel. Sa vie est suivie de près depuis son plus jeune âge et nous est décrite. Sa formation ultérieure, après sa formation initiale dans la famille, se déroule dans un environnement impie.
Lorsque nous prions pour une bénédiction, nous pouvons apprendre d’Anne que, dans notre prière, nous disons aussi que ce que nous désirons doit être utilisé à l’honneur du Seigneur. Bien sûr, cela n’a de valeur que si c’est le véritable désir de nos cœurs. Alors nous Lui consacrerons ce que nous recevons en vertu d’une prière croyante et nous l’utiliserons joyeusement à son service. La jouissance de ce que nous avons demandé et reçu n’en est que plus grande. La vraie joie dans tout ce que nous avons réside dans la communion que nous y avons avec le Père et le Fils (1Jn 1:3-4).
Aussi en tant que nazaréen, Samuel ne doit pas nécessairement consacrer toute sa vie à Dieu. Le vœu nazaréen est fait pour une période de temps spécifique (Nom 6:1-8). Il peut s’agir d’une courte période. Anne, en revanche, consacre son fils pour toute sa vie. Pour preuve, le rasoir ne passera pas sur sa tête. La chevelure longue est une image de dévotion et de dépendance, de soumission. Pour Samuel, c’est envers Dieu.
Au temps de l’église, la femme peut le manifester à l’égard de l’homme (1Cor 11:1-16). Pour tout chrétien, depuis sa conversion, il est spirituellement consacré et soumis au Seigneur Jésus, entièrement dépendant de Lui. Il vit de la question : « Que dois-je faire, Seigneur ? » (Act 22:10a).
12 - 16 Éli et Anne
12 Comme elle priait longuement devant l’Éternel, Éli observa sa bouche. 13 Anne parlait dans son cœur ; seules ses lèvres remuaient, mais on n’entendait pas sa voix ; Éli pensa donc qu’elle était ivre. 14 Éli lui dit : Jusqu’à quand seras-tu ivre ? Ôte ton vin d’avec toi. 15 Mais Anne répondit : Non, mon seigneur ; je suis une femme qui a l’esprit accablé ; je n’ai bu ni vin ni boisson forte, mais j’épanchais mon âme devant l’Éternel. 16 Ne mets pas ta servante au rang d’une fille de Bélial ; car c’est dans la grandeur de ma plainte et de mon chagrin que j’ai parlé jusqu’à présent.
Le souverain sacrificateur Éli n’a aucune connaissance des pensées de Dieu. Lui qui, en tant que souverain sacrificateur, devrait être en mesure de comprendre les plus grandes difficultés du peuple plus que quiconque, comprend le moins du monde une femme profondément éplorée. Il traite Anne sans miséricorde, alors qu’en tant que souverain sacrificateur, il devrait faire preuve de miséricorde. Il interrompt brutalement sa communion avec l’Éternel. Elle prie intensément et longuement car son chagrin et sa détresse sont grands.
Éli prouve son incompétence en tant que souverain sacrificateur en ne reconnaissant pas une femme en prière comme telle. Il est apparemment plus habitué aux femmes ivres. Il devrait sûrement alors être capable de faire la différence entre une femme vraiment ivre, au comportement incontrôlable, et la femme qui prie, Anne. Il n’a aucune intelligence de ce qui occupe le cœur d’Anne. Il est incapable de sympathiser avec le meilleur esprit et le meilleur sentiment de son époque.
Lorsque l’église est formée et que les croyants sont remplis du Saint Esprit, le peuple incrédule pense aussi que les premiers chrétiens sont ivres (Act 2:13-15). L’homme spirituel est toujours déclaré idiot par ceux qui ne savent rien de la puissance de Dieu dans l’homme intérieur. Si le plus haut sacrificateur a un tel jugement erroné, quelle doit être la condition du peuple ?
Anne est ici le véritable sacrificateur qui prie pour le peuple. Elle a le vrai sentiment sacerdotal parce que son désir est que le peuple revienne à Dieu. C’est pourquoi elle prie pour un descendant mâle. Pour ramener le peuple à Dieu, elle demande si Dieu engendrera un homme à cette fin.
Elle déverse son cœur, mais Éli ne prête attention qu’à sa bouche. Il se fie aux apparences et, par conséquent, juge à tort qu’elle est ivre. La réponse d’Anne à cette accusation est douce et belle. Elle s’adresse à lui avec tout le respect dû à son âge et à sa position. Elle ne lui reproche pas le comportement de ses fils et son manquement à les punir. Elle ne lui lance pas qu’il devrait d’abord mettre de l’ordre dans sa propre maison avant d’accuser et de condamner durement les autres. Au lieu de lui tenir tête, elle s’incline devant lui. Tout ce qu’elle fait, c’est expliquer son comportement et demander de la compréhension pour celui-ci.
Elle a été plus que fervente dans sa prière à Dieu, et c’est là, lui dit-elle, la véritable raison de la confusion dans laquelle elle semblait se trouver. Lorsque nous sommes réprimandés injustement, nous pouvons essayer d’expliquer notre comportement comme étant pur devant le Seigneur. De même, en expliquant notre comportement, nous pouvons essayer de convaincre nos frères de ce qu’ils ont mal compris.
17 - 18 L’exaucement de la prière est promis
17 Éli répondit : Va en paix ; et que le Dieu d’Israël t’accorde la demande que tu lui as faite ! 18 Elle dit : Que ta servante trouve grâce à tes yeux ! La femme s’en alla et elle mangea ; et elle n’eut plus le même visage.
Éli ne demande pas ce qui se passe. Son sens spirituel est trop émoussé pour inviter Anne à lui dire ce qui la préoccupe tant, quels grands soucis et chagrins la tourmentent. Pourtant, Dieu se sert d’Éli pour annoncer à Anne qu’elle obtiendra ce pour quoi elle a prié. En compensation de sa réprimande hâtive et peu aimable, Éli la bénit gentiment et paternellement.
Il n’a pas pris la déclaration d’Anne comme une insulte, comme beaucoup sont trop tentés de le faire lorsqu’on leur montre qu’ils se sont trompés. Il a été convaincu par Anne et l’encourage maintenant à croire en sa prière aussi fortement qu’il l’en avait empêché un instant auparavant. En disant « va en paix », il indique non seulement qu’il est convaincu de son innocence, mais il la bénit comme autorité, parce qu’il est souverain sacrificateur, au nom de l’Éternel.
En peu de temps, il a acquis une opinion totalement différente et cette fois-ci correcte de sa sagesse et de sa piété. Il lui dit que le Dieu d’Israël lui donnera la demande – en quoi qu’elle puisse consister – qu’elle a prié pour obtenir de Lui. Anne accepte avec confiance ce que lui donne Éli et ne le méprise pas. Elle accepte sa bénédiction comme la voix de Dieu pour son cœur.
Anne est un exemple qui montre que par une attitude douce et humble, nous pouvons gagner ceux qui nous ont méprisés parce qu’ils ne nous connaissaient pas. Nous pouvons même être en mesure d’en faire nos amis, et transformer leurs reproches à notre égard en prières pour nous.
Anne a confié son fardeau à l’Éternel et est rentrée chez elle soulagée. La prière l’a changée. Peninna a dû se demander avec étonnement ce qui était arrivé à Anne, comment ce grand changement s’était produit.
Les exercices d’Anne sont un grand encouragement pour tous ceux qui ont un grand besoin spirituel. Il se peut que nous ayons ressenti une douleur profonde et aiguë pendant des années, une faim du cœur qui ne veut pas être satisfaite, un espoir déçu. Il n’y a rien d’autre qu’une attente en silence. Si cela a l’effet que cela a eu avec Anne, nous apprendrons grâce à ces circonstances comment prier. Nous découvrirons alors le secret de la foi enfantine. Nous découvrirons aussi que nous sommes rendus capables de devenir le destinataire de quelque présent inestimable.
19 - 20 La naissance de Samuel
19 Ils se levèrent de bonne heure le matin et se prosternèrent devant l’Éternel ; puis ils s’en retournèrent et vinrent dans leur maison, à Rama. Elkana connut Anne, sa femme ; et l’Éternel se souvint d’elle. 20 Quand les jours furent révolus, Anne, ayant conçu, enfanta un fils ; et elle l’appela du nom de Samuel : car, [dit-elle], je l’ai demandé à l’Éternel.
Quand Elkana et sa famille ont fini de sacrifier, ils rentrent chez eux. Un long voyage les attend, mais ils ne veulent pas partir avant d’avoir adoré en tant que famille. C’est un exemple pour nous personnellement et en tant que famille. La force de la vie spirituelle de la famille réside dans le fait de prier et d’adorer ensemble. Il n’y a pas de meilleur début de journée que d’adorer le Seigneur, de Lui dire que nous L’admirons pour qui Il est, ce qu’Il a fait et ce qu’Il va faire. C’est à Lui, qui est le Premier en toutes choses et qui tient la première place, que nous devrions consacrer notre premier temps et notre première attention.
La naissance de Samuel ne se produit pas par des moyens surnaturels, mais par la manière dont Dieu l’a donnée. Il donne cette grossesse parce qu’Il se souvient d’Anne, c’est-à-dire qu’Il se souvient de la prière d’Anne et qu’Il va maintenant y répondre. Se souvenir, pour Dieu, ce n’est pas se souvenir soudainement de quelque chose qui s’est échappé, mais agir sur la base d’une demande antérieure parce que c’est le moment de le faire. Ce qui arrive est lié à quelque chose qui se trouve avant.
Samuel est né. Dans le nom qu’elle lui donne, elle exprime la grande bonté de Dieu à son égard dans la réponse à sa prière. « Samuel » signifie ‘demandé à Dieu’, ou ’Dieu a exaucé’ – parce qu’elle a prié l’Éternel pour lui. Ce nom indique aussi le caractère de Samuel. Il sera un homme de prière, son service sera caractérisé par la prière (1Sam 7:5 ; 8:6 ; 12:19,23 ; 15:11).
Une femme de prière donne naissance à un fils de prière. Anne a supplié, Samuel intercède. Ramener le peuple sous l’autorité de Dieu n’est possible que par la prière et la parole de Dieu. Pour Anne, cette parole s’applique : « Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chant de joie » (Psa 126:5).
Chaque fois qu’elle mentionne le nom de ‘Samuel’, elle accorde à Dieu l’honneur de sa bonté et de sa miséricorde. Aussi, nous devrions toujours exprimer notre gratitude à l’égard des bénédictions que nous avons reçues (Psa 116:1-2). Combien de situations pouvons-nous appeler ‘Samuel’ ? Chaque fois que nous avons été sauvés d’un besoin ou qu’un besoin a été satisfait sur la base d’une prière, nous pouvons y inscrire ‘Samuel’. Nous consacrerons alors tout particulièrement ces situations à Dieu, en L’honorant pour cela.
21 - 23 Elkana affirme la foi d’Anne
21 Quand Elkana, son mari, monta avec toute sa maison pour sacrifier à l’Éternel le sacrifice annuel et son vœu, 22 Anne ne monta pas, car elle dit à son mari : [J’attendrai] jusqu’à ce que l’enfant soit sevré ; alors je le mènerai, afin qu’il paraisse devant l’Éternel et qu’il habite là pour toujours. 23 Elkana, son mari, lui dit : Fais ce qui est bon à tes yeux, reste [ici] jusqu’à ce que tu l’aies sevré ; seulement, que l’Éternel accomplisse sa parole ! La femme resta donc et elle allaita son fils jusqu’à ce qu’elle l’ait sevré.
Samuel, selon l’intention d’Anne, se présentera comme sacrificateur devant l’Éternel. Il accomplit le service sacerdotal dans la pratique. Anne a une haute idée de son fils en relation avec Dieu. Elle ne se satisfait pas d’une vie médiocre pour son fils. Il ne s’agit pas d’un orgueil naturel. Elle souhaite que dans sa vie, seul l’Éternel occupe une place centrale.
Tout d’abord, il doit être nourri par elle. C’est sous son influence, en le nourrissant et en l’éduquant, qu’il recevra la formation de base nécessaire à son séjour auprès de l’Éternel dans un environnement impie. C’est pourquoi elle reste à la maison lorsque Elkana se met en chemin pour sacrifier le sacrifice annuel. Elkana démontre sa foi en acceptant le souhait d’Anne d’attendre que Samuel soit prêt à l’accompagner et qu’il puisse alors demeurer là.
Elkana a affirmé le vœu d’Anne (Nom 30:13-14) et fait lui aussi un vœu. Il est encouragé par la foi d’Anne. Il a confiance que l’Éternel fera ce qu’Il a dit. Cela semble indiquer qu’il partage maintenant aussi l’attente de la bénédiction qui viendra à Israël par cet enfant à la suite de la prière d’Anne.
Anne reste à la maison parce que l’enfant a besoin de lait. Le temps viendra où l’enfant n’aura plus besoin de lait. Nos enfants ont besoin de notre aide dans leur croissance spirituelle, mais un jour viendra où ils prendront eux-mêmes leur nourriture spirituelle. Nous leur apprenons à lire et à prier et nous lisons et prions avec eux, mais il arrive un moment où ils doivent le faire eux-mêmes. Ils doivent apprendre à se tenir devant le Seigneur de manière indépendante.
24 - 28 Hanna prête Samuel à l’Éternel
24 Dès qu’elle l’eut sevré, elle l’emmena avec elle, avec trois jeunes taureaux, un épha de farine et une outre de vin ; elle le mena à la maison de l’Éternel à Silo ; or l’enfant était très jeune. 25 Ils égorgèrent le taureau et ils amenèrent le jeune garçon à Éli. 26 Elle dit : Ah, mon seigneur ! [aussi vrai que] ton âme est vivante, mon seigneur, je suis la femme qui se tenait ici près de toi pour prier l’Éternel. 27 J’ai prié pour cet enfant, et l’Éternel m’a accordé la demande que je lui ai faite. 28 Aussi, moi je l’ai prêté à l’Éternel ; [pour] tous les jours de sa vie, il est prêté à l’Éternel. Et il se prosterna là devant l’Éternel.
Le moment venu – Samuel a alors environ trois ans – Anne le prête à l’Éternel. Elle le confie aux soins d’Éli, de qui il recevra sa formation complémentaire et son entraînement pour le service dans le tabernacle. Elle l’a reçu de l’Éternel et le rend à l’Éternel (1Chr 29:14b).
Elle apporte le fils de son vœu à la maison de l’Éternel, accompagné d’une offrande. Son offrande consiste en « trois jeunes taureaux, un épha de farine et une outre de vin ». Les taureaux servent de sacrifice de prospérités ou d’offrande de vœu, la farine d’offrande de gâteau et le vin de libation. L’objet de ce vœu est Christ, car c’est de Lui que parle l’ensemble de l’offrande.
Un taureau peut être utilisé comme sacrifice pour le péché et aussi comme sacrifice de prospérités. Cela se réfère à l’œuvre du Seigneur Jésus sur la croix, par laquelle Il a ôté le péché (sacrifice pour le péché) et a rendu possible la communion avec Dieu (sacrifice de prospérités). Anne se réalise – en image – que ce n’est que sur cette base qu’elle peut offrir son fils à Dieu.
Le nombre trois est le nombre de la résurrection : le Seigneur Jésus est ressuscité d’entre les morts le troisième jour (Mt 16:21 ; Lc 24:46 ; 1Cor 15:3-4 ; 1Pie 1:21). La farine de l’offrande de gâteau fait référence au Seigneur Jésus comme le vrai Homme qui a vécu sur la terre dans l’humilité et la pleine consécration à Dieu jusqu’à la mort. Le vin parle de la joie que Dieu a trouvée en son Fils pendant sa vie sur la terre. Il trouve aussi cette joie en tous ceux en qui le Fils devient visible sur la terre, comme chez Paul (Php 2:17) et comme cela se produira aussi dans la vie de Samuel.
En disant « [aussi vrai que] ton âme est vivante », Anne veut dire : ‘Aussi vrai qu’il est que tu vis, aussi vrai est-il que je me suis tenue ici auprès de toi pour prier l’Éternel. Elle raconte à Éli leur première rencontre et l’exaucement de l’Éternel. Cela remonte à plus de trois ans. Elle se souvient encore exactement de l’endroit où elle se trouvait. Il en est souvent ainsi lors d’événements particuliers dans la vie (spirituelle) d’une personne, qu’il s’agisse d’une souffrance, d’une parole particulière du Seigneur ou d’une rencontre particulière. Anne se réjouit à la même place où elle a parlé à l’Éternel dans sa tristesse.
Là aussi, il n’y a pas de reproche à l’égard d’Éli. Elle ne vient pas demander réparation pour l’injustice qu’il lui a faite. Elle ne vient pas non plus dire triomphalement son bon droit. Elle semble avoir oublié tout cela. Elle ne pense qu’à sa prière en ce lieu. Son triomphe est en Dieu. Elle sait que Dieu est le donateur abondant de tous les biens. Elle vient accomplir son vœu. Anne nous enseigne comment surmonter et oublier l’injustice que les gens nous ont faite.
Le premier acte que nous lisons de Samuel est qu’il adore l’Éternel. C’est le résultat du lait qu’Anne lui a donné. Il l’a appris de sa mère. Elle est une personne qui prie. Nous le voyons aussi dans le chapitre suivant. Son chant de louange est une prière. Sa prière est une adoration ou une prophétie. Elle aura souvent prié avec Samuel, il l’aura souvent entendue et vue prier. Les impressions de ses premières années l’ont façonné.