1 Introduction au discours d’Étienne
1 Le souverain sacrificateur dit alors : En est-il vraiment ainsi ?
Le souverain sacrificateur a écouté les accusations et donne à Étienne l’occasion de répondre. Le discours d’Étienne n’est pas une défense, mais un accusation. Il montre aux Juifs leur propre histoire, qu’ils connaissent bien. Cependant, connaître l’histoire et en tirer les leçons sont deux choses différentes. Étienne fait clairement comprendre qu’ils sont complètement condamnés par leur propre histoire. Ils font exactement ce que leurs pères ont fait.
Étienne n’essaie pas de se défendre ici. Il est le juge qui prononce le verdict. Il est la mémoire du peuple par laquelle il est placé en présence de Dieu. En relation avec la bonté de Dieu à l’égard d’Israël, Joseph et Moïse sont mis au premier plan. Israël les a rejetés tous les deux. Joseph, ils l’ont livré aux nations et Moïse, ils l’ont rejeté en tant que juge et chef. C’est exactement ce qu’ils ont fait au Seigneur Jésus, qu’il leur présente enfin dans les termes les plus clairs.
Étienne donne un aperçu de 2000 ans d’histoire du peuple de Dieu, d’Abraham à maintenant. Il ressort clairement de cet aperçu que l’histoire du salut est un changement constant d’événements et de lieux. L’histoire n’est pas statique. Tout n’est pas resté en l’état. Il en sera de même pour le temple, qui, selon eux, demeurera à jamais.
Par son aperçu de leur histoire, il veut leur faire comprendre qu’avec la venue et le rejet du Christ, un nouveau changement s’est opéré dans leur histoire. Mais ils n’ont pas d’oreilles pour ce changement. La conclusion est qu’ils se bouchent les oreilles et lapident Étienne.
2 - 8 Le chemin de Dieu avec Abraham
2 Étienne répondit : Frères et pères, écoutez : Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham, quand il était en Mésopotamie avant d’habiter à Charran, 3 et il lui dit : Sors de ton pays et de ta parenté, et viens dans le pays que je te montrerai. 4 Il sortit alors du pays des Chaldéens, il habita à Charran ; et de là, après la mort de son père, Dieu le fit passer dans ce pays où vous habitez maintenant. 5 Il ne lui donna pas d’héritage dans ce pays, pas même où poser le pied, mais il lui promit de le lui donner en possession, et à sa descendance après lui, alors qu’il n’avait pas d’enfant. 6 Dieu parla ainsi : “Sa descendance séjournera dans une terre étrangère, et on l’asservira et on la maltraitera pendant 400 ans ; 7 mais moi je jugerai la nation à laquelle ils auront été asservis, dit Dieu ; et après cela ils sortiront et me rendront culte en ce lieu-ci”. 8 Puis il lui donna l’alliance de la circoncision ; c’est ainsi qu’Abraham engendra Isaac et le circoncit le huitième jour ; Isaac [engendra] Jacob, et Jacob, les douze patriarches.
En utilisant l’expression « frères et pères », Étienne s’adresse à eux comme quelqu’un qui appartient encore au même peuple. Il commence son discours par « le Dieu de gloire » et le termine en voyant « la gloire de Dieu » (verset 55). Tout au long de son discours, son visage resplendit de cette même gloire (Act 6:15).
Il commence par Abraham, l’ancêtre sur lequel ils se vantent tant d’être sa descendance. Leur fierté est complètement déplacée, car ils doivent se rappeler qu’Abraham était à l’origine un idolâtre en Mésopotamie (Jos 24:2). C’est dans ce pays, et non dans celui où ils vivent aujourd’hui, que le Dieu de gloire lui est apparu.
Là, Dieu lui a également parlé et lui a demandé de sortir de son pays et de sa parenté et l’a invité à venir dans le pays qu’Il lui montrerait (Gen 12:1). Il devait sortir de son pays, vers un nouveau pays que Dieu avait choisi pour lui. Il a dû sortir de sa famille, pour former une nouvelle famille. Il a même dû sortir de la maison de son père, dont il faisait encore partie, pour devenir lui-même le père de nombreuses nations. L’appel de Dieu est toujours personnel. Le chemin de Dieu est toujours celui de l’individu. Dieu a appelé Abraham en tant que personne seule (Ésa 51:2).
Au début, Abraham a obéi, mais son obéissance n’était pas parfaite. En effet, ce n’est pas lui, mais son père Térakh qui a pris l’initiative de partir (Gen 11:31). Par conséquent, il n’est d’abord pas allé plus loin que Charan, où il est allé vivre. Ce n’est qu’après la mort de son père qu’il est passé à « ce pays ».
Ici, on voit déjà clairement de quoi il s’agit dans le discours d’Étienne. Ce fragment d’histoire montre que tout changement a toujours suscité de la résistance. Cela a commencé avec Abraham. Il n’a pas fait tout le chemin que Dieu lui avait dit de faire. Il est allé jusqu’à Charan et y est resté jusqu’à la mort de son père, qui n’aurait pas dû l’accompagner. La résistance d’Abraham résidait dans ses liens familiaux. Celles-ci comptaient plus pour lui que l’ordre de Dieu. Ce n’est que lorsque Dieu a mis fin à ces liens par la mort de son père qu’il est libre d’aller de l’avant.
Mais même cette liberté d’aller de l’avant semble être plus une affaire de Dieu que d’Abraham. Étienne dit que Dieu a fait passer Abraham dans ce pays dans lequel ils habitent maintenant. C’est donc par pure grâce qu’ils y habitent et tout est l’œuvre de Dieu. Dieu a effectivement a fait passer Abraham dans ce pays, mais Il ne lui a pas donné d’héritage, pas même la plus petite parcelle dont il pourrait dire qu’elle lui appartenait. Au lieu de cela, il a reçu la promesse qu’un jour, dans le futur, il le posséderait ainsi que ses descendants après lui. Dieu lui a fait cette promesse avant même qu’il ait un enfant.
Cependant, cela n’a pas changé sa foi. Cela a changé son séjour dans le pays. Cela a fait du pays de la promesse une terre étrangère pour lui et cela a fait de lui un étranger dans ce pays (Héb 11:9). Il n’a pas revendiqué pour lui-même ce que Dieu avait déterminé pour l’avenir. Ses descendants en étaient maintenant propriétaires, mais lui-même attendait encore l’accomplissement de la promesse. Par là, Étienne veut faire comprendre qu’ils n’ont rien à revendiquer.
Et ce n’est pas seulement Abraham qui n’a pas reçu la possession immédiate de ce qui lui avait été promis. Ses descendants aussi devaient attendre le temps nécessaire et même endurer beaucoup de choses avant de pouvoir entrer dans le pays promis. Dieu a fait savoir à Abraham qu’au lieu de la bénédiction, sa descendance finirait en esclavage. Ils seraient des parias dans une terre étrangère et y seraient réduits en esclavage et maltraités. Cette situation se poursuivrait pendant 400 ans (Gen 15:13-14). Parallèlement, Dieu parle aussi de paroles d’espoir. Il promet qu’Il jugera le peuple qui les maintient en esclavage. Ils pourront alors sortir pour rendre culte à Dieu « en ce lieu-ci » (verset 7 ; Exo 3:12), par quoi Étienne entend le pays de Canaan.
Tout ce que dit Étienne à propos d’Abraham a pour but de faire ressortir les origines basses et même humiliantes du peuple, car son auditoire se vante tellement de ses origines (cf. Deu 7:7). En passant, il mentionne la circoncision d’Abraham comme signe de l’alliance que Dieu avait conclue avec lui et sa descendance (Gen 17:10-14). C’est une autre chose dont les Israélites se sont grandement vantés. Ce sont eux, et eux seuls, qui constituent le peuple de l’alliance (Rom 9:4). Sur ce statut, ils se vantent.
Il mentionne aussi qu’Abraham, en tant qu’homme circoncis, engendra Isaac, qu’il circoncit aussi le huitième jour. Isaac engendra Jacob et de Jacob les douze patriarches, à partir desquels le peuple de l’alliance allait continuer à se construire. Mais comment ce peuple de l’alliance s’est-il comporté au début de son existence ?
9 - 16 Le rejet et le règne de Joseph
9 Les patriarches, pleins de jalousie à l’égard de Joseph, le vendirent [pour être mené] en Égypte ; mais Dieu était avec lui : 10 il le délivra de toutes ses détresses et lui fit trouver grâce et sagesse devant le Pharaon, roi d’Égypte, qui l’établit gouverneur sur l’Égypte et sur toute sa maison. 11 Survint alors une famine dans toute l’Égypte et en Canaan, ainsi qu’une grande détresse : nos pères ne trouvaient pas de nourriture. 12 Jacob apprit qu’il y avait du blé en Égypte : il y envoya nos pères une première fois ; 13 et la seconde fois, Joseph fut reconnu par ses frères, et son origine fut dévoilée au Pharaon. 14 Joseph envoya alors chercher son père Jacob et toute sa parenté, en [tout] 75 personnes. 15 Jacob descendit en Égypte ; et il [y] mourut, ainsi que nos pères ; 16 on les transporta à Sichem et on les déposa dans le tombeau qu’Abraham avait acheté à prix d’argent des fils de Emmor, [le père] de Sichem.
Les patriarches n’ont pas tardé à montrer leur vraie nature. Poussés par la jalousie, ils ont rejeté Joseph. Leur envie provenait de la révélation que Joseph avait reçue dans des songes qu’il leur avait racontés. Ces songes concernaient sa future glorification, où ils se prosterneraient devant lui (Gen 37:5-11). Mais ils n’ont jamais fait cela ! Par conséquent, ils se sont assurés que rien de ses songes ne se réaliserait et l’ont vendu à l’Égypte. Les parallèles entre Joseph et le Seigneur Jésus sont évidents.
Tout ce qu’Étienne raconte sur Joseph de son histoire devait rappeler à son auditoire ce qu’ils ont fait à Christ. Se souvenaient-ils peut-être de leurs 30 pièces d’argent (Mt 26:15-16) ? Autant les frères ont méprisé et rejeté Joseph, autant Dieu était avec lui. Après avoir été rejeté, Dieu l’a délivré de toutes ses détresses et lui a fait gagner la grâce devant le Pharaon, le roi d’Égypte. Joseph a révélé la sagesse de Dieu en faisant des propositions au Pharaon qui permettraient de sauver le pays.
En conséquence, Joseph a été fait l’homme le plus puissant d’Égypte par le Pharaon et s’est même vu confier l’administration de la maison du Pharaon (Gen 41:40-44 ; Psa 105:21).
Les frères n’avaient aucune idée de l’action de Dieu sur Joseph. Mais Dieu a fait en sorte qu’ils soient confrontés à Joseph en tant que puissant gouverneur de l’Égypte. Pour ce faire, il a utilisé une famine qu’il a fait venir dans toute l’Égypte et en Canaan (Gen 41:54 ; 42:5). Étienne l’appelle « une grande détresse », ce qui rappelle la période dont parle le Seigneur Jésus, qu’il appelle « une grande tribulation » (Mt 24:21 ; cf. Jér 30:7). Le Seigneur indique ainsi à l’avance le moment où le peuple sera sévèrement discipliné et d’où un reste sera sauvé après que ce reste L’ait reconnu comme Messie. L’objectif de Dieu avec la famine était le même. Il voulait amener les frères à Joseph et à reconnaître qu’il est leur sauveur. Pour cela, il y avait un long chemin à parcourir.
Étienne parle de « nos pères » qui ne trouvaient pas de nourriture. Il continue d’établir un lien avec son auditoire. Il les emmène plus loin dans l’histoire des frères et raconte comment ils sont conduits à Joseph. Lorsque Jacob apprend qu’il y a du blé en Égypte, « il y envoya nos pères une première fois » (Gen 42:1-2). Étienne ignore tout ce qui s’est passé cette première fois, mais passe directement à la seconde fois où ils y vont. Lors de cette seconde fois, Joseph se fait connaître de ses frères (Gen 45:3-4).
Nous trouvons ici une lueur d’espoir pour Israël dans le discours d’Étienne. Le Seigneur Jésus aussi viendra une seconde fois vers son peuple et se fera alors connaître à lui. Ils verront alors celui qu’ils ont percé (Zac 12:10) et Il apportera le reste repentant dans la bénédiction. C’est ce que Joseph a fait à ses frères après s’être fait connaître d’eux. Puis, pour ainsi dire, Il fera aussi connaître à Dieu sa descendance d’Homme véritable par laquelle Il a pu lier les hommes à lui-même et dire : « Me voici, moi, et les enfants que Dieu m’a donnés » (Héb 2:13).
Après s’être fait connaître, Joseph a envoyé ses frères chercher son père Jacob et tous les membres de sa parenté. Ils ont été admis à vivre avec lui en Égypte. C’est ainsi que Dieu a tourné en bien tout ce que les frères avaient pensé du mal (Gen 50:20).
Mais cette situation a pris fin. Jacob et « nos pères » sont morts. Leurs corps sont ramenés au pays de Canaan et enterrés dans le tombeau qu’Abraham avait acheté. Ils n’avaient pas encore reçu le pays promis, mais ils y étaient déjà ensevelis en vue de l’accomplissement de la promesse, dans le tombeau où Abraham avait aussi été enterré (Gen 49:29-30 ; 50:13 ; Jos 24:32).
17 - 22 Naissance et éducation de Moïse
17 Mais comme approchait le temps où devait s’accomplir la promesse que Dieu avait faite solennellement à Abraham, le peuple s’accrut et se multiplia en Égypte, 18 jusqu’au temps où se leva sur l’Égypte un autre roi, qui ne connaissait pas Joseph. 19 Ce roi, usant de ruse contre notre race, maltraita les pères jusqu’à leur faire exposer leurs nouveau-nés pour ne pas les laisser vivre. 20 Dans ce temps-là naquit Moïse, et il était divinement beau ; il fut nourri trois mois dans la maison paternelle. 21 Mais, quand il fut exposé, la fille du Pharaon le recueillit et l’éleva pour elle, afin qu’il soit son fils. 22 Ainsi Moïse fut instruit dans toute la sagesse des Égyptiens ; il était puissant dans ses paroles et dans ses actions.
Étienne en arrive à la troisième et plus longue partie de son discours. Dans celle-ci, Moïse en tant qu’image du Seigneur Jésus occupe le devant de la scène. Étienne avait été accusé d’avoir prononcé des paroles calomnieuses contre Moïse (Act 6:11). Ce qu’il dit de Moïse montre à quel point cette accusation est fausse.
Dans le récit de l’histoire du peuple de Dieu, Étienne est arrivé à l’accomplissement des promesses de Dieu. Il montre à son auditoire, à travers cette histoire, qu’un nouveau changement était à venir. La situation du peuple en Égypte ne restait pas la même. Le temps de la promesse approchait, c’est-à-dire le moment d’accomplir la promesse selon laquelle Dieu les ferait entrer en Canaan. Pour ce faire, Il devait faire sortir son peuple d’Égypte. Les circonstances qu’Il a utilisées pour le faire ont de nouveau été humiliantes pour ses auditeurs.
Au début de leur séjour en Égypte, il semblait que le peuple était particulièrement béni. Le peuple y croissait et s’y multipliait (Exo 1:7). Rien de tout cela ne posait un problème tant que le pays était gouverné par des rois qui avaient connu Joseph. Ils se souvenaient qu’ils lui devaient l’existence de leur pays. En signe de reconnaissance, le peuple fut autorisé à demeurer en Égypte. Alors, un roi est apparu qui n’avait pas connu Joseph (Exo 1:8). Ce roi n’avait aucun lien d’attachement avec Joseph, ni aucune gratitude à son égard.
Ce roi voyait dans le peuple qui s’accroissait sans cesse une menace pour sa propre position. Pour empêcher l’expansion de « notre race », il eut recours à des ruses (Exo 1:16) et commença à maltraiter et à opprimer « les pères » (Exo 1:10-11). Comme cela ne suffisait pas à freiner la croissance du peuple, il ordonna que les jeunes enfants ne soient pas laissés avec leurs parents mais jetés dans le Nil (Exo 1:22).
Tandis que le peuple soupirait sous cette règle cruelle, Dieu s’est mis à l’œuvre pour accomplir sa promesse en donnant naissance à Moïse. Stéfanus dit de lui qu’il était « divinement beau », c’est-à-dire beau pour Dieu (Exo 2:2 ; Héb 11:23). Ses parents ne l’ont pas emmené directement sur le Nil, comme l’avait ordonné Pharaon, mais l’ont élevé pendant trois mois « dans la maison paternelle ». Après cela, il a dû partager le sort de tous les petits garçons. Il fut emmené sur le Nil et exposé là. C’est là qu’il a été trouvé par la fille du Pharaon, qui l’a élevé comme son propre fils. Plus tard, Moïse « refusa d’être appelé fils de la fille du Pharaon » (Héb 11:24).
L’éducation donnée par ses parents craignant Dieu n’a pas manqué sa cible. Dieu a utilisé l’ordre criminel du Pharaon pour faire venir Moïse à sa cour. En faisant cela par la fille du Pharaon, Dieu s’est moqué de toute la puissance du Pharaon. Telle est la sagesse de Dieu. Le plan de Dieu avec son peuple ne s’est pas seulement accompli en dépit du Pharaon, mais même avec la coopération du Pharaon, évidemment sans qu’il le veuille ou qu’il s’en rende compte.
À la cour, Moïse fut instruit de toute la sagesse des Égyptiens. Moïse fut sage, mais il était puissant dans ses paroles et dans ses actions. La sagesse, il l’a acquise par l’instruction, la puissance, il l’a reçue de Dieu comme un don spécial. Ces deux qualités, il les a manifestées en Égypte. Face à Dieu, il a parlé du contraire (Exo 4:10) et a ressenti son incompétence.
23 - 29 Moïse visite ses frères et s’enfuit
23 Mais quand il fut parvenu à l’âge de 40 ans, il eut à cœur de visiter ses frères, les fils d’Israël ; 24 comme il voyait l’un d’eux maltraité, il prit sa défense et vengea l’opprimé, en frappant l’Égyptien. 25 Il croyait que ses frères comprendraient que Dieu leur donnerait la délivrance par sa main, mais ils ne le comprirent pas. 26 Le jour suivant, il se montra à eux comme ils se battaient ; et il les engagea à la paix, en disant : Vous êtes frères ; pourquoi vous maltraiter l’un l’autre ? 27 Mais celui qui maltraitait son prochain le repoussa, en disant : Qui t’a établi chef et juge sur nous ? 28 Veux-tu me tuer, toi, comme hier tu as tué l’Égyptien ? 29 Moïse s’enfuit à cette parole et vécut en étranger dans le pays de Madian, où il engendra deux fils.
La première période de la vie de Moïse à la cour du Pharaon a duré 40 ans. Mais tout le faste de la cour du Pharaon ne pouvait empêcher son cœur d’être par ses frères dans la détresse. Un jour, il leur rendit visite. Son amour pour son peuple brûlait de toute son intensité. Il n’est pas venu leur dire tout ce qu’ils avaient fait de mal, mais voir « leurs fardeaux » (Exo 2:11). Le Seigneur Jésus n’est pas non plus venu pour juger, mais pour sauver (Jn 3:17).
Lorsque Moïse a vu l’un de ses frères subir une injustice, il a pris sa défense. Il l’a protégé et s’est aussi vengé de celui qui avait été maltraité en frappant l’Égyptien. À l’époque, il se trouvait encore à la cour du Pharaon. En prenant si clairement la défense du peuple, il croyait que ses frères verraient en lui leur délivreur par la main duquel Dieu leur donnerait la délivrance. Mais cette pensée ne leur est pas venue à l’esprit. Au contraire. Lorsqu’il se montra à nouveau à ses frères le lendemain, il s’avéra qu’ils n’appréciaient pas du tout son ingérence.
Une fois de plus, Moïse a constaté qu’une injustice avait été commise. Mais cette fois, ce n’est pas un Égyptien qui a fait du tort à un Israélite, mais deux Israélites qui se sont fait du tort l’un à l’autre. Lorsqu’il a essayé de les réconcilier à la paix en leur demandant pourquoi ils se faisaient du tort, celui qui faisait du tort à son prochain s’est retourné contre lui. Il reprocha à Moïse qu’il ne devait pas penser à être « chef et juge ».
Nous voyons ici que dès sa première apparition en faveur de son peuple, son autorité a été rejetée, tout comme cela avait été le cas pour Joseph. Moïse a connu le même sort que Joseph plus tôt, lorsqu’il s’est enquis du bien-être de ses frères : il a été rejeté par les siens (Gen 37:14,18). Comme Joseph, Moïse est à cet égard un type de Christ, qui n’a pas non plus été reçu par les siens (Jn 1:11). Christ a été haï, rejeté, renié et même tué par son peuple. D’un point de vue prophétique, c’est donc l’opprobre du Christ que Moïse a pris sur lui lorsqu’il s’est occupé de ses frères et a voulu partager leur sort (Héb 11:26).
Le rejet de Moïse a été clairement exprimé dans les paroles de l’Israélite qui avait fait du tort à son prochain : « Qui t’a établi chef et juge sur nous ? » (Exo 2:14). L’homme ajouta qu’il ne voyait pas en lui un délivreur mais une menace pour sa vie. Cela montre à quel point le peuple préférait demeurer dans la servitude plutôt que de reconnaître un libérateur. Le peuple ne voulait pas accepter un chef et un juge. L’accusation selon laquelle Moïse s’est présenté de cette façon est citée deux fois par Étienne (versets 27,35), ce qui en accentue la gravité. Lorsqu’il est devenu si clair que son peuple ne voulait pas de lui, Moïse s’est enfui.
En suivant l’histoire en Exode, ce qu’Étienne présente comme une fuite est présenté comme un acte de foi en Hébreux 11 (Héb 11:27). Ainsi, d’une part, le Seigneur Jésus a été rejeté par son peuple, tandis que d’autre part, il est parti, retourné au ciel, pour y attendre le moment où son peuple Le recevra effectivement comme son Sauveur.
À l’époque où Moïse était à Madian, il avait une femme païenne comme épouse et deux fils (Exo 2:21-22 ; 18:3-4). Cela peut être comparé au Seigneur Jésus qui, à notre époque, a reçu l’église comme épouse. Les noms que Moïse a donnés à ses fils montrent que, même en terre étrangère, il n’a pas oublié son peuple, tout comme le Seigneur Jésus, maintenant qu’Il est au ciel, n’oublie pas non plus son peuple terrestre.
30 - 35 Dieu apparaît à Moïse
30 Au bout de 40 ans, un ange lui apparut au désert de la montagne de Sinaï, dans la flamme de feu d’un buisson. 31 En voyant cela, Moïse s’étonnait de la vision ; comme il s’approchait pour observer, une voix du Seigneur se fit [entendre] : 32 Moi, je suis le Dieu de tes pères, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob. Moïse, tout tremblant, n’osait pas regarder. 33 Alors le Seigneur lui dit : Ôte les sandales de tes pieds ; car le lieu sur lequel tu te tiens est une terre sainte. 34 J’ai vu, j’ai vu l’oppression de mon peuple qui est en Égypte, j’ai entendu leur gémissement et je suis descendu pour les délivrer ; et maintenant viens, je t’enverrai en Égypte. 35 Ce Moïse qu’ils avaient rejeté, en disant : Qui t’a établi chef et juge ? c’est lui que Dieu a envoyé comme chef et comme libérateur, par la main de l’ange qui lui était apparu dans le buisson.
Moïse avait 40 ans lorsqu’il s’est enfui. Ensuite, il est resté quarante ans dans le désert. Quarante est le nombre représentant l’épreuve. Dans la force de sa vie, Dieu l’a formé dans le désert. Qui choisirait une telle formation, dans la solitude du désert, alors que tous les défis de la vie sont devant vous ? Mais Dieu lui a enseigné là des leçons qu’il n’aurait pas pu apprendre autrement.
Moïse est appelé par le Seigneur à l’âge de 80 ans. C’est-à-dire à la fin de sa vie naturelle, comme il le dit lui-même en Psaume 90 (Psa 90:10). Avant que le Seigneur puisse utiliser quelqu’un, une personne doit apprendre à renoncer à ses capacités naturelles. C’est ce que Moïse a appris. Pourtant, il ne suffit pas de ne pas compter sur ses propres capacités. Il doit maintenant apprendre à s’appuyer sur la puissance de Dieu.
Moïse en est maintenant au point où Dieu peut lui apparaître. Il le fait sous la forme d’un ange dans la flamme de feu d’un buisson. L’attention de Moïse est attirée par le fait que le buisson brûle mais ne consume pas (Exo 3:3). Le buisson représente l’homme par nature, l’homme pécheur. Nous y voyons aussi l’ensemble du peuple d’Israël qui se trouve dans la fournaise du feu, l’Égypte. De plus, nous voyons que Dieu est dans le feu. Par conséquent, le buisson ne se consume pas.
Dieu utilise le feu de l’épreuve pour purifier son peuple, et nous. Tout ce qui n’est pas conforme à Lui est éliminé par le feu. En conséquence, nous commençons à répondre de plus en plus au but qu’Il poursuit avec nous, et c’est ainsi que nous devenons comme le Seigneur Jésus. Il est avec nous dans l’épreuve (Dan 3:23-25 ; Ésa 63:9).
Dieu voit Moïse s’approcher du buisson pour observer le phénomène miraculeux. Il se fait connaître à Moïse comme le Dieu de l’alliance avec les patriarches, avec Abraham (Gen 15:13-14), Isaac (Gen 26:3) et Jacob (Gen 46:1-3). C’est la base sur laquelle Il va agir. Il apprécie l’intérêt de Moïse pour sa révélation, mais en même temps, Il maintient sa sainteté.
Moïse est profondément impressionné par l’apparence de Dieu et par ses paroles. Il commence à trembler tout et n’ose pas explorer davantage. Il sait qu’il est en présence du Dieu saint. Là où Dieu est, il y a la sainteté. Dieu lui fait comprendre qu’il se tient sur une terre sainte. C’est pourquoi il doit ôter ses sandales (cf. Jos 5:15). La notion de se tenir sur une terre sainte faisait totalement défaut au sanhédrin en face duquel se tenait Étienne, même s’ils prétendaient vivre dans pays saint.
Après que Moïse a pris la place qui lui revient face à Dieu, Dieu lui dit ce qu’Il a vu et ce qu’Il a l’intention de faire. Dieu lui dit qu’Il a vu ce qui est fait à son peuple et qu’il a entendu comment il se gémit à ce sujet. Il connaît leurs souffrances. Cela L’amène à agir. Il est descendu pour les délivrer et les amener sur un pays qu’Il a choisi pour eux. Et Moïse est l’homme qu’Il veut utiliser pour réaliser ce dessein.
Le Seigneur Jésus est descendu sur la terre pour délivrer les hommes qui gémissaient sous le joug du péché. Comme pour Israël, Il n’a pas parlé depuis le ciel, mais est descendu sur la terre depuis le ciel. Il est merveilleux de lire que Dieu appelle ce misérable peuple d’esclaves en Égypte « mon peuple » ! C’est comme le père qui tombe au cou de son fils prodigue, alors que ce fils porte encore ses vêtements sales (Lc 15:20).
Alors qu’Étienne a présenté de manière impressionnante la révélation de Dieu à Moïse et l’ordre qu’Il lui a donné d’aller en Égypte pour délivrer son peuple, il répète le rejet de Moïse en tant que chef et juge (verset 35 ; verset 27). En parlant au pluriel, « ils », il fait ainsi du péché d’un homme un péché collectif, c’est-à-dire le péché de tout le peuple.
Pour en souligner davantage la gravité, Étienne parle d’un reniement de Moïse. Et ce, alors même que Dieu était apparu à Moïse et qu’Il leur avait été envoyé par lui comme chef et comme libérateur. Il s’agit là d’une illustration impressionnante du rejet de Christ, le Prince de la vie, par le peuple juif (cf. Act 3:14-15 ; 4:10-12).
36 - 43 Moïse rejeté ; les idoles ; le jugement
36 C’est lui qui les fit sortir, après avoir accompli des prodiges et des miracles dans le pays d’Égypte, à la mer Rouge et au désert pendant quarante ans. 37 C’est ce Moïse qui a dit aux fils d’Israël : “Dieu vous suscitera d’entre vos frères un prophète comme moi ; vous l’écouterez”. 38 C’est lui qui se trouvait dans l’assemblée au désert, avec l’ange qui lui parlait sur la montagne de Sinaï et avec nos pères ; [c’est lui] qui reçut des oracles vivants pour nous les donner. 39 Nos pères ne voulurent pas lui être soumis, mais ils le repoussèrent et retournèrent de cœur en Égypte, 40 disant à Aaron : Fais-nous des dieux qui aillent devant nous, car ce Moïse qui nous a fait sortir du pays d’Égypte, nous ne savons pas ce qui lui est arrivé. 41 Ils façonnèrent en ces jours-là un veau, et ils offrirent un sacrifice à l’idole : ils prenaient plaisir aux œuvres de leurs mains. 42 Alors Dieu se détourna d’eux et les livra au culte de l’armée du ciel, ainsi qu’il est écrit au livre des prophètes : “M’avez-vous offert des bêtes égorgées et des sacrifices pendant quarante ans, dans le désert, maison d’Israël ? – 43 Et vous avez porté le tabernacle de Moloch et l’étoile de votre dieu Remphan, les figures que vous avez fabriquées pour leur rendre hommage ! et je vous transporterai au-delà de Babylone”.
Après avoir présenté avec insistance l’éducation, la formation et l’appel particuliers de Moïse à son auditoire, Étienne poursuit avec tout autant d’insistance sur le service libérateur de Moïse. Encore et encore, il souligne ce que Moïse a fait ou dit. C’est lui, et personne d’autre, qui les a fait sortir d’Égypte. Et comment : en accomplissant des prodiges et des signes. Le Seigneur Jésus ne s’est-Il pas Lui aussi manifesté de cette manière au milieu de son peuple ? Les apôtres ne se sont-ils pas eux aussi engagés de cette manière au milieu du peuple, et Étienne ne s’est-il pas engagé de cette manière ?
Et Moïse ne les a pas seulement délivrés de l’Égypte, mais il les a aussi conduits à travers la mer Rouge dans le désert, où il leur a aussi montré le chemin pendant 40 ans. C’est ce Moïse qui a dit « aux fils d’Israël » – ceux qui étaient au sanhédrin se sont aussi vantés de l’être, n’est-ce pas ? – que Dieu leur susciterait un prophète, comme Il l’a suscité lui-même. Pour le sanhédrin, il est clair qu’il s’agit du Messie, qui, comme Moïse, serait à la fois Sauveur et Juge.
Étienne rend encore plus hommage à Moïse. Il désigne Moïse et dit que c’est lui, et nul autre, qui a reçu la loi dans le désert par la médiation des anges (verset 53 ; Gal 3:19b). La loi contient les oracles ou les paroles de Dieu et sont donc des paroles vivantes. Elles ont été données par Dieu à Moïse sur la montagne de Dieu. Moïse était le médiateur parce qu’il était avec l’ange dans le désert et sur la montagne et qu’il était avec « nos pères ».
Il a donné les paroles vivantes à « nous », c’est-à-dire à l’Israël d’alors et d’aujourd’hui. Mais qu’ont fait « nos pères » de tout ce que Dieu leur a donné par Moïse et leur a dit ? Ils lui ont volontairement désobéi. Ils n’ont pas voulu lui obéir. Ils l’ont repoussé. Ils n’ont pas voulu de lui avec son discours sur l’obéissance à Dieu.
Dans leur cœur, ils sont retournés en Égypte. Là-bas au moins, ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient. Qu’ils y aient vécu dans l’esclavage et la tribulation, ils n’y pensaient plus. Après tout, tout valait mieux que cette obéissance oppressive à Dieu. Et d’ailleurs, où était passé Moïse ? Il était parti depuis si longtemps qu’il ne reviendrait probablement jamais.
Ils ont donc dit à Aaron de faire des dieux qu’ils pourraient voir et suivre. Ainsi, en ces jours, les jours de l’absence de Moïse, ils ont fait un veau. C’est à cette idole qu’ils ont offert des sacrifices, se réjouissant de l’œuvre de leurs mains. On ne pensait plus à l’honneur et à l’œuvre de Dieu. C’est pourquoi Dieu s’est détourné. Il s’est retiré d’eux et les a donnés à l’idolâtrie en guise de jugement (cf. Rom 1:23-26,28).
Étienne brandit devant le sanhédrin la façon dont, tout au long de l’histoire, le peuple n’a fait que servir des idoles. Abraham les a servies avant que Dieu ne l’appelle (Jos 24:2), le peuple les a servies en Égypte (Jos 24:14) et les a servies dans le désert (Am 5:25-27).
Dans sa citation du prophète Amos, Étienne cite aussi le jugement que les Babyloniens porteraient sur le peuple en l’emmenant en exil. Il y a un double jugement : le jugement de Dieu en les livrant à l’idolâtrie et le jugement de Dieu en les emmenant en exil, loin du pays.
Encore et toujours, le discours d’Étienne fait écho au fait que Dieu a approché son peuple différemment à chaque fois, parce que son peuple ne cessait de se détourner de Lui et de Lui devenir infidèle. Tout ce qu’Il donnait, ils le rejetaient toujours et choisissaient des idoles à la place.
44 - 50 L’habitation de Dieu
44 Nos pères avaient dans le désert le tabernacle du témoignage, comme l’avait ordonné celui qui avait dit à Moïse de le faire selon le modèle qu’il avait vu. 45 Nos pères, l’ayant reçu, l’introduisirent avec Josué, lorsqu’ils entrèrent en possession du territoire des nations que Dieu chassa devant nos pères, jusqu’aux jours de David, 46 qui trouva grâce devant Dieu et demanda [la faveur] de trouver une demeure pour le Dieu de Jacob. 47 Mais ce fut Salomon qui lui bâtit une maison. 48 Pourtant, le Très-Haut n’habite pas dans des [demeures] faites de main ; selon ce que dit le prophète : 49 “Le ciel est mon trône et la terre est le marchepied de mes pieds. Quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, et quel sera le lieu de mon repos ? 50 N’est-ce pas ma main qui a fait tout cela ? ”.
Ici, Étienne en arrive à une nouvelle partie de son discours. Après son hommage élaboré à Moïse face à leur accusation de blasphème à l’égard de Moïse, il parle de la demeure de Dieu. Après tout, ils l’ont aussi accusé de parler contre le temple en évoquant sa désolation (Act 6:14). Étienne va montrer que les anciennes demeures de Dieu étaient des demeures temporaires et même pas de véritables demeures.
Il mentionne d’abord le tabernacle, qu’il désigne par le nom élaboré de « le tabernacle du témoignage ». C’est la tente d’où Dieu témoignait, d’où Il parlait à son peuple. De quelle sorte de tente s’agissait-il ? C’était une tente faite par Moïse sur l’ordre de Dieu et selon le modèle que Dieu lui avait montré sur la montagne (Exo 25:40). Étienne précise que le tabernacle était une demeure temporaire de Dieu et qu’il renvoyait à une réalité supérieure, le ciel. Le tabernacle ne resterait pas toujours la demeure de Dieu.
Lorsque « nos pères » entrèrent le pays avec Josué, ils avaient apporté le tabernacle avec eux (Jos 3:14-17). Étienne mentionne le nom de Josué. Il s’agit du nom hébreu du ‘Jésus’ grec. Il veut dire par là qu’avec ‘Jésus’, le peuple a pris possession du pays. Le pays a été libéré par Dieu de ses premiers habitants (Jos 23:9 ; 24:18) qui étaient tous des serviteurs d’idoles. C’est là que le tabernacle a trouvé sa place jusqu’à l’époque de David.
Avec David, le prochain changement se présente. Ce changement concerne la façon dont Dieu est servi, et non le principe du service de Dieu. Dieu veut toujours que les hommes Le servent, mais Il change parfois la façon dont Il veut que cela se passe. C’était d’abord dans le tabernacle, puis sous David, c’est devenu le temple.
Dieu est aussi libre dans le choix du bâtisseur de sa maison. Bien que David ait trouvé grâce devant Dieu et qu’il ait désiré construire une demeure pour Dieu (Psa 132:5), il n’a pas été autorisé à le faire (2Sam 7:2-17). Dieu avait réservé le bâtissage du temple à Salomon (1Roi 6:1,14 ; 8:19-20). Mais aussi magnifique que soit le temple, il n’était pas la véritable demeure de Dieu.
Pour l’audience d’Étienne, le temple était la preuve solide de la présence de Dieu. Celui qui méprisait le temple méprisait Dieu. Étienne démolit cette idée en soulignant que Dieu n’habite pas dans des demeures faites de main. Il étaye ses propos en citant ce que Dieu lui-même a dit à ce sujet par la bouche du prophète Ésaïe (Ésa 66:1-2 ; cf. 1Roi 8:27).
51 - 53 L’accusation d’Étienne
51 Gens de cou raide et incirconcis de cœur et d’oreilles, vous résistez toujours à l’Esprit Saint ! Tels [furent] vos pères, tels vous [êtes]. 52 Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté ? Et ils ont tué ceux qui ont prédit la venue du Juste, lui que maintenant vous avez livré et mis à mort, 53 vous qui avez reçu la Loi par le ministère des anges et qui ne l’avez pas gardée…
Arrivé à ce point de son discours, il semble qu’Étienne ait remarqué de la part du sanhédrin qu’ils avaient compris qu’il parlait d’eux. Dans son discours, il a inversé les flèches qui le visaient et les a dirigées vers eux. Il a transformé chaque motif de sa condamnation en une condamnation d’eux. Ils sont devenus les accusés.
Au lieu de modérer et de restreindre quelque peu son ton sous leurs regards menaçants, Étienne élève la voix et les appelle tels qu’ils sont. Il les appelle « gens de cou raide » parce qu’ils ne veulent pas courber le cou devant Dieu. C’est aussi de cette façon que Dieu a parlé de son peuple à Moïse (Exo 33:5).
Il les appelle en outre « incirconcis de cœur et d’oreilles ». Ils peuvent appartenir au peuple de Dieu par la circoncision extérieure, mais intérieurement, ils sont comme les nations incirconcis dont le cœur n’est pas tourné vers Dieu et qui ne L’écoutent pas (Jér 9:26b ; Rom 2:25). Dans leur aversion pour Dieu, ils résistent à l’œuvre du Saint Esprit. Ils ne le font pas une seule fois, mais toujours (Ésa 63:10 ; Psa 106:33).
Jusqu’à présent, Étienne a toujours parlé de ‘nos pères’, mais arrivé à ce stade de son argumentation, il prend ses distances et parle de « vos pères ». Leurs pères et eux ont fait et font de même dans leur résistance au Saint Esprit. Ils le font même plus clairement que leurs pères, car l’Esprit est venu et est clairement à l’œuvre dans un homme comme Étienne (Act 6:5,10).
Il leur pose une question rhétorique : quels sont les prophètes qui n’ont pas persécuté leurs pères ? Ils ne peuvent pas citer d’exception, car tous les prophètes envoyés par Dieu pour souligner leurs péchés et appeler son peuple à la repentance avaient été rejetés par eux (2Chr 36:16 ; Jér 2:30 ; Mt 23:31). Tous ces prophètes signalaient aussi la venue du Juste, c’est-à-dire du Seigneur Jésus. Et que lui ont-ils fait, eux, le sanhédrin ? Ils l’ont trahi et assassiné.
Cette accusation a aussi été portée par Pierre (Act 3:14-15). Alors que Pierre considérait encore ‘l’ignorance’ comme une circonstance atténuante, Étienne tient cette compagnie de chefs religieux pour entièrement responsable de ce plus grand crime de tous les temps. Quelle que soit la nouvelle révélation de Dieu, ils l’ont rejetée, jusqu’au Fils de Dieu.
Les dernières paroles qu’Étienne peut prononcer concernent la façon dont ils ont reçu la loi et leur incapacité à la garder. Ils l’avaient accusé de parler contre la loi (Act 6:11,13), mais ici, il donne à la loi le plus grand honneur et une application correcte. Il reconnaît l’origine élevée de la loi (Gal 3:19 ; Héb 2:2) et aussi sa pleine autorité dans son application aux membres du sanhédrin.
54 - 60 La lapidation d’Étienne
54 À ces paroles, ils frémissaient de rage dans leurs cœurs et grinçaient des dents contre Étienne. 55 Mais lui, étant plein de l’Esprit Saint et fixant les yeux vers le ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu ; 56 il dit : Voici, je vois les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. 57 Ils poussèrent alors de grands cris, se bouchèrent les oreilles et, d’un commun accord, se précipitèrent sur lui ; 58 l’ayant entraîné hors de la ville, ils se mirent à le lapider. Les témoins avaient déposé leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul. 59 Et ils lapidaient Étienne qui priait et disait : Seigneur Jésus, reçois mon esprit. 60 S’étant mis à genoux, il cria d’une voix forte : Seigneur, ne leur impute pas ce péché. Quand il eut dit cela, il s’endormit.
Avec ses paroles selon lesquelles ils sont des violateurs de la loi, la mesure est pleine pour eux. Toute la colère refoulée sort. Ils ne sont en aucun cas en mesure d’argumenter contre Étienne. La preuve de leur culpabilité est irréfutable. Au lieu que ses paroles aient touché leur cœur et les aient fait s’interroger sur ce qu’ils devaient faire (cf. Act 2:37), son discours est devenu pour eux de plus en plus un supplice, une torture pour leur esprit. Ils grincent des dents contre lui, expression d’un tourment caractéristique de l’enfer, auquel ils sont liés (Lc 13:28 ; Psa 35:16).
Alors que chez eux, pendant le discours d’Étienne, la colère augmente, ce qui se lit sur leurs visages, chez Étienne, on observe une gloire croissante du ciel. Ils sont pleins de colère ; lui est plein de l’Esprit Saint. Ils voient à travers leur colère un homme qu’ils veulent mettre à mort. Il ne voit pas la foule en colère, mais il est totalement absorbé par l’Esprit Saint dans ce qu’il voit dans le ciel : la gloire de Dieu et de Jésus, qui est à la droite de Dieu.
La gloire de Dieu était sortie du temple (Ézé 10:18 ; 11:23) et était retournée au ciel. La gloire de Dieu était réapparue sur la terre en Christ, mais rejetée et de nouveau retournée au ciel. Maintenant, Étienne voit cette gloire, ce qui signifie que la gloire est visible pour les chrétiens qui possèdent l’Esprit de Dieu.
Après sa condamnation tranchante, il parle maintenant du ciel qu’il voit ouvert et dans lequel il voit le Seigneur Jésus debout en tant que Fils de l’homme à la droite de Dieu. Tout comme le fait de voir la gloire de Dieu, le fait de voir les cieux ouverts est aussi caractéristique du christianisme. Dans le judaïsme, l’accès à Dieu est fermé ; Dieu est caché derrière le voile.
Lorsque les membres du Conseil entendent tout cela, ils perdent tout contrôle. Ils se mettent à crier, ce qui signifie qu’ils n’auront guère entendu ce qu’Étienne a pu dire de plus. Et même si un autre mot de ce criminel – à leurs yeux – terrible devait percer à travers leurs cris et parvenir à leurs oreilles, ils le rendent impossible à entendre en se bouchant les oreilles (Psa 58:5-6).
C’est tout à fait inacceptable pour eux, quoi que dise Étienne. Il ne témoigne pas de la gloire de Dieu – ce qui serait normal pour le ciel – mais du Fils de l’homme en gloire. Pour eux, ce qu’il dit par là est parfaitement clair. Il ne dit ni plus ni moins qu’il voit le Messie qu’ils ont rejeté et qu’il est le Fils de Dieu (Dan 7:13).
Étienne dit quelque chose de plus. Il dit aussi qu’il voit le Fils de l’homme « debout ». Cela indique que le rejet du Seigneur Jésus n’est pas encore total et qu’Il est, pour ainsi dire, prêt à revenir au cas où son peuple se repentirait encore. Cependant, ce n’est pas le cas. Au contraire. En lapidant Étienne, ils envoient en quelque sorte un émissaire après le Seigneur Jésus, en disant qu’ils ne veulent pas de Lui comme roi (cf. Lc 19:11-14).
Par la mort d’Étienne, ils ont aussi rejeté le témoignage de l’Esprit Saint. Le Seigneur a subi un simulacre de procès. Étienne est emmené hors de la ville sans aucun procès et est lapidé. Il subit ainsi le sort d’un blasphémateur (Lév 24:16). La lapidation est effectuée par les faux témoins (Act 6:13).
Pour ne pas être gênés par leurs vêtements lorsqu’ils lancent les pierres, ils les déposent aux pieds d’un jeune homme appelé Saul. Plus tard, Saul, puis Paul, citera son implication et ce soin apporté aux vêtements des lanceurs de pierres comme déplorables (Act 22:20). Ici, nous entendons parler de lui pour la première fois. Il approuve sans réserve la lapidation de ce ‘blasphémateur’.
Étienne, alors qu’il est lapidé, prie le Seigneur de recevoir son esprit. Le ciel devait recevoir non seulement le Seigneur Jésus jusqu’au moment de la rétablissement de toutes choses (Act 3:20-21), mais aussi les âmes des siens, de ceux qui croient en Lui. En voyant Christ glorifié au ciel, Étienne, ainsi que chaque croyant, est changé et devient semblable à Lui (cf. 2Cor 3:18). C’est ce qui ressort de ses dernières paroles.
Ses dernières paroles ne s’adressent plus au peuple – il n’a plus rien à leur dire – mais à son Seigneur. Alors que les pierres le frappent, il se met à genoux calmement et prie ensuite pour le pardon de ses meurtriers d’une voix forte afin que tous l’entendent (cf. Lc 23:34a).
Le fait de voir le Seigneur Jésus lui donne cette paix dans ces circonstances. Nous voyons aussi ce repos dans la façon dont la mort d’Étienne est décrite : il s’endormit. S’endormir fait référence au corps, et non à l’âme ou à l’esprit. Étienne quitte cette vie dans la force de sa vie qui était un témoignage.
Jim Elliot, qui à l’âge de 28 ans a été tué par les lances des Indiens Auca à qui il voulait prêcher l’évangile, a écrit : ‘Je ne cherche pas une longue vie, mais une vie pleine.’ Et : ‘Dieu cherche à peupler l’éternité, et je ne dois pas Le limiter, pour ce faire, à des personnes âgées.’