1 Paul arrive à Corinthe
1 Après cela, Paul partit d’Athènes et vint à Corinthe ;
La prochaine destination de Paul est Corinthe, la capitale de la province d’Achaïe. La ville possédait deux ports sur la Méditerranée et était une rivale d’Athènes. En tant que ville portuaire, elle était un point de rencontre et un foyer pour toutes sortes de nationalités. Comme Athènes, Corinthe était connue pour sa sagesse et son savoir, mais plus encore pour sa grande dégénérescence et son immoralité. La preuve en est que le nom de la ville a été transformé en verbe : ‘Corinthianiser’. Ce mot signifie autant que ‘vivre dans la prostitution’.
Paul n’arrive pas là avec l’intention de donner une leçon à cette ville mondaine. Il est conscient qu’il entre dans une région où les gens n’ont aucune considération pour Dieu ou ses commandements et où il n’y a aucun respect pour la vie humaine. C’est pourquoi il y vient dans la crainte et dans un grand tremblement » (1Cor 2:3).
Pour les gagner à l’évangile, il n’a pas usé d’excellence de paroles ou de sagesse. Cela ne les aurait pas conduits à la conviction de leur état de pécheur, mais les aurait plutôt désensibilisés à l’évangile. Non, en allant vers eux, il n’a pas jugé bon de savoir quoi que ce soit parmi eux « sinon Jésus Christ, et Jésus Christ crucifié » (1Cor 2:2).
Face à tous les vices, il a présenté le Christ, comme crucifié. Il leur a présenté la personne de Christ et son œuvre sur la croix. Ce faisant, il a fait connaître la grâce de Dieu pour eux, tout en montrant aussi le jugement de Dieu sur le péché.
2 - 3 Paul et Aquila et Priscille
2 il y trouva un Juif, nommé Aquilas, originaire du Pont, tout récemment venu d’Italie, ainsi que sa femme Priscilla (parce que Claude avait commandé à tous les Juifs de quitter Rome), et il se joignit à eux. 3 Comme il était du même métier, il demeura chez eux et [y] travaillait, car leur métier était de faire des tentes.
Dans le contexte de ce bastion hautement mondain, de son arrivée et de son séjour solitaires dans cette ville, la rencontre du couple Aquilas et Priscille a dû être un encouragement pour Paul. Pour que cette rencontre ait lieu, Dieu a utilisé le commandement de l’empereur Claude à Rome. C’est ainsi qu’Il sait toujours comment engager les grands de la terre pour faire avancer son œuvre (cf. Lc 2:1-7). L’empereur Claude avait émis un ordre antisémite et expulsé les Juifs de Rome. La raison de cet ordre a été supposée être les querelles et les troubles qui avaient surgi parmi les Juifs concernant la question que le Seigneur Jésus était le Messie ou non.
Étant donné qu’Aquilas était Juif, comme le mentionne Luc avec insistance, il dut lui aussi quitter Rome. Quant à savoir si sa femme l’était aussi, on ne nous le dit pas. Aquilas était originaire du Pont, dans le sud de la Turquie actuelle. Plus tard, il s’est installé à Rome. Où il a rencontré Priscilla et s’ils ont eu des enfants ne nous est pas non plus raconté, pas plus que la façon dont ils sont venus à la repentance.
Aquilas et Priscilla sont mentionnés ici pour la première fois sur un total de six fois où leurs noms sont cités. Ils sont devenus des collaborateurs fidèles et appréciés de Paul, qui ont risqué leur vie pour lui et ont reçu l’église chez eux (Rom 16:3-5 ; 1Cor 16:19). Paul a pensé à eux jusqu’à la fin de sa vie (2Tim 4:19). Les trois fois où Paul parle d’elles dans ses lettres, il écrit ‘Prisca’ et non ‘Priscilla’, comme le fait Luc à trois reprises dans ce chapitre. ‘Priscilla’ est le diminutif de Prisca.
Paul va les voir. Il apprécie leur compagnie. Il remarque leur intérêt pour les choses du Seigneur. Et il découvre une autre similitude : Aquilas est faiseur de tentes de profession et lui aussi. Paul avait appris un métier selon la bonne coutume juive, comme on l’attendait de tous les garçons juifs. ‘Celui qui n’apprend pas à son fils à travailler, lui apprend à voler’, disaient les rabbins. Le métier que Paul avait appris était celui de faiseur de tentes.
Comme Aquilas, semble-t-il, avait une entreprise de faire des tentes, Paul peut aller travailler avec lui et y demeurer. Il peut ainsi subvenir à ses besoins. Il le fait pour être complètement indépendant des Corinthiens et sans que l’on puisse soupçonner qu’en leur annonçant l’évangile, il en aurait après leur argent. De la part d’autres églises, il a effectivement accepté de l’argent. Par exemple, lorsqu’il était à Thessalonique, il a bénéficié à deux reprises du soutien de Philippes (Php 4:15). Mais à Corinthe, où l’argent et le commerce abondent, il n’accepte pas de soutien financier.
Il travaille tranquillement de ses propres mains. Il avait le droit de vivre de l’évangile, mais à Corinthe, il n’en fait aucun usage (1Cor 9:14 ; cf. Act 20:34-35). Il ne voulait en aucun cas donner l’impression qu’il prêchait l’évangile pour gagner de l’argent avec, pour faire de l’évangile une marchandise de cette façon, car tout dans cette ville était une marchandise.
4 - 8 La prédication de Paul à Corinthe
4 Chaque sabbat, il avait des entretiens dans la synagogue et s’efforçait de persuader et Juifs et Grecs. 5 Quand Silas ainsi que Timothée furent descendus de Macédoine, Paul était étreint par la parole : il rendait témoignage aux Juifs que Jésus était le Christ. 6 Comme ils résistaient et blasphémaient, il secoua ses vêtements et leur dit : Que votre sang soit sur votre tête ! Moi, je suis net : désormais je m’en irai vers les nations. 7 Il partit de là et entra dans la maison d’un nommé Juste qui servait Dieu, et dont la maison touchait à la synagogue. 8 Mais Crispus, le chef de synagogue, crut au Seigneur avec toute sa maison ; et beaucoup de Corinthiens qui écoutaient croyaient et étaient baptisés.
Pendant son temps libre, c’est-à-dire le sabbat, Paul se rend à la synagogue. À Corinthe aussi, il se rend d’abord à cet endroit où il trouve la meilleure connexion pour enseigner depuis les Écritures. L’auditoire, composé de Juifs et de Grecs, connaît les Écritures ou s’y intéresse. Paul en fait bon usage pour entrer dans les cœurs.
Il convainc les Juifs et les Grecs de ce que les Écritures disent du Christ, c’est-à-dire du Messie. Ce qui est particulièrement important ici, c’est qu’il démontre que les Écritures parlent de la venue du Messie. Il parle aussi du fait qu’Il serait rejeté à sa venue, qu’Il serait tué, qu’Il ressusciterait aussi et irait au ciel. Cette conviction tirée des Écritures est le travail préparatoire pour pouvoir ensuite témoigner que ce Messie est bien venu, et cela en la personne de Jésus.
C’est ce qu’il va faire lorsque Silas et Timothée sont venus de Macédoine et l’ont rejoint. Il est plausible que Silas et Timothée aient apporté le soutien financier des croyants de Macédoine (2Cor 11:9), permettant ainsi à Paul de consacrer tout son temps à la prédication de la Parole. Bien entendu, l’arrivée même des deux frères fut aussi un grand encouragement pour l’apôtre.
Soutenu par leur présence, il commença à se consacrer entièrement à la Parole dont il avait désormais l’occasion tous les jours et pas seulement le sabbat. L’essentiel dans son annonce de la Parole est de témoigner aux Juifs que Jésus est le Messie. Ce faisant, il semble ne s’adresser qu’aux Juifs.
Si, dans un premier temps, les Juifs sont convaincus par lui de tout ce qui est écrit sur le Messie, un peu plus tard, ils se rebellent néanmoins et blasphèment Christ, c’est-à-dire qu’ils disent volontairement du mal de Lui. Ils ne veulent pas accepter qu’il soit le Messie. Ils manifestent leur haine profonde à l’égard de l’oint de Dieu. Lorsque Paul voit cela, il met la responsabilité de leur vie sur leur propre tête.
Il les a prévenus et est libre du jugement qui va s’abattre sur eux. Il en témoigne symboliquement en secouant ses vêtements. Sur sa tête, il n’y a pas de culpabilité de sang. Porter sur soi la culpabilité du sang signifie être coupable de la mort d’un autre. Il existe une telle culpabilité de sang que nous plaçons sur nous si nous sommes négligents dans la prédication de l’évangile. Le chrétien est débiteur de tous les hommes (cf. Ézé 3:18 ; 18:13 ; 33:4-9).
Le rejet par les Juifs ouvre la voie à Paul pour qu’il aille vers les nations (cf. Act 13:46). Paul les laisse à leur propre responsabilité, ayant rempli la sienne. Il est net et parce qu’il est net, il peut aller vers les nations. Il n’y a plus rien à faire à et pour eux. De manière significative, nous lisons ensuite qu’il part de là. Il doit leur tourner le dos.
Le Seigneur confirme sa décision en le mettant directement en contact avec les nations en la personne de Juste. Juste sympathise avec les Juifs et a entendu la Parole à la synagogue. Il accueille Paul chez lui. Ce qui est aussi significatif, c’est que Luc mentionne que la maison de Juste « touchait à la synagogue ». La maison dans laquelle Paul, et avec lui l’évangile, s’installe est à côté de la synagogue. La bénédiction ne se trouve plus dans la synagogue, mais elle reste pour ainsi dire à portée de main pour ceux qui y viennent.
Pourtant, c’est un Juif, et toujours le supérieur de la synagogue, Crispus, dont nous lisons qu’il est le premier à Corinthe à croire au Seigneur, et avec lui toute sa maison. Une fois de plus, c’est une famille entière qui est sauvée (cf. Act 10:24,44 ; 16:15,34). Crispus est baptisé par Paul. Crispus est d’ailleurs l’un des rares convertis de Corinthe que Paul a personnellement baptisés (1Cor 1:14-15). Comme en matière financière, en matière spirituelle aussi, Paul a toujours veillé à ne pas être soupçonné de rechercher son propre avantage.
Crispus et sa maison sont les prémices à Corinthe. Puis beaucoup d’autres croient après avoir entendu Paul, après quoi ils sont baptisés. L’œuvre se met en marche. Nous voyons que ce travail se produit dans l’ordre qui est aussi courant aujourd’hui : entendre, croire, baptiser.
9 - 11 Le Seigneur encourage Paul
9 Une nuit, le Seigneur dit à Paul dans une vision : Ne crains pas, mais parle, ne te tais pas, 10 parce que je suis avec toi ; et personne ne mettra les mains sur toi pour te faire du mal, parce que j’ai un grand peuple dans cette ville. 11 Et il demeura là un an et demi, enseignant parmi eux la parole de Dieu.
Alors que l’œuvre est en cours et que beaucoup se convertissent, le Seigneur vient à Paul une nuit dans une vision avec un encouragement. D’après ce que dit le Seigneur, nous voyons que Paul craint et pense à se taire davantage. Le Seigneur ne dit pas pour rien que Paul ne doit pas craindre et qu’il doit parler et ne pas se taire.
Nous pourrions nous demander si tant de bénédictions sur son travail n’est pas déjà un grand encouragement et si sa crainte et ses considérations sur le fait de ne plus prêcher ne témoignent pas d’une petite foi ou même d’une incrédulité. Mais nous nous rappelons quelle ville est Corinthe (1Cor 6:9-11) et que Paul y est avec crainte et tremblement. Il ne subit pas non plus stoïquement la campagne de haine des Juifs (verset 6). Paul a une grande conscience de l’énorme opposition. Il y a des résultats, mais quel environnement !
La bénédiction ne donne pas de force. Seul le Seigneur donne de la force. Le Seigneur sait ce qui préoccupe son serviteur et Il l’encourage face à l’opposition des Juifs et au grand vice de la ville. Tout serviteur conscient du monde dans lequel il vit a besoin d’un tel encouragement.
Le Seigneur donne à Paul deux encouragements à continuer. Le premier est qu’Il est lui-même avec lui. Savoir que le Seigneur lui-même est avec toi donne de la force. Nous nous savons alors en compagnie de celui à qui tout pouvoir a été donné dans le ciel et sur la terre (Mt 28:18) et qui a dit : « Et voici, moi je suis avec vous tous les jours, jusqu’à l’achèvement du siècle » (Mt 28:20 ; Ésa 43:5). C’est l’encouragement que nous aussi, nous serons capables d’accomplir la tâche qui nous est assignée (Jug 6:12).
Personne ne pourra rien lui faire, car le Seigneur lui-même le protégera pour qu’il puisse accomplir sa tâche. Quelle est cette tâche, nous le voyons dans le deuxième encouragement, qui consiste à dire que le Seigneur a un grand peuple dans la ville. Le Seigneur sait qui tous croiront en lui (Act 13:48), mais il veut utiliser Paul pour les rendre publics. Il est dit à Paul que beaucoup ont été choisis, qu’il doit encore approcher avec l’évangile. Il ne sait pas qui ils sont, mais ils se manifesteront grâce à sa prédication.
Bien qu’il ne soit pas encore clair qui sont tous les membres de son peuple, le Seigneur ne dit pas ‘j’aurai un grand peuple dans cette ville’, mais « j’ai un grand peuple dans cette ville ». Pour Lui, quelque chose qui doit encore se produire est la même chose que ce qui s’est déjà produit. Il peut parler de choses futures comme de choses qui sont déjà une réalité.
Encouragé par le Seigneur, Paul poursuit la grande œuvre à Corinthe pendant pas moins d’un an et demi, alors qu’il est encore en voyage missionnaire.
12 - 17 Le jugement de Gallion
12 Mais pendant que Gallion était proconsul d’Achaïe, les Juifs, d’un commun accord, s’élevèrent contre Paul et l’amenèrent devant le tribunal, 13 en disant : Cet individu cherche à persuader les gens de servir Dieu d’une manière contraire à la Loi. 14 Comme Paul allait ouvrir la bouche, Gallion dit aux Juifs : S’il s’agissait de quelque injustice ou de quelque méchante fourberie, je vous supporterais, Juifs, à bon droit ; 15 mais si ce sont des questions de mots, de noms et de votre Loi, vous y mettrez ordre vous-mêmes : moi, je ne veux pas être juge en ces matières. 16 Et il les chassa du tribunal. 17 Alors ils se saisirent tous de Sosthène, le chef de synagogue, et ils le battaient, devant le tribunal ; mais Gallion ne se mettait pas en peine de tout cela.
La promesse du Seigneur selon laquelle personne ne mettra la main sur lui s’accomplit bientôt. Gallion devient proconsul de la province romaine d’Achaïe en la 13e année de Claude César, soit en l’an 53. Paul a donc dû arriver à Corinthe vers l’an 52. Lorsqu’un nouveau proconsul arrive avec Gallion, les Juifs voient leur opportunité de dénoncer Paul. Ils sont tenus de convaincre le nouveau venu, Gallio, que Paul est un danger pour l’état. Ils pensent que Gallion sera partant pour leur plan, car l’homme aura manifestement à cœur de maintenir la paix dans sa province. Ils lui proposeront de l’aider à le faire, à en juger par le personnage hostile qu’ils lui présentent maintenant.
Comme dans d’autres villes, les citoyens semblent avoir eu le droit d’arrêter quelqu’un et de le traduire en justice. Cela impliquait toujours de menacer l’ordre établi. C’est aussi l’accusation portée ici. Ils accusent Paul de parler fortement aux gens pour les amener à adorer Dieu, ce qui est certainement très contraire à la loi. Les accusateurs ne mentionnent pas quelle loi. Il est clair qu’ils veulent donner à une affaire religieuse une connotation politique, tout comme cela avait été leur tactique à Philippes (Act 16:20-21).
Lorsque Paul veut ouvrir la bouche pour se défendre, il n’en a pas l’occasion. Le Seigneur prend sa défense à travers la réaction de Gallion à l’action des Juifs. Les Juifs se sont complètement trompés sur le jugement de Gallion. Gallion, en plus d’être un homme aimable – comme le caractérisent les historiens – est aussi un homme totalement indifférent. Il sait pourquoi les Juifs sont inquiets et c’est précisément ce qui ne le préoccupe pas du tout. Ce faisant, il dit aussi que l’évangile n’est pas un danger pour l’état. L’évangile ne l’intéresse pas, mais il ne lui fait pas de mal non plus. Alors pourquoi devrait-il agir contre lui ? S’il s’agissait de quelque injustice ou de quelque méchante fourberie, il reprendrait certainement à son compte l’accusation de ceux à qui il s’adresse avec emphase en parlant de « Juifs ».
En s’adressant à eux avec autant d’insistance, il montre qu’il est parfaitement conscient de l’arrière-plan de leur intention. Il l’explique aussi lorsqu’il déclare qu’ils ne se disputent que des questions de mots, des noms et la loi qu’ils ont. Il sait de quoi il s’agit. De plus, il montre son indifférence totale concernant le Seigneur Jésus et son œuvre. Il réduit toute la foi à un mot, à quelques noms et à la loi. Il a peut-être entendu une fois un mot comme ‘résurrection’ ou des noms comme ‘Jésus’ et ‘Christ’ et a entendu quelque chose à propos de la loi juive, mais rien de tout cela ne l’intéresse. Son manque total d’intérêt pèse sur la conscience des Juifs (Rom 2:24), mais cela ne rend pas Gallion moins coupable.
Aujourd’hui aussi, il y a beaucoup d’indifférents de ce genre qui ne s’intéressent pas aux questions de foi à cause des chamailleries des chrétiens entre eux pour des broutilles. En tant que chrétiens, nous devons confesser notre culpabilité à cet égard. Pourtant, pour ceux qui utilisent le comportement des chrétiens comme excuse pour ne pas s’engager dans les questions de foi, ce comportement ne justifie pas leur indifférence. Souvent, ces personnes se vantent aussi de leur tolérance religieuse.
Quant à Gallio, il ne se laisse pas entraîner dans l’affaire qui lui est soumise. Il ne veut pas non plus entendre un mot de plus à ce sujet et les chasse tous du tribunal. Cependant, les Juifs ne se laissent pas abattre et trouvent une nouvelle victime en la personne de Sosthène, le chef de synagogue. Frustrés par l’échec de leurs accusations contre Paul, ils s’en prennent à lui plus durement qu’à Paul, puisqu’ils le battent, devant le tribunal.
Si ce Sosthène est le même que celui que Paul mentionne comme coauteur de sa première lettre aux Corinthiens (1Cor 1:1), il est plausible qu’à cette époque, il ait lui aussi déjà manifesté son intérêt pour le Jésus prêché par Paul comme étant le Christ. Sosthène, qui a probablement succédé à Crispus en tant que chef de synagogue, est alors un nouveau traître à leurs yeux. Cela a dû les mettre encore plus en colère. Pour Gallion, tout cela n’a pas d’importance. Tout comme il n’a rien fait de leur histoire concernant la prétendue infraction de Paul à la loi, il reste indifférent à leur action violente contre Sosthène.
L’indifférence totale de Gallion nous apprend aussi comment les normes tant vantées du droit romain étaient utilisées à l’époque. Dieu l’a utilisé ici pour la protection de ses serviteurs, mais en tant qu’exercice de la loi, il le fait en toute discrétion.
18 - 21 Brève visite de Paul à Éphèse
18 Paul demeura à Corinthe encore assez longtemps, puis il prit congé des frères et s’embarqua pour la Syrie, accompagné de Priscilla et d’Aquilas, après s’être fait raser la tête à Cenchrée, car il avait fait un vœu. 19 Il arriva à Éphèse et les y laissa ; lui-même entra dans la synagogue et s’entretint avec les Juifs. 20 Comme ils le priaient de demeurer plus longtemps avec eux, il n’y consentit pas, 21 mais il prit congé d’eux, en disant : Il faut absolument que je célèbre la fête prochaine à Jérusalem ; je reviendrai ensuite vers vous, si Dieu le veut. Et il partit d’Éphèse par mer.
Après avoir passé un an et demi à Corinthe, Paul y demeure « encore assez longtemps ». Puis vient le moment où il prend congé des frères. Il s’embarque pour la Syrie avec Priscilla et Aquilas en sa compagnie. Cela indique qu’Aquilas et Priscilla aussi ne sont pas liés à un lieu. Ils sont flexibles et se déplacent facilement vers un autre lieu si le service pour le Seigneur l’exige.
Luc fait une autre remarque curieuse au sujet de Paul. Paul, qui était si opposé à la loi, se soumet à une pratique juive. En tout cas, le fait de se raser la tête dans le cadre d’un vœu rappelle cela. En effet, cela rappelle le vœu nazaréen (Nom 6:18). En Actes 21, il fait quelque chose de similaire (Act 21:23-26). Là, il semble avoir pour but d’être un Juif pour les Juifs (1Cor 9:20). On ne peut guère y penser ici, étant donné l’attitude extrêmement hostile des Juifs.
Luc ne donne pas d’indications sur la nature du vœu. Il se peut qu’en raison de la pression des circonstances à Corinthe, Paul ait fait le vœu au Seigneur de se faire raser la tête si le Seigneur l’aidait. En soi, un vœu n’est pas nécessairement mauvais. Cependant, nous devrions alors prendre à cœur l’avertissement tiré de l’Ecclésiaste 5 (Ecc 5:1-7). La question est toutefois de savoir si faire un vœu correspond à la position du chrétien et si Paul n’agit pas ici en deçà de cette position, car sa conduite rappelle fortement une coutume de l’Ancien Testament.
Nous pouvons appliquer ces considérations à nous-mêmes, mais pas à Paul. Nous ne savons tout simplement pas ce qui l’a poussé à agir. Luc ne mentionne rien de plus que le fait qu’il s’est fait raser la tête, qu’il l’a fait à cause d’un vœu et qu’il l’a fait faire à Cenchrée. Cela n’entre pas en conflit avec sa prédication contre la loi, car il ne met pas de paille sur le chemin de quelqu’un qui veut garder la loi. Aussi, cela ne doit pas être un problème pour nous si les Juifs messianiques veulent garder la loi. Ce qui amène Paul à l’opposition la plus farouche à la loi, c’est lorsque la loi est imposée aux nations. Telle devrait être aussi notre réaction face à la prédication de la loi.
Après s’être fait raser la tête à Cenchrée, ils naviguent de la Grèce à la Turquie. Lorsqu’ils arrivent à Éphèse, Paul s’en va séparément du couple. Le couple demeure à Éphèse lorsque Paul poursuit sa route. Avant de poursuivre son voyage, il se rend d’abord à la synagogue, où il s’entretient avec les Juifs. Ce qu’il dit aux Juifs au sujet du Christ ne suscite pas de résistance, mais plutôt de l’appréciation, puisqu’ils lui prient de demeurer plus longtemps. Pour l’instant, cependant, il doit en rester à cette entrevue ponctuelle, car la destination de son voyage n’est pas Éphèse, mais Jérusalem.
Sa hâte d’être à Jérusalem à temps est liée au fait qu’il veut être présent à l’une des fêtes annuelles, peut-être la Pâque (cf. Act 20:16). Paul ne se laisse donc pas retarder à Éphèse. Il part avec la promesse qu’il reviendra encore vers eux, en précisant qu’il le fera si c’est conforme à la volonté de Dieu. Nous aurons l’accomplissement de sa promesse sous les yeux en Actes 19.
22 - 23 Fin du deuxième et début du troisième voyage missionnaire
22 Il aborda à Césarée, monta saluer l’assemblée, puis descendit à Antioche. 23 Après y avoir séjourné quelque temps, il s’en alla et traversa successivement le pays de Galatie et la Phrygie, fortifiant tous les disciples.
Arrivé par la mer à Césarée et y ayant débarqué, il monte, c’est-à-dire à Jérusalem – si la supposition est correcte, c’est le sens de ‘monter’. Là, il assiste à la fête – si la supposition est correcte que c’est pour cela qu’il était pressé – salue l’église et part ensuite pour Antioche. C’est là que se termine son deuxième voyage missionnaire.
Après avoir passé quelque temps à Antioche, il entame son troisième voyage missionnaire. Le récit de celui-ci est décrit jusqu’à Actes 21:16. Il traverse d’abord le pays de Galatie et la Phrygie, la région où se trouvent Derbe, Lystre et Iconium. C’est aussi là qu’il est allé lors de son premier et de son deuxième voyage missionnaire. Comme lors de son deuxième voyage missionnaire, il n’y prêche pas l’évangile, mais y fortifie tous les disciples. Les églises de Galatie ont dû être détournées de la vérité de l’évangile peu après cette visite par l’arrivée et l’enseignement de docteurs judaïques. Cela a obligé Paul à leur écrire sa lettre circulaire, la lettre aux Galates.
24 - 28 Apollos à Éphèse
24 Or un Juif nommé Apollos, originaire d’Alexandrie, était arrivé à Éphèse ; c’était un homme éloquent et puissant dans les Écritures. 25 Il était instruit dans la voie du Seigneur ; et, fervent d’esprit, il parlait et enseignait avec exactitude ce qui concernait Jésus ; toutefois, il ne connaissait que le baptême de Jean. 26 Il se mit donc à parler avec hardiesse dans la synagogue. Après l’avoir entendu, Aquilas et Priscilla le prirent [à part] et lui expliquèrent plus exactement la voie de Dieu. 27 Comme Apollos se proposait de passer en Achaïe, les frères écrivirent aux disciples et les exhortèrent à le recevoir ; quand il y fut arrivé, il contribua beaucoup par la grâce aux [progrès de] ceux qui avaient cru ; 28 car il réfutait publiquement les Juifs avec une grande force, démontrant par les Écritures que Jésus était le Christ.
Alors que Paul est en route pour Éphèse, Luc nous parle dans une parenthèse d’un « Juif nommé Apollos » qui arrive à Éphèse. Apollos, originaire d’Alexandrie en Égypte, est un « homme éloquent » [ou : « de grand savoir »]. Il utilise ses capacités naturelles non pas pour lui-même, mais pour la gloire de Dieu. Le fait qu’il soit « puissant dans les Écritures » ne signifie pas qu’il puisse citer de longs passages de texte – il en était peut-être capable – mais qu’il connaît la cohérence des Écritures et qu’il en comprend le sens.
En Apollos, nous avons quelqu’un en qui l’énergie du Saint Esprit se manifeste sans aucune intervention de l’apôtre ou des douze. Il est un instrument de l’Esprit qui travaille indépendamment des apôtres. C’est aussi ainsi que le veut l’Esprit, qui distribue à qui Il veut (1Cor 12:11). Le fait qu’Apollos agisse de manière indépendante se voit lorsque, plus tard, il ne répond pas à une recommandation de Paul, mais suit sa propre voie, ce qui est aussi accepté par Paul (1Cor 16:12).
Il n’y a pas de jalousie entre les deux serviteurs. Entre eux, il n’est pas question de gagner des gens à eux-mêmes, mais tous deux veulent gagner des gens à Christ. Il est tout à fait répréhensible pour eux que les croyants de Corinthe aient fait d’eux des chefs de parti, provoquant un schisme dans l’unité des croyants (1Cor 1:10-12).
Selon toute vraisemblance, Apollos a entendu et accepté l’évangile en Égypte, puis s’est engagé dans les Écritures, par quoi on entend les Écritures de l’Ancien Testament. Il a été instruit dans la voie du Seigneur. C’est-à-dire qu’on lui a enseigné les enseignements du Seigneur Jésus et aussi comment mettre ces enseignements en pratique. Le but de l’enseignement de la Parole de Dieu est toujours qu’il soit mis en pratique dans la vie.
Luc ne dit pas comment Apollos est venu à la repentance. Sa vie montre qu’il est réellement devenu croyant. Il était complètement absorbé par ce qu’il découvrait dans les Écritures. Cela a allumé en lui un feu qui se reflète dans sa façon de parler et d’enseigner. Cette ferveur d’esprit d’Apollos n’est pas un trait de caractère, mais une ferveur d’esprit qui est celle de l’Esprit de Dieu et que nous devrions tous posséder (Rom 12:11).
Il connaît l’inspiration de l’Esprit, comme les prophètes de l’Ancien Testament. Il ne se contente pas de transmettre des connaissances, mais il est lui-même saisi par celles-ci. Il a une grande connaissance des Écritures et peut aussi bien rendre cette connaissance aux autres. Les auditeurs savent très bien si quelqu’un transmet une théorie aride ou s’il parle de quelque chose qui l’a saisi lui-même.
Apollos ne sait encore rien de tout ce qui est arrivé à Christ. Tout ce qu’il connaît, c’est le baptême de Jean. Cela signifie qu’il a accepté la prédication de Jean, qu’il s’est repenti et qu’il a cru à Christ que Jean désignait. Cependant, il ne sait rien de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus, ni de la venue du Saint Esprit. Il est pour ainsi dire demeuré avant la Pentecôte. Mais de ce qu’il sait, il parle hardiment dans la synagogue d’Éphèse.
Là, Priscilla et Aquilas viennent aussi l’écouter parler. Dans les premiers temps de l’église, les chrétiens vont encore (aussi) à la synagogue. Ce couple rencontre sans cesse des personnes intéressantes. À Corinthe, ils ont fait la connaissance de Paul et ici, à Éphèse, ils font la connaissance d’Apollos.
Cette rencontre a dû être particulièrement agréable pour eux. Alors qu’ils écoutent ainsi, ils remarquent qu’il lui manque encore quelque chose. Ils notent qu’il ne sait pas comment les choses se sont passées avec Jésus de Nazareth. Plutôt que de se lever dans la synagogue pour le corriger, ils le prennent chez eux pour lui dire ce qui lui manque. Le fait qu’Apollos, puissant orateur, se laisse enseigner plus avant par de simples faiseurs de tentes parle en faveur de lui. Aquilas et Priscilla transmettent à Apollos ce qu’ils ont sans doute eux-mêmes appris plus tôt grâce à l’enseignement de Paul.
Comme c’est merveilleux lorsqu’il y a des couples qui peuvent enseigner davantage les serviteurs dans la parole de Dieu et qui mettent leur maison et leur temps à disposition à cette fin. Ensemble, Priscilla et Aquilas lui expliquent plus exactement la voie de Dieu. Priscilla vient en premier (dans ma Bible néerlandaise), peut-être parce qu’elle a été la première à reconnaître en lui quelqu’un à qui il manquait quelque chose. Les femmes le sentent souvent mieux que les hommes. Il est plausible qu’elle ait ensuite proposé à son mari de le prendre avec eux. Seule la troisième activité dit qu’ils ont tous deux expliqué plus précisément à Apollos la voie de Dieu. En expliquant plus précisément la voie de Dieu, Priscilla ne sera pas allée à l’encontre du commandement selon lequel une femme n’a pas le droit d’enseigner ou d’user d’autorité sur l’homme (1Tim 2:12).
Il y a cependant une observation générale à faire à ce sujet. Un homme est généralement sensible au fait que quelqu’un en sache plus que lui. Il doit parfois d’abord surmonter quelque chose pour inviter l’autre personne. Il ne s’agit pas de dire que c’était le cas d’Aquilas, il ne faut même pas le supposer, mais c’est quelque chose que les serviteurs devraient prendre en compte. Par exemple, un frère plus âgé ayant une grande connaissance des Écritures peut avoir du mal à accepter qu’un frère plus jeune ait une connaissance encore plus grande des Écritures.
Apollos avait été enseigné dans la voie du Seigneur. Cela l’avait conduit à placer sa vie sous l’autorité du Seigneur. Maintenant, il entend parler de la voie de Dieu, qui est la voie de la foi pour le chrétien, telle qu’on peut la connaître d’après les Écritures. Dans les Écritures, nous apprenons comment Dieu a traité son peuple et les siens tout au long de l’histoire du salut. Apollos a dû se réjouir de recevoir cet enseignement.
Lorsque Apollos s’est ainsi fait expliquer plus exactement la voie de Dieu, il veut se rendre à Achaje, où se trouve Corinthe. Comment lui vient l’idée d’aller à Corinthe ? Pourquoi pas à Athènes ou à Philippes ? Il est plausible qu’il ait entendu une ou deux choses sur Corinthe de la part d’Aquilas et de Priscilla. Elles lui auront dit qu’il y a des besoins là-bas et cela aura été la raison pour laquelle Apollos s’y est rendu. Ainsi, les travailleurs de toutes sortes de façons reçoivent des indications pour aller quelque part.
Les frères d’Éphèse voient en Apollos un serviteur de Dieu doué et l’encouragent dans son service et le recommandent aussi. La lettre de recommandation qui lui est remise ne concerne pas le fait de le recevoir à la table du Seigneur pour participer à la cène, mais de le recevoir en tant que serviteur du Christ (cf. 2Cor 3:1 ; Rom 16:1).
Une lettre de recommandation n’est pas liée à une église locale, mais au fait que les expéditeurs sont connus au lieu où un serviteur se rend et qu’ils y sont connus comme des croyants dont le jugement spirituel est digne de confiance. Si de tels croyants apportent un témoignage concernant quelqu’un qui n’est pas connu là-bas, cela donne confiance au serviteur qui vient. Dans les deux cas, écrire et recevoir une lettre de recommandation est un privilège et exprime un lien. Un témoignage personnel du serviteur lui-même ne suffit pas (Act 9:26-28 ; 2Cor 13:1).
Emportant avec lui la lettre de recommandation pour le service, Apollos quitte Éphèse pour Corinthe. Là-bas, il arrosera ce que Paul a planté (1Cor 3:6). Il pourra poursuivre et développer l’œuvre de Paul. Le fait que son arrivée à Corinthe donne lieu à des divisions ne fait que rendre plus évidente la nécessité de son ministère. À Corinthe, certains sont particulièrement impressionnés par son talent d’orateur et le choisissent comme chef, tout à fait contre sa volonté.
Luc mentionne qu’il est d’un grand soutien pour les croyants. Cela n’est pas dû à ses qualités, mais à la grâce de Dieu. Pour lui aussi, sans le Seigneur Jésus, il ne peut rien faire (Jn 15:5). Seule la grâce nous rend capables d’être un soutien pour les autres. Chaque bénédiction que nous transmettons vient du Seigneur.
Le service d’Apollos se concentre principalement sur les Juifs qui, à maintes reprises, troublent les chrétiens en s’opposant à la vérité. Apollos réfute sans pareil toutes ces attaques par les Écritures, car il prouve par elles que Jésus est le Christ. Il renverse tous les arguments de ses adversaires à l’aide des Écritures. Prouver, c’est présenter quelque chose de façon éclatante et convaincante. La parole de Dieu est la preuve.