1 - 6 D’Éphèse à Troas
1 Après que l’agitation eut cessé, Paul fit venir les disciples et les ayant embrassés, il partit pour la Macédoine. 2 Il traversa ces régions-là, où il exhorta beaucoup les disciples, et vint en Grèce. 3 Après un séjour de trois mois, comme les Juifs avaient comploté contre lui, au moment où il allait s’embarquer pour la Syrie, on fut d’avis de s’en retourner par la Macédoine. 4 Il était accompagné jusqu’en Asie par Sopater de Bérée, fils de Pyrrhus, par les Thessaloniciens Aristarque et Second, par Gaïus et Timothée de Derbe, ainsi que par Tychique et Trophime, originaires d’Asie. 5 Ceux-ci avaient pris les devants et nous attendaient à Troas. 6 Quant à nous, nous avons embarqué à Philippes, après les jours des Pains sans levain, et nous sommes arrivés au bout de cinq jours auprès d’eux, à Troas, où nous avons passé sept jours.
Après l’agitation, Paul appelle les disciples d’Éphèse auprès de lui et les exhorte, ou : les encourage, ou : les console. En les embrassant, il leur dit congé et poursuit sa route pour la Macédoine, comme il en avait l’intention (Act 19:21). C’est là qu’il écrit sa seconde lettre aux Corinthiens, après avoir appris de Tite la bonne nouvelle de la réponse de l’église de Corinthe à la première lettre qu’il leur avait adressée. Quelques mots décrivent le voyage à travers la Macédoine, sans nom de lieu ni durée de séjour.
Au cours de son voyage, Paul a bien rendu visite aux croyants et s’est adressé à eux à chaque fois. Bien qu’il ne soit pas question d’un séjour prolongé, il n’a pas prononcé de paroles fugaces et superficielles. Il a intensément, avec beaucoup de paroles, exhorté les croyants. Il les encourageait, les édifiait sur leur très sainte foi.
Puis il vient en Grèce, sans qu’aucun lieu ne soit mentionné ici non plus. Pendant les trois mois que Paul passe en Grèce, il aura certainement rendu visite à l’église de Corinthe. Pendant ces trois mois, il écrit sa lettre aux Romains depuis Corinthe. Il abandonne son projet de naviguer vers la Syrie. Il aurait aimé le faire, car il aurait alors pu se rendre à Jérusalem en passant par Antioche et réaliser ainsi la première partie de son dessein. Mais un dessein des Juifs l’incite à changer d’itinéraire. Ils préparent une nouvelle attaque contre lui. Cela l’amène à décider de rentrer par terre en passant par la Macédoine. En cela, il a sans doute été guidé par l’Esprit, mais c’est aussi lié à ses propres considérations sur la façon de répondre au projet des Juifs de le tuer.
Luc énumère ensuite les compagnons de voyage de Paul. Ils sont au nombre de sept. L’énumération des noms montre l’intérêt que Dieu porte aux personnes qui accompagnent Paul et soutiennent son ministère. Ils viennent de différents lieux où Paul a annoncé l’évangile et enseigné les croyants.
Sopater vient de Bérée, où les croyants ont accepté la Parole apportée par Paul en toute bonne volonté, examinant chaque jour les Écritures pour voir si ce que disait Paul était en accord avec elles (Act 17:11). Un croyant aussi volontaire et formé aux Écritures aura été d’une grande aide pour Paul. Il est le fils de Pyrrhus, ce qui signifie ‘ardent’. Il est possible que, comme Apollos, Sopater ait été « ardent en esprit ».
Aristarque et Second sont originaires de Thessalonique, où Paul a prêché le Seigneur Jésus comme roi (Act 17:7). Ils se sont placés sous son autorité. Aristarque est appelé par Paul son ‘compagnon de captivité’ et son ‘compagnon d’œuvre’ (Col 4:10 ; Phm 1:24). « Second », est un nom qui indique qu’il est au second rang et que pour lui, le Seigneur Jésus est Premier.
Gaïus est originaire de Derbe, d’où vient aussi Timothée. Tychique et Trophime sont originaires d’Asie, et nous savons que Trophime est originaire d’Éphèse (Act 21:29). Tychique est appelé par Paul « le bien-aimé frère et fidèle serviteur dans le Seigneur » et « le bien-aimé frère, fidèle serviteur et compagnon de service dans le Seigneur » (Éph 6:21 ; Col 4:7). Trophime n’a pas été en mesure de faire tout le voyage. Il est tombé malade et Paul a dû le laisser malade à Milet (2Tim 4:20).
Ces sept hommes ont pris les devants à Troas, où ils ont attendu Paul et Luc. L’utilisation du mot « nous » montre que Luc a maintenant rejoint Paul. Voir le mot « ils » utilisé en Actes 16 (Act 16:40), après le « nous » aussi en Actes 16 (Act 16:10). Paul et Luc quittent Philippes après les jours de Pain sans levain.
Soit dit en passant, entre le moment où Paul quitte Philippes, tandis que Luc y demeure, et celui où ils se retrouvent ici, il s’écoule une période de six ou sept ans. Pendant tout ce temps, Luc a sans aucun doute servi l’église. Il ne dit rien à ce sujet. Il se concentre sur l’œuvre de Dieu par la vase qu’il a choisi à cet effet.
Luc mentionne que la navigation de Philippes a eu lieu « après les jours des Pains sans levain ». Jusqu’à le jour de la Pentecôte, le moment où Paul veut être à Jérusalem (verset 16), il ne reste plus que sept semaines. Il y a de la hâte. Cette hâte ne conduit pas à la précipitation, car lorsque Paul et Luc arrivent à Troas, ils y demeurent sept jours.
7 Le premier jour de la semaine
7 Le premier jour de la semaine, comme nous étions assemblés pour rompre le pain, Paul, qui devait partir le lendemain, leur parlait, et il prolongea le discours jusqu’à minuit.
La raison du séjour de sept jours à Troas ne semble pas être autre que la célébration du cène à Troas (cf. Act 21:4-5 ; 28:14). Ils le font le soir du premier jour de la semaine. La réunion a lieu le soir, car le dimanche est un jour de travail habituel. Paul et Luc sont apparemment arrivés le lundi. Ils n’organisent pas de réunion le lundi ou le mardi en raison de leur hâte de célébrer la cène à ce moment-là, mais ils attendent le dimanche.
C’est le jour approprié pour célébrer la cène et c’est dans le contexte de l’église locale (1Cor 10:14-22 ; 11:17-34). Il n’est nulle part fait mention de la célébration de la cène avec ses compagnons quelque part en chemin en dehors d’une église locale. Toute la compagnie se réunit avec les croyants locaux le premier jour de la semaine pour rompre le pain. Ce faisant, Paul occupe la même place que les plus jeunes dans la foi.
Le premier jour de la semaine est le jour de la résurrection du Seigneur Jésus (Mt 28:1-10). À deux reprises ce jour-là, il est apparu à ses disciples alors qu’ils étaient réunis (Jn 20:19,26). Ce jour est aussi appelé à juste titre « le jour du Seigneur » (Apo 1:10). C’est le jour par excellence pour y célébrer « la cène dominicale », c’est « la cène du Seigneur » (1Cor 11:20 notes).
Il est significatif que dans les deux cas, le grec utilise pour les mots ‘du Seigneur’ un mot qui n’apparaît que dans ces deux cas, signifiant ‘appartenant au Seigneur’. Nous avons certainement en cela un indice fort pour célébrer la cène le jour du Seigneur. Si nous prenons avec cela ce que nous trouvons ici avec les croyants de Troas, où il est indiqué avec tant d’insistance qu’ils se réunissent le premier jour de la semaine pour rompre le pain, nous avons certainement des indications claires sur le jour où les chrétiens célèbrent la cène.
Le fait qu’aucun commandement ne soit donné, mais que des instructions soient données, est conforme au christianisme. Chercher des jours alternatifs signifie généralement abandonner la position chrétienne pour revenir au judaïsme associé à la création. Ceux qui le font oublient que le septième jour de la création a fait place à un nouveau départ depuis les morts. Au lieu d’un repos après une semaine de travail accompli, la vie du chrétien commence par le repos. Nous pouvons exprimer cela dans la cène.
Lorsque Paul a célébré la cène avec les croyants, il s’adresse à l’église. Le premier objectif de l’assemblée est de rompre le pain, même si le grand apôtre Paul se trouve au milieu d’eux. Une fois le pain rompu, l’église donne effectivement à Paul l’occasion de leur annoncer la Parole de Dieu.
8 - 9 La chute d’Eutyche
8 Or il y avait un grand nombre de lampes dans la chambre haute où nous étions assemblés. 9 Un jeune homme nommé Eutyche était assis sur la fenêtre ; accablé d’un profond sommeil, comme Paul parlait très longuement, il tomba, accablé de sommeil, du troisième étage jusqu’en bas et fut relevé mort.
Ensuite, Luc décrit un événement qui a une signification importante dans le contexte du service de Paul. Nous voyons dans ce qui arrive à Eutyche le danger qui menace chaque église et chaque croyant individuellement. Luc décrit la pièce dans laquelle les croyants sont assemblés. Il s’agit d’une chambre haute, quelque part dans une maison ordinaire, au troisième étage. Les Écritures ne mentionnent nulle part un bâtiment spécialement consacré dans lequel les chrétiens s’assemblent.
Outre le fait qu’il s’agit d’une chambre haute, Luc mentionne qu’il y a beaucoup de lampes. Il se peut qu’il mentionne cela pour que nous puissions imaginer qu’il y fait assez chaud, car les lampes à huile ne donnent pas seulement de la lumière, mais aussi de la chaleur. On peut alors en conclure que cela a contribué à l’endormissement d’Eutyche. C’est possible. Cela soulève la question de savoir comment les autres personnes présentes dans la pièce se sont senties. Après tout, Eutyche était assis là où il avait le plus d’air frais. En fait, sa position l’a amené à bloquer l’afflux d’air frais dont la chambre haute, sans aucun doute bondée, avait grand besoin. Par conséquent, il semble que la mention des « nombreuses lampes » signifie plus que l’indication d’une cause naturelle de la chute d’Eutyche.
Sans aucun doute, cette histoire contient une leçon pour nous. Nous voyons qu’Eutyche a pris une place dangereuse. Il se trouve sur la fenêtre, c’est-à-dire à la séparation de deux mondes. D’un côté, il y a la pièce avec beaucoup de lumière, de l’autre, il entend en dessous de lui les amusements du monde. Le mot « accablé » indique qu’il n’est pas soudainement vaincu par le sommeil, mais qu’il s’est endormi lentement mais sûrement.
Cela devient son sommeil de mort, car il tombe et est relevé mort. Il doit être ressuscité de son sommeil de mort. C’est ce que fait Paul. C’est une illustration de ce à quoi Paul appelle les croyants d’Éphèse. Il leur dit de se réveiller parce qu’ils sont endormis. Ils doivent se réveiller et se relever d’entre les morts (Éph 5:14). Il y a aussi peu d’activité chez les dormeurs que chez les morts.
La discussion pour savoir si Eutyche était vraiment mort ou si son âme était encore en lui n’est pas si importante. Ce qui compte, c’est une situation où plus aucune vie n’est visible. Nous pouvons nous retrouver dans cette situation si la lumière que nous avons reçue n’est pas reliée à Christ. La vie ne devient visible que lorsque Christ luit sur nous. Peut-être devrions-nous nous poser la question suivante : Qu’est-ce qui m’empêche vraiment de dormir ? Les chrétiens qui s’assoient pour s’assoupir lorsque le sermon dure une heure sont capables de rester debout une nuit à pêcher, ou de suivre des événements sportifs, ou d’assister à des concerts, ou de regarder de longs films.
Eutyche n’était ni dedans ni dehors. Peut-être était-il venu pour voir une fois le grand apôtre et l’entendre parler. De même, les jeunes d’aujourd’hui peuvent venir voir des grands noms sans selon coutume être présents à la réunion. Peut-être que c’était un peu décevant finalement et qu’il s’est peu à peu désintéressé de ce que disait Paul. Peut-être a-t-il vu ses amis ou a-t-il pensé à eux et aux choses amusantes qu’il aurait pu faire avec eux alors qu’il était assis ici, dans une salle ennuyeuse, avec des gens ennuyeux, à écouter un sermon ennuyeux.
Eutyche a dû apprendre – et chacun d’entre nous doit apprendre – que ce n’est pas le prédicateur qui donne de la valeur à la Parole, mais l’état du cœur de l’auditeur. Souvent, une chute, un acte pécheur, est le résultat d’un relâchement dans les choses spirituelles. Avant de tomber de la fenêtre, Eutyche s’endort d’abord. De même, nous aussi, nous pouvons nous endormir lorsque nous écoutons Paul, c’est-à-dire lorsque nous lisons ses lettres. Le sommeil dans lequel l’église est tombée, et l’état de mort ou de quasi-mort qui en résulte, c’est aussi parce qu’on ne prête plus attention à ce que Paul a dit.
10 - 12 La rétablissement d’Eutyche
10 Mais Paul, qui était descendu, se pencha sur lui, le prit dans ses bras et dit : Ne soyez pas troublés, car son âme est en lui. 11 Alors il remonta, rompit le pain et mangea ; puis il conversa longuement jusqu’à l’aube, après quoi il partit. 12 Ils amenèrent le jeune garçon vivant : ce fut pour eux une immense consolation.
La façon dont Paul traite Eutyche est merveilleuse et instructive. Tout d’abord, Paul descend jusqu’à lui. Il descend au niveau du jeune homme déchu, montrant ainsi l’attitude du vrai pasteur. En deuxième lieu, il se penche sur lui. Il ne crie pas du troisième étage, sa propre position élevée, toutes sortes de reproches au jeune homme, par exemple qu’il n’aurait pas dû être assez stupide pour s’asseoir sur la fenêtre, un lieu qui demande des ennuis. Il n’est pas question de sa propre faute. Cela n’aurait d’ailleurs aucun sens, car Eutyche n’a de toute façon rien entendu. Nous ne devrions pas non plus aborder de cette façon quelqu’un qui s’est égaré. Il est important de descendre à son niveau et de s’adresser ensuite à lui. En se penchant sur le jeune homme, Paul s’identifie en quelque sorte à lui (cf. 1Roi 17:21-22 ; 2Roi 4:34). Troisièmement, Paul prend le jeune homme dans ses bras. Il lui fait sentir son amour et son acceptation plutôt que son rejet.
De cette façon, nous pouvons traduire les trois niveaux auxquels Paul descend en trois étapes nécessaires pour ramener quelqu’un dans la communion avec Christ et les croyants. Tout d’abord, descendre à son niveau. Ensuite, se pencher sur lui, c’est-à-dire s’identifier à ce qu’il a fait et, de cette position, lui dire ce qu’il a fait. Enfin, l’embrasser, c’est-à-dire essayer de le gagner à l’amour de Christ contre qui il a péché.
Aux autres, Paul dit de ne pas être troublés. Toutes sortes d’états d’excitation au sujet de quelqu’un qui est dévié ne servent à rien. Ce qui est important, c’est de soutenir le travail pastoral par une prière fidèle plutôt que de s’agiter autour de la chute que quelqu’un a faite. Par l’Esprit, Paul reçoit le pouvoir de rétablir les fonctions de la vie : les liens entre l’âme et le corps sont rétablis.
Après la rétablissement d’Eutyche, Paul remonte à l’étage. Il n’est ni choqué ni bouleversé par ce qui s’est passé. En revanche, il a faim. Il rompt donc le pain et mange. Rompre le pain ici n’est pas la célébration du cène, comme l’ont supposé certains interprètes. Le fait qu’une personne rompe le pain indique le début d’un repas ordinaire (cf. Act 27:35). La célébration du cène n’est pas un acte personnel, mais un événement communautaire. L’ajout « et mangea » montre clairement que Paul consomme ici de la nourriture pour fortifier son corps. Ensuite, il converse longuement avec eux, conscient qu’il ne les reverra plus sur la terre. Au matin, il est temps, non pas d’aller se coucher, mais de partir. Paul est un homme d’une énergie sans précédent.
Il laisse aux croyants de Troas une grande réserve d’enseignement et une immense consolation grâce au rétablissement d’Eutyche. Les paroles de Paul et ce qui est arrivé à Eutyche auront servi de puissant stimulant à la vie de foi de l’église de Troas pendant longtemps.
13 - 16 De Troas à Milet
13 Pour nous, qui avions pris les devants sur le navire, nous avons fait voile vers Assos où nous devions prendre Paul à bord : il l’avait ainsi ordonné, ayant l’intention d’aller lui-même à pied. 14 Lorsqu’il nous a rejoints à Assos, nous l’avons pris à bord et nous sommes allés à Mitylène. 15 De là, nous avons regagné le large et sommes arrivés le lendemain à la hauteur de Chios ; le jour suivant, nous avons touché à Samos ; après une halte à Trogylle, nous sommes parvenus le jour d’après à Milet. 16 En effet, Paul avait résolu de passer au large d’Éphèse, de manière à ne pas s’attarder en Asie, car il se hâtait pour être à Jérusalem, si possible, le jour de la Pentecôte.
Tôt le lundi matin, le groupe quitte Troas. Le prochain objectif est Assus. Ce but sera atteint par le navire, mais Paul veut aller lui-même à Assos à pied, à une 40 de kilomètres de Troas. Le fait que Paul entreprenne cette marche après une nuit sans sommeil montre une fois de plus qu’il possède une grande volonté et aussi une grande force physique.
La raison pour laquelle il voulait aller à pied n’est pas racontée par Luc. Pourtant, nous pouvons imaginer qu’il le fait pour être seul et parler au Seigneur de son œuvre. Il veut L’écouter, être en sa présence, sans la présence de personnes qui, sans le vouloir d’ailleurs, font souvent du ‘bruit’ dans la relation avec le Seigneur. Chaque serviteur a besoin d’un tel temps de temps en temps, afin de (re)voir son travail et ses responsabilités tels que Dieu les voit.
À Assos, Paul les rejoint. Luc et les autres le prennent à bord. Ils l’auront accueilli chaleureusement. Ils ont peut-être discuté entre eux de la raison pour laquelle Paul est allé à pied. Après tout, il était tellement pressé. Il semble qu’ils ne lui posent aucune question à ce sujet et le prennent tel qu’il est. Ils ont confiance dans le fait qu’il suit son chemin avec le Seigneur. Cette confiance est d’une grande importance dans toute situation où quelqu’un suit un chemin différent du nôtre. Si nous savons que quelqu’un vit avec le Seigneur, il est important d’accueillir chaleureusement cette personne lorsqu’elle vient à nous.
Depuis Assos, la compagnie navigue à Mityléne. Après une journée de navigation, ils atteignent la hauteur de Chios. Après une autre journée de navigation, ils atteignent Samos où ils font une courte halte à Trogylle. Un autre jour plus tard, ils arrivent à l’un des ports de Milet. Au cours de ce processus, ils ont navigué en passant devant Éphèse. Paul l’a fait délibérément. Il sait que l’accostage à Éphèse entraînerait un long retard. Son plan est fixé et le temps presse.
17 Paul appelle à lui les anciens d’Éphèse
17 De Milet, il envoya un message à Éphèse, pour faire venir les anciens de l’assemblée.
Bien que Paul ne puisse pas aller à Éphèse par manque de temps, il souhaite tout de même avoir contact avec l’église. Il ne peut pas appeler toute l’église à lui, mais il peut appeler les responsables de l’église, les anciens. C’est pourquoi il utilise la halte de Milet pour appeler ces anciens à lui.
Le discours qu’il leur adresse montre bien qu’il le fait avec une intention et non par simple caprice émotionnel. De ses deux discours précédents, l’un s’adresse aux Juifs (Act 13:15-41) et l’autre aux non-Juif (Act 17:22-31). Ici, il s’adresse aux anciens de l’église à Éphèse et, en eux, à toute l’église de cette ville et, par-dessus leur tête, aussi à l’église mondiale.
Les anciens sont toujours mentionnés au pluriel et sont uniquement liés à l’église locale. Les termes « ancien » et « surveillant » désignent la même personne. Cela ressort clairement du verset 28 où Paul appelle cette même compagnie d’anciens surveillants (cf. Tit 1:5,7).
Luc consacre beaucoup d’espace à ce discours. En effet, ce discours intéresse non seulement les anciens d’Éphèse et l’église qui s’y trouve, mais aussi toute l’église chrétienne. Il nous donne une vue d’ensemble du service de Paul. Il ne s’agit pas tant de l’effet extérieur de son service, des résultats qu’il a produits pour les autres. Il s’agit surtout de l’aspect intérieur de son service, de ce qu’il a lui-même vécu et enduré, des luttes et des examens de conscience qui l’ont accompagné, des larmes, du soin et du dévouement avec lesquels il a exercé son service. Dans cette petite compagnie de personnes responsables, il s’est senti libre d’exprimer ses sentiments, de les partager avec eux comme avec des amis.
Son discours a aussi une portée prophétique. Il parle de l’impact de son service dans l’histoire de l’église chrétienne si lui et les autres apôtres étaient partis.
Dans son discours, il regarde
1. en arrière (versets 18-21),
2. vers le présent (versets 22-27) et
3. vers l’avenir (versets 28-31).
Il parle de son service en tant que
1. évangéliste (versets 21,24),
2. docteur (versets 25,27),
3. prophète (versets 29-30) et
4. pasteur (versets 31-35). En tant que pasteur, il s’intéresse à l’ensemble du troupeau et mentionne spécifiquement son souci des plus faibles (verset 35).
Nous pouvons diviser son discours en quatre parties, les mots « et maintenant » ou « et voici maintenant » marquant les différentes parties :
1. son exemple (versets 18-21),
2. son chemin (versets 22-24),
3. les développements après son départ (versets 25-31) et
4. sa recommandation (versets 32-35).
18 - 21 Le service de Paul auprès des Éphésiens
18 Quand ils furent venus vers lui, il leur dit : Vous savez de quelle manière je me suis tout le temps conduit parmi vous, depuis le premier jour où je suis entré en Asie, 19 servant le Seigneur en toute humilité, dans les larmes et au milieu des épreuves qui me sont arrivées à cause des complots des Juifs ; 20 comment je n’ai rien caché de ce qui est profitable, et n’ai ainsi pas manqué de vous prêcher et de vous enseigner publiquement et dans les maisons, 21 en insistant auprès des Juifs comme auprès des Grecs sur la repentance envers Dieu et la foi en notre Seigneur Jésus Christ.
Quand les anciens sont venus vers lui, Paul commence son impressionnant discours d’adieu. Nous pouvons le comparer aux discours que Josué et Samuel ont prononcés lors de leurs adieux (Jos 23:1-16 ; 24:1-28 ; 1Sam 12:1-24). Il ressort clairement de son discours qu’il n’appelle pas à la soumission à son autorité ou à celle d’un quelconque successeur, mais qu’il leur demande de suivre son exemple.
Il commence son discours en rappelant aux anciens leur première rencontre. Il n’est pas venu les voir en leur demandant de lui montrer la ville et de visiter toutes sortes d’endroits intéressants. Il n’a pas pris le temps de s’installer, de vérifier les choses ou de créer diplomatiquement une certaine atmosphère pour son message. Dès le début, il s’est consacré à sa tâche. Ils l’ont vu. Son comportement parmi eux a été transparent, on n’a pas eu à se demander ce qu’il faisait. Il a été « parmi » eux, c’est-à-dire qu’il a été l’un d’entre eux et non un prédicateur au-dessus d’eux.
Par conséquent, la première chose qu’il rappelle est son attitude de serviteur. Paul énumère son service un peu plus loin :
1. insister la repentance et la foi (verset 21),
2. rendre témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu (verset 24),
3. prêcher le royaume de Dieu (verset 25), et
4. annoncer tout le dessein de Dieu (verset 27).
Cependant, il commence par mettre en avant son sentiment. Ce n’est pas seulement ce que quelqu’un dit, mais ce qui est important, c’est aussi qui le dit et comment il le dit. Il l’a fait en toute humilité. C’est ainsi qu’il a servi les croyants. Pourtant, ce n’est pas ce qu’il dit avec ces mots. Il dit ici qu’il a servi le Seigneur. Servir les croyants, c’est en réalité servir le Seigneur et ce service sera aussi récompensé par Lui en tant que tel (Mt 25:40).
Il a servi en toute humilité et non pas comme une altesse célébrée qui exigeait des autres qu’ils le servent. Il est un véritable disciple de son Seigneur, de qui il a appris cette humilité (Mt 11:29). L’importance de cette humilité a été renforcée par les larmes qu’il a versées pendant qu’il servait. Il n’a pas servi froidement, d’en haut ou à distance. Ses larmes exprimaient sa compassion pour les autres. Il n’avait pas honte de ses larmes (versets 31,37 ; 2Cor 2:4 ; Php 3:18). Dieu compte de telles larmes (Psa 56:9) et il essuiera bientôt toute larme de ses yeux (Apo 7:17).
Cette humilité et ces larmes n’étaient pas des signes de faiblesse. Elles s’accompagnaient des épreuves par des attaques sur sa vie de la part des Juifs. Si tu résistes à cela, tu n’es pas un faible mais un homme courageux, fort et déterminé.
Il était guidé par ce qui était profitable pour les croyants et non par ses propres préférences. Toujours il se préoccupait du Seigneur, et comme avec le Seigneur les intérêts des autres étaient toujours primordiaux, c’était aussi le cas pour Paul. Parce qu’il cherchait ce qui était profitable pour les autres, il ne cachait rien. Il annonçait tout ce qui lui avait été confié pour l’église. Cacher quoi que ce soit signifierait qu’il était infidèle à son expéditeur et qu’il ne partageait alors pas les sentiments du Seigneur Jésus pour son église. Paul avait servi les croyants à la fois « publiquement », par exemple à la synagogue et à l’école de Tyrannus, et dans des cercles plus restreints, « dans les maisons ».
La première composante de ce service était l’insistance sur la conversion à Dieu avec, inextricablement liée à elle, la foi dans le Seigneur Jésus. Cette insistance, qui est la base de tout, il l’a faite auprès des Juifs comme auprès des Grecs – les Juifs d’abord et avant tout. La repentance envers Dieu signifie qu’une personne se voit en présence de Dieu et qu’elle parvient alors à un jugement total d’elle-même. En présence de Dieu, tout est jugé tel qu’il est aux yeux de Dieu. Nous ne nous excusons plus, et nous ne voulons pas non plus le faire.
Le résultat est la confession des péchés devant Dieu par une conscience qui se sent en sa présence (Héb 4:12). Nous justifions Dieu dans notre condamnation, tout en ayant confiance en sa grâce, car celui qui est lumière est aussi amour. Le résultat est la foi en le Seigneur Jésus.
La foi en le Seigneur Jésus signifie que nous faisons confiance à son œuvre par laquelle les péchés ont été ôtés, parce qu’Il est mort pour nos péchés. Il s’est ensuite assis à la droite de la Majesté dans les hauts lieux (Héb 1:3). Il s’agit de sa personne en tant qu’objet de la foi. Il est aussi notre justice devant Dieu. C’est en Lui que nous sommes devenus agréables.
Lorsqu’une véritable conversion a eu lieu en présence de Dieu et devant Lui, la confiance et la paix viennent par la foi dans le Seigneur Jésus. La repentance et la foi sont toutes deux nécessaires et ne peuvent être séparées. Ce n’est que lorsque ces deux aspects sont présents qu’une personne devient un enfant de Dieu.
22 - 24 L’évangile de la grâce de Dieu
22 Et voici que maintenant, lié dans mon esprit, je vais à Jérusalem, ne sachant pas ce qui doit m’y arriver, 23 sauf que l’Esprit Saint, de ville en ville, me rend témoignage que des liens et des tribulations m’attendent. 24 Mais je ne fais aucun cas de ma vie, [ni ne la tiens] pour précieuse à moi-même, pourvu que j’achève ma course et le service que j’ai reçu du Seigneur Jésus [pour] rendre témoignage à l’évangile de la grâce de Dieu.
Puis Paul fait part aux anciens du but de son voyage et de son désir pressant de le faire. Depuis longtemps, il était intérieurement fortement incité à se rendre à Jérusalem. Le fait qu’il dise « lié dans mon esprit » – c’est-à-dire son propre esprit, humain, et non l’Esprit Saint – pourrait indiquer qu’il s’agissait d’une obligation d’amour pour son peuple qui n’avait pas son origine directe dans un commandement de Dieu, bien qu’elle n’aille pas non plus nécessairement à l’encontre de la volonté de Dieu. Il en est de lui comme du désir qu’il a exprimé d’être séparé du Christ par une malédiction pour ses frères, ses parents selon la chair (Rom 9:3).
Ces désirs de Paul n’ont rien à voir avec la chair pécheresse, mais pourraient au mieux être une impulsion provenant des motifs les plus nobles. S’il s’avérait être une faiblesse, tout égoïsme dans ce désir lui est étranger. Le seul motif est l’amour brûlant qu’il porte à son peuple. Cet amour le pousse pour ainsi dire dans la gueule du loup.
Paul est en fait l’esclave – ce qui est enfermé dans le mot « lié » – de son propre esprit. Il est tellement contraint qu’aucune autre voie ne lui est ouverte. Bien qu’il soit possible que Paul n’agisse pas sous la direction directe de l’Esprit Saint, mais à partir de la faiblesse de son propre esprit à cause de son amour pour sa parenté selon la chair, le Seigneur utilisera quand même cela à l’honneur de son nom. Paul ne se trompe pas lui-même.
Nous le voyons aussi dans ce que l’Esprit Saint lui rend témoignage. En suivant le témoignage de l’Esprit, Paul aurait pu chercher une issue, mais il ne le fait pas. Il savait que ce que l’Esprit Saint lui disait pouvait signifier qu’il ne devait pas y aller. L’Esprit ne lui a pas directement dit de ne pas y aller, mais lui a seulement indiqué ce qui l’attendait.
Paul a délibérément choisi ce qui l’attendait, par amour pour le Seigneur Jésus et son peuple terrestre, afin de sauver quelques-uns de son peuple. Il savait que la main de Dieu était dans cette affaire. Et nous savons que Dieu utiliserait sa captivité pour écrire des lettres contenant les plus hautes vérités chrétiennes.
Toutes les souffrances ne pouvaient pas empêcher Paul de se tourner vers la volonté de Dieu. Il avait appris de son maître comment la souffrance dans un monde plein de péché et de misère pouvait avoir un effet glorifiant pour Dieu. De cette souffrance, Paul portait les marques dans son corps (Gal 6:17).
Paul savait calculer. Il a calculé à la fois la valeur de sa vie pour lui-même et la valeur de sa vie au service de son Seigneur. Cette arithmétique montrait que tout le profit résidait auprès du Seigneur Jésus et de la tâche qu’Il lui avait donnée (cf. Php 3:7-9). Il considérait sa vie comme un don de Dieu à son égard, avec lequel Dieu avait un plan : un service pour l’accomplir pleinement. Il achèverait aussi sa course (2Tim 4:6-7). Paul interprète cela de telle sorte que pour que sa course s’accomplisse, il doit aussi rendre témoignage de l’évangile de la grâce de Dieu à son propre peuple.
L’évangile de la grâce de Dieu est l’évangile complet. La grâce de Dieu implique plus que la repentance et la foi. Dans le repentir et la foi, l’accent est mis sur les besoins du pécheur. Dans l’évangile de la grâce de Dieu, l’accent est mis sur le côté de Dieu, tout ce qu’Il a fait en faisant connaître sa grâce. Nous trouvons cet évangile dans la lettre aux Romains. Nous y apprenons entre autres que le croyant se tient dans la grâce de Dieu et qu’il est justifié par la foi seule sur la base de la mort et de la résurrection du Seigneur Jésus (Rom 5:1-2).
25 - 27 Le royaume et le conseil de Dieu
25 Et voici maintenant, je sais que vous tous, parmi lesquels j’ai passé en prêchant le royaume de Dieu, vous ne verrez plus mon visage. 26 C’est pourquoi je vous prends aujourd’hui à témoin que je suis net du sang de tous, 27 car je n’ai mis aucune réserve à vous annoncer tout le dessein de Dieu.
Paul annonce ses adieux. Il s’agira des adieux définitifs. Il sait qu’ils ne se reverront plus. Sur fond de cette annonce, il rappelle aux anciens qu’il a passé parmi eux tous en prêchant le royaume. Le royaume est mentionné ici pour la cinquième fois sur un total de sept fois en Actes (Act 1:3 ; 8:12 ; 14:22 ; 19:8 ; 20:25 ; 28:23,31).
Paul n’a pas seulement parlé du royaume sous sa forme glorieuse future, telle qu’elle sera lorsque le Seigneur Jésus régnera sur la terre. Il a aussi annoncé la signification du royaume qu’il a dans cette époque, lorsqu’il n’est pas encore visible mais présent (Col 1:13 ; Rom 14:17). Dans ce royaume, les croyants sont les sujets du Seigneur Jésus. L’idée de domination et de service est attachée au royaume. Les croyants reconnaissent le Seigneur Jésus comme leur Seigneur et Le servent. Le royaume est lié à notre reconnaissance de la domination du Seigneur Jésus dans la vie quotidienne et ce, dans tous les domaines.
Parce qu’ils ne verront plus son visage, « c’est pourquoi », il les prend en ce jour à témoin qu’il est net du sang de tous. Plus tôt, il a dit aux incrédules qu’il était net de leur sang (Act 18:6), ici il le dit aux croyants. Il sait qu’il n’a pas de dette envers eux. Après tout, il leur a dit tout ce qu’il avait à leur dire. Le mot « car » indique la raison pour laquelle il est net du sang de tous, et pas seulement des anciens : il n’a mis aucune réserve à eux annoncer tout le dessein de Dieu.
L’annonce du dessein de Dieu constitue la quatrième partie de son service. Plus tard, il consignera ce dessein en particulier dans la lettre aux Colossiens et la lettre aux Éphésiens. Il s’agit du dessein de Dieu qui s’étend d’éternité en éternité. Son service concernant le dessein de Dieu est arrivé à son terme, car tout ce qu’il avait à communiquer il a été communiqué. Aucune chose nouvelle ne sera révélée après ce qui lui a été confié (Col 1:25).
28 - 31 Les avertissements
28 Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau au milieu duquel l’Esprit Saint vous a établis surveillants pour paître l’assemblée de Dieu, qu’il a acquise par le sang de son propre [Fils]. 29 Moi je sais qu’après mon départ il entrera parmi vous des loups redoutables qui n’épargneront pas le troupeau ; 30 et du milieu de vous-mêmes se lèveront des hommes qui annonceront des [doctrines] perverses pour entraîner les disciples après eux. 31 C’est pourquoi veillez, en vous souvenant que, durant trois ans, je n’ai cessé nuit et jour d’avertir chacun [de vous] avec larmes.
Paul a rendu compte de ses motivations et de son service. Il se tourne maintenant vers les anciens. Il les appelle à prendre garde avant tout à leur propre sentiment spirituel. Ce n’est que si celle-ci est en ordre qu’ils pourront aussi prêter attention au troupeau pour lui fournir ce dont il a besoin (cf. 1Tim 4:16). Comme mentionné, Paul s’adresse à ce groupe d’anciens en tant que surveillants. Il leur indique aussi l’origine de leur service. Nul autre que l’Esprit Saint ne leur a donné cette place au milieu de l’église à Éphèse.
Il n’est pas question d’une quelconque établissement des anciens par l’église ou par une quelconque institution humaine. C’est l’Esprit Saint qui les établit. Si un être humain est impliqué, c’est un apôtre ou son envoyé. C’est ce qui ressort des quelques fois où il est question d’établir des anciens (Act 14:23 ; Tit 1:5). Puisqu’il n’y a plus d’apôtres, il ne peut être question d’une établissement par des hommes.
Comme indiqué précédemment, ancien et surveillant sont des noms qui désignent la même personne, mais avec un accent différent. Un ancien est davantage lié à l’âge, à la sagesse et à l’expérience de la vie ; un surveillant est davantage lié à la tâche, à la surveillance du troupeau.
Les anciens ou les surveillants exercent leurs fonctions dans l’église locale. L’église locale est une miniature de l’église mondiale. Cette église dans son ensemble est l’église de Dieu. Il se l’est « acquise par le sang de son propre [Fils] » (verset 28). C’est le sang de celui qui est le sien. C’est le sang de son propre. Le mot ‘Fils’ n’est pas là. Son propre sang n’est pas le sang de Dieu. Cela va trop loin, l’Écriture ne parle nulle part de la sorte. Le sang est lié au Seigneur Jésus, le Fils de Dieu qui est devenu Homme afin de pouvoir donner son sang comme prix d’achat pour l’église.
C’est l’église de Dieu et non celle des anciens ou de n’importe quel être humain. Ce sera inconscient pour certains, mais tout conducteur qui parle de ‘mon église’ parle de manière présomptueuse et il entre dans les droits de Dieu. Seul le Seigneur Jésus a le droit de parler de « mon église » (Mt 16:18). Aucun homme n’a acquis cette église ; c’est le Seigneur Jésus qui l’a fait. C’est donc un mal si un homme parle ensuite de ‘mon église’ de toute façon.
Ensuite, Paul parle d’un avenir très proche. Il parle d’« après mon départ ». Tout d’abord, il prévoit que des loups redoutables (cf. Mt 7:15 ; Jn 10:12) entreront de l’extérieur pour faire leur travail de déchirure dans l’église. Ils peuvent entrer parce que les pasteurs ne sont pas restés vigilants. De telles personnes, nous avons un exemple dans la deuxième lettre de Jean, où nous avons également l’indication que ces loups redoutables devraient se voir refuser l’entrée (2Jn 1:10-11).
Deuxièmement, des personnes se lèveront parmi l’église et pervertiront la vérité. Ils agissent ainsi pour se mettre eux-mêmes au centre de l’attention au lieu de mettre Christ au centre de l’attention. Les docteurs d’erreur n’apportent pas seulement de faux enseignements mais cherchent aussi des adeptes. Ils s’érigent en chefs de secte. Ces derniers sont souvent plus difficiles à identifier que les loups redoutables. De ces dangers venus de l’intérieur, nous avons un exemple parlant et avertissant dans la troisième lettre de Jean en la personne de Diotrèphe (3Jn 1:9-10).
En rapport avec ce qui est sur le point de se produire, Paul avertit d’être sur ses gardes. Il leur lie leur propre responsabilité. Ils doivent toujours se souvenir de ce qu’il leur a dit pour les maintenir dans le droit chemin et aussi de la façon dont il l’a fait. Sans cesse, nuit et jour (cf. Gen 31:38-40 ; 1Sam 25:16), il s’y est employé durant trois ans. À chaque fois, des larmes ont émergé au cours du processus, tant il est ému par le sort de ses chers Éphésiens. Son message est imprégné de larmes. De telles paroles doivent être efficaces dans les cœurs où règne une véritable inquiétude pour l’église.
32 Dieu et la parole de sa grâce
32 Et maintenant je vous recommande à Dieu et à la parole de sa grâce, qui a la puissance d’édifier et de [vous] donner un héritage avec tous les sanctifiés.
Paul a parlé de son service, tant au niveau de son sentiment et de son comportement qu’au niveau de son contenu. Il leur a aussi rappelé leur responsabilité face aux développements à venir. À présent, il les recommande à Dieu et à sa grâce, telle qu’elle s’exprime dans sa Parole. Paul et les autres apôtres n’ont pas remis leur autorité entre des mains humaines. Il n’y a pas de succession apostolique, quelle qu’elle soit. Ce qui reste lorsque les apôtres disparaissent, c’est Dieu et la Parole de sa grâce.
La Parole a toujours demeuré. C’est à cette source que le croyant peut en tout temps puiser la force de connaître les pensées de Dieu sur le Seigneur Jésus et de vivre à sa gloire. Mais les attaques sont aussi demeurées visant à s’assurer que le peuple de Dieu n’y puisera pas sa force. Il y a des tentatives d’ajouter de nouvelles révélations à la Parole, à la fois sous la forme de traditions et sous la forme de personnes disant que Dieu leur a montré certaines choses. Très tôt dans l’histoire de l’église, les traditions ont déterminé l’interprétation. Aujourd’hui, l’autorité de la Parole est attaquée et critiquée.
Nous ne pouvons repousser toutes ces attaques que si nous donnons à la Parole sa pleine autorité sur notre vie et si nous sommes conscients que la grâce de Dieu veut nous y aider. Alors, la Parole n’offre pas seulement une protection, mais elle nous construit, nous édifie, nous console, nous encourage et nous conduit vers l’héritage. Nous avons déjà part à l’héritage des saints dans la lumière (Col 1:12) et nous y aurons part concrète quand nous régnerons avec Christ (Éph 1:10-14).
« Avec tous les sanctifiés » signifie au milieu de tous les sanctifiés, ensemble avec eux. Les sanctifiés sont un groupe de personnes mises à part par Dieu pour posséder ensemble cet héritage. Être permis d’appartenir aux sanctifiés est un grand privilège et n’est dû qu’à Dieu et à la Parole de sa grâce.
33 - 35 Paul indique à nouveau son exemple
33 Je n’ai convoité ni l’argent, ni l’or, ni le vêtement de personne. 34 Vous savez vous-mêmes que ces mains ont été employées pour mes besoins et pour les personnes qui étaient avec moi. 35 Je vous ai montré en toutes choses qu’en travaillant ainsi, il nous faut secourir les faibles et nous souvenir des paroles du Seigneur Jésus qui lui-même a dit : Il est plus heureux de donner que de recevoir.
Paul leur a laissé non seulement son enseignement, mais aussi son exemple. La doctrine et la pratique vont de pair. Transmettre la doctrine doit aller de pair avec montrer le bon exemple. Pour certains dirigeants chrétiens, l’argent est le moteur de leur travail. Ils considèrent la religion comme une source de revenus (1Tim 6:5). Ce n’était pas le cas de Paul. Il voulait être complètement indépendant d’eux. Il ne se sentait pas non plus trop bien pour travailler simplement de ses mains. Il a montré aux anciens ses mains sillonnées et calleuses. Avec celles-ci, il avait travaillé non seulement pour lui-même, mais aussi pour ceux qui étaient avec lui.
Quel engagement sans limite cet homme avait-il montré et tout cela pour le bien des autres. Ce faisant, il s’est surtout préoccupé du sort des faibles. Nous ne devrions pas profiter des faibles, mais plutôt travailler pour eux. Comme il est facile de ne vouloir s’engager qu’en faveur de personnes que nous apprécions nous-mêmes ou à cause du bénéfice qu’elles nous apportent. Dans ce cas, nous ne ressemblons pas au Seigneur Jésus. C’est précisément ce que Paul voulait et c’est ce qu’il signale aux anciens et à nous.
Pour souligner l’importance de travailler de cette manière, Paul cite une parole prononcée par le Seigneur Jésus. Si nous lisons les Évangiles, nous ne rencontrerons pas cette parole. Mais cette parole ne montre-t-elle pas toute la teneur de la vie du Seigneur et ne correspond-elle pas à l’enseignement qu’Il a donné sur « donner » (Lc 14:14) ?
36 - 38 Les adieux
36 Ayant dit cela, il se mit à genoux et pria avec eux tous. 37 Ils versaient tous beaucoup de larmes et, se jetant au cou de Paul, ils le couvraient de baisers ; 38 ils étaient surtout affligés à cause de la parole qu’il avait dite, qu’ils ne verraient plus son visage. Puis ils l’accompagnèrent jusqu’au navire.
Paul n’attend pas de réponse. Il a parlé de son cœur à ceux qu’il aime. Il lui reste à joindre le geste à la parole et à les recommander à Dieu et à la Parole de sa grâce. C’est pourquoi il se met à genoux et prie avec eux tous. Il n’est pas précisé s’ils ont aussi prié. Ce que nous lisons, c’est qu’ils ont tous versé beaucoup de larmes ; ils ont éclaté en grands sanglots. Ce que Paul a dit les a profondément impressionnés. Cela avait certainement aussi à voir avec le contenu de ses paroles concernant les événements à venir. Mais ce qui les afflige le plus, c’est que Paul a dit qu’ils ne reverront plus son visage.
Par cette remarque délicate, le Saint Esprit veut peut-être nous dire qu’ils n’ont finalement pas tout à fait compris la gravité des propos de Paul. Sinon, n’auraient-ils pas pleuré davantage sur les dangers imminents annoncés par Paul que sur son départ ? Nous savons que déjà à cette époque, l’église était menacée par de grands dangers (1Tim 1:3-4 ; cf. Apo 2:1-5).
Quoi qu’il en soit, ils l’aimaient de tout cœur. Leur chagrin pour son départ était sincère. Leurs expressions d’amour étaient intenses. Si nous avons nous-mêmes déjà vécu la perte d’une personne qui a beaucoup compté pour nous, et quelle impression cela nous a fait, nous pouvons aussi quelque peu imaginer à quel point son départ définitif les a affectés. Après la scène déchirante des pleurs, des embrassades et des baisers, ils accompagnent Paul jusqu’au navire.