1 - 3 Pierre est accusé
1 Les apôtres et les frères qui étaient en Judée apprirent que ceux des nations avaient eux aussi reçu la parole de Dieu. 2 Quand Pierre fut monté à Jérusalem, ceux de la circoncision contestaient avec lui en disant : 3 Tu es entré chez des hommes incirconcis, et tu as mangé avec eux !
Dans la première partie de ce chapitre, Pierre raconte à nouveau en détail tout ce qui s’est passé chez Corneille et ce qui l’a précédé. Nous avons d’abord en Actes 10 le récit par Luc de tout ce que Corneille et Pierre vivent. Plus loin dans ce chapitre, lors de la rencontre entre Pierre et Corneille, certaines choses de ce récit sont à nouveau relatées dans ce que Pierre dit à Corneille.
Deux fois, nous avons un récit détaillé, certains détails étant même racontés trois fois. Ce n’est pas pour rien. Il est clair que le Saint Esprit met un accent particulier sur cette histoire, tout comme il le fait pour l’histoire de la conversion de Saul, que nous retrouvons aussi trois fois dans ce livre. Ce sont des événements qui jouent un rôle clé dans ce livre. Ils ont trait à la grande œuvre de Dieu parmi les nations. Comme mentionné précédemment, Pierre utilise ici pour la troisième fois les clefs que le Seigneur Jésus lui a données pour le royaume des cieux.
Nous voyons avec Corneille que les non-Juifs sont admis dans l’église de Dieu en tant que groupe. En remettant cette admission entre les mains du chef des croyants circoncis, Dieu s’assure que l’unité entre les croyants circoncis et les croyants non-Juifs est préservée et soulignée. Pour y parvenir, Pierre fait ce rapport aux apôtres et à l’église à Jérusalem. Car ils ont entendu dire que les nations aussi ont reçu la parole de Dieu.
Cela cause d’abord un grand choc à ces croyants, tout comme Pierre aussi ne voulait pas l’accepter au début. Il n’y a toujours pas de place dans leur pensée pour que les chrétiens aient une place distincte du judaïsme. Pour eux, le christianisme est un nouveau mouvement juif. Pour eux, tout dans le christianisme est encore lié au judaïsme. Cependant, ce qui s’est passé à Césarée s’est passé en dehors du judaïsme. Mais pour eux, pour l’instant, il est impossible d’accepter cela comme une affaire de Dieu.
Pour expliquer ce nouveau développement, Pierre se rend à Jérusalem. Là, il se heurte à ceux « de la circoncision », qui sont des chrétiens originaires du judaïsme, mais qui sont encore enfermés dans leur mode de pensée juif. Par exemple, ils croient qu’un païen doit être circoncis pour recevoir la pleine bénédiction. C’est ce que nous verrons en détail en Actes 15.
Au lieu de se réjouir, ils critiquent ce que Pierre a fait. Ils ont entendu ce qu’il a fait et en ont tiré leurs conclusions. Pierre est jugé et condamné pour être entré avec des non-Juifs et ils supposent qu’il a aussi mangé avec eux.
C’est un avertissement pour nous, pour que nous fassions attention à ne pas juger quelqu’un simplement sur son apparence ou sur ce que nous l’entendons dire de quelqu’un. Demandons d’abord une explication. Le Seigneur peut diriger quelqu’un et le faire agir comme Il l’entend. Pourtant, leur réaction est aussi compréhensible, car nous nous souvenons combien il était difficile pour Pierre aussi de franchir ce seuil. Il était comme eux.
Leur commentaire sur le fait qu’il a mangé chez Corneille va au-delà de l’observation qu’il est entré dans la maison de Corneille. C’est ainsi que vont les rumeurs. Ils ont entendu parler d’y être entré et ajoutent eux-mêmes qu’il y a aussi mangé. Ils supposent ce qu’ils jugent être une certitude. Pour eux, il ne peut en être autrement qu’il a aussi mangé avec ce païen. Et cela signifie à son tour qu’il a alors mangé des choses interdites à un Juif, ou qu’il a mangé des choses préparées de la mauvaise manière.
Par exemple, il a pu manger de la viande cuite dans du lait, ce qui est une coutume chez les nations. La loi interdit la cuisson de la viande dans le lait dans certains cas, comme la cuisson d’un chevreau dans le lait de sa mère (Deu 14:21b). Pour éviter cela, une séparation complète était faite entre la préparation du lait et celle de la viande. Nous avons ici un autre exemple de mise en place d’une clôture autour de la loi. Il s’agit à nouveau de ce dépassement pour ne pas faire violence à la loi, mais de rendre le commandement plus lourd que ce que Dieu a voulu. Comme mentionné, il ne s’agit aussi ici que d’une supposition.
4 - 18 Pierre expose ce qui s’est passé
4 Alors Pierre se mit à leur exposer [les faits] par ordre : 5 J’étais en prière dans la ville de Joppé, quand j’eus dans une extase une vision ; je vis descendre un objet semblable à une grande toile, tenue par les quatre coins, dévalant du ciel ; elle vint jusqu’à moi. 6 Fixant les yeux sur elle, je l’observais : je vis les quadrupèdes de la terre, les bêtes sauvages, les reptiles et les oiseaux du ciel ; 7 j’entendis aussi une voix qui me disait : Lève-toi, Pierre, tue et mange. 8 Et je dis : Non pas, Seigneur ; car jamais rien de souillé ou d’impur n’est entré dans ma bouche. 9 Une voix répondit du ciel pour la deuxième fois : Ce que Dieu a purifié, toi, ne le tiens pas pour souillé. 10 Cela eut lieu par trois fois, et tout fut de nouveau retiré dans le ciel. 11 Et voici qu’à l’instant même trois hommes se trouvèrent devant la maison où j’étais : ils avaient été envoyés de Césarée vers moi. 12 L’Esprit me dit d’aller avec eux sans hésiter ; les six frères que voici sont aussi venus avec moi et nous sommes entrés dans la maison de cet homme. 13 Il nous raconta comment il avait vu l’ange se présenter dans sa maison et lui dire : Envoie des gens à Joppé pour faire venir Simon, qui est aussi appelé Pierre ; 14 il te dira des paroles par lesquelles tu seras sauvé, toi et toute ta maison. 15 Au moment où je commençais à parler, l’Esprit Saint tomba sur eux, comme aussi [il est tombé] sur nous au commencement. 16 Et je me souvins de la parole du Seigneur quand il disait : Jean a baptisé avec de l’eau, mais vous, vous serez baptisés de l’Esprit Saint. 17 Si donc Dieu leur a fait le même don qu’à nous qui avons cru au Seigneur Jésus Christ, qui étais-je, moi, pour pouvoir l’interdire à Dieu ? 18 En entendant cela, ils firent silence, glorifièrent Dieu et dirent : Dieu a donc donné aux nations aussi la repentance qui mène à la vie !
Pierre répond calmement aux accusations. Après tout, « une réponse douce détourne la fureur » (Pro 15:1a). Les commentaires des frères de la circoncision donnent à Pierre l’occasion de raconter les choses spéciales que Dieu a faites dans la maison de ce païen. Son exposé ordonné montre qu’il est maître de la situation et qu’il n’en arrive pas à un récit incohérent sous la pression des reproches.
Parce que Luc réitère le récit de Pierre après celui que lui-même, sous la conduite du Saint Esprit, a déjà donné en Actes 10, ce qui s’est passé chez Corneille revêt une caractéristique particulière. Il s’agit en effet d’un événement qui inaugure une nouvelle époque et pour lequel il faut désormais ouvrir les yeux spirituels du cœur des Juifs, ou plutôt dont il faut ôter l’aveuglement.
Par son rapport, Pierre veut faire comprendre qu’il s’agit d’une œuvre de Dieu et qu’il n’aurait sûrement pas dû s’y opposer et eux non plus. Par conséquent, le résultat de ce rapport est que les apôtres et les croyants glorifient Dieu (verset 18). Pierre peut faire son rapport sans être interrompu. Il raconte en détail tout ce qu’il lui a fallu pour en arriver là. Ils ne doivent pas penser qu’il est entré comme ça chez ces non-Juifs. Il a fallu au Seigneur beaucoup d’efforts pour qu’il en arrive là.
Il commence à raconter où il était et ce qu’il a vu lorsqu’il était dans une extase. L’endroit où il se trouvait et ce qu’il a vu nous sont familiers depuis le chapitre précédent. Il ajoute ici que l’objet est venu « jusqu’à moi », ce qui signifie qu’il a fait l’expérience de ce vision comme étant spécialement destiné à lui. Il ajoute aussi ici qu’il l’a fixé les yeux sur l’objet et l’observait attentivement. Il a tout absorbé avec attention, c’est pourquoi il peut maintenant le raconter comme quelque chose de gravé dans sa mémoire. Ce n’était pas un regard fugace.
Il peut aussi répéter littéralement les paroles qui lui ont été dites depuis le ciel. Dans la répétition de sa réponse, il va un peu plus loin que lors de l’événement. Il avait alors dit qu’il n’avait jamais rien mangé de souillé ou d’impur ; ici, il dit que jamais rien de souillé ou d’impur n’est entré dans sa bouche. En mentionnant que cela a eu lieu par trois fois, il souligne une fois de plus la certitude de l’événement. Tout doute quant à son authenticité est infondé.
Pierre raconte ensuite comment, immédiatement après la vision, les trois hommes envoyés par Corneille sont arrivés avec lui. Sans rien dire de plus sur la conversation avec les hommes, il relate que l’Esprit lui a dit d’aller avec eux, sans hésitation. Trois événements successifs ont donc convaincu Pierre que Dieu voulait se servir de lui pour aller vers un païen : la vision, les trois hommes venus le chercher et l’Esprit qui lui a dit d’aller avec eux. Ces témoignages doivent aussi interpeller ses auditeurs.
Aussi, il inclut dans son récit les six frères qui l’ont accompagné chez Corneille et qui y sont entrés. Il parle des « six frères que voici », où il peut les désigner. Ils sont aussi allés avec lui à Jérusalem pour confirmer son témoignage sur les événements survenus chez Corneille. Les apôtres et les frères de Jérusalem font face à un total de sept témoins.
Pierre poursuit en racontant comment Corneille a rapporté ce qu’il avait vu, la commande qui lui avait été faite d’envoyer à Joppé et d’inviter Pierre. C’est de lui, en effet, qu’il entendrait les paroles par lesquelles il serait sauvé. Nous n’avons pas trouvé ces paroles en Actes 10. Cependant, elles revêtent une grande importance. Elles signifient que Corneille n’était pas encore sauvé, bien qu’il soit déjà converti.
Le salut vient par la foi en l’œuvre achevée du Sauveur. Nous voyons la même chose avec le fils prodigue qui s’est converti au moment où il s’est levé et est allé vers son père. Mais ce n’est que lorsqu’il a senti les bras de son père autour de son cou qu’il a su qu’il était sauvé, qu’il avait le pardon de ses péchés et qu’il avait été accepté (Lc 15:17-20). Tout cela l’attendait, mais il ne le possédait pas encore lorsqu’il se leva. Dieu achève l’œuvre qu’il a commencée dans une âme.
Lorsque Corneille et son peuple ont entendu et cru à l’évangile de leur salut, le Saint Esprit est tombé sur eux. Pierre le mentionne avec insistance : « comme aussi sur nous au commencement ». Il indique clairement à son auditoire que le don du Saint Esprit n’était pas limité aux croyants de la circoncision, mais que Dieu a accordé ce don de la même manière aux croyants des nations.
Dans son récit, Pierre ne mentionne pas le fait de parler en langues. Il relate le don de l’Esprit comme un événement sur lequel il n’avait aucune influence, mais comme quelque chose qui s’est produit soudainement comme un acte de Dieu. Pour mettre l’accent, il raconte qu’il s’est souvenu de la parole du Seigneur (Act 1:5). Dans son évaluation de ce qui s’est passé, Pierre a la parole du Seigneur comme guide et pierre de touche.
Arrivé à ce point de sa justification, il leur pose une question à laquelle ils ne pouvaient donner qu’une seule réponse : Si Dieu agit, pourrait-il l’interdire ? Pierre parle de leur foi dans le Seigneur Jésus Christ comme de quelque chose qui n’a commencé que le jour de la Pentecôte. Ils ont cru en Lui pendant un certain temps, mais depuis la jour de la Pentecôte, un aspect a été ajouté, et c’est celui de sa glorification. Sur cette base, ils ont reçu de Dieu le don de l’Esprit. À partir de là, qui pourrait exclure les autres qui ont été impliqués par Dieu dans ce don ?
Le récit de Pierre les a convaincus. Ils ne discutent plus ; au contraire, ils glorifient Dieu. Le don du Saint Esprit est la validation par Dieu lui-même de ce qui s’est passé (verset 17). Par conséquent, ils sont convaincus et glorifient Dieu. Leur conclusion est claire et merveilleuse. Ils reconnaissent et acceptent aussi par là que Dieu ne se limite plus à eux, mais que les nations aussi sont devenues participantes de la vie qui leur a été donnée par la conversion. Grâce à cela, le danger imminent d’une séparation des esprits dans la jeune église a été écarté.
19 - 21 La prédication des dispersés
19 Ceux qui avaient été dispersés, à la suite de la persécution qui arriva à l’occasion d’Étienne, passèrent jusqu’en Phénicie, à Chypre et à Antioche, n’annonçant la Parole à personne, si ce n’est à des Juifs seulement. 20 Mais certains d’entre eux étaient des Chypriotes et des Cyrénéens qui, venus à Antioche, parlaient aussi aux Grecs, annonçant le Seigneur Jésus. 21 La main du Seigneur était avec eux : un grand nombre crurent et se tournèrent vers le Seigneur.
Avec le verset 19, nous revenons un instant à la situation que Luc a décrite en Actes 8 (Act 8:1-4). Là, il a parlé d’une grande persécution. Luc reprend ici le fil pour nous dire comment ces personnes dispersées s’en sont sorties. Les personnes dispersées en Actes 8 se trouvaient en Judée et en Samarie. Entre-temps, ils s’étaient déplacés. Ils ont traversé le pays jusqu’en Phénicie, au nord, dans l’actuel Liban. Ils se sont ensuite rendus sur l’île méditerranéenne de Chypre et, de là, à Antioche, en Syrie.
Antioche est en train d’émerger comme le grand centre de l’église parmi les nations. Cela peut se produire maintenant que la porte a été ouverte pour les nations en la personne de Corneille. C’est à partir d’Antioche que Paul commencera ses voyages missionnaires. C’est aussi là qu’il reviendra à la fin des deux premiers voyages.
Ceux qui ont été dispersés n’ont pas ‘prêché’ la Parole, mais ils ont ‘annoncé’ la Parole. Cette annonce de la Parole passe par des contacts ordinaires. Ils se limitent bien en cela aux Juifs qui ont été dispersés bien plus tôt, par la déportation des dix tribus. Ils ne s’adressent qu’à leurs compatriotes, les brebis perdues de la maison d’Israël (Mt 10:6), peut-être par crainte d’un contact avec les nations impures. Eux aussi n’ont pas encore été délivrés de cette crainte. Il n’est pas question de miracles ici. Cela s’est pourtant produit dans le pays d’Israël, parmi les Juifs et les Samaritains.
Tous les Juifs n’ont pas cette peur de l’impureté au contact des nations. Parmi ceux qui ont été dispersés, il y a quelques hommes chypriotes et cyrénéens. Ce sont des Juifs qui n’ont cependant pas grandi dans le pays d’Israël, mais dans le monde de langue grecque. Ils sont d’origine juive, mais parlent grec et s’adressent dans cette langue aux Grecs. Il ne s’agit pas des Juifs hellénophones d’Actes 6, mais des non-Juifs hellénophones avec lesquels ils entrent en contact lors de la dispersion.
Ces Juifs originellement étrangers n’ont pas cette aversion intérieure pour le contact avec les nations. Cela les conduit à annoncer spontanément aux nations. En même temps, cela comporte le danger qu’ils s’adaptent facilement aux coutumes des nations. Ils leur annoncent le Seigneur Jésus, ils Le présentent comme la bonne nouvelle.
Il est remarquable de constater que rien d’officiel n’est associé à ce travail. Il n’est pas fait mention d’une quelconque nomination pour prêcher. Il n’y a pas de discussions avec les apôtres à Jérusalem. Pas un seul nom n’est mentionné parmi ces personnes qui participent à l’œuvre du Seigneur. Le Seigneur Jésus est annoncé. Ce qui est frappant, c’est la façon dont on souligne qu’Il est « Seigneur » dans ces versets, en insistant sur le fait qu’Il a reçu tout pouvoir. Le Seigneur bénit leur annonce en faisant en sorte qu’un grand nombre de personnes deviennent croyantes. À chaque fois, il est fait mention du « Seigneur ». Il accompagne les annonceurs et c’est à lui que les gens se convertissent.
22 - 24 Barnabas et l’église d’Antioche
22 La nouvelle en parvint aux oreilles de l’assemblée qui était à Jérusalem, et ils envoyèrent Barnabas jusqu’à Antioche. 23 Quand il y fut arrivé et qu’il eut vu la grâce de Dieu, il se réjouit ; et il les exhortait tous à demeurer [attachés] au Seigneur de tout leur cœur, 24 car il était homme de bien, et plein de l’Esprit Saint et de foi. Et une grande foule fut ajoutée au Seigneur.
C’est toujours à Jérusalem que se trouve le centre du nouveau mouvement, qui est aussi gouverné à partir de là. À cause de la persécution, beaucoup ont fui Jérusalem, mais l’église de Jérusalem n’a pas cessé d’exister pour autant, comme le montre déjà le verset 1. Il semble que l’église ait des ‘oreilles’, car il parvient « aux oreilles de l’église » qu’une œuvre du Seigneur est en train de se dérouler ailleurs. Cette œuvre n’est accomplie par aucun d’entre eux, mais par d’autres. Cette fois-ci, Pierre n’y est pas non plus associé, comme dans le cas de Corneille, mais cette œuvre est accomplie par des croyants non nommés.
Cependant, aucun apôtre ayant son autorité ne se rend sur place. Dans leur sagesse, ils envoient Barnabas, un homme qui a des capacités particulières de consolation. Il ne s’agit pas d’exercer une autorité, mais de prendre soin de la jeune église. Pour cela, Barnabas est la personne de choix. C’est un homme désintéressé qui a renoncé à ses possessions. La tendance dans le monde et aussi chez les chrétiens est à l’égoïsme, à l’amour de soi, mais Barnabas est tourné vers les autres (Act 4:36 ; 9:27). Il peut être déployé lorsqu’il y a des problèmes.
Barnabas ne fait pas non plus partie des Juifs autochtones à la pensée exclusive, mais c’est un Juif étranger – il vient de Chypre – qui sait que Dieu peut aussi œuvrer par d’autres voies qu’une voie exclusive. Il ne s’accroche pas à l’idée qu’il est le meilleur. Ceux qui n’ont pas de contact avec les autres sont prompts à penser qu’ils sont les meilleurs.
Barnabas est l’homme qu’il faut pour juger si ce qui se passe vient du Seigneur ou non. Ce qu’il voit en arrivant est exactement ce qu’il expérimente dans ses rapports avec Dieu : la grâce. Il ne voit pas d’abord les problèmes, mais la grâce de Dieu. Il voit que ce que Dieu est occupé à faire parmi les nations est une œuvre de sa grâce.
Cela lui procure de la joie. Il n’y a rien d’envieux en lui, aucune critique de l’œuvre de Dieu, mais au contraire, il s’en réjouit. Il n’y a aucun reproche à avoir contacté Jérusalem en tant qu’’église mère’ ou les apôtres en tant que serviteurs spéciaux de Dieu.
Il reconnaît l’œuvre de Dieu et s’y associe. Il prend sa place dans cette œuvre avec la contribution que le Seigneur lui a donnée. Cette contribution consiste à les exhorter à demeurer attachés au Seigneur de tout leur cœur. Barnabas ne leur fixe pas de règles à suivre, mais lie leur cœur au Seigneur. Il les encourage à prendre la résolution dans leur cœur de demeurer auprès du Seigneur afin qu’ils puissent grandir dans la foi.
Il fait cela au vu des dangers qui existent, des forces qui visent à déconnecter les croyants du Seigneur. Cela peut se produire principalement en semant la discorde parmi les croyants, en mettant en avant les différences et en imposant son propre point de vue aux autres.
Toute l’action de Barnabas et le service qu’il rend à ces croyants sont complètement séparés de Jérusalem. Les croyants n’ont pas non plus de comptes à rendre à Jérusalem. Jérusalem n’est plus le centre, comme c’est le cas dans l’Ancien Testament et aussi au début des Actes (cf. Jn 4:20-24).
Les caractéristiques de Barnabas sont particulièrement appropriées pour un service parmi les jeunes croyants. Il est un homme de bien ; la bonté émane de lui. Il ne s’agit pas d’une bonté douce, mais d’une bonté qui vient du Saint Esprit. Il est aussi plein de foi, plein de confiance dans le Seigneur. Sa présence aura sûrement contribué à ce qu’une grande foule soit ajoutée au Seigneur.
25 - 26 Barnabas et Saul à Antioche
25 Il s’en alla ensuite à Tarse, pour chercher Saul ; 26 après l’avoir trouvé, il le mena à Antioche. Et, pendant une année entière, ils se réunirent dans l’assemblée et enseignèrent une grande foule. Ce fut aussi à Antioche que, pour la première fois, les disciples furent nommés chrétiens.
Lorsque Barnabas se trouve à Antioche, il se souvient de Saul. Peut-être parce qu’il ne peut pas s’occuper seul du travail, Barnabas part à sa recherche. Il s’agissait d’une église de nations et il connaissait la volonté du Seigneur concernant Saul (Act 9:15). Il aura aussi eu l’intelligence des qualités particulières de Saul.
Il s’efforce de rendre visite à Saul à Tarse, en Turquie, où il a grandi. Il y a quelques années, Saul y a été envoyé à nouveau par les frères (Act 9:30) pour y témoigner et être encore enseigné par le Seigneur. Auparavant, Saul avait été envoyé par ses parents à Jérusalem pour une formation religieuse qui l’a rendu extrêmement religieux. Saul est à la fois un hébreu imprégné des Écritures et un helléniste, et donc aussi la bonne personne pour Antioche. Ce que Barnabas fait avec Saul est un exemple de la façon dont les jeunes croyants sont introduits dans l’église par des croyants plus âgés et apprennent à faire leur travail.
Barnabas ne se soucie pas de prendre la deuxième place. Il recherche, sans égoïsme mais pour le bien de l’église, Saul qu’il a fait entrer dans l’église à Jérusalem environ huit ans plus tôt. Une église aussi jeune qu’Antioche n’a pas encore un docteur en son sein. Barnabas ne fait pas appel aux apôtres de Jérusalem pour enseigner à l’église d’Antioche. Lui-même ne se considère pas capable de le faire.
Barnabas connaît ses limites. Il comprend que la consolation ou l’exhortation ne suffisent pas et qu’il faut aussi enseigner. Il se rend compte que l’outil approprié pour cela est Saul. Il y a l’évangélisation (verset 20), la consolation (verset 23) et maintenant l’enseignement (verset 26). Nous voyons des évangélistes, des pasteurs et des docteurs tous occupés sans avoir été désignés par les apôtres pour le faire. C’est le Seigneur qui donne les dons (Éph 4:11). Au verset 27, la prophétie est aussi mentionnée. Ainsi, les différents dons fonctionnent ensemble et se complètent.
La mission de Saul est le service d’enseignement de la parole de Dieu, la confirmation des enseignements de la parole de Dieu. C’est ce dont cette jeune église a besoin, tout en fonctionnant en tant qu’église. Elle n’a pas besoin d’enseignement pour commencer à fonctionner en tant qu’église à un moment donné, après un enseignement suffisant. Pour Saul, cet enseignement est une préparation à son service grâce auquel de nombreuses églises seront fondées.
Pour la première fois ici, l’ensemble des croyants d’un lieu est appelé « l’assemblée » ou « l’église », ce qui la distingue de l’église de Jérusalem. Il s’agit d’une église composée principalement de croyants des nations, mais qui comprend aussi des Juifs croyants. Le nom « chrétiens » est aussi utilisé ici pour la première fois pour désigner les croyants. Ce nom apparaît trois fois dans le Nouveau Testament (Act 11:26 ; 26:28 ; 1Pie 4:16). Le nom est dérivé de ‘Christ’ qui signifie ‘oint’. Un chrétien est un disciple de Christ glorifié.
Le nom « chrétiens » est donné aux croyants par le monde qui les entoure et qui les appelle d’après l’Homme qu’ils proclament. Cela se produit lorsque les chrétiens montrent leur lien avec le Seigneur Jésus en tant que Seigneur dans leur vie. Ce nom est encore utilisé, mais malheureusement il ne comprend plus seulement les vrais croyants. Le monde ne sait plus qui est un vrai chrétien et qui ne l’est pas. Malheureusement, à cause du comportement erroné des chrétiens de nom et encore plus malheureusement des vrais chrétiens, le monde se fait une fausse impression du Seigneur Jésus. Ce n’est pas encore le cas ici.
27 - 30 Agabus annonce une famine
27 En ces jours-là, des prophètes descendirent de Jérusalem à Antioche. 28 L’un d’entre eux, nommé Agabus, se leva et déclara, par l’Esprit, qu’une grande famine aurait lieu dans toute la terre habitée : cette [famine] eut lieu sous Claude. 29 Alors les disciples, chacun selon ses ressources, décidèrent d’envoyer un secours aux frères qui demeuraient en Judée. 30 C’est ce qu’ils firent, l’envoyant aux anciens par les mains de Barnabas et de Saul.
Après Barnabas, plusieurs autres prophètes arrivent à Antioche de Jérusalem. Les prophètes sont des dons pour toute l’église. Ils peuvent donc être actifs à Jérusalem mais aussi venir à Antioche pour y exercer leur service. Jérusalem n’est pas un centre, mais il y a un lien. C’est ici que les prophètes sont mentionnés pour la première fois dans le Nouveau Testament. Nous lisons un chapitre entier en 1 Corinthiens 14 sur leur service. Ils transmettent la parole de Dieu depuis la présence de Dieu et parlent pour édifier, exhorter et consoler l’église. Ils ne font pas de prédictions sur des événements futurs, mais appliquent la parole de Dieu aux cœurs et aux consciences.
Il y a parmi eux un prophète qui fait des prédictions, à titre d’exception, à savoir Agabus. Nous lisons de lui qu’il se lève et déclare par l’Esprit qu’une grande famine aurait lieu dans toute la terre habitée. Ici, ce n’est pas quelqu’un qui parle en prétendant être un prophète. L’authenticité de sa prophétie est démontrée par son accomplissement sous Claude qui règne à partir de l’an 41. La famine aurait lieu dans toute la terre habitée, alors y compris eux aussi.
Bien que la prophétie ne s’accomplisse que plus tard sous un autre empereur, elle a pour effet de permettre aux croyants d’Antioche d’exprimer leur solidarité avec les croyants de Jérusalem par le biais d’un soutien. Les croyants ne peuvent pas arrêter la famine, mais ils peuvent faire le nécessaire pour atténuer les effets de la famine. La prophétie a un effet sur les auditeurs et c’est le but de tout service prophétique. En prenant la prophétie à cœur, les croyants peuvent simultanément exprimer leur gratitude pour la bénédiction spirituelle qu’ils ont reçue par les croyants de la circoncision. Ayant participé aux biens spirituels par Jérusalem, les nations veulent maintenant les servir avec leurs biens temporels (Gal 6:6 ; Rom 15:23-28).
Ce qui est écrit ici est le modèle du don chrétien plutôt que ce que nous avons trouvé en Actes 2 et Actes 4 où il s’agissait des relations entre les Juifs eux-mêmes (Act 2:44-45 ; 4:32-37). Le don se fait en fonction des capacités (2Cor 8:12-15 ; 9:7). Le don se fait à partir de la conscience d’être un seul corps. La prophétie incite à une action immédiate, même avant qu’il n’y ait des preuves qu’elle est nécessaire. C’est l’œuvre de l’Esprit de Dieu dans les cœurs. À l’époque d’Esdras, les prophètes ont insisté sur la reconstruction du temple avant que le roi ne leur permette de le faire en interdisant toute opposition (Esd 5:1-2). Il est béni d’agir selon des motifs célestes dans les affaires terrestres.
Les actions des croyants d’Antioche ont dû être un grand encouragement pour les croyants de Jérusalem dans l’expérience de l’unité. L’argent va aux anciens, mentionnés ici pour la première fois en rapport avec l’église ; la façon dont ils ont été nommés n’est pas mentionnée. Ils sont les frères responsables de l’église. C’est à eux qu’il incombe de distribuer l’argent. Cela exprime le lien de manière pratique, comme auparavant de manière spirituelle (verset 22).
Barnabas et Saul emportent le don avec eux. Ils ne se sentent pas trop bien pour cela, ou que le travail spirituel est plus important. Leur désir est de pourvoir à tous les besoins. Nous voyons ici encore que Barnabas est utilisé, car une mission avec de l’argent nécessite des frères dignes de confiance. Barnabas a déjà montré qu’il n’accordait pas d’importance aux biens terrestres (Act 4:36-37).