1 - 8 Corneille reçoit la visite d’un ange
1 Or, à Césarée, un homme nommé Corneille, centurion de la cohorte appelée Italique, 2 pieux et craignant Dieu avec toute sa maison, faisait beaucoup d’aumônes au peuple et priait Dieu continuellement. 3 Il vit clairement en vision, vers la neuvième heure du jour, un ange de Dieu qui entrait chez lui et lui disait : Corneille ! 4 Fixant les yeux sur [l’ange], et tout effrayé, il dit : Qu’est-ce, Seigneur ? [L’ange] lui dit : Tes prières et tes aumônes sont montées en souvenir devant Dieu. 5 Et maintenant, envoie des hommes à Joppé et fais venir Simon qui est surnommé Pierre ; 6 il est logé chez un certain Simon, tanneur, qui a sa maison au bord de la mer. 7 Quand l’ange qui lui parlait s’en fut allé, Corneille appela deux de ses domestiques et un soldat pieux parmi ceux qui se tenaient toujours auprès de lui ; 8 après leur avoir tout raconté, il les envoya à Joppé.
Dans ce chapitre, il devient clair pour la première fois que le salut va s’étendre aux nations. Cela a été précédé par l’œuvre de Dieu parmi les Samaritains en Actes 8. Les Samaritains ne sont pas non des Juifs, mais sont néanmoins, bien que mélangés, associés à eux. L’eunuque est aussi un exemple de quelqu’un qui ne faisait pas partie des Juifs, un vrai païen. Pourtant, il avait un certain lien avec Jérusalem. Il sympathisait avec la religion juive et c’est par sympathie qu’il avait visité la ville.
Dans ce chapitre, nous voyons comment l’histoire de l’église se poursuit en l’ouvrant aux peuples qui n’ont aucun lien avec le peuple juif. Le trait le plus distinctif de ce nouveau développement est que les nations sont incorporées à l’église de Jésus Christ sans être circoncises.
Bien que Saul, en tant qu’apôtre des nations, ait déjà été converti, Pierre est encore utilisé pour ouvrir le salut aux nations aussi. Après la conversion des Samaritains et de l’eunuque, celle de Corneille témoigne de l’admission des nations au salut au sens plein. Corneille se convertit séparément de Jérusalem. Sa conversion a lieu à Césarée, où il reçoit la visite de Pierre et entend l’évangile. Le nom de Césarée rappelle l’empereur romain César. Corneille fait aussi partie de l’armée romaine.
Il est ici pleinement évident que la faveur de Dieu ne se limite pas aux Juifs et aussi qu’il n’est pas nécessaire de devenir Juif pour participer au salut qui est en Christ. La conversion de Corneille ne révèle pas encore la vérité de l’église en tant que corps uni à la tête dans le ciel. Elle la prépare cependant, car quelqu’un est admis des nations sans devenir Juif.
Un beau témoignage est donné de Corneille. Ce qui est dit de lui est une rareté pour quelqu’un qui n’est pas Juif. À cela s’ajoute le fait qu’il occupe une position sociale où la méchanceté est souvent grossièrement pratiquée, c’est-à-dire dans l’armée. Il n’est pas prosélyte, mais il sympathise beaucoup avec la religion juive. Toute son attitude indique qu’il est déjà converti mais qu’il doit encore être sauvé. C’est ce que dit Pierre plus tard dans son récit à Jérusalem (Act 11:13-14).
Toute sa maison est sous l’influence de sa crainte de Dieu. Personnellement, il est pieux. À l’égard de Dieu, il est plein de révérence. Il aime le peuple de Dieu, comme en témoignent les aumônes qu’il lui fait. Sa vie est marquée par la dépendance à l’égard de Dieu, comme en témoigne la mention qu’il prie Dieu constamment.
Une telle attitude et une telle vie de prière ne restent pas sans réponse de la part de Dieu. Dieu apparaît aux personnes qui prient. Il utilise une vision pour s’adresser à Corneille. Il le fait à la neuvième heure, l’heure de la prière et de l’holocauste du soir (voir le commentaire sur Act 3:1). Corneille voit « clairement » un ange de Dieu entrer chez lui à cette heure-là. L’ange le salue en l’appelant par son nom. En faisant cela, il dit en quelque sorte que Dieu le connaît. Très surpris, Corneille fixe les yeux sur l’ange, tandis qu’un sentiment de grande peur l’envahit. Nous observons souvent ce sentiment de frayeur chez les gens lorsqu’ils voient des anges (Lc 1:12 ; 2:9-10).
Puis il pose la question angoissée de la raison de sa venue. L’ange le rassure. Non seulement son nom, mais aussi ses aumônes et ses prières sont connus de Dieu. Ces choses sont constamment devant Dieu. Ils sont dans son esprit et, en son temps, Il se met à l’œuvre avec eux. Dieu n’oublie jamais ce qu’une personne fait pour Lui ou Lui dit avec sincérité. En son temps, il leur répondra. Pour Corneille, ce temps est maintenant venu.
Dieu fait savoir à Corneille par l’ange qu’il doit maintenant envoyer des hommes à Joppé pour inviter Pierre. L’ange peut donner des instructions pour faire quelque chose, mais il ne peut pas apporter un évangile. Le message de la grâce ne peut pas être apporté par un ange, mais seulement par un homme qui est lui-même devenu l’objet de la grâce. L’ange lui dit où trouver Pierre, c’est-à-dire dans la maison d’un certain Simon. Il lui indique la profession de Simon et l’endroit où se trouve la maison.
Loger chez un tanneur n’évoque pas immédiatement l’image d’un logement luxueux. Il y règne une odeur nauséabonde. Quelque chose a déjà été dit sur la signification symbolique du métier de tanneur lors du commentaire d’Actes 9 (Act 9:43). On ajoute ici quelque chose d’autre qui a aussi une signification symbolique. Il est dit que la maison est une maison « au bord de la mer ». La mer est un symbole de la mer des nations. C’est une indication que l’évangile est pour les nations et que Pierre est l’instrument pour ouvrir l’évangile aux nations.
Lorsque l’ange est parti, Corneille passe directement à l’action. Il n’a pas besoin de réfléchir. La tâche est claire. Il appelle deux de ses domestiques et un soldat pieux. En tant que patron, Corneille devait être un homme très aimable qui entretenait des relations confidentielles avec son personnel. Il les informe de la visite de l’ange et de ce qu’il lui a dit. Les hommes partent sans poser de questions. Corneille agit avec obéissance envers Dieu et ses hommes agissent avec obéissance envers Corneille.
9 - 16 La vision de Pierre
9 Le lendemain, comme ils étaient en chemin et approchaient de la ville, Pierre monta sur la terrasse pour prier, vers la sixième heure. 10 Il eut très faim et voulut manger ; pendant qu’on lui préparait un repas, il lui survint une extase : 11 il voit le ciel ouvert, et un objet qui en descendait, semblable à une grande toile, [liée] par les quatre coins, et dévalée sur la terre ; 12 il s’y trouvait tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre et les oiseaux du ciel. 13 Une voix s’adressa à lui : Lève-toi, Pierre, tue et mange. 14 Mais Pierre dit : Non pas, Seigneur ; car jamais je n’ai rien mangé de souillé ni d’impur. 15 Une voix [s’adressa] encore à lui, pour la deuxième fois : Ce que Dieu a purifié, toi, ne le tiens pas pour souillé. 16 Cela eut lieu par trois fois, et aussitôt l’objet fut enlevé vers le ciel.
Les auditeurs ont été préparés par Dieu ; le prédicateur doit maintenant être préparé. Il n’y a pas seulement un chercheur qui prie, il y a aussi un serviteur qui prie. Pierre recherche la solitude avec Dieu. Il se consacre à la prière pour pouvoir ensuite exercer son service avec la parole de Dieu (Act 6:4). Pierre a aussi une vision par laquelle Dieu le prépare à la visite des hommes de Corneille. Il a cette vision alors qu’il a très faim et qu’il veut manger. Dieu utilise ce besoin pratique pour le rendre réceptif au message qu’Il a pour lui.
Alors que la nourriture est préparée, Pierre voit le ciel s’ouvrir. Il voit en descendre quelque chose qui est semblable à une grande toile. Il remarque aussi que la toile descend jusqu’à la terre aux quatre coins. Il voit en outre dans la toile « tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre et les oiseaux du ciel ». Les poissons sont absents. Ce qu’il voit, ce sont les animaux qui sont aussi entrés avec Noé dans l’arche, où il manquait aussi les poissons (Gen 7:14). Tous ces animaux sont entrés dans l’arche salvatrice et ont été épargnés par le déluge.
Noé avait dans l’arche des animaux purs et des animaux impurs. Dieu a sauvé tous ces animaux. Dieu parcourt ici un grand arc de temps à travers lequel il relie l’histoire du déluge à cette époque où l’évangile est ouvert à tous les peuples, Juifs et non-Juifs, en tant qu’évangile salvateur. De même que tous les animaux qui sont entrés dans l’arche ont été sauvés par leur séjour dans l’arche, de même il y a un salut pour tous ceux qui sont en Christ. C’est ce qui est montré à Pierre dans la vision.
Cette vision contient plusieurs indices sur l’évangile par lequel l’église est étendue. Par exemple, nous voyons qu’il vient du ciel, ce qui renvoie à l’origine de l’évangile et aussi à l’origine de l’église. L’attention est également dirigée vers le fait que la toile est grande, qu’elle est abaissée aux quatre coins et que la terre est le terrain sur lequel elle est abaissée.
Que la toile soit grande dénote l’étendue de l’église : il y a de la place pour tout le monde. Les quatre coins indiquent la portée de l’évangile : il va à tout le monde, à chaque coin de la terre. La terre entière est le terrain où il est prêché. Le mélange d’animaux et d’oiseaux purs et impurs montre que la distinction entre le pur et l’impur a disparu. Il n’y a pas de considération de personnes devant Dieu (Rom 10:12-13).
L’ordre donné à Pierre vient du ciel. Il lui est ordonné de se lever, de tuer et de manger. Pierre réagit avec stupeur. Aussi affamé qu’il soit, il ne s’aventure pas dans cette voie. En tant que Juif pieux, il garde toujours les lois alimentaires, qui interdisent de manger des animaux impurs (Lév 11:46-47 ; Deu 14:3-21). Les Juifs devaient respecter ces lois alimentaires pour se préserver de la pureté des nations. La nourriture façonne une personne. Si Pierre mangeait la même chose que les nations, il deviendrait comme elles.
Mais maintenant, la toile descend du ciel. Tous ces animaux dans la toile constituent en quelque sorte l’église, qui se compose de tous ceux qui croient au Seigneur Jésus, aussi bien des Juifs que des non-Juifs. La muraille de séparation est détruite (Éph 2:14), les lois alimentaires ne s’appliquent pas à l’église (Col 2:20-21), car l’église est du ciel et pour le ciel. Les lois alimentaires s’appliquent à la terre et à un peuple terrestre.
Pierre doit être amené à commencer à voir la nouveauté comme quelque chose qui vient du Seigneur. Cela demande un effort de sa part. Les vieux préjugés ne meurent que lentement, surtout s’il s’agit de préjugés qui ont toujours fait partie de la bonne religion. C’est un problème qui relève de sa conscience.
Nous pouvons aussi avoir la certitude que quelque chose est bien et pourtant ne pas oser le faire parce que notre conscience contredit. Le Seigneur comprend cela et veille à ce que nous n’ayons pas à faire quelque chose avec une mauvaise conscience. Mais quand Dieu dit que nous pouvons ou devons manger, nous ne devons pas dire ‘non’ à cause de notre conscience. Pierre est maintenant informé que Dieu apporte un changement à ses précédents préceptes.
La croix de Christ a rendu tout différent et a supprimé la distinction entre Juif et païen. Pour le chrétien, les lois alimentaires n’ont plus aucune signification. Dieu peut donner la loi des animaux purs et impurs, Il peut aussi la défaire pour un certain groupe de personnes. Ce groupe de personnes comprend tous ceux qui sont en Christ, pour qui il n’y a donc plus de condamnation (Rom 8:1), tout comme il n’y avait pas de jugement pour tous dans l’arche.
Pour que Pierre comprenne bien le sens de la vision, il lui est dit trois fois que ce que Dieu a purifié, il ne peut le tenir pas pour souillé. D’autres choses se sont produites trois fois dans la vie de Pierre : trois fois il a renié le Seigneur et trois fois le Seigneur lui a demandé s’il L’aimait.
Après le lui avoir dit trois fois, l’objet est enlevé vers le ciel. En cela, nous voyons l’image de l’église confirmée. Le fait que la toile descende du ciel indique que l’église est d’origine céleste. Que la toile soit enlevé vers le ciel indique que la destination de l’église est aussi céleste.
17 - 23 Les messagers de Corneille
17 Comme Pierre, perplexe, se demandait ce que pouvait bien signifier la vision qu’il avait eue, voici, les hommes envoyés par Corneille, qui s’étaient enquis de la maison de Simon, se tenaient à la porte ; 18 ils appelèrent et demandèrent si c’était bien là que logeait Simon, surnommé Pierre. 19 Pendant que Pierre méditait sur la vision, l’Esprit lui dit : Voici trois hommes qui te cherchent ; 20 lève-toi donc, descends, et va avec eux sans hésiter, parce que c’est moi qui les ai envoyés. 21 Pierre descendit vers les hommes et dit : Me voici ; je suis celui que vous cherchez ; pour quel motif êtes-vous venus ? 22 Ils répondirent : Le centurion Corneille, homme juste, craignant Dieu, et qui a un [bon] témoignage de toute la nation juive, a été averti divinement par un saint ange de te faire venir dans sa maison et d’entendre des paroles de ta part. 23 Pierre les fit donc entrer et les logea ; dès le lendemain, il se leva et s’en alla avec eux ; quelques-uns des frères de Joppé allèrent aussi avec lui.
La vision qu’il vient d’avoir n’est pas immédiatement claire pour lui, mais elle le sera bientôt. Alors qu’il y réfléchit, les hommes de Corneille arrivent. Nous voyons ici une fois de plus que le Seigneur a choisi le bon moment, comme nous l’avons vu avec Philippe qui était aussi avec l’eunuque juste à temps (Act 8:29-30). L’Esprit guide Pierre. Il ne lui explique pas non plus la vision, mais le prépare davantage à sa signification. Il dit à Pierre que trois hommes le cherchent. Il lui ordonne de se lever, de descendre et de les accompagner sans hésiter. Pour plus d’assurance, l’Esprit dit aussi qu’Il les a envoyés.
Nous pouvons appliquer la mention de Pierre doit descendre de manière à ce que Pierre se débarrasse de ses préjugés et se mette au niveau des nations. Il ne doit pas non plus se demander s’il ira avec eux ou non, mais il doit aller avec eux sans hésiter. C’est vraiment un ordre de l’Esprit de Dieu. Pierre obéit et descend.
Il dit aux hommes qu’ils ont trouvé celui qu’ils cherchaient. Mais il aimerait connaître le but de leur venue. Il ne le sait pas encore. L’Esprit ne le lui a pas communiqué. Les hommes de Corneille expliquent à Pierre la raison de leur venue. Ils donnent un beau témoignage de Corneille (verset 22). C’est le même témoignage que celui que le Saint Esprit a donné de lui au verset 2. Son entourage le connaît aussi ainsi. C’est bien quand nous pouvons aussi transmettre à d’autres de tels témoignages de frères et sœurs dans la foi.
Après que les hommes ont expliqué l’objet de leur visite, Pierre les invite à entrer et les loge. Simon lui aura donné la disposition de sa maison. Après une bonne nuit de sommeil, les hommes retournent avec Pierre chez Corneille. Ils sont aussi accompagnés de « quelques-uns des frères » – ils sont six (Act 11:12) – de Joppé. Pierre a dû se réjouir que les croyants locaux aient manifesté un tel intérêt pour cette œuvre qu’ils ont envoyé une délégation. Il agit en communion avec ses frères. C’est une affaire de l’église.
24 - 27 Pierre vient chez Corneille
24 Et le jour suivant, ils entrèrent à Césarée. Corneille les attendait ; il avait réuni ses parents et ses intimes amis. 25 Au moment où Pierre entrait, Corneille, qui allait à sa rencontre, se jeta à ses pieds et lui rendit hommage. 26 Mais Pierre le releva, en disant : Lève-toi ; moi aussi, je suis un homme. 27 Tout en conversant avec lui, il entra et trouva beaucoup de personnes assemblées.
Quand Pierre arrive chez Corneille, ce dernier semble pour ainsi dire aux aguets. Plein d’attente, il a attendu l’arrivée de Pierre. Il a également invité d’autres personnes à venir écouter les paroles que Pierre parlera. Il s’agit de sa parenté et de ses amis avec lesquels il parle confidentiellement des choses de Dieu parce que ces choses les intéressent aussi. C’est une expression de la vie nouvelle parce qu’il est attiré par ceux qui la possèdent aussi ou qui s’y intéressent.
Ils ont dû entendre parler de Pierre et être très impressionnés par ce serviteur spécial de Dieu. En effet, dès que Pierre entre, Corneille va à sa rencontre, se jette à ses pieds et lui rend hommage. Ce que fait Corneille n’est pas bon, mais cela montre son sentiment de se jeter comme un centurion romain aux pieds d’un simple pêcheur de Galilée. Pierre, cependant, n’accepte pas l’hommage d’un homme (cf. Apo 19:10). Rendre hommage n’est réservé qu’à Dieu. Les hommes ne sont que des serviteurs.
Ce que Pierre dit à Corneille est une condamnation de la papauté. Le pape se laisse adorer. Il se vante de continuer sur les traces de Pierre parce qu’il s’imagine être le successeur de Pierre qui, après tout, est, selon lui, le premier pape. Cette posture odieuse sera jugée par Dieu (Apo 17:15-18 ; 18:1-9,21-24).
Pierre entre alors chez Corneille. Il y trouve toute la compagnie invitée par Corneille. Au verset 22, il n’est encore question que de Corneille comme de celui qui a besoin d’entendre des paroles. Mais il n’est pas le seul à vouloir entendre ces paroles. Il en a invité beaucoup d’autres. Cela signifie aussi qu’il en a parlé à d’autres et qu’il n’a pas honte du nom de Dieu. C’est aussi une preuve supplémentaire de sa confiance en ce que Dieu a dit au sujet de la venue de Pierre.
28 - 29 Pierre raconte pourquoi il est venu
28 Il leur dit alors : Vous le savez, c’est une chose illicite pour un Juif de se lier avec un étranger ou d’aller chez lui ; mais Dieu m’a montré, à moi, qu’il ne faut déclarer souillé ou impur aucun homme. 29 C’est pourquoi, lorsque vous m’avez envoyé chercher, je suis venu sans faire de difficulté. Je vous demande donc pour quel motif vous m’avez fait venir.
Pierre commence par dire qu’ils savent qu’en tant que Juif, il ne lui est pas permis de se lier avec un étranger, mais de rester séparé des nations. Cette interdiction est fondée sur la loi (Deu 7:1-4,6 ; cf. Jn 18:28). Lorsque nous lisons cette section de la loi, nous lisons bien l’interdiction de se joindre aux nations, mais nulle part il n’est dit que le contact avec les nations est interdit. Cela est dû à l’interprétation exagérée des rabbins.
Afin d’éviter une autre catastrophe, comme la déportation à Babylone, due au fait qu’Israël s’est mêlé aux nations, les rabbins ont entouré la loi d’une clôture. Ils ont resserré le commandement pour éviter de transgresser la loi et ont ainsi rendu la loi plus étroite que Dieu ne l’avait donnée. Ils voulaient vraiment prendre au sérieux la loi de Dieu, mais leur zèle était excessif.
Même Pierre s’est retrouvé coincé dans cette situation et Dieu a dû le lui faire comprendre. C’est ce que Pierre raconte aussi lorsqu’il dit que « Dieu m’a montré, à moi, qu’il ne faut déclarer souillé ou impur aucun homme ». Pierre fait ensuite une application lui-même de ce que Dieu lui a montré dans la grande toile de fond. Il a compris ce que Dieu voulait dire par là et il a aussi pris l’enseignement à cœur. Il a compris que lorsque Dieu considère les hommes comme purs, il doit faire de même. Il a donc accepté l’invitation et s’est joint à Corneille sans plus de contradiction.
Par ailleurs, la disparition de la différence entre pur et impur ne signifie pas que l’on peut désormais avoir des relations libres avec le monde. L’amitié avec le monde est toujours interdite. La lumière et les ténèbres ne peuvent aller ensemble, et l’amitié avec le monde est inimitié contre Dieu (2Cor 6:14 ; Jac 4:4). Nous ne pouvons pas éviter le contact avec le monde (1Cor 5:9-10), mais nous ne devons pas nous en faire un ami.
Il s’agit de l’attitude intérieure à l’égard du monde qui, nous le savons, a rejeté le Seigneur Jésus et Le rejette encore. Le Seigneur Jésus était connu comme l’ami des publicains et des pécheurs (Mt 11:19), mais il s’agissait des publicains et des pécheurs qui s’intéressaient vraiment à Lui. Il ne participait en aucune manière à leurs mauvaises pratiques. Les pharisiens n’avaient pas de tels contacts et ont condamné le Seigneur pour cela. Il était l’ami pour les publicains et les pécheurs repentants, mais l’ennemi pour le monde.
Pierre ne sait toujours pas pourquoi il a dû se rendre chez Corneille. C’est ce qu’il lui demande aussi. Il est important que Corneille lui-même lui dise ce dont il a besoin. Nous aussi, nous devons d’abord poser des questions et apprendre à écouter ce qui préoccupe les gens. C’est aussi de cette manière que Philippe a abordé l’eunuque en lui posant une question (Act 8:30).
30 - 33 Corneille explique l’invitation
30 Corneille [répondit] : Il y a quatre jours, j’étais en jeûne jusqu’à cette heure-ci et, à la neuvième heure, j’étais en prière dans ma maison ; et voici, un homme se tint devant moi en vêtement éclatant, et dit : 31 Corneille, ta prière est exaucée et tes aumônes ont été rappelées en mémoire devant Dieu. 32 Envoie donc [des gens] à Joppé et fais venir Simon, qui est surnommé Pierre ; il loge dans la maison de Simon, tanneur, au bord de la mer ; et lorsqu’il sera venu, il te parlera. 33 Je t’ai donc aussitôt envoyé chercher, et tu as bien fait de venir. Maintenant, nous sommes tous présents devant Dieu, pour entendre tout ce qui t’a été ordonné de Dieu.
Dans son explication, Corneille commence par mentionner que l’origine de sa demande est la prière. Corneille était un homme qui s’était constamment adressé au Seigneur. Il n’a pas prié occasionnellement pour une cause, mais continuellement. Il a souligné l’intensité de sa prière en jeûnant.
Dieu veut des prières. Il y répondra. Pour Corneille, la réponse est venue du ciel sous la forme d’un homme en vêtement éclatant. La réponse de Dieu rayonne de beauté. Corneille répète ce que l’ange a dit au verset 4. Au verset 2, l’ordre est toujours le même : aumônes et prières. C’est ainsi que cela a dû se passer pour Corneille, mais Dieu place la prière de Corneille en premier et parle ensuite de l’aumône.
Corneille est un homme né de nouveau. Seules les personnes nées de nouveau cherchent Dieu en vérité. C’est aussi un homme qui ne connaît pas encore l’évangile du salut (Act 11:14). Il a la vie de Dieu, mais pas encore l’assurance du salut, car c’est alors qu’une personne reçoit le Saint Esprit comme sceau de ce salut (Éph 1:13). Pierre doit aller parler ces paroles de salut. Pour cela, Corneille a dû faire appeler Pierre à Joppé. L’ange a dit à Corneille exactement qui appeler, où se trouvait cette personne et aussi pourquoi il devait l’appeler. Il a aussi reçu l’assurance que Pierre viendrait.
Corneille raconte ensuite comment il a immédiatement fait ce que l’ange lui avait dit et envoyé un message à Pierre. Il dit à Pierre qu’il a bien fait de venir. C’est un moment et un lieu sacrés. La présence de Pierre et des six frères de l’église à Joppé donne à tous le sentiment d’être en présence de Dieu. C’est ainsi que Corneille l’exprime. L’atmosphère est propice à l’écoute des paroles du Seigneur. Pierre peut dire ce que le Seigneur lui a ordonné. Corneille et les autres n’attendent rien d’autre.
34 - 43 La prédication de Pierre
34 Et Pierre, ouvrant la bouche, dit : En vérité, je comprends que Dieu ne fait pas de considération de personnes, 35 mais qu’en toute nation celui qui le craint et qui pratique la justice lui est agréable. 36 La parole qu’il a envoyée aux fils d’Israël, annonçant la bonne nouvelle de la paix par Jésus Christ (lui est Seigneur de tous), 37 vous la connaissez – parole qui a été annoncée par toute la Judée, en commençant par la Galilée, après le baptême que Jean a prêché : 38 Jésus qui était de Nazareth, comment Dieu l’a oint de l’Esprit Saint et de puissance, lui qui a passé de lieu en lieu, faisant du bien et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance, 39 car Dieu était avec lui. Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait, au pays des Juifs et à Jérusalem. Et lui qu’ils ont fait mourir, le pendant au bois, 40 Dieu l’a ressuscité le troisième jour, et l’a donné pour être manifesté, 41 non à tout le peuple, mais à des témoins qui avaient été auparavant choisis par Dieu, [c’est-à-dire] à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. 42 Et il nous a commandé de prêcher au peuple et d’attester que c’est lui qui est établi par Dieu juge des vivants et des morts. 43 Tous les prophètes lui rendent témoignage que, par son nom, quiconque croit en lui reçoit le pardon des péchés.
Pierre commence son discours d’évangélisation qui est la clef qui ouvre la porte de l’évangile aux nations. Ce discours est très différent de celui en Actes 2. Il sait qu’il s’agit d’un public différent et en tient compte dans son discours.
Dans ses premiers mots, il reconnaît la souveraineté de Dieu qui a ôté toute distinction entre les hommes. Ce qui compte, ce n’est pas que quelqu’un soit membre du bon peuple par sa naissance, mais qu’il craigne Dieu et qu’il le montre en faisant ce qui Lui est agréable. Ce sont des paroles étranges dans la bouche d’un Juif, mais ce sont les pensées de Dieu. Pierre commence à apprendre la leçon. Corneille est un homme qui craint Dieu et pratique la justice. Pierre reconnaît qu’il est agréable à Dieu.
Dans sa prédication, Pierre parle des grands événements du salut en rapport avec le Seigneur Jésus. Il parle de sa vie, de sa mort, de sa résurrection et de sa glorification. Lorsque Dieu a envoyé la parole aux fils d’Israël, Il l’a fait en annonçant Jésus Christ comme une parole de paix. Mais la venue de Jésus Christ n’est pas seulement significative pour Israël. Pierre le précise immédiatement en disant de lui qu’il « est Seigneur de tous ». Il n’est pas seulement le Seigneur des Israélites (Act 2:36), mais le Seigneur de toutes les nations.
Pierre fait ensuite le lien avec leurs connaissances concernant l’apparition de Jean le baptiseur. À partir de là, il conduit son auditoire vers Jésus Christ, comme Jean le baptiseur L’a aussi désigné. Il est important de faire ressortir à chaque fois les grandes vérités sur la vie et l’œuvre du Seigneur Jésus.
Pierre parle de lui comme « Jésus qui était de Nazareth ». Il l’est en raison de sa naissance et des années qu’il a passées à Nazareth, depuis le moment où Il est allé y vivre jusqu’à son apparition parmi le peuple. C’est le nom qui suscite le mépris des gens (Jn 1:46). Pour Dieu, Il est le Fils élu, le Fils bien-aimé. Il L’a oint. L’onction exprime le plaisir de Dieu, son élection. Dieu était avec Lui, car Il a toujours fait ce qui Lui était agréable.
Son onction a aussi été faite en vue de son service. Le Saint Esprit Lui a donné la puissance pour son service. C’est un devenir revêtu de puissance qui est venu sur Lui, comme cela est arrivé aux disciples plus tard (Lc 24:49). Nous sommes aussi oints (2Cor 1:21), car nous avons aussi besoin de cette onction pour notre service. Le service du Seigneur Jésus consistait à faire le bien, à guérir et à briser le pouvoir du diable. Dans tout ce qu’Il a fait, Dieu était avec Lui, car tout ce qu’Il a fait était une joie pour le cœur de Dieu.
De tout cela, Pierre peut s’appeler lui-même et les apôtres comme témoins. Il a vu ce que le Seigneur Jésus a fait dans le pays des Juifs, la Judée, et à Jérusalem, c’est-à-dire au cœur de la religion juive. C’est donc là qu’Il a rencontré le plus d’opposition dans son service et c’est là qu’ils L’ont finalement tué en Le pendant au bois. C’est là qu’a été posé le fondement de faisant du bien, guérissant et brisant le diable et ses œuvres. C’est là que Dieu a donné son Fils pour annuler le péché pour tous ceux qui croient en lui.
Mais sa mort n’a pas été sa fin. Comment cela pourrait-il être le cas ? Les gens peuvent Le rejeter comme étant vil et penser qu’ils se sont débarrassés de Lui, mais pour Dieu, c’est différent. C’est précisément dans son rejet que Dieu a trouvé la plus grande occasion de réaliser son plaisir. C’est précisément dans son rejet que le Seigneur Jésus a accompli tout ce que Dieu Lui demandait. C’est pourquoi Dieu a manifesté le plaisir qu’Il avait en Lui et en son œuvre en Le ressuscitant le troisième jour. Cela Lui a donné l’occasion de se manifester à diverses personnes après sa résurrection.
Ce faisant, Il n’est pas apparu à des incrédules, mais à des croyants. Il est apparu à beaucoup afin de donner ainsi le témoignage indéniable de sa résurrection (1Cor 15:4-8). Dans la résurrection, il ne peut y avoir de communion qu’avec ceux qui L’ont pour vie, qui partagent sa vie de résurrection. Nous vivons dans l’âge de la foi, sans la vue (2Cor 5:7), mais la résurrection est enregistrée comme un fait observé par beaucoup avec leurs yeux. Pierre et les autres apôtres ont été chargés de témoigner d’un Christ ressuscité sur la terre (Act 1:22). Paul deviendra le témoin du Seigneur glorifié au ciel, qu’il a vu sur le chemin de Damas.
Jusqu’à présent, le discours de Pierre n’a toujours pas indiqué que le salut est aussi pour les nations. Jusqu’à présent, il ne s’agit que d’un Christ pour Israël. L’ordre de prêcher sur Lui a été donné en vue du peuple terrestre de Dieu. C’est pourquoi, en conclusion de son discours, Pierre Le présente comme le juge désigné par Dieu pour les vivants et les morts. C’est la partie finale de la venue de Christ pour son peuple.
Pierre déclare ensuite que le témoignage n’est pas limité à Israël, mais que pour quiconque croit en Christ, il y a un pardon des péchés par son nom. Tout ce qui précède est nécessaire pour arriver à ce point. Il s’agit de la foi en Lui. Tous les prophètes l’ont souligné. Les prophètes ont aussi souligné qu’il y a un pardon pour tous ceux qui croient en Lui. C’est en arrivant à ce point que la percée a lieu.
44 - 48 Les conséquences du discours
44 Comme Pierre parlait encore, l’Esprit Saint tomba sur tous ceux qui entendaient la Parole. 45 Et les croyants de la circoncision, tous ceux qui étaient venus avec Pierre, furent stupéfaits de voir que le don du Saint Esprit était répandu aussi sur [ceux des] nations, 46 car ils les entendaient parler en langues et magnifier Dieu. Pierre reprit alors la parole : 47 Quelqu’un pourrait-il refuser l’eau et empêcher que ceux-ci soient baptisés, eux qui ont reçu l’Esprit Saint comme nous aussi ? 48 Et il commanda de les baptiser au nom du Seigneur. Alors ils le prièrent de demeurer [là] quelques jours.
Même pendant le discours, le Saint Esprit tombe soudain sur tous ceux qui entendent la Parole de salut. Le don du Saint Esprit, sceau de la bénédiction chrétienne parmi les Juifs et fruit de l’œuvre rédemptrice accomplie par le Seigneur Jésus, est accordé aux nations autant qu’aux Juifs. L’ordre que nous trouvons ici est le suivant
1. entendre et croire la Parole,
2. recevoir le Saint Esprit
3. puis le baptême (verset 48).
L’Esprit est donné ici après le témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, dont ils n’avaient apparemment pas entendu parler. Ils connaissaient sa vie et sa mort. Sans être d’abord baptisé – comme lors de la conversion des Juifs en Actes 2 – et sans imposition des mains – comme lors de la conversion des Samaritains en Actes 8 – le Saint Esprit vient sur ceux qui entendent la Parole. Nous voyons ici comment des non-Juifs sont ajoutés à l’église de Dieu par le biais de l’évangile. C’est toujours la manière de faire de Dieu (Éph 1:13).
Les Juifs croyants, appelés ici avec insistance « les croyants de [la] circoncision », sont stupéfaits. Ils ne peuvent pas comprendre ce qui se passe. Il est difficile pour les Juifs d’accepter que les nations entrent dans la même relation avec Dieu qu’eux, le peuple élu, et d’une manière encore plus simple, parce qu’eux, les Juifs, ont dû être baptisés en premier.
Dieu fait disparaître les frontières autour d’Israël. Il prouve qu’Il accepte les nations. Il le souligne en associant, comme en Actes 2, au miracle du don du Saint Esprit le signe du parler en langues. C’est là aussi le signe que Dieu s’adresse à toutes les nations. C’est un signe pour les Juifs croyants qui sont encore incrédules à certains égards, parce qu’ils ne peuvent pas croire que les nations sont aussi acceptés par Dieu (cf. 1Cor 14:21-22).
Les nations reçoivent le Saint Esprit sans devenir Juif. Dieu ne leur demande pas de confesser qu’ils sont impurs parce qu’ils appartiennent aux nations, mais les accepte sans condition. Ils ne peuvent même pas être introduits dans le judaïsme. Ils appartiennent au nouveau troupeau en dehors de l’enclos du judaïsme (Jn 10:16). Ils appartiennent maintenant à l’église. Pour recevoir le Saint Esprit, la foi seule suffit. Si Dieu n’y met pas d’autres conditions, les gens ne peuvent pas non plus le faire en leur enjoignant d’observer la loi ou quoi que ce soit d’autre.
Si Dieu les ajoute alors au corps sur la seule base de la foi par le don du Saint Esprit, les gens ne peuvent pas leur refuser l’entrée dans le cercle des croyants sur la terre qui se fait par le baptême d’eau. Auparavant, le baptême signifiait qu’une personne était baptisée pour appartenir au peuple juif, le baptême prosélyte. Ici, le baptême signifie l’adhésion au christianisme. C’est ainsi que Corneille et les siens sont baptisés au nom de Jésus Christ.
Après le baptême de Corneille et de les siens, le service de Pierre est terminé. Ils veulent qu’il demeure encore quelques jours, désireux de recevoir d’autres enseignements. Pierre répondra sans doute à cette demande.