1 La réaction de David
1 Alors le roi fut très ému, il monta dans la chambre au-dessus de la porte et pleura ; en marchant, il disait ainsi : Mon fils Absalom ! mon fils ! mon fils Absalom ! Si seulement j’étais mort à ta place ! Absalom, mon fils, mon fils !
En apprenant la nouvelle de la mort de son fils, David s’effondre complètement. Dès qu’il apprend qu’Absalom est mort, il n’est plus roi de son peuple, mais seulement père. Il ne demande rien de plus, mais se met à pleurer passionnément. Il se retire de la compagnie et s’abandonne à son chagrin. Devrions-nous critiquer David pour cela ? Comment réagirions-nous si nous avions un tel fils et recevions un tel message ?
Pourtant, nous pouvons noter certaines choses à apprendre. Son amour pour Absalom est peut-être compréhensible, mais on ne peut pas le justifier. Comment peut-on avoir un amour aussi grand pour un fils aussi méchant ? Absalom, aussi beau et intelligent qu’il était, s’est retourné contre Dieu et l’autorité donnée par Dieu. Aucun parent ne doit se laisser tromper par cela. Il est important que les parents se rangent toujours du côté de Dieu lorsqu’il s’agit du péché des enfants.
Spurgeon a raconté dans un sermon qu’une mère avait dit à son fils, alors qu’il menait encore une vie dissolue : ‘Si Dieu te juge pour tes péchés, je dirai ‘amen’ à sa condamnation.’ Dieu ne veut pas que nous traitions nos enfants avec douceur lorsqu’Il les traite durement à cause de leurs péchés. Personne ne souhaite plus que Lui qu’ils reviennent à Lui. Cependant, s’ils ne le veulent pas, Il les laisse aller, et nous devrions aussi le faire : « Si tes fils ont péché contre lui, il les a aussi livrés en la main de leur transgression » (Job 8:4 ; cf. Lév 10:1-7).
Nous pouvons bien prier pour que le Seigneur nous montre la réalité des choses, c’est-à-dire pour que nous voyions les choses, aussi les actions de nos enfants, comme Il les voit. Ce faisant, nous pouvons aussi prier pour que nous Lui apportions toutes les nouvelles que nous entendons, en particulier au sujet de nos enfants. Nous n’avons pas besoin d’être l’homme ou la femme fort(e) et nous pouvons laisser libre cours à l’authenticité de nos sentiments. Cependant, prions pour que cela se fasse sans Le perdre de vue.
David a perdu de vue l’Éternel. Ce n’est pas la première fois qu’il pleure la mort de quelqu’un. Il a pleuré sur la mort d’un adversaire, Abner (2Sam 3:32). Il a pleuré la perte d’un ami intime et la mort de son fils Amnon (2Sam 1:11-12 ; 13:33,35-36). À la mort d’Absalom, cependant, son chagrin ne connaît pas de limites.
Le langage qu’il emploie à cette occasion est lui aussi unique. Le roi-poète, qui dans d’autres cas s’exprime dans une complainte convaincante, ne peut ici que sangloter et bégayer : « Mon fils Absalom ! mon fils ! mon fils Absalom ! [...] Absalom, mon fils, mon fils ! »
Jusqu’à huit fois, les mots « mon fils » émergent des profondeurs de son âme (versets 1,5). Il n’a pas d’autres mots pour exprimer l’ampleur de son chagrin. Avec ces mots, il dit tout. C’est comme si la vie n’avait plus de sens pour lui.
2 - 9 Joab réprimande David
2 On vint dire à Joab : Voici, le roi pleure et mène deuil sur Absalom. 3 Ce jour-là, la victoire fut changée en deuil pour tout le peuple, car le peuple ce jour-là entendit dire : Le roi est affligé à cause de son fils. 4 Le peuple entra, ce jour-là, dans la ville à la dérobée, comme s’en irait à la dérobée un peuple honteux d’avoir pris la fuite dans la bataille. 5 Le roi avait couvert son visage, et le roi criait d’une voix forte : Mon fils Absalom ! Absalom, mon fils, mon fils ! 6 Joab vint vers le roi dans la maison et dit : Tu as aujourd’hui rendu honteux le visage de tous tes serviteurs, qui ont aujourd’hui sauvé ta vie, la vie de tes fils et de tes filles, la vie de tes femmes et la vie de tes concubines, 7 du fait que tu aimes ceux qui te haïssent, et que tu hais ceux qui t’aiment ; car tu as montré aujourd’hui que tes chefs et tes serviteurs ne sont rien pour toi ; et je le sais aujourd’hui, si Absalom vivait et que, nous tous, nous soyons morts aujourd’hui, alors cela serait bon à tes yeux. 8 Maintenant lève-toi, sors et parle au cœur de tes serviteurs ; car je jure par l’Éternel que si tu ne sors pas, aucun homme ne restera cette nuit avec toi ; et ceci sera pire pour toi que tout le mal qui t’est arrivé depuis ta jeunesse jusqu’à maintenant. 9 Alors le roi se leva et s’assit à la porte de la ville ; on annonça à tout le peuple : Voici, le roi est assis à la porte. Et tout le peuple vint devant le roi. Israël s’était enfui, chacun à sa tente.
Joab semble être ici le chef du peuple et non David. Le peuple vient à lui en disant que David est accablé de chagrin à cause de la perte de son fils Absalom. David est tellement effondré et brisé que le peuple n’ose pas montrer la moindre trace de joie pour la victoire. L’attitude et le comportement de David affectent le peuple tout entier. Au lieu de célébrer la victoire, ils se comportent comme des perdants. Tel peut être l’impact d’un dirigeant bien-aimé accablé par un immense chagrin personnel. David se perd dans son chagrin et perd donc aussi de vue l’importance du peuple.
David est un père qui aime tout particulièrement un fils qui était un rebelle. Cet amour va si loin que son chagrin pour la perte d’Absalom se fait au détriment des sentiments des autres. Alors que David exprime sans cesse son profond chagrin, Joab s’interpose. Il tacle David fermement, et ce, alors qu’il est lui-même la cause du chagrin de David. Lui, qui devrait être le dernier à dire cette vérité, dit pourtant ce qui est juste. Il est le seul à pouvoir dire cela au roi. C’est ainsi que les situations sont parfois compliquées.
Joab semble être un homme sans sentiments. Sans aucune compassion, presque froidement affairiste, il fait irruption dans les sentiments de David. Son chagrin doit cesser maintenant. David, par son attitude et son chagrin face à la mort de son fils, envoie le message que tout ce que ses hommes ont fait pour lui ne signifie rien. Ses hommes ont sauvé sa vie et celle de tous ses proches.
Au lieu d’en être reconnaissant et de remercier ses hommes, il prétend que ses hommes lui ont fait du mal. David renverse complètement la situation, c’est ce que dit Joab. Absalom qui haïssait son père, il l’aime, et ses hommes qui travaillaient pour lui par amour, il les hait. Joab en tire la conclusion que David aurait été d’accord pour que toute son armée soit tuée si seul Absalom était encore en vie.
Joab ordonne (!) à David de se lever et de s’adresser à ses hommes. Il l’avertit aussi de ne compter sur personne pour rester avec lui s’il ne le fait pas. À ce moment-là, David change d’attitude. Il écoute Joab et fait ce qu’il lui dit. Quand David a pris place à la porte, cela est annoncé au peuple. À la suite de cela, tout le peuple vient à lui.
De l’attitude de David à l’égard d’Absalom et de l’exhortation de Joab, nous pouvons apprendre beaucoup de choses sur nos relations avec nos enfants. Il se peut qu’un enfant en particulier exige beaucoup de notre attention. Cela peut être dû à une maladie, mais aussi à un chemin de péché que l’enfant emprunte. Nous devons néanmoins essayer de maintenir un équilibre dans l’attention que nous portons à nos enfants. Il arrive en effet que l’enfant en particulier reçoive tellement d’attention que les autres doivent se priver de l’attention dont ils ont eux aussi tant besoin. Le soupir a parfois été prononcé : ‘J’aimerais bien oser moi aussi faire quelque chose de fou, alors il y aurait de l’attention pour moi aussi.’
Aussi dans l’église locale, il peut arriver que certains jeunes ne reçoivent pas l’attention dont ils ont besoin. Cela peut créer des situations problématiques qui auraient pu être évitées si, en tant qu’anciens, nous avions fait sentir à chaque jeune l’importance que nous accordons à chacun d’entre eux individuellement. Nous faisons alors comme le veut le Seigneur, qui s’intéresse aussi à chacun des enfants de Dieu personnellement.
Après les événements dramatiques liés à la prise du trône par Absalom et à la mort du rebelle, le peuple qui s’était lancé à la poursuite d’Absalom s’est enfui dans ses propres demeures.
10 - 16 David sur le chemin du retour à Jérusalem
10 Et dans toutes les tribus d’Israël tout le peuple était en train de se disputer, en disant : Le roi nous a délivrés de la main de nos ennemis, c’est lui qui nous a sauvés de la main des Philistins, et maintenant il s’est enfui du pays à cause d’Absalom. 11 Or Absalom que nous avions oint sur nous, est mort dans la bataille ; et maintenant, pourquoi gardez-vous le silence quand il s’agit de ramener le roi ? 12 Le roi David envoya dire à Tsadok et à Abiathar, les sacrificateurs : Parlez aux anciens de Juda, en leur disant : Pourquoi êtes-vous les derniers pour ramener le roi dans sa maison, alors que la parole de tout Israël est venue au roi, chez lui ? 13 Vous êtes mes frères, vous êtes mon os et ma chair ; pourquoi donc êtes-vous les derniers pour ramener le roi ? 14 Et dites à Amasa : N’es-tu pas mon os et ma chair ? Que Dieu me fasse ainsi, et ainsi y ajoute, si tu ne deviens pas chef de l’armée devant moi, pour toujours, à la place de Joab ! 15 Il inclina le cœur de tous les hommes de Juda comme un seul homme, et ils envoyèrent [dire] au roi : Reviens, toi et tous tes serviteurs. 16 Le roi s’en retourna et vint jusqu’au Jourdain ; Juda vint à Guilgal pour aller à la rencontre du roi, pour faire passer au roi le Jourdain.
Une discussion s’engage au sein du peuple au sujet de David, l’homme fort et en même temps faible. Ils parlent de la situation qui s’est présentée. La sobriété leur commande de faire face à la situation. Ils repensent à ce que David a signifié et fait pour eux les années précédentes en tout cas. Absalom n’a pas été un bon choix. Il avait été leur homme pendant un certain temps et ils l’avaient oint roi, mais les choses ont tourné différemment.
Leurs considérations ne montrent pas qu’ils impliquent l’Éternel et se repentent de leur mauvais choix. Il s’agit simplement de la solution la plus évidente. Cela les amène à se reprocher mutuellement et à s’accuser les uns les autres de négligence concernant ramener David.
Immédiatement après, nous lisons que David ordonne aux anciens de Juda de les exhorter à le ramener. Il le fait en réponse aux délibérations des dix tribus, dont il a entendu parler. Cela encourage David à se proposer à Juda pour être à nouveau leur roi. Il fait délivrer son message à ce sujet par les sacrificateurs Tsadok et Abiathar. Cela montre en image que le service sacerdotal joue un rôle prépondérant dans le rétablissement de la domination du Seigneur Jésus dans nos vies en tant que Seigneur. Le service sacerdotal concentre nos cœurs sur Lui. Lorsque nous Le verrons, nous voudrons Le servir.
Si nous regardons les choses de manière pratique, David est ici un croyant faible, donnant l’impression de favoriser la tribu de Juda, alors même que les dix tribus parlaient aussi de le faire ramener auprès d’elles. David fait-il preuve de partialité ? En tant que roi, il devrait être au-dessus des douze tribus. Maintenant, il donne l’impression d’être un chef de parti.
Il fait appel au sens de l’honneur de Juda. À deux reprises, il leur dit qu’ils ne seront certainement pas les derniers à le ramener. Il exprime ainsi clairement sa préférence. Les dix tribus lui sont devenues infidèles. Il semble qu’il ne leur accorde pas le privilège de le ramener avant que Juda ne l’ait fait. Il appelle Juda « mes os et ma chair ». Ce n’est pas qu’il ne veuille plus être leur roi. Mais il veut leur montrer que le lien qui l’unit à eux n’est pas aussi étroit que celui qui l’unit à Juda.
Nous pouvons faire une application à nous-mêmes ici. Par exemple, nous pouvons dire que nous aimons tous les vrais croyants, bien que nous ayons encore nos préférences. Nous nous sentons beaucoup plus en harmonie avec ceux qui sont d’accord avec nous et qui le montrent. Il se peut alors que nous formions involontairement un parti dont les autres sont exclus.
David a une parole particulière pour Amasa. Amasa avait été le chef de l’armée d’Absalom et David lui propose de devenir chef de l’armée avec lui. Cela aussi semble avoir une raison tactique. Pourquoi David lui propose-t-il cela ? Il semble vouloir favoriser un parent au détriment d’un homme dont il veut se débarrasser. Ce faisant, il se trompe encore une fois de Joab. Joab ne tolère aucune concurrence et tue Amasa (2Sam 20:9-10).
Son action diplomatique produit le résultat escompté. Les cœurs de tous les hommes de Juda sont gagnés. Ils veulent tous que David soit à nouveau leur roi. Toute la tribu vient au Jourdain pour l’aider à le traverser et l’accueillir à nouveau parmi eux. Cela aurait été plus beau si tout le peuple était venu.
À travers tout cela, nous voyons encore David principalement comme l’homme faible. Comme mentionné précédemment, tout ce qui s’est passé chez lui ces dernières années, où il a échoué en tant que père et roi, a diminué son jugement spirituel. En conséquence, il en vient à prendre de mauvaises décisions ou des décisions qui ne sont pas marquées par la foi.
17 - 24 David montre de la pitié à Shimhi
17 Shimhi, fils de Guéra, le Benjaminite, qui était de Bakhurim, se hâta et descendit avec les hommes de Juda à la rencontre du roi David, 18 et, avec lui, 1000 hommes de Benjamin, ainsi que Tsiba, le serviteur de la maison de Saül, avec ses quinze fils et ses vingt serviteurs ; et ils traversèrent le Jourdain au devant le roi. 19 Un bac passa pour faire passer la maison du roi et aussi faire ce qui était bon à ses yeux. Shimhi, fils de Guéra, tomba devant le roi comme il allait passer le Jourdain, 20 et il dit au roi : Ne m’impute pas d’iniquité, mon seigneur, et ne te souviens pas de l’iniquité commise par ton serviteur au jour où le roi, mon seigneur, est sorti de Jérusalem. Que le roi ne le prenne pas à cœur ! 21 Car moi, ton serviteur, je sais que j’ai péché ; et voici, je suis venu aujourd’hui le premier de toute la maison de Joseph, pour descendre à la rencontre du roi, mon seigneur. 22 Abishaï, fils de Tseruïa, intervint et dit : Ne fera-t-on pas mourir Shimhi pour cela, car il a maudit l’oint de l’Éternel ? 23 David dit : Qu’ai-je à faire avec vous, fils de Tseruïa ? car vous êtes aujourd’hui des adversaires pour moi. Ferait-on mourir aujourd’hui un homme en Israël ? car je sais que je suis aujourd’hui roi sur Israël n’est-ce pas ? 24 Le roi dit à Shimhi : Tu ne mourras pas. Et le roi le lui jura.
En rapport avec le message de la traversée du Jourdain, plusieurs rencontres sont relatées, successivement avec Shimhi, Mephibosheth et Barzillaï. Dans tous ces cas, nous voyons un David faible, qui présente pourtant de beaux traits de caractère. Il est difficile d’interpréter correctement ces rencontres. Nous pouvons provisoirement en tirer quelques enseignements.
Avec la tribu de Juda vient aussi Shimhi. Il se rend compte qu’il doit être rapide pour sauver sa vie. Il réalise aussi qu’il ne pourra assurer sa vie que s’il reconnaît qu’il s’est trompé et fait appel à la grâce. Alors que le bac fait la traversée vers le pays promis, Shimhi tombe devant David. Il reconnaît son péché et souligne en même temps qu’il est le premier de la maison de Joseph à reconnaître et à honorer David en tant que roi.
Abishaï montre clairement son mécontentement face au mal que cet homme a fait à son roi. Il rend immédiatement son jugement et plaide pour que Shimhi soit tué pour cela. C’est la troisième fois qu’Abishaï essaie de pousser David à tuer quelqu’un. D’abord Saül (1Sam 26:8), puis Shimhi (2Sam 16:9), et ici encore. La première et la deuxième fois, David a bien réagi. Il est difficile de dire s’il en est de même ici. Il se peut que David pardonne à Shimhi par un faux sentiment de magnanimité. Il pardonne parce qu’il est redevenu roi.
David déclare Abishaï ‘un adversaire’ (littéralement : Satan), parce qu’il veut l’amener à une action contraire à son désir de faire preuve de grâce. Pourtant, Shimhi est plus tard mis à mort pour avoir maudit David. C’est Salomon qui s’en charge sur le conseil de David (1Roi 2:8-9,44,46).
25 - 31 David rencontre Mephibosheth
25 Mephibosheth, fils de Saül, descendit aussi à la rencontre du roi. Il n’avait pas soigné ses pieds, et n’avait pas fait sa barbe, et n’avait pas lavé ses vêtements, depuis le jour où le roi s’en était allé, jusqu’au jour où il revint en paix. 26 Lorsque Jérusalem vint à la rencontre du roi, le roi lui dit : Pourquoi n’es-tu pas allé avec moi, Mephibosheth ? 27 Il répondit : Ô roi, mon seigneur ! mon serviteur m’a trompé ; car moi ton serviteur j’avais dit : Je vais seller mon âne, je monterai dessus et j’irai avec le roi, en effet, ton serviteur est boiteux ; 28 et il a calomnié ton serviteur auprès du roi, mon seigneur ; mais le roi, mon seigneur, est comme un ange de Dieu : fais donc ce qui est bon à tes yeux. 29 Car toute la maison de mon père n’était que des hommes morts devant le roi, mon seigneur ; et pourtant tu as mis ton serviteur parmi ceux qui mangent à ta table ; quel droit ai-je encore ? et pour quel sujet crierai-je encore au roi ? 30 Le roi lui dit : Pourquoi me parles-tu encore de tes affaires ? Je l’ai dit : Toi et Tsiba, partagez les champs. 31 Mephibosheth dit au roi : Qu’il prenne même le tout, puisque le roi, mon seigneur, est revenu en paix dans sa maison.
Le deuxième à rencontrer David est Mephibosheth. On peut voir à travers lui que pendant l’absence de David, il ne s’est pas préoccupé de lui-même. Toutes ses pensées ont été tournées vers son bienfaiteur. Mephibosheth est une image du croyant qui attend ardemment la venue de son Seigneur et qui par conséquent ne prend pas « soin de la chair pour [satisfaire ses] convoitises » (Rom 13:14b).
Mephibosheth est l’image d’un croyant qui attend ardemment la venue du Seigneur Jésus, mais David est loin d’être une image du Seigneur Jésus ici. Il reproche à Mephibosheth de ne pas l’accompagner. Mephibosheth explique à David la véritable raison et lui parle aussi de la tromperie de Tsiba. Il souligne aussi qu’il est boiteux, ce qui l’a rendu incapable d’aller lui-même chercher David. Ce que Tsiba a raconté à David à son sujet n’est pas vrai.
L’attitude de Mephibosheth est merveilleuse. Il ne parle pas du fait que David ait cru Tsiba. Il a constamment attendu son retour, tout en restant conscient de la grâce qui lui a été accordée. Il en parle. Il se souvient bien comment lui, quelqu’un qui était un homme mort parce qu’il appartenait à la maison de Saül, a été intégré par David parmi ceux qui mangent à sa table (2Sam 9:13). Il est encore impressionné par cette preuve de bonté. Quel droit a-t-il à la lumière de celle-ci ?
Il est à souhaiter que nous, à qui la bonté a aussi été manifestée, vivions constamment dans la conscience de celle-ci et que cette conscience nous submerge à chaque fois et nous amène à une grande gratitude envers celui qui nous a manifesté cette bonté. Cela nous empêchera de nous tenir sur notre droite et de revendiquer notre droit.
La réaction de David aux paroles de Mephibosheth ne nous fait pas penser au Seigneur Jésus. David est conscient qu’il a commis une erreur en donnant les champs à Tsiba. Pourtant, il ne veut pas en parler davantage. Ses paroles expriment un certain agacement face à l’erreur qu’il a commise. N’admettant pas cette erreur, il décide que les champs doivent être partagés. Ce n’est pas une décision sage ; au contraire, c’est une mauvaise décision.
L’ordre de David de partager les champs révèle le sentiment de Mephibosheth. Mephibosheth ne proteste pas. Au contraire, il ne veut rien savoir des champs, parce qu’il a récupéré David. Et c’est de David qu’il se préoccupe. L’attitude de Mephibosheth est admirable et mérite d’être imitée par nous, au regard de notre relation avec le Seigneur Jésus.
La réponse de Mephibosheth est la preuve qu’il ne s’intéresse qu’à David et ne veut en aucun cas la restitution de ses biens. C’est le langage de Paul, qui dit : « Mais les choses qui pour moi étaient un gain, je les ai considérées, à cause du Christ, comme une perte. Plus encore, je considère toutes choses comme une perte à cause de l’excellence de la connaissance du Christ Jésus mon Seigneur, à cause de qui j’ai fait la perte de toutes et je les estime comme des ordures, afin que je gagne Christ, et que je sois trouvé en lui » (Php 3:7-9a).
32 - 41 L’adieu à Barzillai
32 Barzillaï, le Galaadite, descendit de Roguelim et passa le Jourdain avec le roi pour l’accompagner au-delà du Jourdain. 33 Barzillaï était très vieux, âgé de 80 ans, et il avait entretenu le roi pendant qu’il habitait à Mahanaïm, car il était un homme très riche. 34 Le roi dit à Barzillaï : Passe avec moi, et je t’entretiendrai auprès de moi à Jérusalem. 35 Barzillaï dit au roi : Combien seront les jours des années de ma vie, pour que je monte avec le roi à Jérusalem ? 36 Je suis aujourd’hui âgé de 80 ans ; puis-je distinguer ce qui est bon de ce qui est mauvais ? Puis-je, moi ton serviteur apprécier le goût de ce que je mange et de ce que je bois ? Puis-je encore entendre la voix des chanteurs et des chanteuses ? Et pourquoi ton serviteur serait-il encore à charge au roi, mon seigneur ? 37 C’est pour peu [de temps] que ton serviteur passerait le Jourdain avec le roi ; et pourquoi le roi me donnerait-il cette récompense ? Je te prie que je m’en retourne, 38 moi ton serviteur, afin que je meure dans ma ville, auprès du tombeau de mon père et de ma mère ; mais voici ton serviteur Kimham, lui, il passera avec le roi, mon seigneur : fais-lui ce qui sera bon à tes yeux. 39 Le roi dit : Kimham passera avec moi, et je lui ferai ce qui sera bon à tes yeux ; tout ce que tu voudras de moi, je le ferai pour toi. 40 Tout le peuple passa le Jourdain avec le roi. Puis le roi embrassa Barzillaï et le bénit ; et [Barzillaï] s’en retourna chez lui. 41 Le roi passa à Guilgal, et Kimham passa avec lui ; tout le peuple de Juda, et aussi la moitié du peuple d’Israël, firent ainsi passer le roi.
Le troisième homme au sujet duquel nous lisons qu’il a rencontré David est Barzillaï. L’entretien que David a avec lui est encore une fois différent de celui qu’il a eu avec Shimhi et aussi différent de celui qu’il a eu avec Mephibosheth. Ici, l’initiative vient de David. Barzillaï est un homme riche et a utilisé ses biens pour subvenir aux besoins du roi.
David n’a pas oublié ces appuis. Barzillaï l’a aidé à un moment où il était en fuite face à Absalom. Ce faisant, Barzillaï a pris un gros risque. Il ne savait pas non plus comment la bataille allait tourner. Cependant, dans la foi, il a choisi l’homme que Dieu a choisi. Pour cela, l’appréciation vient maintenant de la bouche de David. En remerciement de tout ce que Barzillaï a fait pour lui, David propose à Barzillaï de l’accompagner. Il pourra ainsi vivre avec David à Jérusalem et David veillera à ce qu’il ne manque de rien dans les dernières années de sa vie.
Cependant, Barzillaï ne veut pas « encore à charge » à David (verset 35). Il donne plusieurs raisons pour cela aux versets 34-35. Nous pourrions interpréter les raisons qu’il donne – sa vieillesse avec son cortège d’infirmités – de manière négative. Ce serait un refus, enveloppé d’excuses plausibles. Pourtant, cette approche ne semble pas rendre justice à ce que Barzillaï a fait pour David. La réaction de David ne donne pas non plus lieu à une approche négative.
Il est plus évident de voir dans les raisons invoquées la preuve qu’il ne cherche pas son propre intérêt mais celui de David. C’est ce qu’il a toujours fait et c’est aussi ce qu’il fait maintenant. Lorsque, à sa place, il donne Kimham à David pour qu’il traverse le Jourdain avec lui, cela témoigne de ce même sentiment à l’égard de David. L’estime que David porte à Barzillaï est grande. Il traitera Kimham comme s’il s’agissait de Barzillaï lui-même.
Nous pouvons aussi voir en Barzillaï ce que les anciens peuvent faire pour le Seigneur Jésus et les siens. Si nous pensons à ce qu’il a fait pour David, nous pouvons voir en lui l’image d’un père en Christ (1Jn 2:13-14). Les pères en Christ ont accumulé beaucoup de richesses spirituelles. Ils sont capables de partager cette richesse avec des croyants qui n’ont aucune connaissance des bénédictions spirituelles et de les aider sur leur chemin vers ‘Jérusalem’, c’est-à-dire le lieu où le Seigneur Jésus habite au milieu des siens.
Le fait que Barzillaï, au lieu de l’accompagner lui-même, ait laissé le jeune Kimham – peut-être son fils, peut-être son serviteur – l’accompagner est aussi instructif. Nous voyons ici un bel exemple de la façon dont un vieux croyant laisse un jeune croyant prendre sa place sur le chemin avec le Seigneur Jésus.
David prend le chemin du retour, vers le pays promis, en passant par le Jourdain. De cette façon, à la fin des temps, le reste d’Israël retournera aussi sur le pays. Le peuple tout entier sera alors uni. Ici, la séparation est encore un fait. Guilgal est aussi mentionné sur le chemin du retour. C’est par là que le peuple est revenu à l’époque pour conquérir le pays. C’est à Guilgal qu’a eu lieu la circoncision, qui parle du jugement sur la chair. Ce chemin doit être emprunté à nouveau s’il y a eu déviation. La faute doit être confessée et ôtée. Lorsque cela se produit, c’est un nouveau départ, le début d’un nouveau chemin avec le Seigneur sur lequel de nouvelles expériences spirituelles sont à nouveau acquises.
42 - 44 Israël et Juda se disputent pour David
42 Et voici, tous les hommes d’Israël vinrent vers le roi et dirent au roi : Pourquoi nos frères, les hommes de Juda, t’ont-ils enlevé et ont-ils fait passer le Jourdain au roi, à sa maison, et à tous les hommes de David avec lui ? 43 Tous les hommes de Juda répondirent aux hommes d’Israël : Parce que le roi m’est proche ; et pourquoi y a-t-il chez toi cette colère à cause de cela ? Avons-nous mangé quelque chose qui vienne du roi, ou nous a-t-il offert des présents ? 44 Israël répondit à Juda : J’ai dix parts sur le roi, et même pour David je suis plus que toi ; et pourquoi m’as-tu méprisé ? Ma parole n’a-t-elle pas été la première pour ramener mon roi ? Et la parole des hommes de Juda fut plus dure que la parole des hommes d’Israël.
Puis vient le moment où les hommes d’Israël se font entendre. Ils se plaignent du comportement de leurs frères, les hommes de Juda. David lui-même y a contribué par le traitement préférentiel qu’il a accordé à Juda. Il en résulte de l’envie. Nous voyons que le schisme qui aura lieu sous le règne du petit-fils de David, Roboam, est déjà présent de manière cachée ici.
Dans l’histoire de l’église, la division n’est pas toujours – ou peut-être mieux : souvent pas – le résultat d’une différence de doctrines, mais de la différence de caractères de ceux qui défendent certaines doctrines. Ce qui se passe sous l’apparence d’une différence de points de vue doctrinaux est en réalité un combat entre des personnes qui ne veulent pas être inférieures les unes aux autres.
Les hommes d’Israël réagissent de façon charnelle. La réponse des hommes de Juda est tout aussi charnelle. La sage parole prononcée plus tard par Salomon, « une réponse douce détourne la fureur, mais la parole blessante excite la colère » (Pro 15:1), n’est prise à cœur par aucun des deux camps. Les hommes d’Israël estiment qu’ils ont plus de droits sur David parce qu’ils sont plus nombreux. La contestation naît au sein du peuple de Dieu entre Juda d’un côté avec une partie d’Israël et le reste d’Israël de l’autre. La contestation tournent autour de la question de savoir qui a le plus de droits sur David. Est-il juste de parler ainsi ? David est certainement le roi de tout le peuple, n’est-ce pas ?
Nous devons veiller à ne pas revendiquer le Seigneur Jésus pour notre groupe. Cela peut facilement arriver si nous pensons être des croyants plus fidèles que les autres, ou que nous pensons avoir plus de connaissances que les autres, ou que nous pensons posséder plus de dons de l’Esprit que les autres. Prions pour que le Seigneur nous garde de parler de Lui à nos frères et sœurs, où qu’ils soient, d’une manière telle que nous aurions un plus grand droit sur Lui que l’autre.
C’est le mal que Paul condamne chez les Corinthiens (1Cor 1:12-13). Le groupe qui revendique Christ comme chef de parti est le pire. Ils sont encore pires que les Corinthiens qui ont choisi Pierre ou Paul comme chef de parti. Cela peut paraître étrange, mais c’est pourtant vrai. Paul énumère quatre partis, chacun ayant son propre chef de parti. L’un de ces chefs de parti est Christ. Mais peut-on Le mettre sur le même pied que n’importe quel homme ? Pourtant, c’est exactement ce que font les Corinthiens. Christ devient le chef du parti, aux côtés de Paul, de Pierre et d’Apollos ! Ce que ce parti dit par là, c’est : ‘Nous sommes les seuls à détenir la bonne position. Quiconque se joint à Paul, Apollos ou Pierre n’appartient pas au groupe.’ Cependant, chaque croyant appartient à Christ, même s’il a malheureusement rejoint un groupe qui porte le nom d’un serviteur particulier.
Christ ne peut pas être catalogué – ni d’ailleurs ses vrais serviteurs, car ils ne veulent pas être à la tête d’un parti ou être catalogués. Aussi, quand Paul dit que Christ n’est pas divisé, il signale par là que Christ ne peut pas être revendiqué comme chef d’un parti par un groupe ou un autre.
Tu reconnais peut-être cette image dans la chrétienté qui t’entoure. Quelles divisions ! Un groupe se nomme d’après Luther, un autre d’après Calvin. Il y a aussi des groupes et des églises où les gens s’assemblent simplement parce qu’ils sont d’accord sur certains passages ou sujets de la Bible, par exemple le baptême, tandis que d’autres, qui pensent différemment, ne peuvent pas se joindre à eux. On oublie de plus en plus que le Seigneur Jésus est le seul par qui les chrétiens s’unissent. Remettons donc au premier plan le Seigneur Jésus et ce qu’Il dit dans sa Parole !