1 Rois 5

La caractéristique suivante du royaume – après les princes et l’alimentation – est son étendue (verset 1), qui est aussi un accomplissement provisoire de l’étendue promise (Gen 15:18-21). La frontière s’étend de l’Euphrate au nord-est jusqu’à la région des Philistins à l’ouest et de l’Égypte au sud-ouest.

La quantité de nourriture dont Salomon a besoin (versets 2-3) témoigne aussi de sa grandeur. Cela contraste fortement avec la quantité dont disposera Néhémie plus tard (Néh 5:17-18). Assuérus a un jour fait un festin pour étaler ainsi sa gloire royale devant ses serviteurs. Ce repas a duré 180 jours (Est 1:3-4). La gloire de Salomon est d’avoir une table, pour ainsi dire, pour tout le peuple et cela tout au long de sa vie (verset 25). Mais Christ, Lui, transcende tout. Il a une table – une table est une image de communion – à laquelle tous les siens peuvent se trouver pour l’éternité afin de se nourrir des gloires inépuisables de sa personne.

Soit dit en passant, le fait que le peuple fournisse ces grandes quantités de nourriture et toutes les autres nécessités pour une telle cour signifie que le peuple est prospère. Les revenus de Salomon proviennent aussi du tribut que les nations environnantes devaient payer. 30 kor de fleur de farine représentent environ 6500 litres et 60 kor, le double. Dérivé de ces quantités, on calcule bien que la cour de Salomon se composait d’environ 14000 personnes.

Nous voyons comment le royaume de paix prend forme, même si ce n’est pas sous sa forme finale et définitive (versets 4-5). Il n’y a jamais eu de royaume qui se réfère aussi clairement au royaume du Seigneur Jésus que celui de Salomon. Le peuple habite en sécurité, « chacun sous sa vigne et sous son figuier ». Cette expression est utilisée pour le royaume de paix sous le règne du Messie par les prophètes Michée et Zacharie (Mic 4:4 ; Zac 3:10). La paix et la justice (Jér 23:5-6), représentées par le figuier, et la joie, représentée par la vigne (Jug 9:13a), sont généralement appréciées dans le royaume de paix.

Le peuple est à l’aise ; il habite en sécurité. Personne n’envie ce que possède l’autre. Il n’y a pas de mécontentement. Il n’y a pas non plus de crainte de danger de la part d’ennemis, extérieurs ou intérieurs. Tout le monde est heureux. Ils habitent chacun sous sa vigne et sous son figuier. Salomon ne revendique pour lui-même les biens de personne, il ne prend le champ ou la vigne de personne, comme il avait été prédit que le roi ferait ce que le peuple avait convoité (1Sam 8:14). Quiconque possède une vigne et un figuier en mange les fruits pour lui-même. La paix est si grande dans le pays que chacun vit aussi sûrement à l’ombre de sa vigne et de son figuier qu’à l’intérieur des murs d’une ville.

Cet agréable état d’Israël s’étend « depuis Dan jusqu’à Beër-Shéba », c’est-à-dire tout le pays, de l’extrême nord à l’extrême sud (Jug 20:1). Dans aucune partie du pays, il n’y a de danger venant de l’extérieur ou d’agitation venant de l’intérieur. Où qu’une personne se trouve, partout elle constate l’abondance, la paix et le contentement. Cette condition persiste pendant toute la durée des jours de Salomon.

Les caractéristiques du royaume s’appliquent à nous dans leur signification spirituelle. Pour nous, il s’agit de paix, de joie (la vigne) et de justice (le figuier) (Rom 14:17). Tout croyant qui se place sous l’autorité du Seigneur Jésus fait l’expérience du royaume de paix dans ses caractéristiques et cela au milieu d’un monde de misère et de tristesse.

Les nombreux chevaux contribuent aussi à la gloire et à la grandeur de Salomon (versets 6-8). Les nombreux chevaux et chars (2Chr 1:14) sont stationnés, outre à Jérusalem, en divers lieux, dans ce que l’on appelle « les villes à chars » (2Chr 9:25). Les intendant, chacun une fois par an pendant un mois, pourvoient à l’entretien de Salomon et de son peuple, ne laissant rien manquer (verset 7). Ainsi, nous devrions pourvoir à la nourriture des membres du peuple de Dieu, ne rien réserver, mais leur « annoncer tout le dessein de Dieu » (Act 20:27). Souhaitons-nous être un « esclave fidèle et sage » (Mt 24:45) ?

Les intendants pourvoient à la fois aux besoins des chevaux et des coursiers en leur apportant de la nourriture (verset 8). La leçon spirituelle est là : nous pouvons donner à tous les serviteurs du Seigneur, quelle que soit la manière dont ils sont engagés, ce dont ils ont besoin. Il peut s’agir d’un soutien financier, par exemple, mais aussi d’un encouragement spirituel.

Tout ce que Salomon possède en sagesse et en intelligence, il l’a reçu de Dieu. Non seulement il règne grâce à cela, mais il en retire aussi de la « renommée » (verset 11), c’est-à-dire que les hommes parlent de lui avec respect.

Sagesse et intelligence sont des termes différents qui montrent à quel point il est un homme de discernement. « La sagesse » est plutôt la sagesse pratique de la vie, la capacité dans le faire et l’agir et de choisir l’opportun. « L’intelligence » est plutôt l’acuité d’esprit qui permet de juger correctement des problèmes difficiles et compliqués.

Il possède aussi un cœur décrit comme « large comme le sable qui est sur le bord de la mer ». Cette expression est aussi utilisée pour désigner la taille du peuple (1Roi 4:20; Gen 22:17a). Cela signifie que son cœur est si grande qu’il englobe tout le peuple. Il s’occupe de tous leurs besoins et fait siennes toutes leurs affaires. C’est ce que le Seigneur Jésus fera pour tous dans le royaume de paix, et c’est ce qu’Il fait maintenant pour tous les siens.

Sa sagesse est comparée à d’autres sagesses. Sa sagesse est « plus grande que la sagesse de tous les fils de l’orient et que toute la sagesse de l’Égypte ». Il est possible que les peuples d’Orient soient les Chaldéens ou les Babyloniens. Cette région et aussi l’Égypte sont des régions connues pour leur sagesse. Les sages viennent de l’Orient (Mt 2:1) et Moïse « fut instruit de toute la sagesse des Égyptiens » (Act 7:22 ; Ésa 19:11-12).

Il existe une sagesse du monde, mais Salomon est plus sage que toute la sagesse du monde. La sagesse du monde a une certaine valeur sur le plan terrestre. Cependant, cette sagesse ne devrait pas avoir d’influence sur les croyants en ce qui concerne la connaissance de Christ, car elle porte atteinte à la sagesse qui se trouve en Christ seul (Col 2:8). Christ est la « sagesse de Dieu » (1Cor 1:30).

Sa sagesse est aussi plus grande que tous les sages du peuple de Dieu. Des personnes de Juda sont mentionnées, notamment les chanteurs Ethan et Héman qui ont été choisis par David (1Chr 15:19 ; 25:5). La Bible contient des psaumes d’Éthan et d’Héman (Psaumes 89 et 88). Ce sont des sages que Dieu a pu utiliser pour des psaumes exprimant la plus grande sagesse. Éthan parle de la grâce dans son psaume (Psaume 89), et Héman (Psaume 88) parle de quelqu’un de profondément impressionné par les conséquences de la désobéissance à Dieu.

Dans ses proverbes, ses cantiques et ses connaissances, s’exprime l’esprit exquis dont Salomon a été doté par Dieu. Il n’a pas gardé ses connaissances et sa sagesse pour lui, mais les a transmises aux autres afin qu’ils puissent eux aussi en bénéficier. Certaines expressions ont aussi été gardées pour notre bénéfice. Sur ses 3000 paroles, nous en avons environ 600 dans le livre des Proverbes de la Bible. De ses 1005 cantiques, nous avons dans la Bible le livre des Cantiques des cantiques et quelques psaumes (Psaumes 72 ; 127). De tout ce qu’il a parlé et écrit, nous n’avons que cette partie dans la Bible. C’est cette partie qui a une valeur durable pour le peuple de Dieu à travers tous les âges.

Il a parlé des grandes et des petites choses de la création, de ses parties les plus impressionnantes (« le cèdre ») et les plus discrètes (« l’hysope »). Le cèdre et l’hysope sont aussi évoqués lors de la purification du lépreux, où nous voyons que les grandes et les petites choses de l’homme seront toutes amenées en jugement (Lév 14:4-7). Il parle aussi des animaux, ce que nous avons aussi en Genèse 1. Il les connaît comme Adam les connaissait. Adam régnait sur eux et Salomon, par sa sagesse, règne sur eux.

Sa connaissance lui donne la domination. Il connaît la vie de chaque être vivant et de chaque plante. Il connaît leur origine, leur développement, leur relation entre eux et avec l’ensemble de la création. Aujourd’hui, on l’appellerait ‘une encyclopédie ambulante’. Bien que sa connaissance de la création ne soit pas parfaite, elle nous rappelle le moment où tous les secrets de la création seront révélés par Lui, qui délivrera la création, aujourd’hui soupirante, de la malédiction (Rom 8:21). Tout sera alors rétabli dans une harmonie parfaite.

La renommée de sa sagesse s’est répandue sur toute la terre (verset 14). Dans les chapitres suivants, nous avons deux exemples de souverains venus de loin pour écouter sa sagesse. Il s’agit de Hiram, le roi de Tyr (verset 15), et de la reine de Sheba (1Roi 10:1).

Après que le Saint Esprit a décrit l’ordre interne du royaume de Salomon, dans la suite de ce chapitre et les chapitres suivants, il nous est donné ce qui caractérise particulièrement le règne de Salomon : le temple de l’Éternel. Le temple est étroitement lié à la paix. Dieu habite avec un peuple qui vit en paix.

Maintenant que Salomon a la paix de tous les côtés, il peut commencer sa grande tâche pour Dieu, à savoir bâtir le temple. Il en est de même dans la vie d’une personne qui a obtenu la paix avec Dieu. Une telle personne peut commencer de s’occuper de l’habitation de Dieu, qui est maintenant l’église de Dieu.

Hiram, roi de Tyr, était l’ami de David. Tyr était une importante ville portuaire sur la Méditerranée, au nord d’Israël. Lorsque Hiram a appris que Salomon, le fils de David, est devenu roi, il veut être dans la même relation que Salomon.

Tyr est une image du monde, avec toutes ses richesses et ses trésors. Il est de même ici, mais ici, tout est utilisé à bon escient, car tout est mis à la disposition de Salomon pour l’aider à réaliser ses projets de bâtir la maison de l’Éternel. Ici, Tyr n’est pas encore une image du monde qui hait Dieu, comme plus tard (Ézé 27:1-36), mais comme elle contribuera au temple dans le royaume de paix (Zac 6:15a ; Ésa 60:10).

Ce qui est dit ici a aussi une signification pour maintenant. La maison de Dieu ne se limite pas à Israël ; les nations y ont aussi leur part. Nous qui n’y avions autrefois aucune part, nous sommes maintenant rapprochés par le sang de Christ, et nous pouvons contribuer à bâtir ce qui est maintenant la maison de Dieu, l’église (Éph 2:13,19-22).

Salomon répond au rapprochement d’Hiram en lui demandant de l’aide pour bâtir le temple. Il fait précéder sa demande d’un rappel à Hiram du projet de David de bâtir une maison pour l’Éternel et de la raison pour laquelle il n’a pas été autorisé à le faire (versets 16-17). À cause de ses guerres et de ses effusions de sang, David n’a pas été autorisé à bâtir le temple (1Chr 22:8). David est une image du Seigneur Jésus qui a mené les combats de Dieu. Sur la terre, Il n’a pas pu bâtir le temple.

Salomon est une image du Seigneur glorifié et en tant que tel, il est le bâtisseur du temple. La base de sa bâtir est la tranquillité (verset 18). La tranquillité ou repos est le repos du Seigneur glorifié. Depuis Actes 2, après l’achèvement de son œuvre de rédemption, où tout ennemi est vaincu et où il y a du repos, le Seigneur Jésus bâtit le temple, l’église.

Dans un certain sens, aujourd’hui aussi, il ne peut y avoir de bâtiment de la maison de Dieu, il ne peut y avoir d’édification de l’église, s’il y a un combat pour garder les vérités qui nous ont été confiées (Jud 1:3). De même, rien ne viendra de l’édification de l’église si les croyants sont en désaccord les uns avec les autres par toutes sortes de querelles et de désaccords insignifiants.

À cause de nombreux abus dans l’église de Corinthe et des erreurs qui avaient pris racine dans les églises de Galatie, Paul ne pouvait pas faire grand-chose pour édifier l’église là-bas. Il devait d’abord y apporter des corrections afin d’ouvrir la voie à l’édification future. Quand il y a la tranquillité, il peut y avoir de la bâtisse. « Les assemblées donc, par toute la Judée, la Galilée et la Samarie, étaient en paix, étant édifiées » (Act 9:31a).

Salomon raconte ensuite qu’il a l’intention de bâtir cette maison pour l’Éternel (verset 19). Il ne le fait pas de sa propre initiative, mais parce que c’est selon la volonté exprimée de Dieu, qu’Il fait connaître à son père David.

Salomon invite Hiram et lui explique le mystère de Dieu concernant le temple, à savoir que les païens participeront aussi à sa construction (verset 20). Ils sont autorisés à aider, en reconnaissant les dons qu’ils possèdent. Pour bâtir le temple, David, le père de Salomon, a rassemblé de l’or et de l’argent en multitudes (1Chr 29:2).

Cependant, il faut aussi du bois. Salomon le demande à Hiram. En retour, Salomon promet un salaire. Il ne le négocie pas, mais donnera à Hiram tout ce que ce dernier demandera. C’est dire à quel point la bâtisse de la maison de Dieu est importante pour Salomon. Hiram promet de lui donner tout ce dont il a besoin.

Salomon connaît les capacités particulières des Sidoniens et fait appel à eux pour bâtir le temple. Bien qu’il surpasse de loin Hiram en richesse et en prestige, il fait tout de même appel à lui. Cela nous apprend que nous ne devrions jamais regarder de haut ceux qui ne sont peut-être pas aussi richement bénis que nous sur le plan social ou spirituel. Nous ne devons jamais nous vanter de nos richesses spirituelles. Nous devrons toujours en être conscients : « Qu’as-tu, que tu n’aies reçu ? » (1Cor 4:7).

La réponse d’Hiram à la demande de Salomon est de louer l’Éternel. Dieu donne une grande occasion de Le louer lors de notre conversion, mais encore plus lorsqu’Il nous introduit dans ses pensées au sujet de sa maison. Hiram avait déjà entendu parler de Dieu par David. Nous louons aussi Dieu pour avoir donné son Fils comme prince sur son peuple.

Hiram promet de donner tout ce que Salomon demande. Il lui promet aussi d’assurer le transport et lui demande son salaire. Salomon lui promet la nourriture (cf. Ézé 27:17) nécessaire à l’accomplissement du service. Salomon donne en fonction de la richesse de ses biens. Le froment et l’huile parlent des bénédictions du pays. Ceux qui bâtissent reçoivent une riche bénédiction.

Ainsi, le Seigneur Jésus donne de la nourriture pour s’occuper avec sa maison. Pour pouvoir travailler, il doit y avoir de la nourriture. Pour travailler à bâtir l’église, nous devons nous nourrir de la bonne nourriture de la Parole, c’est-à-dire avec le Seigneur Jésus. Ce n’est qu’à travers Lui que nous gagnons de la force pour accomplir notre travail de porteurs de charge.

Le verset 26 est un verset de transition qui renvoie à la fois à la section précédente et à la suivante. Dans ce verset, il est à nouveau clairement indiqué que l’Éternel a donné la sagesse à Salomon. Tout vient de Lui. La sagesse de Salomon est évidente dans son alliance avec Hiram, pour obtenir de lui de bons matériaux et des ouvriers appropriés pour bâtir la maison de Dieu à sa disposition. Sa sagesse se manifeste aussi dans la façon dont il fait appel à la main-d’œuvre.

Salomon fournit aussi des ouvriers de son propre pays et les envoie au Liban, au nord d’Israël. De nombreux hommes sont nécessaires pour aider à abattre les arbres. Cela se fait à tour de rôle, pour que chacun puisse aussi faire son travail à la maison.

Il y a des travailleurs pour différents types de travaux. Il y a des bûcherons, des tailleurs de pierre, des porteurs de charge et des intendants. Ces différentes tâches ont leurs équivalents spirituels dans l’église. Prenons par exemple les porteurs de charge. Porter des charges est quelque chose que nous sommes tous appelés à faire (Gal 6:2). Il y a aussi une abondance de travailleurs, les tâches peuvent donc être bien réparties et tout ne tombe pas sur les épaules de quelques-uns. Malheureusement, il en va souvent autrement aujourd’hui.

Outre le bois, il faut aussi des pierres, de grosses pierres précieuses qui serviront de fondement à la maison. C’est là que tout doit commencer. Il est préparé sous la direction de Salomon lui-même. Le fondement, bien qu’on ne le voie pas lorsque la maison est prête, est le plus important du bâtiment.

C’est aussi ainsi que Dieu a procédé pour sa maison spirituelle. Christ, dans la splendeur de sa gloire, est le fondement de l’église (1Cor 3:10-11 ; cf. Apo 21:19). Il est la pierre angulaire. Le fondement est constitué de toutes les vérités relatives à Christ et à son œuvre, telles qu’elles nous ont été révélées par ses apôtres et ses prophètes dans sa Parole (Éph 2:20). Les pierres avec lesquelles la maison est bâtie sont une image des croyants, qui sont appelés « pierres vivantes » (1Pie 2:5). Lorsque la maison est ainsi bâtie sur son fondement, nous voyons que « tout l’édifice, bien ajusté ensemble, grandit pour être un temple saint dans le Seigneur » (Éph 2:21).