Introduction
Dans l’histoire des rois des dix tribus, nous sommes arrivés à un tournant. La maison d’Achab va être exterminée. À cette fin, Dieu appelle Jéhu. Il s’agit d’un appel spécial. Il est dit trois fois que Jéhu a été oint roi par l’Éternel (versets 3,6,12). Il est le seul de tous les rois des dix tribus dont on dit cela. Parmi les autres rois, aucun n’a été oint. Son onction est aussi unique et signifie qu’il est appelé à une tâche particulière.
En même temps, nous voyons que même si Dieu appelle quelqu’un, Il n’approuve pas tout ce que cette personne fait. Dieu peut aussi utiliser des incrédules et même Satan. Nous apprenons dans cette histoire à quel point la main de Dieu est dans ces choses. Il dirige l’histoire, Il choisit ses instruments et exécute le jugement par leur intermédiaire. Nous pouvons peut-être comparer Jéhu à Nebucadnetsar qui est aussi un instrument de Dieu et qui, en même temps, agit de manière délibérée. Une autre question est de savoir de quel type d’instrument il s’agit, dans quelle mesure l’oint Jéhu a été guidé par l’Éternel. Était-il vraiment croyant ?
En Osée 1, nous voyons l’évaluation de l’ensemble des actions de Jéhu (Osé 1:4). Il y est question de la culpabilité du sang sur la maison de Jéhu, qui inclut donc les trois générations suivantes. Mais cela a commencé avec Jéhu. Il a versé beaucoup de sang de personnes pour lesquelles Dieu ne l’avait pas chargé de verser leur sang.
Pourquoi Dieu appelle-t-il un tel homme ? Parce que de tous les méchants, Jéhu est celui qui l’est le moins. Il a connu et détesté l’idolâtrie de Jézabel. Il fait preuve d’une grande énergie. Mais celui qui est mandaté par l’Éternel n’a pas pour autant le droit de faire ce qu’il veut. Il doit dépendre de Lui, étape par étape, pour exécuter sa tâche. L’énergie de Jéhu n’est pas celle de la foi, mais celle de la chair. On peut être chargé d’une tâche par l’Éternel, mais ne pas toujours être dans la dépendance de l’Éternel. C’est le cas de Jéhu.
Dans l’histoire de l’église sur la terre, que nous voyons représentée dans les sept églises d’Apocalypse 2-3, nous sommes arrivés avec Jéhu à la phase de Sardes. Sardes suit Thyatire comme Jéhu suit Jézabel. Nous voyons beaucoup de similitudes entre Jéhu et Sardes. Le Seigneur dit à Sardes qu’elle a le nom de vivre, mais qu’elle est morte (Apo 3:1). Les manifestations de la vie sont visibles, c'est un semblant de vie. Les œuvres n'ont pas non plus été trouvées parfaites (Apo 3:2). Cela ne signifie pas ici qu’il manque quelque chose, mais que l’on fait plus que ce qui a été dit. On en fait trop et c’est le péché. C’est ainsi que les choses se sont passées dans le protestantisme émergent. Le protestantisme a abandonné l’idolâtrie de Rome. Il y a beaucoup de choses qui viennent de Dieu. C’est la réformation. Mais il y a aussi beaucoup de choses qui sont de la chair et c’est le protestantisme.
Un exemple de la conjonction de la responsabilité de l’homme dans un sens négatif et de l’action de Dieu nous voyons dans le jugement sur Achazia. En 2 Chroniques 22, nous lisons que la ruine d’Achazia est de la part de l’Éternel (2Chr 22:7-9). Là, la mort d’Achazia est vue du côté de Dieu. Jéhu n’a pas reçu l’ordre de tuer aussi Achazia, le roi de Juda. En agissant ainsi, il fait plus que ce qu’il devrait faire. Mais ce n’est pas pour autant que Dieu perd le contrôle. C’est le problème de la relation entre la responsabilité de l’homme et la main de Dieu. Achazia est mis à mort parce qu’il a péché contre Dieu. Ce que Dieu utilise des actions de l’homme ne change pas la responsabilité de l’homme.
1 - 4 L’ordre d’oindre Jéhu roi
1 Élisée, le prophète, appela un des fils des prophètes, et lui dit : Mets ta ceinture autour de tes reins, prends cette fiole d’huile dans ta main et va-t’en à Ramoth de Galaad. 2 Arrivé là-bas, va voir Jéhu, fils de Josaphat, fils de Nimshi ; tu entreras, tu le feras se lever du milieu de ses frères et tu le mèneras dans une chambre intérieure. 3 Tu prendras la fiole d’huile, tu la verseras sur sa tête et tu diras : Ainsi dit l’Éternel : Je t’oins roi sur Israël. Puis tu ouvriras la porte et tu t’enfuiras sans attendre. 4 Le jeune homme, le jeune prophète, s’en alla à Ramoth de Galaad.
Pourquoi Élisée envoie-t-il un fils des prophètes ? Il doit sûrement le faire lui-même ou plutôt Élie devait le faire ? Élisée a fait avec Hazaël ce qu’Élie avait reçu l’ordre de faire. Nous voyons ici qu’Élisée, tout comme Élie l’a fait à l’égard d’Hazaël, remet la mission entre les mains d’un fils des prophètes.
Il dit au jeune prophète de mettre sa ceinture autour de ses reins. Cela indique qu’il doit marcher vite pour remplir rapidement sa mission. Jéhu doit être oint avec de l’huile provenant d’une fiole d’huile. Cela rappelle Saül qui a aussi été oint avec de l’huile provenant d’une fiole (1Sam 10:1), tandis que David a été oint avec de l’huile provenant d’une corne (1Sam 16:1). Une fiole dénote la fragilité et une corne dénote la force. Saül et Jéhu sont restés en deçà de leur mission ; David a servi les desseins de Dieu (Act 13:36).
L’onction doit avoir lieu derrière des portes closes (verset 2). Il ne s’agit pas d’une affaire publique, mais d’une affaire cachée. Nous pouvons y voir une allusion au fait que Dieu détermine dans les coulisses qui accède au pouvoir. Cela s’applique aussi à tous les gouvernements. C’est par Lui que « les rois règnent » et que « les chefs dominent » (Pro 8:15,16).
5 - 10 L’onction ; l’ordre pour Jéhu
5 Quand il entra, voici, les chefs de l’armée étaient assis. Chef, dit-il, j’ai une parole pour toi. Jéhu dit : Pour lequel de nous tous ? Il dit : Pour toi, chef. 6 [Jéhu] se leva et entra dans la maison. [Le jeune homme] versa l’huile sur sa tête et lui dit : Ainsi dit l’Éternel, le Dieu d’Israël : Je t’oins roi sur le peuple de l’Éternel, sur Israël ; 7 tu frapperas la maison d’Achab, ton seigneur ; et je vengerai, de la main de Jézabel, le sang de mes serviteurs les prophètes et le sang de tous les serviteurs de l’Éternel. 8 Toute la maison d’Achab périra ; je retrancherai à Achab tous les mâles, tant l’esclave que l’homme libre en Israël ; 9 je rendrai la maison d’Achab semblable à la maison de Jéroboam, fils de Nebath, et à la maison de Baësha, fils d’Akhija ; 10 les chiens mangeront Jézabel dans le champ de Jizreël, et il n’y aura personne qui l’enterre. Il ouvrit la porte et s’enfuit.
Le jeune prophète vient chez Jéhu. Il semble que Jéhu soit quelque part dans un champ, en train de conférer avec ses collègues commandants de l’armée. Il est l’un des commandants. Le jeune prophète dit qu’il a une parole « chef, […] pour toi ». Il ne mentionne pas de nom, mais Jéhu répond à la remarque. C’est pourtant lui le chef. Il est possible que le jeune prophète l’ait regardé ou l’ait même désigné.
Lorsque Jéhu pose la question, de qui il parle, le jeune prophète répond par les mêmes paroles « pour toi, chef ». Jéhu se lève alors et entre dans la maison. Là, il reçoit l’onction du jeune prophète. Les paroles avec lesquels l’onction se produit témoignent du grand sérieux qui y est attaché. Être roi « sur le peuple de l’Éternel » est une affaire sérieuse. Cela doit pénétrer profondément. Dieu ne renonce pas à ses prétentions sur son peuple. C’est ce qui ressort aussi de la mission confiée à Jéhu.
L’Éternel n’a pas oublié son peuple, car Jéhu doit délivrer son peuple des idolâtres et des idoles. Il doit exécuter le jugement sur Achab et sa maison (versets 7-10). C’est le jugement annoncé par Élie (1Roi 21:21-24).
Après l’onction avec les paroles qui l’accompagnent, le jeune prophète s’enfuit. Pourquoi cette fuite ? Élisée connaît le caractère de Jéhu, tout comme il le connaissait de Hazaël. Il semble qu’il ait ordonné au jeune prophète de ne pas rester avec Jéhu un instant de plus que nécessaire pour l’onction. Il doit agir en tant qu’homme de Dieu originaire de Juda (1Roi 13:7-10,16-17). Jéhu n’est pas une compagnie pour ce jeune prophète. C’est très différent de l’onction de David. Samuel ne doit pas fuir lorsqu’il a oint l’oint de l’Éternel. C'est parce que David est l'homme selon le cœur de Dieu.
11 - 13 Jéhu proclamé roi
11 Quand Jéhu sortit vers les serviteurs de son seigneur, on lui dit : Tout va-t-il bien ? Pourquoi ce fou est-il venu vers toi ? Il leur dit : Vous connaissez l’homme et sa pensée. 12 Ils dirent : Mensonge ! Dis-le-nous donc. Il dit : Il m’a parlé de telle et telle manière, disant : Ainsi dit l’Éternel : Je t’ai oint roi sur Israël. 13 Alors ils se hâtèrent de prendre chacun son vêtement et les mirent sous lui directement sur les marches ; ils sonnèrent de la trompette et dirent : Jéhu est roi !
La compagnie dans laquelle Jéhu se trouve n’excelle pas dans la piété. Ils qualifient le messager d’Élisée, l’homme de Dieu, qui s’est présenté à Jéhu avec un message de Dieu, comme « ce fou ». Les hommes qui ont un tel jugement sont les amis de Jéhu.
Jéhu ne prend pas non plus la défense du messager. Dans sa réponse, il se joint à leur évaluation. Jéhu ne veut pas en discuter davantage. Ses camarades insistent cependant, car ils n’aiment pas sa réponse. C’est vrai, ils ont traité cet homme de « fou », mais ils savent aussi qu’il n’est pas venu sans raison. Il aura sûrement apporté un message important.
Lorsque Jéhu leur raconte ce que l’homme a dit et fait, ils changent d’avis soudainement. Cela ne les amène pas à juger différemment le jeune prophète, mais le message de ‘ce fou’ leur parvient. Ils l’acceptent non pas parce qu’ils sont d’accord avec la parole de Dieu, mais parce qu’ils veulent cela. Pour eux, Jéhu est immédiatement le roi qu’ils veulent. Tous prennent leurs manteaux et les mettent devant lui. Puis ils le claironnent que Jéhu est devenu roi.
14 - 26 Jéhu tue Joram
14 Jéhu, fils de Josaphat, fils de Nimshi, conspira contre Joram. (Joram gardait alors Ramoth de Galaad, lui et tout Israël, à cause de Hazaël, roi de Syrie. 15 Le roi Joram s’en était retourné à Jizreël pour se faire guérir des blessures que les Syriens lui avaient faites lorsqu’il combattait contre Hazaël, roi de Syrie.) Jéhu dit : Si c’est votre pensée, que personne ne s’échappe de la ville et ne sorte pour aller raconter [la nouvelle] à Jizreël. 16 Jéhu monta sur son char et s’en alla à Jizreël, car Joram y était alité ; et Achazia, roi de Juda, était descendu pour voir Joram. 17 La sentinelle qui se tenait sur la tour à Jizreël vit la troupe de Jéhu, comme il arrivait, et elle dit : Je vois une troupe [de gens]. Joram dit : Prends un cavalier, envoie-le à leur rencontre, et qu’il dise : Est-ce la paix ? 18 L’homme à cheval partit à sa rencontre et dit : Ainsi a dit le roi : Est-ce la paix ? Qu’as-tu à faire de la paix ? répondit Jéhu. Passe derrière moi. La sentinelle annonça : Le messager est allé jusqu’à eux, mais il ne revient pas. 19 [Joram] envoya un second homme à cheval ; il vint à eux et dit : Ainsi dit le roi : Est-ce la paix ? Qu’as-tu à faire de la paix ? répondit Jéhu. Passe derrière moi. 20 La sentinelle annonça : Il est allé jusqu’à eux mais ne revient pas. La manière de conduire est celle de Jéhu, fils de Nimshi ; car il conduit avec furie. 21 Joram dit alors : Qu’on attelle. On attela son char. Joram, roi d’Israël, sortit, ainsi qu’Achazia, roi de Juda, chacun sur son char ; ils sortirent à la rencontre de Jéhu et le trouvèrent dans le champ de Naboth, le Jizreélite. 22 Quand Joram vit Jéhu, il dit : Est-ce la paix, Jéhu ? Il répondit : Quelle paix,… tant que durent en si grand nombre les prostitutions de Jézabel, ta mère, et ses sortilèges ? 23 Joram fit demi-tour et s’enfuit en disant à Achazia : Trahison, Achazia ! 24 Jéhu prit son arc en main et frappa Joram entre les bras, et la flèche ressortit en traversant son cœur ; il s’affaissa dans son char. 25 [Jéhu] dit à Bidkar, son lieutenant : Prends-le et jette-le dans la parcelle de champ de Naboth, le Jizreélite ; car souviens-toi que, quand moi et toi, nous étions en char tous les deux à la suite d’Achab, son père, l’Éternel prononça contre lui cet oracle : 26 N’ai-je pas vu hier le sang de Naboth et le sang de ses fils, dit l’Éternel ? je te le rendrai dans ce champ-ci, dit l’Éternel. Et maintenant, prends-le et jette-le dans le champ, selon la parole de l’Éternel.
Jéhu ne s’oppose pas à sa nomination. Il accepte la royauté à laquelle ses amis l’ont élu. De plus, il prépare immédiatement son plan et conspire avec les autres commandants contre Joram, le roi d’Israël. Ce faisant, il les rend conjointement responsables de ses actes. Il ne se contente pas d’y aller parce que l’Éternel l’a dit, mais il s’assure le soutien des autres. Il ne demande pas à l’Éternel ce qu’Il veut qu’il se passe. Il demande si, si c’est vraiment la volonté des commandants qu’il soit roi, ils le montreront en veillant à ce que son plan ne soit pas connu prématurément à Jizreël.
Dans une parenthèse (versets 14b-15a), on apprend en outre que le méchant roi Joram d’Israël se trouve à Jizreël et qu’il y est pour guérir des blessures qu’il a reçues lors de la guerre contre les Syriens. Cela explique pourquoi Jéhu veut se rendre à Jizreël. Il veut y aller parce que c’est là que se trouve l’homme qu’il veut tuer en premier. Achazia, le roi de Juda, s’y trouve aussi. Il rend visite à son oncle Joram, qui est malade.
Le sentinelle sur la tour de guet de Jizreël voit arriver la foule de Jéhu et le signale à la ville. Joram envoie un cavalier pour demander si c’est la paix. Il est possible qu’il veuille dire par là que la paix est revenue avec les Syriens. Joram ne pense pas du tout au fait que Jéhu est en chemin pour le tuer. Lorsque le cavalier arrive et pose la question du roi sur la paix, Jéhu répond comment l’homme est venu poser cette question. Ne voit-il pas qu’il n’y a pas de paix dans le royaume tant qu’il est dirigé par un tel roi ? L’homme ferait mieux de le rejoindre. C’est aussi ce que fait le messager. La même chose se produit avec un deuxième messager envoyé par Joram.
La sentinelle dit à Joram à la fois du premier et du deuxième messager que bien qu’ils soient arrivés à la foule de Jéhu, mais ils ne sont pas revenus. Entre-temps, la foule s’est elle aussi rapprochée. À présent, la sentinelle peut dire, d’après la façon de monter à cheval de Jéhu, qu’il s’agit bien de Jéhu. Il utilise le même mot que les commandants ont utilisé pour le jeune prophète (avec furie veut dire comme un fou, verset 11). Jéhu conduit comme un fou.
La question pourrait se poser de savoir s’il est alors mauvais d’accomplir une tâche aussi vite et aussi bien que possible. Pourtant, ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Avec tout ce que nous savons de Jéhu, il semble que sa conduite rapide ait pour seul but de devenir roi le plus rapidement possible. D’ailleurs, n’a-t-il pas une occasion merveilleuse dans ce qu’a dit le prophète ? N’est-ce pas merveilleux d’être autorisé à exécuter le jugement de Dieu ? Jéhu aime faire cela, mais c’est un plaisir charnel chez lui.
Il peut en être de même lorsqu’on exerce la discipline dans l’église. La discipline est nécessaire lorsque le péché a été ouvertement commis et qu’il n’est pas confessé. Cependant, si cette discipline est faite avec un plaisir non dissimulé, par exemple parce qu’elle élimine quelqu’un qui contrecarrait nos plans, le motif est purement charnel. On agit alors par intérêt personnel. Nous devons toujours être conscients que le nom du Seigneur est en jeu. Sinon, nous agissons par le pouvoir de la chair, comme le fait Jéhu.
Lorsque Joram apprend que le deuxième cavalier n’est pas non plus revenu, lui et Achazia vont à la rencontre de Jéhu. Bientôt, les trois rois se retrouvent ensemble à Jizreël. Ils sont attirés l’un vers l’autre comme un aimant, et cela aussi dans le champ de Naboth. Là, Joram lui-même pose maintenant la question que lui ont posée les deux cavaliers, la question de la paix avec les Syriens. Dans sa réponse, Jéhu ne parle pas de l’existence ou non de la paix avec les Syriens, mais de l’absence de paix au sein du peuple de Dieu.
Il parle aussi de la cause de l’absence de cette paix. La cause réside dans les prostitutions et les sortilèges de la mère de Joram, Jézabel. Le diagnostic est juste. Comment peut-il y avoir de la paix au milieu du peuple de Dieu tant que l’influence dégoûtante et démoniaque de Jézabel est présente et maintenue ? En même temps, l’observation est factuelle. Elle ne fait écho à aucune des indignations des prophètes qui partagent les sentiments du cœur douloureux de Dieu.
Lorsque Joram découvre que Jéhu n’est pas un allié mais un adversaire, il s’écrie à Achazia : « Trahison, Achazia ! » et s’enfuit. Mais Jéhu est préparé à cette éventualité. Il tend l’arc de toutes ses forces et abat le fuyard Joram d’une seule flèche bien visée. La force avec laquelle la flèche est tirée est soulignée. Elle reflète l’attitude intérieure de Jéhu. Il doit et va accomplir sa mission sans faillir. Il sait intellectuellement qu’il est engagé dans l’exécution du jugement annoncé par Dieu par Élie (1Roi 21:19-24).
Nous entendons même dans ce que cite Jéhu une particularité que nous ne lisons pas dans l’histoire relatée en 1 Rois 21. Ici, il apparaît que les fils de Naboth ont aussi été tués par Jézabel et Achab afin qu’ils puissent prendre possession de leur champ et le garder. En tuant aussi les fils, il n’y a personne qui pourra revendiquer le champ de Naboth, ont dû raisonner Jézabel et Achab.
27 - 29 Jéhu tue Achazia
27 Quand Achazia, roi de Juda, vit [cela], il s’enfuit par le chemin de la maison du jardin ; Jéhu le poursuivit et dit : Frappez-le, lui aussi, sur le char. [Ils le frappèrent] à la montée de Gur, qui est près de Jibleam ; il s’enfuit à Meguiddo et y mourut. 28 Ses serviteurs le transportèrent sur un char à Jérusalem et l’enterrèrent dans son tombeau, avec ses pères, dans la ville de David. 29 Or la onzième année de Joram, fils d’Achab, Achazia avait commencé à régner sur Juda.
Lorsque Achazia s’enfuit, Jéhu ordonne qu’il soit tué. La mort effective d’Achazia n’a lieu que quelque temps plus tard, alors qu’il s’est enfui à Meguiddo. Il est tué dans la région de Samarie, et non dans la ville de Samarie. Achazia est le fils du méchant roi Joram de Juda et d’Athalie, la fille d’Achab. Au lieu de prendre ses distances avec la méchante maison d’Achab, il recherche son amitié. En conséquence, il partage le jugement qui s’abat sur la maison d’Achab.
30 - 37 Jéhu tue Jézabel
30 Jéhu vint à Jizreël ; Jézabel l’ayant appris, elle mit du fard à ses yeux, orna sa tête et regarda par la fenêtre. 31 Alors que Jéhu entrait dans la porte, elle dit : Est-ce la paix, Zimri, assassin de son seigneur ? 32 Il leva son visage vers la fenêtre et dit : Qui est pour moi ? Qui ? Deux ou trois eunuques regardèrent vers lui. 33 Il dit : Jetez-la en bas. Ils la jetèrent, et son sang rejaillit contre la muraille et contre les chevaux ; [Jéhu] la piétina. 34 Puis il entra, mangea et but ; et il dit : Allez donc voir cette maudite et enterrez-la, car elle est fille de roi. 35 Ils s’en allèrent pour l’enterrer, mais ils ne trouvèrent rien d’elle que le crâne, les pieds et les paumes des mains. 36 Ils revinrent et le lui rapportèrent ; il dit alors : C’est la parole que l’Éternel a dite par son serviteur Élie, le Thishbite : Dans le champ de Jizreël, les chiens mangeront la chair de Jézabel ; 37 et le cadavre de Jézabel sera comme du fumier sur la face des champs, dans le champ de Jizreël, en sorte qu’on ne dira pas : C’est ici Jézabel.
Après avoir tué Joram, Jéhu arrive à Jizreël. Il y a là Jézabel et c’est surtout elle qui veut tuer Jéhu. Quand Jézabel apprend que Jéhu arrive, elle se fait belle. Elle se peint les yeux et soigne sa coiffure. Essaie-t-elle d’impressionner Jéhu par sa beauté ? Elle doit savoir que sa dernière heure a sonné. Mais au lieu de s’inquiéter pour son âme, elle se préoccupe de son corps. C’est aussi très fort aujourd’hui. Il est dangereux de faire beaucoup de soins physiques et de négliger les soins de l’âme.
Quand elle voit Jéhu, elle lui parle aussi de la paix. Il ne s’agit pas de savoir s’il y a encore de la paix à faire. Il s’agit plutôt de constater qu’en ce qui la concerne, il n’y a pas de paix pour Jéhu. Elle s’adresse à lui en tant que « Zimri, assassin de son seigneur ». Le sens semble être le suivant. Zimri est devenu roi grâce à un meurtre. Cependant, il n’est roi que pendant sept jours, car après sept jours de royauté, lorsqu’il est acculé, il met fin à ses jours en se tuant (1Roi 16:8-10,15-18). En appelant Jéhu Zimri, elle dit que les choses se passeront de la même façon avec lui qu’avec Zimri. Elle croit qu’il ne régnera que peu de temps. Elle s’accroche à sa propre position.
Jéhu ne lui répond pas, il ne s’adresse pas à elle. Il s’adresse à ses eunuques, ses courtisans, et leur demande qui est avec lui. Sa question n’est pas de savoir qui est du côté de l’Éternel, mais qui est de son côté. Il n’honore pas le nom de l’Éternel, mais rassemble les gens autour de lui. Il ne devrait pas non plus être important pour nous de savoir qui est de notre côté, mais qui est du côté de l’Éternel. Il ne s’agit pas de savoir qui est avec nous (cf. Mc 9:38), mais qui est avec le Seigneur.
Jéhu ordonne qu’on la jette par la fenêtre. Il la piétine ensuite. Il agit de façon extraordinairement vile avec elle. Cela va au-delà de la haine du mal. La façon dont il exécute le jugement sur elle va au-delà de ce qui est approprié. Il est plus sévère que Dieu. Le fait qu’il soit totalement insensible est démontré par le fait qu’après avoir piétiné Jézabel de la sorte, il entre pour manger et boire.
Puis il semble s’adoucir à nouveau et veut donner à « cette maudite » un enterrement parce qu’elle est la fille d’un roi. Dieu, cependant, n’a pas parlé d’enterrement. Les hommes qu’il a envoyés pour l’enterrer reviennent en disant qu’il ne reste plus rien de Jézabel, à part quelques os. Elle a été dévorée par les chiens. Soudain, Jéhu se souvient. Il se souvient de ce qu’Élie a dit. Cependant, il ne se laisse pas corriger ; c’est plutôt une observation. Son souvenir doit tout simplement disparaître d’Israël ; aucun mémoire ne doit être retrouvée.