Introduction
Nous voyons plusieurs facettes de Jéhu dans ce chapitre. Nous voyons comment, d’une part, il va trop loin en tuant des gens pour lesquels Dieu ne lui a pas ordonné de les tuer. D’autre part, il n’est pas allé assez loin. Il a bien éradiqué le service de Baal, mais pas les veaux d’or, qu’il continue de servir. Il accomplit souvent l’œuvre de Dieu, mais poursuit profondément ses propres intérêts. Il semble qu’il soit plus un instrument qu’un serviteur. Il sait superbement manier l’épée lorsqu’il s’agit de juger le mal. Ce qu’il n’a pas appris, en revanche, c’est à appliquer l’épée, entendue au sens spirituel, à lui-même.
Il est un outil utile tant que les intérêts de Dieu correspondent aux siens. Si les intérêts de Dieu ne correspondent pas aux siens, il suit sa propre voie.
1 - 11 Les descendants d’Achab sont tués
1 Or Achab avait 70 fils à Samarie ; Jéhu écrivit des lettres et les envoya à Samarie aux chefs de Jizreël, aux anciens et aux précepteurs des enfants d’Achab, disant : 2 Maintenant, quand cette lettre vous sera parvenue, puisque vous avez avec vous les fils de votre seigneur, et que vous avez les chars et les chevaux, une ville forte et des armes, 3 voyez lequel des fils de votre seigneur est le meilleur et le plus apte, mettez-le sur le trône de son père et combattez pour la maison de votre seigneur. 4 Ils eurent extrêmement peur et dirent : Voici, les deux rois n’ont pas pu tenir devant lui, et nous, comment tiendrions-nous ? 5 Le chef du palais, le chef de la ville, les anciens et les précepteurs des enfants, envoyèrent dire à Jéhu : Nous sommes tes serviteurs, et tout ce que tu nous diras, nous le ferons ; nous n’établirons roi personne ; fais ce qui est bon à tes yeux. 6 [Jéhu] leur écrivit une lettre pour la seconde fois, disant : Si vous êtes à moi et si vous écoutez ma voix, prenez les têtes des hommes, fils de votre seigneur, et venez vers moi demain à cette heure-ci, à Jizreël. Or les fils du roi, 70 hommes, étaient avec les grands de la ville, qui les élevaient. 7 Quand la lettre leur parvint, ils prirent les fils du roi et les égorgèrent, 70 hommes ; ils mirent leurs têtes dans des corbeilles et les lui envoyèrent à Jizreël. 8 Un messager vint l’en informer en disant : Ils ont apporté les têtes des fils du roi. Il dit : Mettez-les en deux tas à l’entrée de la porte de la ville, jusqu’au matin. 9 Le matin, il sortit, se tint devant tout le peuple et dit : Vous êtes justes : voici, moi j’ai conspiré contre mon seigneur et je l’ai tué ; mais qui a frappé tous ceux-ci ? 10 Sachez donc que rien ne tombera à terre de la parole de l’Éternel, celle que l’Éternel a prononcée contre la maison d’Achab ; l’Éternel a fait ce qu’il avait dit par son serviteur Élie. 11 Jéhu frappa tous ceux qui restaient de la maison d’Achab à Jizreël, tous ses grands, tous ceux qui étaient de sa connaissance, et ses sacrificateurs, jusqu’à ne pas lui laisser un survivant.
Les événements se succèdent rapidement. Jéhu agit avec énergie. Il veut mettre la Samarie de son côté après Jizreël. 70 fils d’Achab vivent à Samarie. Par ceux-ci, il faudra entendre toute sa descendance mâle qu’il a engendrée par ses nombreuses femmes, ainsi que ses petits-fils. Tous ces fils représentent un danger pour la royauté de Jéhu. Ils doivent donc être éliminés. À cette fin, il élabore un plan astucieux. Il envoie des lettres à Samarie, aux chefs de la ville. Le contenu de sa lettre est défiant, plein d’assurance. C’est le langage de l’homme confiant qui connaît sa propre force et qui connaît aussi la faiblesse de son adversaire.
Il s’adresse à eux en tant que personnes qui voient encore en Achab leur « seigneur ». Il leur fait également remarquer leur force militaire. Après tout, en tant que capitale, ils ont à leur disposition « les chars et les chevaux, une ville forte et des armes ». Il leur propose de mettre sur le trône le meilleur des fils d’Achab et, sous sa direction, de partir au combat avec lui. Il leur demande de nommer une sorte d’antiroi et de décider ensuite dans un combat avec lui qui est le vrai roi.
Que Jéhu ose dire et suggérer tout cela montre qu’il est sûr de son affaire. Il connaît les fils d’Achab. Ce sont des faibles, tout comme les chefs de la ville. Les chefs sont des hommes du genre des anciens et des gens distingués de Jizreël qui ont fait tout ce que Jézabel voulait et qui, en réponse à sa lettre, ont tué Naboth (1Roi 21:8-14).
Le langage de la lettre est tel que Jéhu se présente comme le roi incontesté et que quiconque ose le contester doit simplement le combattre. En ce qui le concerne, l’issue est fixée. Le choix revient aux chefs de Samarie. Comme Joram, ils sauront probablement quel genre d’homme est Jéhu, qui après tout est connu de tous comme un cavalier qui conduit avec furie (2Roi 9:20), un homme qui n’a peur de rien ni de personne. Il est possible que les messagers aient également raconté comment Jéhu s’est déchaîné à Jizreël et quel sort a été réservé à Joram, Achazia et Jézabel. Dans chaque cas, ils signalent des actes qui inspirent la peur.
Oseraient-ils prendre l’épée contre un tel homme ? Leur raison leur dit qu'ils ne devraient tout simplement pas le faire. Il est beaucoup plus sage de se joindre à Jéhu. C’est aussi ce qu’ils font. Ils lui font savoir qu’ils se joignent à lui. Ils le font avec des paroles qui impliquent une soumission totale à son égard. C’est aussi exactement ce qu’il veut. Il peut maintenant les utiliser pour éliminer les descendants d’Achab sans avoir à se salir les mains.
Lorsque Jéhu a reçu des chefs de Samarie la nouvelle qu’ils s’engagent à le soutenir, il leur écrit une seconde lettre (verset 6). Il leur donne une instruction par laquelle ils peuvent prouver qu’ils veulent faire ce qu’ils disent. Jéhu commence sa lettre par des paroles semblables à ceux qu’il a aussi adressés aux eunuques ou courtisans de Jézabel : « Si vous êtes à moi » (cf. 2Roi 9:32). Il ne s’intéresse qu’à ceux qui sont à ses côtés. S’ils sont pour lui, ils écouteront sa voix. Il n’est pas question d’écouter la voix de l’Éternel. Il fait maintenant de ces anciens des alliés et leur donne l’ordre de tuer les fils d’Achab.
Reste à savoir comment il faut comprendre l’ordre qu’il donne dans cette seconde lettre. Il se peut que son écriture soit ambiguë. C’est-à-dire que par « les têtes des hommes, fils de votre seigneur », il entend non pas les têtes littérales, mais les fils les plus importants, les plus influents. Ceux-ci devraient alors prendre les hommes de la ville et se présenter à Jéhu demain à peu près à la même heure qu’aujourd’hui. Les hommes de la ville ont pris ce que disait la lettre au pied de la lettre et Jéhu l’a peut-être voulu ainsi. Une fois les têtes coupées, elles sont envoyées à Jizreël. Les anciens n’apportent pas eux-mêmes les têtes pour les offrir en personne. Ils souhaitent rester à distance.
Jéhu reçoit la nouvelle que les têtes ont été livrées. Il ordonne alors que les têtes soient placées en deux tas à la porte de la ville. Lorsque les habitants de la ville sortent de la ville pour aller travailler, ils voient les têtes. Mais Jéhu est là pour donner l’explication de ce spectacle lugubre. Dans les paroles qu’il utilise, il fait preuve de diplomatie et manque de sincérité. Il est franc quand il s’agit de l’épée, mais il n’est pas franc dans son langage.
Il déclare le peuple innocent. Quant à lui, il nie toute implication dans le meurtre de ces hommes. Bien sûr, il a tué Joram, mais c’est parce qu’il devait le faire de la part de l’Éternel, même s’il ne l’exprime pas ici de façon claire et nette. Qui était à l’œuvre dans cette affaire ? Non, il ne peut pas le dire. Il joue l’innocent, l’ignorant. Bien qu’il soit directement responsable du meurtre, sa question désigne d’autres personnes comme étant les assassins. Il ne dit rien sur l’ordre qu’il a donné de le faire.
Pour camoufler davantage son innocence et son ignorance, il donne une tournure pieuse à son histoire (verset 10). Ils ne doivent pas trop s’inquiéter de savoir qui a fait cela. Tout est sous le contrôle de l’Éternel. Après tout, la vengeance de l’Éternel a été exécutée, n’est-ce pas ? Ce qu'il fait, au fond, c'est blâmer l'Éternel.
Le verset 11 est une sorte de conclusion. Jéhu tue tous ceux qui restent de la maison d’Achab. Mais il va aussi plus loin. Il tue aussi « tous ses grands, tous ceux qui étaient de sa connaissance, et ses sacrificateurs ». Il n’a pas reçu l’ordre de faire cela. Nous ne devrions jamais non plus aller plus loin que ce que le Seigneur nous ordonne, même si certaines choses semblent justifiées. Jéhu veut affirmer sa royauté et fait disparaître tout ce qui pourrait l’en empêcher. Quel est le pouvoir de ses actions ? La chair, il agit pour lui-même. Le pouvoir de la chair peut être opérant dans les choses spirituelles, mais alors il fait toujours plus que ce que le Seigneur a ordonné.
12 - 14 Les frères d’Achazia tués
12 Puis il se leva et partit pour s’en aller à Samarie. Comme il était près de la cabane des bergers sur le chemin, 13 Jéhu trouva les frères d’Achazia, roi de Juda, et dit : Qui êtes-vous ? Ils répondirent : Nous sommes les frères d’Achazia, et nous sommes descendus pour saluer les fils du roi et les fils de la reine. 14 Il dit : Saisissez-les vivants. Ils les saisirent vivants et les égorgèrent, 42 hommes, près du puits de la cabane, et il n’en épargna pas un seul.
Jéhu n’a pas non plus reçu l’ordre de l’Éternel de tuer les princes de Juda. Achazia, en tant que fils des méchants Joram et Athalie, était un petit-fils d’Achab et a donc été tué à juste titre. Les frères d’Achazia ne sont pas des frères au sens propre, car Achazia n’a plus de frères (2Chr 21:16-17). Il s’agit peut-être de ses cousins. Que ces hommes soient tués est bien justifié dans les voies gouvernementales de Dieu, car ils méritaient d’être tués. Ils étaient des amis de la maison d’Achab.
15 - 16 Jonadab
15 Il s’en alla de là et trouva Jonadab, fils de Récab, qui venait à sa rencontre ; il le salua et lui dit : Ton cœur est-il droit comme mon cœur l’est à l’égard de ton cœur ? Jonadab répondit : Il l’est. S’il l’est, donne-moi ta main. [Jonadab] lui donna sa main, et [Jéhu] le fit monter auprès de lui dans le char, 16 et dit : Viens avec moi, et vois mon zèle pour l’Éternel. On l’emmena ainsi dans le char de Jéhu.
Au fur et à mesure que Jéhu avance, une rencontre soudaine avec Jonadab se produit. Interrogé par Jéhu sur la sincérité de son cœur, Jonadab répond que son cœur est effectivement sincère. Il a un cœur sincère, mais pas tant à l’égard de Jéhu qu’à l’égard de Dieu. Ce que vaut la sincérité du cœur de Jéhu transparaît bien dans ses actes, notamment dans la façon dont il extermine bientôt les adorateurs de Baal.
Jonadab est un homme remarquable. Il est issu de la lignée de Récab, du peuple des Keniens. Il n’est donc pas originaire du peuple de Dieu, mais descend d’un peuple cananéen (Gen 15:18-19), c’est-à-dire des peuples dont Dieu avait dit qu’ils devaient être exterminés. Or, tous les Keniens ne vivaient pas en Canaan et ne sont donc pas tombés sous le coup du jugement. De nombreuses personnes habitaient au milieu du peuple de Dieu (Jug 1:16 ; 4:17 ; 1Sam 15:6 ; 1Chr 2:55).
En Jérémie 35, nous lisons longuement sur Jonadab et sa descendance, ainsi que sur l’appréciation de Dieu à son égard et à l’égard de sa famille. Il y apparaît que Jonadab a été un fidèle serviteur de l’Éternel et que sa fidélité a été récompensée par l’Éternel (Jér 35:1-19). Nous avons déjà vu que la période de Jéhu peut être comparée à celle de Sardes en Apocalypse 3 (Apo 3:1-6). Il convient de noter que nous trouvons non seulement Jéhu mais aussi Jonadab à Sardes.
À Sardes, nous reconnaissons Jéhu dans ceux qui disent avoir le nom de vivre (Apo 3:1b). Jéhu témoigne de lui-même qu’il vit pour l’Éternel lorsqu’il dit à Jonadab : « Vois mon zèle pour l’Éternel. » On dit d’Israël « qu’ils ont du zèle pour Dieu, mais non pas selon la connaissance » (Rom 10:2). Il en est de même pour Jéhu. Ce n’est pas un langage de foi que de se désigner ainsi dans son zèle pour l’Éternel, mais de l’orgueil.
Aussi faut-il dire de Jéhu que ses œuvres n’ont pas été trouvées parfaites devant Dieu (Apo 3:2b). Jéhu a éradiqué le service de Baal, mais les veaux d’or demeurent. Jéhu, pour ainsi dire, revient à Jéroboam et non à David. Ainsi, la période de Sardes est en quelque sorte un soulagement après la période de Thyatire – bien que Sardes et Thyatire continuent de coexister dans l’histoire de l’église – mais Sardes ne revient pas à la parole des apôtres et des prophètes.
Nous reconnaissons Jonadab dans les « quelques-uns à Sardes qui n’ont pas souillé leurs vêtements » (Apo 3:4a). Ils reçoivent une promesse (Apo 3:4b), tout comme Jonadab reçoit lui aussi une promesse de l’Éternel (Jér 35:18-19). Jonadab n’est pas en Juda, à Jérusalem et au temple, l’habitation de Dieu, mais se retrouve comme l’un des fidèles au milieu des dix tribus apostates. Jéhu tient à s’assurer aussi de sa compagnie. Jonadab est un homme influent en raison de son attitude cohérente vis-à-vis de la vie et de son mode de vie. Cela plaira aux sujets conservateurs de son royaume.
Jéhu fait de Jonadab son ami en raison de l’avantage politique que cela lui procure. Il utilise Jonadab pour renforcer sa propre position. Lorsque Jéhu dit « donne-moi ta main », cela ne signifie pas seulement qu’il peut l’aider à monter sur son char. C’est aussi symboliquement lui demander de l’aide dans son acquisition de la royauté.
Jonadab est aux côtés de Jéhu ; il monte sur le char avec lui. Pourtant, il occupe une place distincte et séparée dans les dix tribus. C’est ce qui ressort clairement de Jérémie 35. Il ne boit pas de vin, ce qui indique qu’il n’a aucune part aux joies du peuple apostat. Il ne plante même pas de vigne, car il ne veut pas non plus être tenté de boire du vin plus tard. Il n’a même pas de maison et de champ là-bas, mais vit sous des tentes. Il ne veut en aucun cas être lié au pays. Pour l’ensemble de ce comportement, cette attitude cohérente, qui se retrouve aussi dans sa descendance, il reçoit l’appréciation et la récompense de Dieu (Jér 35:12-19).
Nous constatons quelque chose de similaire dans le protestantisme. On y voit se former de nouvelles églises qui adoptent une position séparée du mal qui existe à Sardes. Elles surgissent comme une protestation contre le mal qui prévaut. C’est un lieu de séparation, bien qu’à l’intérieur des limites de Sardes, des dix tribus.
17 Jéhu achève sa tâche
17 Quand [Jéhu] arriva à Samarie il frappa tous ceux qui restaient [de la maison] d’Achab à Samarie, jusqu’à ce qu’il l’ait détruite, selon la parole que l’Éternel avait dite à Élie.
Dans ce verset, l’historien nous apprend que Jéhu arrive à Samarie et y achève sa mission. Il y tue « tous ceux qui restaient [de la maison] d’Achab ». Ce faisant, il accomplit « la parole que l’Éternel avait dite à Élie » (cf. 1Roi 21:21).
18 - 28 Les serviteurs de Baal éradiqués
18 Jéhu assembla tout le peuple et leur dit : Achab a servi Baal un peu ; Jéhu le servira beaucoup. 19 Maintenant, appelez vers moi tous les prophètes de Baal, tous ses serviteurs et tous ses sacrificateurs ; que pas un ne manque, car j’ai [à offrir] un grand sacrifice à Baal. Quiconque manquera ne vivra pas. Or Jéhu agissait avec ruse, afin de faire périr les serviteurs de Baal. 20 Jéhu dit : Consacrez une fête solennelle à Baal. Ils la publièrent. 21 Jéhu envoya [des messagers] par tout Israël ; et tous les serviteurs de Baal vinrent, tous sans exception ; ils entrèrent dans la maison de Baal, et la maison de Baal fut remplie d’un bout à l’autre. 22 [Jéhu] dit à celui qui avait la responsabilité du vestiaire : Sors des vêtements pour tous les serviteurs de Baal. Il leur sortit des vêtements. 23 Jéhu et Jonadab, fils de Récab, entrèrent dans la maison de Baal, et [Jéhu] dit aux serviteurs de Baal : Examinez et regardez, afin qu’il n’y ait pas ici avec vous quelqu’un des serviteurs de l’Éternel, mais seulement des serviteurs de Baal. 24 Ils entrèrent pour offrir des sacrifices et des holocaustes. Jéhu plaça dehors 80 hommes et il [leur] dit : Celui qui laissera échapper [un seul] d’entre les hommes que j’ai mis entre vos mains, sa vie répondra pour la vie de cet homme. 25 Quand on eut achevé d’offrir l’holocauste, Jéhu dit aux coureurs et aux capitaines : Entrez, frappez-les ; que pas un ne sorte. Ils les frappèrent par le tranchant de l’épée. Les coureurs et les capitaines les jetèrent là ; et ils s’en allèrent jusqu’à la ville de la maison de Baal, 26 ils tirèrent les stèles hors de la maison de Baal et les brûlèrent ; 27 ils abattirent la stèle de Baal et ils abattirent la maison de Baal, et en firent des latrines, [qui sont restées] jusqu’à ce jour. 28 Ainsi Jéhu extermina Baal du milieu d’Israël.
Jéhu va maintenant mettre fin au service idolâtre de Baal. Ici encore, il fait ce qui est juste, conformément à l’ordre de l’Éternel qui a déclaré que toute idolâtrie devait être éradiquée du pays (Deu 13:12-18). Seulement, Jéhu procède par la ruse. Ce n’est pas l’œuvre de l’Éternel. C’est une représentation qui fait croire que le mensonge favorise l’œuvre de Dieu (cf. Rom 3:8). Dieu n’utilise jamais le mensonge de l’homme pour soutenir sa vérité en tant que vérité. Quel contraste avec Élie qui a tout fait publiquement (1Roi 18:21-24,30). Dans cette section aussi, nous voyons Jéhu agir davantage dans un esprit ‘anti-Achab’ que dans un esprit ‘pro-Éternel’.
Il agit d’une manière qui ne fait aucunement référence à la volonté de l’Éternel. Imagine que le nom de l’Éternel soit mentionné. Les idolâtres sentiraient immédiatement le danger et son plan s’effondrerait. Et son plan fonctionne. « Et tous les serviteurs de Baal vinrent, tous sans exception. » Peut-être sous la bonne influence de Jonadab, qui est présent à ce moment-là, il s’assure que parmi les serviteurs de Baal, il ne peut y avoir un seul serviteur de l’Éternel. Chaque serviteur de Baal doit s’habiller avec les vêtements de Baal. Ainsi, chaque serviteur de Baal sera connu. Jéhu fait procéder à une nouvelle inspection pour voir s’il n’y a pas encore quelqu’un des serviteurs de l’Éternel au milieu des idolâtres par erreur.
Lorsque tous les serviteurs de Baal et seulement les serviteurs de Baal se trouvent dans la maison de Baal, tous ces serviteurs apportent « des sacrifices et des holocaustes ». Après qu’ils ont offert leurs sacrifices, Jéhu envoie les hommes qu’il a préparés et chargés de le faire, en leur ordonnant de tuer tous les adorateurs de Baal. Le langage qu’il emploie pour ce faire est aussi menaçant. Quiconque permet à quelqu’un de s’échapper devra le payer de sa propre vie.
Les hommes de Jéhu exécutent leur ordre en profondeur. Tous ceux qui se trouvent dans la maison de Baal sont tués. Les corps sont jetés dehors. Ensuite, tout ce qui est consacré au Baal est détruit. La maison de Baal est démolie et on en fait des latrines, il devient l'endroit le plus méprisé de la ville.
Le résultat est bon, mais obtenu par de mauvaises méthodes. Dans les voies de Dieu, il n’est pas vrai que la fin justifie les moyens. Les moyens doivent aussi être en accord avec sa Parole. Nous devons combattre selon les règles (2Tim 2:5). Jéhu n’est pas en train de commettre un meurtre ici. Ce qu’il fait, c’est exécuter les idolâtres conformément à l’ordre de Dieu. Seule la méthode qu’il utilise est fausse. Jamais l’Esprit ne poussera quiconque à rassembler des gens sous prétexte d’offrir un sacrifice aux idoles.
29 - 33 La récompense et le châtiment
29 Seulement, quant aux péchés de Jéroboam, fils de Nebath, par lesquels il avait fait pécher Israël – [c’est-à-dire] les veaux d’or qui étaient à Béthel et à Dan – Jéhu ne s’en détourna pas. 30 L’Éternel dit à Jéhu : Parce que tu as bien exécuté ce qui était droit à mes yeux, et que tu as fait à la maison d’Achab selon tout ce qui était dans mon cœur, tes fils, jusqu’à la quatrième génération, seront assis sur le trône d’Israël. 31 Mais Jéhu ne prit pas garde à marcher de tout son cœur dans la loi de l’Éternel, le Dieu d’Israël ; il ne se détourna pas des péchés de Jéroboam, par lesquels il avait fait pécher Israël. 32 En ces jours-là, l’Éternel commença à entamer Israël ; Hazaël les frappa dans toutes les frontières d’Israël, 33 depuis le Jourdain, vers le soleil levant, tout le pays de Galaad, les Gadites, les Rubénites, et les Manassites, depuis Aroër qui est sur le torrent de l’Arnon, et Galaad, et Basan.
Comme cela a déjà été noté, les œuvres de Jéhu n’ont pas été trouvées parfaites devant Dieu. Il a exterminé le service de Baal, mais il n’a rien fait avec les veaux d’or. En fait, il a persisté dans les péchés de Jéroboam en servant les veaux d’or à Béthel et à Dan. En cela, il a précédé le peuple sur la voie du péché.
En faisant le bilan de la vie de Jéhu, nous voyons aux versets 30-31 les deux côtés de l’évaluation de Dieu. Le bon est récompensé, mentionné en premier lieu par Dieu (verset 30). La récompense, c’est que ses descendants s’assiéront sur le trône jusqu’à la quatrième génération. Cela signifie en même temps qu’il ne sera pas perpétuel, ce qui aurait été le cas s’il avait été fidèle. L’Éternel apprécie ce qui était bien chez Jéhu. Dieu ne voit pas seulement ce qui est mauvais.
Pourtant, le « mais » doit suivre à cause de l’infidélité de Jéhu (verset 31). En conséquence, le jugement vient aux versets suivants. Pour cela, l’Éternel se sert d’Hazaël comme d’une verge disciplinaire. En réalité, comme il est dit ici, c’est l’Éternel lui-même qui discipline Israël. Il a commencé à « entamer Israël ». Toute la région située de l’autre côté du Jourdain tombe entre les mains des Syriens. C’est le résultat de ce réveil. Jéhu n’a été qu’un simulacre de réveil.
34 - 36 La mort de Jéhu
34 Le reste des actes de Jéhu, et tout ce qu’il fit, et toute sa puissance, cela n’est-il pas écrit dans le livre des chroniques des rois d’Israël ? 35 Jéhu s’endormit avec ses pères, et on l’enterra à Samarie ; et Joakhaz, son fils, régna à sa place. 36 Les jours où Jéhu régna sur Israël à Samarie furent 28 ans.
Ces versets concluent la description de la vie de Jéhu. Il a accompli beaucoup de choses et a été puissant. Ce que tout cela a été a été consigné par d’autres. Ce qui est significatif pour nous est décrit dans les deux chapitres que nous venons de méditer. Il s’agit de l’extermination de la maison d’Achab et de la religion associée à cette maison. Ensuite, son temps est aussi écoulé et il meurt. Il est enterré à Samarie, le lieu qu’il convoitait pour l’exercice de son pouvoir. Conformément à la promesse de Dieu, son fils Joakhaz lui succède.
La durée de son règne est donnée à la toute fin de sa vie. Habituellement, cela se produit au tout début du règne d’un roi. Cela est peut-être lié au fait que son intronisation n’est clairement mentionnée nulle part dans son histoire.