Introduction
L’histoire d’Élisée ne se caractérise pas tant par de nombreux mots, mais plutôt par des actions. Mais même ces actions – qui sont des images ayant une signification, elles dépeignent quelque chose – parlent un langage clair. Il en est de même dans cette histoire. En 2 Rois 4, nous voyons le prophète parmi le peuple de Dieu. Les leçons qui y sont données sont destinées aux croyants pour leur croissance spirituelle.
En 2 Rois 5, le prophète va travailler en dehors du peuple de Dieu, car il est le prophète de la grâce, et la grâce ne se limite pas à Israël (Lc 4:27). Il y a beaucoup de lépreux en Israël à cette époque, comme le dit le Seigneur Jésus. C’est une image choquante de l’impureté et de la corruption du peuple. Parmi le peuple, personne n’est purifié de sa lèpre parce que personne ne fait appel à la grâce de Dieu. Sans pouvoir faire valoir aucun droit, le païen Naaman est purifié et guéri. Seul Dieu peut faire cela. Sa grâce s’étend à ceux qui ne font pas partie de son peuple.
1 Le grand Naaman
1 Or Naaman, chef de l’armée du roi de Syrie, était un grand homme devant son seigneur, et tenu en grande estime, car par lui l’Éternel avait délivré les Syriens ; cet homme était fort et vaillant, [mais] lépreux.
Naaman est un grand homme dans le monde. De plus, l’Éternel se sert de lui. Il a remporté des victoires que l’Éternel lui a données. Dieu s’occupe déjà de cet homme. Cependant, il a un gros problème. Malgré sa distinction, son prestige et sa richesse, il est lépreux. Quelle que soit la grandeur d’un homme aux yeux des autres, aux yeux de Dieu, il est lépreux, un pécheur.
Nous voyons ici que Dieu gouverne toutes les affaires du monde. Il n’est pas seulement le Dieu d’Israël. Il a une relation particulière avec Israël, mais cela ne veut pas dire qu’Il n’a rien à voir avec les nations. Bien qu’Il ait laissé les nations suivre leurs propres voies depuis le déluge (Act 14:16) et qu’Il n’ait pas d’implication directe avec elles, Il est celui qui tient le cours des événements mondiaux dans sa main et qui les contrôle. Il dirige tout vers son but.
2 - 3 Une petite fille
2 Les Syriens étaient sortis par bandes et avaient amené captive du pays d’Israël une petite fille : elle servait la femme de Naaman. 3 Elle dit à sa maîtresse : Oh, si mon seigneur était devant le prophète qui est à Samarie ! alors il le délivrerait de sa lèpre.
Le verset 2 est un grand contraste avec le verset 1. Au verset 1, nous voyons les grands événements mondiaux, au verset 2, les circonstances de la vie d’une petite fille. Naaman est « un grand homme », la jeune fille est « une petite fille ». Toute l’histoire de ce chapitre est ‘faite’ par cette petite fille, dont nous ne connaissons même pas le nom. Mais Dieu a un plan pour la vie de cette petite fille. Il veut l’utiliser pour la guérison de Naaman. Ainsi, Il utilise tout pour son but, aussi les mauvaises actions des gens, comme le fait de voler cette petite fille.
Le grand homme dépend d’une petite fille pour sa guérison. Elle ne cherche pas à se venger, mais veut faire le bien. Elle fait quelque chose de très simple. Elle ne fait pas de sermon, mais elle se réfère à l’homme de Dieu. C’est ainsi que nous pouvons amener les gens à des réunions où la parole de Dieu est annoncée ou à des personnes qui annoncent la parole de Dieu. Elle n’a pas fait l’expérience d’Élisée guérissant un lépreux, mais elle a la foi et elle sait qu’il y a un homme de Dieu. Combien de fois le doigt d’un enfant a-t-il montré à un adulte le bon chemin ?
Cette jeune fille a déjà dû traverser beaucoup d’épreuves. Il t’arrivera d’être prise comme butin par des hommes hostiles. Elle a peut-être vu ses parents se faire tuer. Elle a été kidnappée, sans aucune chance de retourner un jour chez elle. Tout ce qui a de la valeur pour un enfant n’est que souvenir pour elle. Un tel souvenir peut être angoissant dans une situation comme la sienne. Tous ses rêves possibles d’un avenir radieux sont écrasés. Elle est la fille esclave de la femme du général du pays hostile. Ce qu’elle a vécu est tout à fait capable de l’aigrir.
Elle aurait pu regarder Naaman le lépreux avec un intense sentiment de joie maligne. Elle aurait pu regarder ce malfaiteur, le destructeur de sa vie, mourir à petit feu avec une intense satisfaction. Pourtant, rien de tel n’existe chez elle. Elle semble venir d’une famille qui craint Dieu, une famille qui est un ‘reste’. Elle connaît le prophète Élisée et sait que la puissance de Dieu est à l’œuvre par le prophète. Au lieu de chercher à se venger, elle veut le bien de son maître et lui indique, par sa femme, l’homme de Dieu en Israël.
Nous voyons ici la guidance spéciale de Dieu. Souvent, les gens sont amenés dans le royaume de Dieu grâce aux efforts laborieux des autres, grâce à ce que les autres doivent souffrir. Nous le savons grâce aux pays où les croyants sont persécutés. Combien de croyants souffrants ont déjà été une bénédiction éternelle pour ceux qui les persécutaient. Dans cette histoire, sans cette petite fille, il n’y aurait pas eu pour Naaman la guérison de son corps et le salut de son âme.
Nous voyons aussi ici comment, dans le gouvernement de Dieu, le grand de la politique internationale et le petit des circonstances personnelles se combinent. Nous voyons la même chose aujourd’hui. Dieu gouverne par le biais de délibérations dans les parlements et les ministères, où l’on délibère de la stratégie à suivre. Dieu gouverne aussi à travers des rencontres quotidiennes inaperçues, un coup de téléphone, une visite. Dieu est au-dessus de tout et fait tout concourir à l’accomplissement de son dessein.
4 - 7 La demande d’aide au roi d’Israël
4 [Naaman] vint en informer son seigneur, en disant : La jeune fille qui est du pays d’Israël a dit ainsi et ainsi. 5 Le roi de Syrie dit : Soit ! pars, et j’enverrai une lettre au roi d’Israël. Il alla et prit avec lui dix talents d’argent, 6000 [pièces] d’or et dix vêtements de rechange. 6 Il apporta au roi d’Israël la lettre, qui disait : Avec cette lettre qui te parvient maintenant, voici, je t’envoie Naaman, mon serviteur, afin que tu le délivres de sa lèpre. 7 Lorsque le roi d’Israël eut lu la lettre, il déchira ses vêtements, et dit : Suis-je Dieu, pour faire mourir et pour faire vivre, que celui-ci envoie vers moi un homme pour le délivrer de sa lèpre ? Sachez donc, et voyez qu’il cherche à mon encontre une occasion [de dispute].
La femme de Naaman croit ce que dit la petite fille. Cela signifie que cette fille a toujours fait son travail fidèlement et s’est montrée fiable en tout. Elle aura vraiment été une servante exemplaire. Sans avoir besoin d’être exhortée, elle a répondu à l’Écriture : « [Exhorte] les esclaves à être soumis à leurs propres maîtres, à leur donner satisfaction en tout : qu’ils ne les contredisent pas, qu’ils ne détournent rien, mais montrent toute bonne fidélité, afin qu’ils ornent, à tous égards, l’enseignement qui est de notre Dieu sauveur » (Tit 2:9-10). Elle a peut-être raconté une fois la situation de son foyer. Quoi qu’il en soit, la femme de Naaman dit à son mari qu’il y a quelqu’un en Israël qui peut le guérir.
Naaman aussi croit ce que la jeune fille a dit. Mais il n’agit pas en conséquence. Il s’adresse à son propre roi. Il a besoin de son influence, pense-t-il. D’ailleurs, il ne pourrait pas non plus aller tout seul en tant que général vers un peuple hostile. Il a aussi besoin de sa permission.
Son seigneur veut s’engager pour la guérison de son chef de l’armée. Il le fait à sa manière, sans aucune présence de foi. Diplomatiquement, le roi de Syrie écrit au roi d’Israël s’il veut bien guérir son général. Il suppose peut-être que l’homme dont il entend une si bonne nouvelle doit se trouver à la cour du roi, à son service en tant que guérisseur privé.
Aussi, il donne à son général un énorme présent à emporter avec lui. Il ne voit en Élisée qu’un guérisseur auprès duquel on peut acheter une guérison. Il s’avérera que ce n’est pas le cas. Beaucoup de gens croient que tu peux faire quelque chose pour obtenir le pardon des péchés. La hideuse indulgence imaginée par l’église catholique romaine sous l’inspiration du diable en est un exemple. De cette manière, le roi de Syrie semble vouloir donner au roi d’Israël l’honneur de la guérison.
Cependant, ce type de diplomatie ne sert à rien et est même contre-productif. Le roi d’Israël se sent attaqué. Théoriquement, il connaît Dieu. Il s’exclame s’il serait alors Dieu qu’il pourrait guérir le lépreux, car en effet, seul Dieu peut guérir la lèpre (cf. Gen 30:2). Dans la pratique, cependant, il ne considère pas du tout Dieu. Il ne pense qu’à sa propre position. Il ne peut penser qu’au niveau politique. Lui qui, comme nul autre en tant que chef du peuple de Dieu, doit montrer qu’il existe un Dieu qui peut guérir, ne voit qu’horizontalement. Lui et son peuple portent le nom de Dieu, mais ne comptent pas avec Lui. N’en est-il pas ainsi dans la majeure partie de la chrétienté aujourd’hui ?
Le roi ne pense pas à Élisée, bien que le prophète vive près de lui. Aujourd’hui, de nombreux dirigeants spirituels ne désignent pas non plus le Seigneur Jésus parce qu’ils ne pensent qu’à leur propre position. Par conséquent, eux non plus n’ont pas de réponses aux questions de la vie.
8 - 10 Élisée fait venir Naaman vers lui
8 Lorsque Élisée, homme de Dieu, eut entendu que le roi d’Israël avait déchiré ses vêtements, il envoya dire au roi : Pourquoi as-tu déchiré tes vêtements ? Qu’il vienne, je te prie, vers moi, et il saura qu’il y a un prophète en Israël. 9 Naaman vint avec ses chevaux et avec son char, et se tint à l’entrée de la maison d’Élisée. 10 Élisée envoya vers lui un messager, disant : Va te laver sept fois dans le Jourdain, et ta chair redeviendra [saine], et tu seras pur.
Alors que le roi fait peut-être les cent pas dans sa chambre, discutant avec ses ministres de la façon de gérer cette crise, une nouvelle arrive d’Élisée. Élisée a entendu parler de la réaction du roi et est indigné. Il ordonne au roi d’envoyer Naaman vers lui, pour qu’au moins Naaman sache qu’il y a un prophète qui fait connaître les paroles de Dieu.
Cela a dû être un spectacle remarquable. Toute la compagnie distinguée, tout le cortège impressionnant, quitte le palais du roi et se gare devant l’humble maison du prophète. Puis un messager d’Élisée sort pour apporter à Naäman la bonne nouvelle sur la façon d’être guéri.
Élisée lui-même ne sort pas, pas même pour saluer Naäman un instant. Il ne veut pas un seul instant faire face à la splendeur de Naäman et reste donc insensible à l'éclat du monde. La grandeur de Naäman ne signifie rien pour lui, mais la lèpre de Naäman signifie beaucoup pour lui. Élisée ne veut pas non plus se mettre en avant. Seule sa parole est importante et cela, même un messager peut le transmettre.
11 - 12 La réaction de Naaman
11 Naaman se mit en colère, et s’en alla en disant : Voici, je me disais : Il sortira sans doute, et se tiendra là, et invoquera le nom de l’Éternel, son Dieu, il promènera sa main sur l’endroit [malade] et délivrera le lépreux. 12 L’Abana et le Parpar, rivières de Damas, ne sont-elles pas meilleures que toutes les eaux d’Israël ? Ne puis-je pas m’y laver et être pur ? Il fit donc demi-tour et s’en alla en colère.
Naaman est très offusqué par ce traitement. Comment Élisée ose-t-il le traiter de la sorte ! En tant que grand homme, il veut être traité avec respect, même quand il s’agit de sa guérison qu’il ne peut pas opérer lui-même. Il veut aussi que ce soit lui qui paie pour cela. Il est doublement offensé : il n’est pas traité comme il le souhaite et il doit aussi faire quelque chose qu’il considère comme indigne.
Les mots « voici, je me disais » indiquent que Naaman a sa propre idée sur sa guérison. Élisée devait sortir et accomplir un rituel approprié pour le guérir. Mais Élisée le traite comme un lépreux et Naaman ne veut pas de cela. Naaman a écrit le scénario de sa guérison et le prophète devait l'exécuter. Il attend de ce faiseur de miracles un spectacle, un show tourbillonnant.
Combien de fois avons-nous, nous aussi, une idée de la façon dont Dieu devrait résoudre notre problème ? Et puis, quand cela ne se passe pas selon nos attentes, ne sommes-nous pas nous aussi déçus en Dieu ? Non seulement nous voulons les bénédictions de Dieu, mais nous voulons aussi préciser la façon dont Il doit nous les donner. Ainsi, nous voulons faire du Dieu souverain notre ‘garçon de courses’. Ou bien nous considérons Dieu comme un distributeur automatique : lance une prière et tu pourras obtenir l’article que tu souhaites.
Naaman a deux problèmes : sa lèpre et son orgueil. Il doit d’abord être libéré de son orgueil pour pouvoir ensuite être purifié de sa lèpre. Naaman a ses arguments pour ne pas simplement faire ce que le prophète a dit. Pourquoi le Jourdain ? Pourquoi ce chemin ? Pourquoi pas dans un autre fleuve ? Il connaît en effet des rivières plus grandes et plus propres.
Mais il ne connaît pas la différence entre ces rivières et le Jourdain. Ce qui différencie le Jourdain de toute autre rivière, c’est que le Jourdain parle de la mort, mais telle qu’elle a été subie par le Seigneur Jésus. C’est seulement là que l’on peut trouver le salut. Dans les autres fleuves, qui parlent aussi de la mort, la conséquence est la ruine sans guérison. Ces fleuves n’apportent aucune aide.
Naaman se met en colère parce qu’il ne s’est pas encore abandonné à la grâce. Il doit encore l’apprendre. Naaman doit apprendre à se considérer comme un Syrien dépravé (cf. Deu 26:5). L’Israélite doit lui aussi apprendre cela. La chair religieuse veut être caressée, mais elle doit être jugée.
Ce que Naaman, en image, doit apprendre, c’est que ce n’est que dans la folie de la croix que se trouve le salut. Paul a prêché cette folie à Corinthe (1Cor 1:22-25), où les croyants avaient aussi une si haute opinion d’eux-mêmes. Beaucoup de gens – et parfois aussi des croyants ! – n’aiment pas l’humiliation que signifie l’évangile, ils n’aiment pas la simplicité de l’évangile, ni le chemin étroit de l’évangile. Il peut sembler insensé de placer sa confiance en celui qui est mort sur une croix humiliante, symbole de la faiblesse et de la misère, mais c’est le seul moyen d’être sauvé. Lui seul est le salut, sinon c'est périr éternellement.
13 - 14 Naaman devient pur
13 Ses serviteurs s’approchèrent de lui et lui parlèrent. Ils dirent : Mon père, si le prophète t’avait dit quelque grande chose, ne l’aurais-tu pas faite ? Combien plus, quand il t’a dit : Lave-toi, et tu seras pur. 14 Alors il descendit et se plongea sept fois dans le Jourdain, selon la parole de l’homme de Dieu ; sa chair redevint comme la chair d’un jeune garçon, et il fut pur.
Dieu utilise différentes personnes pour montrer à Naaman le chemin du salut. Il y a d'abord la servante de sa femme. Elle lui indique le prophète par l'intermédiaire de sa femme. La deuxième personne est le messager d'Élisée. Il lui apporte la parole du prophète. La troisième fois, ce sont ses serviteurs. Il s'agit maintenant d'un contact personnel, les serviteurs faisant pression sur lui pour qu'il fasse de toute façon ce qui lui a été dit. Il s'agit de saisir le remède qui lui est présenté.
Les serviteurs entretiennent de bonnes relations avec Naaman. Il semble y avoir de la confidentialité entre eux. Ils le persuadent avec des arguments simples. Ils lui font remarquer la simplicité de ce qui lui est demandé. Cela s'avère être en même temps le grand obstacle. Les serviteurs l'aident à le surmonter.
Devant l'insistance de ses serviteurs, Naaman abdique toute dignité. Devant ses subordonnés, il s'humilie. Le grand homme devient un petit garçon. Devenir comme un petit enfant lui donne une nouvelle existence qui ressemble à celle d'un petit garçon. Il n'y a pas que l'humiliation qui est nécessaire, la foi l'est aussi. Il doit se plonger dans le Jourdain non pas cinq ou six fois, mais sept fois (cf. Jos 6:2-4). Tout son argent et l'intercession de son roi ne servent à rien. Tout se résume à l'obéissance de la foi.
15 - 16 Naaman veut récompenser Élisée
15 Il retourna vers l’homme de Dieu, lui et toute son escorte. Quand il arriva il se tint devant lui, et dit : Voici, je sais qu’il n’y a pas de Dieu sur toute la terre, sinon en Israël. Maintenant donc, je te prie, accepte un présent de ton serviteur. 16 Mais [Élisée] dit : [Aussi vrai que] l’Éternel, devant qui je me tiens, est vivant, je ne le prendrai pas. [Naaman] insista pour qu’il le prenne, mais il refusa.
Sans pompe, Naaman retourne vers Élisée et se tient devant lui. Naaman est totalement changé. Cela se voit dans son attitude. Pas moins de cinq fois aux versets 15-18, il parle à Élisée de lui-même comme de « ton serviteur ». C’est certainement un énorme changement par rapport à l’attitude arrogante qu’il avait auparavant. Il a aussi changé dans sa confession. Il confesse que le Dieu d’Israël est le seul Dieu sur toute la terre. Comme Élisée a dû vouloir que tout le peuple de Dieu confesse cela de tout cœur ! En tout cas, il n’est pas venu à l’esprit du roi Achazia de confesser cela (2Roi 1:3,6,16).
Naaman veut remercier Élisée. Il veut faire un présent pour montrer sa gratitude plutôt que d’acheter sa guérison. Cela est dû à son manque de connaissances. Élisée refuse ce présent. Il veut de toute façon éviter que Naaman n’attache un paiement à sa guérison. Élisée a déjà accepté des présents par le passé. Un serviteur doit apprendre à accepter des présents, mais il doit aussi apprendre à les refuser. Lorsqu’il s’agit de prêcher l’évangile, il faut l’éviter.
17 - 19 Naaman retourne chez lui
17 Naaman dit : Dans ce cas, qu’on donne, je te prie, de [cette] terre à ton serviteur la charge de deux mulets. Car ton serviteur n’offrira plus d’holocauste ni de sacrifice à d’autres dieux, mais seulement à l’Éternel. 18 Que l’Éternel pardonne ceci à ton serviteur : quand mon seigneur entre dans la maison de Rimmon pour s’y prosterner, appuyé sur ma main, je me prosterne aussi dans la maison de Rimmon ; que l’Éternel, je te prie, pardonne à ton serviteur quand je me prosternerai dans la maison de Rimmon ! 19 [Élisée] lui dit : Va en paix. Il le quitta [et fit] un bout de chemin.
Naaman demande alors une faveur. Il veut emporter un peu de terre du pays de Dieu vers son propre pays pour y offrir des sacrifices à l’Éternel. En faisant cela, il se souviendra aussi qu’il ne fait qu’un avec le peuple de Dieu et qu’en esprit, il se joindra à eux pour adorer le seul Dieu qui soit digne d’être adoré.
Nous ne devons pas critiquer cette conduite de Naaman. Élisée ne le fait pas non plus. Nous pouvons voir Naaman comme une personne nouvellement convertie, quelqu’un qui doit encore croître dans sa foi. Il faut alors faire preuve de beaucoup de patience. Il n’est pas encore un croyant mature. De plus, il a aussi des obligations auxquelles il ne peut se soustraire.
Le fait que Naaman dise tout cela de cette manière témoigne d’une conscience sensible. Il vit la tension entre l’adhésion exclusive au Dieu d’Israël et ce que l’on attend de lui dans le cadre de son travail. Et cela l’inquiète. Il était à souhaiter que la conscience des Israélites visiteurs de Béthel et embrasseurs de Baal se mette à parler comme elle le fait chez ce païen.
L’Éternel a non seulement guéri Naaman de sa lèpre, mais Il a aussi fait de lui un adorateur fidèle et craignant Dieu. Il s’est littéralement « tourné vers Dieu, [...] détournant des idoles pour servir le Dieu vivant et vrai » (1Th 1:9). Non seulement il a perdu sa lèpre au Jourdain, mais il y a aussi perdu son paganisme. C’est ce qui ressort clairement du changement de son attitude et de sa confession.
La réponse d’Élisée à ce que dit Naaman n’est pas de faire un sermon. Il le laisse aller en paix en croyant qu’il n’y aura pas de problème pour Naaman. L’Éternel le guidera. De même, l’eunuque s’en va en paix et dans la joie après que Philippe lui a annoncé l’évangile et l’a baptisé (Act 8:39).
20 - 24 La cupidité de Guéhazi
20 Guéhazi, le serviteur d’Élisée, homme de Dieu, se dit : Voici, mon maître a ménagé Naaman, ce Syrien, en n’acceptant pas de sa main ce qu’il avait apporté ; [aussi vrai que] l’Éternel est vivant, je courrai après lui et je prendrai de lui quelque chose ! 21 Guéhazi poursuivit Naaman : quand Naaman vit qu’il courait après lui, il sauta de son char à sa rencontre et [lui] dit : Tout va-t-il bien ? 22 Il répondit : Bien. Mon maître m’a envoyé te dire : Voici, deux jeunes hommes d’entre les fils des prophètes viennent d’arriver vers moi, de la montagne d’Éphraïm ; donne-leur, je te prie, un talent d’argent et deux vêtements de rechange. 23 Naaman dit : Accepte de prendre deux talents. Il insista auprès de lui, enveloppa deux talents d’argent dans deux sacs ainsi que deux vêtements de rechange, et il les donna à deux de ses serviteurs qui les portèrent devant Guéhazi. 24 Quand [celui-ci] fut arrivé à la colline, il les prit de leurs mains et les déposa dans la maison ; il renvoya les hommes, qui s’en allèrent.
Guéhazi est une image de la condition d’Israël à l’égard du païen qui a reçu la grâce. La haine que reçoit le Seigneur Jésus lorsqu’Il évoque la guérison de Naaman ne concerne pas tant le fait de la guérison de Naaman que le fait que Naaman soit guéri sans tenir compte d'Israël (Lc 4:27-29). La grâce manifestée à des personnes non religieuses suscite la haine des personnes religieuses qui revendiquent la grâce comme un droit.
Il y a une grande différence entre le païen converti Naaman et l’Israélite dépravé Guéhazi. Naaman a appris d’Élisée que Dieu est un Dieu de grâce. C’est la raison pour laquelle Élisée a refusé ses présents. Élisée voulait que Naaman soit impressionné par l’Éternel, le Dieu d’Israël, en tant que Dieu de grâce. Dieu ne peut pas être soudoyé ou manipulé avec tout ce qu’un homme peut donner ou faire.
Ce que fait Guéhazi doit être considéré sous cet angle. Par son comportement, il change le Dieu qui donne en un Dieu qui demande, voire qui exige. Son comportement est guidé par la cupidité. Bien qu’il ait fait tant d’expériences avec l’homme de Dieu, son cœur n’a pas changé. Malgré tous les miracles de la grâce, son cœur est resté froid. Il en est de lui comme de Judas. Il est piégé par l’argent.
Lorsqu’il voit Élisée ne rien prendre à Naaman, cela le choque. Quelle occasion manquée de s’enrichir d’une manière qu’il considère comme légale ! Il ne peut pas laisser Naaman partir avec tous ses trésors sans en obtenir une part. Après tout, Naaman l’a offert. Il imagine une ruse pour pouvoir encore posséder une partie des richesses de Naaman.
Dans la façon dont il parle de Naaman, « Naaman, ce Syrien », il y a quelque chose de l’ordre du mépris. La cupidité pour l’argent est une chose terrible au sein du peuple de Dieu. Celui qui est influencé par la cupidité pour l’argent est aveugle à la valeur de la personne. Dans son audace, Guéhazi ose même attacher le nom de l’Éternel à sa cupidité. En utilisant les mots « l’Éternel est vivant », il prend la décision de courir après Naaman.
En plus d’utiliser le nom de l’Éternel en vain (Exo 20:7), il a aussi recours au mensonge. Lorsqu’il arrive auprès de Naaman, il raconte l’histoire que le prophète a changé d’avis. Élisée, en effet, a reçu une visite. En une seule phrase, Guéhazi détruit tout ce qu’Élisée a essayé d’enseigner à Naaman au verset 16. Avec ce qu’il dit, Guéhazi jette l’opprobre sur Élisée, l’homme de Dieu, comme si ce dernier voulait encore une récompense. Le mensonge qu’il utilise corrompt aussi la grâce de Dieu. Il met un prix sur la grâce de Dieu. Il présente Dieu comme un ‘revendicateur’, un Dieu qui prend et qui n’est donc pas différent de toutes les idoles des nations. Cela explique pourquoi sa punition est si sévère.
Guéhazi obtient ce qu’il demande et même plus. Naaman lui donne la somme énorme de deux talents d’argent et aussi les deux vêtements de rechange demandés. Astucieusement, Guéhazi fait transporter sa richesse dans un endroit où il pourra la cacher lui-même. Cependant, il ne tient pas compte du fait qu’il a affaire à celui devant qui tout est nu et ouvert et qui a un prophète à qui Il peut communiquer ce qu’Il voit.
Nous pouvons appliquer les agissements de Guéhazi à une grande partie de ce qui se passe dans la chrétienté aujourd’hui. Paul en parle dans la lettre aux Galates. Certains prétendent que la mort du Seigneur Jésus ne suffit pas pour être sauvé. Il faut ajouter quelque chose de plus, selon eux, à savoir garder certains préceptes de la loi, comme la circoncision. Chez les Galates, le ‘mouvement Jésus Plus’ a pris racine. Mais tout ce qui est ‘plus’ obscurcit la grâce. Cela vaut pour la loi, le baptême, la doctrine de l’église. Tout ce que nous ajoutons à Christ comme condition pour être chrétien et être accepté comme tel est une annulation de la grâce.
25 - 27 Guéhazi devient lépreux
25 Et lui, il entra et se tint devant son maître. Élisée lui dit : D’où [viens-tu], Guéhazi ? Il répondit : Ton serviteur n’est allé nulle part. 26 [Élisée] lui dit : Mon cœur n’est-il pas allé, quand l’homme s’est retourné, quittant son char pour venir à ta rencontre ? Est-ce le temps de prendre de l’argent, et de prendre des vêtements, des oliviers, des vignes, du petit et du gros bétail, des serviteurs et des servantes ? … 27 La lèpre de Naaman s’attachera à toi et à ta descendance pour toujours. Et [Guéhazi] sortit de devant lui, lépreux, [blanc] comme la neige.
Lorsque Guéhazi est de retour auprès d’Élisée, il agit comme si rien ne s’était passé. Il reprend sa place habituelle, prêt à servir son seigneur. Avec sa question, Élisée donne à Guéhazi l’occasion de faire connaître lui-même son mal. Il ne saisit pas cette opportunité, mais persiste dans le mensonge.
L’homme de Dieu dit alors comment il a suivi Guéhazi dans son cœur et a vu en esprit ce qui s’est passé lorsque Guéhazi a rattrapé Naaman. Il a vu que Naaman a accueilli Guéhazi et lui a donné tout ce qu’il demandait. Élisée ne parle pas des présents littéraux donnés par Naaman, mais de ce que Guéhazi prévoyait d’acheter avec tout cela. Il connaissait la grande cupidité de son serviteur.
De la même façon, le Seigneur Jésus connaissait la cupidité de Judas pour l’argent. Pourtant, Il a supporté Judas tout comme Élisée a supporté Guéhazi. Il n'a pas empêché le comportement de Gehazi, tout comme le Seigneur Jésus n'a pas empêché le comportement de Judas. Dieu laisse l’homme dans son entière responsabilité.
Élisée demande ajouté si c’était le bon temps de prendre toutes ces choses à Naaman. Ce n’était pas le bon temps et parce que ce n’était pas le bon temps pour cela, Guéhazi l’avait volé. Nous devons apprendre lire l’heure sur la pendule de Dieu. Anticiper le temps de Dieu, c’est par exemple vouloir posséder une influence politique ou même un pouvoir gouvernemental maintenant, alors qu’il ne nous a pas été donné. Le règne avec Christ est encore à venir (1Cor 4:8 ; 6:2-3).
Nous ne lisons pas qu’Élisée ordonne à Guéhazi de rendre l’argent et les biens à Naaman. Il a pris l’argent de Naaman et il peut le garder. Cependant, il lui donne aussi la lèpre de Naaman.