Introduction
Il y a beaucoup de ‘mort’ dans ce chapitre : un fils des prophètes (verset 1) ; le mari de la femme de Sunem, qui est mort dans son propre corps (verset 14) ; le fils de la Sunamite (verset 20) ; la mort dans la marmite (verset 40). Il y a aussi beaucoup de vie dans ce chapitre, car la mort est toujours suivie de la vie. Ce n’est pas la mort qui a le dernier mot, mais la vie.
1 Une veuve vient voir Élisée
1 Une femme d’entre les femmes des fils des prophètes cria à Élisée, disant : Ton serviteur, mon mari, est mort ; et tu sais que ton serviteur craignait l’Éternel ; or le créancier est venu pour prendre mes deux enfants, afin qu’ils soient ses serviteurs.
L’histoire de l’huile de la veuve et l’histoire des trois rois du chapitre précédent concernent toutes deux des débiteurs. Mésha devait payer un tribut et la femme doit aussi s’acquitter d’une dette. La différence est que le roi de Moab pouvait payer mais ne le voulait pas, tandis que la femme le veut mais ne le peut pas, parce qu’elle est pauvre.
L’histoire précédente concerne trois personnes, trois rois, à savoir le roi d’Israël, Joram, le roi de Juda, Josaphat, et le roi d’Édom. Cette histoire concerne aussi trois personnes, à savoir une veuve et ses deux fils. Les deux histoires sont marquées par le désespoir. Les rois risquent de périr par manque d’eau et font donc appel à l’homme de Dieu. C'est alors qu' Élisée apparaît et aide. De même, la femme fait appel à lui et il vient l’aider. Les deux histoires se terminent par un fils. Dans la première, un fils est mis à mort ; dans la seconde, il y a la vie pour deux fils.
Dans la première histoire, l’homme que Dieu ordonne de creuser des fosses, des fosse vides. Cela nécessitait un travail acharné. Dans la seconde, la femme doit ramasser des récipients vides. Cela aussi nécessite un travail acharné. Dans les deux histoires, ce qui est vide est rempli, mais avec des contenus différents. Les fosses sont remplies d’eau, les récipients sont remplis d’huile.
L’eau est une image de la parole de Dieu. C’est ainsi qu’elle a été appliquée dans le chapitre précédent. Cependant, l’eau est aussi un symbole de l’Esprit de Dieu, tout comme l’huile. L’eau et l’huile comme image du Saint Esprit, nous les voyons dans les « fleuves d’eau vive » (Jn 7:39) et dans « l’onction de la part du Saint » (1Jn 2:20). L’eau et l’huile représentent différents aspects de l’œuvre de l’Esprit. Comment l’Esprit agit, nous le voyons par exemple dans l’Évangile selon Luc où nous rencontrons des personnes remplies de l’Esprit : Jean, Élisabeth, Zacharie, Siméon (cf. Éph 5:18b).
Une veuve vient trouver auprès d’Élisée une solution à sa détresse. Elle rappelle à Élisée que son mari est quelqu’un qu’il a connu. Elle témoigne de lui pour l’avoir connu fidèle et obéissant à la parole de Dieu. Sa femme et ses enfants l’ont suivi dans cette voie. Cet homme craignait Dieu.
Une veuve est une personne dans le besoin (cf. Jac 1:27a), une personne qui dépend de l’Éternel. La femme lui fait part de sa situation. Élisée ne conteste pas le droit du créancier. Nous voyons dans la femme l'image d'un croyant dans des circonstances misérables. Elle est l’image d’un croyant sous la loi. La loi conduit la vie spirituelle à l’esclavage.
Il s’agit ici de la justice de la chair, des revendications de la loi, de l’esclavage de la chair. Les fils risquent d’être faits serviteurs. En Actes 15, nous lisons une tentative de soumettre les croyants à la loi et la réponse des apôtres (Act 15:1-31 ; voir aussi la lettre aux Galates). Contre la loi, il y a la liberté de l'Esprit.
2 - 4 Le conseil d’Élisée
2 Élisée lui dit : Que ferai-je pour toi ? Dis-moi ce que tu as à la maison. Elle dit : Ta servante n’a rien du tout dans la maison si ce n’est un pot d’huile. 3 Il dit : Va dehors, demande pour toi des récipients à tous tes voisins, des récipients vides (n’en demande pas en petit nombre) ; 4 puis rentre, ferme la porte sur toi et sur tes fils, et verse [l’huile] dans tous ces récipients, en mettant de côté ceux qui seront remplis.
La femme est pauvre, mais elle a encore un peu d’huile. Elle pense que ce n’est rien, mais si elle l’apporte à l’homme de Dieu, elle peut répondre à la demande du créancier avec cela. Par l’Esprit, dont parle l’huile, le croyant peut répondre à l’exigence de la loi (Rom 8:4). Et la femme peut vivre de « ce qui restera » (verset 7). Elle ne sait pas encore tout cela, mais nous verrons cela au cours de cette histoire.
Il y a une autre belle leçon à tirer du pot d’huile que possède la femme. Ce n'est pas grand-chose, mais elle l'apporte à l'homme de Dieu. Le résultat est que le petit peu d'huile devient un grand flot d'huile. Il en est de même pour nous aussi. Si nous allons vers le Seigneur avec ce que nous avons, Il l’utilisera pour notre bénédiction. Nous voyons quelque chose de similaire avec le bâton de Moïse (Exo 4:2), avec la veuve à Sarepta (1Roi 17:12-14) et avec le garçon aux cinq pains et aux deux poissons (Mc 6:38). Aussi, chacun d’entre nous possède un pot d’huile. Le pot est une image de notre corps et l’huile représente le Saint Esprit. Grâce à l’Esprit qui habite en nous, nous en avons suffisamment pour satisfaire à toutes les exigences de la loi (Rom 8:4). Par l’Esprit, Dieu peut faire des choses étonnantes.
Élisée demande la coopération de la femme. Ce qu’il demande fait appel à sa foi en ce que dit l’homme de Dieu. Elle fait l’expérience que l’Éternel accorde des bénédictions lorsque la foi est présente. La femme est invitée à penser aux autres. Au début, elle ne se préoccupe que d'elle-même. Maintenant, Élisée lui dit en quelque sorte : ‘Regarde le besoin autour de toi et tu t’oublieras toi-même.’ Le Seigneur Jésus dit à ses disciples : « Levez les yeux et regardez les campagnes ; elles sont déjà blanches pour la moisson » (Jn 4:35b). C’est ce que nous avons ici. La femme commence à s’intéresser à ce qui l’entoure. Pour mener à bien le travail, elle demande l’aide de ses fils.
Pour faire ce que l’homme de Dieu dit, elle doit entrer et fermer la porte sur elle. Celui qui est découragé peut aller prier dans sa chambre. Dans la prière, les ‘voisins’, en qui on peut voir des parents et des collègues incrédules, par exemple, peuvent être amenés dans la chambre intérieure. Cela devient une bénédiction pour tous ceux pour qui nous prions. Ce que le Seigneur donne dans la foi ne sont pas des manifestations publiques, mais se déroulent dans la foi dans la chambre (cf. Mt 6:6). Le résultat se voit cependant.
5 - 7 Le miracle de l’huile
5 Elle s’en alla d’auprès de lui et elle ferma la porte sur elle et sur ses fils : ceux-ci lui apportaient [les récipients], et elle versait. 6 Quand les récipients furent remplis, elle dit à son fils : Apporte-moi encore un récipient. Il n’y a plus de récipient, dit-il. Et l’huile s’arrêta. 7 Elle s’en alla le raconter à l’homme de Dieu qui lui dit : Va, vends l’huile et paie ta dette ; et vous vivrez, toi et tes fils, de ce qui restera.
Les récipients ont tous été différents en termes de taille, de forme et d’utilisation. Ils se ressemblent sur un point : ils sont tous vides. D’un récipient vide, tu ne peux rien prendre, tu ne peux qu’y mettre quelque chose. C’est la façon dont le pécheur s’approche de Dieu. Chaque pécheur est différent, mais s’il est vide de lui-même, Dieu peut le remplir de son Esprit.
Tant que des récipients sont ajoutés, l’huile continue de couler. Aussi, chaque question d’Abraham concernant Sodome reçoit une réponse de l’Éternel (Gen 18:23-32). Mais il contient aussi un message sérieux. La grâce de Dieu continue de couler jusqu’à ce que le dernier récipient soit rempli, jusqu’à ce que le dernier pécheur soit converti pour être ajouté à l’église. Après cela, le flux s’arrête et il n’y a plus de possibilité de conversion.
Le flux s’arrête quand il n’y a plus de récipient. Nous devons oser demander beaucoup. Nous recevrons selon notre foi (Mt 9:29). Beaucoup de foi, beaucoup de bénédictions. La femme a toujours assez d’huile pour remplir tous les récipients. Quand il n’y a plus de récipients, c’est la fin de l’esclavage de la chair. Il ne s’agit pas d’un grand ou d’un petit don, mais d’utiliser le peu d’huile que nous possédons. C’est l’Esprit que chacun de nous a reçu, grâce auquel nous pouvons prier – non pas pour notre propre bénéfice, mais – pour les autres. Oublier sa propre personne et penser aux autres est un principe de base pour être chrétien (Php 2:4-5,25-26). Les gens s’intéressent aux choses ; Dieu s’intéresse aux personnes. La foi se joindra à Dieu dans ce domaine.
La femme est aussi une image du reste fidèle d’Israël dans les temps de la fin. Sur le reste, l’Esprit sera répandu et aussi sur tous ceux qui entreront dans le royaume de paix. Toute chair (tous les récipients) sera remplie de l’Esprit de Dieu (Jl 3:1a).
L’huile sera vendue pour répandre la bénédiction ailleurs. Le produit de la vente sera utilisé pour payer la dette. Ce qui reste est suffisant pour le reste de sa vie, afin d’y montrer le fruit de l’Esprit. Lorsque l’homme de Dieu dit qu’elle et ses fils peuvent vivre ‘de ce qui reste’, il entend la vie au plein sens du terme. Il veut qu’elle se réjouisse de la vie comme d’un présent de Dieu.
Pour nous, cela signifie une vie vécue dans la puissance de l’Esprit, avec un œil sur le Seigneur Jésus dans la gloire. Cela nous permet de profiter des bénédictions qui résultent de son œuvre sur la croix et de sa glorification dans le ciel.
8 - 11 Une chambre pour Élisée
8 Un jour, Élisée passa par Sunem ; il y avait là une femme riche qui le retint pour manger. Et il se trouva que, chaque fois qu’il passait, il se retirait là pour manger. 9 Et elle dit à son mari : Voici, je sais que cet homme qui passe chez nous continuellement est un saint homme de Dieu. 10 Faisons, je te prie, une petite chambre haute en maçonnerie, et mettons-y pour lui un lit, une table, un siège, et un chandelier ; quand il viendra chez nous, il se retirera là. 11 Or, un jour, il vint là, se retira dans la chambre haute et y coucha.
Lorsque nous laissons le Saint Esprit agir, lorsque nous ‘vivons de ce qui reste’ (verset 7), cela signifie que nous apprenons à connaître la puissance de la résurrection. C’est ce que nous voyons dans cette histoire. ‘Vivre de ce qui reste’ signifie vivre des richesses de l’Esprit. C’est ce que nous voyons dans le cas de la Sunamite. La pauvre veuve du verset 1 est devenue une femme riche, une femme de distinction. Cependant, il lui manque quelque chose, et c’est un fils. Il y a de l’amour, des sentiments maternels, mais il n’y a pas d’objet auquel elle puisse exprimer ces sentiments. La leçon est maintenant apprise que les richesses spirituelles peuvent être appréciées en vertu de la mort et de la résurrection.
La femme a un cœur hospitalier. Élisée profite volontiers de son hospitalité. Élie était l’homme de la solitude. Élisée est l’homme de la compagnie. C’est bénéfique pour Élisée, dans le climat mortifère de l’Israël impie, d’avoir un foyer où il est le bienvenu. Ainsi, sur la terre, le Seigneur Jésus a une maison à Béthanie où Il est le bienvenu et en Marie une femme qui Le comprend.
Plusieurs personnes jouent un rôle dans cette histoire, tous différents, et de tous nous pouvons apprendre :
1. La mère a le souci des gens, d’Élisée et de son fils. Dans l’église se trouvent des personnes qui prennent soin des autres.
2. Élisée est le docteur, l’homme qui a la parole de Dieu.
3. Guéhazi est le serviteur.
4. Nous pouvons voir dans le garçon une image des jeunes dans l’église.
5. Le père, un homme qui ne prend aucune responsabilité, représente le croyant charnel, l’homme à la foi extérieure.
La femme a un discernement spirituel. Elle a découvert qu’Élisée est « un saint homme de Dieu ». Cela dit aussi quelque chose de la marche d’Élisée, de son comportement. Il mène une vie consacrée à Dieu. C’est pourquoi elle lui accorde une chambre à part. Elle ne veut plus de lui comme visiteur, mais comme invité permanent. Ainsi, c’est un désir de Christ que nous L’ayons non pas comme un visiteur de notre cœur et de notre vie, mais comme un invité continuellement présent.
Elle parle à son mari de son projet, le reconnaissant comme son chef. La femme fait faire une petite chambre haute en maçonnerie, avec un ameublement frugal. Elle ne le couvre pas de toutes sortes d’avantages. Par conséquent, pour ainsi dire, Élisée ne sera pas tenté d’aller dans cette maison à cause de l’abondance qu’il ne cesse d’y obtenir.
La petite chambre haute est un type d’exercices de foi de l’église, représentée par une maison. Dans l’inventaire, on peut aussi voir une signification spirituelle :
1. « Un lit » parle de repos. Christ donne du repos. La saine doctrine donne du repos.
2. « Une table » parle de communion.
3. « Une siège » sert à s’asseoir et à étudier, à recevoir des enseignements et aussi à transmettre des enseignements.
4. « Un chandelier » parle du fait d’être éclairé par le Saint Esprit et de répandre la lumière.
12 - 17 Élisée promet un fils à la femme
12 Il dit à Guéhazi, son serviteur : Appelle cette Sunamite. Il l’appela, et elle se tint devant lui. 13 Il dit à Guéhazi : Dis-lui, je te prie : Voici, tu as montré pour nous tout cet empressement ; que peut-on faire pour toi ? Faut-il parler pour toi au roi, ou au chef de l’armée ? Elle répondit : J’habite au milieu de mon peuple. 14 [Élisée] dit : Que peut-on donc faire pour elle ? Guéhazi dit : Eh bien, elle n’a pas de fils, et son mari est vieux. 15 [Élisée] dit : Appelle-la. Il l’appela, et elle se tint à la porte. 16 Il [lui] dit : À cette même époque, quand ton terme sera là, tu embrasseras un fils. Elle dit : Non, mon seigneur, homme de Dieu, ne mens pas à ta servante ! 17 À cette même époque, quand son terme fut là, la femme conçut, et enfanta un fils comme Élisée le lui avait dit.
Élisée veut exprimer sa gratitude pour ce que la femme fait pour lui. Il a les moyens et l’influence auprès des autorités supérieures pour le faire. Lorsqu’il lui propose d’utiliser ces ressources et cette influence à son profit, elle rejette l’offre en disant : « J’habite au milieu de mon peuple. » Au-delà de toutes ses belles qualités, la femme a aussi qu’elle est contente. Elle est contente d’habiter au milieu de son peuple, c’est-à-dire le peuple de Dieu. Avec elle se trouve la combinaison rare de la piété et du contentement (1Tim 6:6).
Élisée demande à son serviteur ce qui peut être fait pour elle. Guéhazi semble connaître son désir caché. Il sait aussi que ce souhait ne peut plus être humainement satisfait. Il le communique à Élisée. La réponse d’Élisée est belle. Il reconnaît la justesse de ce que Guéhazi a noté. Il utilise les informations de son serviteur qui s’avère par la suite être un mauvais serviteur en fin de compte. Les mauvais hommes ont parfois une bonne intelligence dans des situations où même un homme de Dieu manque apparemment d’intelligence. Il ordonne à Guéhazi d’appeler la femme. Guéhazi obéit et la femme vient.
Élisée connaît les pensées de Dieu. Il lui promet que dans un an, elle embrassera un fils (cf. Gen 18:14). La femme ne peut pas le croire, mais la parole de l’homme de Dieu se réalise. Le garçon naît par la parole de Dieu de la bouche de l’homme de Dieu. C’est un acte de Dieu. Isaac, Samson, Samuel et Jean sont aussi tous nés grâce à l’intervention de Dieu.
18 - 20 La mort du fils
18 L’enfant grandit ; un jour qu’il était sorti vers son père, vers les moissonneurs, 19 il dit à son père : Ma tête ! ma tête ! [Le père] dit au serviteur : Porte-le à sa mère. 20 Il l’emporta et l’amena à sa mère ; il resta sur ses genoux jusqu’à midi, et mourut.
Quand le garçon grandit, il sort « vers son père, vers les moissonneurs ». Son séjour dans les champs lui donne mal à la tête. Ce n’est pas un mal de tête ordinaire, mais une douleur atroce. Il va voir son père pour lui faire part de sa douleur. Mais son père ne s’intéresse pas au garçon. Tout ce que fait le père, c’est d’ordonner à un serviteur de porter son fils à sa mère.
Dans l’église, certains ne s’intéressent pas aux jeunes. Ils sont prompts à avoir une opinion et à donner des ordres aux autres. C’est un vieil homme (verset 14) et un homme de traditions (verset 23). Il n’y a pas de vie en lui. Sa femme semble ne pas avoir confiance en lui non plus. C’est ce que nous montre la suite de l’histoire.
La mère n’est pas seulement « riche » en ce qui concerne les biens matériels, elle est aussi riche en intelligence spirituelle. Elle a du discernement et voit des choses auxquelles son mari est aveugle. Elle prend son fils « sur ses genoux ». Prenons-nous nos enfants sur nos genoux, prions-nous pour eux ? Alors qu’elle a son fils sur ses genoux, il meurt. Cela cause des exercices profonds chez la femme. Les miséricordes et les dons de Dieu ne vont pas sans une profonde mise à l’épreuve de la foi.
21 - 28 La femme apporte sa détresse à Élisée
21 Elle monta le coucher sur le lit de l’homme de Dieu ; elle ferma la porte sur lui et sortit. 22 Elle appela son mari et dit : Envoie-moi, je te prie, un des serviteurs, et une des ânesses, et je courrai jusqu’à l’homme de Dieu ; et je reviendrai. 23 Il dit : Pourquoi vas-tu vers lui aujourd’hui ? Ce n’est ni nouvelle lune ni sabbat. Elle dit : Tout va bien. 24 Elle fit seller l’ânesse et dit à son serviteur : Mène-la et marche ; ne m’arrête pas dans la course, à moins que je ne te le dise. 25 Elle s’en alla et vint vers l’homme de Dieu, sur la montagne du Carmel. Quand l’homme de Dieu la vit de loin, il dit à Guéhazi, son serviteur : Voici cette Sunamite ! 26 Je te prie, cours maintenant à sa rencontre et dis-lui : Tout va-t-il bien ? Ton mari va-t-il bien ? L’enfant va-t-il bien ? Bien, répondit-elle. 27 Elle vint vers l’homme de Dieu sur la montagne et lui saisit les pieds ; Guéhazi s’approcha pour la repousser ; mais l’homme de Dieu dit : Laisse-la, car son âme est dans l’amertume, et l’Éternel me l’a caché et ne me l’a pas déclaré. 28 Alors elle dit : Ai-je demandé un fils à mon seigneur ? N’ai-je pas dit : Ne me trompe pas ?
La mort de son enfant ne rend pas la femme désemparée. Elle l’amène dans le lit de l’homme de Dieu qui devient ainsi un lit de mort. C’est le plus bel endroit de la maison. Elle ferme la porte. Avec elle, c’est comme avec nos enfants qui se laissent baptiser. Dans leur baptême, ils sont identifiés à la mort du Seigneur Jésus (Rom 6:3).
La mort de son enfant ne la rend pas passive, mais active. Elle ne se réconcilie pas avec le fait que son enfant est mort, mais elle veut aller voir l’homme de Dieu qui lui avait promis cet enfant. Avant de partir, elle dit à son mari qu’elle va voir l’homme de Dieu. Son mari ne la suit pas. Il pose seulement une question et constate aussi qu’il n’y a aucune raison d’aller voir l’homme de Dieu. Il n’en ressent pas le besoin et ne pense qu’en termes de religiosité.
Le mari représente des personnes qui ne peuvent penser à Dieu qu’en termes de jours spéciaux et d’accomplissement d’obligations religieuses. Il est quelqu’un qui a une foi orthodoxe mais qui n’a pas de vie. La femme ne peut pas partager son chagrin avec son mari. À sa demande, elle dit : « Tout va bien. » Elle sait qu’elle ne trouvera aucune compréhension auprès de lui concernant son chagrin et le chemin de foi qu’elle y emprunte.
Puis elle se met en chemin vers l’homme de Dieu. Elle ne le fait pas d’un pas tranquille, mais avec une grande urgence. L’enfant est mort. Pour lui, cette urgence n’est pas nécessaire. Cependant, son besoin est grand et sa foi en l’aide de l’homme de Dieu l’est aussi. C’est pourquoi elle se hâte. La reconnaissant de loin, Élisée envoie son serviteur Guéhazi lui demander si elle, son mari et son enfant vont bien. La femme répond poliment aux questions de Guéhazi, mais n’est pas satisfaite du serviteur. À lui aussi, elle dit que c’est « bien », car elle sait que lui aussi ne peut pas la comprendre si elle lui racontait sa détresse. Elle sait aussi qu’il serait encore moins en mesure de l’aider. Sa foi n’est satisfaite que par l’homme de Dieu.
La femme surmonte deux obstacles de la foi. Le premier obstacle est constitué par les obligations religieuses de l’homme naturel que nous voyons dans son mari. Le second obstacle est le comportement de Guéhazi. En Guéhazi, nous voyons quelqu’un qui s’érige en protecteur de ce qu’il considère comme un comportement approprié envers l’homme de Dieu, alors qu’il manque la foi de l’homme de Dieu. Ces deux obstacles sont des manifestations d’une orthodoxie sans vie.
Lorsque la femme se trouve avec Élisée, elle se jette à ses pieds et s’en saisit. Guéhazi fait alors ce que les disciples ont aussi fait lorsqu’ils faisaient des reproches à ceux qui apportaient des enfants au Seigneur Jésus (Mt 19:13-14). Il est plus facile de rejeter les gens par incompréhension que de sonder les cœurs remplis de chagrin. Tout comme le Seigneur Jésus a pris la défense des enfants, Élisée prend la défense de la femme.
Cependant, il n’est pas comme le Seigneur Jésus qui savait tout. Élisée a lui aussi dû apprendre une leçon. Un homme de Dieu est toujours à l’école d’apprentissage de Dieu. Une personne qui apporte la parole de Dieu n’a pas toujours toutes les réponses. Après avoir reconnu qu’il ne connaissait pas les soucis de la femme, elle prend la parole. Elle ne dit pas franchement que son fils est mort, mais exprime sa confiance choquée.
29 - 31 Élisée envoie Guéhazi
29 Il dit à Guéhazi : Mets ta ceinture autour de tes reins, et prends mon bâton dans ta main et pars : si tu rencontres quelqu’un, ne le salue pas, et si quelqu’un te salue, ne lui réponds pas, et tu mettras mon bâton sur le visage du jeune garçon. 30 La mère du jeune garçon dit : [Aussi vrai que] l’Éternel est vivant, et [que] ton âme est vivante, je ne te laisserai pas ! [Élisée] se leva, et la suivit. 31 Or Guéhazi les avait devancé ; il mit le bâton sur le visage du jeune garçon, mais il n’y eut pas de voix, pas de signe d’attention. Il s’en retourna à la rencontre d’Élisée et lui rapporta : Le jeune garçon ne s’est pas réveillé.
Élisée envoie Guéhazi avec son bâton pour faire revivre le garçon. Il lui demande également de ne pas se laisser retarder par une salutation en chemin. Une salutation orientale est une affaire élaborée qui entraînerait de longs retards. Élisée a apparemment encore des choses à apprendre. Il doit aussi encore apprendre que son bâton n’a de sens que lorsqu’il est dans sa main, la main de l’homme de Dieu.
La femme ne se contente pas non plus d’un bâton dans la main du serviteur. Elle met sa confiance en l'Éternel qui est vivant et en son prophète qui est relié à l'Éternel vivant et qui est donc lui aussi vivant. Elle recherche la vie. Avec cela, elle persuade Élisée de l’accompagner et de la suivre sur le chemin qui mène à son enfant.
Guéhazi fait tout ce qui lui est dit, mais il n’y a pas de résultat. Guéhazi fait la même expérience que les disciples qui n’ont pas pu guérir un garçon qui avait un esprit muet (Mc 9:18b). La raison en est que dans son cœur, il y a la convoitise des richesses terrestres, comme le montre la conclusion du chapitre suivant. Cela a pour effet de faire disparaître la puissance personnelle de la foi. Chez lui, tout est extérieurement comme il faut, mais intérieurement, il renie la puissance de la foi (2Tim 3:5a).
32 - 37 Élisée fait revivre le garçon
32 Élisée entra dans la maison, et voici, le jeune garçon était mort, couché sur son lit. 33 Il entra, ferma la porte sur eux deux, et supplia l’Éternel. 34 Il monta et se coucha sur l’enfant, mit sa bouche sur sa bouche, ses yeux sur ses yeux, ses mains sur ses mains, et se courba sur lui ; la chair de l’enfant se réchauffa. 35 [Élisée] revenait et allait par la maison, tantôt ici, tantôt là ; puis il montait et se courbait sur lui. Le jeune garçon éternua sept fois, et le jeune garçon ouvrit ses yeux. 36 [Élisée] appela Guéhazi et [lui] dit : Appelle cette Sunamite. Il l’appela, et elle vint vers lui. Il dit : Prends ton fils. 37 Elle vint se jeter à ses pieds, se prosternant jusqu’à terre ; elle prit son fils et sortit.
Ici se manifeste la simplicité de la démarche de l’homme de Dieu et sa dépendance à l’égard de l’Éternel. Il ne cherche pas la publicité, mais l’Éternel. L’homme de Dieu s’identifie au garçon mort. Il s’identifie à ses paroles (« bouche »), à ses intelligences (« yeux ») et à ses actions (« mains »). Cela réchauffe le garçon. Sa vie revient en lui.
Élisée va ensuite dans la maison, « tantôt ici, tantôt là ». L’application est bien faite, qu’il l’a fait pour voir si quelque part dans la maison, il n’y aurait pas une raison à la mort du garçon. Nous aussi, nous devons régulièrement ‘marcher tantôt ici, tantôt là’ dans notre maison pour voir si quelque chose s'est introduit dans notre famille qui pourrait endommager nos enfants spirituellement ou même les détourner de la foi. Prions le Seigneur d’ouvrir nos yeux sur ces choses, et de les ôter ensuite radicalement.
Pour la troisième fois, la femme est appelée. À présent, elle récupère son fils par la résurrection (Héb 11:35a). Sa première réaction est d’adorer l’Éternel. Puis elle prend son fils dans ses bras. Elle le récupère de la mort par la résurrection. Elle possède maintenant son fils dans la vie de résurrection.
38 - 41 La mort ôter de la marmite
38 Élisée retourna à Guilgal. Or il y avait une famine dans le pays. Alors que les fils des prophètes étaient assis devant lui, il dit à son serviteur : Mets la grande marmite, et cuis un potage pour les fils des prophètes. 39 L’un [d’eux] sortit aux champs pour cueillir des herbes ; il trouva de la vigne sauvage et y cueillit des coloquintes sauvages, plein son vêtement ; il rentra et les coupa en morceaux dans la marmite du potage, car on ne les connaissait pas. 40 On versa à manger aux hommes ; et comme ils mangeaient du potage, ils crièrent et dirent : Homme de Dieu, la mort est dans la marmite ! Et ils ne pouvaient pas en manger. 41 [Élisée] dit alors : Apportez de la farine. Il la jeta dans la marmite et dit : Verses-en à ce peuple, et qu’ils mangent. Et il n’y avait rien de mauvais dans la marmite.
Dans cette histoire, nous apprenons à apprécier les aliments de valeur en faisant d’abord l’expérience de ce qui est sans valeur, voire de ce qui met la vie en danger. Il y a la faim dans le pays, mais Élisée dit à son serviteur de mettre une grande marmite sur le feu. En cette période de pénurie, l’homme de Dieu veut préparer un festin. Il veut nourrir les fils des prophètes avec de la bonne nourriture.
L’un des fils des prophètes part au champ chercher des ingrédients pour le potage. Il revient avec des coloquintes sauvages, plein son vêtement. Il coupe les coloquintes en morceaux – c’est-à-dire qu’il voit comment ils sont à l'intérieur – et les met dans la marmite du potage. Il est possible que d’autres personnes soient restées là à regarder, car il est dit « on ne les connaissait pas ». Ils sont donc tous responsables d’avoir ajouté sans réfléchir ce que l’homme de Dieu avait déjà mis dans la marmite.
Ce qui se passe ici illustre le danger contre lequel Paul met en garde dans sa lettre aux Colossiens. Les Colossiens ne veulent pas remplacer le Seigneur Jésus par quelque chose d’autre, mais ils veulent en rajouter. Ils veulent ajouter la sagesse humaine à tous les trésors de sagesse qui sont les leurs en Christ. Faire une telle chose signifie la mort dans la marmite.
Par conséquent, là où il devrait y avoir de la vie, la mort est présente. La contribution de soi-même n’est pas innocente, mais s’avère mortelle. La ruine spirituelle résulte de ce que nous voulons plus que de ce que Dieu nous donne. Paul est l’homme de Dieu qui met la grande marmite devant les Colossiens, mais dont la nourriture saine est gâtée par ce que les Colossiens y ajoutent.
L’homme de Dieu sait comment ôter la mort de la marmite en y ajoutant quelque chose qui surmonte la mort. On ne peut pas enlever les coloquintes, mais on peut ajouter quelque chose qui élimine le danger. Il faut ajouter de la farine. Cela représente en image l’introduction du Seigneur Jésus dans la vie des croyants. Cela fait céder la mort et rend la vie visible.
42 - 44 La multiplication des pains
42 Il vint de Baal-Shalisha un homme qui apporta à l’homme de Dieu du pain de la première récolte, 20 pains d’orge et du grain en épi dans son sac. [Élisée] dit : Donne [cela] au peuple, et qu’ils mangent. 43 Celui qui le servait, dit : Comment mettrai-je ceci devant 100 hommes ? Il répondit : Donne-le au peuple, et qu’ils mangent ; car ainsi dit l’Éternel : On mangera, et il y en aura de reste. 44 Il le mit devant eux, et ils mangèrent, et ils en eurent de reste, selon la parole de l’Éternel.
Un homme apporte à Élisée « du pain de la première récolte » [littéralement : du pain des prémices}. Selon ce que dit la loi sur les ‘prémices’, l’homme aurait dû apporter ces pains aux sacrificateurs à Jérusalem (Deu 18:4-5). En les apportant à Élisée, l’homme reconnaît Élisée comme le véritable représentant de Dieu dans le pays. Il ne veut pas apporter ces prémices aux sacrificateurs qui s’étaient rendus impurs en mélangeant le culte de l’Éternel avec celui de Baal.
Cet homme est peut-être l’un des fidèles au milieu de l’apostasie générale, l’un des 7000 qui n’ont pas fléchi les genoux devant Baal (1Roi 19:18). Ainsi, aujourd’hui encore, nous rencontrons des personnes « de Baal-Shalisha », des personnes qui ne vont pas dans le sens de la chrétienté apostate, mais qui, à leur place, servent fidèlement le Seigneur et Lui apportent leurs dons.
Les pains sont des pains d’orge. Cela rappelle que le Seigneur Jésus est le pain de vie. La multiplication des pains pour les 5000 par le Seigneur Jésus se fait avec « cinq pains d’orge et deux poissons » (Jn 6:9). N’est-il pas frappant que plus loin en Jean 6, après la multiplication des pains, Il parle longuement de lui-même comme du « pain de vie » ? Puisqu’il s’agit ici de ‘prémices’, nous pouvons faire le lien avec la résurrection du Seigneur Jésus. Ces pains parlent du Seigneur Jésus dans la résurrection. Il est le fruit du pays céleste. En image, cet homme pense « à ce qui est en haut » (Col 3:1). Il vient à l’homme de Dieu avec le pain. Ainsi, nous pouvons aller vers le Seigneur Jésus avec tout ce que nous avons vu et apprécié de Lui.
Les pains sont donnés à Élisée. Cependant, il ne les utilise pas pour lui-même mais pour nourrir d’autres personnes avec les pains. Il les partage avec ceux qui sont avec lui pour l’écouter. Ils s’en trouvent aussi rafraîchis et fortifiés. Élisée en connaît la valeur. Les 20 pains semblent trop peu pour nourrir 100 hommes, mais miraculeusement, ils deviennent plus que suffisants. Cela se produit non pas parce qu’Élisée ajoute du sel ou de la farine ou parce qu’il s’étend sur eux – nous avons vu cela dans les miracles précédents – mais en prononçant la parole de l’Éternel. En conséquence, les pains deviennent suffisants pour que tous ceux qui sont avec lui puissent en manger. Grâce à l’homme de Dieu, cela devient suffisant et il en reste même.
Si nous commençons à distribuer ce que nous avons d’abord apporté au Seigneur Jésus, nous ne manquerons jamais de rien. Tous sont rassasiés et ont tellement qu’ils peuvent eux-mêmes distribuer aux autres. C’est ce que nous voyons aussi lorsque le Seigneur Jésus a multiplié les pains (Mt 14:20-21 ; 15:37-38).