1 - 6 Un même événement arrive à tous
1 Car j’ai appliqué mon cœur à tout cela, et pour examiner tout cela, [à savoir] que les justes et les sages, et leurs travaux, sont dans la main de Dieu : l’homme ne connaît ni l’amour ni la haine. Tout est devant eux. 2 Tout arrive également à tous : un même événement au juste et au méchant, au bon et au pur, et à l’impur, à celui qui sacrifie et à celui qui ne sacrifie pas ; comme l’homme de bien, ainsi le pécheur ; celui qui jure, comme celui qui craint le serment. 3 C’est un mal dans tout ce qui se fait sous le soleil, qu’un même événement arrive à tous ; et aussi le cœur des fils des hommes est plein de mal, et la folie est dans leur cœur pendant qu’ils vivent ; et après cela [ils vont] vers les morts. 4 Car pour celui qui est lié à tous les vivants il y a de l’espoir, car un chien vivant vaut mieux qu’un lion mort. 5 Car les vivants savent qu’ils mourront ; mais les morts ne savent rien du tout ; et il n’y a plus pour eux de salaire, car leur souvenir est oublié. 6 Leur amour aussi, et leur haine, et leur envie, ont déjà péri, et plus jamais ils n’ont de part dans tout ce qui se fait sous le soleil.
Après de nombreuses observations, le prédicateur en arrive à l’énoncé d’une chose dont il a reçu la certitude (verset 1). Il commence l’énoncé de cette certitude par « car ». Il ne s’agit pas seulement d’une certitude intellectuelle, mais de quelque chose qu’il a pris à cœur pour l’examiner, c’est une conviction intérieure. Il déclare à ses auditeurs, parmi lesquels nous nous trouvons aussi, ce qu’il a pris à cœur, afin qu’ils en fassent leur profit.
Il a vu « que les justes et les sages, et leurs travaux, sont dans la main de Dieu ». « Être dans la main de Dieu » signifie que Dieu a tout sous son contrôle, que tout est sous son autorité et sa garde (Job 12:10 ; Psa 31:16 ; Pro 21:1). Cela concerne aussi bien les personnes que leurs actions. Elle s’applique non seulement aux injustes et aux insensés, mais aussi aux justes et aux sages. Même ces derniers doivent être bien conscients qu’ils ne peuvent pas gouverner leur propre vie, mais qu’ils dépendent totalement de Dieu.
Pour les croyants, il est encourageant de savoir qu’eux et leurs œuvres sont dans la main de Dieu (Deu 33:3 ; Ésa 62:3 ; Jn 10:28). Cela signifie qu’ils sont sa propriété et que personne ne peut les Lui arracher. Les œuvres qu’ils peuvent accomplir sont aussi dans sa main. Il les a déterminées d’avance, afin qu’ils marchent en elles (Éph 2:10).
David, le père du prédicateur, a lui aussi parlé de la main de Dieu. Il le fait quand il est confronté au jugement inéluctable de Dieu sur le peuple d’Israël à cause de son péché du recensement. Il a le choix entre trois châtiments et choisit de tomber dans la main de Dieu : « Que nous tombions, je te prie, dans les mains de l’Éternel, car ses compassions sont grandes ; mais que je ne tombe pas dans les mains des hommes » (2Sam 24:14).
Le premier verset traitant de la jouissance dans ce livre parle de « la main de Dieu » comme source permettant à l’homme de jouir de la nourriture, de la boisson et du travail (Ecc 2:24). Les hommes ne peuvent pas exercer un contrôle total sur leurs circonstances parce qu’ils ne sont pas souverains. Seul Dieu l’est. En tant qu’esclaves de Dieu, les justes ou les sages doivent reconnaître son autorité et, comme David, se reposer sur sa compassion, même lorsqu’ils sont confrontés à la fin de la vie ‘sous le soleil’, c’est-à-dire la mort.
Aussi, pour « l’amour » et « la haine », les hommes n’ont aucun contrôle sur eux. Ces sentiments humains sont les deux extrêmes de ce que sont les sentiments de l’homme. Il peut avoir l’intention d’aimer, et pourtant la haine peut soudainement faire surface. Ou bien les sentiments d’amour peuvent s’estomper et, avec le temps, se transformer en haine, à cause de changements de circonstances. Il ne sait pas à l’avance s’il va aimer ou haïr.
Alors que le verset 1 dit que l’homme ne sait rien de ce qui est devant lui, il y a quelque chose dans l’avenir dont il sait qu’il lui arrivera. Le prédicateur dit : « Tout arrive également à tous » (verset 2). Le verset suivant précise qu’il entend par là la mort.
La série de cinq oppositions qu’il énumère ensuite exprime avec force qu’il s’agit de quelque chose qui arrive indistinctement à tous les hommes, quels qu’ils soient et quel que soit leur comportement : tous, sans distinction, mourront un jour. La série mentionne d’abord ceux qui craignent Dieu, puis les méchants.
A. Le « juste » est la personne qui tient compte de ce qui est dû à Dieu et aux hommes ;
B. le « méchant » ne tient compte de personne.
Ces deux groupes sont les principaux groupes en lesquels l’humanité peut être divisée. Dans les contrastes suivants, nous voyons les caractéristiques des deux groupes, par lesquelles on peut les reconnaître.
1a. Le « bon » et le « pur » vit dans la pureté devant Dieu, séparé du monde avec ses convoitises ;
1b. « l’impur » vit selon la dépravation de sa nature pécheresse et vit dans le péché.
Il s’agit ici de la nature de la vie que mène une personne, de son apparence.
2a. « Celui qui sacrifie » reconnaît qu’il ne peut être en communion avec Dieu que par un sacrifice, celui de Christ, et L’adore, il Lui offre des sacrifices spirituels ;
2b. « celui qui ne sacrifie pas » vit dans sa propre justice.
Il s’agit ici du fondement de la vie, sur lequel elle repose.
3a. « L’homme de bien » accomplit le but de Dieu avec sa vie ;
3b. « le pécheur » manque le but de Dieu dans sa vie.
Il s’agit ici du but de la vie, vers lequel elle est orientée.
4a. « Celui qui jure » n’a rien à cacher et peut déclarer qu’il est innocent ;
4b. « celui qui craint le serment », n’a pas la conscience tranquille.
Ce qui est important ici, ce sont les mots, à savoir s’ils sont dignes de confiance. Cela se manifeste surtout dans un témoignage, dans une déclaration à faire sous serment. Il s’agit ici du serment formel devant le gouvernement, représentant Dieu.
Cette mise sur le même plan des personnes qui craignent Dieu et de celles qui ne Le craignent pas semble contraire à ce que dit le prédicateur en Ecclésiaste 8 (Ecc 8:10,14). Bien sûr, ce n’est pas le cas. Là, il a souligné l’inégalité et la disproportion du sort des justes par rapport à celui des méchants au vu de leur existence sur la terre. Maintenant, il a l’œil sur la mort, qui est également inéluctable pour tous. Job a observé la même chose : « Tout revient au même ; c’est pourquoi j’ai dit : Il consume le parfait et le méchant » (Job 9:22).
Dans de nombreux cas, les justes périssent déjà au cours de leur vie, tout comme les méchants, et nous voyons des choses qui s’appliquent aux deux. Ils connaissent tous deux les épreuves et les chagrins, la maladie et la vieillesse. Le juste Abraham était riche, le méchant Haman l’était aussi (Gen 13:2 ; Est 5:11). Le méchant Achab a été tué au combat, tout comme Josias, qui craignait Dieu (1Roi 22:34 ; 2Roi 23:29). On peut dire du bien d’un juste (Mt 5:16), mais aussi d’un méchant (Lc 6:26). Dans leur vie sur la terre, les justes ne sont pas plus favorisés et les méchants ne sont pas plus punis.
L’observation du verset 2 selon laquelle « tout arrive également à tous » est répétée au verset 3. Seulement maintenant, le prédicateur ajoute que c’est « un mal dans tout ce qui se fait sous le soleil ». Ici, il appelle la mort « un mal ». Ce qu’il dit ensuite montre clairement qu’il ne porte pas ainsi une accusation sur l’existence de la mort. En effet, il lie directement à celle-ci le fait que « le cœur des fils des hommes est plein de mal ».
Il y a une relation directe entre le mal de la mort et le mal dont le cœur des fils des hommes est plein. Le cœur représente ici ce qui caractérise l’ensemble de l’homme intérieur. Toute la vie des fils des hommes est régie par « la folie » qui « est dans leur cœur ». Un cœur plein de mal et rempli de folie ne peut qu’aboutir à une vie pleine de péché.
Le résultat inévitable est que les fils des hommes « après cela » vont « vers la mort », « car le salaire du péché, c’est la mort » (Rom 6:23). Cette annonce est une fin abrupte du verset. Cela renforce l’idée que le prédicateur veut représenter la soudaineté de la mort qui peut brutalement s’abattre au milieu de la vie d’une personne.
Le drame de cette observation est que la prise de conscience de la mort ne conduit pas le pécheur à se repentir, mais à jouir de la vie autant que possible. Il vit selon le principe suivant : « Si les morts ne ressuscitent pas : “Mangeons et buvons, car demain nous mourrons” » (1Cor 15:32b). Quelqu’un qui ne voit tout que sous le soleil croit qu’avec la mort, tout est fini pour les justes comme pour les injustes.
La mort est peut être la même pour tous, mais le lieu où l’on pose les yeux après la mort ne l’est pas : « Il arriva que le pauvre mourut et qu’il fut porté par les anges dans le sein d’Abraham. Le riche aussi mourut et fut enseveli. Et dans l’hadès, levant les yeux, comme il était dans les tourments, il voit de loin Abraham, et Lazare dans son sein » (Lc 16:22-23). L’un entre dans la joie du maître, l’autre est jeté dans les ténèbres de dehors (Mt 25:21,30).
Le mot « car » par lequel commence le verset 4 indique que ce verset fait directement suite au précédent. Avec la mort, tout espoir de repentir disparaît. Cependant, « pour celui qui est lié à tous les vivants il y a de l’espoir ». Une telle personne peut encore parvenir à connaître le sens et le but de la vie, ce qui n’est possible que par la confession des péchés et la conversion à Dieu. Cette perception de Salomon est différente de celle en Ecclésiaste 4 (Ecc 4:2), sans qu’il y ait contradiction. Elle est complémentaire de cette perception.
Le vivant est comparé à un chien, un animal très méprisé en Orient. Pourtant, ce chien vivant est mieux loti que le roi admiré des animaux qui est mort. L’idée maîtresse de cette image est qu’un homme vivant, bien qu’il soit encore méprisé et humilié, est mieux loti que l’homme le plus puissant et le plus considérable qui est mort.
On a remarqué que c’est l’un des meilleurs versets de la Bible à présenter à quelqu’un qui envisage de se tuer. La vie peut être terriblement pénible ; les relations peuvent s’envenimer ; il peut y avoir une détresse financière et Dieu peut sembler très loin. Mais tant que tu respires, tu peux espérer que les choses s’améliorent. Les relations peuvent être rétablies, la maladie peut guérir et la situation professionnelle peut s’améliorer. Se priver de la vie n’a jamais de sens, et ce verset en donne un argument.
Le verset 5 justifie ce qui est dit au verset 4, ce que nous voyons grâce au mot « car » par lequel commence le verset. Que « les vivants savent qu’ils mourront » signifie qu’ils vivent, car seuls les vivants « savent » quelque chose. Tant que les gens savent qu’ils vont mourir, il est encore temps de se repentir.
Les « morts » ne savent pas cela, ils « ne savent rien du tout ». Il n’y a pas de salaire pour leur vie, et on ne pense plus à eux. Dieu n’a plus rien à faire avec eux, Il ne pense plus à eux. Il les oublie à jamais. Quel sort terrible !
Il est absurde d’utiliser cette déclaration du prédicateur pour la fausse doctrine du soi-disant ‘sommeil de l’âme’, qui enseigne que les morts sont dans une sorte d’état inconscient. Selon cette doctrine, les gens dans l’au-delà n’ont aucun sentiment, ni joie ni douleur. Cependant, la parole de Dieu s’exprime clairement à ce sujet, comme le montrent les versets de Luc 16 cités plus haut pour expliquer le verset 3 (Lc 16:22-23).
Les morts ne sont pas inconscients. S’ils sont morts dans la foi, ils jouissent de Christ ; s’ils sont morts dans l’incrédulité, ils sont dans les tourments. Ce qu’ils ne savent plus, c’est d’une possibilité de recevoir la vie éternelle.
En plus de ne rien savoir, ils n’ont plus les sentiments d’amour, de haine et d’envie qui caractérisaient leur vie sur la terre (verset 6). Ces sentiments ne sont plus avec eux, mais « ont déjà péri ». Leurs corps sont morts, raides et insensibles dans le tombeau, en attendant leur résurrection pour recevoir le jugement éternel, la seule chose qu’ils recevront (Héb 10:27). Le temps agréable (2Cor 6:2) avec la possibilité de se repentir et de recevoir la vie éternelle est révolu pour eux à jamais. « Plus jamais ils n’ont de part dans tout ce qui se fait sous le soleil. »
7 - 10 Jouis du bien et travaille ton travail
7 Va, mange ton pain avec joie, et bois ton vin d’un cœur heureux ; car Dieu a déjà tes œuvres pour agréables. 8 Qu’en tout temps tes vêtements soient blancs, et que l’huile ne manque pas sur ta tête. 9 Jouis de la vie avec la femme que tu aimes, tous les jours de ta vie de vanité, qui t’a été donnée sous le soleil, tous les jours de ta vanité ; car c’est là ta part dans la vie et dans ton travail auquel tu as travaillé sous le soleil. 10 Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le selon ton pouvoir ; car il n’y a ni œuvre, ni combinaison, ni connaissance, ni sagesse, dans le shéol, où tu vas.
Ces versets contiennent un conseil. La vie n’a que la mort comme perspective. Alors, comme le dit le conseil, fais de la vie ce que tu peux en faire. Ne reste pas assis, ne t’assombris pas, mais va et jouis de la vie. Sois joyeux quand tu as du pain à manger et profite de ton vin.
Le pain et le vin fortifient (Gen 14:18 ; Lam 2:12a). Tu peux aussi te rappeler que c’est Dieu qui te le donne. Il te donne la possibilité d’en jouir. C’est tout à fait conforme à son plan, car Il l’a institué comme règle pour sa création dès sa création. Par conséquent, il est parfaitement permis à l’homme d’en profiter.
En tant que croyants du Nouveau Testament, nous pouvons savoir que Dieu a créé les aliments « pour être pris avec action de grâces par les fidèles et par ceux qui connaissent la vérité. En effet, toute créature de Dieu est bonne, et il n’y en a aucune qui soit à rejeter, si on la prend avec action de grâces, étant sanctifiée par la parole de Dieu et par la prière » (1Tim 4:3-5). En plus de cela, nous pouvons nous réjouir d’une espérance vivante même au milieu des difficultés, car notre espérance, c’est Christ en qui nous nous réjouissons d’une joie ineffable et glorieuse (1Pie 1:3-8).
Ici, le prédicateur conseille de veiller « qu’en tout temps tes vêtements soient blancs » (verset 8). Les vêtements blancs semblent ici indiquer en particulier la pureté (Apo 3:4-5,18). Une vie de pureté permet de s’assurer que la joie de manger le pain et de boire le vin n’est pas troublée. La première caractéristique de la sagesse qui vient d’en haut est la pureté (Jac 3:17). L’impureté gâche la véritable jouissance.
En outre, laisse « l’huile ne manque pas » sur la tête. L’huile d’onction prévient la déshydratation, conserve l’onctuosité et répand un parfum agréable. Ésaïe parle de « l’huile de joie au lieu de deuil » (Ésa 61:3). Ceux qui considèrent la vie comme un don de Dieu et en profitent comme tel en rayonneront. Les vêtements blancs et l’huile sur la tête sont le contraire des vêtements noirs et de la cendre sur la tête, qui sont l’expression du deuil.
Spirituellement, cela signifie que le croyant mène une vie dans laquelle il n’y a pas de place pour la souillure du péché (2Cor 7:1). En plus de cela, notre vie répandra alors un parfum agréable, comme le fait l’huile. L’huile est une image du Saint Esprit (1Jn 2:20,27). S’Il peut agir dans notre vie, cela sera remarqué par ceux qui nous entourent. Les gens trouveront agréable de traiter avec nous.
Le troisième conseil concerne la relation de mariage (verset 9). Le mariage est une autre chose qui rend la vie agréable et donne de la force dans une vie pleine de frustrations. Le mariage est un don de Dieu et peut être apprécié comme tel, mais seulement « avec la femme que tu aimes ». Il ne faut jamais profiter de la vie avec une femme autre que sa propre femme. L’amour ne peut exister que par rapport à sa propre femme. L’amour conçu pour une autre femme n’est pas une jouissance de l’amour, mais une satisfaction des convoitises pécheresses.
De tous les conseils donnés aux versets 7-9 pour profiter de la vie, il faut dire que sa jouissance est limitée aux « jours de ta vie de vanité » sur la terre. « C’est là ta part » indique que c’est un présent de Dieu et que c’est la meilleure part de tous les plaisirs terrestres qui rend encore quelque peu supportable le « travail » auquel l’homme « as travaillé sous le soleil ».
L’ajout « dans la vie » suggère que l’homme devrait regarder au-delà de la vie terrestre et chercher une meilleure part dans une vie future. Le mariage est un plaisir terrestre qui donne au moins un sens au travail d’une personne « sous le soleil », aussi éphémère que soit ce plaisir.
Après le manger et le boire (verset 7), la pureté et la joie (verset 8) et un bon mariage (verset 9), au verset 10 vient l’incitation à faire notre travail quotidien de toutes nos forces. « Tout ce que ta main trouve à faire » ne signifie pas seulement ‘fais tout ce que tu rencontres sur ton chemin’, mais aussi ‘fais tout ton possible pour travailler et saisis toutes les occasions où tu peux utiliser tes pouvoirs’. Cela doit être fait « selon ton pouvoir », c’est-à-dire ‘tout ce qui est en ton pouvoir’, en utilisant toutes les capacités (cf. Jug 9:33 ; 1Sam 10:7).
La mort met fin à toute recherche et à tout travail avec tous les efforts sur la terre. Quand la mort entre, « ni œuvre, ni combinaison, ni connaissance, ni sagesse » ne peut être attendu d’une personne. Toutes les formes de travail, avec ses mains ou avec sa tête, ont disparu à jamais. « Dans le shéol » [expression qui désigne de manière très vague le séjour des âmes séparées du corps], l’homme ne peut plus rien faire pour la vie sur la terre. Son corps se trouve dans le tombeau, comme un cadavre immobile et sans vie.
Pour nous, l’incitation est que nous abonderons toujours dans l’œuvre du Seigneur, précisément parce que nous savons qu’il y a une résurrection où Il récompensera les résultats du travail que nous avons fait pour Lui. Il est donc dit que notre « travail n’est pas vain dans le Seigneur » (1Cor 15:58). « Vain » a le sens de ‘vide’, c’est-à-dire sans résultat. Le résultat de l’œuvre pour le Seigneur est exactement le contraire de la conclusion du prédicateur. Cette conclusion est aussi correcte en soi parce qu’il ne fait que des observations sous le soleil et communique les résultats.
Parce que nous savons qu’il y a une résurrection, nous travaillerons tandis qu’il fait jour (Jn 9:4). Il arrivera un moment où cela ne sera plus possible, à savoir lorsque nous serons dans le tombeau. C’est pourquoi nous devons profiter pleinement de l’occasion qui s’y prête (Éph 5:16 ; Col 4:5) et ne pas nous lasser en faisant le bien (Gal 6:9-10).
11 - 12 Le temps et les circonstances les atteignent tous
11 Je me suis tourné, et j’ai vu sous le soleil que la course n’est pas aux agiles, ni la bataille aux hommes forts, ni le pain aux sages, ni les richesses aux intelligents, ni la faveur à ceux qui ont de la connaissance ; car le temps et les circonstances les atteignent tous. 12 Car aussi l’homme ne connaît pas son temps, comme les poissons qui sont pris dans le filet de malheur, et comme les oiseaux qui sont pris dans le piège : comme eux, les fils des hommes sont enlacés dans un temps mauvais, lorsqu’il tombe sur eux subitement.
Celui qui, comme le prédicateur, observe bien les choses qui se passent « sous le soleil » (verset 11) remarquera que tout ne répond pas toujours aux attentes de l’homme. En effet, il arrive « que la course n’est pas aux agiles ». Ils pensaient gagner, mais il peut arriver qu’ils perdent la course, par exemple à cause d’un obstacle sur la route ou d’une crampe musculaire soudaine. L’agilité n’est pas non plus toujours une garantie que quelqu’un échappera au danger. L’eau peut monter si vite que le coureur le plus rapide est perdant et se noie.
Il en va de même « aux hommes forts » dans la bataille. Eux aussi ne peuvent pas crier victoire à l’avance, car ils peuvent soudainement être vaincus une fois. Le jeune David qui vainc Goliath, le géant que l’on croyait invincible, en est un exemple flagrant (1Sam 17:47 ; Psa 33:16-17 ; Jér 46:6). Les « sages », qui savent toujours comment obtenir du « pain », manquent tout de même parfois de pain. Ils peuvent être astucieux en affaires, mais parfois quelqu’un est plus astucieux et alors ils subissent des pertes et ne peuvent pas acheter de pain.
Les « intelligents » ne sont pas toujours les plus riches. Celui qui comprend bien les questions d’argent et qui a ainsi acquis des richesses, peut voir celles-ci disparaître à cause d’une erreur de jugement. « Ceux qui ont de la connaissance » sont des personnes qui sont habiles à faire bon usage de la connaissance. Les autres les admirent en raison de leur connaissance. Ils ont leur faveur ou leur estime. Mais s’ils commettent une grosse bourde, ils perdent toute leur réputation.
Tous ces exemples, que toute personne sobre d’esprit reconnaît, devraient faire comprendre à cette même personne sobre d’esprit que sa vie n’est pas entre ses mains. Nous voyons que le destin de l’homme ne dépend pas seulement de ses propres capacités et efforts, mais aussi de circonstances imprévues comportant des avantages et des inconvénients.
Dieu gouverne les actions des hommes. Dans sa sage stratégie, Il donne la victoire aux lents, aux faibles, aux simples, aux moins doués et aux ignorants. Il agit exactement à l’inverse de l’homme. Avec Lui, ceux qui croient ne se hâtera pas (Ésa 28:16b) et sa puissance s’accomplit dans la faiblesse (2Cor 12:9). Il élève les humbles et abaisse les puissants (1Sam 2:7-8).
« Le temps et les circonstances » déterminent le succès de l’agile, du fort, du sage, de l’intelligent et du connaisseur. « Le temps » échappe à notre contrôle et fixe une limite à nos actions. Il doit nous priver de notre confiance en nous-mêmes. Les « circonstances » sont les événements inattendus qui mettent brusquement fin à tous les plans, malgré tous les préparatifs effectués en détail et l’évaluation de tous les risques imaginables. Le fait que l’insubmersible Titanic ait finalement fait naufrage en est la preuve irréfutable. Tout cela, c’est de la perception sous le soleil. Cependant, le croyant sait que tout lui arrive par la gouvernance de Dieu.
Le mot « car » par lequel commence le verset 12 indique que suit maintenant la motivation de l’affirmation du verset précédent. Le modèle d’attentes que l’homme a dans certains cas peut tout simplement s’effondrer, parce qu’il est complètement dans l’ignorance de l’avenir, il n’en sait rien. Les temps de la vie d’un homme sont imprévisibles, inéluctables et soudains. Un revers imprévu et inévitable détruit toutes les attentes et rend un objectif fixé inatteignable.
Ici, Salomon compare à nouveau l’homme aux animaux (Ecc 3:19). Il est tout aussi mortel et ignorant du jour de sa mort, du sort qui le frappe, que les animaux. L’homme se moque également de cette parole en prenant sa fin en main et en déterminant lui-même le moment de sa mort en prenant une pilule ou en s’administrant une seringue. Cela prouve son aliénation totale par rapport à Dieu.
13 - 18 La sagesse du pauvre est méprisée
13 J’ai vu aussi cette sagesse sous le soleil, et elle a été grande pour moi : 14 il y avait une petite ville, et peu d’hommes dedans ; et un grand roi vint contre elle, et l’investit, et bâtit contre elle de grandes terrasses ; 15 or il s’y trouva un homme pauvre et sage, qui délivra la ville par sa sagesse ; mais personne ne se souvint de cet homme pauvre. 16 Et j’ai dit : Mieux vaut la sagesse que la force ; mais la sagesse du pauvre est méprisée, et ses paroles ne sont pas écoutées. 17 Les paroles des sages sont écoutées dans la tranquillité, plus que le cri de celui qui gouverne parmi les sots. 18 Mieux vaut la sagesse, que les instruments de guerre, et un seul pécheur détruit beaucoup de bien.
Les versets 13-15 illustrent ce que Salomon dit au verset 11, à savoir que ce n’est pas le fort qui gagne la bataille. C’est aussi une preuve du fait que l’homme ne veut pas de la sagesse de Dieu, car il la voit comme quelque chose de pauvre. Salomon a vu cette sagesse « et elle a été grande » pour lui, c’est-à-dire qu’elle l’a beaucoup impressionné (verset 13). Il s’agit de la sagesse de Dieu. Cette sagesse peut être à la fois ignorée (versets 14-16) et corrompue (versets 17-18).
De cette illustration, nous pouvons faire l’application suivante. « Un grand roi » représente Satan. Dans la « petite ville », nous pouvons voir une image du monde, qui n’est qu’une tache dans l’univers et dont le nombre de personnes qui y vivent est très faible comparé aux innombrables anges. « Un homme pauvre et sage » est une image du Seigneur Jésus (2Cor 8:9 ; 1Cor 1:30).
C’est Lui qui a opéré le salut du monde. Il revendiquera son droit au moment déterminé par Dieu. Le salut a été opéré, mais pour en bénéficier, l’homme doit se repentir. Il ne le fait pas, car il ne veut pas savoir d’un salut par un quelqu’un d’insignifiant, quelqu’un sans titre et sans prestige (Ésa 53:1-3 ; Jn 7:14-15). On ne se souvient plus du tout de Lui. Lorsque nous parlons de l’évangile aux gens, nous constatons que de moins en moins de personnes s’intéressent à Lui.
Au verset 16, le prédicateur tire la leçon de l’exemple des versets précédents. Il ne mentionne pas quelque chose qui n’arrive qu’occasionnellement, mais souligne quelque chose qui est monnaie courante. Les gens ne veulent pas de la sagesse si elle n’est pas associée au prestige. C’est pourquoi ces paroles ne sont pas entendues. Ils lui ont bouché les oreilles (cf. Act 7:54-57).
Nous le voyons plus clairement lorsqu’il s’agit de la croix de Christ. La parole de la croix est méprisée tandis qu’elle est la sagesse de Dieu et aussi la puissance de Dieu (1Cor 1:18,21). Les gens méprisent la sagesse de Dieu parce qu’ils n’en veulent pas, parce qu’elle les prive de toute leur propre importance.
Les versets 17-18 montrent que la sagesse est à la fois précieuse et vulnérable. Les « paroles des sages » (verset 17 ; Pro 1:6) sont des paroles qui peuvent nous rendre sages à salut. Il y a cependant une condition pour recevoir des paroles des sages. Il faut de la tranquillité pour les entendre et les méditer. Nous avons ces paroles dans l’Écriture. Ce sont les paroles du pauvre Homme sage, Christ. Il est « la folie de Dieu » qui est plus sage que les hommes et « la faiblesse de Dieu » qui est plus forte que les hommes (1Cor 1:25).
Aux paroles des sages s’oppose « le cri de celui qui gouverne parmi les sots ». Le crieur impressionne les sots. Les sots n’écoutent pas ; ils n’ont pas la tranquillité pour cela. Ils sont attirés par la rhétorique, ils s’inclinent devant celui qui sait bien dire. Nous voyons cela en politique, par exemple.
La sagesse est meilleure et plus forte que n’importe quel instrument de guerre. Les instruments de guerre littéraux ne sont d’aucune aide dans la bataille contre la mort, le diable et ses démons. Même une grande érudition n’offre aucune perspective de victoire. Nous le voyons dans la création. Le « pécheur qui détruit beaucoup de bien » est l’homme qui commet des erreurs et empêche ainsi toute mesure sage. Un acte volontaire d’un seul homme peut torpiller un excellent plan. Un homme, Adam, par un seul péché, a corrompu les nombreuses bonnes choses de la création.
Par le péché d’un seul homme, Acan, tout Israël a péché. Il était par conséquent impossible de continuer la conquête du pays de la bénédiction. Le péché devait d’abord être ôté. Ensuite, le peuple pouvait continuer à conquérir le pays (Jos 7:11-12). Un péché dans l’église qui n’est pas jugé affecte la totalité (1Cor 5:6).